Le président de la République est de retour sur le terrain pour rencontrer les "Français qui travaillent tôt". Emmanuel Macron est en visite au marché de Rungis pour sa première rencontre avec le public depuis le début de l'année et le lancement de la réforme sur les retraites.
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00:00 Et on en parle avec Benjamin Duhamel et Laurent Neumann, le président de la République, qui est arrivé à Rungis un petit peu après 5h30,
00:06 une déambulation au milieu des pavillons.
00:09 On écoute le président.
00:10 Il y a eu des débordements. Ils ont été sanctionnés comme les règlements à l'Assemblée le prévoient.
00:15 Mais il faut que le débat se joue. Le débat doit être démocratique. Il est parfois animé, parfois nocturne.
00:21 Il faut qu'on prenne un peu de distance collectivement avec tout ça.
00:23 Je pense qu'on parle de l'avenir de nos compatriotes. Il faut donc que ça se fasse dans le respect, dans le calme, dans l'esprit de responsabilité collective.
00:31 Mais j'ai confiance dans l'ensemble des parlementaires, parce que ce sont les élus de la République, qu'ils soient à l'Assemblée nationale ou au Sénat, pour le faire vivre.
00:38 Et ils ont un rôle important.
00:40 Certains ont bien appris ce spectacle.
00:42 Mais vous savez, la République, c'est plus grand que nous.
00:46 Et donc moi, j'ai confiance dans les élus de la République.
00:48 Et ils ont un mandat et ils ont une responsabilité, mais ils ont aussi la confiance de nos compatriotes. Ils sont là.
00:54 Donc il ne faut pas venir de bon matin en disant « ceux-ci se comportent bien, ceux-ci ne se comportent pas bien ».
01:01 C'est leur responsabilité. Il y a un règlement à l'Assemblée.
01:04 Mais la République, elle tient aussi par la dignité que chacune et chacun met dans sa fonction, mais par le respect qu'on doit à chacune et chacun.
01:11 Tous les élus de la République ont été élus. Ils sont dans le cadre de la République, à l'Assemblée nationale.
01:15 Et il faut tous aussi qu'on sache s'en souvenir.
01:17 Allez.
01:19 Le président de la République qui termine cette visite de pratiquement 3 heures au marché d'intérêt national
01:25 avec ce premier commentaire au sujet des incidents survenus évidemment pendant toutes les semaines de débats à l'Assemblée, les deux semaines.
01:32 Le ton est à l'apaisement, Laurent Neman.
01:34 Oui, absolument. On a même un président qui semble prendre de la hauteur, qui voit les choses d'en haut.
01:39 Certes, il redescend dans l'arène en allant à Rungis au contact des Français qui travaillent.
01:44 Mais c'est vrai que depuis plusieurs semaines, il s'est tenu à l'écart du débat parlementaire.
01:48 Et d'ailleurs, il choisit le moment où les parlementaires sont en vacances pour retourner sur le terrain, ce matin à Rungis, vendredi au salon de l'agriculture.
01:56 Et peut-être une remarque, il va à Rungis, mais il ne va pas n'importe où à Rungis.
02:00 Il va dans la division de Rungis qui est la plus dure, où le travail est le plus dur.
02:04 Il est dans la division des carcasses de viande où les bouchers passent leur journée, leur nuit à débiter des carcasses de viande.
02:11 Il n'y a pas plus dur comme métier. Et c'est cet endroit-là qu'il choisit d'aller visiter pour parler, évidemment, de la réforme des retraits et de la valeur travail.
02:20 — De la valeur travail. On l'écoute. — C'est le travail qui vous permet de construire votre avenir, de construire celui de votre famille.
02:26 Le travail doit continuer de mieux être rémunéré. On doit continuer d'avoir le progrès par le travail. Et donc on doit penser les carrières.
02:33 Et on doit aussi adapter les carrières, parce que c'est vrai que quand on travaille de nuit en portant des charges, à partir d'un certain âge,
02:39 il faut que la carrière puisse évoluer, qu'on puisse travailler moins longtemps, qu'on puisse se reconvertir et que ce soit pris en compte dans la retraite.
02:44 — L'éloge de la valeur travail qui s'oppose à quoi, M. Duhamel ? Ou à qui ?
