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00:00 c'est incroyable, ça dit beaucoup de la société, mais il ne faut pas lui donner le poids que ça n'a pas quand même,
00:03 parce que c'est malgré tout très marginal, ces situations-là.
00:07 Mais ça traduit quelque chose qui est le développement du vol, qui est aujourd'hui plus important qu'il ne l'était.
00:13 Et parce que mécaniquement, quand vous êtes confronté à l'envie d'eux, mais que vous n'avez pas la capacité d'eux,
00:18 il y a une partie d'entre nous, c'est un « nous » général évidemment, qui ne sait pas résister.
00:23 Et pour les enseignes, quand vous vous faites voler une bouteille d'alcool ou un filet de bœuf,
00:28 parce que finalement c'est la même somme, ça fait un trou dans la caisse et donc les enseignes, elles réagissent.
00:32 Elles réagissent comme vous l'avez montré, mais encore une fois, je vous le redis, c'est des cas exceptionnels.
00:36 La règle aujourd'hui qui est la plus fréquente, c'est qu'elles sont toutes en train d'investir dans des heures de sécurité.
00:43 Ça veut dire qu'aujourd'hui, il y a un boulevard pour les vigiles, franchement.
00:45 - Je peux dire quelque chose ?
00:47 - Si c'est intéressant.
00:48 [Rires]
00:49 Non, parce que j'ai compris comment ça marche.
00:51 - Non, je ne dis pas de moi, je discute avec un sociologue.
00:53 Ce qui est intéressant, ce n'est pas tant ça.
00:54 En Angleterre, maintenant, sur le beurre, ils mettent des antivols.
00:58 Ce que le sociologue me disait, c'est qu'avant, les gens volaient beaucoup pour du divertissement, du luxe, des jeux.
01:02 - Bien sûr.
01:02 - Aujourd'hui, les gens volent pour manger.
01:04 - Manger, exactement.
01:05 - Justement manger.
01:06 Et quand les gens ont faim, la dernière fois que les gens ont eu faim, c'était 1789.
01:10 Quand les gens ont faim, la faim, c'est la pire des choses, ils descendent dans la rue.
01:13 On est dans une situation, je crois, que personne n'imagine.
01:16 Les gens, même rentrent dans le magasin, ils mangent dans le magasin.
01:18 Ils ne viennent pas voler quelque chose, ils viennent manger.
01:20 Moi, j'appelle ça l'indice ravioli.
01:21 Vous savez qu'il y a l'indice INSEE, on en entend parler tous les jours.
01:24 Aujourd'hui, on est à peu près à 6 % d'évolution de l'inflation.
01:27 Quand on la regarde macro, général, ce que j'appelle l'indice ravioli, parce que c'est la réalité, c'est le prix des boîtes de ravioli.
01:33 En un an, la boîte de ravioli, je prends l'exemple le plus extrême, ça a pris, selon les marques, tenez-vous bien, entre 50 et 80 %.
01:42 Vous entendez ? Oui, oui, bien sûr.
01:43 C'est ce que j'appelle l'indice ravioli.
01:44 Et les gens pour lesquels manger est difficile, ils achètent plus souvent des ravioli qu'ils n'achètent tous les produits qui composent le panier de l'INSEE.
01:52 Et donc, en fait, aujourd'hui, il y a une espèce de hiatus dans la société entre ce que des gens qui sont à la difficulté entendent en disant
01:58 "Ça fait +6, +7, bon, c'est pas violent", et ce qu'ils voient dans les rayons.
02:02 Parce que quand vous voyez que votre boîte de ravioli, il est passé de 2 à 3 €, peut-être que pour nous, ce n'est pas beaucoup.
02:08 Mais pour celui qui n'a pas une thune, c'est énorme.
02:10 Et donc, après, ça peut produire ce genre de comportement.
02:13 Et c'est ça que vous montrez.
02:14 – Alors, on parlait d'un mars rouge.
02:17 – Je parlais même d'un mars rouge, et je l'assume totalement, on y est.
02:20 – On y est là, on y est dans le mars rouge.
02:21 – Oui, bien sûr, le rythme d'inflation, par exemple, la semaine dernière,
02:26 l'inflation sur les grandes marques alimentaires en grande distribution,
02:29 sur la semaine, vous entendez bien, ça a fait +1,1%.
02:33 Si vous le mettez en rythme annuel, c'est juste une construction mathématique, ça fait +50.
