La parole aux Français du 08/03/2023

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L'actualité vue par les témoins du quotidien, présenté par Clélie Mathias dans #LaParoleAuxFrancais

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00:00:00 Il est 14h sur CNews, bonjour à tous, je suis ravie de vous retrouver.
00:00:04 On va commencer par le journal avec Michael Dorian. Bonjour Michael.
00:00:08 Bonjour Clélie, bonjour à tous.
00:00:09 Si vous avez prévu de visiter le Louvre aujourd'hui, vous n'avez peut-être pas choisi le bonjour des salariés grévistes.
00:00:14 Manifestes à l'intérieur du musée, plusieurs salles pourraient donc être fermées cet après-midi.
00:00:20 Ce matin, les manifestants ont occupé la salle de la Joconde pour affirmer aussi leur solidarité en ce 8 mars avec les luttes des femmes.
00:00:29 Les grèves qui se poursuivent ce mercredi dans de nombreux secteurs, notamment dans les raffineries et les dépôts pétroliers.
00:00:36 C'est le cas à Ambès, en Gironde, où des blocages ont eu lieu cette nuit. Jusqu'à ce matin, les précisions d'Antoine Estève.
00:00:43 Alors les manifestants qui se trouvent dans ces tentes à l'entrée des dépôts pétroliers de la Gironde ne sont pas, à proprement parler,
00:00:49 des syndicalistes de l'usine d'essence qui se trouve ici, mais un collectif de syndicalistes, de forces ouvrières et de la CGT notamment,
00:00:56 qui s'est uni avec des gilets jaunes locaux autour d'un collectif local et qui ont décidé, pendant la nuit, de 3h à 10h du matin,
00:01:05 de bloquer l'entrée de cette énorme usine d'essence. Alors, 150 camions environ ont été empêchés de faire le plein,
00:01:11 ce qui représente beaucoup de stations-service et de grandes distributions au niveau de l'essence dans la région.
00:01:15 Et ils ont surtout annoncé qu'ils allaient encore faire des blocages d'ici la fin de la semaine.
00:01:20 Alors, pas forcément des blocages de plusieurs journées, comme ça s'est vu dans les précédents conflits sociaux,
00:01:26 mais des blocages de quelques heures, comme celui-ci, pour empêcher tout simplement les camions d'entrer et de faire le plein.
00:01:31 Même chose pour les dockers à Marseille, où une opération port-morts a été lancée.
00:01:36 Les agents du port bloquent tous les accès depuis 5h ce matin. Conséquence, aucun poids lourd n'entre ni ne sort.
00:01:42 Les seules personnes autorisées à circuler dans cette zone sont les agents de sécurité.
00:01:47 Et alors que la grève se poursuit aussi aujourd'hui à la SNCF, il est désormais possible d'acheter ses billets de train pour les vacances d'été.
00:01:56 Les réservations sont ouvertes depuis 6h ce matin. On fait le point avec Maxime Lavandier.
00:02:00 Depuis 6h ce matin, la SNCF a ouvert le guichet pour les billets de cet été.
00:02:06 Des billets allant de la période du 8 juillet au 9 décembre 2023.
00:02:09 Et pour acheter vos billets, c'est très simple. Il suffit de vous rendre sur le site internet www.sncf-connect.com.
00:02:17 Ou sur le site wigo.com.
00:02:19 Par exemple, pour un Paris-Bordeaux, le 10 juillet, le billet vous coûtera 74 euros.
00:02:24 Pour un Lyon-Marseille, à la même date, cela vous coûtera entre 40 et 60 euros.
00:02:28 Petit conseil tout de même, n'attendez pas trop longtemps avant de prendre vos billets.
00:02:31 Plus vous attendez, moins il y en a et plus les prix augmenteront.
00:02:34 Dernière petite astuce, lorsque vous vous rendrez sur l'un des sites proposés, pensez à vous mettre en navigation privée.
00:02:40 Car si vous n'achetez pas de suite votre billet et que vous revenez sur le site plus tard, vous verrez que le prix de ce billet aura augmenté.
00:02:47 Donc comme ça, pas de surprise sur le billet de votre destination, vous pourrez donc partir l'esprit léger.
00:02:52 Et puis Corinne Diacre dénonce une opération de déstabilisation.
00:02:58 La sélectionneuse de l'équipe de France féminine de football se dit pleinement déterminée à mener sa mission au Mondial 2023.
00:03:06 En poste depuis 2017 et sous contrat jusqu'à l'été 2024, Corinne Diacre est visée par des critiques de plusieurs cadres de l'équipe,
00:03:13 parmi lesquels la capitaine Wendy Renard et les attaquants de vedettes Marie-Antoinette Catoto et Kadidiatu Diani.
00:03:20 Elles ont depuis décidé de se mettre en retrait de la sélection.
00:03:23 C'est la fin de ce journal, bonne après-midi sur CNews.
00:03:27 La parole aux Français à présent, c'est avec Lely Mathias et ses invités.
00:03:30 Merci Michael et mes invités.
00:03:32 Yvan Rioufol, bonjour, bienvenue.
00:03:34 Mathieu Langlois, bonjour également et bienvenue.
00:03:37 Nous sommes le 8 mars, c'est la journée internationale des droits des femmes, vous le savez, dans le monde.
00:03:42 Plusieurs manifestations sont organisées pour défendre les droits bafoués dans de nombreux pays.
00:03:48 En France, de nombreuses manifestations prévues également, notamment à Paris.
00:03:52 Place de la République direction Place de la Nation à partir de 14 heures, donc à partir de maintenant.
00:03:58 Alors évidemment, aujourd'hui, au lendemain de cette journée de mobilisation en hausse, d'ailleurs contre la réforme des retraites,
00:04:04 les sujets des droits des femmes et de la réforme des retraites sont intimement liés, mais pas seulement, pas que.
00:04:10 On va aller tout de suite, Place de la République à Paris, donc retrouver nos reporters sur place et retrouver Mélissa.
00:04:16 Bonjour.
00:04:18 Bonjour.
00:04:19 Vous avez 67 ans, vous acceptez de témoigner, vous avez quand même mis des lunettes et un bonnet.
00:04:24 Vous essayez de vous cacher. Expliquez-nous pourquoi. Expliquez-nous votre situation et dites-nous pourquoi vous êtes là aujourd'hui
00:04:31 et pourquoi il était important pour vous de venir aujourd'hui manifester à Paris, alors que je crois, vous allez me dire si je me trompe,
00:04:39 que vous n'habitez pas la capitale.
00:04:42 Pardon?
00:04:44 Je crois que vous n'habitez pas à Paris. Pour vous, c'était important de venir quand même.
00:04:49 Oui, oui, oui, j'habite pas à Paris. J'habite à plus de 350 kilomètres.
00:04:55 Je viens, je viens, je viens, j'ai venu sur Paris parce que je dois témoigner que voilà, que j'ai, je pense que être là avec les manifestants,
00:05:07 c'est très important pour moi parce que j'ai une petite retraite à 900 euros par mois.
00:05:15 J'arrive pas à m'en sortir quand je paye mon loyer.
00:05:19 Je paye tout. Il me reste exactement 27 euros pour vivre là pour le mois.
00:05:23 Alors je suis révoltée. Voilà mon problème, c'est là, quoi, parce que je suis obligée de faire le ménage pour suffire à mes besoins.
00:05:33 Et donc là, aujourd'hui, si vous êtes à la fois pour les femmes et à la fois aussi contre la réforme des retraites, j'imagine.
00:05:39 Exactement, parce qu'hier, j'ai fait la manif pour les retraités. Aujourd'hui, pour le droit des femmes, qu'on soit libre de nos mouvements,
00:05:49 qu'on soit libre aussi de faire tout ce qu'on a envie de faire.
00:05:53 Vous estimez que cette réforme, elle est totalement injuste vis-à-vis des femmes qui vont devoir travailler plus longtemps,
00:05:57 alors que souvent, on le sait, les carrières des femmes sont beaucoup plus hachées, interrompues.
00:06:01 Excusez-moi, pardon, excusez-moi parce qu'il y a du bruit.
00:06:05 Oui, je sais que c'est difficile d'entendre, surtout en pleine manifestation.
00:06:08 Donc je le comprends. Je vais reposer ma question.
00:06:10 En fait, vous estimez que la réforme voulue par le gouvernement, elle est injuste vis-à-vis des femmes qui vont devoir travailler plus longtemps,
00:06:17 alors que souvent, déjà, les carrières des femmes sont interrompues.
00:06:23 Oui, c'est ça, justement. J'ai 67 ans et puis il fallait que je travaille pour faire quelques heures de ménage pour finir mes fins du mois.
00:06:31 C'est pas normal, c'est pas juste. Je veux dire, ils donnent 18, 25 ans à l'RSA et puis tous les aides qu'ils veulent.
00:06:40 Mais nous, on trime, quoi. On trime. C'est ça que c'est malheureux. C'est ça qui est malheureux.
00:06:45 Parce que les jeunes, ils peuvent travailler, mais nous, on arrive à un certain âge.
00:06:49 C'est vrai qu'on est épuisés. Et puis en plus, j'ai une maladie, que je fais une grosse dépression.
00:06:56 J'ai pas sur ma tête, c'est pas une tête, c'est une cocotte minute, quoi. Je vis avec jour et nuit.
00:07:02 J'ai même pas le moyen pour me soigner. Ils disent que oui, c'est bien beau.
00:07:07 Il y a les faire faire le yoga bien beau, parler, mais il faut les moyens. Il faut les moyens.
00:07:13 Moi, j'ai pas les moyens. Oui, on entend. Et vous êtes à l'âge auquel vous auriez dû partir déjà en retraite.
00:07:20 Une question pour vous en plateau de Mathieu Langlois.
00:07:22 J'ai pas compris ce que vous faisiez, mais ça comme métier. Moi, j'étais ouvrière dans une usine.
00:07:30 J'ai travaillé jusqu'à 20 ans, jusqu'à 60 ans pour toucher une retraite de misère.
00:07:37 900 euros, c'est honteux. Donc là, vous êtes actuellement, vous êtes vous êtes retraité.
00:07:45 Oui, je suis retraitée depuis six ans. Oui, mais je suis obligée de.
00:07:49 Je suis obligée de continuer de travailler parce qu'il me reste.
00:07:52 Il me reste 27 euros exactement pour finir mes fins du mois, mais je peux pas.
00:07:56 Il fallait que je travaille. Oui, on entend.
00:07:59 J'ai des minages. On l'entend. Merci beaucoup pour votre témoignage, Mélissa.
00:08:03 Merci beaucoup. Vraiment. Et merci à Augustin Donat Dieu et Jules Bedeau.
00:08:08 Un peu plus loin, non loin de vous. Grâce aux équipes de Jeanne Cancard et Fabrice Elsener,
00:08:12 nous sommes en ligne avec Louise. Louise, vous êtes professeure des écoles. Bonjour.
00:08:18 Expliquez nous pourquoi il était important pour vous d'être ici, place de la République, en ce 8 mars?
00:08:27 Déjà, c'est la grève féministe et donc une grève internationale pour le droit des femmes.
00:08:33 Donc, ça me paraît essentiel que tout le monde, hommes et femmes, soit dans la rue ce jour là.
00:08:38 Et puis là, dans notre actualité brûlante, finalement, je suis très militante contre cette contre réforme des retraites.
