BÉNIN : À LA RECHERCHE DES MYSTÉRIEUX SOLDATS FRANÇAIS

  • l’année dernière
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C’est une petite histoire perdue au milieu d’un grand déclin. L’histoire de soldats français qui se trouvent au nord du Bénin, dans une zone soumise à des attaques djihadistes. Alors que la France perd irrémédiablement pied en Afrique, qu’elle a été chassé du Mali ou du Burkina Faso, quelques dizaines de nos soldats sont présents au Bénin. Officiellement, ce sont des instructeurs envoyés pour former l’armée de ce pays d’Afrique de l’Ouest, et l’aguerrir face aux terroristes. Mais une partie de la population et de l’opposition béninoise doutent, allant même jusqu’à accuser l’armée française d’installer une base secrète des forces spéciales dans la ville de Kandi. Au-delà des fantasmes et des rumeurs, qu’en est-il réellement ? Notre journaliste Thomas Dietrich a mené l’enquête. Il s’est rendu à Kandi, dans cette région du Bénin qui autrefois accueillait des touristes du monde entier et qui a aujourd’hui basculé dans la violence. Accompagné des journalistes Emilien David et Shalom Ametokpo, Thomas Dietrich est allé voir si ces soldats français sont bien ceux que la communication officielle nous présente. Entre course poursuite, caméras cachées et étranges rencontres sur les réseaux sociaux, Le Média vous propose un grand reportage comme on en fait peu. Cette enquête d’utilité publique raconte comment la France, malgré sa perte d’influence, ne rend toujours de comptes à personne en Afrique francophone. Et comment elle est aujourd’hui rejetée par les populations.

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Transcript
00:00 Le Bénin a longtemps été un pays tout à fait paisible.
00:06 Une exception démocratique en Afrique de l'Ouest.
00:10 Alors ici nous sommes à Cotonou, la capitale économique du Bénin
00:17 et la plus grande ville du pays.
00:19 Donc c'est un peu un décor de carte postale, il y a l'océan, le soleil
00:22 et puis même derrière nous, le port de Cotonou qui est confié en concession
00:26 en partie à l'entreprise française Bolloré.
00:28 Mais nous on n'est pas venu vous parler d'un cadre idyllique,
00:30 on est venu vous parler d'une situation bien plus dramatique
00:33 à quelques centaines de kilomètres au nord du Bénin.
00:35 Depuis 2019, une partie du pays a basculé dans la violence.
00:41 Les parcs touristiques du nord ont vu débarquer des djihadistes
00:45 affiliés à Al Qaïda ou à l'État islamique.
00:47 Face à la menace terroriste, le Bénin, qui n'a jamais été en guerre,
00:51 cherche à se défendre.
00:53 L'autoritaire président Patrice Talon compte notamment sur l'aide de la France.
00:58 Nous avons évoqué également et convenu avec vous et vos équipes
01:03 que la France nous appuierait davantage dans notre effort de lutte
01:08 contre le terrorisme parce qu'aujourd'hui c'est l'un des principaux défis.
01:13 Macron ne s'est pas fait longtemps prier.
01:16 La France, en perte de vitesse, se cherche de nouveaux amis en Afrique.
01:21 À plusieurs reprises, le Bénin a été évoqué comme base de repli
01:25 pour une partie des forces françaises de l'opération Barkhane,
01:28 expulsées du Mali en août 2022.
01:31 Paris a fourni des véhicules blindés au Bénin
01:33 et envoyé des instructeurs à Kandy, au nord du pays.
01:37 De mystérieux instructeurs qui suscitent bien des fantasmes
01:41 et auxquels nous avons décidé de rendre une petite visite.
01:44 - Je peux te mettre ça là-dessus ? - Ouais, vas-y.
01:53 Il s'est avalé 600 kilomètres de bitume pour rejoindre le nord du pays.
01:57 C'est l'axe principal du pays et c'est d'ailleurs par là
02:00 que les militaires français de l'opération Barkhane ont été évacués.
02:03 C'est aussi sur cette route que transite l'uranium
02:06 que l'entreprise française Orano extrait au Niger.
