Claude Jean-Pierre décède en 2020 après un contrôle de gendarmerie en Guadeloupe. Malgré une vidéo de l’interpellation, le procureur de la République requiert un non-lieu. Sa fille Fatia prend la parole dans notre documentaire.
Cette vidéo est un extrait du documentaire Violences policières, le combat des familles, disponible sur France.tv Slash. Regardez le documentaire ici : https://www.streetpress.com/sujet/1675948897-violences-policieres-le-doc
Cette vidéo est un extrait du documentaire Violences policières, le combat des familles, disponible sur France.tv Slash. Regardez le documentaire ici : https://www.streetpress.com/sujet/1675948897-violences-policieres-le-doc
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00:00 Pour moi, dans ma vie, les violences policières, c'était bien loin de moi.
00:05 Les cas de violences policières que je connaissais étaient la famille Chouviat et la famille Adama.
00:12 Je ne pensais pas qu'un jour, le nom de mon père figurait dans cette liste.
00:27 Ce retour en Guadeloupe est assez particulier.
00:30 C'est la première fois que je reviens depuis les funérailles de mon papa.
00:34 La ville d'Ede est une petite ville tranquille, 4000 habitants, un petit centre-ville.
00:40 Mon papa connaissait la ville d'Ede comme sa poche puisqu'il y a grandi, il y a vécu.
00:45 Il a des amis, il a de la famille.
00:48 Il a construit des maisons, il a fait beaucoup de choses pour cette ville et pour les habitants de cette ville.
00:55 Il est connu pour être un homme serviable, jovial, avenant, quelqu'un qui aimait faire la fête,
01:02 qui donnait toujours le là, qui rigolait, qui aimait faire des blagues.
01:08 C'est calme.
01:16 Ça fait bizarre de revenir après six mois.
01:20 En fait, il était exactement là.
01:22 En passant ici, moi, j'ai le cœur tout le temps serré.
01:27 Ça ne s'oublie pas en fait.
01:30 Moi, je garde toujours un bon souvenir de lui parce que je sais que c'était quelqu'un de jovial.
01:36 C'est pour ça que je ne croque pas trop non plus parce que je sais qu'il n'aurait pas aimé ça.
01:41 Tu vois comment il est ?
01:43 Lui qui nous disait toujours des paroles, qui nous font rigoler, qui faisait toujours le clown.
01:49 La relation de mon papa et moi depuis la métropole, on avait une tradition, c'est qu'on s'appelait le dimanche.
01:55 Il était hors de question pour lui que je l'appelle la semaine, tout simplement parce que ça l'inquiétait.
02:00 Parce qu'il me disait qu'il savait qu'on avait nos habitudes et que si je l'appelais un autre jour, c'est qu'il m'était arrivé quelque chose.
02:07 Jusqu'à maintenant, je me dis "tiens, mon papa va m'appeler, on est dimanche".
02:11 Et puis finalement, c'est l'appel qui n'arrive jamais.
02:13 Quand il disait qu'il y avait des caméras partout, il y en a deux là en fait.
02:17 La fameuse vidéo qui nous a fait commencer le combat en fait.
02:24 Parce que si on n'avait pas ces images-là, c'était leur parole contre la nôtre.
02:29 On n'aurait jamais su ce qui s'est passé.
02:31 On serait resté sur la version qui était plausible.
02:35 Diabétique, il a fait un malaise, il était fatigué, bah oui ça passe.
02:38 Mais quand tu sais que ça c'est là, qu'on voit ce qui s'est passé, il n'y a pas d'excuses.
02:43 Le contrôle de gendarmerie a lieu le 21 novembre 2020.
02:49 C'est des contrôles aléatoires qui ont lieu un petit peu partout dans les villes de Guadeloupe.
02:54 On voit dans la vidéo que mon père est extrait d'un coup sec par les deux gendarmes.
03:03 À la sortie de son véhicule, il s'effondre.
03:06 J'ai tout de suite dit que je ne voulais pas voir cette vidéo.
03:11 Je me suis fait violence, j'ai quand même visualisé les images.
03:18 De voir déjà quelqu'un au sol, c'est compliqué.
03:22 Et de voir son père au sol, c'est d'autant plus compliqué.
03:27 Donc c'était quelque chose de très très dur pour moi.
03:33 Mon papa est mort à l'hôpital le 3 décembre, quelques jours après ce fameux contrôle.
03:37 Quand j'ai la preuve, que j'ai les images devant moi, que je me rends compte que le décès de mon papa est survenu à la suite des agissements de ces gendarmes,
03:46 j'ai ce sentiment de colère qui m'envahit.
03:49 En même temps, je me dis que ce n'est pas la meilleure façon de le défendre que de sombrer dans la colère.
03:57 Bonsoir à tous.
03:59 Merci beaucoup d'être là.
04:01 Depuis le 21 novembre, on mène ce combat.
04:03 On est là aujourd'hui pour montrer la solidarité d'un peuple autour d'une seule et même cause.
04:10 On a besoin de respect et c'est le but de la manifestation aujourd'hui.
04:15 On a besoin d'unité et de justice.
04:17 Justice Bouklodo !
04:19 Blipfort ! Justice Bouklodo !
04:21 Blipfort ! Justice Bouklodo !
04:23 Kouada ! Justice Bouklodo !
04:28 Pour nous, on sait où on veut aller.
04:30 Donc c'est simplement la justice.
04:32 C'est simplement une mise en examen de ces deux agents.
04:37 Si je pouvais dire quelque chose à mon papa aujourd'hui, c'est que je me battrais pour lui jusqu'au bout.
04:41 Salut, je m'appelle Inès et vous venez de regarder un extrait du documentaire "Violences policières, le combat des familles".
04:48 Dans ce documentaire, on a choisi de donner la parole aux personnes qui ont perdu un proche après une intervention de police.
04:54 Cinq familles m'ont ouvert la porte de chez eux et m'ont raconté leur intimité, leur deuil et leur combat pour obtenir justice.
05:01 Ces témoignages très forts et que vous n'avez pas l'habitude de voir dans l'actualité ne vous laisseront pas indifférents.
05:07 C'est pas facile d'enterrer son frère.
05:10 Je pense qu'il n'y aura pas une épreuve aussi douloureuse qu'il pourra...
05:21 Je pense que tout ce que je vais subir dans cette vie aujourd'hui ne pourra pas être pire que ce que j'ai subi en enterrant Gaël.
05:27 Je ne vous en dis pas plus et je vous laisse aller regarder le documentaire gratuitement et en intégralité sur la plateforme de nos partenaires France.tv.
05:34 On vous a mis le lien en description. Et pour ne rien louper des prochaines vidéos, abonnez-vous !
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