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Pierre Vermeren, docteur en histoire et professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, répond aux questions de Dimitri Pavlenko à l'occasion de la prochaine tournée d'Emmanuel Macron en Afrique.
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Transcription
00:00 Dimitri Pavlenko, vous recevez l'historien Pierre Vermeren.
00:03 Bonjour Pierre Vermeren.
00:04 Bonjour.
00:05 Vous êtes docteur en histoire, professeur à l'Université Paris, un Panthéon, Sorbonne.
00:09 Quel rôle la France veut-elle jouer en Afrique où l'on veut de moins en moins d'ailes ?
00:15 Emmanuel Macron va présenter tout à l'heure à 17h les grandes lignes de sa stratégie africaine,
00:20 à l'avant-veille aussi de son départ pour une tournée dans quatre pays d'Afrique centrale.
00:25 Pierre Vermeren, que va bien pouvoir dire le président aux Africains, leur dire sans
00:31 les froisser ? Parce qu'on sent bien que le sentiment anti-français ne cesse de progresser
00:36 aujourd'hui sur le continent africain.
00:38 Oui, vous observerez que le président a choisi pour ce voyage une région un peu plus tranquille
00:45 entre guillemets, c'est-à-dire l'Afrique centrale, des puissances pétrolières ou
00:50 en tout cas des pays un peu plus riches que ceux d'Afrique de l'Ouest, qui ont donc
00:56 des moyens, qui sont moins en prise avec ce qui s'était passé du côté du Sahel avec
01:02 Barkhane, qui sont moins touchés aussi par les problèmes, par les contagions islamistes,
01:07 qui ne sont pas forcément du club des pays francophones, que ce soit la RCD, l'ancien
01:14 Zahir ou l'Angola.
01:16 Et puis le Gabon qui est très proche de la France, où il va retrouver les pays pour
01:23 le saumer sur la forêt.
01:25 Donc des amis avec qui on peut parler peut-être plus tranquillement pour leur expliquer que
01:30 la France veut moins s'exposer en Afrique, mais en même temps veut rester très présente
01:34 à un moment où elle est très contestée.
01:36 Ça, il ne va pas tellement pouvoir en parler parce que l'offensive que mènent à la fois
01:40 les Chinois mais surtout les Russes contre les intérêts français est très visible
01:44 et très spectaculaire avec des effets qui ont poussé la France à la rétraction.
01:48 Donc c'est un peu non pas un discours de justification, non pas un grand moment, un peu comme le
01:53 discours de 2017 au Burkina Faso, mais en tout cas une manière de garder le contact
01:58 en essayant d'être plus modeste.
02:00 Alors on attend notamment des annonces concernant la réarticulation, c'est le mot en vogue,
02:05 de la présence militaire française en Afrique.
02:08 On rappelle que la France dispose de quatre bases permanentes en Afrique, un Dakar, Abidjan,
02:12 Libreville, Djibouti, quelques autres également, notamment au Tchad ou encore au Niger.
02:18 Est-ce qu'il faut s'attendre, Pierre Wermeren, à un repli tactique français ou bien un maintien
02:23 de ces bases ? Il se trouve que le journal l'Opinion nous dit ce matin, semble-t-il,
02:28 la fermeture de bases n'est pas prévue au programme par le président de la République,
02:32 bien que dans son entourage, certains souhaitaient qu'on aille vers ce genre de décision.
02:37 Ça serait un changement de très grande ampleur par rapport à des décennies de tradition,
02:46 que ce soit des pays comme la Côte d'Ivoire, le Sénégal ou Djibouti, ce sont des endroits
02:50 stratégiques pour la France où elle est implantée depuis pratiquement plus d'un demi-siècle.
02:55 Les relations avec ces pays sont quand même encore assez bonnes.
02:58 Donc c'est plutôt l'affaire Barkhane dont on parle, c'est-à-dire que la France était
03:05 présente au Sahel de manière très importante, elle a quitté ses derniers hommes, en tout
03:11 cas les militaires ont quitté le Burkina Faso, après le Mali, après la Centrafrique,
03:17 donc on est revenu au dispositif de départ, qui est un dispositif non pas minimal, mais
03:23 en tout cas un dispositif qui permet d'assurer les moyens de la présence et de l'influence.
03:28 Ça ne m'étonne pas que l'armée n'ait pas été très favorable à ce retrait, même
03:34 le Quai d'Orsay, ce ne sont pas des pays hostiles à ce jour, donc ce n'est pas très
03:41 étonnant qu'on maintienne les moyens de la présence et en même temps qu'on ne
03:45 va pas heurter à nouveau des...
03:47 Mais on voit bien que le voyage qui va avoir lieu à partir du 1er mars, il a lieu dans
03:52 des pays où il n'y a pas d'implantation militaire française, à part le Gabon.
03:57 - Oui, à part le Gabon, effectivement.
