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Retrouvez « La drôle d'humeur de Paul Mirabel » dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-paul-mirabel

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😹
Amusant
Transcription
00:00 Ensuite voici Monsieur Paul Miranda !
00:02 - Salut Paul !
00:04 - Bonjour les amis, est-ce que tout le monde va bien aujourd'hui ?
00:06 - Oui ! Et toi ?
00:08 - Ouais, écoutez, moi aussi ça va. A l'exception près que ce week-end, une fille m'a invité à aller à la filmothèque.
00:12 Et que j'ai donc dû faire croire pendant une soirée entière que j'étais familier avec l'utilisation du mot "filmothèque".
00:17 Moi au début je connaissais pas le concept, donc elle me dit "c'est très simple Paul, la filmothèque c'est un endroit dans lequel on peut voir des films".
00:22 Alors que pour moi il y avait déjà un mot pour ça qui existait qui s'appelle "un cinéma".
00:26 Alors je sais que ça a l'air plutôt logique comme notion qu'à la filmothèque il y a des films,
00:30 sauf que pour les individus faisant partie du club des gens qui n'ont pas la lumière à tous les étages,
00:34 dont je suis membre éminent depuis quelques années, c'est pas si simple à saisir,
00:37 puisque je me suis rendu compte que si on suivait cette logique, une bibliothèque normalement ça devrait s'appeler une "livrothèque".
00:42 Ne me remerciez pas.
00:43 Puis là, elle me dit "non mais c'est aussi un endroit dans lequel on conserve des vieux films".
00:47 Donc moi je lui dis, sans vouloir t'offenser, ça aussi je crois que ça existe déjà, ça s'appelle "un tiroir".
00:52 Surtout que contrairement à une filmothèque, l'avantage d'un tiroir c'est que t'es pas obligé de faire 45 minutes de métro pour y aller.
00:57 Donc moi je me dis "allez, soirée filmothèque, c'est l'occasion d'aller voir Alibu.com 2 en mangeant des pop-corns".
01:03 Et bien que nenni, puisqu'elle rajoute "non puisqu'il repasse que des vieux films de genre A, R et C".
01:08 Donc moi, comme elle est sympa, je fais semblant de trouver que c'est une excellente idée,
01:11 alors qu'au fond de moi il y a une petite envie de mordre des inconnus à la jugulaire qui commence tout doucement à s'entraîner.
01:16 - Toi ?
01:17 - Je fais rapidement le calcul dans ma tête, je me dis "bon, Alibu.com 2 s'est sorti il y a deux semaines,
01:21 je suis pas sûr que ce soit déjà considéré comme un film de genre A, R et C".
01:25 Donc là je comprends qu'on se dirige plus vers un film en noir et blanc de 3h30,
01:28 dont tu peux dire à la fin des phrases telles que "non mais il parle pas, mais on sent vraiment toute la profondeur du personnage".
01:33 Alors que moi je veux pas voir la profondeur du personnage, je veux juste voir Gérard Juniau qui se prend une vitre pendant que je mange des pop-corns.
01:39 Et là pour me motiver, elle rajoute cet argument auquel je ne m'attendais pas,
01:42 "non mais il faut vraiment que tu vois ce film, il est déjà allé à Cannes".
01:45 Je lui dis "ben moi aussi je suis déjà allé à Cannes, c'est pas non plus un argument si recevable que ça,
01:49 il y a un cerf, deux, trois plages qui valent le coup, mais Cannes c'est pas non plus Bora Bora".
01:53 Après l'avantage, c'est que je suis pas très difficile à convaincre dans la vie et moi,
01:56 tu me tires les cheveux un peu fort, je réponds favorablement à n'importe quelle demande.
01:59 Donc je cède, je finis par arriver dans une filatante de filmothèque,
02:03 et là elle me pose cette question que je n'ai pas vue venir,
02:05 elle me dit "est-ce que tu vas souvent voir des films dans des cinémas indépendants, toi Paul ?"
02:08 Donc là aussi je m'interroge, je me dis "est-ce que regarder la télé sur son canapé
02:11 c'est considéré comme du cinéma indépendant ? Je sais pas".
02:14 Donc je tente un coup de bluff, je réponds "oui, j'y vais au moins deux fois par semaine,
02:17 si ce n'est trois".
02:19 C'était peut-être un peu gros, je vous l'accorde,
02:21 avec du recul je pense que c'est le "si ce n'est trois" qui m'a trahi,
02:24 parce que c'était trop recherché comme expression pour quelqu'un qui vient de découvrir
02:27 le sens du mot "filmothèque" 15 minutes avant.
02:29 Puis là, où la conversation a pris une tournure que je ne soupçonnais pas,
02:32 c'est qu'elle m'a dit "moi je trouve que le gros avantage du cinéma indépendant,
02:35 c'est que c'est un cinéma qui se place essentiellement en dehors des conglomérats médiatiques".
02:39 Donc moi à ce moment-là je me dis "comment lui camoufler de manière suffisamment élégante
02:43 que je suis en train de saigner du nez ?"
02:45 Et que là je suis à un mot compliqué de m'évanouir.
02:47 Franchement si elle me sort le mot "xylophone" j'ai terminé aux urgences.
02:50 Donc finalement on va voir ce film, c'est un vieux film des années 90 des frères Cohen.
02:54 Donc moi en plus j'essaye de faire l'intéressant, je lui dis "moi dans la famille Cohen,
02:57 je te cache pas que je connais un peu Jonathan, mais je savais pas qu'il avait deux frères
03:00 qui faisaient aussi du cinéma".
03:02 Elle répond même plus, elle se contente juste de même des petits coups de coude dans les côtes.
03:05 Très surpris d'ailleurs de voir que même si c'est un film américain des années 90,
03:08 à un moment tu vois très rapidement passer Kad Merad qui en a à son 120ème film,
03:11 un peu pour le mois de mars.
03:13 Bon pour être totalement transparent, j'ai pas trop compris la fin du film,
03:16 ni le début d'ailleurs, ni le milieu non plus.
03:19 Du coup j'ai utilisé un stratagème que je vous recommande si ça vous arrive,
03:22 qui consiste à rester assis pendant le générique de fin,
03:24 à plisser un peu les yeux et à dire "ah tiens, c'est Evelyne Dupuis,
03:27 la quatrième assistante réalisatrice, j'aurais pas dit ça".
03:30 Très heureux de vous annoncer que j'ai officiellement appris l'existence du mot "filmothèque",
03:33 qui est d'ailleurs toujours pratique à placer dans une conversation
03:35 si un jour vous souhaitez briller en société, mise en situation.
03:38 Cher Nagui, je suis confus pour se léger contre temps,
03:41 je ne pourrais finalement pas venir au lâcher de cochons hebdomadaire que tu organises,
03:44 mes obligations matrimoniales m'obligent malheureusement à me rendre à la filmothèque.
03:48 Voilà, merci tout le monde de votre patrimonial.
03:50 - C'est une sorte d'amour !
03:52 (Applaudissements)

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