La chronique du Dr Milhau du 21/02/2023

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Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

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Transcription
00:00 - Docteur Millot avec nous. Bonjour, Brigitte. - Bonjour.
00:02 Hier, l'annonce d'une troisième personne guérie du SIDA a suscité
00:08 beaucoup d'espoir.
00:09 Et vous allez nous dire ce qu'il en est réellement.
00:12 Une troisième personne dans le monde guérie du SIDA.
00:15 Oui, je vais vous raconter l'histoire de ce monsieur.
00:18 Alors, on appelle les patients du nom de la ville dans laquelle ils sont traités.
00:22 Donc là, c'était...
00:23 On l'appelle le patient Düsseldorf.
00:25 On va l'appeler Monsieur D.
00:27 Je te rappelle que les premiers patients, c'était Berlin, Londres.
00:30 Donc là, c'est Monsieur D.
00:32 Monsieur D, à 40 ans,
00:34 est contaminé par le VIH, le virus de l'immunodéficience humaine.
00:39 C'est un virus qui s'attaque, on le rappelle tout de même,
00:42 à nos cellules de défense immunitaire.
00:44 Donc, il est contaminé.
00:46 On le traite comme on traite tous les autres patients.
00:49 Et un an après son traitement, il est touché par un cancer des globules blancs,
00:54 ce qu'on appelle une leucémie.
00:55 Donc, on lui fait une chimiothérapie, ce qu'on fait dans les leucémies.
00:59 On lui fait une chimiothérapie. Cette chimiothérapie ne fonctionne pas.
01:03 Il n'est pas réactif à ce traitement là.
01:07 Donc, on décide, enfin, ses équipes, les équipes soignantes,
01:11 décident de lui faire ce qu'on appelle une greffe de moelle osseuse.
01:14 C'est un traitement lourd.
01:15 C'est un traitement qui se pratique quand la chimiothérapie ne fonctionne pas.
01:18 Donc, on décide de lui faire.
01:20 Il faut trouver évidemment un donneur qui soit compatible.
01:23 Et là, non seulement on trouve un donneur compatible,
01:27 mais on trouve un donneur avec une mutation extrêmement rare
01:31 que je vais vous présenter sur cette image.
01:34 La mutation CCR5-DELTA32.
01:38 Cette mutation, quand on est porteur de cette mutation,
01:42 en fait, le virus du sida est bloqué chez ces patients là.
01:47 Cette mutation permet de bloquer les virus,
01:50 de les empêcher de rentrer dans les cellules.
01:53 Donc, on grève ce patient avec cette moelle osseuse
01:57 d'un donneur qui est porteur de cette mutation.
02:00 Et là, on s'aperçoit que finalement,
02:04 toutes les cellules du donneur ont remplacé les cellules du receveur
02:08 et on ne trouve plus une trace de virus.
02:11 On envoie pendant quatre ans, plus de quatre ans,
02:14 des échantillons de tissus, de sang, de plasma à la recherche du virus.
02:19 Et c'est ce qui est dingue dans ce truc là,
02:22 c'est que normalement, ce virus qui envahit des milliards de cellules,
02:25 là, on n'en trouve plus aucune trace nulle part.
02:29 Donc, c'est pour ça que la revue hier a annoncé cette guérison probable
02:34 parce que ça fait cinq ans, donc on va attendre.
02:37 Mais c'est vrai que c'est de plus en plus long.
02:39 Les deux autres patients, c'était la même chose.
02:41 Malheureusement, il y en a un qui est décédé, qui a fait une rechute d'une leucémie.
02:45 Mais voilà. Donc, un espoir, oui, mais attention.
02:49 Un espoir pour la recherche,
02:51 parce que vous comprenez bien que les 38 millions de personnes
02:54 qui sont contaminées par le sida à travers le monde,
02:56 déjà, il y en a que 62 % qui ont la trithérapie.
02:59 On ne va pas s'amuser à leur faire des grèves de moelle,
03:01 c'est un traitement très lourd, très compliqué à mettre en place.
03:05 Je veux dire, il faut trouver des gens compatibles,
03:07 il faut trouver des gens qui ont cette mutation.
03:09 Donc, c'est juste que c'est un espoir pour une éventuelle thérapie génique
03:14 où on pourrait manipuler et avoir cette mutation.
03:18 Ça, oui, c'est un espoir là-dedans.
03:20 C'est formidable de se dire qu'enfin,
03:22 parce qu'il ne faut pas oublier quand même que depuis 83,
03:24 ça fait 40 ans qu'on piétine quand même sur les traitements.
03:27 Le vaccin, on a dit plusieurs fois qu'on allait en trouver un,
03:30 mais on ne l'a toujours pas trouvé.
03:31 Donc, c'est vrai que là, c'est vraiment un espoir.
03:34 Il y a aussi un autre espoir, j'en profite pour le dire.
03:37 C'est vrai que ça prouve quand même que là,
03:39 même si on a piétiné longtemps, là, on avance un peu,
03:42 notamment sur des anticorps, une espèce de soupe d'anticorps,
03:45 plusieurs anticorps qui pourraient permettre aussi...
03:48 Là, il y a un traitement qui va être lancé dans quelques jours
03:50 sur à peu près 70 patients.
03:51 Donc, on le voit, ça bouge,
03:53 mais il ne faut pas imaginer que ça va être un traitement adapté.
03:57 C'est simplement de l'espoir, et ça, ça fait quand même du bien,
04:00 de voir qu'on avance enfin et qu'on peut imaginer
04:04 soit des thérapies géniques, soit des traitements par des anticorps,
04:07 en sachant quand même que les patients qui ont une trithérapie,
04:12 maintenant, ça n'a rien à voir avec les traitements d'avant.
04:15 On peut avoir une vie normale au quotidien
04:18 en étant traité par trithérapie.
04:21 Les traitements ont largement évolué.
04:24 Mais en tout cas, voilà, on voulait vous parler de cet espoir
04:27 dans cette maladie pour laquelle, malheureusement,
04:30 on a encore tellement de patients contaminés.
04:32 Je vous rappelle quand même 38 millions à travers le monde,
04:36 175 000 en France.
04:38 Donc, surtout, on continue le dépistage.
04:41 On continue... Ça, c'est important.
04:45 Et évidemment, la prévention, la prévention, la prévention.
04:49 (Générique)
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