La France enregistre un nombre record de projets d'investissements étrangers en 2022

  • l’année dernière

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Transcript
00:00 *Europe 1 Midi, Wilfried de Villers*
00:05 Et je vous le disais, la France attire toujours plus les investisseurs étrangers
00:09 malgré la crise énergétique et l'inflation.
00:11 Le nombre de projets d'investissement étrangers a augmenté de 7% en 2022.
00:16 On parle de 1725 projets physiques qui se sont installés sur le territoire en un an.
00:21 La France attire plus que jamais et crée des emplois.
00:24 C'est félicité Emmanuel Macron dans un tweet hier.
00:27 Bonjour Anne-Sophie Alziff.
00:29 Bonjour.
00:30 Vous êtes chef économiste au BDO France,
00:33 cabinet d'audit de conseil et d'expertise comptable.
00:36 À l'heure où certains de nos entrepreneurs envisagent de quitter le pays
00:39 en raison notamment des coûts de l'énergie,
00:41 comment expliquer cet attrait des investisseurs étrangers en France ?
00:45 Parce que la France a beaucoup d'atouts globalement
00:49 en termes de stabilité politique, en termes d'infrastructures,
00:52 en termes de qualité de ses ressources humaines,
00:54 en termes également d'innovation.
00:56 Et donc c'est vrai que tous ces facteurs dans un monde,
00:59 comme on le sait, qui est très perturbé,
01:01 où vous avez beaucoup de conflits, beaucoup d'instabilité,
01:04 rassurent les investisseurs,
01:05 est un gage de stabilité, de fiabilité,
01:08 et donc attire massivement de l'argent.
01:11 L'autre élément, c'est aussi le Brexit.
01:13 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la France apparaît une porte d'entrée
01:17 très attractive dans l'Union européenne,
01:20 avec une fenêtre sur le marché unique,
01:23 depuis que le Royaume-Uni est parti.
01:26 Anne-Sophie Alziff, on pense parfois,
01:29 de façon stéréotypée, à la France.
01:31 Il y a beaucoup de clichés,
01:32 comme c'est un pays avec une forte réglementation,
01:35 notamment fiscale, finalement ces clichés-là,
01:36 ils tombent quand on voit que les investisseurs étrangers
01:39 toquent à la porte à ce point-là.
01:41 Tout à fait, c'est des clichés qu'on a plus, nous Français,
01:45 puisqu'on est souvent très très critiques sur notre pays
01:48 que l'extérieur, et l'objectif d'un investisseur,
01:51 c'est toujours comment rentabiliser mon investissement
01:54 et choisir le meilleur endroit par rapport à ce que j'ai.
01:57 Et comme je le disais, c'est vrai que quand vous regardez
01:59 au niveau mondial, finalement, vous avez peu de pays
02:03 qui mêlent une certaine stabilité politique
02:06 avec une situation économique, je dirais,
02:10 on ne va pas dire fabuleuse, mais en tout cas,
02:12 pas de récession ou de graves problèmes économiques.
02:16 Et c'est vrai que la France, en plus,
02:19 en étant dans le marché unique européen,
02:20 depuis qu'il n'y a plus le Royaume-Uni,
02:22 coche beaucoup de ces cases.
02:24 On parle beaucoup, en effet, de la réglementation,
02:26 également des taxes, mais il faut savoir que ça existe
02:29 dans beaucoup, beaucoup de pays,
02:31 autres avec des fois des fiscalités beaucoup plus lourdes.
02:35 On sait aussi en France qu'on est champion des niches fiscales,
02:37 donc il y en a beaucoup pour les investisseurs
02:40 qui peuvent en profiter.
02:41 On a aussi tout ce qui est crédit d'impôt recherche
02:44 ou compétitivité qui sont des niches qui sont très attractives.
02:48 Donc finalement, quand l'investisseur regarde tout ça,
02:51 encore une fois, par rapport à ce qui existe
02:53 partout ailleurs, c'est vrai que la France se positionne bien
02:57 et est assez attractive dans de nombreux secteurs.
03:00 Dans quel domaine vous parlez des secteurs d'attractivité ?
03:03 C'est quoi ces secteurs-là précisément
03:05 qui sont intéressants pour les groupes étrangers ?
03:08 Alors, il y a tout ce qui est santé.
03:10 On l'a vu, on a vraiment des compétences importantes.
03:12 Il y a tout ce qui est industrie de la défense, aéronautique.
03:15 On le sait que c'est vraiment un secteur
03:18 où on a un fort savoir-faire.
03:20 Il y a tout ce qui est automobile,
03:22 même si bien sûr, il y a pu avoir
03:24 un fort phénomène de désindustrialisation depuis des années.
03:27 Là, on voit qu'on a des groupes importants
