Réforme des retraites : Sébastien Chenu invite les Français à utiliser les urnes plutôt que des casseroles

  • l’année dernière
Sébastien Chenu, député Rassemblement national du Nord et vice-Président de l’Assemblée nationale, était l'invité du Grand entretien de 8h20 de France Inter mardi 2 mai, au lendemain de nouvelles manifestations contre la réforme des retraites.

Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
Transcript
00:00 Bonjour Sébastien Chenu, bonjour monsieur, bonjour madame, député du Nord du Rassemblement National,
00:04 également vice-président de l'Assemblée Nationale.
00:06 Merci d'être avec nous ce matin sur France Inter.
00:09 Avec Alexandra, nous attendons vos questions, auditeurs et auditrices de France Inter,
00:13 0145 24 7000 ou via l'application France Inter.
00:18 Sébastien Chenu, la mobilisation a à nouveau été très forte hier dans les rues de France
00:21 contre la réforme des retraites, au moins 800 000 personnes,
00:24 plus de 2 millions selon l'estimation de la CGT.
00:27 Rassemblement dans leur grande majorité pacifique, mais il y a eu aussi de nombreuses violences,
00:31 plus d'une centaine de policiers et de gendarmes blessés hier, dont un gravement à Paris.
00:36 L'intersyndicale se réunit ce matin, qu'est-ce que vous nous dites ?
00:40 Les manifestations doivent-elles se poursuivre selon vous ?
00:43 D'abord je veux saluer la mobilisation pacifique de ces centaines de milliers de Français à travers le pays.
00:49 Il n'y a jamais eu, je crois, un 1er mai qu'il y ait rassemblé autant de Français.
00:52 Ça montre bien que la bataille des retraites, ou en tous les cas la résistance à cette réforme des retraites,
00:59 elle est vive dans le pays.
01:01 Et moi, je veux retenir d'abord une mobilisation pacifique de beaucoup de Français.
01:06 Et avec la même force, je veux évidemment condamner les violences, soutenir les forces de l'ordre,
01:12 en particulier les hommes et les femmes qui ont pu se retrouver abîmés par les attaques de milices d'extrême gauche.
01:20 Mais j'aimerais, au moment où je condamne ces dérives, ces émeutes,
01:25 car c'étaient carrément des émeutes dans certains quartiers de Paris,
01:29 je ne crois pas, au moment où je vous parle, il est 8h24 sur France Inter,
01:32 avoir entendu l'extrême gauche, M. Mélenchon ou ses amis condamner ces violences.
01:39 Et je trouve que c'est grave pour notre pays.
01:41 Je trouve que notre pays mérite mieux que cela.
01:43 Je pense qu'on peut condamner avec la plus grande fermeté la réforme des retraites,
01:48 qu'on peut s'y opposer avec force, avec détermination, comme le font beaucoup de Français,
01:52 mais qu'on ne peut pas accepter ces dérives violentes dans notre pays.
01:55 Ne pas entendre M. Mélenchon, qui par ailleurs dit qu'il faut sortir de la "mauvaise république",
02:02 je ne sais pas si le terme est tout à fait exact, mais qui condamne la république dans laquelle nous vivons,
02:07 et bien je pense que là aussi il y a des dérives politiques qui alimentent ces dérives et ces violences dans notre société.
02:13 Est-ce que le mouvement doit se poursuivre ? Faut-il une quatorzième journée de mobilisation ? Les syndicats en décident ce matin.
02:18 Mais vous venez de le dire, c'est aux syndicats de le décider.
02:21 Moi je crois que dans une démocratie, chacun doit être à sa place.
02:25 Notre place de député du Rassemblement National, elle est à l'Assemblée.
02:28 Elle est pour poursuivre les débats, les échanges.
02:31 Et il y aura d'autres moments d'ailleurs sur la réforme des retraites.
02:34 Il va y avoir une niche parlementaire, c'est-à-dire un moment dans lequel l'ordre du jour est donné à des groupes minoritaires.
02:40 Le petit groupe Liott, qui est un groupe d'élus divers, va essayer de proposer, je crois, une proposition de loi pour revenir sur la réforme des retraites.
02:47 On verra.
02:48 On vous dit pas stop ce matin aux syndicats.
02:50 De toute façon, vous savez, cette réforme des retraites, cette bataille pour la réforme des retraites, c'est un enjeu de société considérable.
02:56 Et ça se joue en plusieurs manches.
03:00 Et je pense que je le disais hier lors de la convention du Rassemblement National, lors de la fête de la Nation.
03:06 Ne troquez jamais votre bulletin de vote contre une casserole, car le bruit le plus fort, c'est celui du bulletin de vote qui tombe dans l'urne.
