L'info médias : Nicole Ferroni, pour « Piquantes ! » sur Téva mercredi

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00:00 Bonjour Nicole Ferroni. Bonjour Laurent. On vous reconnaît à votre bagout, à votre
00:04 joli accent de Marseille, enfin d'Aubagne, votre côté pipelette-espiègle, on peut
00:10 dire ça, et vos prises de position souvent engagées, voire politiques, ça y est vous
00:13 faites déjà la moue ? Franchement, je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler
00:17 Laurent. C'est votre troisième saison sur Teva, première fois animatrice d'une émission
00:21 télé. Est-ce que l'exercice, comment ça vous plaire ? Oui, oui, déjà au bout de
00:27 trois ans, je pense que si jamais ça ne me plaisait pas, à mon avis, je n'aurais pas
00:30 duré aussi longtemps. Je pense que pour faire une troisième saison, il faut prendre quand
00:36 même du plaisir dans le fait de faire cette émission. Et donc oui, pour répondre à
00:42 la fois à vous et à mes productrices, à qui j'avais écrit un long mail en tout début
00:46 d'aventure en leur disant "je ne sais pas si je sais faire ça et je ne sais pas si
00:49 j'aime ça", du coup maintenant je peux leur répondre "oui, j'aime bien être animatrice
00:53 en tout cas de cette émission". Parce que vous n'êtes pas une enfant de la télé,
00:56 on peut dire. Vous vous méfiez jusque-là de la télévision ? Alors, enfant de la télé
01:02 quand même, oui, parce que j'étais une grosse consommatrice de télévision. Ensuite,
01:06 je dois quand même, on va dire, ma carrière actuelle à la télé, puisque c'est par
01:12 ce biais-là que du coup j'ai pu arriver à devenir comédienne et auteur. Grâce
01:18 à Laurent Ruquier et l'émission "On ne demande qu'à Henri". Exactement, grâce
01:21 à un superbe programme de Télécroché. Par contre, c'est vrai que dans les coulisses
01:28 ou dans le fonctionnement interne de la télé, j'ai eu quelques frustrations ou déceptions
01:35 qui ont fait que la proposition d'être à la tête d'une émission en tant qu'animatrice
01:41 me faisait peur. Quel genre de frustrations ou de déceptions ? Notamment celles qui
01:48 veulent que pour répondre à des attentes supposées du public, on modifie un programme
01:55 en se disant "ça va mieux correspondre à ce que les gens attendent" sans savoir si
01:58 c'est le cas. Et donc, par le passé, il m'est arrivé sur des émissions que la chaîne
02:06 ou la production nous impose des choix que je trouvais, que je ou que mes collègues
02:11 humoristes et moi trouvions pas forcément judicieux. Par exemple quoi, juste pour comprendre ?
02:15 Par exemple, après "En Demande Qu'à Henri", on a fait une émission qui s'appelait "Le
02:20 Monde Art Show" et dans laquelle il nous était proposé de faire surtout des sketchs
02:27 collectifs parce qu'il y avait cette idée-là que ça permettait de croiser le public de
02:33 tous les humoristes. Sauf qu'au lieu de faire se fédérer nos publics, ça a dilué
02:38 nos singularités artistiques dans un groupe dans lequel on n'était plus identifié.
02:44 Et donc, c'est ce qui fait qu'à mon avis, ce programme n'a pas eu le succès qu'on
02:49 aurait pu avoir.
02:50 Mais est-ce que vous parliez aussi de thématiques ? On vous a censuré, on vous disait "à
02:55 cette époque-là, je parle pas de piquante, non, faut pas parler de ça".
02:58 Non, ça par contre, moi, j'ai eu une chance, je l'ai pas subie. J'ai d'autres camarades
03:03 qui ont eu affaire à ce genre de situation, c'est pas mon cas. Moi pour l'instant, que
03:07 ce soit à France Inter ou en télé ou ailleurs, j'ai pas eu de sentiment de censure. Et pas
03:14 non plus, et encore moins chez Piquant.
03:16 Alors quand vous avez reçu la proposition de Teva d'animer Piquant, tout de suite,
03:21 vous avez pensé à Christine Bravo et son émission "Frou-Frou" ?
03:23 Si, j'ai eu cette référence aussi, évidemment. Parce que c'est une émission que j'ai
03:30 regardée quand j'étais plus jeune. Et donc, j'avais vraiment cette image d'émission
03:35 féminine portée par des femmes avec des personnalités très fortes. Et oui, du coup,
03:42 j'allais dire que la barre, elle était un peu haute parce que pour moi, c'était
03:45 une émission qui était emblématique, "Frou-Frou". Et voilà, donc le fait d'assurer et de se
03:49 dire "Bon, est-ce qu'on va réussir à être les "Frou-Frou" d'aujourd'hui aussi ?"
03:54 C'était un challenge.
03:56 Et qu'est-ce qui a changé à votre avis dans la façon dont les femmes parlent et
03:59 les humoristes femmes parlent par rapport à "Frou-Frou" ? C'est très sexué quand
04:04 même, hein, Piquante ? Vous êtes entourée de chroniqueuses qui n'ont pas leur langue
04:07 dans leur poche et je pense qu'à l'époque de "Frou-Frou", ce n'était pas le cas.
