Renversés par des voitures, victimes de braconnage… Il ne resterait plus que 150 lynx adultes en France. Alors Gilles et le Centre Athénas recueillent ceux qui sont blessés ou orphelins afin de leur offrir une deuxième chance. On l'a suivi en intervention dans le Jura.
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00:00 Il est blessé.
00:02 On a été appelé par ces gens qui ont vu et filmé un lynx qui est blessé et qui a eu une fracture du tibia.
00:07 Ça fait 15 jours qu'il est en difficulté.
00:09 En fait, il a pu contourner en clôt.
00:11 Là, on va les emprunter du passage.
00:13 Là, on est en train de positionner une cage piège.
00:20 Du fait que son tibia soit fracturé depuis 15 jours, il ne peut pas chasser du tout.
00:24 Donc il est condamné si on ne le capture pas.
00:28 Il reste en France environ 150 lynx adultes sur l'ensemble du territoire national.
00:33 C'est une espèce menacée par un tas de facteurs de surmortalité.
00:36 Chaque année, on est amené à intervenir sur une vingtaine de cas.
00:41 Et ça aboutit à la capture, à la prise en charge d'en moyenne une dizaine d'individus.
00:45 [Musique]
01:04 - Je le rappelle derrière.
01:06 - Estimé à quel âge, là ? - Il est là 3 ans.
01:12 - C'est pas trop quand même. - Non, il est juste bien.
01:15 Ici, on est au centre Athénas, qui est un centre de soins pour la faune sauvage,
01:22 qui recueille annuellement près de 5000 animaux et qui a une spécialité, c'est l'accueil des lynx.
01:28 Ici, on a 5 lynx pour l'instant.
01:34 Là, c'est le plus ancien.
01:41 Lui, il fait pas loin de 30 kg. C'est un spécimen un peu gros.
01:46 En plus, le lynx de Sibérie, c'est la plus grande sous-espèce de lynx.
01:49 Et la femelle, qui est un lynx de chez nous, fait une vingtaine de kg.
01:55 C'est là qu'on voit la grande proximité avec le chat. Il joue comme des chats avec une souris.
01:59 On a ici un visuel des différents enclos avec une vidéosurveillance.
02:10 On peut les voir interagir entre eux sans que leur comportement soit modifié par notre présence.
02:15 C'est un jeune mâle qu'on avait capturé en octobre et ça, c'est une femelle qui a été capturée en décembre.
02:20 Tous les deux orphelins récupérés dans un état très dégradé, très dénutri et qui se sont bien remis.
02:29 Tous les deux attendent leur relâcher qui interviendra aux environs du mois de mai.
02:36 Les menaces auxquelles le lynx est exposé, c'est principalement pour les jeunes, la disparition des mères,
02:43 par collision routière ou par braconnage.
02:46 On est amené à traiter soit des jeunes orphelins très maigres, soit de la traumatologie assez lourde.
02:52 Et puis, lorsqu'ils sont prêts à être relâchés, ils sont équipés d'un collier GPS et ils sont relâchés dans un milieu adapté.
03:00 Et ensuite, ils seront suivis pendant une année complète.
03:05 On va une fois par semaine, en moyenne, sur le terrain parce que c'est une espèce à enjeu.
03:10 Et donc, c'est intéressant pour nous d'avoir un suivi vraiment très précis.
03:15 Par exemple, en ce moment, on est en train de suivre deux lynx différents.
03:18 Là, je programme la fréquence radio de Minos.
03:23 Ça sert à savoir s'il est à proximité.
03:27 A priori, là, pour l'instant, ce n'est pas le cas.
03:29 Mais j'essaierai un petit peu plus tard.
03:33 C'est grâce à son collier qu'on a ces localisations sur le plan, sur la carte.
03:39 Donc, chaque localisation est espacée de deux heures.
03:43 Et ici, nous, on se trouve là. On est à environ 150 mètres.
03:46 Quand il passe plusieurs fois au même endroit, ça veut dire qu'il a vraisemblablement consommé une proie
03:51 ou alors que c'est une zone où il s'est reposé de façon importante.
03:56 Le lynx qu'on suit actuellement, c'est Minos, un jeune lynx capturé à l'âge de 6 mois en 2021.