02:49 — Qui peut s'opposer à ce que l'on a entendu sur le droit à la paroissité. — À la loisissité.
02:54 — Voilà, c'est un mot qu'utilisait Elisabeth Borne hier soir, en tout cas sur deux conceptions du travail différent.
02:57 Ce qui est intéressant dans ce que dit Emmanuel Macron, c'est, un, le fait d'insister sur les mesures d'accompagnement,
03:02 parce que précisément, ceux qu'Emmanuel Macron va voir à Rungis demandent des mesures d'accompagnement.
03:06 Il était d'ailleurs interpellé sur la pénibilité. C'est aussi une façon, dans la pédagogie de la réforme des retraites,
03:10 de l'inscrire dans un dessin, un tableau plus global, au fond, ce que dit Emmanuel Macron,
03:14 c'est qu'on fait cette réforme pour accroître la demande de travail et l'offre de travail général pour la prospérité.
03:19 Et malgré tout, une sorte de paradoxe, cette ancienne Sarkozy, ce qui est reprise pour ceux qui se lèvent tôt,
03:25 ceux qui travaillent tôt, est un petit peu en décalage avec ce que les Français disent à longueur d'enquêtes d'opinion aujourd'hui,
03:30 c'est-à-dire on veut pas tant travailler plus que travailler moins ou travailler différemment,
03:35 comme s'il y avait une sorte de décalage entre le fait de se rendre à Rungis, de faire l'éloge de ceux qui travaillent tôt,
03:40 et la demande sur une conception différente, ou du moins qui évolue par rapport à il y a une quinzaine d'années sur le travail.
03:45 Tonalité qui est à l'apaisement, mais sur le fond, pas d'inflexion.
03:48 Ah non, pas d'inflexion. Vous avez vu qu'il ne remet absolument pas en cause la fameuse mesure d'âge,
03:54 parce que c'est pour cela que les gens sont contre cette réforme et descendent dans la rue.
03:58 En revanche, oui, Benjamin a raison, il insiste sur toutes les mesures d'accompagnement, notamment la pénibilité au travail.
04:05 Et puis pardon, il parle aussi, pas simplement aux électeurs, il parle aussi à cette droite parlementaire.
04:10 Le texte arrive au Sénat, la droite parlementaire qui a cette valeur travail chevillée au corps,
04:15 qui se bat pour ça depuis 10 ans, 15 ans, 20 ans, sous Nicolas Sarkozy, la fameuse France qui se lève tôt.
04:21 Il a besoin du soutien des parlementaires de droite, enfin des sénateurs de droite,
04:25 puis des députés de droite lorsque le texte reviendra à l'Assemblée.
04:28 Donc il leur envoie quand même des messages. C'est un peu cousu de fil blanc.
04:32 Benjamin Duhamel, s'il retourne dans l'arène pour faire le service à prévente de la réforme des retraites,
04:36 c'est parce qu'il estime que le travail n'a pas été assez bien fait en amont ?
04:40 Souvent, Emmanuel Macron considère qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même.
04:44 Et il faut dire que de ce point de vue-là, il a eu un certain nombre d'exemples.
04:46 La complication gouvernementale partant parfois, si vous me permettez l'expression, un petit peu dans tous les sens,
04:51 d'où une volonté de simplifier en en appelant au bon sens des Français sur le thème "il faut travailler plus longtemps".
04:57 Là, petit risque de décalage là encore, parce que les Français dans les sondages...
04:59 On va l'écouter.
04:59 Écoutons-le.
05:01 Je pense que tout le monde a du bon sens dans notre pays.
05:03 Dans l'ensemble, les gens savent que oui, il faut travailler un peu plus longtemps en moyenne tous,
05:08 parce que sinon, on ne pourra pas bien financer nos retraites.
05:10 Cette réforme, elle permet de créer plus de richesses pour le pays, parce qu'on va avoir plus d'heures travaillées.
05:15 Si on a plus d'heures travaillées dans le pays, il faut créer plus de richesses,
05:18 il faut réindustrialiser davantage le pays.
05:20 Et cette réindustrialisation, c'est celle qui permet de financer l'éducation, la santé.