02:09 Après un long voyage, nous arrivons à Kandy.
02:14 Un journaliste togolais, Shalom, nous y attend.
02:18 - Oh ! - Hé ! Shalom.
02:20 - Comment tu vas ? - Je vais très bien, et toi ?
02:22 - Ça fait des années. - Ça fait 4 ans au moins ?
02:24 - Au moins. - Je suis presque 5 jours,
02:27 bien une semaine ici, à Kandy.
02:30 Là, bon, je suis venu faire le tour,
02:34 essayer de me familiariser avec la population,
02:37 prendre quelques contacts pour voir la situation
02:40 qui est sur le terrain avec la présence des forces.
02:43 Les militaires étrangers, notamment les Français.
02:46 - T'as eu des confirmations que les Français...
02:49 - Bien sûr, bien sûr, j'ai essayé de discuter
02:52 avec pas mal de personnes qui m'ont clairement, clairement dit
02:55 qu'il y a des militaires français qui séjournent ici,
02:58 à Kandy, dans la ville, mais qui sont casernés dans le camp.
03:01 Ils font tout, ils font tout là-bas.
03:04 Officiellement, bon, ils sont là juste comme instructeurs.
03:07 Ils sont là dans le camp, ils forment les militaires bien,
03:10 ils font tout ça. Mais il y a d'autres contacts,
03:13 qui vont parfois au front avec les militaires béninois.
03:16 Bon, ça reste... - Dans les forêts, là ?
03:19 - Oui, oui, oui, dans les forêts, de côté ouest-est.
03:22 Mais tout ça, là, ça reste à confirmer quand même.
03:25 Mais les gens m'ont confirmé ça.
03:28 Il faut savoir que les attaques, ça se passe pas très loin d'ici.
03:31 Ils m'ont dit 50 km d'ici, avec la forêt, les fonds d'eau.
03:34 Donc, c'est pas très loin d'ici.
03:37 Mais 50 km d'ici, avec la forêt, les frontières,
03:40 tout ça, là, c'est un peu compliqué.
03:43 Les gens sont plus ou moins méfiants aussi dans la ville.
03:46 Bon, est-ce qu'ils sont en odeur de sainteté avec les militaires français ?
03:49 Est-ce qu'ils approuvent leur présence ici ?
03:52 Bon, les opinions, c'est divers quand même.
03:55 Mais la plupart des gens disent que, bon, les Français,
03:58 c'est à cause qu'on est dans la merde, là.
04:01 - Qui sont ces militaires français ?
04:04 Pour le gouvernement béninois, ce sont de simples instructeurs
04:07 venus former les militaires locaux.
04:10 Mais pour une partie de l'opposition, c'est une base secrète
04:13 des forces spéciales françaises qui a été installée à Candie.
04:16 Lors de sa visite au Bénin en juillet dernier,
04:19 Macron a fait du Macron et a cultivé l'ambiguïté.
04:22 - Sur le plan sécuritaire, conformément à la réorganisation
04:25 que nous avons adoptée à l'échelle de l'ensemble de la région,
04:28 nous serons au rendez-vous pour répondre à vos demandes
04:31 en termes de formation et d'équipement.
04:34 Là-dessus, nous avons commencé ces derniers mois
04:37 à répondre à ces demandes par de la coopération
04:40 en matière de renseignements, par des interventions
04:43 très concrètes que nous avons pu déployer.
04:46 Je veux ici le redire. Et nous avons accéléré
04:49 cette coopération encore ces dernières semaines
04:52 pour détacher, former, planifier des opérations.
04:55 - À Candie, la peur règne.
04:58 La population craint les terroristes,
05:01 mais aussi la brutalité du gouvernement.
05:04 Ainsi, rares sont les personnes qui acceptent
05:07 de témoigner face caméra. Seul Biawé,
05:10 un habitant engagé dans le principal parti d'opposition,
05:13 accepte de nous parler.
05:16 - On voit des militaires un peu partout dans la ville de Candie.
05:19 Dans la librairie, il faut dire comme ça en général.