00:08:46 Et ça me paraît essentiel d'être là aussi pour cette raison là.
00:08:50 Vous avez dit que c'était important pour les hommes et pour les femmes d'être ici en ce 8 mars et de manifester,
00:08:56 justement, pour davantage d'égalité. Et puis, vous avez rajouté contre la réforme des retraites, selon vous.
00:09:02 Est-ce que vous voyez beaucoup d'hommes autour de vous? Oui, après, je suis peut être particulière,
00:09:08 mais je suis venue avec des collègues, donc des hommes et ma famille qui a des hommes à l'intérieur.
00:09:14 Donc, oui, quand même. Et quelles sont les revendications?
00:09:17 Donc, au-delà de la réforme des retraites, qu'est ce que vous voyez sur les pancartes?
00:09:20 Racontez-nous un petit peu la manifestation, ce début de manifestation.
00:09:24 Elle ne vient que de commencer. Que vous voyez autour de vous?
00:09:28 La justice pour toutes. Le fait d'être davantage écouté, de pouvoir parler des violences qui sont faites à chacune paisiblement.
00:09:38 Il y a aussi beaucoup de volonté pour dire qu'il faut davantage prendre de l'espace.
00:09:43 Et le fait de dire que "me too", ça n'est pas une anecdote, mais c'est quelque chose qui est profond et qui se poursuit.
00:09:49 Et puis, évidemment, le fait que les femmes sont moins bien payées.
00:09:54 On ne reconnaît pas assez le travail domestique, que la charge mentale n'est pas assez partagée.
00:10:00 Et donc, voilà, c'est ce que je vois autour de moi.
00:10:04 Vous êtes jeune. Est ce que vous pensez que votre génération, les femmes de votre génération sont quand même davantage entendues,
00:10:11 qu'il y a eu des progrès par rapport aux générations précédentes, par rapport à votre mère, par exemple?
00:10:16 Oui, après, je pense qu'on a qu'on est ambitieuse et qu'on a décidé qu'on n'allait pas s'arrêter là
00:10:22 et que le but, c'est une vraie libération de la situation des femmes et que c'est pas parce que des choses ont bougé qu'il faut s'arrêter.
00:10:32 Le combat n'est pas terminé. Une question au plateau de Mathieu Langlois.
00:10:35 Les progrès doivent être surtout faits par les hommes de sa génération et même des générations plus jeunes.
00:10:41 Ce n'est pas tellement les femmes qui doivent changer.
00:10:44 C'est les hommes.
00:10:46 Oui, je suis assez d'accord.
00:10:48 Et là, il y a beaucoup de choses qui sont faites du côté des femmes.
00:10:51 On a de la littérature, des organisations, de la manifestation.
00:10:56 Maintenant, c'est aux hommes de s'organiser, de réfléchir à ce qu'ils ont, ce qu'ils veulent, ce dont ils ont besoin pour vivre davantage et mieux
00:11:03 et ne pas être vécus comme des oppresseurs avec leur compagnie.
00:11:06 Laissez un peu de la place aux femmes. Yvan Rioufol, une question ?
00:11:10 Non, j'ai bien apprécié le fait que Louise demande aux hommes de venir rejoindre les femmes.
00:11:15 Parce que ce que je crains toujours dans ces mouvements féministes, c'est que cela attise inutilement une sorte de guerre des sexes
00:11:21 en désignant l'homme comme étant le coupable idéal.
00:11:24 Naturellement, ce n'est pas ce que vous dites, j'ai bien compris.
00:11:26 C'est ce que l'on entend parfois dans des mouvements féministes et cela devient assez irritant.
00:11:29 Et je pense que cela nuit à la cause.
00:11:31 Et en l'occurrence, là, pour la question des retraites, il faut naturellement reposer la question de l'inégalité, en effet, des femmes par rapport aux hommes.
00:11:39 D'autant plus que parmi les femmes, il y en a beaucoup qui sont mères de famille.
00:11:43 Et ce sont passé précisément parce qu'elles ont été mères de famille qu'elles ont eu des carrières hachées
00:11:48 et que ces conditions familiales-là n'ont plus été prises.
00:11:52 Il y a eu à un moment donné une politique familiale qui avait été avalisée par beaucoup de gouvernements,
00:11:57 mais qui a été cassée notamment par François Hollande, puis par d'autres, puis par ses successeurs.
00:12:03 Et je pense qu'il faut repenser également cette politique familiale-là.
00:12:07 Et quand j'entends des féministes dire, comme Mme Rousseau, qu'elles ne sont pas des utérus,
00:12:12 je trouve que ceci est très choquant parce que dans le fond, on peut également avoir une réflexion à porter sur les femmes qui sont également mères de famille.
00:12:21 Il n'y a pas de honte à cela.
00:12:22 Louise, est-ce que vous vous décrivez comme une militante féministe ?
00:12:27 Oui.
00:12:29 Dans quel sens justement ?
00:12:30 Je ne sais pas si je dois développer.
00:12:32 Oui, c'est mieux.
00:12:35 Oui, parce que c'est un discours que j'ai au quotidien.
00:12:40 Je suis professeure et dans ma classe, ce sont des questions qu'on se pose.
00:12:44 J'organise ma classe aussi pour que la parole des garçons et des filles soit égalitaire,
00:12:49 pour que chacun se pose la question de sa place.
00:12:52 C'est la même chose avec des collègues, c'est la même chose en famille, c'est la même chose dans la rue.
00:12:56 Donc en fait, quand cette question-là traverse tous les moments de l'existence, c'est qu'on est militant.
00:13:01 C'est la même chose dans mes couples.
00:13:03 Donc effectivement, oui, je suis militante.
00:13:06 Oui, Mathieu Langlois.
00:13:08 Vous enseignez dans le primaire, si j'ai bien compris.
00:13:13 Excusez-moi, je ne vous ai pas entendues.
00:13:14 Je demandais si vous enseignez dans le primaire.
00:13:19 Oui, c'est ça.
00:13:20 D'accord.
00:13:21 Moi, j'ai une question, c'est une remarque.
00:13:23 Aujourd'hui, c'est la journée de la femme.
00:13:25 Internationale des droits des femmes.
00:13:26 Voilà, c'est une journée internationale.
00:13:28 Et j'ai l'impression que, ce qui est tout à fait compréhensible, c'est qu'on mélange,
00:13:33 on fait un amalgame entre la journée d'hier, dans lequel évidemment, la part du travail des femmes
00:13:40 et comme l'a dit Yvan Rufolle, a été à mon avis très, très mal amenée par le gouvernement.
00:13:47 Ils avaient une vraie occasion là, en l'occurrence, de justement revaloriser le travail des femmes.
00:13:52 Mais là, sur la journée de la femme, qui dépasse largement le problème des retraites,
00:13:58 je trouve qu'on fait un peu un amalgame entre là, Mélissa et Louise qui ont pris la parole.
00:14:03 Est-ce que vous n'avez pas peur, justement, que trop de combats, tous justifiés, mais trop de combats,
00:14:10 finalement, vous...
00:14:12 Éteignent un peu les autres combats, qu'ils ne soient plus entendables, c'est ça ?
00:14:15 Oui, non, c'est pas "vous desservent", mais...
00:14:18 Moi, je pense que si on ne les entend pas, c'est qu'on est sourds.
00:14:20 Mais on les entend, sauf que là, on ne sait pas lequel... Il faut faire des "priorités".
00:14:26 Oui, peut-être que la question, Mathieu Langlois, c'est celle-ci.
00:14:28 Est-ce que le fait d'avoir... On est en tout cas en France, en pleine contestation de la réforme des retraites,
00:14:33 en pleine discussion de ce texte au Parlement.
00:14:35 Est-ce que ça ne va pas éclipser d'autres sujets, comme par exemple l'égalité salariale,
00:14:40 comme par exemple les violences conjugales, comme par exemple d'autres...
00:14:42 Pas tout seul, Catherine.
00:14:42 D'autres sujets en lien, bien sûr, avec l'égalité femmes-hommes.
00:14:47 Est-ce que vous ne pensez pas que la réforme des retraites va éclipser un peu ces sujets-là,
00:14:50 qui mériteraient d'être mis en avant, notamment en celui Mars ?
00:14:54 Non, je ne pense pas du tout, parce que la révolte qu'il y a contre cette contre-réforme des retraites,
00:15:00 elle permet... Elle énerve finalement tous les sujets actuels qui posent problème,
00:15:06 et par exemple la maltraitance qui est faite dans tous les services publics.
00:15:10 Donc finalement, une première porte d'entrée est cette contre-réforme des retraites,
00:15:15 où on est vraiment révolté.
00:15:18 Maintenant, ça permet d'ouvrir le débat sur le fait qu'il faut changer de paradigme économique,
00:15:24 il faut changer de paradigme politique, et ça commence par cette révolte-là,
00:15:28 et j'espère qu'elle ne se finira pas juste avec la question des retraites.
00:15:34 Oui, je comprends, vous essayez de tout mener de front, et c'est évidemment audacieux.
00:15:39 Et vous avez raison, les combats sont quand même aussi intimement liés dans l'égalité,
00:15:44 notamment au travail.
00:15:46 Peut-être une réflexion, une remarque ? Une question d'Yvan Rioufol ?
00:15:49 Non, je m'interrogeais de savoir ce qu'il fallait entendre quand vous suggériez de changer de paradigme politique.
00:15:55 Qu'est-ce que vous entendez par là ? Est-ce que vous voulez changer de système ?
00:15:58 Est-ce que c'est ce système-là, le système libéral, dans le fond,
00:16:02 qui permettrait également l'exploitation de la femme ?
00:16:05 Est-ce que c'est ce que vous dites ou pas ?
00:16:08 Oui, je pense que le système libéral et ultralibéral, il est mortifère sur plein de domaines,
00:16:13 et qu'on a besoin de changer de paradigme politique.
00:16:16 Et on a vu des essais de démocratie directe avec la Convention citoyenne,
00:16:20 et pour le climat, qui aurait pu être génial.
00:16:23 On a vu que ça a été réutilisé, mal utilisé, et puis ensuite vidé de sa substance.
00:16:29 Et on sait très bien que si on fonctionne pareil, les mêmes causes font les mêmes résultats.
00:16:35 Et là, on a besoin de résultats différents.
00:16:37 Donc il faut une organisation différente, politique, sociale, économique.
00:16:41 Et celle qui est proposée par nos dirigeants, elle ne nous convient plus, depuis longtemps.
00:16:45 Alors, je m'éloigne un peu de la politique.
00:16:47 Une autre question, comme vous êtes professeure des écoles,
00:16:49 et que vous voyez tous les jours des petits garçons, des petites filles,
00:16:51 est-ce que vous avez l'impression quand même, avec le temps qui passe,
00:16:56 et en en étant témoin, que quand même, ce sujet-là, cette égalité entre les hommes et les femmes,
00:17:02 entre les petits garçons et les petites filles, ça évolue ?
00:17:05 Et qu'un petit garçon n'a pas le même regard sur une petite fille,
00:17:09 même si c'est à leur échelle, qu'il pouvait y avoir il y a quelques années.
00:17:15 Est-ce que ces différences de genre sont moins marquées ?
00:17:19 Oui, après il y a des choses qui restent et qui sont très marquantes.
00:17:23 Dans les cours de récréation, les garçons prennent énormément plus de place,
00:17:27 et c'est très difficile pour eux de réduire leurs espaces, ou de laisser plus de place aux filles,
00:17:32 ou bien de dire aux filles "mais allez-y, prenez de l'espace".
