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Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), était le mardi 7 mars l'invité de franceinfo. Il répondait aux questions de Marc Fauvelle.

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Transcription
00:00 parole au chef d'entreprise. A présent je vous le disais, bonjour Jean-Edouard Menil.
00:03 Bonjour. Vous êtes le secrétaire général de la CPME, la Confédération des petites
00:06 et moyennes entreprises. Vous représentez quasiment 4 millions d'emplois. Est-ce qu'il
00:10 y a un peu d'inquiétude chez vous ce matin ? Ou bien est-ce que vous dites après tout
00:13 la France en a vu d'autres ? Oui évidemment il y a une forme d'inquiétude
00:17 parce qu'on ne sait pas quelle sera exactement la nature du blocage, combien de temps ça
00:20 va durer. Maintenant oui la France en a vu d'autres. Mais c'est vrai quand même que
00:25 quand on voit le reportage que vous présentiez, une trentaine de salariés qui sont en capacité
00:29 de bloquer une raffinerie, ça pose quand même un certain nombre de questions. Est-ce
00:33 qu'une minorité peut véritablement bloquer une raffinerie de ce type-là ? Est-ce qu'une
00:38 zone industrielle peut subir un blocus avec des dizaines d'entreprises où les salariés
00:42 ne pourront pas accéder parce que quelques manifestants se mettront à travers des routes
00:46 ? Je crois que le droit de manifester il est normal, il est logique, les gens doivent pouvoir
00:50 se faire entendre. Mais le blocage il est absolument scandaleux.
00:54 Pour vous aujourd'hui c'est une minorité qui veut bloquer ?
00:55 En tout cas dans le reportage que vous avez présenté, oui clairement c'était une minorité.
01:00 Encore une fois, est-ce que 30 personnes, est-ce qu'on peut les laisser bloquer une
01:04 minorité ? Une minorité, une raffinerie pardon. Ça, ça n'est pas se faire entendre.
01:09 C'est une forme de chantage en réalité, de menace sur l'activité. Et ça c'est
01:15 tout simplement pas admissible.
01:16 On s'attend à une journée difficile dans les écoles, les parents vont devoir garder
01:18 les enfants, journée compliquée aussi dans les transports en commun. Est-ce que vous
01:21 avez une idée du coût de cette journée de grève pour l'économie française ?
01:25 Alors on l'a chiffré, plusieurs économistes l'ont fait. Nous on considère qu'une journée
01:29 de grève contient un ralentissement de l'activité de l'ordre de 20%, ce qui est beaucoup.
01:34 On chiffre ça à peu près à 1,4 milliard d'euros pour la journée. Simplement ce qu'il
01:41 faut savoir c'est qu'évidemment il y a des conséquences économiques directes, par
01:45 exemple des achats qui ne se font pas le jour du blocage et qui sont reportés par la suite.
01:50 Par contre quand quelqu'un ne va pas au restaurant ce jour-là, il est évident que le lendemain
01:54 il ne va pas manger deux fois. Tout ça évidemment a un coût économique.
01:56 Est-ce que le télétravail permet de limiter un peu la casse ?
01:58 Oui bien sûr, ça je crois que c'est une des différences.
02:00 Et est-ce que c'est le cas dans les PME que vous représentez ou est-ce que c'est plus
02:03 compliqué pour elles que dans les grands groupes ?
02:05 Alors le télétravail permet effectivement de limiter la casse, comme vous le disiez.
02:09 Simplement pour mémoire, le télétravail c'est à peu près un tiers des postes qui
02:13 sont télétravaillables. Donc ça n'est pas l'apanacée, c'est pas ça qui va régler
02:18 le problème. Ensuite il faut que les entreprises puissent s'organiser pour basculer leurs
02:22 salariés en télétravail. Alors c'est vrai que pendant la période Covid, certaines en
02:25 ont pris l'habitude, mais ce n'est pas quelque chose de simple et normal non plus.