05:22 Le guerre-dix, je ne sais pas ce qu'il y a pour Yugoslavia,
05:25 mais on voit là une base militaire française qui est là.
05:28 Puis ils sont situés dans un coin du camp militaire de Candie.
05:31 Mais ils ont créé une base à côté.
05:34 Mais quel est leur rôle, on se pose la question.
05:37 Les guerriers sont venus frapper la prison civile de Candie
05:40 trois fois, alors que la distance qui sépare
05:43 la prison civile et la base militaire française
05:46 ne dépasse pas 15 km.
05:49 Qu'est-ce qui explique ceci ?
05:52 Voilà la question qui se pose.
05:55 - Les militaires français sont ici pour assurer de la formation.
05:58 Ce n'est pas assez clair pour vous ?
06:01 - Pour ce qui me concerne personnellement,
06:04 je ne pourrais pas le dire, ce n'est pas utile pour nous.
06:07 Puisqu'il vaut mieux doter nos militaires béninois
06:10 que de faire appel aux Français.
06:13 - Une chose est sûre, personne ne semble savoir
06:16 ce que fait l'armée française à Candie.
06:19 De retour à l'hôtel, nous rencontrons dans le hall
06:22 un militaire béninois très bavard.
06:25 Et le filmons en caméra cachée.
06:28 - Bonjour, est-ce que vous voulez un café ?
06:31 - Bonjour.
06:34 - C'est qui alors ? C'est quoi le danger ?
06:37 - Le danger, c'est le dialys.
06:40 Mais ils sont dans les forêts.
06:43 - Par exemple les Français vous aident ?
06:46 - Oui, c'est vrai qu'ils sont en train de nous aider.
06:49 Comment les maîtriser.
06:52 - Mais ils sont là ?
06:55 - Oui, ils sont là.
06:58 - Ils interviennent directement ?
07:01 - Directement, ils sont autorisés.
07:04 Toutes les mouvances, les appels, les étapes,
07:07 ils prennent le temps.
07:10 - Ils viennent pour vous superviser ?
07:13 - Ils sont venus pour former.
07:16 Aussitôt pour mener des actions
07:19 devant nous avant de repartir.
07:22 Mais ils n'ont pas su repartir.
07:25 Ils ont fait 2 ans à Tanguayta.
07:28 Ils sont au camp, ils sont là.
07:31 - Mais tu penses qu'ils pourraient rester ?
07:34 - Oui, ils auraient un cargo qui atterrisse sur la piste.
07:37 - Mais c'est pour de la formation ?
07:40 - C'est pour la formation et l'action aussi.
07:43 Au cours de la formation, ils mènent des actions.
07:46 - Et toi, tu as déjà patrouillé avec eux ?
07:49 - 3 fois.
07:52 - Ils sont sympas ?
07:55 - Oui, c'est cool, mais ils boivent beaucoup.
07:58 - Ce témoignage renforce nos interrogations.
08:01 Pour y voir un peu plus clair,
08:04 on va parler avec Rémi Boll,
08:07 l'un des meilleurs spécialistes de l'armée française en Afrique.
08:10 - Ça va ?
08:13 - Oui, ça va.
08:16 - Est-ce que la France pourrait installer
08:19 une base militaire au Bénin ?
08:22 - Il y a un risque que ça ne soit pas bien perçu par la population.
08:25 L'histoire du Bénin est ainsi faite
08:28 qu'on a quand même une vraie réticence dans ce pays
08:31 stationnée, y stationnée.
08:34 Il y a déjà des mouvements politiques
08:37 qui se sont frontalement opposés à une éventuelle présence militaire française.
08:40 Donc ça ne va pas être très simple
08:43 pour le président du Bénin, Patrice Talon,
08:46 parce qu'il y a cette réticence assez forte
08:49 au sein des populations.
08:52 Après, on a vu qu'il y a une dérive autoritaire au Bénin ces derniers temps.
08:55 Talon peut passer outre l'opinion publique.
08:58 Par ailleurs, on voit bien
09:01 qu'il y a une présence de soldats français,
09:04 qu'ils soient formateurs, instructeurs ou opérationnels
09:07 dans le nord du Bénin depuis quelques temps.
