• l’année dernière
Le Centre National du Livre (CNL) organise la deuxième édition du Quart d'heure de lecture national, qui invite les Français à lire 1/4 d'heure par jour. L'initiative est relayée sur les réseaux sociaux sous le hashtag #10marsjelis. Régine Hatchondo présidente du CNL est l'invité de 6h20.

Retrouvez les invités de 6h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Je lis, tu lis, il lit, nous lisons tous.
00:03 Nous sommes appelés à lire pendant 15 minutes aujourd'hui.
00:05 Ce que vous voulez et où vous voulez, l'important c'est de lire et de le faire savoir.
00:10 Bonjour Régine Atschandot.
00:11 Bonjour.
00:12 Vous êtes la présidente du Centre National du Livre, le CNL, qui organise pour la deuxième
00:15 fois cette opération, un quart d'heure de lecture nationale.
00:19 Vous, vous allez lire quoi aujourd'hui ?
00:20 Moi en ce moment je suis en train de lire « Malaise dans la civilisation » de Freud.
00:24 Et vous lisez tous les jours ?
00:25 Je lis tous les jours.
00:26 Qu'est-ce que ça vous apporte la lecture vous ?
00:27 La lecture ça m'apporte… c'est ma colonne vertébrale comme je le dis toujours.
00:31 Ça me donne du sens dans ma vie de manière incroyable et ce depuis toute petite.
00:40 Et je regrette aujourd'hui que le nombre de lecteurs baisse, même si le marché se
00:45 porte relativement bien.
00:47 Parce que je pense que c'est un… au-delà du plaisir, c'est aussi sur le plan de la
00:52 structure d'un être, quelque chose de tout à fait essentiel.
00:56 Et si cela se perd, je crains pour notre concentration, pour notre mémoire, pour notre capacité
01:02 de s'intéresser aux autres, notre altérité, notre curiosité.
01:06 Et donc je pense que c'est… le Livre, on ne le dira jamais assez, est absolument…
01:11 Et puis il y a plein de bienfaits dans le fait de le lire.
01:14 Plein de bienfaits, on le sait sur le cerveau des enfants par exemple.
01:16 Et notamment on sait aussi aujourd'hui les pédopsychiatres qui s'intéressent à la
01:20 question de la lecture et notamment aussi à la fréquentation des écrans et à la
01:25 dépendance des jeunes à l'égard de leur écran.
01:28 On sait aussi les méfaits que peuvent créer les écrans sur le cerveau et au contraire
01:33 l'apport sur le développement du cerveau même des adolescents, donc des grands-enfants.
01:39 Ce que le Livre peut créer est irremplaçable.
01:42 - Et quand vous parlez des écrans, est-ce que vous parlez aussi des liseuses ou pas ?
01:44 - Alors bien sûr non, on peut lire sur une liseuse évidemment, nous on n'est pas anti-tech.
01:51 En revanche, on sait aussi que la fréquentation des écrans pour les jeunes est quand même
01:56 majoritairement les réseaux sociaux, les vidéos, plus que lire un roman.
02:02 - Alors revenons à cette opération que vous lancez pour aujourd'hui, que lance le Centre
02:05 national du livre.
02:06 L'idée c'est qu'on prenne tous 15 minutes pour lire n'importe quelle lecture.
02:10 - Alors 15 minutes ou plus évidemment.
02:13 - Mais minimum !
02:14 - En fait c'est une idée, au fond c'est quelque chose qui a été développé par l'Education
02:19 nationale, qui est d'ailleurs partenaire de notre quart d'heure de lecture, et beaucoup
02:23 d'établissements scolaires le pratiquent quotidiennement.
02:26 - Mais pas tous !
02:27 - Pas tous je crois, mais enfin c'est vraiment en train de prendre...
02:30 - Ça se développe depuis 2018.
02:32 - Oui, et surtout les effets sont, selon les enseignants, assez rapides sur le goût de
02:37 la lecture pour les enfants, donc c'est très important pour les enfants d'ailleurs, et
02:41 toujours je dis les enfants, les enfants, les adolescents.