02:29 Le ministre des Transports Clément Beaune a appelé tous les salariés qu'ils peuvent
02:33 à télétravailler aujourd'hui et peut-être dans les jours qui viennent en fonction de
02:36 la suite ou non de la grève. Est-ce que c'est un appel que vous relayez auprès de vos adhérents ?
02:40 Je crois que le ministre des Transports, ce qui est important c'est qu'il assure la liberté
02:45 de circuler, la liberté de travailler. C'est vraiment son rôle avant tout. La question
02:50 de l'organisation à l'intérieur des entreprises, ça appartient aux chefs d'entreprise. Et
02:55 puis il y a un sujet aussi dont pourra prochainement peut-être se saisir le ministre des Transports,
02:59 c'est celui du service minimum.
03:00 C'est-à-dire vous souhaitez qu'on le remette sur la table, y compris aujourd'hui ?
03:03 En tout cas une journée comme aujourd'hui, il devrait pouvoir précisément s'appliquer.
03:07 C'est là qu'on en a besoin.
03:08 Avec des réquisitions de grévistes ?
03:10 Pour l'instant on n'en est pas là. Mais par contre on a vu quand il y a eu les blocages
03:14 de raffineries il y a quelque temps, que la réquisition quand des mouvements s'enquistaient
03:18 entre guillemets devenaient abusifs, ça pouvait être une solution pour débloquer. Oui, c'est
03:22 quelque chose qui est visiblement faisable. Mais encore une fois je le répète, c'est
03:26 normal que les gens puissent se faire entendre et puissent manifester. Je ne voudrais pas
03:30 donner une autre impression que celle-là.
03:32 Le Sénat qui poursuit l'examen de la loi retraite a voté hier la création d'un CDI
03:36 senior pour favoriser l'embauche des 60 ans et plus. Les entreprises qui les embauchent
03:40 bénéficieraient de baisses de cotisations sociales. Est-ce que c'est une bonne piste
03:44 ou pas ?
03:45 Oui, pour plusieurs raisons. D'abord dans la pratique parce que ça pourrait favoriser
03:49 l'emploi des seniors dans les entreprises. Et puis surtout parce qu'on sortirait de
03:53 la petite musique qu'on entendait ces derniers temps, de la sanction pour modifier l'emploi
03:58 des seniors.
03:59 Nous on considère que l'index senior serait dans les entreprises de plus de 300 salariés.
04:09 Vous savez que précédemment, avant le passage au Sénat, c'était dans les boîtes de plus
04:12 de 50 et ça représentait cet index senior une contrainte administrative supplémentaire
04:17 pour les entreprises sans aucun effet attendu. Je vous rappelle qu'il y a eu quelques expériences.
04:21 Par exemple ce qu'on appelait la contribution de la lande où les entreprises qui licenciaient
04:25 devaient payer davantage. Le résultat était exactement inverse. Ça a diminué le taux
04:30 d'emploi des seniors et ce qu'on sait c'est que quand on verrouille la sortie, on bloque
04:34 l'entrée.
04:35 La CPME est favorable au report de l'âge légal à 64 ans. Est-ce que vous diriez comme
04:39 Olivier Dussopt, le ministre du Travail, que c'est une réforme de gauche ?
04:41 Nous on est des pragmatiques. Donc représenter les entreprises, c'est pas faire de la politique.
04:48 Et ce qu'on considère c'est qu'il faut tenir compte en particulier de la démographie.
04:52 On sait que dans les années qui viennent, on va avoir un salarié pour un actif et que
04:56 ce sera tout simplement atteinable. Comme dirait l'autre, c'est ma réponse.
04:59 Bon d'accord, Jean-Eudemien Niel, secrétaire général de la CPME. On va revenir évidemment
05:04 dans la suite de cette matinée sur cette mobilisation dans le journal de 7h30. A 8h10
05:08 on parlera du risque de pénurie de carburant dans les stations. Est-il réel ? Et puis
05:12 à 8h30, le patron de la CGT, Philippe Martinez, sera à son tour l'invité de France Info.

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