Réforme des retraites : «Le spectacle donné à l'Assemblée nationale est indigne et honteux», estime Laurent Berger

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Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la mobilisation contre la réforme des retraites, du blocage prévu le 7 mars et d'une grève reconductible.

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Transcription
00:00 heure à 5.
00:01 Il est 8h13, votre invité ce matin, Sonia Mabrouk, est le secrétaire général de la CFDT.
00:06 Bienvenue sur Europe 1 et bonjour Laurent Berger.
00:09 Bonjour.
00:09 Au terme d'un débat chaotique à l'Assemblée nationale sur la réforme des retraites,
00:14 après cinq jours de mobilisation dans la rue, un sondage dans le JDD
00:17 indique que les syndicats sortent renforcés de ce premier round.
00:21 Et vous, en particulier Laurent Berger,
00:23 est-ce que vous y voyez une validation de votre stratégie et un encouragement ?
00:27 Oui bien sûr, c'est d'abord une stratégie qui est d'être très clair sur le contenu de la réforme,
00:33 sur le fait qu'elle soit injuste et brutale et qu'elle va toucher davantage les travailleurs les plus
00:37 modestes, intermédiaires.
00:39 Et puis c'est une validation de la stratégie qui est de dire
00:42 eh bien on fait des mobilisations qui sont très nombreuses, très diverses dans leur géographie et dans leur sociologie
00:48 et on le fait dans le calme, dans le respect de nos valeurs démocratiques.
00:53 Et je pense que c'est un encouragement.
00:54 Un encouragement à quoi ?
00:56 Eh bien le CET a ancré cette mobilisation pour dire au gouvernement,
01:00 dire au Parlement que nous ne voulons pas de cette réforme des retraites.
01:03 On va en parler évidemment du CET.
01:05 Est-ce que c'est le retour des syndicats, syndicats dont il avait été dit, Laurent Berger,
01:08 qu'ils ne représentaient plus rien, plus grand monde, qu'ils étaient moribonds, dépassés de l'ancien monde ?
01:14 Oui, le retour, on a toujours été là, on a toujours été là dans les entreprises, on en fait la démonstration.
01:19 Les gens ne sont pas présents dans les mobilisations avec ce chiffre incroyable.
01:23 C'est les plus grandes mobilisations depuis le début des années 90 en nombre de manifestants.
01:28 Donc on ne l'aurait pas fait si on n'était pas ancré, si on n'était pas présent dans les territoires, dans les entreprises.
01:33 Mais c'est vrai qu'on a beaucoup dit des dernières années, les syndicats, à quoi ça sert, etc.
01:37 Ça sert tous les jours, des choses invisibles, pour défendre les salariés dans les entreprises d'administration.
01:44 Mais ça sert aussi lorsqu'on n'est pas d'accord à organiser une contestation.
01:47 Et encore une fois, j'insiste sur ce côté-là, digne, digne.
01:51 Ce qui s'exprime dans les mobilisations, c'est la dignité du monde du travail.
01:53 - Qui défile ? C'est la France, alors qu'on appelle, qui se lève tôt, qui travaille ?
01:57 - Les termes sont toujours difficiles, vous me permettrez un peu d'approximation.
02:01 Mais c'est la France profonde du travail, ouais.
02:03 C'est ces femmes et ces hommes qui, dans les entreprises ou les administrations,
02:07 tous les jours sont à leur place, font leur travail, le font avec conviction.
02:12 Mais qui disent "bah non, on ne veut pas travailler deux ans de plus dans ces conditions-là.
02:15 Cette réforme, on ne la comprend pas, elle est injuste, elle est brutale".
02:19 Beaucoup de ceux qui manifestent pour la première fois sont ces fameux travailleurs et travailleuses de deuxième ligne
02:24 qui ont été là pendant le confinement, de première et deuxième ligne, qui ont été là,
02:27 qu'on a reconnus en les applaudissant, très peu derrière en termes d'augmentation de salaire.
02:32 Et puis tout d'un coup, en termes de remerciement, d'une certaine manière, on leur dit "vous allez travailler deux ans de plus".
