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00:00 -Du coup, je suis intérimaire. -D'accord. Intérimaire dans...
00:03 -Dans tout. -D'accord.
00:04 -Dans tous les cas.
00:05 En ce moment, j'étais en gestion commerciale.
00:08 -D'accord. -Parce que, ouais, on rigole,
00:10 mais moi, je pleure derrière. -Bien sûr.
00:12 -Donc, je gagne, on va dire, 900 euros.
00:16 J'ai entre 500 et 600 euros de facture,
00:21 sans compter la crèche de mon fils, que je paye pour aller bosser.
00:25 -Vous êtes séparée ? -Ouais, je l'élève depuis sa naissance.
00:28 -D'accord. -Euh...
00:30 Forcément, c'est dur, parce qu'au début, je m'en sortais.
00:34 Je veux dire, je pouvais lui offrir
00:37 les choses qu'un enfant normal a besoin,
00:39 les couches, tout ça, mais forcément, le prix augmente,
00:42 les factures d'électricité, ça augmente.
00:46 Je me suis vu doubler ma facture de gaz et de chauffage,
00:49 là, cet hiver.
00:51 C'est-à-dire que moi, avant, toute seule,
00:54 j'arrivais à m'en sortir.
00:55 Avec un enfant, au début, j'arrivais à m'en sortir,
00:58 avec mon ex-copain,
00:59 mais là, c'est devenu de plus en plus dur,
01:02 avec la facture de gaz et l'électricité,
01:04 qui a augmenté, doublé.
01:05 Là, moi, en plus, j'ai suivi l'espèce de réforme à la con
01:09 de chauffage à 19.
01:11 Mon fils a été hospitalisé pour une pneumonie.
01:14 Donc moi, j'ai vu mon fils brancher dans un hôpital,
01:17 à pas savoir s'il allait faire un arrêt respiratoire,
01:21 à me dire que, chez moi, dans sa chambre,
01:23 quand il faisait 19 dans le salon, il faisait 14 dans la sienne.
01:27 Il y a un moment donné où les couches,
01:29 ça coûte la peau du cul.
01:31 Le lait, c'est pareil.
01:32 J'ai allaité pendant un moment, mais à un moment donné,
01:35 forcément, on arrête,
01:37 parce qu'avec le travail, c'est pas possible.
01:39 Je veux dire, il y a un moment donné,
01:41 il faut se rendre compte que nous, moi, dans mon cas,
01:44 on est des millions.
01:46 -C'est pour ça qu'on voulait votre témoignage,
01:48 parce que vous représentez énormément de personnes.
01:51 -Oui, mais en attendant, on nous écoute pas.
01:54 On est là à essayer de trouver des solutions.
01:56 -Aujourd'hui, vous dites...
01:58 Aujourd'hui, moi, je peux pas manger tous les jours,
02:01 tous les repas. -Ah ouais, non.
02:03 Ca me fait mal au coeur de le dire.
02:05 J'ai même honte, en fait. -Il faut pas avoir honte.
02:08 -Il y en a qui sont pas au courant dans ma famille,
02:11 mais moi, je me prive, en fait.
02:12 Je préfère donner mon steak à mon fils.
02:15 -Je sais, c'est inadmissible.
02:17 C'est pour ça qu'on voulait votre témoignage.
02:19 On s'est dit que c'était le bon moment,
02:21 parce que les Français sont pas dans la rue pour rien.
02:25 Ils sont pas complètement fous.
02:27 Aujourd'hui, il y a des personnes en détresse énorme.
02:30 Quand on voit l'inflation,
02:31 aujourd'hui, avec 900 euros par mois,
02:34 avec un enfant, comme on voulait, même sans enfant...
02:37 -C'est pas possible. -C'est impossible.
02:40 -Les produits de première nécessité, c'est ça qui a augmenté.
02:43 On avait vu les prix, les pourcentages.
02:45 -C'est impossible. -C'est impossible.
