Grève du 7 mars : une France à l'arrêt peut-elle faire reculer le gouvernement ?

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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des blocages annoncés dans le cadre de la mobilisation du 7 mars 2023.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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00:00 18h02, on se retrouve sur le plateau de Punchline, sur CNews et sur Europe 1 avec Louis de Ragnel,
00:04 chef du service politique d'Europe 1. Bonsoir Louis.
00:05 Bonsoir Laurence.
00:06 Avec Fabien Vildieu, représentant Sudrail. Bonsoir M. Vildieu.
00:09 Bonsoir.
00:09 On va voir avec vous ce qui va bloquer demain dans les transports.
00:11 François Pipponi, ancien député.
00:13 Bonsoir Laurence.
00:13 On a le plaisir d'accueillir Frédéric Souillaud, secrétaire général EFO.
00:16 Bonsoir.
00:17 Bonsoir Laurence.
00:17 Secrétaire général.
00:18 Et avec Éric Revel, journaliste.
00:19 Bonsoir Laurence.
00:20 Allez, on va commencer par tout ce qui va bloquer demain.
00:22 Ça va être assez compliqué de se mouvoir en tout cas en France. Chauffeurs routiers aussi qui vont bloquer. On fait le point avec Sarah Fenzary.
00:32 La mobilisation sera forte dans le secteur de l'éducation.
00:38 Le premier syndicat du primaire prévoit que plus de 60% des enseignants du premier degré seront grévistes
00:44 et que plusieurs milliers d'écoles seront fermées.
00:47 Dans le second degré, les enseignants ne sont pas tenus de se déclarer 48h avant,
00:51 mais pour Maxime Repère, secrétaire du syndicat des collèges et lycées, cette mobilisation pourrait être historique.
00:57 J'ai l'intime conviction que la journée de demain sera une journée extrêmement suivie
01:04 et témoignera d'une volonté collective justement de dire non à ce projet de réforme.
01:10 Du côté des transports, pour la SNCF, le réseau ferroviaire sera fortement perturbé avec en moyenne un train sur cinq et aucun intercité de jour.
01:19 Pour la RATP, un métro en moyenne circulera et un RER sur deux aux heures de pointe.
01:25 Dans les airs, un vol sur cinq sera annulé à Paris-Charles de Gaulle et 30% des avions resteront à terre à Orly.
01:32 Depuis vendredi, le secteur de l'énergie est déjà mobilisé à l'appel de la CGT.
01:37 Plusieurs centaines de centrales nucléaires connaissent des baisses de production d'électricité sans impacter le consommateur.
01:43 Le mouvement a vocation à s'étendre, à minima jusqu'au sept, à maxima jusqu'à la gagne,
01:48 avait averti samedi dernier Sébastien Menespillier, secrétaire général de la CGT Énergie.
01:54 Du côté des raffineries, la CGT a appelé à la grève reconductible pour, dit-elle, bloquer l'ensemble de l'économie
02:01 au niveau de la production, de la distribution et de l'importation de carburant.
02:05 Si le mouvement perdure, il pourrait impacter plus de 40 millions d'automobilistes en France.
02:11 Les routiers, eux, sont entrés à leur tour dans la contestation et ont débuté leur mouvement de grève ce dimanche
02:17 avec des blocages de plateformes logistiques, de zones industrielles et d'opérations escargots prévues partout en France.
02:24 Comme les routiers, l'industrie entre dans la protestation, notamment chez les géants du secteur,
02:29 aéronautique, automobile et sidérurgie, où 1,5 million de salariés sont concernés.
02:35 Voilà, on a une vision d'ensemble de ce qui est prévu pour demain Frédéric Souillaud.
02:39 Jusqu'où est-ce que vous êtes prêt pour aller pour bloquer le pays ?
02:43 Mettre la France à l'arrêt demain.
02:47 C'est la grève pour les salariés, des blocages sur les ronds-points, des ralentissements, des distributions de tracts.
02:58 On a aussi des agriculteurs qui viennent manifester demain et peut-être que leur tracteur tombera en panne sur le rond-point.
03:07 Alors après, on n'y peut rien, une panne, c'est une panne.
03:11 Donc tous les moyens sont bons pour bloquer le pays ?
03:14 Tous les moyens sont bons pour mettre la France à l'arrêt.
