7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Réforme des retraites: c'est fini?

  • l’année dernière
Le sénat a voté la réforme des retraites ce samedi. Le texte doit être débattu mercredi en commission mixte paritaire, alors qu'une nouvelle journée de mobilisation aura lieu ce même jour. Pour faire adopter la réforme, un recours au 49.3 n'est pas exclu. 

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00:00 Pile 8h20, retour sur le plateau de première édition, la réforme des retraites, le 7 minutes pour comprendre réforme des retraites,
00:05 et peut-être cette interrogation d'ailleurs. Est-ce que c'est fini ?
00:10 [Générique]
00:14 On en parle avec Guillaume Trichard, secrétaire général adjoint de l'UNSA. Bonjour, merci d'être là.
00:19 Emmanuel Anison, grand reporter à l'Obs, est également avec nous, spécialiste des mouvements contestataires et co-auteur de "Rester digne" aux éditions Flammarion.
00:26 Bonjour Emmanuel, et merci d'être avec nous et avec Laurent Neumann, éditorialiste politique BFM TV.
00:31 Alors que deux questions se posent ce matin sur cette réforme des retraites.
00:35 Le gouvernement va-t-il réussir à rassembler suffisamment de voix pour que le texte soit voté sans passer par le 49.3 jeudi prochain ?
00:41 Et puis l'autre question, c'est la grève peut-elle reprendre de façon massive dans les trois prochains jours ?
00:45 Dans les deux cas, il y a un doute. Écoutez ce que disait Laurent Berger de la CFDT, qui était un invité de BFM Politique hier midi.
00:52 Je pense qu'on ne peut pas, je vous le redis, avoir une telle mobilisation, une telle opinion qui est adverse, qui est contre cette réforme.
01:00 Une procédure parlementaire est scamotée et avoir un vice démocratique par le vote de cette réforme, par un recours au 49.3.
01:07 Je pense que ce serait extrêmement dangereux. Moi je ne voudrais pas qu'il y ait moins de monde dans les cortèges et plus de colère dans les têtes.
01:14 Est-ce que c'est cuit M. Trichard ?
01:16 Non, ce qui est cuit c'est le processus parlementaire à l'Assemblée Nationale. Ils en sont à compter le nombre de députés qui soutiendraient cette réforme.
01:26 Nous on en est à compter le nombre de mobilisations, partout dans les villes, dans les entreprises.
01:32 La France n'est ni à l'arrêt ni au ralenti M. Trichard.
01:36 Ça dépend dans quel secteur ?
01:38 5 raffineries ce matin bloquées, une grève des éboueurs dans une demi-douzaine de villes, des perturbations à la SNCF et c'est tout.
01:49 Ce n'est pas au nombre de raffineries...
01:54 Moi je prends ce que vous disiez, je vous prends au mot. La France est à l'arrêt la semaine dernière.
01:58 La France est à l'arrêt, c'était le 7, là on est à une nouvelle phase de la mobilisation.
02:05 Samedi les grévistes ont repris leur souffle.
02:09 La plus basse mobilisation depuis le début ?
02:12 Un samedi.
02:13 Vous avez été déçu par les chiffres de samedi ?
02:14 Pas du tout, c'était une mobilisation différente, plus familiale.
02:19 Il y avait des familles, des enfants qui venaient manifester avec leurs parents.
02:24 Mais on peut comprendre M. Trichard, il y a peut-être une forme d'usure, la grève ça coûte cher, on voit que le processus avance à l'Assemblée.
02:30 C'est une grève, une mobilisation, c'est un marathon, ce n'est pas un sprint.
02:36 Donc ils ont repris leur souffle et là ce qui compte maintenant c'est de réussir la journée de mercredi,
02:41 qu'on soit tous et toutes mobilisés mercredi partout en France, comme sur les autres mobilisations.
02:47 Vous savez, les mobilisations ne se comparent pas, elles s'additionnent parce que ce n'est pas le même public.
02:52 Nous on le voit sur le terrain, on le voit dans les cortèges, ce n'est pas les mêmes hommes, les mêmes femmes qui manifestent.
02:58 Il y a une sorte de relais parce qu'il ne vous aura pas échappé que le pouvoir d'achat est un vrai sujet,
03:02 et que quand on pose une journée de grève, c'est du salaire en moins.
03:05 Donc nous on additionne les mobilisations et donc ce qui compte c'est de réussir mercredi.
03:09 Et ensuite, si c'est un échec mercredi, ça ne sera pas un échec.
03:13 Comment réussir mercredi ? Il y aura d'autres formes de mobilisation mercredi ?
03:17 Il y aura d'autres formes de mobilisation, il y aura des mobilisations à nouveau dans les entreprises,
03:22 certainement dans les carrefours, vous avez vu qu'il y a des opérations escargot, etc.
03:28 Et puis, mercredi soir, l'intersyndicale se réunira et elle travaille déjà au futur, à l'après commission mixte paritaire,
03:40 parce qu'on en est là maintenant, on en est à avoir un Sénat qui a finalement raccourci son travail parlementaire
03:48 et maintenant une commission composée de 7 députés, 7 sénateurs qui vont peut-être décider du sort de cette réforme.
03:57 Emmanuel Anison, la journée de mercredi, est-ce que ça peut repartir ou est-ce que vous, vous avez le sentiment que la mobilisation s'essouffle ?
