Le président du groupement Les Mousquetaires, Thierry Cotillard était l’invité de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 - Bienvenue dans la matinale de Cegnoz. - Bonjour.
00:02 Vous êtes un nouveau visage important de la grande distribution, c'est important qu'on vous connaisse.
00:05 Vous prenez vos fonctions à un moment où l'inflation alimentaire bat des records.
00:09 On était à 14,5% pour le mois dernier.
00:12 On rajoute les négociations avec l'industrie et elles nous promettent une hausse de 10%.
00:16 À quel moment on va faire 14,5 + 10 = 24,5% sur l'alimentaire ?
00:22 Ce sera au mois de juin. Ce sera au mois de juin.
00:24 On vit encore sur les stocks qu'on a achetés en début d'année.
00:27 Mais progressivement, dans toutes les supermarchés de France, vous allez avoir ces hausses de tarifs.
00:32 Elles ont commencé déjà depuis la semaine dernière.
00:35 Et à fin juin, on aura effectivement la somme des 2, 25%.
00:38 Donc on ne parle pas de mars rouge, on parle de printemps rouge, voire d'été rouge.
00:42 C'est printemps rouge, d'où la demande de Bercy d'avoir un trimestre anti-inflation.
00:46 On a été sollicité pour mettre en place des opérations exceptionnelles qui viennent en renfort de ce qu'on avait.
00:51 50 produits, ça ne nous suffisait pas.
00:53 C'est ce que proposait le gouvernement.
00:55 Oui, il proposait 50 produits. On pensait que c'était insuffisant.
00:58 Parce que les besoins des Français sont beaucoup plus larges que simplement 50 produits.
01:02 Donc pour ce qui est d'intermarché, on est arrivé à un dispositif de 500 produits
01:06 sur lequel on a travaillé nos marges pour baisser les prix.
01:09 Vous êtes d'accord avec UFC Que Choisir qui dit que c'est une opération de com'
01:12 ce trimestre anti-inflation qui démarre aujourd'hui ?
01:14 Non, je ne suis pas du tout d'accord. Parce que je sais ce que ça coûte.
01:17 Nous, on a un pôle industriel.
01:19 C'est-à-dire qu'on fabrique ces produits de marques de distributeurs.
01:22 On a nos bateaux, on a nos abattoirs.
01:24 Et donc c'est intermarché qui vend intermarché.
01:26 On a décidé de se mettre à zéro pour beaucoup de produits sur la marge de l'industrie qu'on a.
01:30 Et également, on a baissé nos marges en point de vente.
01:32 Donc non, non, ça n'est pas un coup de com'.
01:34 Je peux vous assurer que ça va peser dans nos comptes d'exploitation.
01:36 Le pari que font chaque distributeur, c'est de penser qu'avec ces produits d'appel,
01:40 on fasse venir plus de clients et qu'on résonne en masse de marge créée.
01:43 Et donc c'est la course…
01:45 Et de récupérer ce que vous perdez sur ces baisses-là sur d'autres produits.
01:48 Exactement. Quand on a fait la côte de boeuf à 10,50 euros ce week-end,
01:51 on n'a rien gagné, mais par contre on a eu du trafic dans nos points de vente.
01:54 Tous les produits seront concernés ? Les 500 produits seront regroupés au même endroit ?
01:57 Il y aura des logos ? Comment ça se passe ?
01:59 Non, il y a donc des logos qui sont proposés par le gouvernement.
02:04 Ils sont en cours d'impression.
02:06 Et donc vous les verrez, je pense, pour les plus rapides, en fin de semaine.
02:10 Sinon, la semaine prochaine, Intermarché, Leclerc, Carrefour, Système U, les affichera.
02:14 Et donc vous verrez les produits au fil de votre parcours dans le supermarché.
02:18 Ce seront ce qu'on appelle des stop-rayons qui vous permettront d'identifier ces produits.
02:22 Sans attendre le logo du gouvernement, on a bien sûr déjà balisé ces produits dans nos enseignes.
02:25 Alors, ce que propose le gouvernement, c'est un trimestre, ça va donc s'arrêter en juin.
02:28 Et alors là, c'est le coup de matraque pour les consommateurs ?
02:30 Alors, la bonne nouvelle pour toutes les personnes qui nous regardent aujourd'hui,
02:35 c'est qu'on a bon espoir que les prix baissent à partir de juin.
