• il y a 9 mois
Mireille Dumas lance sa chaine YouTube INA : "J’avais envie d’aller toucher un autre public, plus jeune"

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Transcription
00:00 Votre invitée média Céline Bahid Darcourt est l'une des reines de la confession à la télévision.
00:06 Ça fait 40 ans qu'elle fait témoigner des célébrités, des anonymes à travers des émissions ou des documentaires.
00:11 Elle a désormais sa propre chaîne sur Youtube.
00:13 Oui, en collaboration avec l'INA, l'Institut National de l'Audiovisuel.
00:16 Bonjour Mireille Dumas.
00:17 Bonjour.
00:18 44 000 abonnés en quelques jours.
00:20 Visiblement, il y avait une attente de vos fans.
00:22 Ça faisait longtemps qu'on vous demandait de rassembler toutes vos émissions sur un même contenu, sur Internet ou ailleurs ?
00:27 Oui et non, mais c'est une idée en tout cas que j'avais.
00:31 J'avais vraiment envie d'aller toucher un autre public.
00:34 Avec l'INA, on a pu lancer cette chaîne.
00:36 Un autre public, c'est-à-dire plus jeune ?
00:38 Oui, bien sûr, parce qu'on sait bien que sur les chaînes historiques, le public a tendance à vieillir.
00:45 Le jeune public ne va plus forcément regarder malheureusement la télévision.
00:50 Et là, je m'aperçois qu'on a un public qui est effectivement sur les tranches de 25-34, beaucoup plus jeune.
00:56 Et qui vous dit quoi ? Il y a des commentaires en dessous ?
00:58 Beaucoup de commentaires.
00:59 Alors, il y a tous ceux qui sont contents de retrouver ces émissions.
01:04 Donc les vieux ?
01:05 Les gens comme moi.
01:08 Et comme moi.
01:09 Et comme vous, n'exagérez pas.
01:11 Et effectivement, les plus jeunes qui découvrent et qui sont très étonnés de voir qu'on a abordé tous ces thèmes actuels à l'époque.
01:19 Et ça, ça leur parle aujourd'hui ?
01:20 Comment ?
01:21 Ça leur parle aujourd'hui ?
01:22 Ça leur parle aujourd'hui. Et les 25-34, même maintenant c'est 44, c'est très élargi.
01:27 Je parle des cibles qui sont les plus représentées sur la chaîne YouTube.
01:31 Mais tout le monde les regarde.
01:33 Et ils m'ont posé la question, ils ont été très nombreux à savoir que deviennent effectivement les gens que j'ai interviewés.
01:40 Alors ça, justement, c'est une particularité aussi de cette chaîne.
01:43 Parce qu'il y a vos anciennes émissions, mais aussi Mireille Dumas retrouve.
01:47 Et là, en l'occurrence, c'est une fois par mois.
01:49 Là, vous avez retrouvé Linda qui avait témoigné dans une de vos émissions.
01:53 Elle avait 14 ans et elle venait d'avoir un bébé.
01:56 Toute seule.
01:57 Exactement.
01:58 Vos retrouvailles sont assez émouvantes.
02:00 Elle vous avait marqué, Linda, que vous retrouvez donc 30 ans plus tard.
02:03 Oui, elle m'avait marqué par son déterminisme, par déjà la force qu'elle avait, toute jeune, d'avoir ce bébé qui était en même temps un appel au secours.
02:10 Et en même temps, on sentait que ça la structurait.
02:11 Et de la retrouver 30 ans après, cette maman de 44 ans qui a eu un autre enfant, qui a mené sa vie, qui parle tellement.
02:18 En plus, drôlement, avec beaucoup d'humour, des hommes de sa vie, mais en même temps des difficultés, évidemment, qu'elle a traversées, des préjugés, etc.
02:26 Mais elle a construit sa vie de façon absolument exceptionnelle.
02:29 Et elle fait mentir toutes les prévisions qu'elle aurait été une fille perdue.
02:34 Au contraire, sa fille l'a structurée.
02:36 C'est formidable.
02:37 Vous êtes resté en contact avec certains de vos témoins ?
02:39 Certains.
02:40 Peu nombreux.
02:40 Le temps passant de moins en moins.