02:48 -Aujourd'hui, vous privilégiez votre enfant,
02:50 et c'est bien normal. -Oui.
02:52 Et aujourd'hui, elle peut pas manger à tous les repas, Manon.
02:55 Elle travaille, elle veut travailler,
02:58 elle a envie de travailler, de se battre.
03:00 -J'ai même failli cumuler deux boulots.
03:02 Je travaillais le jour, j'ai failli trouver un emploi de nuit.
03:06 Ma mère m'a raisonné en me disant
03:08 "Manon, tu vas pas pouvoir travailler le jour, être maman,
03:11 "et travailler la nuit, tu vas péter un câble."
03:14 -Bien sûr. -Je l'ai écoutée.
03:15 -Vous avez combien d'aides ?
03:17 -Bah, c'est... J'ai la page, on va dire, de base,
03:20 donc les 175 euros. -Exactement.
03:22 -Et après... -Donc, les 900 euros,
03:24 c'est avec ces 175 euros ? -Oui.
03:26 -C'est tout cumulé ? -Oui.
03:28 Après, si j'arrive à faire des bons mois d'intérim,
03:31 je suis qu'amitant, parce que je peux pas faire garder mon fils.
03:34 -Sinon, tout l'argent que vous allez gagner,
03:37 vous allez le donner pour la garde.
03:39 -Et je paye pas une crèche. -Vous payez déjà une crèche.
03:42 -C'est mon fils aussi.
03:43 Il y a un moment où il faut que je voie mon fils grandir.
03:47 J'ai envie de pouvoir cumuler les deux,
03:49 mais je peux pas travailler, je supporte pas rien faire,
03:52 et parce qu'il faut gagner de l'argent,
03:54 et parce que je suis pour ce système aussi.
03:57 J'ai envie de vivre aussi, en fait.
03:59 J'ai envie de voir mon fils grandir.
04:01 Je l'ai pas fait pour qu'il soit élevé pendant des années par quelqu'un,
04:05 alors que c'est mon rôle.
04:07 Mais c'est pas possible.
04:08 On est dans un putain de cercle vicieux
04:11 où je perds mon rôle de parent.
04:13 -Aujourd'hui, il faut trouver des solutions
04:15 pour ce que des personnes comme Manon aiment.
04:18 On sait que vous êtes très sensible à ce genre de témoignages,
04:21 mais à un moment, il faut que ça bouge,
04:24 parce que c'est pas l'impression que ça bouge énormément,
04:27 et il y a urgence.
04:29 Manon, elle fait comment ?
04:30 Elle veut travailler ?
04:32 Elle peut pas cumuler deux emplois ?
04:35 -Il met quand il peut,
04:37 mais on va dire que non, la plupart du temps,
04:41 c'est moi qui suis toute seule.
04:43 Mais c'est pas possible.
04:45 J'aimerais savoir, Macron, quand il dort dans son lit,
04:48 il pense pas à moi, Manon Philippot,
04:50 avec mon petit garçon de 2 ans ?
04:52 Non, il s'en fout.
04:54 Il dort bien avec sa femme, il a son petit chauffage,
04:57 ses chaussons, quand il sort de son lit.
04:59 Je me caille le cul quand je me lève à 7h du matin.
05:02 J'aimerais savoir quelles vont être les solutions.
05:05 Qu'est-ce qu'on peut faire, en fait ?
05:08 Je fais quoi ?
05:09 On attend qu'on se foute en l'air ?
05:11 J'y pense, je me dis...
05:13 -C'est pas la solution.
05:14 -C'est pas la solution, j'ai un enfant.
05:17 -Personne va l'élever après.
05:19 -Ils vont pouvoir trouver d'autres solutions avant.
05:22 C'est un discours que j'entends tous les jours.
05:25 Des gens disent qu'on va se foutre en l'air.
05:28 Il faut que ça bouge vite.
05:30 -A 4h du matin, je réfléchis dans mon lit.
05:32 Je me dis "putain, je vais faire comment demain ?