02:39 Pourquoi ?
02:40 Parce que vous avez connu les hausses du blé, vous avez connu les hausses de l'énergie.
02:44 Et la très bonne nouvelle, c'est que ces mêmes produits sont en train de baisser.
02:48 L'énergie, le coût du gaz est en train de baisser ?
02:50 On le voit baisser.
02:51 Et la matière première, si je prends le blé qui était à 460 euros la tonne, c'est 280.
02:57 Les fameux conteneurs, vous avez fait plein de reportages qui arrivaient d'Asie, à 12 000 euros.
03:00 Aujourd'hui, ils sont à 2 000 euros.
03:02 Donc il y a une demande de Bercy de renégocier.
03:04 Et si on obtient une rénégociation en juin, on négociera la baisse.
03:08 Et à ce moment-là, on pourra faire baisser les prix.
03:10 Renégocier avec les industriels, normalement, c'est une seule fois par an ces négociations.
03:13 Ça n'est qu'une fois par an, mais l'année dernière, il y a eu plusieurs phases de négociations.
03:17 On a négocié trois fois avec eux parce que ça ne cessait d'augmenter.
03:20 On veut la réciproque.
03:21 On ne peut pas négocier simplement quand ça hausse.
03:23 On voudrait aussi pouvoir négocier cette année quand ça baisse.
03:25 Et qu'est-ce qu'ils vous disent, les industriels ? Parce qu'ils n'ont aucun intérêt à faire baisser leur prix ?
03:28 Aucun intérêt.
03:29 Aucun intérêt, c'est pour ça que je pense que ça va être un bras de fer.
03:32 Ça va être d'abord, à mon avis, une méthode de dialogue par le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.
03:37 Et si le dialogue ne suffit pas, je pense qu'il faudra légiférer
03:41 pour obliger les industriels à revenir à la table des négociations.
03:44 Donc, passer par la loi pour pouvoir arriver à renégocier.
03:47 Vous avez dit que la spécificité des mosquetaires, c'est d'être à la fois distributeur et industriel.
03:51 Vous produisez combien de pourcentage des produits que vous proposez ?
03:54 Pour simplifier, on a 32% de nos ventes qui sont des produits à nos marques.
04:00 Si on rajoute le poisson qu'on pêche, les abattoirs, ça fait en gros 40%.
04:04 Sur ce 40%, il y a un peu plus de la moitié qui vient de notre approvisionnement,
04:08 de nos propres usines, de nos abattoirs, de nos bateaux.
04:10 Donc, c'est 20 à 25% de ce qui est vendu chez Intermarché,
04:13 qui vient de notre propre ressource à monde.
04:16 Vous êtes prêt au bras de fer avec les industriels, notamment sur certains prix ?
04:19 Je pense à des marques d'eau ou à des marques de soda,
04:22 qui ont fait exploser leurs prix dans les derniers mois.
04:24 En fait, il y a eu deux types de négociations.
04:27 Il y a celle qui était la hausse utile.
04:30 C'est-à-dire qu'il faut quand même avoir la lucidité et l'honnêteté de dire
04:32 que ça coûte plus cher aujourd'hui de produire en France.
04:34 Donc, on ne l'aurait pas fait.
04:35 Il y aurait eu des exploitations agricoles et des entreprises
04:38 qui auraient mis la clé sous la porte. Donc, il fallait le faire.
04:40 Par contre, là où on pouvait accepter 8 à 10% de hausse,
04:43 on a des multinationales qui sont arrivées avec des 25% de hausse.
04:47 On parle de quoi là ? De quelles marques, par exemple ?
04:49 Par exemple, le groupe Danone, on est en conflit.
04:51 C'est le seul dossier qu'on n'a pas signé.
04:52 On est à la médiation à Bercy.
04:54 Et dans 15 jours, si ce n'est pas fini, chacun retrouvera sa liberté.
04:57 Et on a décidé hier, avec les adhérents en charge du dossier,
05:00 le patron des achats en l'occurrence, de ne plus se lever pour Danette.
05:04 C'est-à-dire qu'à un moment, à 1,60, ça devient inaccessible.
05:07 Et nous, on a notre pâturette, produit dans nos usines, à 73 centimes.
05:10 Donc, on fera probablement le choix de se passer de produits Danone
05:13 à certains temps dans les rayons d'intermarché et négociations.