02:36 Et ça, c'est pas accepté. C'est pas accepté.
02:38 Il faut que le gouvernement entende que cette mobilisation, elle est profonde.
02:41 - Voilà pour la cartographie géographique. Il y a aussi une cartographie politique.
02:45 Et on voit, en tous les cas dans les sondages là encore, que vous n'êtes pas les seuls bénéficiaires de ce moment politique et social,
02:51 Laurent Berger, aux yeux des Français, dans ce même sondage.
02:53 La première opposante politique à cette réforme est Marine Le Pen.
02:56 Est-ce qu'elle a incarné, selon vous, alors est-ce que vous le diriez ainsi,
03:00 une opposition raisonnable et même respectable par rapport à la NUPES ?
03:04 - Non mais je pense qu'elle s'est planquée, surtout.
03:06 Elle s'est planquée, elle en a ma conviction...
03:08 - Ça lui a été profitable, apparemment.
03:10 - Bah oui, mais c'est bien le problème, c'est que...
03:12 Je crois qu'il y a un effet miroir qui s'est opéré.
03:16 Mais elle s'est planquée, elle n'en a pas grand-chose, elle n'a pas beaucoup de convictions, je crois, sur le sujet des retraites.
03:21 Et pour autant, elle en profite.
03:23 Vous savez, moi je l'ai dit, je l'ai dit dès vendredi soir, le spectacle qui est donné à l'Assemblée nationale, il est indigne.
03:27 Il est honteux.
03:28 Il fallait aller à l'article 7.
03:31 Il y a des millions de citoyens, de travailleurs, qui manifestent plusieurs jours durant,
03:36 contre les reports de l'âge, principalement à 64 ans.
03:39 Et la représentation nationale ne débat pas de ce sujet-là.
03:43 C'est un double problème.
03:44 Je vous le dis, le premier problème, c'est un délai contraint.
03:46 On ne peut pas avoir un délai contraint, en termes de procédure parlementaire,
03:50 sur un sujet aussi important que cette réforme des retraites.
03:52 Le deuxième problème, c'est le comportement de certains députés,
03:56 notamment de la France Insoumise,
03:57 qui ont considéré que l'obstruction était plus...
04:00 Contre l'avis de toutes les organisations syndicales, était plus bénéfique que d'aller à l'article 7.
04:05 - Ce qui a fait dire à Philippe Martinez que Jean-Luc Mélenchon n'est pas un allié du mouvement social.
04:09 Il a raison, M. Martinez ?
04:11 - Oui, je crois que Philippe Martinez a raison sur ce point, très clairement.
04:15 Je crois même, je vais vous dire, qu'il faut qu'on se dise très clairement les choses.
04:18 Le 7 mars, ce n'est pas la prolongation du bordel qui s'est passé à l'Assemblée nationale dans les rues.
04:24 Le 7 mars, c'est la poursuite du mouvement syndical,
04:27 orchestré dans une première manifestation le 19 janvier,
04:31 qui s'est poursuivie depuis, avec différentes dates,
04:33 maîtrisée par les organisations syndicales.
04:35 Donc on appelle le 7 mars à mettre le pays à l'arrêt, ce qui est différent d'un blocage,
04:39 c'est-à-dire de prendre le temps de regarder ce qui se passe,
04:41 sous des multiples initiatives qu'on est en train de construire,
04:44 avec, on l'espère, de grosses mobilisations dans la rue, dans les manifestations.
04:48 Mais c'est un mouvement syndical, aux mains des organisations syndicales.
04:52 - Ça fait trois fois que vous le répétez, ça sonne comme une mise en garde
04:55 par rapport aux responsables politiques et aux Insoumis et à M. Mélenchon peut-être ?
04:59 - Ça sonne comme un rappel.
05:00 On est capables, on en a fait la démonstration, de mettre beaucoup de gens dans la rue
05:05 pour contester cette réforme des retraites,
05:06 que l'on conteste notamment dans sa mesure de report à 64 ans de l'âge égal.