03:14 Ne pensez pas que c'est en faisant uniquement du bruit sur des casseroles que vous allez faire reculer le gouvernement.
03:19 Ils ne reculeront pas.
03:21 La seule façon de les faire reculer, c'est de les battre aux élections.
03:23 En attendant, Sébastien Chenu, vous avez parlé en effet de nouvelles échéances.
03:27 Alors il y aura, dès le 3 mai, nous sommes le 2 mai, donc c'est demain, la décision des sages du Conseil constitutionnel.
03:33 Ce qui vont se prononcer sur une seconde demande de référendum d'initiative partagée.
03:38 Et puis le 8 juin, en effet, cette proposition de loi d'abrogation du recul de l'âge de départ à la retraite par les députés Lyott.
03:47 Qu'est-ce que vous attendez de ces deux échéances ?
03:51 En réalité, peu de choses.
03:52 Peu de choses parce que la proposition de loi portée par le petit groupe Lyott me semble compliquée à aller jusqu'au bout,
03:58 parce qu'elle va, ce qu'on appelle, créer une charge supplémentaire.
04:01 En réalité, et donc, il y a de fortes chances qu'elle ne soit pas recevable.
04:06 Vous voulez dire une charge financière supplémentaire ?
04:08 Mais si elle l'était, nous on votera, si la proposition est recevable, les députés du Rassemblement national,
04:13 comme ils l'ont toujours fait, voteront tout ce qui permet de démanteler cette réforme des retraites.
04:18 Mais si elle l'était, eh bien j'espère qu'on trouvera enfin des députés courageux dans les rangs des Républicains pour la voter.
04:25 Parce que la problématique, ça a été que les députés des Républicains n'ont jamais été au rendez-vous du courage.
04:30 On n'a pas pu compter sur eux. On a loupé quand même une motion de censure à 9 voix.
04:33 Les Républicains ont sauvé la tête d'Emmanuel Macron.
04:36 Et donc, si cette proposition de loi va jusqu'au bout, eh bien j'espère qu'on trouvera une majorité pour la voter.
04:42 Et le Conseil constitutionnel, j'entends que vous l'enjambez.
04:45 Et alors non, il y a la proposition de RIP, en fait, qui arrive devant le Conseil constitutionnel.
04:50 Ça nous semble être un faux espoir et je crois qu'il ne faut pas donner de faux espoirs aux Français.
04:54 Parce que le RIP, il ne faut pas que les Français imaginent que même si le Conseil constitutionnel valide,
04:58 demain on va voter sur un référendum.
05:00 Vous savez que c'est une mesure qui nous semble complexe, qui avait été inventée par Nicolas Sarkozy,
05:04 en fait, pour calmer l'écolaire sociale.
05:07 En fait, il faut rassembler 4,8 millions de Français.
05:12 Et ensuite, simplement, ça revient à l'Assemblée nationale, puis au Sénat.
05:16 Et c'est le gouvernement qui décide de donner le dernier mot à l'Assemblée nationale.
05:19 Il y a peu de chance que Mme Borne demande à l'Assemblée nationale d'avoir le dernier mot sur un référendum d'initiative partagée.
05:26 Donc, voilà, je crois qu'il ne faut pas faire croire aux Français qu'il va se passer des choses qui ne se passeront pas.
05:31 Vous demandez encore ce matin à Sébastien Chenu le retrait du texte.
05:35 Hier, Marine Le Pen a dénoncé, je la cite, "l'entêtement puéril d'Emmanuel Macron".
05:39 Est-ce que ça veut dire que le Rassemblement national au pouvoir n'utiliserait pas le 49-3
05:45 ou renoncerait à faire passer une réforme impopulaire ?
05:48 Dans tous les cas, on ne ferait jamais passer cette réforme des retraites.
05:51 Et on s'engage même, c'est un des engagements de Marine Le Pen,
05:54 si demain elle est candidate à l'élection présidentielle, c'est à revenir sur cette réforme des retraites.
05:58 Mais aucune réforme impopulaire ne serait portée par un gouvernement Rassemblement national, par exemple ?
06:02 Non mais, c'est pas ça. Le gouvernement, dans les institutions, le 49-3 existe.
06:07 On n'a jamais dit que c'était inutile.
06:09 Mais sur cette réforme des retraites, qui est un choix de société,
06:11 dans lequel il y a une majorité de Français qui sont hostiles,
06:15 93% des actifs sont hostiles, dans lequel il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale pour voter le texte.
06:21 S'il y avait une majorité, Elisabeth Borne n'aurait pas déclenché le 49-3.