05:15 Notamment l'eau et viande, vous pouvez déréférencer l'eau et viande.
05:17 On l'a fait l'année dernière.
05:18 Vous l'avez fait, mais vous l'avez re-référencé.
05:20 On l'a remis parce qu'évidemment, il y a une pression du consommateur.
05:22 Mais lorsqu'on considère que c'est trop cher pour nos consommateurs,
05:25 on s'en passera et on a d'autres marques à proposer.
05:27 Et ça va être le nouveau métier des distributeurs.
05:29 Ce sera de sélectionner ce qui est encore accessible pour les Français.
05:32 Alors sur certains produits, on sait que la hausse de l'énergie impacte.
05:35 Les canettes de métal, on sait que c'est compliqué.
05:37 Le sucre a explosé. Pourquoi le sucre a explosé ?
05:39 Le sucre explose pour deux raisons.
05:41 C'est une production qui nécessite beaucoup d'énergie pour produire le sucre.
05:46 Et la matière première a manqué.
05:48 Donc la somme des deux, moins de produits et un coût de production
05:51 qui a explosé à cause de la facture énergétique,
05:53 fait qu'aujourd'hui, le sucre, c'est 50 % de progression.
05:56 On a parlé de ce trimestre en tri-inflation.
05:58 Vous allez lisser cette hausse de 24,5 % jusqu'à quand ?
06:01 À quel moment on sera au plus haut des prix ?
06:04 Au moment où on parle, on a déjà les 14 % de l'année dernière.
06:07 Progressivement, c'est 3 %, 4 %.
06:10 Et comme je vous l'ai dit, à fin juin, on aura 25 %.
06:13 C'est énorme pour les Français.
06:15 Mais c'est monstrueux.
06:16 Je rappelle la dépense d'aménage chez 4 000 €.
06:18 Donc 25 % par an.
06:20 On sera passé, par rapport à il y a 18 mois, de 4 000 à 5 000 €.
06:25 On sait qu'il y a des millions de Français qui sont à l'euro près
06:27 quand ils font leurs courses.
06:28 Donc c'est un vrai sujet.
06:29 C'est même une mission pour nous, les distributeurs, de proposer.
06:32 On est critiqués, on dit que c'est de la com,
06:34 mais je peux vous assurer que pour bouger les équipes,
06:36 pour aller au combat des tarifs qui nous sont proposés
06:39 par les multinationales, on le vit un peu aussi comme une mission.
06:41 On aime notre métier et on se dit qu'on est là pour proposer
06:44 les prix les plus bas à nos consommateurs qui sont en difficulté.
06:46 Est-ce que le gouvernement joue le jeu jusqu'au bout ?
06:48 Il y a une loi qui s'appelle la loi des croisades
06:50 qui va arriver vendredi à l'Assemblée.
06:53 Qu'est-ce qu'elle vous impose, cette loi ?
06:55 Elle va nous imposer deux choses.
06:57 Une, sur l'article 3, lorsqu'on ne sera pas d'accord,
06:59 chacun retrouvera sa liberté.
07:01 On ne va pas la commenter parce que je dirais...
07:03 Mais ça vous oblige à avoir une marge fixe, c'est ça ?
07:05 Alors, c'est l'article 1 sur lequel on est farouchement opposés
07:08 et là on trouve qu'il y a une incohérence incroyable.
07:10 Au moment où on est convoqué à Bercy pour trouver une solution
07:13 sur le pouvoir d'achat, on va voter au même moment, ce vendredi,
07:16 une loi qui va nous interdire de faire des grosses promotions
07:19 sur la droguerie, la parfumerie lygienne.
07:22 C'est-à-dire, pour que ce soit concret pour les personnes
07:24 qui nous regardent, lorsque vous allez chez Intermarché,
07:26 chez Leclerc ou Carrefour, vous pouvez acheter des couches
07:28 ou de la lessive qui coûte très cher, 15 euros, parfois 20 euros,
07:31 avec des remises de 80%, 70%. C'est fini.
07:35 C'est-à-dire, un acheté pour deux...
07:37 Un acheté, un gratuit, ou même plus que ça, c'est-à-dire
07:39 qu'on vous fait payer simplement 20% du prix.
07:42 Vendredi, on risque de voter en France que c'est fini,
07:45 ce sera plafonné à 34%.
