Réindustrialisation de la France : «Les relocalisations sont nettement plus importantes en ce moment», constate David Cousquer

  • l’année dernière

David Cousquer, créateur de Trendeo, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent à la réindustrialisation du pays et à la baisse notable des délocalisations.

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00:00 6h41 sur Europe 1. C'est une bonne raison de se rassurer sur le plan économique. Un an après le début de la guerre en Ukraine,
00:05 l'industrie française a regagné du terrain l'année dernière en France. C'est la conclusion d'un rapport du cabinet Trendeo
00:12 spécialisé dans l'expertise et la veille économique et sociale. Bonjour David Kouskère.
00:16 Vous êtes le fondateur de Trendeo. Vous avez donc publié hier votre rapport sur l'emploi et l'investissement en 2022 en France.
00:25 La France n'est plus dans une phase de désindustrialisation.
00:28 Désindustrialisation ce serait même plutôt l'inverse.
00:30 Alors on est effectivement dans une phase de réindustrialisation
00:33 assez marquée avec beaucoup d'efforts volontaristes
00:37 d'aide
00:40 au développement industriel depuis 2021 mais c'est quelque chose qui avait déjà été amorcé
00:44 depuis 2016. Donc avant le Covid.
00:48 Exactement. Ça avait été interrompu par le Covid et ça redémarre avec plus d'ampleur en 2021.
00:55 Vous l'avez mesuré cette
00:58 industrialisation en cours. Combien de nouvelles usines créées l'année dernière en France David Kouskère ?
01:02 150 nouvelles usines, 70 fermetures d'usines. Donc un total net positif de 80 usines supplémentaires.
01:11 80 ouvertures nettes. La première conclusion que l'on a envie de tirer à la lecture de votre rapport
01:16 c'est qu'effectivement un an après le début de la guerre en Ukraine, la catastrophe économique
01:20 qu'on nous avait annoncé en Europe et donc en France n'a pas eu lieu.
01:25 Non, elle n'a pas eu lieu pour plusieurs raisons. D'une part pendant la période du Covid les ménages avaient
01:30 accumulé des réserves et d'autre part les entreprises ont bénéficié de prêts garantis par l'État,
01:37 de chômage temporaire en 2020. Donc
01:41 à la fois ménage et entreprise avait des réserves qui leur ont permis de tenir
01:46 et de faire face notamment à la hausse du prix de l'énergie.
01:49 Alors les réserves des ménages et le quoi qu'il en coûte donc. Le quoi qu'il en coûte a
01:54 soutenu considérablement l'industrie, c'est ce que vous nous dites.
01:56 Exactement et ce qu'on voit c'est que à la fois l'année 2022 a été très bonne prise globalement mais si on regarde trimestre par trimestre
02:05 il y a quand même une tendance à la baisse
02:08 dans le courant de l'année
02:11 ce qui fait qu'on peut avoir un petit peu d'inquiétude sur 2023. Il y a des entreprises pour lesquelles ça devient plus difficile
02:20 de continuer à faire face à un prix de l'énergie qui reste élevé et à d'autres difficultés.
02:25 En tout cas quels sont les secteurs industriels qui tirent justement ce redémarrage David Kusteker ? Est-ce qu'ils sont identifiés ?
02:31 Oui il y a plusieurs secteurs qui contribuent à cette reprise.
02:35 Il y a les industries alimentaires par exemple,
02:39 la chimie, tout ce qui est production
02:42 d'énergie nouvelle, l'hydrogène, la batterie, le véhicule électrique, tout ce qui est plus généralement la transition énergétique,
02:49 la décarbonation de l'industrie.
02:53 Toute cette immense transformation de l'industrie a pas mal d'impact sur
03:01 la création d'entreprises et d'usines.
03:03 L'autre point c'est aussi
03:07 en partie la relocalisation d'activités, c'est-à-dire que
03:14 il y avait un petit peu toujours la volonté depuis 2016 notamment de
03:19 relancer un peu le "Made in France", la fameuse marinière de Montrebourg,
03:23 le démarrage de ce mouvement.
03:26 Et là maintenant il y a cette motivation un peu patriotique,
03:30 s'ajoute le fait que les industriels se rendent compte que dépendre d'approvisionnements lointains qui peuvent être interrompus par des guerres,
03:38 des grèves, des problèmes de transport maritime et autres.
03:42 - Alors on parlait ici il y a quelques jours, David Kouskère sur Europe 1, de la recrudescence importante
03:47 des défaillances d'entreprises avec les derniers chiffres tout récents de la Banque de France.
03:51 Et bien de fait le secteur de l'industrie fait partie des moins concernés par ce phénomène.
03:55 - En tout cas les grands sites et les PME, les grosses PME, les entreprises de taille intermédiaire et les grandes entreprises
04:03 pour le moment échappent à ces difficultés, c'est-à-dire que le mouvement des fermetures
04:09 et la reprise des difficultés concerne aujourd'hui principalement des toutes petites entreprises.
04:15 Mais on voit quand même des difficultés dans des grands groupes.
04:19 La fermeture d'un site Fleury-Michon qui a été annoncé par exemple en début de semaine avec une centaine de salariés.
04:25 - Autre point de votre rapport, vous observez une remontée du nombre de postes par usine. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que
04:32 l'automatisation et la robotisation des tâches dans l'industrie n'a pas ou plus d'impact ?
04:38 - Non, c'est pas ça. C'est qu'il y a
04:40 des investissements industriels dans des secteurs nouveaux comme par exemple la batterie ou le véhicule électrique.
04:47 Et là c'est des créations. Donc on crée les grands navires à mirage, en fait les grandes usines qui vont assurer le démarrage du secteur.
04:57 Et donc c'est plus de la sous-traitance pour des grands sites justement, c'est le grand site lui-même.
05:03 Le premier site de fabrication en grande série dans le domaine de la batterie. On a eu plusieurs dans les Hauts-de-France.
05:10 Dans les semi-conducteurs, c'est pas un nouveau secteur mais c'est de la nouvelle génération de produits à Kroll.
05:17 Donc c'est plutôt une question de renouvellement du tissu industriel et de mise en place d'usines de nouvelle génération.
05:27 - Alors renouvellement du tissu industriel, le plan d'investissement France 2030 veut y contribuer.
05:33 Il va mobiliser 54 milliards d'euros sur 5 ans justement pour soutenir en particulier les technologies innovantes et la transition écologique.
05:40 Ce sera un soutien décisif, David Kosker ?
05:42 - Alors décisif on l'espère. On peut souhaiter qu'éventuellement il soit renforcé s'il y a de beaux projets qui sont apportés et présentés
05:55 puisque c'est un système d'appel à projets. Parce que la concurrence intensifie avec l'IRA à côté des Etats-Unis
06:02 et avec la Chine qui propose par exemple aux industriels des zones industrielles avec de l'énergie entièrement décarbonée.
06:10 - David Kosker, la vague des délocalisations, en particulier vers la Chine, est derrière nous ?
06:15 - Disons que pour le moment, les délocalisations sont au niveau le plus bas en 2022.
06:22 Les relocalisations ont été très fortes en 2021, notamment avec des programmes de subventions spécifiques.
06:29 Et même avec la baisse de ces programmes en 2022, on reste à un niveau élevé.
06:34 Donc au total, les relocalisations sont nettement plus importantes en ce moment.
06:38 - L'industrie française a regagné du terrain l'année dernière en France. Merci David Kosker, créateur de Trendeo,
06:44 observatoire économique de référence pour ses indicateurs sur les ouvertures et fermetures d'usines. Merci à vous.
06:50 [Musique]

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