05:24 Ils savent peut-être qu'il faut travailler davantage, mais ils n'en ont pas forcément envie.
05:28 Mais non, mais non, c'est d'ailleurs ça qui pose un problème dans cette réforme.
05:32 Qu'il falle travailler plus, cette idée-là, elle peut être satisfaisante,
05:36 mais lorsque vous l'appliquez à vous-même au quotidien,
05:39 le rapport des Français au travail a considérablement changé depuis le Covid,
05:43 mais en réalité, bien avant.
05:44 Donc, il faut faire cette pédagogie.
05:47 Attention, Emmanuel Macron n'a rien dit pendant tout le débat parlementaire.
05:51 Mais ne vous y trompez pas, c'est lui qui décide de tout.
05:54 C'est lui qui tranche au bout du compte lorsque la loi reviendra à l'Assemblée
05:58 et qu'il faudra sans doute encore faire quelques concessions
06:01 pour s'attirer les bonnes grâces des députés de droite.
06:04 C'est lui qui décidera sans doute au bout du compte jusqu'où on peut aller,
06:08 quelles sont les concessions que l'on peut faire,
06:10 jusqu'où on peut dénaturer cette fameuse réforme.
06:13 Mais les 64 ans, vous avez mille fois raison, il n'est même pas question de revenir dessus.
06:18 Il a été rattrapé également par les autres sujets du moment, l'inflation par exemple.
06:23 Absolument, avec le président de la République qui parle dans un échange avec un Français
06:27 de la possibilité d'un nouveau geste sur le diesel.
06:30 Et à l'instant, ce que me rapporte...
06:32 On va écouter ce que dit le président.
06:35 Pour nos compatriotes qui sont les plus modestes
06:37 et pour qui c'est très dur de boucler la fin du mois,
06:40 donc on a mis en place des dispositifs d'aide.
06:42 Ils ne sont pas toujours suffisants, on le sait bien.
06:44 Donc là, il faut qu'on tienne.
06:45 Je pense que c'est ce semestre qu'on aura sans doute le pic de cette inflation.
06:49 Un mot sur le diesel. Qu'est-ce qu'il dit précisément sur le diesel ?
06:52 Un geste sur le diesel ?
06:53 Il dit qu'il faut un geste, mais on a du mal à savoir si c'est de l'État
06:56 ou s'il parle de la possibilité de...
06:58 C'est un peu contract, on traduit.
06:59 Un geste pour le diesel.
07:01 Il y a peu de chances qu'on revienne à un système universel
07:04 qui bénéficierait à tous les automobilistes.
07:05 On a mis en place un chèque carburant pour 10 millions de foyers de 100 euros.
07:09 Je ne pense pas que l'État fera quelque chose.
07:10 Il pense peut-être à la proposition de Total,
07:13 qui a promis dans les stations Total de faire un geste sur le gazole
07:16 si on passait les 2 euros le litre.
07:18 On est à 1,79 en moyenne nationale aujourd'hui, on est loin.
07:21 Pour préciser ce que dit Emmanuel Macron,
07:22 la discussion doit se finaliser avec les entreprises concernées,
07:25 comme ça avait été fait l'année dernière avec l'arrêt Sournes à la pompe.
07:27 Ce que dit donc Emmanuel Macron, c'est un appel supplémentaire
07:31 à ce qu'avait laissé en temps de Patrick Pouyanné, le patron de Total,
07:33 la possibilité de faire un geste sur le diesel.
07:35 Donc plutôt du côté des entreprises,
07:36 plutôt que de l'État qui a déjà fait cette indemnité carburante.
07:39 Rangis ce matin, ce sera le Salon de l'Agriculture, l'inauguration samedi.
07:42 Ça s'est bien passé ce matin, c'était relativement tranquille.
07:44 Ça s'est plutôt bien passé.
07:46 Ça risque d'être une autre paire de manches au Salon de l'Agriculture.
07:49 D'abord parce que ça va durer de nombreuses heures,
07:52 qu'il y aura du public et qu'il sera sans doute interpellé,
07:54 bien sûr sur la réforme des retraites, sur l'inflation, le bouclier tarifaire,
07:58 le prix de l'essence, tous les sujets qui concernent la vie quotidienne des Français, évidemment.