06:24 Et bien nous, nous considérons que cet outil, il n'est pas juste,
06:28 il ne répond pas à l'angoisse des Français et à l'opposition des Français.
06:31 Donc quand les Français sont contre, il ne faut pas utiliser le 49-3, c'est ce que vous ferez si vous arrivez au pouvoir ?
06:35 Non, ce que je vous dis, c'est que sur des choix de société si importants,
06:38 brutaliser l'opinion publique, vouloir, comme le fait Emmanuel Macron,
06:42 imposer plutôt que gouverner, et bien ce n'est pas la bonne solution.
06:46 Il veut imposer, il utilise des outils qui sont légaux,
06:49 mais il veut imposer une réforme qui est refusée par le Français.
06:53 Et vous ne dites pas que vous ne les utiliserez pas si jamais vous arrivez au pouvoir ?
06:55 Mais pas pour ce genre de texte.
06:57 Et d'ailleurs, moi je note que Emmanuel Macron est sourd à la demande populaire.
07:03 C'est inquiétant quand même qu'un président de la République veuille imposer aux Français une réforme,
07:08 dont majoritairement qu'ils viennent de droite, de gauche, du privé ou du public, etc., à laquelle ils sont hostiles.
07:14 C'est ça la problématique, c'est qu'il impose.
07:17 Sébastien Chenu, la problématique de France, c'est le déficit du système de retraite.
07:21 Vous dites vous-même, si Marine Le Pen accédait au pouvoir en 2027,
07:25 nous nous engageons à revenir sur cette loi, revenir sur cette réforme.
07:29 D'après les chiffres de Bercy, ça va rapporter 17 milliards en tout,
07:32 et cependant en 2030, ça sera encore un équilibre fragile.
07:36 Donc vous, que feriez-vous en revenant sur cette réforme pour rétablir l'équilibre du système ?
07:41 D'abord, d'après les chiffres de Bercy, on oublie que les amortisseurs,
07:44 je me sers avec des guillemets qui ont été créés par cette loi,
07:48 coûtent 6 milliards. Donc on n'est plus du tout sur une loi qui rapporte 17 milliards.
07:53 Vous enlevez les 6 milliards créés par les amortisseurs, vous êtes sur une loi qui "rapporte",
07:57 parce que le mot "rapporter", quand on voit ce que ça coûte aussi en effort pour les Français,
08:03 je trouve qu'il est peut-être mal utilisé, mais c'est une loi en tous les cas qui, financièrement, n'a aucun intérêt.
08:09 Donc il faudrait faire une loi plus dure pour combler le trou ?
08:13 On propose un autre modèle. En réalité, on n'est pas sur ce modèle-là.
08:16 Là, le modèle qu'on suit, c'est le modèle qui est suivi depuis des années,
08:19 c'est un modèle néolibéral, qui a été inspiré d'ailleurs de la réforme Touraine, et qui continue.
08:23 Et je vous le dis, si demain un héritier d'Evanel Macron venait à prendre sa succession,
08:27 et bien comme Edouard Philippe d'ailleurs, il proposera une réforme des retraites à 67 ans,
08:32 parce que c'est la même logique.
08:33 C'est la même chenue. Dites-nous comment vous, vous feriez, puisqu'on a ce souci financier.
08:37 J'y viens tout de suite, et vous l'avez beaucoup entendu pendant l'élection présidentielle.
08:40 Nous, on a une logique qui est, à partir du moment où vous avez 40 annuités,
08:43 vous devez pouvoir partir à partir de 60 ans.
08:46 Évidemment, il faut trouver à financer tout ça.
08:48 Ça coûte encore plus cher.
08:49 Nous avons deux leviers. Nous avons deux leviers qui ne sont pas du tout utilisés.
08:52 J'en avais eu l'occasion d'en parler ici.
08:55 Une politique de la natalité dans ce pays, qui produit des effets à plus long terme,
08:59 et une politique de réindustrialisation, qui permet aussi de recréer des emplois avec de la valeur ajoutée.
09:04 Vous voyez bien que dans notre pays, aujourd'hui, on nous dit...
09:06 Il faut demander aux femmes de faire des enfants pour combler le déficit ?
09:09 Tous les pays développés cherchent, et vous regardez l'Allemagne,
09:12 qui mène une politique de natalité parce qu'elle voit que sa population vieillit.
09:16 Elle ouvre aussi ses portes à l'immigration.
09:18 Non mais tous les pays cherchent à faire en sorte d'avoir plus d'habitants
09:21 pour créer des équilibres de leurs comptes sociaux.