02:43 Donc c'est une idée qui, au sein de l'Education nationale, est portée, et nous nous sommes
02:49 dit au Centre national du livre, mais enfin, oui, il faut que ce soit très puissant au
02:56 sein de l'Education nationale, mais pourquoi pas dans les entreprises, pourquoi pas sensibiliser
03:00 tous les citoyens, dans les transports en commun, prendre un quart d'heure pour lire,
03:04 c'est rien, et puis ça peut être tout ce qu'on a envie de lire, il n'y a pas de limite.
03:08 - Parce que ça ne s'adresse pas qu'aux enfants, aux adultes aussi, et d'ailleurs il y a souvent
03:12 plein de parents qui disent à leurs enfants "il faut que tu lis, c'est bien, il faut lire",
03:15 et qui ne montrent pas l'exemple.
03:16 - Alors voilà, les parents ont un rôle essentiel aussi, et dans les études que nous avons
03:22 réalisées au Centre national du livre sur les jeunes et la lecture, on se rend compte
03:26 que les adultes que nous sommes et qui lisons sont ceux dont les parents ont lu une histoire
03:32 ou qui eux-mêmes lisaient, et qui étaient donc une valeur d'identification forte pour
03:36 l'enfant.
03:37 - Alors il y a plein d'événements qui se sont organisés aujourd'hui dans les écoles,
03:39 évidemment, vous le disiez, dans des bibliothèques, des musées, des lieux plus attendus.
03:43 Il y a des endroits moins évidents, j'ai vu dans la liste, il y a un fast-food, un
03:47 Ehpad, une prison, il y a la liste complète sur le site du CNL, centre-national-du-livre.fr.
03:51 Quels sont les exemples qui vous marquent par exemple pour aujourd'hui ?
03:54 - Alors hier par exemple, nous l'avons lancé hier au siège social d'Air France avec Éric
04:02 Orsenna autour d'une rencontre sur littérature et voyage.
04:06 - L'académicien parraine cette opération.
04:08 - Tout à fait, l'académicien est notre parrain.
04:09 Et la rencontre était passionnante, on avait imprimé des sets de table pour tous les salariés
04:16 se rendant à la cantine d'Air France avec des phrases de Karen Dixon, enfin, évoquant
04:20 la dimension du voyage, de l'évasion, et le réseau social interne d'Air France en
04:28 étant paré.
04:29 Le Crédit Mutuel aujourd'hui organise une lecture à voix haute à son siège social
04:35 aussi.
04:36 Nous serons tout à l'heure à la BNF avec Monsieur Quérérot, le recteur de l'Académie
04:40 de Paris et de l'Île-de-France, autour de "Chien pourri", le grand classique des
04:44 enfants.
04:45 Ce chien qui est moche et qui sent mauvais mais qui finit par trouver le bonheur, comme
04:49 exemple d'identification aussi fort pour des enfants.
04:52 - Mais il n'y a pas qu'à Paris, vous nous avez donné trois exemples.
04:54 - Alors là oui, je vous parle de Paris parce que je suis à Paris, mais il y a beaucoup
04:57 de...
04:58 La ville de Strasbourg est très très mobilisée.
05:00 La ville de Lyon organise des lectures à voix haute dans le grand centre commercial
05:04 de Lyon-Pardieu.
05:05 Beaucoup de collectivités territoriales s'emparent du sujet, vont s'arrêter un quart d'heure
05:10 pour lire avec des lectures qui sont soit des lectures individuelles dans son bureau
05:14 ou des lectures de partage.
05:15 Et notre idée au fond c'est que dans les entreprises publiques et privées, on puisse
05:20 redonner aussi le goût de la lecture par le partage des coups de cœur.
05:23 Les clubs de lecture, recréer des toutes petites bibliothèques quand elles n'existent
05:27 pas, se prêter les livres.
05:29 On voudrait vraiment que le livre se glisse dans les interstices de nos vies, que ce soit
05:35 les transports en commun, à la maison, dans notre entreprise.