07:47 Là où vous pouviez en avoir un pour deux, vous en aurez un pour trois.
07:50 C'est incompréhensible et surtout totalement incohérent
07:52 avec cette politique d'aider les Français dans leur pouvoir.
07:54 Vous l'avez dit à Bruno Le Maire, ministre de l'Économie,
07:56 il en est conscient de cette incohérence sociale ?
07:58 Il en est conscient, il est même opposé,
08:00 mais aujourd'hui, la décision appartient aux parlementaires
08:03 et les parlementaires sont aussi, disons-le,
08:05 sous l'influence de certains lobbys qui proposent ce type de loi.
08:08 Et vous vous faites du lobbying auprès des députés, du coup ?
08:10 On essaie, mais on court après la loi et on n'a aucune garantie
08:14 que ce texte ne soit pas voté vendredi.
08:16 J'aimerais en revenir au comportement des consommateurs.
08:18 Est-ce que vous avez vu le comportement des consommateurs
08:21 changer, le panier changer ?
08:23 On dit que 69% des Français, selon une étude de l'Observatoire CTLM,
08:28 auraient renoncé à acheter certains produits, notamment le frais.
08:32 Alors, on le voit, moi, avant d'être président du groupe
08:35 Les Mousquetaires, j'ai des points de vente,
08:37 j'ai des intermarchés en région parisienne et on voit trois phénomènes.
08:40 Les gens viennent plus souvent en point de vente
08:42 pour mieux maîtriser leurs dépenses.
08:44 Quand ils viennent, ils achètent moins d'articles,
08:46 pratiquement un article en moins quand ils en achètent dix,
08:49 donc on n'est pas loin de 10% de suppression de produits dans le panier.
08:53 Et puis surtout, on assiste à une dévalorisation de l'offre,
08:55 c'est-à-dire le bio, c'est vraiment en baisse.
08:58 Parce que les prix ont explosé ?
09:00 Les prix sont chers, c'est toujours 15 à 20% parce que ça coûte plus cher.
09:03 Les marques nationales, c'est moins intéressant.
09:06 On va vers de la MDD, du premier prix.
09:08 Des marques de distributeurs.
09:09 Des marques de distributeurs et puis les produits frais.
09:11 C'est une réalité, le poisson fait moins 15% de vente
09:14 dans tous les supermarchés de France,
09:16 donc on a eu l'idée de proposer des prix aussi très attractifs
09:20 dans nos paniers anti-inflation pour pouvoir permettre
09:22 d'avoir un accès à la viande ou au poisson.
09:24 Parce que là, c'est vraiment une invitation à la malbouffe.
09:26 Si on ne peut plus consommer des fruits et des légumes,
09:29 du poisson et de la viande, on se retourne vers quoi ?
09:31 Ce qui est terrible, c'est qu'on avait tous pris le virage
09:33 il y a 4-5 ans d'aller vers le mieux manger,
09:35 d'avoir des produits plus sains,
09:37 et là on sent qu'effectivement, cette vague d'inflation
09:39 risque de mettre en danger.
09:41 Donc on va avoir cette double mission
09:43 d'essayer de ne pas opposer le mieux manger,
09:45 les produits sains, au prix, au pouvoir d'achat.
09:48 Donc ça ne va pas être simple pour résoudre cette équation
09:51 dans les semaines qui viennent.
09:52 Il y a aussi un phénomène qui se multiplie dans vos magasins,
09:54 mais dans tous les magasins, c'est les vols.
09:56 C'est terrible, vous avez dû badger la viande.
09:58 Qu'est-ce que vous badgez ?
10:00 En fait, c'est terrible parce qu'il y a deux ans,
10:02 on ne le faisait pas et aujourd'hui, on est obligé.
10:04 La pièce de viande, elle peut coûter 8-9 euros.
10:07 Donc lorsqu'on est volé de ces produits-là,
10:09 ça a un impact pour les autres consommateurs
10:11 parce qu'on est obligé de répercuter des hausses
10:13 sur les autres produits.
10:14 Donc on est aujourd'hui dans des systèmes de badgeage,
10:16 d'antivol sur le poisson, la viande.
10:19 C'est une nouveauté, on est navré de devoir le faire,
10:21 mais c'est le seul moyen pour contenir l'inflation
10:23 encore en point de vente.