00:17:34 Ça, ça existe toujours.
00:17:35 Par contre, le fait de naturellement écrire des choses inclusives
00:17:40 chez les garçons ou chez les filles de ma classe ou des classes voisines,
00:17:43 c'est devenu presque une norme ou une habitude, ou moins un questionnement.
00:17:48 Le fait qu'on interroge un garçon puis une fille, un garçon puis une fille,
00:17:52 de manière un peu plus égalitaire, il y a moins de colère de la part des garçons
00:18:00 qui ont l'impression que ce ne serait pas juste qu'ils aient le droit de prendre la parole
00:18:02 de manière intempestive, et les petites filles sont très très revendicatives,
00:18:07 et c'est très joyeux à voir.
00:18:09 C'est intéressant parce que finalement l'éducation et la jeunesse,
00:18:14 les futurs hommes et les futures femmes, ça commence dès maintenant,
00:18:16 donc ça commence sur les bancs de l'école.
00:18:18 Là, vous, vous en êtes témoin, et c'est important que le regard soit formaté
00:18:22 et soit différent à partir de cet âge-là.
00:18:24 Est-ce que vous avez aussi l'impression que les programmes,
00:18:27 et que la manière d'enseigner de la part de vous comme d'autres professeurs,
00:18:31 de vos collègues, a changé ?
00:18:33 Oui, après je ne me permettrai pas de citer précisément les programmes,
00:18:40 par contre ce qui est sûr c'est qu'en tant qu'individu,
00:18:42 ce sont des questions qui se posent dans nos vies quotidiennes,
00:18:46 et donc qu'on discute entre collègues et ensuite qu'on fait vivre dans nos classes,
00:18:51 donc c'est sûr que nos manières d'être sont différentes.
00:18:56 C'est sûr qu'on a changé, on n'est pas les mêmes professeurs qu'il y a 10 ans.
00:19:03 Yvan Rioufol ?
00:19:05 J'ai peut-être mal compris, mais est-ce que dans votre promotion de l'école inclusive,
00:19:11 c'est ce que j'ai cru comprendre, ce que vous défendiez comme axe politique,
00:19:15 est-ce que vous défendez à travers cette école inclusive l'indifférenciation des sexes,
00:19:20 comme on peut prôner l'indifférenciation des cultures et des origines ?
00:19:25 Est-ce que c'est ceci ce que vous êtes en train de nous demander ?
00:19:27 Pour être encore plus clair, est-ce que vous êtes réceptive à l'idéologie woke,
00:19:31 qui elle ne veut plus faire de différence et qui prône dans le fond la grande indifférenciation générale ?
00:19:37 Alors moi ce que je disais en parlant d'inclusive, je parlais de l'orthographe inclusive,
00:19:41 donc ça n'avait pas de rapport.
00:19:43 Pour moi le wokisme, j'ai l'impression que c'est un peu une invention,
00:19:52 enfin on ne sait pas très bien ce qu'il y a derrière,
00:19:54 je ne suis pas pour l'indifférenciation des sexes,
00:19:56 je pense que plus on est différent et mieux c'est,
00:19:58 et par contre le fait d'argumenter ces différences, de les accepter,
00:20:03 de les trouver fortes, enthousiasmantes, joyeuses, ça me paraît essentiel.
00:20:08 Oui, Yvon Réufoil est allé un peu plus loin à partir de sa question,
00:20:12 mais c'est sa grande spécialité, vous avez très bien répondu et très bien réagi.
00:20:16 Est-ce qu'il y a beaucoup de monde à la manifestation ?
00:20:18 On sait que c'est le début, le cortège va partir de la place de la République jusqu'à la place de la Nation.
00:20:23 Est-ce que vous êtes satisfaites de ce rassemblement,
00:20:27 de l'élan qu'il peut y avoir aujourd'hui en celui mars,
00:20:31 encore une fois parce que c'est une date importante, c'est une date symbolique ?
00:20:33 J'aurais adoré que la manifestation d'hier invite tous les syndicats à revenir,
00:20:40 tous les syndiqués et tous les manifestants à revenir aujourd'hui pour soutenir les femmes,
00:20:44 ça aurait été vraiment quelque chose d'extraordinaire s'il y avait autant de monde.
00:20:48 Par contre ce qui est vraiment chouette ici et maintenant,
00:20:51 c'est qu'il y a des hommes, des femmes, plein de pancartes, des gens très enthousiastes
00:20:56 et qui ont soif de l'avenir et de la grève générale à venir, nous l'espérons.
00:21:03 Est-ce que vous avez vu des leaders syndicaux, des leaders politiques,
00:21:07 venir se mêler aux manifestants ?
00:21:10 Pas encore, mais j'imagine qu'ils sont là, mais je n'en ai pas vu encore.
00:21:14 Mathieu Langlois.
00:21:15 Je pense que Louise a raison, moi j'attendrai qu'il y ait même surtout plus de monde à la manif aujourd'hui,
00:21:21 que celle d'hier, même si je comprends très bien le combat contre cette réforme,
00:21:26 je ne reviens pas là-dessus, mais la cause des femmes,
00:21:31 et on a vu que c'était tellement large et indispensable pour faire changer notre société,
00:21:38 qu'on attendrait quand même qu'il y ait beaucoup plus de monde à la journée d'aujourd'hui.
00:21:43 On le voit, il y a moins de monde en termes de leaders politiques ou syndicaux,
00:21:51 je ne suis pas sûr que ce soit la place des syndicats,
00:21:53 mais on attend aussi une parole de gens engagés,
00:21:59 ou en tout cas aux commandes du pays sur le plan politique.
00:22:04 Oui, après ce qu'on veut aussi c'est que ce soit une journée où ce sont les femmes qui ont la parole,
00:22:10 et comme beaucoup de dirigeants sont des dirigeants hommes,
00:22:12 c'est bien, oui c'est vrai, mais qu'il y ait une majorité qui soit en sourdine,
00:22:17 c'est bien pour aujourd'hui, je pense.
00:22:19 Et puis vous avez dit qu'on a tous, avec Yvan Rioufol,
00:22:22 on a noté que vous appeliez qu'il y ait autant d'hommes que de femmes à votre manifestation,
00:22:26 et ça c'est évidemment ce qu'on a envie d'entendre.
00:22:28 C'est plutôt positif, oui, bien sûr.
00:22:30 Et oui, Yvan, vous vouliez rajouter ?
00:22:32 Non, non, mais je pense que peut-être,
00:22:34 on se plaint, on constate qu'il y a peut-être moins de monde qu'espéré,
00:22:37 c'est ce que je crois comprendre des observations,
00:22:39 et donc peut-être y a-t-il une explication aussi, en tout cas c'est celle que je propose,
00:22:42 c'est que les femmes ont largement déjà gagné ce combat-là,
00:22:45 naturellement, ils restent encore à la marge
00:22:47 des combats inégalitaires,
00:22:49 notamment dans les salaires sur les retraites, on est bien d'accord.
00:22:51 Je ne sais pas si on peut appeler ça à la marge, mais...
00:22:53 Oui, mais d'abord c'est pas...
00:22:55 Mais vous avez raison, mais c'est pas à la marge non plus,
00:22:57 mais enfin je veux dire que globalement, plus généralement,
00:22:59 il me semble que les femmes ont très largement gagné
00:23:01 le combat politique vis-à-vis des hommes,
00:23:03 et que ce sont les hommes aujourd'hui, presque,
00:23:05 qui seraient en droit de réclamer qu'il y ait un mouvement de libération des hommes
00:23:09 comme il y a eu un mouvement de libération des femmes.
00:23:11 Vous avez donné la parole à Louis, je suis sûre qu'elle va vous répondre.
00:23:13 En tout cas, je pense que ce qu'on peut dire des hommes,
00:23:18 c'est le fait qu'ils aient à prendre leur part,
00:23:20 parce qu'on n'est pas là pour les éduquer,
00:23:22 on n'est pas là pour leur expliquer en quoi
00:23:24 leur éducation est genrée,
00:23:26 et en quoi leur éducation est oppressive sur les femmes.
00:23:30 Maintenant, non, je crois pas que tout soit gagné pour les femmes,
00:23:35 loin de là, quand on voit le besoin de justice et d'écoute qu'il y a,
00:23:39 non, c'est pas gagné.
00:23:41 Les charges mentales imposées aux femmes qui sont maires,
00:23:43 non, c'est vraiment pas gagné.
00:23:45 Et quand vous voyez malgré tout que les femmes ont accès...
00:23:49 Vous coupez la parole à un autre homme, Yvan Riffold.
00:23:51 Ah pardon, ça va, un autre homme en allant.
00:23:53 Quand vous voyez que les femmes ont très largement accès malgré tout au pouvoir,
00:23:57 à tous les postes de pouvoir, il me semble...
00:24:01 Vous avez vu au CAC 40, les dirigeantes, elles sont pas nombreuses.
00:24:03 Moi je suis pas d'accord.
00:24:05 Je suis sur un terrain glissant avec vous.
00:24:07 Mais malgré tout, j'insiste pour constater que les femmes,
00:24:09 aujourd'hui, ont gagné le pouvoir politique.
00:24:11 Je suis pour une fois pas d'accord avec Yvan Riffold.
00:24:15 Mais je pense que, clairement, et Louise l'a dit,
00:24:17 dans les faits, on est loin du compte.
00:24:21 Il y a peut-être une modification de l'état d'esprit,
00:24:23 mais dans les faits, on est loin du compte.
00:24:25 Louise a pas cité, mais je pense qu'elle voulait le dire.
00:24:27 C'est-à-dire que quand on voit le nombre de violences encore faites aux femmes,
00:24:31 là, là-dessus, on peut absolument pas se satisfaire.
00:24:35 On va les citer, on en parlera.
00:24:37 Un grand merci, Louise, d'avoir participé, finalement, à ce débat avec nous.
00:24:41 On vous laisse rejoindre le cortège et manifester en cette journée internationale du droit des femmes.
00:24:46 Merci encore. Merci aussi à Jeanne Cancard et à Fabrice Elsner pour la mise en image.
00:24:50 On se retrouve juste après la pub et on va parler, toujours, de ce 8 mars,
00:24:53 de l'importance de ce 8 mars pour les droits des femmes.
00:24:56 Et puis, dans le contexte français, sur la réforme des retraites,
00:24:59 on parlera également des violences conjugales.
00:25:01 Et vous pourrez entendre une victime de violences conjugales.
00:25:03 A tout de suite.
00:25:06 Il est 14h30. Bonjour à tous. Merci de nous rejoindre.
00:25:11 On va commencer par le Flash Info. Somaïa Labidi.
00:25:14 Les compagnies aériennes contraintes de réduire la voilure
00:25:19 à la demande de la Direction générale de l'aviation civile.
00:25:22 Les transporteurs vont restreindre leurs vols de 20 à 30 % jeudi et vendredi.
00:25:27 Une décision qui fait suite au mouvement social des contrôleurs aériens.
00:25:31 Attaquée mais déterminée, Corinne Diac-Renton menera bien sa mission,
00:25:35 emmener ses joueuses au Mondial 2023, malgré une campagne de dénigrement.
00:25:40 Le comité exécutif de la Fédération française de football
00:25:43 évoquera l'avenir de la sélectionneuse des Bleus dès ce jeudi.