05:38 - Et on sait aujourd'hui combien de personnes ne lisent jamais ?
05:40 - Chez les jeunes en tous les cas c'est 16%.
05:43 - 16%, les adultes on n'a pas le chiffre, c'est difficile à évaluer.
05:46 - Les adultes on l'aura d'ailleurs en avril, mais c'est beaucoup moins que les jeunes.
05:52 Enfin on a beaucoup plus d'adultes qui lisent.
05:54 Cependant la lecture vraiment… - Régulière.
05:59 - La lecture très régulière est en perte de vitesse.
06:02 - Et c'est dû à quoi ? Quels sont les freins à la lecture ?
06:04 - Alors il y a plusieurs freins.
06:06 Il y a évidemment les écrans, qui sont, y compris chez les adultes, un facteur d'addiction
06:11 très important.
06:12 Il y a le chaos du monde, l'agitation dans lequel on vit, où je pense que l'idée
06:18 de se retirer du monde, de prendre du temps pour soi est plus difficile, notamment dans
06:23 le développement des grandes métropoles.
06:25 Et puis le frein chez les jeunes, d'abord le fait que la langue n'est pas toujours
06:30 facile à maîtriser.
06:31 La langue française est une langue difficile, les enseignants nous le disent et c'est
06:35 le cas.
06:36 Donc je pense qu'il y a un frein dans la compréhension.
06:39 Il y a la peur certainement de s'ennuyer, la peur de s'isoler, l'obligation, au
06:45 fond l'injonction aussi des adultes.
06:47 Et donc c'est pour cela qu'il faut développer la question du livre plaisir, qui ne soit
06:51 pas juste le livre évalué à l'école, recommandé par les parents, voire imposé,
06:56 et retrouver le plaisir de lire sans se sentir jugé.
07:01 Et en plus ce plaisir, il est relativement accessible, financièrement je ne sais pas,
07:06 mais en tout cas il y a beaucoup de librairies en France et d'ailleurs le nombre de nouvelles
07:09 librairies ouvertes a battu un record l'an dernier, 142 de plus.
07:13 Ça veut dire que le secteur se porte bien ? Il y a eu beaucoup de fermetures aussi dans
07:17 le même temps ou pas ?
07:18 Il y a eu 20 fermetures et 142 ouvertures, donc vous voyez c'est un chiffre extraordinaire,
07:24 sur un tissu déjà très dense de librairies.
07:26 Ce qui nous a frappé au fond après la crise sanitaire, c'est peut-être un des seuls
07:30 aspects positifs, c'est effectivement le retour du désir de donner un sens à sa vie
07:35 et beaucoup d'urbains qui se sont installés dans des petites communes.
07:41 On a une librairie qui s'est créée à Saint-Flour dans le Cantal, dans des petites
07:45 communes de 4 000-5 000 habitants, à Moreuil en Dordogne, à Exideuil.
07:50 Donc on a Exideuil en Dordogne et Moreuil dans la Somme.
07:54 Là je vous donne des exemples, mais on se rend compte qu'on a un tissu de librairie
07:58 indépendant très dense.
08:00 Le pass culture, comme vous le savez avec le livre, marche bien.
08:03 Donc il y a un faisceau d'indices aujourd'hui qui fait que je pense qu'il y a une chance
08:07 à saisir pour faire de la France ce pays de lecteurs qu'il a toujours été, en tous
08:11 les cas le maintenir.
08:12 Alors tous ceux qui veulent participer à cette opération, un quart d'heure de lecture
08:15 nationale, ils peuvent le faire savoir avec le mot-clé « 10 mars ».
08:19 Je lis à partager sur les réseaux sociaux et je signale que France Inter soutient cette
08:22 initiative avec toutes les heures des journalistes et des producteurs qui vont lire la première
08:27 phrase d'un livre de leur choix.
08:28 Merci beaucoup, Régina Tchando, présidente du Centre National du Livre.
08:31 *Générique*

Recommandations