09:10 Pour l'instant, ça ne crée pas plus de remous que ça.
09:13 Quand Sabre s'est installé à Ouagadougou, ça a été complètement caché.
09:16 Il n'y a eu aucune communication officielle.
09:19 Et même lorsque certaines personnes commençaient à poser des questions,
09:22 que ce soit aux autorités françaises ou aux autorités burkinabées de l'époque,
09:25 ils répondaient non,
09:28 il n'y a pas de soldats français.
09:31 Ils mentaient clairement sur cette présence-là.
09:34 Moi, je l'ai moi-même vécu, puisqu'en 2012, je me trouve au Burkina Faso.
09:37 Il y a déjà des rumeurs qui font état d'une présence
09:40 de militaires français à Ouagadougou.
09:43 Il se trouve que je tombe dans l'hôtel où il y a certains des forces spéciales.
09:46 J'en parle à l'ambassadeur, qui est alors Emmanuel Bête à ce moment-là,
09:49 et qui me dit qu'il n'y a pas de forces spéciales à Ouagadougou.
09:52 Il se trouve que moi, je les avais vus, j'avais même dîné,
09:55 c'était mes voisins.
09:58 Donc, il y avait une vraie volonté de cacher ça.
10:01 Et ça, c'était une demande de Bales Kompahoré, qui était le président du Burkina à l'époque,
10:04 parce qu'il savait que ça serait mal perçu par l'opinion publique.
10:07 Est-ce que la France pourrait faire la même chose au Bélin ?
10:10 Le meilleur moyen d'avoir la réponse,
10:13 c'est d'aller voir les soldats français.
10:16 On s'est donc mis à les chercher dans les rues de Kandy.
10:19 On ne les a pas trouvés,
10:22 mais on est tombés sur d'autres hommes armés, en uniforme.
10:25 - On peut filmer au moins le panneau ?
10:32 - Juste le panneau ?
10:35 - C'est un camp de l'armée béninoise ?
10:38 - Oui. - Ah ok, parce que j'ai vu African Parks là.
10:41 African Parks. Drôle d'accueil de la part d'une ONG sud-africaine
10:44 qui est censée s'occuper de la protection des animaux sauvages.
10:47 Dans la région,
10:50 certains les accusent de servir de milice contre les terroristes.
10:53 D'ailleurs, le responsable de la communication d'African Parks
10:56 n'est pas vraiment à l'aise avec le sujet.
10:59 - Je me permets de repréciser un peu.
11:02 C'est justement la situation sécuritaire
11:05 qui m'amène à m'intéresser à vos actions dans African Parks.
11:08 Ce qui m'intéresse, c'est de voir un peu comment...
11:11 Aujourd'hui, quel est votre rôle ?
11:14 Vous avez dit qu'African Parks est plutôt tourné vers le tourisme.
11:17 Aujourd'hui, vous semblez plus orienté, en tout cas pour ce qui est du Bénin,
11:20 vers la lutte contre les djihadistes.
11:23 Ce qui m'intéresse, c'est de voir comment African Parks lutte
11:26 contre les djihadistes qui viennent du Burkina Faso, du Niger.
11:29 - Ce que je peux vous dire,
11:32 notre mission, c'est la lutte anti-placonage,
11:35 c'est la protection des erreurs,
11:38 des pâques.
11:41 Et...
11:44 Je prends bonne note
11:47 de votre sujet de recherche.
11:50 - Est-ce qu'officiellement, vos missions ne sont pas tournées
11:53 contre les djihadistes, contre la lutte...
11:56 Enfin, dans la lutte contre le djihadisme ?
11:59 - Je ne suis pas qualifié
12:02 pour vous apporter des réponses
12:05 relatives à la situation sécuritaire,
12:08 puisque c'est un domaine spécifique
12:11 qui ne relève vraiment pas de ma compétence.
12:14 - Pourquoi tout le monde tourne autour du pot
12:17 et se cache derrière des faux-semblants ?