04:03 Il avait perdu sa mère. On l'a donc élevé pendant près de 6 mois avant de le relâcher au mois de mai 2022.
04:10 Et là, actuellement, il est suivi depuis 8 mois.
04:13 En fait, on sait que le lynx était présent à la fin de l'année.
04:18 Mais on ne sait pas vraiment si il est là.
04:20 On sait que le lynx était présent avant-hier.
04:23 Ici, précisément, entre 1h du matin et 6h du matin.
04:27 Ici, j'ai des poils. Ça peut être des poils de renard.
04:31 Pour l'instant, je n'ai pas davantage d'éléments.
04:33 Ah ben oui, voilà, ça y est.
04:36 Donc, voilà la démonstration du travail de superprédateur du lynx.
04:40 Là, il a consommé un renard adulte.
04:42 En général, il reste la queue.
04:45 La queue, elle est la plus grande.
04:48 La queue, les pattes, vraiment.
04:51 Tout le reste a été consommé.
04:53 Je suis vraiment content parce que c'est...
04:57 On savait que ce lynx, en particulier, se débrouillait bien.
05:00 Mais c'est la preuve apportée, encore une fois, que tout va bien.
05:06 Qu'il est capable de capturer des proies, y compris difficiles, comme le renard.
05:09 C'est dommage pour le renard, mais ça fait partie des cycles naturels.
05:17 C'est important d'avoir toutes ces informations dans les actions de conservation qui peuvent être mises en place.
05:22 C'est aussi important en termes d'argumentaires à apporter au détracteur du lynx,
05:26 puisqu'il est pointé du doigt par certains chasseurs qui n'acceptent pas l'idée de la concurrence.
05:31 Son rôle est souvent simplifié à un croqueur de chevreuil, ce qui est complètement faux.
05:36 Justement, le fait qu'il assume un peu ce rôle de superprédateur et de grand égalisateur,
05:40 en consommant aussi des prédateurs, c'est vraiment important de le mettre en évidence.
05:46 En Bourgogne-Franche-Comté, on a une responsabilité toute particulière vis-à-vis de cette espèce,
05:50 puisqu'on « détient » 90% des effectifs.
05:55 C'est-à-dire qu'on est dans une population qui est soumise à une forte surmortalité
05:59 et qui, en plus, avec ses problèmes génétiques, risque d'avoir des perspectives d'avenir assez sombres.
06:05 Dans la pire des hypothèses, dans 30 à 40 ans, on pourrait arriver à une nouvelle disparition de l'espèce en France.
06:11 [Bruit de moteur]
06:16 Je l'ai là. Il est dans cette direction.
06:19 Il n'est pas tout près. Il doit être à au moins 2-3 kilomètres.
06:23 Là, on arrive sur le territoire d'une femelle orpheline qui avait été capturée en 2021.
06:31 Cette année, elle s'est reproduite sur ce territoire. Elle a eu deux jeunes.
06:34 Pour nous, c'est une excellente nouvelle.
06:36 Une autre bonne nouvelle, c'est que le maire d'une commune dont fait partie son territoire
06:42 a accepté de poser un panneau par rapport à la circulation routière et au risque de collision.
06:46 C'est pour nous doublement gagné.
06:48 C'est uniquement à travers cette appropriation et ce renforcement de l'acceptation
06:53 qu'on arrivera à mener à bien la conservation de l'espèce.
06:56 [Bruit de moteur]
06:58 Là, on est tout près.
07:00 Je vais essayer d'affiner.
07:05 Il est pile là en dessous.
07:08 Ça ne fait aucun doute. C'est là que j'ai le signal le plus fort.
07:11 Sans doute en train de se dorer la pilule sur une barre rocheuse.
07:15 Là, bien sûr, on ne le verra pas, mais je sais qu'il est là, dans une zone sécure pour passer la journée.
07:21 Et dans un panorama un petit peu exceptionnel.
07:26 On est content pour lui.
07:28 Après avoir passé 6 mois à les soigner, c'est important pour nous.
07:34 Durant l'année de suivi, de savoir que tout va bien, qu'ils ont un comportement tout à fait normal.
07:40 Pour nous, c'est vraiment top. C'est vraiment l'accomplissement.
07:43 [Musique]
07:46 [Musique]
08:13 [Musique]
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08:17 [SILENCE]