09:24 Vous l'avez dit, c'est à très long terme, Sébastien Cheminier.
09:26 Non mais c'est un des leviers qui a été totalement abandonné par ceux qui nous ont gouvernés,
09:31 voire même qui a été abîmé, je pense à François Hollande,
09:34 qui avait beaucoup abîmé les politiques de natalité dans notre pays, d'accompagnement.
09:38 Et puis, je pense que créer des emplois qui ont de la valeur ajoutée,
09:42 là aussi, c'est une autre logique que celle des emplois Uber, des chauffeurs Deliveroo,
09:46 que nous connaissons.
09:47 Et là, on fait comment ?
09:48 Et bien, c'est relocaliser de l'emploi, réindustrialiser le pays.
09:51 Vous savez, quand Emmanuel Macron mène des politiques libérales
09:55 qui amènent à créer des emplois de faible qualité,
09:58 et bien il alourdit finalement la facture des Français.
10:01 Donc on a deux systèmes...
10:02 Mais vous faites comment pour attirer des emplois de haute qualité ?
10:05 Là, vous êtes en train de parler des bus Macron, peut-être,
10:08 ou des livreurs à vélo. Très bien.
10:10 De l'industrie, madame.
10:11 Quand on relocalise de l'emploi, c'est qu'on produit au plus proche de là où on consomme.
10:16 On essaye de créer des emplois qui ont de la valeur ajoutée,
10:18 c'est-à-dire dans les hautes technologies, c'est-à-dire on développe la filière hydrogène.
10:22 Je pense qu'on pourrait aussi parler...
10:23 Il y a 9 milliards de plans hydrogène.
10:25 Alors, c'est très faible.
10:26 Quand vous regardez ce que la Chine met chaque année dans son budget sur l'hydrogène,
10:30 nous sommes des enfants.
10:31 On a des plans industriels dans tous les sens.
10:34 Vous mettriez donc de l'argent en plus sur la table ?
10:37 Mais bien sûr, mais surtout, on réindustrialise le pays en regardant aussi par bassin d'emploi ce qui se fait.
10:42 Moi, je suis toujours frappé de voir qu'il y a, par exemple, des initiatives qui sont prises de grande qualité dans certaines régions,
10:47 mais qui sont complètement disparates, voire qui s'opposent ou qui se marchent dessus.
10:51 Parce qu'il n'y a pas de vision globale.
10:52 Dans les régions où vous avez des initiatives intéressantes,
10:54 que ce soit dans les Hauts-de-France ou que ce soit en Midi-Pyrénées, il y a des initiatives intéressantes.
10:59 Mais parfois, elles se concurrencent et elles se marchent dessus.
11:01 On perd énormément de ce côté-là.
11:04 Vous savez, je crois qu'il y a une vision qui doit être, qui s'affronte finalement avec Emmanuel Macron,
11:11 c'est aussi celle d'investir dans le secteur public.
11:14 Moi, je crois que lorsqu'on investit dans le secteur public,
11:16 eh bien, on gagne, notamment sur les cotisations sociales, eh bien, on gagne de l'argent.
11:21 Il a fait l'inverse.
11:22 Sébastien Chenu, vous étiez au Havre hier, notamment avec Jordane Bardella et Marine Le Pen,
11:27 qui a prononcé un discours, long discours devant 1500 de vos militants,
11:31 mais elle a à peine parlé du travail et du pouvoir d'achat.
11:35 C'est assez étonnant.
11:36 C'est la préoccupation prioritaire numéro un des Français.
11:39 Non, parce que Jordane Bardella, on a parlé, il y avait deux discours hier,
11:42 et donc, ils se sont répartis les rôles.
11:44 Ça veut dire que ça ne l'intéresse pas ?
11:46 Non, ils se sont répartis les rôles.
11:48 Et je pense que les Français voient que nous sommes le parti du travail,
11:52 de cette France qui travaille ou qui a travaillé ou qui aimerait travailler d'ailleurs.
11:55 Parce que la valeur travail, elle se partage aussi entre ceux qui ont travaillé ou ceux qui aimeraient travailler.
12:00 Je dis nous sommes le parti du travail, d'abord parce que, dans les chiffres,
12:04 les ouvriers, les employés votent majoritairement pour nous.
12:07 On défend cette valeur depuis longtemps.
12:09 On a d'ailleurs accueilli hier un syndicaliste de FO, Darcelle Ormital,
12:13 qui nous rejoint dans l'engagement qu'il a choisi.
12:16 Il a choisi de donner un prolongement à son engagement syndical, un prolongement politique.
12:20 Donc oui, nous sommes ce parti qui défend les classes populaires, qui défend l'industrialisation, la réindustrialisation du pays.