12:20 Les Français feraient-ils de même ?
12:23 D'ailleurs, depuis que nous sommes arrivés à Kandy,
12:26 ils ne sont pas sortis du camp militaire béninois
12:29 où ils ont planté leur tente.
12:32 Hasard ou volonté de faire profil bas ?
12:35 La source nous a indiqué que nous aurions une chance
12:38 de les apercevoir à l'aérodrome,
12:41 où des avions militaires français atterrissent régulièrement.
12:44 On est donc allé se poser dans un bar en face de la piste en terre.
12:47 Mais visiblement, ce n'était pas le tuyau du siècle.
12:50 - Tu vois, je lis un livre bien chiant,
12:53 c'est "Les mémoires du cardinal de Ré".
12:56 Le mec raconte tous les bruits qu'il a eus dans sa vie
12:59 et comme il s'est fâché avec tout le monde,
13:02 il a fait un livre de 100 pages.
13:05 C'est long, c'est long, comme notre attente.
13:08 ...
13:11 ...
13:14 ...
13:17 - On fait un peu d'action parce que ça fait 2 jours
13:20 qu'on quêtait les militaires étrangers dans Kandy,
13:23 notamment les militaires français, mais ils se tairaient,
13:26 ils ne sortaient pas, on ne les voyait pas sortir
13:29 d'un coup et on voit passer un camion militaire
13:32 avec 2 énormes roues sur le toit qui montent vers le nord,
13:35 vers la zone du front et à l'intérieur, on voit 2 militaires blancs.
13:38 Donc là, on a sauté dans le véhicule
13:41 et puis on essaie de les poursuivre, on devrait les rattraper
13:44 d'ici quelques kilomètres quand on va plus vite qu'eux.
13:47 C'est vrai qu'on rentre dans la zone très compliquée
13:50 puisque c'est au nord de Kandy qu'il y a eu les attaques jihadistes.
13:53 ...
13:56 ...
13:59 ...
14:02 - Un camion militaire conduit par des étrangers
14:05 en pleine zone d'attaque jihadiste ?
14:08 Sont-ils les militaires français que nous recherchons ?
14:11 Il n'y a officiellement aucune autre armée étrangère dans le coin
14:14 et African Parks nous a confirmé ne plus employer de chauffeurs blancs
14:17 depuis que l'ONG a été ciblée par les terroristes.
14:20 Cette fois, nous décidons de prendre le taureau par les cornes
14:23 et d'aller voir directement les Français dans le camp militaire de Kandy.
14:26 - Mon accréditation, c'est bon, ordre de mission, c'est bon,
14:29 passeport, je l'ai dans la poche, j'y ai mis ma plus belle chemise.
14:32 Tu es prêt ?
14:35 Tu fais attention à toi quand même.
14:38 Bien sûr.
14:41 Bon, les gars, à plus.
14:44 Bonjour. Comment ça va ?
14:47 Je suis journaliste français, j'ai une accréditation.
14:50 Je viens voir les militaires français qui sont là.
14:53 Autre autorité.
14:56 Un ordre de mission.
14:59 On m'a dit qu'ils étaient dans des tentes ici.
15:02 - Oui.
15:05 - C'est les instructeurs, non ? - Hein ?
15:08 - C'est les instructeurs, quoi. - Oui, oui.
15:11 Il y a un blanc qui s'est présenté à la guerre.
15:14 Il est un journaliste.
15:17 Donc il veut voir leurs collègues français ici.
15:20 Il a demandé s'il a leur numéro là,
15:23 s'il n'a pas leur numéro.
15:26 Il a un ordre de mission.
15:29 - Je vais prévenir les français dans le...
15:32 - Non, on ne peut pas aller dans la grève.
15:35 Si vous voulez appeler l'ambassade, elle va les prévenir.
15:38 - Si il y a quelqu'un qui peut venir vous chercher.
15:41 - OK. Parce que je pensais que vous, vous pouviez les prévenir.
15:44 - Non, non.
15:47 - Comme on s'est gentiment fait mettre à la porte,
15:50 on a décidé de revenir par la fenêtre numérique.