02:43 Et donc, toute la difficulté, effectivement, est de les retrouver parce que souvent, les téléphones ont changé.
02:48 D'ailleurs, le 06 n'existait pas.
02:50 Voilà.
02:50 Mais les Facebook sont très utiles.
02:52 Et cette chaîne YouTube, ça va peut-être permettre à certains de se manifester, d'ailleurs.
02:55 Exactement.
02:56 On a lancé d'ailleurs un appel, bien sûr, sur la chaîne Ina Mireille Dumas, qui porte mon nom, parce qu'on n'a pas trouvé mieux.
03:06 Ce serait possible de refaire des émissions comme les vôtres, Mireille Dumas, avec les réseaux sociaux ?
03:10 Là, par exemple, le témoignage de Linda, elle s'en prendrait plein la figure sur les réseaux.
03:14 Non, regardez.
03:15 Regardez, on l'a publié.
03:17 Elle ne s'en est pas du tout pris plein la figure.
03:19 Au contraire, les gens ont été, les internautes ont été très intéressés, très émus.
03:24 Et quand on a republié cette fois-ci, il n'y a que des témoignages.
03:27 Vous regardez les témoignages, ils sont franchement à 99% positifs.
03:31 Donc oui, nous pouvons.
03:33 Moi, j'ai envie de vous dire, dans les années 90, quand j'ai lancé Balai Masque, en 2000, Vies privées, Vies publiques et après, d'autres choses,
03:39 à chaque fois, on me disait Mireille, des interviews rapides.
03:43 Maintenant, il faut aller vite.
03:44 Et à chaque fois, j'ai fait le contraire.
03:46 J'ai donné du temps au temps et je m'aperçois qu'on écoute et que les jeunes écoutent aussi les interviews longues sur Internet.
03:53 Et justement, le fait que ce soit des interviews longues, vous arriviez à faire dire à ces gens des choses très intimes.
04:01 C'est quoi, votre secret ?
04:03 Par la durée ?
04:04 Oui, non, mais non, non, non, du travail en amont.
04:07 Ça demande surtout d'y aller aussi, de travailler, mais d'y aller à l'instinct, de bien écouter, d'être vraiment intéressé par l'autre, je pense.
04:16 Et d'avoir aussi, au-delà de l'intérêt pour l'autre, de vouloir placer son histoire, évidemment, dans une histoire collective,
04:25 c'est-à-dire la place de l'individu dans la société.
04:27 Ce n'est pas uniquement de l'intime pour l'intime.
04:29 Ça n'a aucun intérêt.
04:31 Parce que vous avez parfois été accusé de voyeurisme.
04:33 Bien sûr, ça est arrivé dans les années 90, pas au début.
04:36 Au début, c'était absolument formidable.
04:38 Et puis après, ça a duré une bonne année, même deux ans, où ça a été très, très compliqué parce que les rallye Tichot arrivés sont arrivés après.
04:46 Ils reprenaient un peu ces thèmes.
04:48 Et puis, on va vous dire juste après la pub, comment cette jeune femme a été violée, des choses comme ça.
04:53 Du coup, je me suis retrouvée un petit peu amalgamée dans tout ça.
04:57 J'ai continué à faire ce que je croyais être, en tout cas, ce qui me ressemblait, ce que je croyais être important.
05:03 Et puis, on a traversé, avec mes invités, on a traversé ces polémiques.
05:08 Mais avec le recul, vous ne vous dites pas, oui, parfois, c'était un peu limite ?
05:12 Non, pas du tout.
05:14 Parce que c'était des sujets tabous à l'époque.
05:16 Voilà, vous avez été une des premières à parler de la prostitution, de l'inceste, des violences conjugales.
05:20 Au contraire, je m'aperçois à quel point on a fait bouger les lignes.
05:22 Ça a été parfois difficile.
05:24 Les hommes, parfois, n'ont pas été non plus très, très chaleureux.
05:28 Parfois, des hommes, d'ailleurs, d'antenne qui se moquaient parce que j'abordais, effectivement, les violences faites aux femmes, aux enfants.
05:36 Et qu'ils trouvaient que, effectivement, ce n'était pas un sujet.