03:17 On a aussi la CPME qui avait sollicité ses adhérents, notamment dans les Côtes d'Armor, où la CAPEB explique que...
03:28 Qu'est-ce que c'est la CAPEB ?
03:30 La CAPEB c'est le bâtiment petit et moyen d'entreprise.
03:34 Ils expliquent qu'ils sont contre cette réforme et qu'ils n'iront pas sur les chantiers demain.
03:39 Et on a aussi des commerçants qui vont tirer le rideau.
03:41 D'accord, donc ça fait beaucoup.
03:43 Ça fait beaucoup.
03:44 Combien de temps vous pouvez tenir ?
03:46 On va tenir jusqu'au retrait.
03:48 Mais c'est les grévistes qui décideront lors des assemblées générales demain soir ce qu'ils font pour le lendemain et après.
03:56 Fabien, Vildieu, vous c'est Sudrail, c'est les transports.
04:00 On apprend que le trafic sera très perturbé non seulement mardi mais aussi mercredi à la SNCF.
04:05 On est parti pour un mouvement reconductible. Jusqu'à quand ?
04:08 Jusqu'à la victoire. Aujourd'hui la victoire est à portée de main.
04:12 On a un alignement de planètes.
04:15 C'est quoi cet alignement de planètes ? C'est une unité syndicale historique.
04:18 D'habitude il en manque toujours un, deux.
04:21 Là il y a tous les syndicats. On est unis.
04:23 Ça c'est le premier élément. On a une grève reconductible dans un certain nombre de secteurs professionnels.
04:29 La dernière fois qu'on a eu ça c'était en 2019.
04:31 Il y avait deux secteurs professionnels en grève reconductible.
04:34 Il y avait l'ARATP et il y avait la SNCF.
04:36 Là il y en a une dizaine.
04:38 Il y a l'énergie, il y a les routiers, il y a l'éducation nationale, il y a l'ARATP, il y a la SNCF, il y a EDF.
04:46 Donc il y a plus de secteurs professionnels en grève reconductible qu'on avait en 2019.
04:50 On a l'opinion publique avec nous, bien plus avec nous qu'elle n'était en 2019.
04:55 Et dernier élément, il y a les choses qui ont changé.
04:57 On a un gouvernement qui a affaibli par rapport à 2019.
04:59 Il y a eu une élection qui est passée.
05:01 Et aujourd'hui ils ont une majorité qui est relative.
05:03 Donc ils peuvent faire "je n'écoute rien, je pars en voyage à l'autre bout du monde"
05:07 pour surtout pas discuter des retraites.
05:09 Ils peuvent faire ça. Mais tout ça c'est de la communication.
05:11 Vous parlez du président Macron là.
05:12 Oui du président Macron.
05:13 Je pense qu'il va faire tout le tour de la planète pour justement ne jamais être là
05:16 lorsque il y a une grève.
05:18 Bon, s'il y a une grève reconductible, à un moment donné, il va bien falloir qu'il revienne.
05:22 Mais donc du coup on a cet alignement de planètes qui existe.
05:25 Donc on peut gagner.
05:26 Moi je veux me tourner vers tous les gens qui doutent.
05:28 Et je sais qu'il y a des gens qui doutent parce que
05:30 effectivement on peut avoir l'impression d'avoir un gouvernement qui n'écoute rien.
05:32 On peut gagner. Les éléments ils sont là si on s'en saisit.
05:35 Si on a cette grève reconductible qu'il y a dans un certain nombre de secteurs
05:39 et qui se multiplie, on gagnera.
05:41 Tout simplement.
05:42 Alors Eric Revelle, un mouvement de grain qui est parti pour durer et pour bloquer le pays à un bon moment.
05:47 Quand on écoute les deux leaders syndicaux, le porte-parole et le leader de l'FO,
05:52 on se dit que oui, leur optimisme fait qu'ils sont sur de la victoire.
05:57 Puisque vous avez répondu tous les deux que ça s'arrêtera au moment où vous aurez gagné.
06:01 C'est-à-dire au moment où le texte sera retiré en réalité.
06:05 Bon.
06:06 Où il y a un problème quand même, je vais vous le dire,
06:11 c'est qu'on attend une très forte mobilisation de 7 mars.
06:14 Mais dans tous les sondages, on voit que crescendo les Français sont opposés à cette réforme.