00:25:47 Et puis, toujours en football, le PSG joue son avenir européen ce soir à Munich.
00:25:52 Après leur défaite, 1-0 à l'allée au Parc des Princes.
00:25:56 Les Parisiens doivent s'imposer en Allemagne.
00:25:58 Pour se qualifier en quart de finale, le PSG devra faire sans Neymar,
00:26:02 mais avec le duo Mbappé-Messi.
00:26:04 Une rencontre que vous pourrez suivre dès 21h sur les antennes de Canal+.
00:26:09 Et je suis toujours en compagnie de Mathieu Langlois et d'Yvan Rillaufoll.
00:26:13 Nous sommes le 8 mars, c'est la journée internationale des droits des femmes,
00:26:15 avec plusieurs manifestations, rassemblements qui sont organisés dans le monde entier.
00:26:19 En France aussi, à Paris également.
00:26:22 Alors, cette manifestation, ces rassemblements ont lieu
00:26:26 en faveur des droits des femmes et de ce combat,
00:26:29 mais ils se mêlent, vous le savez, à une autre actualité,
00:26:32 qui est la contestation de la réforme des retraites,
00:26:34 et notamment concernant les femmes, parce que les femmes sont pénalisées
00:26:37 par cette réforme des retraites, au vu de leur carrière,
00:26:41 qui sont souvent, en tout cas plus que les hommes,
00:26:43 hâchées durant leur vie active, notamment en raison des grossesses.
00:26:50 Avant qu'on revienne à la manifestation,
00:26:53 elle est partie à Place de la République à Paris depuis une demi-heure maintenant,
00:26:58 direction Place de la Nation.
00:27:00 On va écouter ce qui s'est passé hier à l'Assemblée nationale.
00:27:03 Aurore Berger, de la majorité, qui portait une proposition de loi
00:27:09 pour que les hommes condamnés pour des violences conjugales
00:27:15 ne soient plus éligibles.
00:27:18 Elle a été prise à partie par les membres de la NUPES,
00:27:20 qui ont voté contre cette proposition de loi,
00:27:22 et elle en a été émue aux larmes.
00:27:24 Ecoutez, regardez cette séquence.
00:27:26 [Applaudissements]
00:27:32 Vous m'obligez à conclure de cette manière-là ?
00:27:35 Est-ce que vous faites ? Est-ce que vous faites ?
00:27:38 C'est indigne.
00:27:40 Vous ne savez pas.
00:27:43 Je n'accepte pas.
00:27:45 Et je n'ai pas à accepter.
00:27:47 Je n'ai pas à accepter.
00:27:49 Aucune femme dans cet hémicycle n'a accepté les procès
00:27:52 en opportunisme politique sur la question des violences.
00:27:55 Aucune femme.
00:27:58 Personne ne sait ici l'intimité de ce que nous pouvons vivre
00:28:01 ou de ce que nous avons vécu.
00:28:03 Mais oui.
00:28:05 Oui.
00:28:06 Je sais exactement de quoi je parle quand je parle des violences conjugales.
00:28:09 Oui.
00:28:10 Voilà, cette proposition de loi a été rejetée, je le disais.
00:28:14 Elle est entendue imposer une peine d'inéligibilité
00:28:16 à davantage d'auteurs de violences,
00:28:17 notamment les auteurs de violences conjugales ou intrafamiliales,
00:28:22 après ce qui s'est passé avec l'affaire Katniss.
00:28:25 Et Aurore Berger, on est venu à avoir des larmes d'émotion
00:28:31 pour défendre son texte qui n'a finalement pas été adopté.
00:28:35 Je voulais avoir un commentaire, une réaction,
00:28:37 après ce qui s'est passé hier à l'Assemblée nationale.
00:28:40 C'est délicat parce qu'on devine effectivement
00:28:42 qu'il y a là une histoire personnelle.
00:28:44 D'ailleurs, elle l'avoue elle-même.
00:28:46 Il s'agit de faire la part entre l'émotion,
00:28:48 la blessure intime qui suscite sa proposition,
00:28:52 et puis la raison et le droit.
00:28:54 Je pense que, naturellement, on est tous très bouleversés
00:28:58 de voir cette députée au bord des larmes
00:29:00 en rappelant qu'elle-même a connu les violences conjugales.
00:29:03 Mais est-ce que cela justifie, dans le fond,
00:29:05 d'être aussi systématique dans la répression
00:29:07 afin de sanctionner Adrien Quatennens,
00:29:09 parce que c'est de lui dont on parle ?
00:29:11 Adrien Quatennens, je le rappelle, il a été condamné
00:29:14 pour avoir giflé son épouse, ce qui ne se fait pas,
00:29:16 ce qui est inconcevable, bien entendu.
00:29:18 Mais en même temps, quand la justice passe,
00:29:20 on peut imaginer que l'oubli passe aussi,
00:29:23 enfin que l'oubli, en tout cas, que le pardon puisse passer.
00:29:25 Donc, il me paraît, et d'ailleurs,
00:29:27 la proposition d'Aurore Berger a été refusée,
00:29:29 y compris par la NUPES, qui est pourtant à la pointe de...
00:29:32 Mais c'est ça qui est étonnant, justement.
00:29:34 Oui, c'est étonnant.
00:29:35 C'est le paradoxe qui a été souligné, d'ailleurs.
00:29:37 La NUPES a défendu l'un des siens,
00:29:39 avec peut-être beaucoup d'hypocrisie,
00:29:41 parce qu'en effet, la NUPES s'était mise tout à fait en valeur
00:29:44 sur la défense des femmes et sur la dénonciation
00:29:46 de la violence faite aux femmes.
00:29:47 Et donc, là, ils sont pris à leur propre piège.
00:29:50 Mais encore une fois, moi, je suis toujours très gêné
00:29:52 d'avoir... On a toujours envie d'acquiescer par facilité
00:29:54 à une femme qui pleure, parce que maintenant,
00:29:56 c'est une sorte de violence, également,
00:29:58 de faire subir des pleurs à une femme dans un hémicycle,
00:30:01 lorsqu'elle retrouve l'hostilité de ses adversaires.
00:30:05 Mais est-ce que, pour autant, il faut absolument
00:30:07 l'absoudre et lui dire qu'elle a raison ?
00:30:09 Peut-être que sa proposition était discutable,
00:30:13 et d'ailleurs, elle a été refusée.
00:30:15 - Mathieu Langlois.
00:30:16 - Moi, évidemment, les images, il y a beaucoup d'émotion.
00:30:21 On le sent bien. J'ai envie de dire...
00:30:24 Il faut arrêter avec les paroles, et en particulier
00:30:27 sur des sujets aussi sensibles et aussi graves
00:30:29 que les violences conjugales.
00:30:31 Et elle, elle demandait juste qu'on arrête de parler
00:30:35 et qu'on agisse réellement.
00:30:37 Après, il faut évidemment que ce soit...
00:30:40 Les actes soient justes et correspondent réellement
00:30:44 aux faits reprochés.
00:30:47 Mais enfin, moi, ça ne me choque pas du tout
00:30:49 qu'à partir du moment où un député ou quelqu'un, un élu,
00:30:54 quel qu'il soit, soit accusé et que ça ait été, en plus,
00:30:58 jugé de violence conjugale, qu'il soit...
00:31:01 Et qu'on arrête de parler et qu'on agisse.
00:31:03 Je trouve tout à fait louable le combat...
00:31:08 Enfin, ce qu'a proposé Aurore Berger.
00:31:11 Évidemment, on voit qu'en plus, sur le plan personnel,
00:31:14 ça a remis beaucoup de choses.
00:31:16 - Oui, mais je crois qu'il est permis quand même
00:31:18 de ne pas tomber dans l'indifférenciation.
00:31:20 Maintenant, c'est le travers de tous les discours politiques
00:31:22 de tout mélanger et de dire que tout équivaut à tout.
00:31:24 Je pense qu'il y a quand même des hiérarchies
00:31:27 à accepter et à avoir dans les fautes commises.
00:31:30 Vous avez des fautes graves, des fautes qui sont...
00:31:32 - Mais alors quoi ? Qu'est-ce que vous êtes en train de dire ?
00:31:35 - Je dis que donner une claque, c'est une faute, naturellement,
00:31:39 mais ce n'est pas une faute qui est équivalente
00:31:41 à un acte de corruption qui vaudrait effectivement
00:31:44 une égibilité. Comprenez bien...
00:31:46 - Mais je ne sais pas si on peut faire des hiérarchies,
00:31:48 des priorités sur les actes, une fois qu'il y a fondamentalisation.
00:31:51 - On gagnerait à faire des graduations et des hiérarchies
00:31:53 plutôt que d'avoir à tout mélanger, me semble-t-il.
00:31:55 - Mais qui, justement, établit ces échelles ?
00:31:57 - Aurore Berger, quand elle demande qu'il y ait une inégibilité
00:32:00 pour Adrien Quatennens, c'est ce qu'elle demande.
00:32:02 - Alors ce n'est pas que c'est les auteurs de violences,
00:32:04 notamment conjugales et intra-familiales,
00:32:06 mais c'est plus large, sa proposition de loi.
00:32:08 - Je pense qu'on a le droit, malgré tout,
00:32:11 d'avoir un peu de subtilité dans les accusations.
00:32:13 - Elle ne dit pas le contraire.
00:32:14 - Si, elle dit un peu le contraire.
00:32:16 Quand elle dit qu'il faut que l'inégibilité vaudrait
00:32:19 pour tous ceux qui auraient été condamnés pour des actes...
00:32:22 - Mais est-ce qu'il n'y a pas quand même un devoir d'exemplarité
00:32:24 de la part des représentants de la nation ?
00:32:26 - A l'évidence.
00:32:27 - Au-delà même, une condamnation, pour quelque fait soit-il d'ailleurs,
00:32:31 est-ce qu'il n'y a pas, et ça a été d'ailleurs demandé
00:32:34 par différents élus ou personnes qui voulaient une place de députée,
00:32:39 d'ailleurs, justement d'avoir une sorte de propriété,
00:32:42 un casier judiciaire vierge, quand on veut représenter la nation.
00:32:46 - C'est là où je mets en garde, c'est-à-dire que je pense
00:32:48 qu'il faut malgré tout laisser d'abord à la justice
00:32:50 le soin de juger ce qui est grave ou ce qui est moins grave,
00:32:52 ce qui est véniel, ce qui ne l'est pas.
00:32:54 Et non, ça ne l'est pas.
00:32:55 - Non, mais dans l'affaire Katniss, ça l'a jugé.
00:32:57 - Il a été condamné, oui.
00:32:58 - Bien entendu.
00:32:59 - Je serais curieux de savoir si ce n'était pas un député LFI
00:33:03 qui était concerné, sans le dire, qui était...
00:33:07 L'attitude de la NUPES, évidemment, aurait été de soutenir la proposition.
00:33:12 - Oror Berger, la proposition, oui.
00:33:14 - J'en suis convaincu.
00:33:16 - Oui, mais visiblement, le parti d'Oror Berger non plus
00:33:18 n'a pas été totalement solidaire de sa propre députée,
00:33:21 si je comprends bien.
00:33:22 - Alors, 140 voix contre, 113 pour, 14 abstentions.
00:33:27 - On ne sait pas qui exactement a voté.
00:33:29 Mais enfin, cette proposition qui aurait pu peut-être susciter l'unanimité
00:33:33 ne l'a pas suscité.