15:53 On a sorti nos téléphones portables
15:56 et on a fait comme des millions d'humains sur cette terre.
15:59 On a cherché l'amour sur des applications géolocalisées.
16:02 - On fait installer.
16:05 Il va falloir que je la désinstalle, après, sinon ma femme va m'engueuler.
16:08 Elle va croire que c'est pour autre chose.
16:11 - Alors, on va créer un profil.
16:14 Donc là, on va dire un profil féminin.
16:17 Je veux voir des hommes. Vas-y, continue.
16:20 - Continue. Là, je vois des photos
16:23 d'un... d'un client qui a l'air d'être français,
16:26 passionné par le ski, par la randonnée, par le crossfit
16:29 et qui est à moins d'un kilomètre. Donc c'est vrai qu'ici, on est à l'hôtel.
16:32 On est à... Ouais, on est à quelques centaines de mètres de la base française.
16:35 Ça pourrait coller. Alors là, il y a Benoît.
16:38 Benoît, 23 ans.
16:41 En gros, pour faire simple, il veut faire l'amour, pas la guerre.
16:44 Non, mais l'un n'empêche pas l'autre. J'ai toujours fait les deux.
16:47 Et jusqu'à présent, je n'ai jamais eu aucune plainte.
16:50 Alors, Alex, 33 ans. Il a un pantalon très militaire.
16:53 C'est quand même intéressant. On a trouvé 3 profils de Français
16:56 qui sont dans la zone et qui ont l'air d'avoir une appétence particulière
16:59 pour le sport et les habits kaki.
17:02 Ils ont l'air quand même tous assez jeunes pour des instructeurs.
17:05 C'est assez marrant parce qu'il a même un Snapchat
17:08 avec activités récentes.
17:11 Ce qui est un peu surprenant dans cette histoire, c'est que tu vois,
17:27 les instructeurs, en général, on nous a dit qu'ils sont entre 30, 40, 50 ans.
17:30 Et puis là, ils ont un peu de bouteilles aussi
17:33 parce qu'aller sur un terrain aussi compliqué en Afrique,
17:36 c'est même pas simple. Et là, tu as quand même des gens très jeunes,
17:39 23, 25 ans. Alors, ce n'est pas une preuve définitive, une absolue,
17:42 mais quand même, ça pose des questions. Et ça pose aussi des questions
17:45 qui sortent sur Snapchat, visitées par tout le monde.
17:48 On aurait voulu continuer d'enquêter, mais on se sentait
17:53 de plus en plus surveillés. Les autorités béninoises
17:56 n'hésitent pas à jeter en prison les journalistes un peu trop curieux.
17:59 On est rentrés avec nos images.
18:02 Sur la route vers Cotonou, on a croisé un camion bâché,
18:06 escorté de soldats béninois, qui transportait
18:09 un véhicule de l'armée française.
18:12 De retour à Paris, on contacte le ministère des Armées français,
18:17 qui persiste à signer.
18:20 Les militaires français déployés au Bénin, au nombre de 30,
18:23 étaient issus des éléments français au Sénégal.
18:26 Il s'agit d'un détachement de partenariat militaire opérationnel.
18:29 Les éléments français sur place ont quitté le Bénin la semaine dernière.
18:32 Il ne s'agit pas d'une mission permanente,
18:35 mais bien de détachements ponctuels qui répondent à un besoin
18:38 d'entraînement précis du partenaire.
18:41 Dans une revue du ministère des Armées, il est toutefois précisé que
18:44 "les cadres des détachements du partenariat militaire opérationnel
18:47 peuvent être amenés à prendre seules les décisions tactiques
18:50 de portée stratégique".
18:53 On est donc bien au-delà d'une simple formation.
18:56 La présence de militaires français à Candie et l'opacité
18:59 sur leur véritable mission est un symbole.
19:02 Un symbole d'une France qui pense n'avoir de compte à rendre à personne
19:05 et qui veut maintenir coûte que coûte sa présence en Afrique francophone,
19:08 quitte à se faire détester par les populations.
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19:32 Merci à tous !
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