06:19 Et les pourcentages augmentent, j'allais dire, jour après jour.
06:22 Mais il y a aussi une majorité de Français qui pensent quand même que cette réforme sera votée.
06:30 Donc, est-ce que vous ne craignez pas, je vous pose la question à tous les deux,
06:34 mais à M. Souillaud d'abord, est-ce que vous ne craignez pas que cette deuxième item,
06:38 c'est-à-dire des Français qui pensent quand même que la réforme sera votée,
06:41 va à un moment donné vous desservir, précisément si la grève est trop longue,
06:45 parce que les salariés qui ne sont pas des rangs de syndicats,
06:48 eux, ils payent de leur poche les jours de non-travail ?
06:52 Est-ce que ce n'est pas un frein à votre optimisme qui est communicatif sur ce plateau ?
06:57 On va en arriver au caisse de grève. M. Souillaud.
06:59 Alors, notre optimisme, il est communicatif sur ce plateau, mais aussi à l'extérieur.
07:05 On n'arrête pas de faire des assemblées générales, des meetings,
07:09 et on fait la France entière, notamment la France des provinces,
07:13 qui aujourd'hui, et j'avais eu l'occasion de le dire, j'étais déjà assis là,
07:17 la réforme des retraites, c'est aussi le catalyseur de ce qui bouillonnait déjà dans la marmite.
07:22 J'ai entendu sur l'inflation, Bruno Le Maire se félicite, je ne sais pas,
07:28 le porte-parole du gouvernement nous expliquait en août
07:31 que le pic de l'inflation serait atteint en septembre ou en octobre.
07:36 Mais c'était un mot qui nous accuse et cette plaie d'Egypte,
07:40 on espère que demain il n'y aura pas une suite.
07:42 On y comptera tout à l'heure.
07:43 Sur ma question très précisément, est-ce que le fait que les Français vous rejoignent de plus en plus,
07:48 et visiblement il y aura plus de monde encore, Louis de Reynalds le disait tout à l'heure,
07:52 cette manifestation c'est 1, 2, 3, 4 millions prévus par les services de police,
07:57 donc c'est une manifestation qu'on n'a pas vue depuis des dizaines d'années,
07:59 mais en même temps les Français vous disent "ok on va y aller"
08:03 mais on a le sentiment que la réforme sera quand même votée.
08:06 Un petit moment à la pause et puis je vous passerai après la parole.
08:08 Monsieur Souhio, sur la question de Rég Reveille.
08:10 Sur ma question, pardonnez-moi de l'intervenir.
08:12 Ils disent cela, et je reviens sur ce que je disais en début de propos,
08:17 quand on les rencontre, quand on discute avec eux,
08:19 on ne fait pas grève par procuration comme c'était précédemment dans les différents mouvements.
08:24 Dans les différents mouvements on comptait sur les transports ou les fonctionnaires pour faire grève.
08:28 Ou les routiers.
08:29 Aujourd'hui dans le privé, et vous avez parlé de l'industrie, l'aéronautique, la sidéologie et tout cela,
08:36 ils seront en grève demain et demain soir ils vont se voir pour reconduire la grève.
08:41 Et bien évidemment ça coûte à tout le monde, même aux adhérents des organisations,
08:46 même si on a un fonds de grève pour indemniser nos adhérents, mais ce n'est pas un frein pour nous.
08:54 Alors on fait un point dans un instant sur ces caisses de grève avec Louis de Reynalds et Fabien Vildieu.
08:59 Je vous passe la parole dans un instant, c'est la pause.
09:01 Et on se retrouve dans un instant dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
09:03 On parlera du nombre de manifestants attendus, 1 400 000.
09:05 C'est les renseignements qui le disent. A tout de suite.
09:08 18h16, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
09:23 Toujours avec Frédéric Souillot, secrétaire général de l'IFO et Fabien Vildieu, représentant Sudrail et nos débatteurs.
09:29 Les estimations pour demain, elles sont importantes selon leurs renseignements.
09:33 1 400 000 personnes attendues sur tout le territoire, M. Souillot.
09:36 320 manifestations organisées.
09:38 À Paris, 60 000 à 90 000 personnes, dont quelques gilets jaunes et des éléments radicaux.