05:35 "Mon fils a plus de compote, de couches,
05:38 "j'ai plus de lit ni main.
05:40 "Son pantalon est trop petit, il faut que j'en rachète."
05:43 -Comment on fait ?
05:44 -Oui.
05:45 Je fais ma propre lessive.
05:47 En plus, c'est écologique, c'est économique.
05:50 J'en suis arrivée à faire ma propre lessive.
05:53 -Votre propre lessive.
05:55 -Oui.
05:56 -Pour ne pas acheter...
05:58 -Je ne peux plus acheter de lessive.
06:00 -Je vous dis, c'est...
06:02 Il y a énormément de témoignages qui disent
06:05 qu'on se reconnaît en Manon, qu'elle nous touche,
06:08 qu'il faut que ça bouge vite.
06:09 Je le redis, à un moment,
06:11 il y a la réforme des retraites,
06:13 mais il y a également un gros problème au quotidien
06:17 pour les Français.
06:18 Un gros problème qui est là, qui est actuel,
06:21 et il faut que ça bouge.
06:23 Les Français sortent dans la rue pour la réforme des retraites,
06:26 mais c'est un tout.
06:28 Aujourd'hui, ils sont étranglés de plus en plus.
06:31 On voit plein de gens,
06:32 voilà, aujourd'hui,
06:34 on voit plein de gens, même de classe moyenne,
06:37 qui ne s'en sortent pas.
06:39 Personne ne s'est vraiment...
06:41 C'est incroyable.
06:42 -Vous avez proposé un impôt sur les très riches.
06:45 -Oui. -Vous l'aviez proposé à Eran.
06:47 -Non, j'avais proposé un truc.
06:50 J'avais dit...
06:51 C'est limite un prêt qu'on ferait,
06:55 et je pense que j'en fais partie.
06:57 Voilà.
06:59 On ferait à l'étape,
07:00 mais en ce moment, il y a des problèmes.
07:03 2023, il y a la guerre en Ukraine,
07:05 et à la limite, il y a la guerre,
07:07 on voit tout ce qui se passe, l'inflation, etc.,
07:10 et on voit des gens qui sont peut-être pour les aider,
07:14 peut-être faire un super impôt une année,
07:16 et peut-être l'année d'après, qui nous rend de l'argent.
07:20 -Je pense que tous pour. -Tout le monde serait pour.
07:23 Je rigole pas.
07:24 Je pense qu'il faut prendre moi.
07:26 Je vous dis la vérité.
07:28 On prend les 100 000 plus riches de France.
07:31 100 000 plus riches de France.
07:33 Et on leur dit, "Vous allez donner, en plus, cette année,
07:37 "je dis une connerie, peut-être une énorme connerie,
07:40 "je vais faire le calcul, je sais pas combien ça fait,
07:43 "je sais pas, moi, 500 000 euros."
07:46 Une connerie.
07:47 Peut-être qu'on peut trouver des aides avec les boîtes,
07:50 des grosses boîtes.
07:52 Les grosses boîtes, c'est plus facile,
07:54 ils peuvent essayer d'arranger.
07:56 Les grosses boîtes peuvent donner 1 million d'euros par an
08:00 pour l'année 2023.
08:01 Si vous prenez les plus grandes boîtes,
08:04 vous pouvez donner à des gens pour les aider.
08:07 C'est une idée, peut-être, complètement con.
08:10 Peut-être que l'année d'après, ils récupèreraient cet argent.
08:14 Mais aujourd'hui, il faut trouver des solutions.
08:17 Il faut trouver des solutions pour les grandes entreprises.
08:21 Les grandes entreprises disent, "On va donner."
08:24 Qu'ils aident peut-être pour l'emploi.
08:26 Que celui qui donne va avoir moins de charges sur les emplois
08:30 qu'il va créer.
08:32 -Ce sont les autorités salariales.
08:34 -Aujourd'hui, il faut trouver des solutions, elles sont urgentes.
08:38 [Musique]