10:24 Et quand vous avez un de vos clients que vous attrapez,
10:27 qu'est-ce qu'il se passe ?
10:28 C'est à la miable ou pas ?
10:29 Oui, c'est à la miable parce qu'en fait,
10:31 on est avant tout des commerçants,
10:33 donc on est dans un rapport de relations humaines.
10:36 On essaye évidemment de gérer ça
10:38 avec le plus de diplomatie possible.
10:39 Les étudiants aussi sont dans une très grande précarité,
10:42 ils n'arrivent plus à se nourrir correctement,
10:43 vous le voyez ça aussi ?
10:44 On le voit, nous on a depuis longtemps
10:46 mis en place des zones de zéro gâchis,
10:48 c'est-à-dire les produits dont la date de consommation
10:51 se termine ce soir vont être mis ce matin
10:53 dans nos intermarchés à -50, à -40.
10:55 Et on voit que c'est le rayon sur lequel les étudiants vont,
10:58 pour partie, certains ont les moyens,
11:00 mais il y a quand même une partie qui est en difficulté.
11:02 Et on voit que cette démarche anti-gaspi
11:04 profite aux plus démunis.
11:05 Et ça cartonne, j'imagine ?
11:06 Oui, bien sûr, le soir il n'y a plus de produits,
11:08 le soir il n'y a plus rien.
11:10 Comment est-ce que vous allez faire
11:12 par rapport aux banques alimentaires ?
11:13 Est-ce que vous leur donnez ?
11:14 Elles sont absolument débordées par les demandes,
11:15 l'explosion des demandes.
11:16 Oui, on continue de donner,
11:18 mais en fait avant de les donner aux banques alimentaires,
11:20 on les met à disposition des clients.
11:22 Et en fait, la conséquence de ça,
11:24 c'est qu'il y a un peu moins de produits
11:26 donnés aux banques alimentaires.
11:27 Ce qu'on organise, c'est bien sûr,
11:28 toutes les journées au profit du Resto du Coeur,
11:31 des banques alimentaires,
11:32 et on est sur des volumes qui explosent,
11:33 parce que je pense que tous les Français
11:35 se sentent en insécurité et se disent
11:37 "ça peut me profiter demain, donc je donne"
11:39 et donc c'est des volumes qui font +10, +15 tous les ans.
11:42 Vous, vous êtes en première ligne,
11:43 vous la voyez avancer la grande pauvreté dans notre pays.
11:45 Ça vous dit quoi de notre société ?
11:47 Écoutez, ça remet en cause évidemment beaucoup de choses.
11:52 Nous, distributeurs, on est au contact des clients,
11:55 on a surtout la responsabilité de remettre la facture,
11:58 cette facture qui ne cesse d'augmenter.
12:00 Le ticket de caisse.
12:01 Le ticket de caisse.
12:02 Que vous voulez maintenir d'ailleurs ?
12:03 Alors il est dématérialisé,
12:05 on veut faire du développement durable.
12:07 La seule chose qu'on dit,
12:08 et c'est le message que je viens passer aussi
12:10 quand je suis à l'antenne,
12:11 c'est de dire qu'on n'est pas les seuls responsables,
12:12 on est en bout de chaîne.
12:13 Il y a un agriculteur qu'il faut protéger,
12:15 et la hausse de son revenu,
12:16 puisque ça a été montré par un rapport
12:18 de l'Institut Général des Finances,
12:20 c'est tout à fait normal,
12:22 il était nécessaire et important.
12:24 Entre l'agriculteur et nous, le distributeur,
12:27 il y a le fournisseur.
12:28 Les PME font leur boulot,
12:30 et c'est notre tissu aussi local de production.
12:32 Les multinationales sont un sujet,
12:34 j'espère que la loi aussi permettra
12:36 de légiférer sur la transparence
12:38 qui doit être la leur
12:39 quand ils présentent leurs tarifs.
12:40 Est-ce que la grève des poubelles
12:42 qu'on voit dans un certain nombre de grandes villes
12:44 impacte vos intermarchés ou pas ?
12:46 Non, en fait, il faut avoir en tête
12:48 que dans nos supermarchés,
12:49 par exemple chez nous,
12:50 on a un système de recyclage en interne.