09:44 Vous attendez quoi ? Un raz-de-marée demain ?
09:46 Demain, la mobilisation va être historique.
09:49 Alors, il y a 320 actions de prévues. Le 31 janvier, il y en avait 260.
09:57 Donc, ça grossit.
09:59 Et puis, là, dans les actions qui sont prévues, c'est les manifestations déclarées et tout cela.
10:04 Je ne suis pas sûr que les ralentissements aujourd'hui par les routiers ou quelques peneux qui brûlaient,
10:12 alors, ce n'était pas très écologique, mais dans le Nord et dans le Pas-de-Calais,
10:15 et en Normandie, étaient dans les 320 manifestations.
10:20 Donc, ça se rajoute, c'est-à-dire qu'il y aura plus de choses ?
10:22 Il y aura plus de choses, oui.
10:24 M. Vildieu, 1 400 000.
10:26 Si on remonte un tout petit peu dans l'échelle des manifestations,
10:30 c'est 1984, les manifestations pour l'école libre.
10:34 Donc, il faut remonter vraiment loin en arrière pour avoir autant de monde dans la rue.
10:38 Si, ça se confirme demain, évidemment.
10:40 84, c'était la loi Sabah.
10:42 Un peu moins d'ailleurs, 84.
10:43 Oui, moins, moins, moins. Donc, alors ?
10:45 Ecoutez, moi, je ne suis pas mentaliste, alors je n'arrive pas à faire des prévisions à 24 heures,
10:51 mais on sent quand même qu'il y a une ambiance, une atmosphère,
10:54 et pour moi, demain, ce qui est important, c'est que ça doit être un tremplin.
10:57 Si on veut que la grève reconductive fonctionne,
11:00 il faut que demain, il y ait une grève et un monde de dingue dans la rue.
11:04 Et tout le monde peut venir, tout le monde.
11:06 Vous n'êtes pas obligés d'être ni cheminots, ni raffineurs.
11:09 Il ne faut pas rentrer ça dans la tête des gens.
11:10 Tout le monde peut venir, même les artisans, ils veulent venir.
11:13 Parce qu'effectivement, un artisan sur un matos piqueur ou sur...
11:16 Mais ils n'ont pas la caisse de grève, eux.
11:18 Ecoutez, je ne connais pas les caisses de grève des autres syndicats.
11:21 Je connais la mienne. J'ai demandé à mon trésorier ce matin.
11:23 Il m'a dit qu'on a zéro.
11:25 A Sud-Arrée ?
11:26 Oui, on a zéro à Sud-Arrée.
11:28 Et officieusement ?
11:29 Selon les chiffres de la police et du syndicat.
11:32 Pour l'instant, et faire croire que la caisse de grève va financer l'entièreté d'une grève reconductible.
11:39 Je ne sais pas comment ça se passe dans d'autres syndicats.
11:41 Mais pour avoir une petite expérience des grèves reconductibles,
11:44 y compris en 2019, où on avait eu quand même un petit pactole.
11:49 Bon, ça ne compensait pas.
11:51 Ça vous payait un, voire deux jours de grève.
11:54 On parle en 2019, il y en avait qui avaient fait un mois de jour de grève.
11:58 Ce n'est pas vrai que ça compense à 100 %.
12:00 Il y a un vrai effort qui est fait.
12:02 Il y a un vrai effort qui est fait, qu'il faut reconnaître.
12:04 Et ce serait faux de dire que ta grève va être payée par les caisses des syndicats.
12:10 En tout cas, j'espère que demain, ça sera un tremplin très important.
12:15 Je ne sais pas, j'essaie de jouer mon mentalisme.
12:18 Peut-être qu'on sera 1,5 million de personnes.
12:20 Ce serait un vrai bon, gros tremplin pour aller plus loin et pour gagner.
12:25 Je suis conscient, malgré la forte médiation, que demain, le gouvernement ne reculera pas.
12:31 Sur la journée de demain.
12:33 Il a déjà dit qu'il y aura du monde dans la rue, mais on continuera quand même.
12:37 C'est quoi l'étape d'après ?
12:38 Vous dites "grève reconductible", mais on voit bien que la seule solution pour vous,
12:42 c'est de bloquer pour que l'impopularité du mouvement de blocage fasse pression sur le gouvernement.
12:50 Sinon, il n'y a pas d'autre échappatoire pour vous.