02:38 Alors évidemment, ça ne va pas faire ça.
02:39 Et depuis 4 semaines, le rythme ne cesse de s'accroître.
02:43 Donc, on a une accélération.
02:44 Et c'est ça le sentiment de mur dans lequel on est.
02:47 C'est-à-dire qu'on a des clients qui vivent en quelques semaines
02:50 le même niveau d'inflation que ceux qu'ils ont vécu l'année dernière en quelques mois.
02:54 Et donc, quand vous êtes dans la merde, forcément, vous prenez le mur de face.
02:57 – Vous savez, juste sur France 5 hier, je vous ai regardé hier,
02:59 j'ai zappé pendant une pub sur France 5,
03:04 et j'adorais, Alain Duhamel a juste dit une phrase, "Où est Macron ?"
03:07 Depuis le second mandat, pardon, "Où est Macron ?"
03:09 Les retraites, les machins, les gens dans la rue, les gens qui rient de faim,
03:12 j'ai rien contre lui, mais où est-il ?
03:14 – C'est pour ça, par exemple, que moi j'étais favorable
03:17 au panier anti-inflation voulu par Olivier Grégoire,
03:20 du Commerce, parce qu'ils ont fait depuis ce qui s'appelle
03:23 le trimestre anti-inflation, parce que les enseignes n'ont pas voulu en faire un.
03:26 Chacune des enseignes a dit, "Nous, on ne veut pas en faire qu'une,
03:28 mais on veut bien faire chacun le nôtre."
03:29 Ok, très bien, ils ont empaqueté ça en trimestre anti-inflation.
03:33 On peut considérer que c'est la communication gouvernementale.
03:36 Parce qu'effectivement, pour une part, c'est de la com',
03:37 l'inflation ne s'arrêtera pas à la porte des magasins.
03:40 Mais néanmoins, vis-à-vis de ceux qui sont dans la difficulté,
03:42 ça envoie quand même le signal qu'il se passe des choses,
03:45 ils font des choses, peut-être pas assez, mais au moins un peu.
03:47 Et ça peut apaiser le climat social, parce qu'effectivement,
03:49 là on est dans une orgue, on est sur un brasier.
03:51 – Il y a deux questions, il y a une question de Louis Boyard
03:53 et une de Clémentine Autain.
03:54 [Rires]
03:56 – Non mais j'imagine que tout ça a un coût en termes de main-d'œuvre,
03:58 de sécurité, est-ce que ça va encore augmenter les prix des produits,
04:00 le fait de poser des antivols sur chaque produit,
04:02 même de première nécessité ?
04:03 – D'un strict point de vue théorique, oui, parce que chaque geste a un coût.
04:06 D'un point de vue pratique, c'est marginal
04:07 quand vous le ramenez au nombre d'articles concernés.
04:10 Donc oui mais non, ça ne fait pas une réponse très tranchée.
04:13 Mais non, ça n'aura pas d'effet visible.
04:15 L'inflation de l'énergie, des matières premières,
04:18 a plus d'effet manifestement.
04:19 L'inflation en raviolis, c'est plus violent que le coût de l'antivol.
04:23 – Louis ? [Rires]
04:24 – Oui, vous expliquez que c'est marginal,
04:26 mais néanmoins, quand on regarde le profil des voleurs,
04:28 il y a des jeunes, il y a des mères de famille,
04:30 il y a des personnes âgées, ça veut dire que toute la société est touchée.
04:33 C'est ça qui est inquiétant.
04:34 – Parce que toute la société est confrontée à l'inflation,
04:37 et vous savez, la pauvreté ou la difficulté,
04:39 elle ne cible pas tel ou tel.
04:41 Là, on va faire de la sociologie de bas étage peut-être,
04:43 mais c'est quand même ça.
04:44 Malheureusement, ça concerne beaucoup de gens,
04:46 voilà, quelle que soit leur origine, leur âge, voilà.
04:49 – C'est ça qui est grave.
04:50 – Et oui, et là où c'est pire dans ce que l'on vit,
04:53 c'est que la partie de la population
04:55 qui consacre le plus de son budget à la nourriture,
04:57 c'est précisément celle qui a les moindres ressources.