04:09 Ah, je ne sais pas. Je ne sais pas parce qu'il y a certaines séquences de "Frou-Frou"
04:15 dans lesquelles on a quand même des propos qui sont sexués, voire sexuels. Donc ça,
04:22 je ne saurais pas dire. Sinon, on a une plus grande liberté, en tout cas, on se la donne.
04:28 C'est vrai que je pense que la plupart des chroniqueuses de Piquante ont vraiment le
04:33 champ très, très, très libre. Je ne veux pas dire trop libre pour certains. Mais pour
04:41 l'instant, je trouve qu'on a vraiment cette chance de pouvoir faire ce qu'on veut.
04:47 Vous êtes entourée d'une bande d'humoristes filles. Alors, chacune a son rôle. Florence
04:52 Mendès, c'est un peu le récap de l'actualité. Christine Béroux, la chroniqueuse politique.
04:56 Voilà. Il y a aussi Thaïs Wauquière. Elle fait quoi ? Le portrait de l'invité ?
05:02 Thaïs Wauquière, elle fait un portrait détourné de l'invité. En fait, elle s'inspire
05:06 de l'invité pour essayer de tester la spécialité de l'invité dans sa propre
05:10 vie. Par exemple, quand on reçoit Marie-Claude Pietragala et Julien Deroux, qui sont danseurs-chorégraphes,
05:18 elle essaie de voir si dans sa vie, elle aussi, la danse peut régler tous ses problèmes.
05:21 Ce qui, malheureusement, n'est pas toujours le cas. Elle essaie de s'inspirer de l'invité.
05:26 Et de quoi on peut parler de plus lorsqu'on est une bande de filles à la télévision
05:29 que si c'était une traditionnelle émission talk show avec garçons et filles ?
05:33 Je pense que déjà, il y a des thématiques qui sont spécifiquement féminines, qu'on
05:40 peut aborder dans un cadre qui nous permet d'en parler mieux ou de façon plus approfondie.
05:48 Comme des thématiques telles que l'avortement, telle que l'inégalité salariale ou telle
05:56 que la violence conjugale, qui, même si ce sont des thèmes qui arrivent à trouver un
06:02 écho plus fort, notamment depuis le mouvement #MeToo, mais qui restent souvent encore à
06:09 la marge.
06:10 Là, on prend le temps d'en parler et d'en parler aussi de façon sincère.
06:12 C'est vrai qu'on est dans une émission d'humour, mais pas que.
06:16 Quand, par exemple, Marion Séclin fait une séquence "J'avoue, j'ai avorté deux fois",
06:22 elle parle vraiment de sa vie, elle explique ce pourquoi dans son parcours ça lui est
06:26 arrivé deux fois, elle explique pourquoi il ne faut pas juger les femmes qui ont traversé
06:30 ça.
06:31 Et on a ce temps-là, qu'il n'y a pas forcément ailleurs.
06:33 Et les thématiques, vous les trouvez où ? Dans les journaux féminins ?
06:35 Non, souvent, en fait, ce sont des thématiques personnelles.
06:40 Il y a aussi beaucoup de thématiques d'actu, parce qu'on est aussi une émission d'actualité.
06:44 Donc, on va traiter, par exemple, l'actualité politique.
06:47 Et on peut regarder, justement, par le prisme de la condition des femmes, de savoir si la
06:53 réforme des retraites est féministe ou pas.
06:55 Spoiler alerte, non.
06:56 Si la réforme de l'assurance chômage l'est aussi.
07:01 On essaye à chaque fois de regarder par le prisme du féminisme, mais ce n'est pas du
07:06 féminisme, c'est juste de l'équité, de savoir toutes les thématiques d'actu,
07:11 qu'est-ce que ça a pour conséquences dans nos vies.
07:13 Alors, grosse pression demain, diffusion en prime time pour la première fois de Nicole
07:18 Ferroni et de son émission.
07:19 Qu'est-ce qui change ?
07:20 Qu'est-ce que ça change ? Ça change de façon très factuelle, ça change la longueur
07:24 de l'émission et surtout, ça change le fait qu'en plus d'être en prime time et
07:28 d'avoir accès à plus de gens, parce qu'il y a plus de gens réveillés à 21h qu'à
07:32 23h, c'est une émission qui sera diffusée en clair et accessible sur la plateforme
07:38 d'un display et accessible aux non-abonnés de Teva, ce qui, je l'espère, nous fera
07:43 sortir de notre audience de niche pour toucher un public plus large.
07:47 Et ça pour nous, c'est vraiment une belle opportunité.
07:51 Parce que pour l'instant, même si on est une émission dans laquelle on a beaucoup
07:55 de liberté, on est quand même à la marge du paysage audiovisuel.
07:57 Rien que trouver Teva, c'est quand même un labyrinthe en fonction du fournisseur
08:01 qu'on a.
08:02 Donc là, c'est une opportunité pour nous.