05:10 Et on veut continuer d'avoir la main sur cette manifestation,
05:14 ces manifestations, tout simplement parce que c'est la garantie,
05:17 que c'est l'ensemble des travailleurs et travailleuses qui se mobilisent
05:20 au-delà de leur propre sensibilité politique,
05:23 mais avec un refus clair des 64 ans.
05:26 Et c'est la garantie de le faire dans un climat qui, depuis le début,
05:29 ça a suffisamment été souligné, même si ça l'a été beaucoup quand même,
05:32 dans un climat digne, respectueux, calme, pacifique.
05:35 - Et si vous n'êtes pas entendu par le gouvernement,
05:37 et il faut le dire, ça en prend le chemin, Laurent Berger,
05:40 si après le 7 mars, au soir du 7 mars, le gouvernement ne bouge pas ?
05:44 Et vous entendez d'ailleurs, ce sont des éléments dans l'engage ?
05:47 On dit que c'est une séquence, les ministres nous disent que c'est une séquence difficile
05:49 et qu'elle va passer. Que répondez-vous à cela ?
05:52 - Moi je réponds tout simplement, parce que je discute beaucoup aussi dans les cortèges
05:56 et aussi dans les visites d'entreprises que je fais ces temps-ci,
05:58 les gens, les travailleurs n'ont pas de séquence dans leur vie.
06:01 Ils vivent leur vie au travail, sur la durée,
06:06 et il n'y aura pas fin mars un espèce de truc qui se passera dans la tête de tous les salariés de ce pays
06:09 et qui diront "voilà, le séquence retraite est finie, on passe à autre chose".
06:12 Ça ne marche pas comme ça. Donc si le gouvernement ne nous entend pas,
06:16 il aura deux problèmes. Il aura un problème de ressentiment profond dans le monde du travail
06:21 et une difficulté à faire passer d'autres choses qui seraient plus positives évidemment,
06:25 mais je pense notamment à la transition écologique dans certains secteurs professionnels,
06:28 aux évolutions du travail, etc.
06:30 Et il aura un problème démocratique parce qu'on ne peut pas quand même
06:33 traiter des millions de personnes dans la rue comme si ça n'existait pas.
06:37 - Mais et vous, comment allez-vous traiter cela ?
06:39 La question qui vous est souvent posée, c'est l'étape d'après, la grève reconductible.
06:43 Est-ce que, très clairement Laurent Berger,
06:45 est-ce que ce scénario, pour bien comprendre votre positionnement de grève reconductible,
06:49 vous le rejetez ou pas ?
06:51 - Mais très clairement, moi ce que j'entends dans les cortèges,
06:53 c'est qu'il y a une dignité, je l'ai dit,
06:57 des travailleurs et des travailleuses qui n'ont pas envie de faire la grève par procuration.
07:01 Si les secteurs professionnels décident parce qu'ils peuvent se le permettre,
07:04 parce qu'ils sont suivis par les salariés,
07:06 parce que ce n'est pas un slogan de partir sur deux jours,
07:09 ils décideront de le faire.
07:10 Ce n'est pas ce que décide l'intersyndical.
07:12 L'intersyndical a dit que c'est le 7 mars qu'on fait la démonstration de force.
07:15 Mais d'autres secteurs, on le sait, c'est plus compliqué.
07:18 Quand on mobilise autant de salariés,
07:20 ce n'est pas un slogan de grève reconductible qui fera que ça partira sur 3-4 jours.
07:24 Donc il va falloir qu'on continue de suivre le fil de ce qu'on fait depuis le début.
07:27 Et puis, je le dis, il y a...
07:28 - Ce fil, c'est un chemin de crête pour vous ?
07:30 - Oui, bien sûr, c'est un chemin de crête.
07:32 Oui, mais pour l'instant, la preuve, on l'a tenu correctement.
07:35 Mais vous savez, il y a le débat au Sénat.
07:37 J'espère qu'il sera un peu plus digne que ce qui s'est passé à l'Assemblée.
