Michel Barnier, nouveau Premier ministre : «C'est un homme de modération», estime Jean Garrigues

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Jean Garrigues, historien et universitaire français, spécialiste d'histoire politique et président de la Commission internationale d'histoire des Assemblées, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.

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Transcript
00:00Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin l'historien spécialiste de la vie politique française Jean Garrigue.
00:10Bonjour Jean Garrigue.
00:12Bonjour Dimitri.
00:13Bienvenue sur Europe 1, vous êtes président de la commission internationale pour l'histoire des assemblées.
00:18Votre dernier livre « Jours heureux quand les français rêvaient ensemble » s'est paru récemment chez Payot.
00:23Combien de temps va-t-il tenir ?
00:25Le Premier ministre Michel Barnier c'est son quatrième jour à Matignon ce lundi.
00:29Il prétendait dans la presse hier avoir une grande liberté.
00:33En réalité, sa base de soutien, on s'en rend compte Jean Garrigue, à Michel Barnier elle est très étroite.
00:39La gauche a défilé petitement contre lui samedi, elle rêve de le censurer.
00:43Le Rassemblement national en arbitre, lui, l'a placé sous surveillance, c'est l'expression de Marine Le Pen.
00:48Et puis les macronistes, eux, ils gardent leur distance.
00:52Quelles sont ses marges de manœuvre aujourd'hui selon vous Jean Garrigue ?
00:55Elles sont évidentes très faibles, évidemment.
00:59Le Rassemblement national est effectivement le maître du jeu,
01:03puisqu'au fond il a à peu près une base de manœuvre d'à peu près 200 députés, un petit peu plus,
01:09avec la coalition présidentielle plus une partie des Républicains.
01:15L'essentiel pour lui c'est de ne pas être censuré.
01:18Je le répète depuis le début de la séquence de crise ministérielle.
01:24Il faut chercher quelqu'un qui ne soit pas censuré dans les mois qui viennent.
01:30Et de ce côté-là, effectivement, si le Rassemblement national semble un peu bomber le torse,
01:38il est vraisemblable que son intérêt ne soit pas forcément de censurer Michel Barnier.
01:45Et donc on n'arrive pas à trouver 289 députés pour le renverser.
01:52Ce qui, à mon sens, est plutôt encourageant pour lui.
01:56Alors, toute proportion gardée, on se retrouve dans une situation qui,
02:02là aussi je ne cesse de le redire, est une situation politique
02:06qui ressemble à ce qui se passait sous la troisième ou la quatrième République
02:10avec les institutions de la cinquième.
02:12Donc il faut essayer de trouver une manière de gouverner
02:16qui ressemble un peu plus à ce qui se faisait à cette époque.
02:19Quel est le profil politique de Michel Barnier, Jean Garrigan ?
02:23On le découvre un petit peu, en tout cas on se souvient de Michel Barnier.
02:26On a beaucoup parlé du fait qu'il a été le brillant négociateur
02:30pour l'Union Européenne face aux Britanniques du Brexit.
02:34Certains se souviennent que quand il a été ministre de l'Agriculture,
02:37c'est lui par exemple qui a introduit le principe du pollueur-payeur dans la loi.
02:41Quel est son profil politique aujourd'hui ?
02:43Si l'on devait lui coller des étiquettes conservateur, libéral, qui est-il ?
02:48C'est un gaulliste. C'est d'abord un gaulliste.
02:51Il s'en est toujours revendiqué.
02:54Alors ça ne veut plus dire grand-chose aujourd'hui puisque tout le monde est gaulliste.
03:00Qu'il soit libéral, oui, mais plutôt d'une tendance interventionniste et sociale.
03:07Je dirais dans l'archipel de la droite modérée, on le trouve plutôt de ce côté-là.
03:13Très européen, ça c'est une évidence.
03:15Il a été commissaire européen, vous avez rappelé son rôle de négociateur au moment du Brexit.
03:20Ça je pense que c'est très très important.
03:22Le fait d'avoir été un négociateur puisqu'il va être appelé en permanence à négocier dans les mois qui viennent.
03:30Et puis vous avez rappelé aussi sa fibre écologiste qui est réelle.
03:36Est-ce que ça ne peut pas l'aider à négocier aussi de ce côté-là ?
03:40Il faudra voir les choses dans cette perspective aussi.
03:46Et puis c'est un homme de modération, ça me paraît une évidence.
03:52Ça n'est pas quelqu'un qui a un charisme époustouflant.
03:56On l'a vu au moment de la lutte pour les primaires de la droite pour la dernière élection.
04:02Mais c'est précisément cet aspect justement un peu, non pas effacé, mais plutôt très calme, très négociateur
04:11qui peut par les temps qui courent dans la situation actuelle être très positif pour lui.
04:16D'ailleurs c'est intéressant, ce matin les échos révèlent, Olivier Delagarde nous en parlait ce matin tout à l'heure dans sa revue de presse,
04:22qu'un temps Laurent Berger a été une option pour Emmanuel Macron, donc ancré cette fois à gauche.
04:28C'est vrai qu'avec un profil aussi d'homme de tour de table, d'homme de négociation, d'homme de discussion.
04:34Mais pour revenir à Michel Barnier, puisque c'est lui qui est aux affaires,
04:38comment va-t-il travailler avec les Républicains aussi selon vous Jean Garrigue ?
04:42Parce que les LR finalement apparaissent comme des victorieux dans cette séquence où c'est l'un d'entre eux qui arrive à Matignon.
04:50Oui c'est tout ce qui explique les revirements stratégiques de Laurent Wauquiez
04:57qui au départ était très hostile à un compromis, un soutien à une solution tout simplement,
05:05à une solution offerte par Emmanuel Macron, ou en tout cas concédée par Emmanuel Macron plus exactement.
05:12Mais ce qui l'a fait changer d'avis, c'est que sans doute notamment ce que laissait entendre Nicolas Sarkozy,
05:20il fallait occuper le terrain pour une famille qui aujourd'hui, on le sait, est en perte de vitesse,
05:27mais qui a pourtant, moi je le souligne souvent, quelques atouts en main.
05:32Parce qu'elle est majoritaire au Sénat, elle occupe beaucoup de municipalités dans les territoires,
05:41et puis surtout elle est justement au centre de l'arithmétique politique aujourd'hui, de la géométrie politique.
05:51Et donc ça c'est quelque chose qui peut évidemment contribuer à les remettre en selle.
05:57Et c'est vrai que c'était presque providentiel ce qui vient de se passer pour les Républicains.
06:03Et je crois que Laurent Wauquiez, abandonnant l'obsession présidentielle de 2027,
06:09même s'il n'y renonce surtout pas, a compris que ça pouvait être quand même très intéressant pour eux
06:15d'avoir quelqu'un qui vient de leur camp et qui peut-être va pouvoir durer un tout petit peu à Matignon.
06:24Durer un tout petit peu, il y a l'épreuve du budget à franchir avant cela, on aura l'occasion.
06:28Mais on va en parler dans un instant avec notre éditorialiste éco Olivier Babou.
06:31En tout cas on vous remercie Jean Garrigue d'être venu ce matin sur l'antenne de Raupin.
06:35Je rappelle votre dernier ouvrage « Jours heureux quand les Français rêvaient ensemble ».
06:38C'est paru chez Payot. Bonne journée.

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