03:29 qui investissent en plus massivement dans la transition.
03:32 On a tout ce qui est chimie, pharmacie.
03:34 Là aussi, on a beaucoup de brevets, beaucoup d'innovations.
03:37 Donc, ce sont vraiment des secteurs de pointe
03:39 où les investisseurs savent qu'il y a des opportunités
03:41 et donc investissent massivement.
03:43 Les pays aussi qui sont les principaux investisseurs
03:46 ici en France, en tête, c'est quoi ?
03:48 C'est les États-Unis et l'Allemagne, c'est ça ?
03:51 Oui, tout à fait.
03:52 Les États-Unis restent notre principal partenaire.
03:55 Alors qu'aux États-Unis, par exemple,
03:57 les coûts de l'énergie coûtent beaucoup moins cher.
03:59 On a l'impression qu'il y a quand même une fiscalité
04:01 qui est un peu moins stricte.
04:03 Tout à fait.
04:04 Déjà, c'est récent.
04:06 Cette mue écologique
04:09 et cette mue d'avoir ces faibles prix de l'énergie,
04:12 c'est depuis 2019 que les États-Unis sont autosuffisants
04:15 grâce à la production de gaz et de pétrole de schiste.
04:18 Donc là, c'est vrai qu'il y a vraiment une idée d'accroître cette compétitivité.
04:21 Mais encore une fois, ce n'est pas forcément pour attirer que les investissements.
04:25 Aux États-Unis, leur objectif, c'est vraiment d'attirer la technologie,
04:29 l'innovation sur leur sol
04:31 pour vraiment avoir cette innovation
04:34 dans tout ce qui est secteur de transformation
04:37 et secteur de transition écologique sur leur territoire
04:40 et ne pas être dépendant, en tout cas moins,
04:43 de leur concurrent chinois.
04:45 Donc c'est vraiment une autre stratégie.
04:47 Et là, pour les investissements, c'est comment attirer des flux financiers
04:50 pour financer des entreprises.
04:53 Et c'est vrai que là, même si les États-Unis ont cette baisse des coûts de l'énergie,
04:56 en Europe, en tout cas, la France est très bien positionnée.
04:59 Après, ça pose toujours cette fameuse question de la politique industrielle européenne
05:03 qui est malheureusement encore trop inexistante.
05:06 Et c'est vrai qu'au niveau européen,
05:08 ça va être de plus en plus difficile de concurrencer les États-Unis
05:13 sur tous ces secteurs de pointe dont on parlait.
05:15 Il peut y avoir d'importants transferts de technologies
05:18 si, encore une fois, l'Europe ne met pas en place une politique plus protectionniste.
05:22 Et puis, dernière question, Anne-Sophie Alzyff.
05:25 Je le disais, la très bonne nouvelle pour les Français,
05:29 c'est aussi que ces investissements records, ces investissements étrangers,
05:32 représentent beaucoup d'emplois.
05:34 On parle de 58 810 emplois qui ont été créés ou maintenus
05:37 grâce à ces investisseurs étrangers.
05:39 C'est ça le plus important aussi pour nous ?
05:41 C'est ça le plus important.
05:43 C'est vrai qu'on parle beaucoup de flux et de milliards.
05:45 Et à mon sens, c'est beaucoup moins significatif
05:47 puisque c'est vrai que depuis deux ans,
05:49 le nombre de milliards ne cesse d'augmenter.
05:53 On est dans subventions, etc.
05:55 Ce qui est important, c'est vraiment la création d'emplois
05:57 et surtout, quelle création d'emplois, dans quel secteur et à quelle valeur ajoutée.
06:01 Et souvent, on voit que ces investissements,
06:03 c'est plutôt dans les secteurs de pointe,
06:05 donc de technologies avec beaucoup de valeur ajoutée.
06:07 Ce sont des emplois, on va dire, robustes, en CDI, bien rémunérés
06:11 et qui vont vraiment créer de la valeur.
06:13 Donc ça, c'est très important pour la création d'emplois,
06:15 mais aussi sur la qualité des emplois.
06:17 Et c'est pour ça que l'une des pistes,
06:19 quand on parle beaucoup dans ce contexte du financement des retraites
06:22 ou même des financements de systèmes de protection sociale,
06:26 de faire de l'innovation, d'attirer les investissements,
06:29 ça ne réglera pas tout, mais en tout cas,
06:31 c'est également un élément de prospérité,
06:33 un élément de développement qui apporte vraiment aux citoyens
06:37 et de la valeur, mais surtout de l'emploi et de l'emploi qualifié.
06:40 Merci beaucoup Anne-Sophie Alziv.
06:43 Je rappelle que vous êtes chef économiste au BDO France,
06:46 cabinet d'audit, de conseil et d'expertise comptable.

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