07:39 - Vous avez des doutes ? Vous êtes sûr qu'il ne sera plus digne ?
07:42 - Mais ensuite, il y a une commission mixte paritaire,
07:44 et ensuite, ça reviendra à l'Assemblée nationale pour un vote final.
07:48 Moi, je le dis aux parlementaires, écoutez ce qui se passe dans vos circonscriptions.
07:51 Écoutez ce qui se passe dans vos circonscriptions.
07:52 Ce n'est pas un sujet politique seulement, les retraites.
07:55 Ce n'est pas est-ce qu'on aura coché la case, la réforme des retraites.
07:57 C'est un sujet social. C'est un sujet du travail.
08:00 C'est un sujet de société.
08:02 Et aujourd'hui, le monde du travail est en rejet avec cette réforme.
08:06 Je pense que les parlementaires doivent entendre ça.
08:08 - Votre position, alors, est-ce qu'il faut la nommer ainsi ?
08:10 Je mets beaucoup, beaucoup de guillemets à cela, Laurent Berger.
08:12 Votre radicalité peut se reprendre.
08:14 Ce n'est ni votre culture, ni celle de la CFDT d'appeler à une France à l'arrêt.
08:19 C'est pour ça que certains se demandent aujourd'hui, finalement,
08:22 est-ce qu'on peut dire de la CFDT qu'elle est toujours ce syndicat réformiste d'antan ?
08:26 - Mais plus que jamais. Plus que jamais.
08:28 Le réformiste, vous savez, dans l'exercice syndical,
08:32 c'est de regarder la réalité telle qu'elle est.
08:34 Nous, c'est parce qu'on porte cette réalité du monde du travail.
08:36 On est l'organisation des travailleurs de la deuxième ligne.
08:37 On est très présent. C'est la plus grande fédération.
08:39 C'est les services et santé sociale, etc.
08:41 Donc, il faut regarder la réalité telle qu'elle est.
08:43 Il faut porter des propositions concrètes.
08:44 On en a fait, des propositions concrètes.
08:45 Nous, on ne dit pas qu'il ne faut pas de réforme des retraites.
08:47 On dit qu'il faut une autre réforme des retraites.
08:49 Et après, c'est de s'engager dans la négociation,
08:52 dans les espaces de négociation et de compromis.
08:54 Quand ils existent, quand c'est possible,
08:55 ça n'a pas été possible sur les retraites, c'est possible sur d'autres sujets.
08:57 On vient de signer un accord sur le partage de la valeur avec le patronat.
08:59 Et puis ensuite, ça nécessite la palette syndicale réformiste.
09:03 C'est lorsqu'on n'est pas d'accord, de faire la démonstration qu'on ne l'est pas.
09:06 Pas de façon en forme de témoignage.
09:08 Vous voyez bien, nous, ce n'est pas symbolique notre mobilisation.
09:11 Elle est massive.
09:12 On a dit dès le départ, les salariés ne vont pas l'accepter.
09:15 On va mobiliser. Vous allez voir, il y aura du monde.
09:16 On gagnera la bataille de l'opinion.
09:18 C'est exactement ce qui est en train de se passer.
09:19 Donc la CVT, elle n'a pas changé d'Ayota.
09:21 Pas d'Ayota.
09:22 Ça reste une organisation syndicale réformiste
09:24 qui fait vivre l'ensemble de sa palette d'actions.
09:27 - Vous le dites, Laurent Bachelet, il y a beaucoup de monde dans la rue.
09:29 Il y a cette France profonde qui travaille.
09:31 Mais il y a sans doute, est-ce une minorité des manifestants qui pensent que
09:34 c'est parce que ça se passe bien, avec des cortèges bien disciplinés, dignes,
09:38 bien organisés, que le mouvement n'est pas entendu ?
09:40 Le risque de violence et de casse n'est pas loin.
09:42 Certains disent, regardez, certains Gilets jaunes,
09:45 avec la violence, ont obtenu quelque chose.
09:47 - Oui, mais moi, je l'ai souligné.