05:39 De même, quand vous abordez l'homosexualité et la transsexualité, qui aujourd'hui est devenue la transidentité,
05:45 justement, on a changé le mot pour bien préciser que c'était un problème d'identité.
05:49 Je sais que ça faisait rire beaucoup.
05:52 Et des stars qui se confient ?
05:53 Alors, je pense, j'ai revu une des vidéos sur votre chaîne de Catherine Ringer,
05:57 la chanteuse de Rita Mitsouko, qui parle des films porno qu'elle a faits, de sa sexualité.
06:03 Ça, vous pensez qu'une célébrité pourrait le faire aujourd'hui encore ?
06:07 C'est impossible. Ça, c'est le milieu des années 80.
06:11 Et je souligne, avant les années SIDA, il y a aussi ça.
06:15 C'est qu'on parlait très librement.
06:16 Moi, j'ai vécu cette période de sexualité.
06:18 D'ailleurs, même moi, quand je regarde cette émission-là, en particulier "Sexy Folly", je ne me reconnais pas.
06:24 Je me dis, c'est vrai que les questions sont là, vraiment incroyables.
06:29 Et tout le monde, tous les artistes, il y a même, je crois qu'il y a eu Jacques Langue, Michel Blanc.
06:32 Enfin, il y a beaucoup, beaucoup. Tout le monde venait et parlait très librement.
06:36 Mais aujourd'hui, impossible pourquoi ?
06:39 Impossible parce qu'à cause, justement, des réseaux, la petite phrase, le buzz qui va tourner en boucle.
06:47 Et puis, il y a moins de légèreté avec la sexualité.
06:49 Aujourd'hui, je vous dis, le SIDA est passé par là.
06:51 Et puis, beaucoup d'autres choses.
06:53 C'est une époque différente.
06:56 Qui rêviez-vous d'interviewer Mireille Dumas et qui a toujours refusé ?
07:01 Qui a toujours refusé ?
07:03 Non, mais je vais vous dire dans le sens contraire, c'est plutôt drôle.
07:06 C'est que je voulais absolument interviewer François Mitterrand.
07:09 On a été reçu avec le rédacteur en chef de l'époque par Jacques Pilan, qui était son conseiller, etc.
07:17 Qui avait trouvé avec lui, avec François Mitterrand, que c'était une très bonne idée qu'une femme vienne l'interviewer.
07:23 Et à un moment donné, il me dit dans la discussion, alors elle s'appelle "Comment ?"
07:26 Comment vous allez l'appeler, cette grande émission ?
07:28 Et moi, comme je faisais "Balai Masque", j'étais très naïve.
07:30 Quand j'arrivais à l'antenne pour la première fois, je disais "Eh bien, Balai Masque".
07:34 Il m'a regardée et m'a dit "Vous n'y pensez pas".
07:38 Et quand on a su après, effectivement, ce qu'avait à cacher quand même le président François Mitterrand, je comprends mieux.
07:44 Et après, j'ai essayé de rattraper, c'était trop tard.
07:46 Il s'est dit "Non, non, non, on est parti dans un très mauvais plan".
07:49 La télé vous manque Mireille Dumas ?
07:50 Non, pas du tout, puisque d'abord j'en fais.
07:53 Moi, ce qui est intéressant pour moi, ce qui m'intéresse, c'est d'être intervieweuse, d'être réalisatrice.
08:00 C'est ce que je fais en faisant des documentaires.
08:03 Et maintenant, avec la chaîne YouTube, j'avais très envie, parce que j'ai fait beaucoup de portraits d'artistes ces dernières années,
08:08 de repartir avec des anonymes, comme j'ai pu le faire quand j'ai fait mon film sur les éboueurs il n'y a pas longtemps d'ailleurs.
08:16 De repartir sur le terrain avec des anonymes.
08:19 Et c'est ce que je fais avec la chaîne YouTube et ça me plaît.
08:21 Tant mieux et ça plaît visiblement à vos abonnés.
08:23 Merci beaucoup d'être revenue Mireille Dumas.
08:25 Nous nous retrouvons sur votre chaîne YouTube, Ina, qui s'appelle tout simplement Mireille Dumas.
08:28 Merci à vous, c'est Linn Baidaq, on revient demain.

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