12:27 Mais elle ne le met pas au cœur de sa volonté d'action aujourd'hui.
12:29 On a mis le pouvoir d'achat, et on le met encore, au cœur de toutes nos propositions.
12:32 Alors comment ferez-vous ? Pour le pouvoir d'achat des Français, c'est une grande revendication, il y a l'inflation.
12:36 Bien sûr, bien sûr, mais vous connaissez nos propositions en matière de pouvoir d'achat.
12:39 Lorsque nous disons qu'il faut baisser, par exemple, la TVA sur les énergies,
12:44 quand on fait tout simplement le plein de sa voiture, ça coûte très cher.
12:47 Et ça coûte en particulier très cher pour les gens dans lesquels la voiture et les déplacements sont un pan important de leur budget.
12:55 Si on baisse la TVA à 5,5%, c'est évidemment du pouvoir d'achat qu'on rend à ceux qui ont besoin de leur voiture.
13:00 À tout le monde, c'est-à-dire aussi bien à ceux qui ont un 4x4 qu'à ceux qui ont des petits...
13:03 Oui, mais je viens de vous dire que ça impacte beaucoup plus les foyers modestes, la voiture,
13:08 le coût des déplacements avec une voiture impacte beaucoup plus quelqu'un qui a un budget modeste,
13:12 puisque la TVA, vous venez de le dire, touche tout le monde.
13:14 Et donc lorsqu'on fait baisser la TVA, on donne beaucoup plus d'oxygène à ceux qui en ont besoin.
13:19 C'est ce qui s'est passé en 2022. On a vraiment aidé tout le monde à la pompe, on a fait des boucliers...
13:23 Non, on a fait des chèques. Non, madame, ce sont des chèques, c'est-à-dire ce sont des mesures qui ne sont pas pérennes
13:28 et qui, de toute façon, dans le temps, s'arrêtent à un moment.
13:32 Donc ça n'a pas fonctionné, on a donné des chèques pour payer des taxes.
13:35 Nous, on préfère quelque chose de plus simple, baisser des taxes.
13:37 Et puis, on le disait encore, baisser la TVA sur des produits de première nécessité.
13:42 Ceux dont on a besoin au quotidien.
13:44 Vous savez, je suis élu d'une ville populaire, à Denain, et je vois que les gens qui ont peu de moyens,
13:48 ils vont vers des produits souvent de petite qualité.
13:52 Donc la TVA, 0% sur les produits de base ?
13:54 Oui, d'autres le font.
13:56 Ça coûte 10 milliards d'euros sur les produits alimentaires, dit Olivia Grégoire, la ministre déléguée chargée du commerce.
14:02 Et ça rapporterait, dit-elle, 13 euros par an et par ménage français.
14:05 Alors ça, je bats en brèche ces arguments de tocard du gouvernement.
14:09 On a vu que c'était des as de la finance.
14:12 On est quand même passé, en quelques années, avec ceux qui nous gouvernent, les mêmes,
14:15 parce que Bruno Le Maire, il a à peu près été dans tous les gouvernements depuis 10 ans,
14:18 on est passé du triple A à A à moins, si on regarde les agences de notation.
14:22 Et c'est ces gens qui ont chargé le pays de 600 milliards d'euros de dettes supplémentaires
14:26 qui viennent vous donner des leçons et vous expliquer que ce qui se fait, d'ailleurs en Espagne ou au Portugal,
14:31 a permis aujourd'hui de limiter l'envolée des prix.
14:34 Vous avez vu, au Portugal, les prix augmentent de 4%.
14:37 En Espagne, c'était +16,3% en mars pour les produits alimentaires.
14:41 En fait, au Portugal, ce n'est pas ça.
14:43 Et en France, c'est 17,5% aujourd'hui sur l'alimentaire.
14:45 L'inflation baisse dans la péninsule ibérique parce que les prix de l'énergie baissent.
14:49 En revanche, la baisse de la TVA sur les produits alimentaires
14:51 ne fait pas baisser le prix du chariot de course.
14:55 C'est comme ça.
14:56 Non, parce qu'ils n'ont pas mis en place des dispositifs qui permettent,
14:59 vis-à-vis des grands groupes, notamment des grands distributeurs,
15:02 de limiter leur marge.
15:04 C'est l'un des groupes qui font des bénéfices,
15:07 qui en ont fait beaucoup d'ailleurs pendant le Covid,
15:09 doivent être aussi sollicités largement,
15:11 doivent être mis à contribution.
15:13 C'est notre taxe sur les super profits qui a été, je le rappelle,
15:17 proposé à l'Assemblée nationale, refusé d'ailleurs par la gauche.