09:48 La plus grande manifestation des Gilets jaunes,
09:50 ça a été 284 000 personnes, chiffre de la police.
09:53 La plus grande mobilisation, chiffre de la police,
09:55 c'est 1,5 million de personnes durant cette mobilisation.
09:59 Donc vous voyez, c'est beaucoup plus important.
10:01 Moi, je ne tomberai jamais là-dedans.
10:03 C'est pour une raison simple.
10:04 Je pense qu'il faut qu'on continue de vivre dans un espace démocratique
10:06 qui n'atteint pas les biens et les personnes.
10:09 Donc il va falloir continuer là-dessus.
10:11 Mais le gouvernement a une responsabilité.
10:13 Parce que, de fait, au moment, c'est le même président de la République,
10:15 c'est la même majorité, au moment des Gilets jaunes,
10:17 il y a eu, sans que ce soit capitalisé d'ailleurs,
10:19 politiquement et même socialement,
10:21 mais il y a eu un certain nombre d'avancées
10:23 qui ont été obtenues, qui se sont diluées
10:25 dans les limbes d'un mouvement
10:27 qui ne priorisait pas ses revendications.
10:29 Donc, moi, je ne tomberai pas dans la violence,
10:32 si la question est celle-là. Évidemment.
10:34 - Mais Laurent Berger, on arrive à un moment de vérité.
10:36 Vous, vous avez votre légitimité en disant
10:38 "Regardez tous ces millions de gens qu'on a mis
10:40 qui sont dans la rue et qui manifestent contre"
10:42 et le président et sa majorité peuvent dire
10:44 "Ma légitimité, c'est que moi j'ai parlé d'une réforme des retraites".
10:46 - Mais c'est pour ça que le 7,
10:48 le 7, et je reviendrai sur la légitimité,
10:50 mais le 7, il faut une mobilisation
10:52 qui soit digne, respectueuse,
10:54 mais qui monte d'un cran.
10:56 En nombre, et monte d'un cran
10:58 dans les initiatives qui seront autour des manifestations opérées
11:00 toujours dans un cadre pacifique.
11:02 - Ah, d'accord. Donc il y a des initiatives parallèles.
11:04 - Oui, enfin, qui pourront mener
11:06 autour d'une zone industrielle, autour de...
11:08 Voilà. Sur la légitimité,
11:10 évidemment que la légitimité du président de la République,
11:12 elle est pleine et entière. Mais
11:14 il faut rappeler les circonstances du vote.
11:16 Les circonstances du vote au second tour
11:18 de l'élection présidentielle, qui est quand même
11:20 le moment où une majorité de Français se dégagent
11:22 pour un candidat, ça n'a pas été sur la réforme des retraites.
11:24 Vous ne croyez quand même pas
11:26 qu'entre les deux tours de la présidentielle,
11:28 il y a eu un débat qui a été fait.
11:30 - Oui, et c'est ce qui est arrivé dans l'idée
11:32 qu'il fallait faire battre Marine Le Pen
11:34 et donc voter Emmanuel Macron
11:36 parce qu'on voulait la réforme à 65 ans.
11:38 Donc soyons sérieux là-dessus.
11:40 Et puis, regardez ce qui se passe.
11:42 Il y aurait une faute démocratique
11:44 faite par le gouvernement de ne pas répondre
11:46 à cette aspiration du monde du travail à faire autrement.
11:48 - On est d'accord que si le texte est voté, c'est fini.
11:50 La démocratie a parlé.
11:52 - Oui, il y aura un sujet de conseil constitutionnel
11:54 potentiellement sur la procédure.
11:56 Mais ce qui est important, c'est que les organisations syndicales
11:58 se feront aussi vivre au sens positif.
12:00 - Mais si le Parlement a acté.
12:02 - Mais évidemment qu'on verra ce qui se passe
12:04 si le Parlement a acté.
12:06 Mais comme je vous l'ai dit, il n'y aura pas de fin de séquence.
12:08 Ça n'existe pas la fin de séquence.