00:33:34 Donc, il y a bien eu, chez la part du législateur,
00:33:36 de ceux qui votent les lois, une sorte de réticence
00:33:39 à vouloir faire un amalgame trop facile et trop émotif
00:33:42 sur des questions qui sont quand même des questions éminemment politiques.
00:33:45 Vous ne pouvez pas comme ça jouer avec l'inégibilité d'un élu.
00:33:47 C'est quand même quelque chose de grave.
00:33:49 C'est le peuple français qui élit un élu.
00:33:51 Et vous ne pouvez pas décider.
00:33:54 - Mais une fois qu'il y a condamnation, est-ce qu'il ne faudrait pas ?
00:33:57 - Si vous voulez avoir des élus absolument exemplaires,
00:33:59 vous n'aurez plus personne.
00:34:00 Déjà que c'est compliqué.
00:34:01 - Non, parce qu'ils ne sont pas tous condamnés, enfin, Yvan.
00:34:04 - Non, non, mais moi je ne tombe pas dans ce terrorisme intellectuel
00:34:07 qui voudrait qu'on ait à se plier immédiatement maintenant
00:34:09 à tous les oucas, parce que ce sont des oucas qui viendraient de féminisme.
00:34:12 Moi, j'entends très bien.
00:34:13 Je suis le premier à dénoncer ceux qui commettent des violences faites aux femmes.
00:34:17 C'est absolument réunion.
00:34:18 - Mais il faut évidemment qu'on attende une exemplarité totale.
00:34:22 - Est-ce qu'on peut faire une différence encore une fois
00:34:26 entre une blague et un assassinat ?
00:34:28 Est-ce que c'est possible intellectuellement de le faire ?
00:34:30 - Bien sûr.
00:34:31 - Je vais rappeler quelques chiffres.
00:34:32 Le ministère de l'Intérieur qui a recensé 207 743 victimes de violences conjugales en France en 2021,
00:34:37 ce sont les derniers chiffres, essentiellement des femmes,
00:34:40 en hausse de 21% par rapport à 2020,
00:34:43 et 122 femmes ont été tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints en 2021.
00:34:47 Toujours selon le ministère.
00:34:49 Et on a appris ce matin, en ce 8 mars quand même, c'est symbolique,
00:34:52 le Parc Edmes a ouvert une enquête pour tentative d'assassinat
00:34:56 après l'agression d'une femme ce matin par un homme.
00:34:59 - Vous voyez le dérapage.
00:35:00 On parle de Katnas et on part tout de suite immédiatement sur des assassinats.
00:35:03 - Il y a un lien avec les violences conjugales peut-être.
00:35:05 - Ce n'est pas la même chose.
00:35:06 - Rappelez-moi pourquoi il a été condamné.
00:35:08 - Ce n'est quand même pas la même chose.
00:35:09 Je dis une chose de très simple, ce n'est pas la même chose.
00:35:11 Ne confondons pas tout.
00:35:12 Si on commence à faire un amalgame et à indifférencier les crimes, les délits,
00:35:17 et à vouloir simplement sanctionner le mal parce que c'est le mal.
00:35:20 - En plus, je suis d'accord sur cette notion qu'il faut,
00:35:24 peut-être qu'il y a une graduation, qu'on comprend tous.
00:35:28 Mais néanmoins, on attend des élus qui soient exemplaires sur ces questions-là
00:35:33 et qu'il ne faut rien laisser passer dans des violences conjugales.
00:35:40 Une gifle, évidemment, je comprends tout à fait que ça ne peut pas être assimilé à un viol.
00:35:48 Mais néanmoins, que ce soit juste ensuite suivi de paroles de la part de députés
00:35:55 et non pas d'actes, toujours avec cette notion de graduation, moi quelque part ça me dérange.
00:36:01 - Une gifle mérite une punition.
00:36:03 D'ailleurs, Katniss a eu sa punition.
00:36:05 Mais si vous voulez un monde politique qui soit exemplaire,
00:36:08 réclamez déjà la démission du garde des Sceaux qui a fait par deux fois un bras d'honneur.
00:36:13 Je pense que si vous voulez une exemplarité, ça commence déjà par là.
00:36:16 - Mais d'ailleurs, il est très contesté pour ce geste.
00:36:18 - La violence dans les gestes peut amener à la violence plus grave encore.
00:36:21 - L'exemplarité, ça ne veut pas dire la perfection totale.
00:36:24 Ça veut dire aussi d'assumer ses erreurs.
00:36:27 Katniss, d'abord, il l'a dit.
00:36:29 Donc évidemment que probablement, il ne faut pas "briser" sa carrière politique ad vitam aeternam.
00:36:37 Mais néanmoins, je trouve qu'il y a trop de paroles et il n'y a pas assez d'actes.
00:36:43 - Pour faire bouger les choses en tout cas, pour les faire avancer.
00:36:45 - Et puis pour montrer à la société qu'au sein de l'Assemblée, on ne transige pas,
00:36:51 et sur rien, mais en particulier sur les problèmes des violences conjugales.
00:36:56 Sinon, on n'y arrivera jamais.
00:36:58 - Oui, écoutez, moi, je suis encore une fois, je trouve que c'est un raisonnement trop sommaire.
00:37:02 On n'est plus habitué à la subtilité, on n'est plus habitué à examiner les faits au cas par cas.
00:37:07 On veut absolument maintenant essentialiser et on veut essentialiser en attaquant,
00:37:11 quoi qu'il arrive maintenant, le mal blanc qui serait celui, qui serait l'horreur absolue.
00:37:15 - En plus, je suis mal placé pour...
00:37:17 - Oui, mais précisément, vous vous êtes mis dans le camp confortable.
00:37:21 - Oh, le camp confortable, c'est donc...
00:37:23 - Je défends une cause inconfortable, je le sais bien, mais je pense qu'il n'est pas sain,
00:37:28 il n'est pas raisonnable de tomber dans des excès au prétexte de flatter un air du temps.
00:37:33 - Mais ce n'est pas juste pour flatter un air du temps, c'est aussi pour faire avancer des droits.
00:37:37 - Singulièrement indigné de ce comportement, encore une fois, de ces hommes vis-à-vis des femmes.
00:37:41 Encore une fois, je ne voudrais pas qu'on se méprenne sur ma position.
00:37:44 - Oui, c'est important de le préciser.
00:37:45 - Je ne cautionne en rien, bien entendu, mais encore une fois, je pense qu'il faut faire attention
00:37:49 à toutes ces... à ces oucas éthiques.
00:37:53 Moi, les épurations éthiques, les épurations éthiques sont comme les épurations tout court,
00:37:58 elles me font peur.
00:37:59 - Mais là, le mot, il est violent.
00:38:01 - Oui, il est très violent.
00:38:02 Vous ne pensez pas quand même des combats à faire avancer ?
00:38:04 Et qu'il y a un moment pour les faire avancer, peut-être qu'il y aura quelques excès,
00:38:09 mais que ça fera bouger les choses.
00:38:11 - Alors d'accord, allons-y comme ça, mais s'il y avait également quelques excès durant la terreur,
00:38:16 quand vous appliquiez une idéologie quoi qu'il arrive, en disant que cette idéologie avait quoi qu'il arrive raison,
00:38:21 effectivement, il y avait quelques excès avec quelques têtes coupées.
00:38:23 Moi, je veux bien qu'on coupe des têtes, symboliquement, bien entendu,
00:38:26 mais je trouve que ce n'est pas satisfaisant, ne serait-ce que d'un point de vue d'une justice exemplaire.
00:38:35 Si vous voulez être exemplaire en tout, commencez par être exemplaire dans la justice
00:38:38 et ne pas tomber dans une sorte de systématisme idéologique.
00:38:42 - Mais pour revenir sur un peu de modération, c'est-à-dire que si on prend le cas Catenin,
00:38:47 il a quand même été aussi, pour rejoindre ce qu'a dit Yvan Riofolt,
00:38:51 c'est-à-dire qu'il a quand même aussi été sanctionné par son groupe parlementaire.
00:38:56 - 4 mois de substantions, il a eu 4 mois de rapport avec les jurs.
00:39:02 - Mais là-dessus, je me dis, c'est que oui, pour "adapter la réponse aux faits et du discernement",
00:39:11 je suis tout à fait d'accord, mais non moins, ce que j'ai dit au début,
00:39:15 c'était qu'il fallait arrêter avec les paroles et la NUPES a été champion de ça.
00:39:19 C'est-à-dire qu'il y a une discordance entre les paroles.
00:39:22 - Là-dessus, on est d'accord.
00:39:23 Si les donneurs de leçons pouvaient effectivement cesser de donner des leçons, on s'en porterait mieux.
00:39:27 - Allez, nous sommes en ligne.
00:39:28 Puisqu'on parlait des violences conjugales, j'ai rappelé les chiffres.
00:39:31 Initiatives aujourd'hui, ça s'appelle "125 et des milliers".
00:39:35 C'est un livre qui a été pensé, conçu par Sarah Baruc aux éditions Harper et Collins,
00:39:39 que vous pouvez retrouver dès aujourd'hui.
00:39:41 Ce sont 125 personnalités, des autrices, pas seulement d'ailleurs aussi,
00:39:45 des actrices ou des militantes, qui rendent hommage à 125 femmes assassinées par leurs conjoints ou ex-conjoints.
00:39:52 Vous voyez ici la couverture.
00:39:54 Nous sommes en ligne avec Mélissa D'Acosta. Bonjour.
00:39:56 Vous êtes autrice, autrice à succès même d'ailleurs, en quelques titres de vos livres,
00:40:01 "Tout le bleu du ciel", "Je revenais des autres", "Les lendemains".
00:40:06 Vous avez donc participé à cet ouvrage, à ce collectif.
00:40:11 L'idée, c'est bien sûr de donner un visage, une âme à ces femmes qui ont été victimes de violences conjugales,
00:40:21 qui sont mortes sous les coups de leurs conjoints, selon l'expression consacrée.
00:40:24 Est-ce que vous pouvez nous raconter, vous, sur quelle femme vous avez écrit ?
00:40:27 Comment ça s'est passé ?
00:40:29 Alors, moi j'ai écrit sur Gulsine, qui est une mère de famille qui a laissé derrière elle quatre enfants.
00:40:36 Et en fait, Sarah nous a envoyé à tous des vocaux issus des entretiens qu'elle a pu avoir avec les familles.
00:40:43 Au point, j'ai reçu un vocal d'un entretien entre Sarah et la sœur de Gulsine.
00:40:48 Et ce qu'on peut dire, c'est que j'ai moi-même dû revoir tous mes préjugés sur les femmes qui étaient victimes de violences.
00:40:57 Et peut-être...
00:40:59 Quel préjugé vous aviez ? Qu'est-ce qui a été remis en cause ?
00:41:03 Alors, on a toujours cette idée que, déjà, le problème des violences conjugales, c'est un problème de l'intime.
00:41:10 Et on se dit, voilà, c'est un problème de couple.
00:41:12 Si la femme n'est pas heureuse, si elle est maltraitée, elle n'a qu'à partir.
00:41:16 On est très nombreux à penser comme ça.
00:41:18 Et moi-même, j'ai pu avoir ce genre de pensée, de me dire, voilà, ça relève du personnel.
00:41:23 C'est un problème politique, social, à plus grande ampleur.