15:21 Il faut taxer qui ? Les distributeurs ? Les grandes distributeurs ?
15:23 Les grands distributeurs, il faut les mettre à contribution sur leurs super profits,
15:26 c'est-à-dire les profits supplémentaires.
15:29 Aujourd'hui, on taxerait qui parmi les... ?
15:31 Les grands distributeurs.
15:32 On leur demanderait d'être ou de faire un effort sur leur marge.
15:35 À partir du moment où ils font des efforts substantiels...
15:37 On taxe ou on fait un effort sur la marge ?
15:38 S'il faut un effort sur leur marge, on n'a pas besoin de les taxer.
15:40 Mais à partir du moment où ils résistent, il faut leur demander de contribuer.
15:43 L'effort, c'est ce que demande Bruno Le Maire. La taxe, je ne sais pas si c'est très clair.
15:45 Eh bien la taxe, elle est très claire chez nous.
15:47 Nous considérons qu'à partir du moment où il y a des super profits,
15:49 il doit y avoir une contribution supplémentaire demandée aux grands distributeurs.
15:53 On a parlé d'une partie du discours, ou de ce qu'elle n'a pas dit plutôt,
15:56 de Marine Le Pen hier au Havre.
15:57 Elle a aussi durement taclé Emmanuel Macron et notamment employé deux mots pour qualifier son action.
16:02 Je voudrais qu'on s'arrête dessus.
16:03 C'est « déconstruction » et « expropriation ».
16:05 Elle en avait dit un petit peu plus dans Le Parisien.
16:07 Le Parisien, aujourd'hui en France, c'était dimanche.
16:10 Je cite Marine Le Pen.
16:11 « Emmanuel Macron a engagé la déconstruction des valeurs de la République
16:14 avec des nominations comme celle de Pape Ndiaye, ministre de l'Éducation nationale.
16:18 En quoi, Sébastien Chenu, Pape Ndiaye déconstruit-il aujourd'hui les valeurs de la République ? »
16:23 Mais chacun connaît l'inclinaison qu'a Pape Ndiaye pour les politiques communautaristes.
16:29 Ou en tous les cas, il a écrit lui-même que la France d'ailleurs avait un problème,
16:33 était un État qui avait un problème avec la question raciale.
16:37 Évidemment, je pense que c'est un mauvais signal envoyé.
16:40 Mais dans son action comme ministre, est-ce que nous pouvons en envoyer des choses qui déconstruisent les valeurs de la République ?
16:46 Aujourd'hui, c'est une arnaque, par exemple, l'action de Pape Ndiaye comme ministre.
16:49 L'augmentation des professeurs qui ne va en réalité concerner, vous savez, les fameux 200 euros que 15% des enseignants, c'est une arnaque.
16:58 « Mais ça déconstruit les valeurs de la République. »
17:00 Je pense que oui, parce que ça effondre la confiance qu'on peut avoir dans ceux qui nous gouvernent.
17:04 Mais toutes leurs politiques sont des arnaques.
17:07 C'était les 1200 euros de retraite que les Français ont entendus comme 1200 euros nets pour tout le monde.
17:11 C'est l'augmentation de 200 euros pour les professeurs que tous les enseignants ont entendus
17:15 en imaginant qu'ils allaient avoir tous 200 euros de plus sur leur fiche de paye.
17:18 Oui, ce sont des arnaques et oui, je pense qu'ils effondrent la confiance dans la parole publique.
17:23 Dans son discours, Marine Le Pen parle aussi de l'expropriation.
17:26 Le fait dit tel que les Français seraient le seul peuple à ne plus avoir le droit de défendre leur propre culture chez eux.
17:32 Est-ce que là, vous avez un exemple précis d'une action du gouvernement qui empêcherait les Français de défendre leur culture ?
17:38 Oui, évidemment, à partir du moment où le gouvernement refuse de mener une politique migratoire,
17:43 de se donner les moyens de préserver notre pays de ces vagues d'immigration,
17:49 et au contraire, qui cherche même à ouvrir des vagues, des voies nouvelles d'immigration à travers le travail,
17:54 je pense qu'effectivement, il affaiblit fortement la cohésion nationale, l'unité de notre pays.
17:59 Oui, je pense qu'à partir du moment où le gouvernement...
18:01 À la demande de nombreux secteurs économiques, Sébastien Chulut, qui ne trouve pas de manœuvre.
18:05 Non, non, pas seulement, mais parce que c'est... On le connaît, c'est le système néolibéral qui dit...
18:10 Je ne parle pas de la déconstruction, je parle bien de l'emploi.
