• il y a 11 mois
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Stéphane Rozès, président de CAP, enseignant à Sciences-po Paris et auteur de "Chaos, essai sur les imaginaires des peuples, entretiens avec Arnaud Benedetti" aux éditions du Cerf, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils débriefent la conférence de presse d'Emmanuel Macron de ce mardi soir.
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Transcription
00:00 - Il est 7h13 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le politologue, essayiste et enseignant Stéphane Rosès.
00:07 - Bonjour Stéphane Rosès. - Bonjour, merci de votre accueil.
00:10 - Je vous en prie, bienvenue sur Europe 1, ancien directeur général de l'Institut de sondage CSA, président de la société de conseil CAB, votre dernier ouvrage très stimulant,
00:18 "Caos, essais sur les imaginaires des peuples", c'est paru aux éditions du CERF.
00:22 On débriefe avec vous Stéphane Rosès ce matin la conférence de presse d'Emmanuel Macron.
00:26 Peut-être d'abord, globalement, quelle a été selon vous la tonalité générale de sa prestation si vous ne deviez la formuler qu'en un mot ?
00:34 Vous diriez quoi Stéphane Rosès ?
00:35 - C'est une tonalité où il a voulu affirmer l'autorité, l'orégalien, sans doute les Français, parce que c'est notre juge de paix, l'opinion, soutiendra les actes sous mesure en la matière,
00:54 mais sur le fond, sur la cohérence, il a pêché à la fois par irréalisme et par grande pétition de principe, selon moi, très éloigné des Français,
01:12 de sorte qu'il ne devrait pas, au fond, les Français sortir réarmés de cette conférence.
01:20 - Trop de grands mots, vous pensez, réarmement, régénération, ces mots-là, ça n'infuse pas jusqu'aux oreilles du public, vous pensez Stéphane Rosès ?
01:28 - Alors, ça plaît aux Français, parce qu'il a pris la mesure, au travers d'un certain nombre d'événements sur le besoin des Français du retour de l'autorité politique, de la souveraineté.
01:41 - Avec des mesures tout de même très concrètes, quand il dit par exemple, quand il évoque le service national universel, la marseillaise à l'école,
01:49 citons encore la tenue unique qui va être expérimentée, les pilonnages des points de diélé, on était très concrets, il y avait même d'ailleurs un niveau de détail assez étonnant pour un président de la République.
01:58 - Oui, absolument, mais il a parlé de réactiver l'imaginaire des Français, c'est un propos ambitieux.
02:05 Péni distinguait la mystique républicaine de la politique républicaine, donc il a travaillé, vous avez rappelé que mon ouvrage portait sur les imaginaires des peuples.
02:17 - Bah quel imaginaire a-t-il voulu convoquer d'ailleurs ?
02:19 - Bah voilà, il a voulu s'adresser à la nation en puisant sur ses fondamentaux, en se centrant notamment sur l'éducation, la sécurité, la république, la laïcité, la lutte contre l'islamisme radical.
02:38 Donc ça, ça va plaire aux Français, parce qu'ils veulent devenir maîtres et possesseurs de leur destin, depuis une décennie ils estiment qu'on ne se sent plus en France comme chez soi.
02:53 Donc ça va plaire aux Français, mais le reste, il n'y a pas de cohérence entre le propos ambitieux, le réarmement et le diagnostic et proposition.
03:07 D'abord, si il doit y avoir réarmement, c'est que la France est désarmée.
03:13 Or, là il y a une contradiction première.
03:16 Le président a décrit la France, alors il a souvent dit "je veux être optimiste", une forme de méthode, oui mais il a décrit la situation de la France et des Français de façon assez décalée du quotidien et des inquiétudes.
03:34 - Donc vous avez des doutes sur la manière dont les Français vont recevoir ça, peut-être avec un certain scepticisme, pensez-vous ?
03:41 - Oui, ceux qui ont... - Même s'ils partagent les objectifs présentés par le chef de l'État.
03:45 - Ils partagent l'idée du retour de l'autorité politique, du régalien... - Oui.
03:54 - Les fondamentaux... - Mais est-ce qu'il est crédible ? Pardonnez-moi.
03:57 - Son manque de crédibilité vient de l'écart entre ça et tout le reste qui est à la fois le quotidien des Français et au fond où on va.
04:08 Quel est le problème d'Emmanuel Macron ? Pourquoi cette tension ?
04:12 Parce qu'il a trois... Dans son horizon de contrainte, il a trois problèmes.
04:17 Un, il doit renouer avec les Français parce que les conditions de la présidentielle et des législatives se sont déroulées de telle façon qu'il n'a pas pu installer une légitimité politique forte avec l'annulation de l'État.
04:35 - Oui, l'annon-campagne, le fait qu'il n'ait pas de majorité absolue, etc. - Et les modalités de la présidentielle sous l'empire de la peur de la guerre et de la pandémie
04:42 qui n'a pas permis de réactiver l'imaginaire français dont il devait être l'acteur et non pas l'auteur.
04:48 - Donc problème numéro un. Il faut renouer. - Ça, c'est le problème numéro un.
04:51 Renouer avec les Français, d'où une conférence de presse comme après les Gilets jaunes.
04:56 Problème numéro deux, la montée du RN. Il avait dit "je veux être jugé sur ma capacité à faire refuer l'EFN".
05:06 - Les intentions de vote ne montrent pas une réussite. - Quel est le troisième élément ?
05:15 C'est qu'il fait comme s'il était souverain. Or, l'essentiel des politiques viennent de l'insertion de la France depuis longtemps dans les politiques de l'Union européenne.
05:30 D'ailleurs, en 2024, on va voir si le contournement de la souveraineté nationale par l'Union européenne va être définitif
05:41 puisque va se décider ou pas l'abandon du droit de veto dans les grandes décisions qui concernent les Français.
05:51 Donc, vous voyez la contradiction de fond. Il veut, du fait des engagements de la France, poursuivre les grands éléments de sa politique économique,
06:03 mais en même temps, il veut renouer, contrer avec l'EFN. Donc, il mobilise la symbolique politique, mais le reste n'est pas aligné en cohérence.
06:17 - Merci à vous Stéphane Roset d'être venu nous voir sur Europe 1 et on prolongera ce que vous venez de nous dire par la lecture de votre ouvrage.
06:23 J'en rappelle le titre "Chaos et c'est sur les imaginaires des peuples". C'est paru récemment aux éditions du CERF. Merci d'être venu nous voir.

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