04:03 Je pense que c'est prématuré de conclure tout de suite que la mobilisation s'essouffle.
04:13 Il y a eu un coup de mou, clairement, ça va être important cette journée et la semaine prochaine, elle sera importante.
04:21 Alors, pour savoir si, est-ce que cet effet de masse dans la rue que les syndicats ont réussi à avoir va pouvoir continuer,
04:27 parce qu'effectivement il y a un effet d'usure, on le sait, ou est-ce que ça va basculer vers autre chose ?
04:33 Et là, il y a deux options, soit la mobilisation s'éteint parce que la loi est votée et puis que finalement chacun rentre chez soi,
04:41 soit il y a une radicalisation qui peut exister.
04:45 Moi, je viens de passer quelques jours avec des cégétistes qui bloquent la zone industrielle du Havre,
04:51 qui l'ont fait toute la semaine, qui disent qu'ils sont très déterminés à continuer.
04:54 Et on peut très bien imaginer aussi que cette mobilisation de manifestations dans la rue se mue en quelque chose de plus radical
05:03 avec des actions type rebas des bois ou blocage de production.
05:07 Laurent, est-ce que la loi peut être votée sans passer par le 49-3 ?
05:13 C'est encore possible. Ça va être très compliqué, mais c'est encore possible.
05:17 Au Sénat, c'est passé. En commission mixte paritaire, on en parlait il y a un instant, ça va passer.
05:23 Ils sont 14, 7 députés, 7 sénateurs, grosso modo, il y en a 10 sur 14 qui sont favorables à la réforme.
05:29 Jeudi matin, le texte revient au Sénat. Ils ont voté une fois, ça va passer aussi.
05:35 Donc toute la question, c'est que va-t-il se passer à 15h le jeudi ?
05:40 En réalité, on ne va pas attendre 15h. Le gouvernement va faire les comptes aujourd'hui, demain, jusqu'à mercredi
05:45 pour savoir s'ils ont une chance d'obtenir la majorité, c'est-à-dire 287 voix.
05:50 Si tel n'est pas le cas, alors au Conseil des ministres mercredi ou dans un Conseil des ministres extraordinaire,
05:55 mercredi après-midi, après la commission mixte, le gouvernement pourrait décider de déclencher le 49-3.
06:00 En tout cas, pour le moment, pour le gouvernement, c'est tout, sauf le 49-3. Écoutez Olivier Véran.
06:06 Nous ne voulons pas de 49-3. Nous souhaitons transformer notre majorité relative en majorité absolue sur le texte des retraites.
06:13 Et nous nous sommes donnés les moyens de le faire en faisant évoluer progressivement notre projet.
06:17 Je vous rappelle qu'initialement, on parlait d'un départ à 65 ans. C'est aujourd'hui 64 ans.
06:21 Et puis nous avons introduit par voie d'amendement, à l'écoute des syndicats, des forces politiques,
06:26 notamment de la majorité, mais aussi des oppositions, des mesures fortes, des mesures importantes.
06:31 Monsieur Trichet, est-ce que le recours au 49-3 alimenterait la radicalisation possible qu'évoquait à l'instant Emmanuel Nison ?
06:39 Évidemment que le 49-3 serait la pire des solutions dans le contexte actuel. On la sent, la colère froide montée.
06:48 Mais chez vous aussi, on sent cette colère qui peut déboucher sur des débordements ?
06:53 Pas dans nos organisations syndicales. Franchement, les militantes et les militants,
06:58 vous avez vu ce qui vient de se passer ces dernières semaines, manifestent dans le calme, avec responsabilité, dignité.
07:05 Ce n'est pas là le sujet. C'est cette colère plutôt froide, qui est plutôt sourde, qui va monter.
07:12 Je crois que le 49-3, le gouvernement en a déjà beaucoup abusé. Et là, ça serait vraiment, vraiment...
07:17 Bien sûr, c'est constitutionnel, mais un déni de démocratie, dans une démocratie moderne, ce n'est pas possible de continuer à utiliser ces artifices,
07:26 ces véhicules institutionnels pour faire passer une loi fondamentale. On parle de deux ans de vie, de travail en plus, pour les Françaises et les Français.
07:37 On parlait des éboueurs tout à l'heure. S'ils font grève, c'est parce qu'ils ne conçoivent pas qu'à 64 ans, ils vont continuer à vivre...
07:46 Ils ne vont pas juste à 64 ans.
07:48 Oui, mais on peut parler des infirmières et des infirmiers. Il y a tout un tas de métiers qui ne supportent pas cette idée.
07:58 Et surtout, on n'aborde pas les vrais sujets dans cette réforme. Et donc, nous, les syndicats, qu'est-ce qu'on réclame ?
08:04 On réclame désormais que le président consulte les citoyens, s'il n'a pas peur.
08:09 Vous voulez un referendum ?
08:10 Vous savez qu'il ne le fera pas.
08:11 Une consultation citoyenne, c'est ce qu'on réclame. Mais on ne sait pas s'il ne le fera pas.
08:15 Vous savez, mercredi serait une journée très importante. Et je crois, vous avez vu dans l'histoire, un président peut, d'un moment à un autre,
08:25 changer de doctrine. Donc, nous, on l'appelle à revenir à la raison. Et c'est tout l'enjeu de la démocratie moderne qu'est la France.
08:36 Merci beaucoup. Merci à tous les trois. Donc, trois jours, évidemment, décisifs. Et nous allons suivre ça, évidemment, sur BFMTV.

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