18:13 Qui voit effectivement l'immigration comme un projet, alors qu'on l'a déjà expliqué, c'est la question salariale,
18:20 c'est la question de la pénibilité, c'est la question de la formation,
18:23 qui dans les emplois en tension sont des réponses, et non pas simplement le fait d'ouvrir les vannes pour faire venir des gens d'ailleurs.
18:29 Donc oui, je pense qu'il perturbe largement l'unité de notre pays.
18:33 Une question des auditeurs et des auditrices de France Inter, 0145 24 7000, c'est le cas de Valérie, qui nous appelle du département de l'Ardèche.
18:41 Bonjour Valérie.
18:42 Bonjour.
18:43 Nous vous écoutons.
18:45 Oui, écoutez, j'entends parler des retraites, c'est un gros problème.
18:51 J'entends parler des migrations, je ne suis pas sûre que ce soit le problème du moment.
18:59 Le problème qui monte pour moi maintenant, c'est l'environnement, c'est les problèmes de sécheresse, c'est les problèmes de pollution, et on pourrait en parler longtemps.
19:12 Alors le FN, face à ce problème évident, qu'est-ce qu'il propose ?
19:19 Merci à vous Valérie pour cette question. Sébastien Chenu vous répond.
19:23 Bonjour Madame, c'est le Rassemblement National en ce qui me concerne, mais on ne s'arrêtera pas sur ce point.
19:31 On a probablement un point d'accord avec beaucoup de personnalités qui indiquent que lutter contre le réchauffement climatique, ça a des conséquences, en particulier le fait du déménagement de l'hémisphère sud dans l'hémisphère nord.
19:43 A l'avenir, si on ne travaille pas sur la question du réchauffement climatique, les migrations climatiques seront de plus en plus importantes.
19:49 La France a une émission de carbone qui est assez stable, il faut bien dire, parce que je trouve qu'on cherche toujours à faire culpabiliser les Français.
19:58 D'ailleurs, ce sont les services publics, le troisième secteur dans lequel il y a le plus d'émissions de carbone.
20:06 Donc l'État devrait déjà commencer par balayer devant sa porte.
20:09 Quand je dis la France se tient bien, elle est 56ème dans le classement des pays en termes d'émissions de carbone, l'Allemagne doit être 24ème, le premier État qui a le moins bon bilan carbone, c'est le Qatar.
20:20 Mais alors on fait quelque chose ou on ne fait rien ?
20:22 Bien sûr qu'on fait quelque chose, mais on ne fait pas une écologie punitive, on ne fait pas une écologie qui fait culpabiliser les gens, une écologie catastrophiste, une écologie de l'interdit dans laquelle on va vouloir interdire l'achat, interdire la corrida, etc.
20:33 Une écologie oubliée, c'est ça Sébastien Geni ?
20:35 D'abord il faut rompre avec des systèmes de mondialisation, vous savez tous ces systèmes de libre-échange qui vous obligent à fabriquer ou à importer des produits à l'autre bout du monde alors qu'on est capable d'en produire ici, c'est un non-sens écologique.
20:47 Comment expliquez-vous qu'on puisse faire produire de la viande à l'autre bout du monde et ici subventionner des agriculteurs alors qu'ils voudraient produire eux-mêmes cette viande ?
20:57 Le système en lui-même, ce système néolibéral, vous le voyez bien, ne fonctionne pas.
21:01 Et puis on a parlé tout à l'heure de relocaliser l'emploi, on a parlé du mixte énergétique et du développement de l'hydrogène, on n'y est pas du tout au niveau de ce mixte énergétique et du développement de l'hydrogène dans notre pays quand je vois l'argent qui est consacré.
21:16 Vous parliez de la situation sur fond de la sécheresse, 47 départements sont concernés, est-ce qu'il faut tout simplement consommer moins d'eau désormais Sébastien Chenu ?
21:24 Non, il faut aller vers des grandes politiques de désalinisation, vous savez qu'il y a des pays qui se sont lancés dans ces mois-là.
21:28 Donc on peut consommer plus ?
21:29 Mais il ne s'agit pas de consommer plus, il s'agit de consommer mieux.
21:32 Mais est-ce qu'on consomme moins ou plus ?
21:34 Il s'agit d'utiliser mieux la ressource.
21:36 Non mais il ne s'agit pas de consommer moins ou plus, il s'agit de mieux utiliser la ressource.
21:41 Mieux utiliser la ressource, se donner les moyens.