12:52 En termes législatifs, ça peut aller très vite.
12:55 Le Sénat finit ce week-end, derrière une commission mixte paritaire.
12:59 C'est fin mars.
13:01 C'est quand même pas tout de suite.
13:03 La commission mixte paritaire, on ne sait jamais.
13:05 Ça peut aller vite.
13:07 Ça peut retourner jeudi à l'Assemblée, mais bon, après...
13:09 Donc, l'étape d'après, c'est quoi ?
13:12 La stratégie, on a fait des journées de 24 heures.
13:16 C'était important de les faire.
13:17 Si on peut aujourd'hui imaginer une grève reconductible, c'est parce que ça a été un succès.
13:21 Mais cette stratégie arrive à une certaine forme de limite.
13:25 Et je suis d'accord, une journée aussi réussie soit-elle,
13:27 même si c'est important que demain, il y ait du monde,
13:29 ça ne fera pas reculer le gouvernement.
13:31 Donc la stratégie, maintenant, c'est de cranter et de partir
13:34 tous ceux qui peuvent en grève reconductible.
13:36 - M. Souhiau, on parle des caisses de grève.
13:37 Éric Revel avait une question à vous poser.
13:39 Allez-y, combien de temps ?
13:40 Et combien dans la caisse ?
13:41 - J'ai une question de néophyte à vous poser, M. Souhiau.
13:45 Vous avez un trésor de guerre pour pouvoir aider vos adhérents qui vont faire grève.
13:51 De combien vous disposez pour payer ces journées de grève de vos adhérents ?
13:55 Est-ce que vous ne serez pas injuste, socialement,
13:57 que ceux qui vont faire grève, mais qui ne sont pas adhérents de votre syndicat,
14:00 eux, ils auront zéro ?
14:02 - Alors, ça ne s'appelle pas un trésor de guerre.
14:04 - Non, non, bien sûr.
14:05 - Ça dépend de combien on parle de temps.
14:07 - Oui, ça dépend de quelle guerre on parle aussi.
14:09 Donc, ce n'est pas un trésor de guerre.
14:11 C'est une partie de la cotisation de chaque adhérent de force ouvrière,
14:16 chaque année, qui part pour fonds de solidarité et de grève.
14:21 Alors, on n'administe pas, et je suis d'accord avec Fabien,
14:23 on n'administe pas les journées complètes.
14:26 On indemnise nos adhérents...
14:28 - 30 euros par adhérent.
14:30 - 30 euros par jour.
14:32 - Alors qu'il y a d'autres, la CFDT par exemple,
14:35 c'est 7,60 euros par heure non travaillée.
14:38 Donc, chacun a un peu sa règle.
14:40 - On a chacun nos règles, parce qu'il y a du pluralisme syndical.
14:44 Donc, après ça, c'est comment on a construit notre fonds de solidarité.
14:50 - Mais, M. Souillot, si je ne suis ni adhérent de FO ni de la CFDT,
14:55 et que je fais grève, j'aurai rien, moi.
14:58 - Alors, laissez en parler, M. Souillot.
15:00 - C'est injuste.
15:02 - C'est une grève par répartition, en fait.
15:04 - Justement, c'était pas.
15:06 - C'était ni par capitalisation, ni répartition, ni grève par procuration.
15:12 Les gens, quand ils décident de faire grève,
15:15 parce que cette réforme des retraites recule de l'âge de départ,
15:19 ou allongement de la durée de cotisation, on n'en veut pas.
15:23 Ça coûte à tout le monde.
15:25 Même ceux qui seront indemnisés par les fonds de grève syndicaux.
15:29 Pour autant, les fonds de grève syndicaux sont versés au syndicat,
15:34 dans l'entreprise ou dans l'administration.
15:36 Et après, sur la répartition, ils le feront comme ils le voudront.
15:41 Je vais prendre un exemple.
15:44 Ils ont 300.
15:46 Ils sont 10 adhérents, mais il y a aussi des non-adhérents qui font grève.
15:52 Eh bien, ils peuvent décider de répartir les 300 comme ils le veulent.
15:57 Mais ça, ça se passe au plus près du terrain.
15:59 C'est comme la reconduction.
16:01 C'est les assemblées générales qui décident.