00:41:27 Et en fait, je me suis rendue compte que cette pauvre Gulsine, elle avait tout fait pour s'en sortir.
00:41:31 Elle avait déposé des plaintes, elle avait déposé des mains courantes,
00:41:34 elle avait écrit au procureur de la République.
00:41:37 Et pour échapper à son conjoint, elle était allée jusqu'à déscolariser ses quatre enfants
00:41:40 pour ne plus le croiser puisqu'il venait l'agresser jusque dans l'école de ses enfants.
00:41:45 Et donc, en fait, je me suis aperçue que le problème n'était pas insime ni personnel,
00:41:49 mais c'était un vrai problème à prendre en compte dans toute son ampleur,
00:41:52 un problème sociétal, en fait.
00:41:54 Oui, parce que la parole, elle, elle l'avait libérée, elle en avait dit,
00:41:57 elle avait fait des choses, elle avait bougé, elle avait alerté.
00:41:59 Elle avait tout fait.
00:42:00 Elle avait tout fait.
00:42:01 Tout ce qu'elle pouvait.
00:42:02 Comment vous ressortez-vous, justement, de cette expérience ?
00:42:06 Comment vous espérez faire bouger la cause ?
00:42:08 Justement, parce que vous le dites, ça dépasse l'intime, ça dépasse le familial, c'est un problème sociétal.
00:42:13 On est en 2023, on est le 8 mars.
00:42:16 Comment on fait avancer la cause de ces femmes ?
00:42:19 Comment on les aide ?
00:42:20 Selon vous, hein ?
00:42:21 Je pense que ce recueil va participer, parce qu'entendre des faits, des chiffres,
00:42:27 entendre des faits divers s'ordire, bon, ça nous touche un instant et puis on passe à autre chose.
00:42:32 Mais arriver à voir un visage, un sourire, les rêves,
00:42:37 découvrir que ce sont des femmes comme nous, en fait,
00:42:39 à travers ces récits qui sont très intimes,
00:42:41 on découvre que ce sont nos sœurs, que ce sont nos voisines, que ce sont nous-mêmes.
00:42:44 En fait, moi, je me suis beaucoup reconnue en Gulsine.
00:42:46 Elle rêvait d'être libre, elle était en train de monter son entreprise,
00:42:49 elle était absolument féru de voyage, de découverte.
00:42:52 Et en fait, de mettre un vrai visage, une vraie personnalité sur ces chiffres,
00:42:56 ça peut peut-être éveiller les consciences.
00:42:59 Une question au plateau d'Yvan Rioufol pour vous, Mélissa.
00:43:02 Je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que la passivité du système,
00:43:07 dans le fond, face à ces meurtres, peut être comprise comme une sorte de passivité politique,
00:43:14 pour reprendre votre différenciation.
00:43:16 En revanche, je suis moins convaincue par votre raisonnement
00:43:20 en disant que le crime personnel lui-même serait également un crime politique.
00:43:24 Je pense malgré tout que le crime lui-même...
00:43:26 Je différencie le crime, si vous voulez,
00:43:28 et le système qui accompagne le crime ensuite dans sa répression.
00:43:31 Je pense que le crime lui-même reste malgré tout un acte intime.
00:43:34 C'est pour ça que je suis toujours...
00:43:35 Oui, bien sûr. Moi, c'est dans la prise en charge ensuite des victimes.
00:43:39 Oui, on est bien d'accord.
00:43:41 Mais malgré tout, je vais au bout de mon raisonnement
00:43:44 parce que je conteste malgré tout, avec le raisonnement que je tiens,
00:43:47 de dire que le crime personnel reste malgré tout un crime intime.
00:43:50 Je conteste le qualificatif de féminicide qui est porté
00:43:54 parce que l'on laisse comprendre que ce serait un crime systématique
00:43:57 d'une femme qui aurait été tuée parce que femme.
00:44:03 Alors qu'il y a de la passion, il y a de la jalousie,
00:44:06 il y a de l'intolérance, il y a tout ce que vous voulez,
00:44:08 mais ce n'est pas systématiquement parce qu'une femme est femme
00:44:10 qu'il y a un meurtre d'un conjoint.
00:44:12 Donc je trouve là encore un peu dangereux de systématiser
00:44:17 et de faire toujours cette sorte d'indifférenciation
00:44:20 qui naturellement est commode pour une idéologie,
00:44:22 de dire qu'on va accuser quoi qu'il arrive l'homme parce qu'il est homme.
00:44:26 Là, on l'accuse parce qu'il l'a tué ou parce qu'il a porté des coups.
00:44:29 Oui, j'entends bien, mais simplement, quand un homme tue,
00:44:31 il ne tue pas parce que la femme est une femme.
00:44:34 Il peut tuer encore une fois par passion.
00:44:36 Ça arrive même assez souvent, me semble-t-il.
00:44:39 Et donc je trouve que le terme de féminicide me paraît mal approprié.
00:44:42 D'abord, c'est un terme militant.
00:44:44 Ce n'est pas la première fois que vous le remettez en cause, ce terme.
00:44:47 Et d'autant plus, c'est mon dernier argument,
00:44:49 j'ai entendu hier la porte-parole d'Oselle Féminisme
00:44:52 dire que non seulement la violence faite aux femmes
00:44:55 était naturellement insupportable, on est bien d'accord,
00:44:58 mais qu'elle était la révélatrice de l'idéologie,
00:45:01 qu'avait-elle dit, de l'idéologie de notre culture judéo-chrétienne.
00:45:06 Donc on voit très bien que derrière tout ceci,
00:45:08 il y a un raisonnement qui est fait pour désigner dans le fond
00:45:11 le mal blanc occidental hétérosexuel.
00:45:14 Voilà un petit peu le schéma que ça met.
00:45:17 On a pris une hauteur de vue par rapport à ce dont on parlait.
00:45:20 Mais non, mais j'essaie de décortiquer très rapidement un raisonnement,
00:45:24 si vous voulez.
00:45:25 Le raisonnement qui aboutit au féminicide
00:45:26 ne me paraît pas être un raisonnement très fondé.
00:45:29 Excusez-moi de vous avoir contredit.
00:45:31 Oui, mais surtout, vous avez pris une largeur
00:45:35 et on ne peut pas remettre en cause que ces hommes,
00:45:38 en tout cas là, en l'occurrence, sur ces 125 femmes
00:45:41 dont la vie est retracée par ces hommes,
00:45:43 ont été tués, assassinés par ces hommes,
00:45:47 après, quelle que soit la raison,
00:45:48 ce qu'on compte, c'est évidemment des hommes
00:45:50 qui ont eu des gestes violents et qui ont tué.
00:45:52 Après, que vous remettiez en cause l'idéologie,
00:45:54 mais je crois que là, on ne parlait pas d'idéologie,
00:45:56 notamment avec M. Dacosta.
00:45:57 Mathieu Langlois.
00:45:58 Non, non, on ne parlait pas d'idéologie.
00:46:00 Je vais lui redonner la parole après, pour conclusion.
00:46:03 Oui, il est parti très loin, Ivan.
00:46:05 Non, mais pas du tout.
00:46:07 Je m'intéresse.
00:46:08 S'il vous plaît, laisse-moi Mathieu Langlois
00:46:09 et après, Mélissa Dacosta.
00:46:11 Moi, j'aime bien regarder les faits.
00:46:13 Malheureusement, je regarde les faits
00:46:15 et en particulier celui des violences conjugales,
00:46:19 appelons-les comme on veut,
00:46:20 mais si on regarde la réalité,
00:46:22 c'est-à-dire que l'ensemble des crimes passionnels,
00:46:27 c'est des hommes qui tuent leur femme ou une femme
00:46:32 pour des raisons...
00:46:34 Ça peut être une vraie soucis.
00:46:35 Oui, mais ça reste la plus grande majorité,
00:46:37 ce sont des femmes.
00:46:38 On va redonner la parole à Mélissa Dacosta.
00:46:39 Moi, je suis intervenu quand même souvent avec le REN,
00:46:42 on intervient souvent dans ce genre de contexte.
00:46:45 J'ai rarement vu, mais même pour dire jamais,
00:46:48 l'inverse, c'est-à-dire qu'une femme menaçant un homme...
00:46:52 Non, il y a eu des cas.
00:46:55 S'il vous plaît, vous s'il reste quelques secondes,
00:46:56 je vous l'ai donné la parole à Mélissa Dacosta.
00:46:58 Non, mais il y a eu des cas
00:46:59 et en plus, Mélissa l'a un peu dit,
00:47:01 c'est-à-dire qu'elle pensait que souvent,
00:47:03 c'était juste dans le domaine de l'intime.
00:47:06 Or, ça, moi, je n'étais pas surpris de ce qu'elle a dit,
00:47:09 c'est-à-dire de dire que souvent, c'était des femmes
00:47:12 qui subissaient jusqu'à l'extrême, jusqu'à parfois...
00:47:16 Et avaient à alerter.
00:47:18 On va lui redonner la parole, il reste 30 secondes,
00:47:19 Mélissa Dacosta, je vous laisse la conclure.
00:47:22 Non, je suis toujours un peu gênée par ce terme
00:47:25 de crime passionnel, parce que ça laisse à supposer
00:47:29 des sentiments très nobles.
00:47:31 Et en fait, quand une femme, elle est divorcée depuis 4 ans
00:47:34 et que ça fait 4 ans qu'elle essaie de reconstruire sa vie
00:47:38 et qu'elle est harcelée et poursuivie,
00:47:40 c'est de la folie, c'est psychiatrique,
00:47:42 ça n'a plus rien de passionnel.
00:47:44 Oui, vous avez raison, d'ailleurs,
00:47:45 même au point de vue judiciaire,
00:47:46 ils ne sont plus utilisés ces termes.
00:47:47 Merci beaucoup d'avoir témoigné.
00:47:50 Et je vous rappelle ce livre auquel vous avez participé,
00:47:52 "125 et des milliers", c'est un ouvrage collectif
00:47:56 pensé et conçu par Sarah Baruch.
00:47:58 Et c'est "On redonne corps, vie, âme à ces femmes
00:48:02 qui ont subi les coups et qui ont été victimes,
00:48:06 assassinées par leurs conjoints ou ex-conjoints".
00:48:09 C'est important, cette journée internationale des droits des femmes.
00:48:11 Merci encore, Melissa Dacosta.
00:48:13 On se retrouve juste après 15h.
00:48:14 Vous entendrez justement une victime de violences conjugales.
00:48:17 A tout de suite.
00:48:18 Il est 15h sur CNews.
00:48:26 Bonjour à tous, ravie de vous retrouver.
00:48:28 On va commencer par le journal avant de vous donner la parole.
00:48:30 Dans la parole aux Français, Michael Dorian, c'est à vous.
00:48:33 Rebonjour, Clélie.
00:48:34 Bonjour à tous.
00:48:35 Les grèves se poursuivent ce mercredi
00:48:37 contre la réforme des retraites,
00:48:38 et notamment dans les raffineries et les dépôts pétroliers.
00:48:42 C'est le cas à Embès, au nord de Bordeaux,
00:48:44 où un collectif syndicaliste et du Gilet jaune
00:48:47 a bloqué pendant une dizaine d'heures la nuit dernière
00:48:50 des dépôts d'essence.
00:48:51 Plus d'une centaine de camions citernes
00:48:53 n'ont pas pu s'approvisionner.