21:43 Quand on pense à ces usines de désalinisation qui existent à travers le monde, dans certains états qui existent, je pense que c'est Israël par exemple qui a beaucoup investi là-dessus,
21:53 et bien je pense que ce sont des voies qui ne sont pas du tout anticipées aujourd'hui par le gouvernement.
21:56 Sébastien Chenu, alors c'est intéressant parce qu'hier à ce micro même on avait une hydrologue qui s'intéresse à ces usines de désalinisation, de désalement de l'eau,
22:04 et ça se produit beaucoup en Espagne qui est un pays que vous observez, elle dit que ce n'est pas du tout la solution, parce qu'en fait ces usines elles sont énormément énergivores.
22:12 Mais, elle dit que ce n'est pas la solution, moi je vois qu'il y a des pays...
22:15 Elle est scientifique.
22:16 Oui d'accord, mais je vois qu'il y a des pays dans lesquels il y a des grands déserts et dans lesquels ça permet de faire pousser du soja, de faire pousser du maïs, etc.
22:25 Mais ça ne lutte pas contre le réchauffement climatique.
22:27 Je veux bien qu'on puisse évidemment mettre des éléments scientifiques dans le débat public, et il faut en mettre évidemment, mais je crois qu'il faut essayer d'ouvrir des portes.
22:38 Moi je pense que la ressource en eau, aujourd'hui il faut mieux l'utiliser, et je pense qu'il y a effectivement une ressource en eau qu'on n'utilise pas bien, parce qu'on ne s'en est pas donné les moyens.
22:48 Donc les usines de désalinisation, je ne dis pas qu'il faut tout passer par là, mais c'est une des voies possibles.
22:54 Maintenant qu'elles soient très consommatrices, je ne le nie pas, c'est probablement quelque chose, mais il faudra rééquilibrer avec des politiques dans d'autres domaines.
23:00 Mais attention, la France n'est pas un mauvais élève.
23:03 Il faut arrêter aussi de faire penser qu'on est le pays qui déstabilise le monde en matière de bilan carbone.
23:10 On n'est pas un mauvais élève.
23:12 Nous avons les possibilités d'avancer sur des sujets, je parlais d'hydrogène, sur lesquels il n'y a aujourd'hui pas de perspective.
23:18 Sébastien Chenu, la commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères à l'égard des élus est présidée par un député du Rassemblement National, c'est Jean-Philippe Tanguy.
23:26 Elle entend aujourd'hui l'ancien Premier ministre François Fillon, qui a un temps siégé dans deux conseils d'administration de géants russes.
23:32 Certains députés vous soupçonnent de vouloir faire diversion pour faire oublier vos propres liens avec la Russie. Qu'est-ce que vous répondez ?
23:38 Je crois que c'est intéressant cette commission que préside Jean-Philippe Tanguy sur les ingérences étrangères.
23:43 Ça permet de faire la lumière et de sortir de la rhétorique de campagne.
23:47 Y a-t-il ou pas des ingérences étrangères dans notre pays vis-à-vis d'un certain nombre de partis politiques ?
23:51 On s'aperçoit, les conclusions ne sont pas encore sorties, mais moi j'ai suivi quelques auditions.
23:56 J'ai suivi celle d'ailleurs qui a mis en cause l'un de vos confrères BFM,
24:00 qui diffusait à des heures de faible écoute la nuit des reportages valorisant un certain nombre de pays étrangers
24:07 et qui a mis à pied le journaliste qui les faisait, le soupçonnant peut-être de le faire à la fin de ces mêmes pays.
24:12 Et sur la Russie, y a-t-il toujours des liens entre le Rassemblement National et la Russie ?
24:15 Si je suis les avis de cette commission, aujourd'hui, il n'y a rien qui a été exposé, rien qui n'a été trouvé.
24:21 Le prêt est remboursé ?
24:23 Nous sommes en train de le rembourser, je crois que nous sommes au rythme auquel on doit le rembourser.
24:27 Ça nous coûte très cher, on aurait préféré avoir une banque française, c'est ça le vrai scandale.
24:31 Mais effectivement, ce qui est le plus trouble, c'est probablement aujourd'hui les liens qui peuvent exister
24:36 entre des anciens premiers ministres des puissances étrangères.
24:39 François Fillon entendu aujourd'hui, Jean-Luc Schaffhauser qui était l'intermédiaire pour le RN...
24:43 Qui n'est plus au RN.
24:45 D'accord, mais qui à l'époque était votre intermédiaire pour contracter ce prêt avec la Russie,
24:48 lui sera entendu par cette commission en fin de semaine.
24:51 Merci à vous Sébastien Chenu, député du Rassemblement National du Nord, merci d'avoir été ce matin l'invité de France Inter.

Recommandée