16:03 Nous, on a un fonds de grève de solidarité confédérale,
16:07 mais vous avez la même chose dans les syndicats directement.
16:11 Vous avez aussi parfois la même chose dans les fédérations
16:14 et parfois dans les unions départementales.
16:17 Maintenant, la transparence de la transparence s'appelle...
16:21 Oui, c'est ça.
16:22 Comment ?
16:23 Ce n'est pas d'une transparence folle.
16:25 Pourquoi ce n'est pas d'une transparence folle ?
16:27 Après, ils ont de la prise que tu payes.
16:29 Mais pas tous en même temps.
16:30 M. Souillon, la CFTT a dit qu'elle disposait d'un fonds de 150 millions d'euros.
16:34 Vous avez d'autres syndicats ?
16:36 Je pense à la CGT Solidaires qui, eux, à chaque fois,
16:39 utilisent des cagnottes en ligne et c'est un système assez simple.
16:42 Vous, vous disposez de combien d'euros, votre fonds ?
16:46 Du coup, nous, nous publions nos comptes tous les ans
16:49 et quand il n'y a pas de grève, une partie de ce fonds de solidarité
16:52 retourne dans les comptes de la Confédération.
16:54 C'est combien, tout au total ?
16:55 Donc, tous les ans, on publie nos comptes.
16:58 Là, on a un fonds de grève.
17:00 Vous ne voulez pas nous dire quel est le montant de votre fonds ?
17:03 Regardez la publication des comptes de Forces Ouvrières.
17:06 L'an passé, on a le chiffre, forcément.
17:08 Vous aurez les chiffres qu'EFO publie.
17:11 Vous pouvez tenir combien de temps, du coup ?
17:14 Comment ?
17:15 Vous pouvez tenir combien de temps par rapport à la somme que vous avez dans ce fonds ?
17:19 On peut tenir plus de deux semaines, certainement trois.
17:25 Trois, ah oui, donc on est parti pour un tour.
17:27 On va juste s'intéresser à ce qui se passe du côté de l'énergie
17:30 parce que vous avez dit qu'il y avait des mouvements dans les raffineries
17:33 et du coup, ça, évidemment, inquiète les automobilistes
17:35 qui se ruent sur les stations essence.
17:37 On a notre envoyé spécial, Matiné Bannez et Pierre Emco.
17:39 C'est un peu le sentiment que vous avez, Matiné ?
17:42 Les gens viennent vite faire le plein avant que ça démarre ?
17:45 Bonjour, Laurence.
17:48 Eh bien, écoutez, ici, c'est par vagues.
17:50 Beaucoup de personnes, quand même, se pressent dans cette station service
17:54 pour pouvoir faire le plein de carburant.
17:56 Les automobilistes ont même bloqué l'intersection
17:58 qui se trouve à l'entrée de cette station
18:00 pour éviter de se faire voler la place dans la file d'attente,
18:02 ce qui a créé un énorme bouchon.
18:05 Les gens ont commencé à perdre patience, à s'énerver,
18:07 à klaxonner des scènes qui rappellent, tristement,
18:10 celles d'octobre dernier, où une station sur deux
18:13 était privée de carburant.
18:15 Alors, même si pour l'heure, la France n'est pas encore
18:18 en manque d'essence ou de diesel,
18:20 ici, les Français préfèrent venir, quand même,
18:23 pour faire leur plein et éviter d'être à sec.
18:25 Beaucoup nous ont dit être fatigués de cette situation,
18:28 même s'ils comprennent les revendications.
18:30 Ils ont peur, pour beaucoup, d'être bloqués,
18:32 de ne pas pouvoir utiliser leur voiture pour aller travailler.
18:35 Et surtout, ils ne veulent pas revivre la situation
18:38 d'octobre dernier.
18:41 Absolument. Merci beaucoup pour ces précisions.
18:44 Nous sommes avec Mathilde Ibanez et Pierre Amko.
18:47 Ça inquiète les Français, les pénuries d'essence ?
18:50 Ça peut bloquer longtemps, M. Souillaud,
18:52 là, du côté des raffineries ?
18:55 Ils décideront de combien de temps ils vont faire.
18:59 Mais, aujourd'hui, on passe…
19:04 Le gouvernement a fait comme s'il ne voyait rien.