00:48:54 Le reportage d'Antoine Estève.
00:48:56 Au milieu de la nuit, des dizaines de camions citernes, bloqués.
00:49:01 Ce groupe d'une cinquantaine de manifestants
00:49:03 a posé des barricades aux entrées des dépôts pétroliers de la Gironde,
00:49:06 à Embès.
00:49:07 Des syndicalistes locaux, mais aussi des Gilets jaunes,
00:49:10 venus prêter main forte.
00:49:11 On peut dire aussi des syndicalistes qui aident les Gilets jaunes.
00:49:14 En fait, on est un collectif, on est unis et on fonctionne comme ça.
00:49:20 Comme Macron reste sourd, nous on réagit.
00:49:23 Ce chauffeur décide de repartir sans ses 40 000 litres d'essence
00:49:26 qui auraient alimenté des stations de la grande distribution.
00:49:29 L'approvisionnement est bloqué pour une bonne partie de la journée.
00:49:32 C'est un collectif qui réunit des Gilets jaunes
00:49:34 et des militants syndicaux.
00:49:36 On travaille ensemble depuis 2019.
00:49:39 C'est un peu long jeu.
00:49:40 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il faut développer la compte d'estation,
00:49:43 renforcer le mouvement,
00:49:45 faire que la grève reconductible puisse aussi se développer.
00:49:48 Au total, 150 camions citernes auront rebroussé chemin.
00:49:52 Le blocage a été levé dans la matinée.
00:49:54 Et d'après les porte-parole du mouvement,
00:49:56 ces actions ponctuelles contre la réforme des retraites
00:49:58 vont se multiplier dans les prochains jours.
00:50:00 Quelques stations-services de la région
00:50:02 commencent à connaître des pénuries sur certains produits
00:50:05 comme l'essence sans plomb.
00:50:07 Et si les syndicats estiment que l'exécutif continue
00:50:11 de faire la sourde oreille, Olivier Véran,
00:50:13 de son côté, affirme le contraire.
00:50:15 Lors de son compte-rendu du Conseil des ministres tout à l'heure,
00:50:18 le porte-parole du gouvernement a assuré vouloir poursuivre
00:50:21 le dialogue avec les syndicats. Écoutez-le.
00:50:24 Je le redis ici, la porte du gouvernement,
00:50:27 elle reste ouverte comme elle l'est restée ouverte
00:50:30 tous ces derniers mois.
00:50:32 C'est du dialogue, et c'est dans le dialogue,
00:50:34 qu'ont germé des avancées importantes pour les Français.
00:50:37 C'est dans le dialogue, toujours, avec les parlementaires
00:50:40 de la majorité et des oppositions, cette fois,
00:50:42 que nous continuons de faire évoluer notre projet.
00:50:45 Par exemple, pour mieux valoriser les retraites des femmes
00:50:48 qui ont eu à conjuguer maternité et vie professionnelle.
00:50:52 Parce que c'est juste, parce que cela ne remet pas en question
00:50:55 l'équilibre à 2030, dès lors que nous le compensons.
00:50:59 Et puis l'actualité internationale,
00:51:02 les empoisonnements continuent en Iran.
00:51:04 Les écolières et les étudiantes sont victimes au sein
00:51:07 de leurs établissements de mystérieux malaises, nausées et tout.
00:51:11 Le mécontentement et la peur montent en Iran,
00:51:14 si bien que le guide suprême est sorti du silence.
00:51:16 Les explications de Yaël Benhamou.
00:51:18 Depuis des semaines, ces mêmes scènes se répètent en Iran.
00:51:24 Des ambulances qui sortent des écoles de filles,
00:51:27 transportant en urgence des étudiantes à l'hôpital.
00:51:30 J'ai eu des brûlures d'estomac et j'ai perdu connaissance.
00:51:34 J'ai de très graves engourdissements dans le corps,
00:51:37 je ne peux pas marcher du tout.
00:51:38 Plus de 1000 jeunes filles ont été empoisonnées
00:51:40 dans la quasi-totalité des provinces d'Iran.
00:51:43 Des mobilisations se multiplient pour dénoncer ces actes,
00:51:46 ce qui a poussé le guide suprême à prendre la parole pour la première fois.
00:51:50 Si des personnes, des groupes sont réellement impliqués dans cette affaire,
00:51:54 il s'agit d'un crime grave et impardonnable.
00:51:57 Les agences responsables, les services de renseignement
00:52:00 et les forces de l'ordre doivent les poursuivre
00:52:02 et trouver l'origine de ce crime.
00:52:04 Les Etats-Unis qualifient la situation de très préoccupante.
00:52:08 Pour la Maison Blanche, l'éducation des filles est un droit fondamental.
00:52:12 La possibilité que les filles en Iran soient empoisonnées
00:52:16 car elles essayent de recevoir une éducation,
00:52:18 c'est honteux et inacceptable.
00:52:20 L'origine de ces empoisonnements reste mystérieuse.
00:52:24 Si elle est liée à la participation à des manifestations,
00:52:27 la mission d'enquête internationale indépendante des Nations Unies
00:52:31 pourrait ouvrir une enquête.
00:52:33 Et voilà, c'est la fin de ce journal.
00:52:35 L'actualité continue pour vous et avec vous dans La Parole au français
00:52:39 avec Clélie Mathias et ses invités.
00:52:41 Merci beaucoup, Mikaël.
00:52:43 Je suis toujours en compagnie d'Yvan Rioufol et de Mathieu Langlois.
00:52:45 On va repartir.
00:52:46 Place de la République à Paris, d'où est parti un cortège
00:52:49 en cette journée internationale des droits des femmes.
00:52:51 Nous sommes le 8 mars.
00:52:53 C'est une manifestation, évidemment, pour davantage d'égalité,
00:52:57 pour que l'égalité devienne l'égalité, en deux mots et en un seul mot.
00:53:02 Mais vous savez qu'au vu du contexte de contestation
00:53:05 de la réforme des retraites, cette manifestation est aussi teintée,
00:53:08 on va dire, par des revendications concernant la réforme des retraites,
00:53:12 puisque cette réforme est jugée injuste pour les femmes,
00:53:16 en raison de ces carrières hachées, notamment au vu des grossesses et enfants.
00:53:22 Place de la République avec Augustin Donat Dieu et Jules Bedot.
00:53:25 Nous avons Florence qui est en ligne avec nous, qui est une manifestante.
00:53:29 Bonjour, Florence, vous avez 61 ans.
00:53:31 Vous êtes douanière.
00:53:32 C'est ça.
00:53:33 C'est ça.
00:53:34 On le voit d'ailleurs, vous avez votre gilet solidaire douane,
00:53:36 si je ne me trompe pas.
00:53:38 On est le 8 mars, donc je le disais, c'est quand même une journée spécifique.
00:53:43 Est-ce que vous êtes davantage là pour les femmes, j'allais dire,
00:53:46 ou pour les retraites des femmes ?
00:53:50 Vous voyez la subtilité de ma question ?
00:53:52 Oui, complètement, je comprends bien, mais non, je suis là pour les deux.
00:53:56 Enfin, j'allais dire les deux, mon cabral, parce que, quelque part,
00:54:00 le droit des femmes, c'est aussi le droit à la retraite,
00:54:03 c'est aussi à la retraite complète, qui tiennent compte, effectivement,
00:54:10 de tout ce que les femmes apportent aussi à la société.
00:54:13 C'est vrai que vous parliez à l'instant, effectivement, du manque d'égalité,
00:54:19 pour lequel on est là aussi pour combattre et pour réclamer que cette égalité
00:54:25 et ces droits soient rétablis, soient établis, parce qu'ils n'ont jamais été établis,
00:54:30 donc il faut les établir, mais également, et ça se vit aussi
00:54:35 dans la problématique des retraites actuelles,
00:54:40 et encore plus dans la réforme des retraites.
00:54:44 Actuellement, les enfants, depuis quelques années,
00:54:50 depuis la dernière réforme, les enfants ne valent pas la même chose
00:54:55 en termes de trimestre, par exemple, validé,
00:54:58 que si vous êtes dans le privé ou si vous êtes dans le public.
00:55:01 Le public est désavantagé.
00:55:03 Et si les enfants sont nés après 2004,
00:55:10 et bien là, ils ne valent plus rien dans le public.
00:55:13 Il y a déjà des inégalités entre femmes,
00:55:17 et donc a fortiori, effectivement, par rapport aux hommes,
00:55:21 qui eux, n'ont pas cette problématique.
00:55:26 Une question au plateau pour vous, Florence de Mathieu Langlois.
00:55:30 C'est plus une réflexion, parce que, déjà, sur la journée du 8 mars,
00:55:35 quand on voit le sujet d'actualité tout à l'heure,
00:55:38 je pense que déjà, on devrait tous être derrière cette mobilisation,
00:55:41 déjà en soutien des femmes iraniennes,
00:55:45 et c'est pour répondre au reportage qui a été fait tout à l'heure.
00:55:49 Dans le journal, oui.
00:55:50 Après, évidemment, sur le problème des retraites,
00:55:53 vous avez dit tout à l'heure que la réforme pénalisait les femmes.
00:55:58 Or, non, les femmes ont toujours été pénalisées.
00:56:03 Oui, c'est ce qu'a rappelé Florence.
00:56:05 Et que là, le gouvernement a loupé une vraie occasion,
00:56:09 au contraire, de gommer, peut-être pas d'un coup,
00:56:13 mais en tout cas, d'essayer de gommer et de valoriser,
00:56:17 ce que vient de dire Florence, de valoriser le travail.
00:56:21 Alors après, Florence, elle a rajouté encore un millefeuille
00:56:25 en disant qu'il y avait encore, au sein même,
00:56:28 que c'était encore beaucoup plus complexe que ça,
00:56:31 mais néanmoins, on sait tous qu'il faut, voilà,
00:56:34 il faut tous essayer d'aller dans ce sens-là,
00:56:37 c'est-à-dire de revaloriser le travail des femmes,
00:56:41 et que là, on est tous d'accord pour dire
00:56:43 que le gouvernement a loupé une belle occasion.
00:56:45 Merci beaucoup, en tout cas, Florence, d'avoir témoigné.
00:56:47 On vous laisse rejoindre les cortèges.
00:56:49 Merci à Augustin Donadieu et à Jules Bedot
00:56:52 pour la mise en image.
00:56:54 Nous sommes également en ligne avec Lydie Drame.
00:56:56 Bonjour. Vous êtes journaliste.
00:56:58 Vous avez été victime de violences conjugales
00:57:00 pendant de nombreuses années.
00:57:02 Racontez-nous votre histoire et racontez-nous aussi
00:57:05 comment vous en êtes sortie.
00:57:07 En fait, depuis 2017, je me bats pour faire entendre
00:57:11 ce qui est entendu aujourd'hui, donc je suis très contente
00:57:14 que ça touche toutes les catégories sociales, en fait.
00:57:17 Depuis 2017, je le revendique.
00:57:19 À mes premières télés, je l'ai dit,
00:57:21 ça touche exactement toutes les personnes,
00:57:23 toutes les individus, en fait.
00:57:25 Et là, c'est un progrès.
00:57:27 C'est un progrès qui a été élargi
00:57:29 grâce à de nombreuses femmes, en fait.
00:57:31 Moi, mon parcours, il est simple.
00:57:33 J'ai été victime, j'ai été sous emprise
00:57:35 pendant pas mal d'années. Maintenant, l'emprise est reconnue.