03:58 Mais alors comment vous expliquez, Pierre Wermeren, la poussée du sentiment anti-français
04:04 dans l'ensemble de l'Afrique ? Vous avez cité le discours d'Emmanuel Macron à Ouagadougou
04:09 en 2017, discours lors duquel il avait dénoncé les crimes incontestables de la colonisation
04:15 et appelé à une relation nouvelle avec l'Afrique.
04:18 Ce "mea culpa" présidentiel, semble-t-il, n'a pas véritablement porté ses fruits,
04:23 en tout cas n'a rien apporté finalement à la France vis-à-vis de ses partenaires
04:27 africains depuis six ans.
04:28 - Vous avez un continent dont la population en moyenne a 20 ans.
04:34 La colonisation, c'était l'affaire de leurs arrière-grands-parents.
04:37 Donc je crois que la page a été de fait tournée.
04:41 Ce qui est le sujet à Paris pour certains milieux intellectuels n'est plus un sujet
04:45 en Afrique, sauf comme objet de polémique, ça c'est certain.
04:49 Il avait pris à l'époque, on se rappelle, il avait un petit peu ridiculisé le président
04:54 de la République face aux jeunes Africains et ce sont des sociétés encore très patriarcales
05:02 où le poids des...
05:03 Je crois que c'est ce qu'on paye aussi, c'est-à-dire que les vieux dirigeants de l'Afrique, qui
05:08 sont encore là pour certains d'entre eux et ils vont rencontrer cette semaine, n'ont
05:12 pas du tout envie que les choses changent.
05:13 Donc selon les pays et selon les lieux, les sentiments des Africains sont très différents.
05:19 Mais la colonisation, vous savez, c'est une affaire ancienne, c'est terminé.
05:23 Aujourd'hui les enjeux sont autres et on voit très bien sur les réseaux sociaux que les
05:26 Russes notamment poussent à fond en défaveur avec une propagande ininterrompue qui a des
05:33 effets tout à fait dramatiques, notamment au Burkina Faso, en Centrafrique, au Mali.
05:37 C'est ça l'actualité d'aujourd'hui, c'est plus la colonisation.
05:40 Il faut dire aussi, Pierre Vermeurel, je sais que ce sont des sujets qui vous intéressent,
05:44 notamment on voit aussi que l'Afrique, dont on annonçait le décollage économique imminent
05:50 il y a 15 ans, l'Afrique ne décolle toujours pas.
05:53 Elle décolle, certains pays décollent à leur manière.
05:59 On pense au Ghana par exemple, c'est vrai que ce sont souvent des pays qui sont éloignés
06:04 du préca...
06:05 Enfin qui n'appartiennent pas à ce qu'on appelait autrefois le précaré français.
06:08 Ce sont des pays qui ont beaucoup de ressources, qui continuent d'exporter, dans lesquels
06:13 il y a des investissements, notamment asiatiques, à grande échelle.
06:17 Vous savez, les investissements occidentaux sont un peu à la ramasse depuis plusieurs
06:22 années parce qu'il y a eu des conflits dans certains pays, parce que nos pays sont traversés
06:26 par des baisses de la croissance et aussi parce que la crise mondiale, la succession
06:33 là que l'on vient de traverser, affecte aussi les économies africaines.
06:37 Il y a eu la crise du Covid, la crise ukrainienne en a vu à fragiliser l'alimentation d'un
06:42 certain nombre de pays.
06:43 Donc tout ça joue, mais pour autant, ces économies africaines qui ont des modèles
06:48 très différents des nôtres, continuent d'avancer.
06:51 Il y a des opportunités très importantes.
06:53 Les baisses de la croissance n'ont pas eu lieu, mais c'est vrai qu'on n'a pas une croissance
06:56 à la chinoise.
06:57 - Ah oui, effectivement.
06:58 En tout cas, elle est insuffisante pour soutenir l'importante croissance démographique africaine
07:04 et on note que le terrorisme avance, la faim revient en Afrique.
07:09 Je donne aussi ces deux derniers chiffres.
07:10 La part de la Chine aujourd'hui dans les importations en Afrique, 18,8%.
07:16 La France, c'est autour de 4% et en recul permanent depuis des années.
07:20 Merci beaucoup Pierre Wermuren de vos lumières ce matin sur la vie.
07:25 - Merci Dimitri Polavlenko.
07:26 - Je vous souhaite une excellente journée.
07:27 Je rappelle que vous êtes docteur en histoire, professeur à l'université Paris, un panthéon
07:30 sorbonne.
07:31 Il est 7h19.
07:32 - Dans moins de 5 minutes, Dimitri, le jour où ?
07:33 - Votre rendez-vous quotidien avec les archives d'Europe.
07:35 - Tiens, je suis sûr que vous l'avez quelque part dans votre bibliothèque où vos parents
07:38 l'ont.
07:39 - Ah oui, sûr.
07:40 - Le petit livre de Stéphane Hessel qui nous quittait il y a pile 10 ans.

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