19:07 Le président de la République nous parle depuis l'étranger
19:10 ou alors de Ragis ou du Salon de l'agriculture.
19:14 Et il s'étonne qu'aujourd'hui, on décide de se mettre en grève,
19:19 de durcir le mouvement.
19:21 Les autres mobilisations dans les tracts intersyndicaux,
19:24 on écrivait "y compris par la grève".
19:26 Là, on a écrit "on met la France à l'arrêt".
19:28 Eh bien, pour les salariés, c'est la grève.
19:32 Est-ce que vous dites "on met la France à genoux", M. Souillaud ?
19:34 Comment ?
19:35 Est-ce que vous dites, comme d'autres,
19:36 "on veut mettre la France à genoux" ?
19:37 Alors, chacun est libre de ses paroles.
19:39 Nous, on dit "on met la France à l'arrêt".
19:40 D'accord, c'est pas pareil.
19:41 Donc, les mots ont un sens.
19:42 Vous, vous n'êtes pas sur cette formule-là.
19:45 Je suis numéro un des confédérations
19:49 et on a écrit un tract intersyndical
19:52 où on a écrit "la France à l'arrêt".
19:54 M. Villieu, la France à genoux ou pas ?
19:57 Écoutez, si on met déjà le gouvernement à genoux,
19:59 ou en tout cas à genoux à terre, ça sera bien.
20:01 Parce qu'aujourd'hui, c'est très fin.
20:04 Derrière les débats qu'il peut y avoir,
20:06 il y a une pénibilité énorme.
20:08 Les gens qui ont du mal à se projeter à 62 ans aujourd'hui,
20:11 on peut comprendre,
20:12 parce que le sport numéro un dans la plupart des boîtes,
20:14 c'est quoi ?
20:15 C'est de se débarrasser des seniors dès qu'ils peuvent.
20:17 Ils ont du mal à se projeter à 62 ans.
20:19 Passer à 64 ans, c'est énormément de souffrance.
20:22 Donc, si effectivement, on peut lui mettre un genou à terre,
20:24 à ce gouvernement, il ne faut pas s'en priver.
20:26 On écoutera Gabriel Attal après.
20:28 Je vous demande une réponse sans langue de bois.
20:30 Vous avez tous les deux du recul par rapport à l'élection syndicale.
20:33 Est-ce que vous avez déjà connu une période comme celle-là,
20:37 avec une telle mobilisation, une telle volonté d'aller jusqu'au bout ?
20:42 Non.
20:43 M. Souhiau ?
20:44 Non.
20:45 En 1995, il y avait déjà cette volonté.
20:49 Mais aujourd'hui, c'est ce que je vous disais tout à l'heure,
20:52 il n'y a pas de grève par procuration.
20:54 Et cette réforme des retraites, c'est deux ans de plus pour tout le monde.
20:58 Et mes camarades de la pénitentiaire,
21:00 où on est la première organisation syndicale,
21:02 disent aux gardes d'essau, on prend deux ans ferme.
21:06 Donc là, il y a une vraie détermination, une vraie mobilisation.
21:09 Parce que le contexte avec l'inflation,
21:12 pas de hausse de salaire et le coût de l'énergie qui s'envole.
21:17 Et quelle que soit l'organisation syndicale,
21:19 qu'on soit journaliste,
21:21 quand on fait le plein de carburant,
21:23 on voit tous que les prix s'envolent.
21:26 Et quand vous habitez...
21:27 Et on paie les taxes à l'État, oui.
21:29 Le premier gagnant, c'est l'État.
21:31 Quand vous habitez à la campagne,
21:33 on peut vous parler de transport collectif, autant qu'on veut.
21:36 J'étais en Lauser la semaine dernière,
21:38 ils seraient contents d'avoir le train,
21:40 mais c'est à Clermont-Ferrand qu'il faut aller.
21:42 Et pour se soigner, pour manger ou pour aller au boulot,
21:45 c'est la voiture.
21:46 Et la verticalité du pouvoir qui décide comme ça, ça, ça ne marche pas.
21:50 Écoutez Gabriel Attal qui s'est exprimé aujourd'hui,
21:54 qui renverse la responsabilité du blocage du pays sur vous,
21:57 en disant qu'il n'y a que les cols blancs qui peuvent faire grève,
22:00 pas les classes populaires.
22:01 Écoutez-le, puis vous allez y réagir.