12:53 Donc l'essentiel de nos déchets,
12:54 ce sont des cartons,
12:55 et en fait, lorsque le camion arrive de la base
12:58 pour nous livrer les produits,
12:59 il repart avec des balles de carton
13:00 qu'on a comprimés,
13:01 et on est le premier récycleur en France
13:03 de carton et de plastique.
13:05 Et puis quant aux déchets,
13:06 on en a parlé il y a deux minutes,
13:08 la zone zéro gâchis fait qu'il y a
13:09 de moins en moins de déchets alimentaires,
13:11 et donc on n'est pas du tout victime
13:13 aujourd'hui de cette grève
13:14 sur les emballages ou les ordures.
13:15 Mais quand vous voyez cet amoncellement d'ordures
13:17 dans les rues de Paris,
13:18 il y a aussi une réflexion sur le gâchis,
13:20 la trop consommation,
13:21 et puis les emballages,
13:22 trop d'emballages partout.
13:23 Vous avez un effort à faire là-dessus ?
13:25 Oui, on a un effort.
13:26 Alors on le demande aux industriels,
13:28 mais ils se prennent en charge.
13:29 Non, nous, la vraie responsabilité
13:31 quand on est intermarché,
13:32 quand on est producteur commerçant,
13:33 il y a quatre ans,
13:34 on a décidé de faire
13:35 tout un programme bi-prod,
13:36 bénéfice-produit,
13:37 où on a amélioré les recettes
13:39 de nos produits à marque propre,
13:40 mais aussi les emballages
13:41 pour moins consommer.
13:42 Donc quand vous achetez
13:43 des tranches de jambon monigranou
13:45 qui est notre mât,
13:46 vous avez beaucoup moins de plastique.
13:47 On a essayé de faire au plus petit.
13:49 Et puis surtout, on met du carton,
13:51 on met des choses qui soient
13:52 beaucoup plus responsables
13:53 pour l'environnement.
13:54 En tout cas, la pression
13:55 vient des consommateurs,
13:56 mais un distributeur responsable
13:57 comme on est,
13:58 a un plan d'action sur ce sujet,
13:59 évidemment.
14:00 On voit que toutes les colères
14:01 s'agglomèrent, s'ajoutent
14:02 dans notre pays.
14:03 La peur de l'inflation,
14:04 la peur pour le pouvoir d'achat,
14:06 la peur sur la réforme des retraites.
14:08 Est-ce qu'il y a le risque
14:09 d'un mouvement social d'ampleur ?
14:10 On est en pleine journée
14:11 de manifestation aujourd'hui.
14:12 Écoutez, moi je crois en fait
14:13 que le sujet qu'il faut traiter
14:15 immédiatement,
14:16 si on veut éviter,
14:17 comme vous l'évoquez,
14:18 cette crise sociale,
14:19 c'est l'évolution des salaires.
14:20 En fait, si on reste
14:22 avec les salaires actuels
14:23 sans hausse qui suit
14:25 ou se rapproche de l'inflation,
14:26 on va avoir une crise sociale.
14:27 En tout cas, on aura un écart
14:29 entre vouloir d'achat
14:30 et pouvoir d'achat.
14:31 C'est une frustration
14:33 qui sera effectivement présente
14:35 et qui va monter.
14:36 Est-ce que ce sera une gronde
14:37 pour revoir des mouvements
14:38 qu'on a pu connaître ?
14:39 J'en sais rien.
14:40 En tout cas, le sujet
14:41 après l'inflation,
14:42 c'est la hausse du SMIC
14:43 et des salaires qui vont avec.
14:44 Et aussi le partage
14:45 de la valeur dans l'entreprise.
14:46 Oui.
14:47 Vous y êtes là-dessus ?
14:48 Oui, on y est.
14:49 En fait, nous, on a des systèmes
14:50 d'intéressement.
14:51 On est tous des indépendants,
14:52 donc chacun a son système.
14:53 Donc, liberté est donnée
14:54 à chacun des chefs d'entreprise
14:55 qui détiennent nos enseignes.
14:57 Mais bien sûr,
14:58 c'est une démarche
14:59 sur laquelle on travaille
15:00 et on souhaite évidemment
15:01 faire bouger les choses.
15:02 Merci beaucoup Thierry Cotillard,
15:03 président du groupe
15:04 Antlès Mousquetaire,
15:05 d'être venu ce matin.
15:06 Sous-titrage Société Radio-Canada