12:10 Donc il y aura un ressentiment dans le monde du travail.
12:12 Et moi, je suis frappé d'entendre des chefs d'entreprise...
12:14 - Que le gouvernement n'entend pas selon vous, apparemment.
12:16 - Non, le gouvernement n'entend pas, mais même il le zappe pour l'instant.
12:18 Enfin, en fait, on ne va pas se raconter l'histoire.
12:20 Ce qui s'est passé à l'Assemblée pendant 15 jours,
12:22 pour expliquer que la bordélisation...
12:24 Et on a fait comme s'il n'y avait pas de manifestation calme dans la rue.
12:26 Donc c'est là où, moi, je crois qu'il faut maintenant...
12:28 C'est le leadership de cette mobilisation.
12:30 Elle est dans les organisations syndicales.
12:32 On l'assume dans une unité intersyndicale,
12:34 malgré nos divergences et nos différences sur certains points.
12:36 On est ensemble contre les 64 ans.
12:38 Et on est d'accord pour dire...
12:40 On décide ensemble d'actions
12:42 qui soient le plus pacifique possible,
12:44 mais qui soient très combatives.
12:46 - Les retraites écrasent tout.
12:48 Évidemment, c'est un sujet d'importance.
12:50 Il y a un autre sujet, quand même.
12:52 On va en parler pour conclure, Laurent Berger.
12:54 Celui du partage de la valeur en entreprise.
12:56 Vous l'avez dit tout à l'heure, un accord avec le patronat,
12:58 il y a une semaine.
13:00 Et ce, quand même, on va le préciser,
13:02 après des mois de négociations assez compliquées,
13:04 sur un texte visant notamment à généraliser
13:06 les dispositifs d'intéressement, de participation.
13:08 Le parti présidentiel Renaissance organise tout à l'heure
13:10 une réunion,
13:12 une sorte de convention en présence d'Elisabeth Borne
13:14 pour fixer des pistes.
13:16 Mais pourquoi ? Vous êtes mis d'accord sur un texte ?
13:18 - Je crois que, très clairement, l'engagement qui a été pris
13:20 par la première ministre, c'est de dire
13:22 "si vous avez un texte, on respectera ce texte".
13:24 Donc moi, chacun fait les réunions internes
13:26 qu'il veut bien faire.
13:28 C'est pas mon problème. Mais là, moi, je le dis,
13:30 par loyauté avec la pratique de la négociation
13:32 et la place de la démocratie sociale
13:34 dans notre démocratie,
13:36 il y a un texte de compromis.
13:38 On a réussi à faire bouger des choses,
13:40 notamment pour la participation d'intéressement
13:42 dans les petites entreprises.
13:44 Il faut que ce soit respecté par le Parlement.
13:46 - Le maire Geoffroy Roudbézier, sur notre antenne,
13:48 a mis en garde le gouvernement contre tout détricotage
13:50 de ce compromis, y voyant dans ce cas
13:52 un coup de poignard. Vous le dites la même chose ?
13:54 - Oui, enfin, je sais pas si
13:56 chacun a ses expressions. Moi, ce que je pense,
13:58 c'est que ce texte, il est un objet de compromis
14:00 qui va être signé par 3 ou 4 organisations
14:02 syndicales et l'ensemble des organisations patronales.
14:04 C'est un texte de
14:06 confrontation des points de vue et de
14:08 texte final en termes de compromis pour avoir
14:10 un meilleur partage de la valeur, qui est un sujet central
14:12 pour que les salariés aient plus les fruits
14:14 de la richesse créée dans l'entreprise.
14:16 Il faut que ce soit respecté au Parlement. Le reste,
14:18 ce serait, oui, un croche-pied
14:20 à la démocratie sociale.
14:22 Il y en a trop eu ces derniers temps
14:24 pour en commencer. - Un bon entendeur.
14:26 Merci beaucoup, Laurent Berger, d'avoir été notre invité.
14:28 Bonne journée à vous. - Merci beaucoup, Laurent Berger.
14:30 Merci à Signeva Broc.

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