22:03 Ce que je dis, c'est que quand on dit qu'on veut mettre l'économie française à genoux,
22:07 ce sont des usines, ce sont des travailleurs,
22:09 ce sont des Français qui travaillent.
22:11 Ce que j'ai dit ensuite,
22:13 c'est que quand il y a des blocages,
22:15 la réalité, c'est que ce sont souvent les plus modestes et les plus fragiles
22:18 qui sont les premiers impactés par les blocages.
22:20 Et que comme je l'ai dit,
22:22 les cols blancs, comme on dit,
22:24 les cols blancs, en général, ils peuvent télétravailler,
22:26 ils peuvent aller travailler à vélo parce qu'ils habitent à côté de leur travail,
22:29 pas les travailleurs les plus modestes et les plus fragiles
22:32 qui doivent se lever, prendre le métro, prendre leur voiture pour aller travailler.
22:35 Alors M. Soyoz, qu'est-ce que vous répondez à Gabriel Attal ?
22:37 Je lui réponds la même chose que ce que nous avions dit au moment de la pandémie.
22:41 Les invisibles, la deuxième ligne qu'il devait valoriser.
22:45 Alors ceux-là, il ne demandait pas à ce qu'on les applaudisse le soir à 20h.
22:49 Mais il nous avait expliqué que les éboueurs,
22:53 parce qu'on était tous d'accord,
22:55 tout à l'heure j'ai rencontré un égouttier.
22:57 Eh bien, l'égouttier, eux,
22:59 leur espérance de vie en bonne santé, c'est 61 ans.
23:04 Et on va leur demander de faire deux ans de plus,
23:06 eh bien les égouttiers demain.
23:08 Et ils gagnent à peine au-dessus du SMIC.
23:10 Alors après des primes d'insalubrité et tout cela,
23:13 ils seront en grève demain.
23:15 Regardez quand Carrefour a fait son projet de restructuration et tout cela.
23:21 Eh bien les salariés de Carrefour se sont mis en grève.
23:24 Et les caissières, elles sont à temps partiel imposés.
23:27 Eh bien elles vont se mettre en grève aussi demain.
23:29 Et je les ai rencontrés la semaine dernière au salon de l'agriculture.
23:34 Les salariés de l'agroalimentaire, les abattoirs,
23:37 eh bien ils font grève demain, mercredi et jeudi.
23:42 Parce que jeudi, ils ont la négociation de branches sur leur salaire.
23:45 Alors eux, ils sont au SMIC, et puis après ils ont des primes à la tâche
23:48 quand ils découtent plus de bêtes et tout cela.
23:50 Eh bien on leur propose entre 1,5 et 2% d'augmentation,
23:55 avec une inflation à 6,2%.
23:57 Eh bien là, ils se mettent en grève, reconductible, pendant trois jours.
24:01 Et on n'a pas de stock.
24:03 Parce qu'aujourd'hui, on travaille en flux tendu,
24:05 parce qu'il ne faut pas stocker, ça coûte cher.
24:07 On regarde d'abord l'économie, avant de penser aux hommes qui s'usent
24:10 derrière les bêtes qu'on doit découper.
24:13 Eh bien, comme il n'y a pas de stock, si la grève perdure un peu,
24:16 le week-end prochain, vous n'aurez pas de viande...
24:20 - C'est à ce moment-là les producteurs qui seront pénalisés.
24:23 Ceux qui produisent le bétail.
24:25 - Mais les premiers qui sont pénalisés, c'est ceux qui s'usent au travail.
24:28 - Mais oui, mais ils ne s'usent pas au travail, les agriculteurs ?
24:30 - Ah mais si, certainement !
24:32 - Ah bah oui, mais s'ils peuvent faire leur viande, ça se passe comment ?
24:34 - Regardez, c'est un petit peu comme la bête, on ne lui achète pas assez cher,
24:39 on la transforme par des salariés qu'on paye au SMIC,
24:45 et au bout du bout, nous on voit quand même les prix s'envoler
24:48 dans les grandes surfaces. Qui gagne ? En tout cas, pas le travailleur.
24:51 - Et pas l'agriculteur. Je vous passe la parole dans un instant,
24:54 on fait juste le rappel des titres de l'actualité, il est 18h31, Alex y va aller.

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