08:06 Et quel sera le thème de cette émission en prime time et en clair ?
08:08 Alors, je vous la donne en exclu.
08:10 La thématique du jour, c'est « Est-ce que trop de féminisme tue le féminisme ? ».
08:15 Puisque c'est une question qu'on nous pose souvent.
08:18 C'est vrai que comme on est une émission de femmes et qu'on aborde beaucoup de thématiques
08:21 qui nous sont propres, c'est une émission qui peut paraître très féministe, bien
08:24 que ça ne soit pas forcément le but premier.
08:26 Et des fois, on a eu déjà ce retour de la part du spectateur ou de la part connaissance
08:32 qui nous disent « Ouais, mais est-ce que c'est pas trop à la fin ? ».
08:34 Donc on se permet de retourner la question et promis, on a une réponse.
08:38 Pas de spoiler ?
08:40 Non, pas de spoiler.
08:41 Nicole Ferroni, on vous voit de plus en plus dans les séries.
08:44 « Mental », c'était sur Slash, dans le rôle d'une psychologue d'un service
08:47 pédopsychiatrique.
08:48 Et puis là, « Jeune mère atteinte du syndrome d'Asperger », autiste quoi, dans « Aspergirl ».
08:56 Mais vous avez toujours des rôles très particuliers quand même dans les séries, un peu lunaires
09:01 ou un peu…
09:02 Comment vous les choisissez, vos rôles dans les séries ?
09:04 Alors souvent, ce n'est pas moi qui les choisis.
09:07 Oui, après j'accepte, évidemment, je fais des séries avec mon consentement.
09:13 Mais c'est souvent des propositions, et je suis d'accord avec vous, qu'on me propose
09:19 souvent des rôles qui sont aussi un peu à la marge.
09:23 Donc là, dans le cadre d'Aspergirl, je joue une maman qui présente un trouble du
09:29 spectre autistique de type 1, c'est comme ça maintenant qu'on nomme le trouble Asperger,
09:33 et qui découvre cette marginalité en faisant passer un diagnostic à son fils.
09:38 Et c'est une série dans laquelle j'ai vraiment pris plaisir à jouer parce que je
09:46 trouve que ça traite de thématiques qui sont intéressantes sur la question de normes.
09:50 C'est-à-dire, qu'est-ce que la normalité ? Qu'est-ce que l'adaptation ? C'est-à-dire
09:54 s'adapter à une société.
09:55 Est-ce que c'est toujours légitime ? Est-ce que c'est toujours le moins normal ou le
10:01 moins formaté qui est le plus fou ? Et voilà, je trouvais ça très intéressant comme questionnement
10:07 dans cette série.
10:08 Est-ce qu'il y a un brin d'improvisation dans ce rôle-là, dans ces cas-là ?
10:11 Oui, oui, oui.
10:12 Par chance, la réalisatrice, Lola Roquepeau, c'est une réalisatrice qui fonctionne beaucoup
10:18 à l'intuition.
10:19 Et donc, par exemple, dans le cadre du tournage, j'ai aussi eu des séquences de tournage
10:23 avec des personnes autistes dans la vie, qui sont des comédiens qui ont eu la chance
10:29 de participer à ce projet-là.
10:31 Et par exemple, on avait toute une séquence qui était écrite.
10:35 Et Lola, en fait, elle a préféré aussi partir de l'heure vécue à eux.
10:38 Donc, à partir de la séquence qui était écrite, qu'on devait jouer au centre ressource
10:42 autisme, en fait, elle leur a posé des vraies questions sur leur rapport à l'amour, sur
10:46 leur rapport au travail, sur leur rapport à l'intégration dans un groupe.
10:51 Et en fait, dans la série, toute cette partie-là, c'est une séquence qui, à la base, n'est
10:56 pas du tout écrite et qui est presque de l'ordre du documentaire intégré à la fiction.
11:00 Nicolas Demorand : Nicole Ferroni, vous êtes donc animatrice, humoriste, comédienne.
11:05 Il y a une partie qui vous intéresse plus, que vous avez envie plus de développer qu'une
11:09 autre ?
11:10 Nicole Ferroni, animatrice, humoriste, comédienne.
11:11 Non, pour l'instant, pas.
11:12 Pour l'instant, je trouve que c'est vraiment une chance de pouvoir continuer à avoir
11:16 une pluralité de domaines.
11:19 J'aime beaucoup écrire, j'aime beaucoup jouer, j'aime l'humour potache et j'aime
11:23 faire des choses sérieuses, j'aime faire des chroniques politiques ou faire des jeux
11:27 de mots stupides.
11:28 Donc, si j'ai la possibilité de continuer à être comme ça, tant mieux.
11:31 Nicolas Demorand : Et si on vous propose un jour un rôle sérieux, je ne sais pas, moi,
11:37 président de la République ou femme policière, ça pourrait vous plaire ?
11:40 Oui, oui, moi, si je trouve le script bien écrit, volontiers.
11:45 Voilà, le message est passé.
11:46 Nicolas Demorand : Merci Nicole Ferroni.
11:48 Merci à vous.

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