05:00 Donc ça veut dire que quand ils entendent à la radio, à la télé
05:03 que l'inflation fait +6, alors que eux, parce qu'ils ne gagnent pas beaucoup,
05:07 ils consacrent peut-être 40% de leurs dépenses à l'alimentation
05:10 qui elle-même fait 15 ou 20,
05:12 en proportion, ça devient insupportable.
05:14 Parce que c'est les plus fragiles qui sont les plus confrontés
05:17 par l'inflation alimentaire par principe.
05:18 – Séverine ?
05:19 – Mais les vœux aussi se répandent
05:21 parce qu'il y a aussi un problème avec la justice.
05:23 La justice aujourd'hui n'a pas les moyens de poursuivre les choses
05:26 et c'est un peu une forme d'impunité.
05:27 – Mais pour ces larcins-là comme malheureusement pour des tas d'autres.
05:31 Je ne vais pas faire mon réacte là-dessus,
05:33 mais ce n'est pas le seul sujet sur lequel on peut considérer
05:35 que la justice est en manque de moyens.
05:36 – C'est pas le sujet de la justice.
05:38 – Alors, oui.
05:39 – Non mais la société, la publicité a très bien compris
05:43 et les enseignes des supermarchés ont compris d'ailleurs
05:46 dans quelle situation on était parce que la publicité reflète la vraie vie.
05:49 Et là il y a des publicités pour les enseignes que vous avez peut-être vues
05:52 où on voit que 1€ c'est une somme colossale pour les gens.
05:55 Il y a une enseigne qui parle de 1€.
05:57 – L'intermarché qui dit en gros avec 1€ vous êtes déjà riche.
05:59 Bien entendu vous pouvez déjà vous payer ça.
06:01 – Et il y en a une autre enseigne qui parle carrément en disant
06:04 que faire une tiche Lorraine ou avoir des compotes de pommes
06:06 c'est un truc comme un bijou, comme un truc de luxe.
06:09 Donc la publicité reflète ce qui se passe dans la vraie vie des gens.
06:12 – Elle l'exacerbe, mais malgré tout le fond de ce qu'elle raconte
06:15 correspond à une réalité.
06:17 – On peut attendre une fin de la montée des prix quand ?
06:20 – Au mieux au moment de l'été.
06:23 – Ah oui ?
06:24 – Bien sûr, pas avant, mais parce que là on est dans le dur de la ponte.
06:27 – C'est quoi pour vous l'été juillet ?
06:30 – Je pense qu'on a la même définition.
06:31 – Moi c'est le 21 juin.
06:34 – 21 juin je crois que c'est le 21.
06:36 – Mais à peu près oui c'est ça.
06:37 Non mais on n'a pas une date de début, une date de fin.
06:39 Malheureusement, mais vous savez, soyons un peu modestes là-dessus.
06:44 Bruno Le Maire a dit "on va ouvrir des négociations
06:47 pour faire baisser les prix à partir de juin parce que l'inflation baissera".
06:50 Vous savez si demain, je ne suis pas géopolitique,
06:53 mais si demain les Chinois livraient des armes à la Russie pour la guerre en Ukraine,
06:56 vous pensez que ça serait sans effet sur le cours du pétrole ?
06:58 – Bien sûr.
06:59 – Et ça serait une tempête sur le cours de l'énergie.
07:00 Donc envisager, prédire avec certitude qu'en juin ça va baisser,
07:04 c'est pour ça qu'on peut juste dire,
07:07 il y a une probabilité pour que d'ici juin ça va monter,
07:10 là ça monte fort, puis après ça va se calmer un peu,
07:13 mais malgré tout on continue à monter et d'ici au mois de juin,
07:16 il est quand même très improbable qu'on soit à moins de 10-12% d'inflation
07:20 par rapport au 1er janvier.
07:21 – Sur le panier, ils parlent de 20% les économistes,
07:23 sur le panier de la ménagère de 20%, ça s'appelle une inflation galopante.
07:26 Et j'aime beaucoup Bruno Le Maire, mais la dernière fois il a dit
07:28 qu'il allait manager tout ça, il n'a pas managé du tout,
07:31 il essaie de rassurer, il ne peut rien faire.
07:33 Et là les économistes, quand tu leur parles,
07:35 ils parlent d'inflation galopante, ça veut dire qu'on peut aller jusqu'à des 20%.
07:39 – Récession et faillite.
07:40 – Vraiment, moi je suis très inquiet.
07:42 – Tout le monde est très inquiet, merci en tout cas d'avoir été avec nous.
07:45 [Musique]