00:57:37 Ça a mis du temps, mais ça arrive
00:57:39 finalement à être entendu.
00:57:42 C'est que le début.
00:57:44 C'est que le début, mais qu'est-ce qui manque, justement ?
00:57:46 Parce qu'il y a eu du progrès.
00:57:48 Et le gouvernement en a fait une cause nationale.
00:57:50 Que ce soit un numéro, des bracelets, des choses comme ça.
00:57:52 Mais on a l'impression que c'est pas suffisant.
00:57:54 Je vais rappeler les chiffres.
00:57:56 En 2021, selon le ministère intérieur,
00:57:58 207 743 victimes de violences conjugales en France,
00:58:01 essentiellement des femmes, en hausse de 21 %
00:58:04 par rapport à 2020.
00:58:06 122 femmes, en 2021, ont été tuées
00:58:08 par leur conjoint ou ex-conjoint cette même année.
00:58:10 Comment on fait avancer ?
00:58:12 Vous disiez, il y a du progrès, il y a de l'espoir.
00:58:14 Ça a bougé, mais qu'est-ce qui manque ?
00:58:16 Les victimes portent plainte,
00:58:18 mais souvent les plaintes sont classées.
00:58:20 Elles sont classées pourquoi ?
00:58:22 Parce que maltraitées.
00:58:24 Quand les victimes arrivent dans les commissariats,
00:58:26 souvent on les envoie un peu bouler.
00:58:29 Maintenant, il y a eu des formations,
00:58:31 mais 6 heures, ça ne suffit pas.
00:58:33 J'étais à la hémicycle de Simone Veil,
00:58:35 il faut bien plus que 6 heures de formation.
00:58:37 Parce que c'est un état d'esprit.
00:58:39 C'est un état d'esprit qu'il faut éradiquer complètement.
00:58:42 Et ça risque de prendre du temps.
00:58:44 Bien sûr, mais on y va, on avance dans le bon sens.
00:58:47 Il y a quand même pas mal de lois qui sont en cours.
00:58:50 Elles arriveront en cours 2025.
00:58:52 Mais quand même, des femmes ont fait un travail
00:58:55 pour que les victimes soient entendues.
00:58:58 Elisabeth Borne, la Première ministre,
00:59:00 va mettre en place, là, elle l'a annoncé,
00:59:02 des pôles spécialisés dans chaque tribunal.
00:59:04 Ce ne sont pas des juridictions spécialisées,
00:59:06 ce sont des pôles spécialisés.
00:59:08 Il y a une petite nuance.
00:59:09 Dans chaque tribunal, pour pouvoir mieux traiter
00:59:11 ces violences conjugales.
00:59:12 Ça va dans le bon sens ?
00:59:13 Est-ce que c'était une des demandes ?
00:59:15 Un peu comme en Espagne, mais c'est un peu long.
00:59:17 2025, quand on sait que maintenant,
00:59:19 il y a eu la semaine dernière 4 femmes
00:59:21 qui ont été tuées par féminicide,
00:59:23 il aurait fallu que ça soit un peu plus rapide.
00:59:26 C'est ce que les victimes auraient voulu.
00:59:30 Oui, c'est-à-dire une prise en charge globale
00:59:32 et surtout, j'allais dire efficace,
00:59:34 mais extrêmement rapidement.
00:59:36 C'est-à-dire que tout joue en quelques heures.
00:59:38 Efficace, cela dépend.
00:59:40 Il faut savoir qu'il y a des frais d'avocat.
00:59:42 On en parle très peu.
00:59:44 Ce qui met les victimes à terre,
00:59:45 et ce qui fait que c'est long parfois pour les victimes
00:59:47 et qu'elles hésitent à porter plainte,
00:59:49 c'est que tout derrière, il y a des frais d'avocat.
00:59:52 Il faut aussi commencer à en prendre compte.
00:59:54 C'est important.
00:59:55 C'est encore dénoncié, mais il faut en parler.
00:59:58 D'ailleurs, le Parlement a récemment adopté un texte
01:00:00 qui instaure une aide financière d'urgence
01:00:02 pour permettre aux victimes de quitter leur domicile
01:00:04 pour pouvoir se mettre à l'abri.
01:00:07 Ça, ça va dans le bon sens.
01:00:09 Différentes associations disaient
01:00:10 « Oui, mais c'est pareil, ce n'est pas assez,
01:00:12 ce n'est pas assez rapide, ça ne va pas assez loin en fait. »
01:00:15 C'est un peu comme forme de don,
01:00:17 mais selon les catégories.
01:00:19 Donc, « avoir », à mettre entre parenthèses.
01:00:21 Oui, une question d'Yvan Rioufol pour vous, Lydie.
01:00:24 Oui, une précision.
01:00:25 J'ai compris que vous disiez que le système,
01:00:27 malgré tout, s'était amélioré dans l'écoute et dans l'aide.
01:00:30 Mais en même temps, vous nous avez dit
01:00:32 que dans les commissariats, en même temps,
01:00:34 il y avait toujours une sorte de réticence
01:00:36 à prendre les plaintes.
01:00:37 Est-ce que c'est une contradiction ?
01:00:39 Une très, très grande réticence.
01:00:41 C'est-à-dire que…
01:00:42 Donc, il n'y a pas une telle…
01:00:44 … à s'identifier, en fait.
01:00:46 Et puis, il y a une inversion.
01:00:48 Une inversion.
01:00:49 Souvent, la victime est considérée
01:00:50 comme coupable par certains
01:00:51 parce qu'elle n'a pas toléré.
01:00:53 Donc, elle a parlé.
01:00:54 Et pour pas mal de personnes
01:00:56 qui ont des idées pas assez larges,
01:00:59 qui ne sont pas assez larges d'esprit,
01:01:01 ne le tolèrent pas.
01:01:02 Donc, pour eux, il y a un type de victime.
01:01:05 Alors qu'il n'y a pas, je le répète,
01:01:07 il n'y a pas de type de victime.
01:01:08 C'est pas parce qu'une femme a du caractère
01:01:10 qu'elle n'est pas victime.
01:01:11 Je connais plein de femmes médecins ou avocates
01:01:13 qui sont victimes, qui ont été victimes.
01:01:15 Il faut totalement éradiquer ce genre de pensée.
01:01:18 Moi, quand on m'a vue arriver au départ,
01:01:21 on s'est dit "mais non, elle a dû répondre,
01:01:23 elle sait parler, elle sait s'exprimer,
01:01:25 elle ne peut pas être victime".
01:01:26 Ben si, j'ai été victime.
01:01:27 Et vous-même, vous avez eu des difficultés
01:01:29 à être entendue ?
01:01:31 Bien sûr que oui.
01:01:32 Bien sûr que oui.
01:01:33 On m'a dit que je vais vous passer les noms d'oiseaux
01:01:36 parce que je vais éviter de dire tout ça à l'antenne.
01:01:40 Mais bien sûr que j'ai été dénigrée,
01:01:42 dès le départ.
01:01:43 Parce que si on est plus ou moins mignonne,
01:01:45 peut-être qu'on l'a cherchée aussi,
01:01:47 peut-être qu'on va coucher à droite, à gauche.
01:01:49 Il y a plein de petites difficultés.
01:01:50 Alors, une question de Mathieu Langlois,
01:01:52 que je relaie.
01:01:53 Par qui vous avez été dénigrée ?
01:01:54 Ce sont les autorités ?
01:01:55 La police ?
01:01:56 Oui, la police.
01:01:58 La police.
01:02:00 Oui, ça vous est arrivé ?
01:02:02 Ça varie.
01:02:03 Alors, je ne vais pas incriminer tout le monde.
01:02:05 Ça varie d'un commissariat à l'autre.
01:02:06 C'est-à-dire que quand on arrive,
01:02:08 si dès le départ, le commissariat nous a pris en gris,
01:02:10 le même commissariat,
01:02:12 il nous mettra des bâtons dans les roues.
01:02:14 Par contre, si on va dans un autre commissariat
01:02:15 et que ça se passe bien dès le départ,
01:02:16 ça dépend sur qui on tombe.
01:02:18 Ça dépend de l'état d'esprit de la personne.
01:02:20 À partir du moment où on tombe sur une personne réfractaire,
01:02:23 rien n'avancera et tout sera classé.
01:02:25 Une petite remarque de Mathieu Langlois.
01:02:27 On voit d'abord le courage de Lydie,
01:02:29 qui est tout à fait admirable.
01:02:32 Mais elle l'a dit aussi.
01:02:34 Elle a dit que les choses étaient en train de changer.
01:02:38 Évidemment, pas assez vite.
01:02:40 Et ça, je l'entends très bien.
01:02:41 C'est déjà ça.
01:02:42 C'est déjà un début.
01:02:43 Oui, mais ce qui est sûr,
01:02:45 c'est que vous avez dit que six heures,
01:02:46 ça ne suffisait pas.
01:02:47 Mais tous les commissariats et les gendarmeries,
01:02:50 il ne faut pas laisser dire qu'actuellement,
01:02:53 il y a une vraie prise de conscience
01:02:54 qui a été prise de la part aussi bien
01:02:56 de la police nationale
01:02:57 que de la gendarmerie nationale.
01:02:59 Pour, évidemment...
01:03:01 Il vaut mieux prendre en compte la parole des femmes.
01:03:03 Ce qui vous est arrivé ne puisse plus jamais arriver.
01:03:06 Alors, évidemment, il y aura encore des cas
01:03:09 qui pourront arriver.
01:03:10 Mais moi, je pourrais connaître quand même beaucoup de...
01:03:12 Il y a beaucoup de choses qui sont dites
01:03:14 et qui ne sont pas effectuées sur place.
01:03:15 Moi, il y a encore trois semaines, un mois,
01:03:17 quand j'étais au commissariat,
01:03:19 il y a une femme qui est venue
01:03:20 pour porter plainte pour violence.
01:03:21 Et elle l'a dit à la porte d'entrée,
01:03:23 devant tout le monde.
01:03:24 Moi-même, je l'ai entendu.
01:03:25 Donc, ce n'est pas forcément...
01:03:27 Mais ça, l'autorité...
01:03:28 Je peux vous garantir que l'autorité
01:03:30 de la police nationale
01:03:31 et de la gendarmerie nationale
01:03:33 luttent à fond.
01:03:35 Oui, ils luttent pour.
01:03:36 Je suis totalement d'accord avec vous.
01:03:37 Il y a des progrès.
01:03:38 Mais il reste encore...
01:03:39 Il y a beaucoup de marge encore.
01:03:40 Et on l'entend.
01:03:41 Merci d'avoir témoigné, Lydie.
01:03:42 Merci pour votre combat.
01:03:44 Et votre témoignage.
01:03:46 Merci, Mathieu Langlois et Yves-Henri Hufo.
01:03:48 On se retrouve demain dès 14h.
01:03:49 En attendant, c'est Nelly Dénac et ses invités.
01:03:52 90 minutes d'infos
01:03:53 qui reviendront sur la journée de mobilisation
01:03:55 contre la réforme des retraites hier.
01:03:57 Et puis, bien sûr,
01:03:59 cette nouvelle journée de mobilisation
01:04:01 pour le droit des femmes.
01:04:03 Bon après-midi à tous sur CNews.
01:04:05 Ici Marie-Pierre Joliot,
01:04:06 ♪ ♪ ♪

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