Joanna Hogg, un cinéma de fantômes et de souvenirs

  • l’année dernière
Transcript
00:00 * Jingle *
00:08 France Culture, Olivia Ghesper, bienvenue au Club.
00:12 * Jingle *
00:17 Bonjour à tous. Le Festival Série Mania s'ouvre aujourd'hui à Lille.
00:22 Un point sur les tendances incontournables.
00:24 La guerre qui a pris d'assaut les scénarios du monde entier.
00:27 Tout comme la question climatique, ou le pouvoir au féminin.
00:30 À travers les séries, une conversation mondiale s'est ouverte sur les grands sujets de société
00:34 et les enjeux géopolitiques.
00:36 Du macro au micro, les réalisateurs n'oublient pas l'individu, le groupe, la société.
00:41 Toutes deux présentées à Série Mania pour cette édition 2023.
00:45 Deux séries, l'une dans la catégorie comédie, l'autre dans la catégorie format court.
00:49 Deux séries bien françaises dont parle de la vie avec tendresse et humour.
00:53 Les Caustiques et déjantées Rictus, co-écrites et réalisées par Arnaud Malherbe
00:58 et Canis Familiaris de Joris Gulnok.
01:01 * Jingle *
01:05 Une émission programmée par Henri Leblanc et Laura Dutèche-Pérez,
01:07 préparée par Sacha Matéi à la réalisation Félicie Fauger,
01:11 avec Grégory Wallon à la technique.
01:14 * Jingle *
01:22 * Jingle *
01:25 * Jingle *
01:42 * Jingle *
01:46 Mix de vos deux séries, Rictus, Canis, Familiaris.
01:51 Rictus, votre série, Arnaud Malherbe, pour OCS.
01:54 Canis Familiaris, votre série, Joris Gulnok, pour Arte.
01:58 Réalisateur et scénariste avec Marion Festraetz de Moloc.
02:02 Mini-série fantastique, Miss Riller, Miss Comte Sociale,
02:05 mais aussi de Ogre, votre premier long-métrage sorti il y a deux ans,
02:08 aux commandes de Rictus cette année.
02:10 Bonjour Arnaud Malherbe.
02:11 Bonjour.
02:12 Bonjour.
02:12 Faites-moi un beau Rictus.
02:14 Il est pas mal, pas mal du tout.
02:16 C'est de la télé.
02:17 Ça marche aussi à la radio.
02:20 Bienvenue dans un monde, il est désormais interdit de rire,
02:23 sous peine d'être arrêté.
02:24 Steph est un employé modèle, il est interprété par Fred Testo.
02:28 Sera-t-il celui qui déclenchera l'hilarité générale ?
02:31 Voilà, en gros, pour le pitch de votre série, Rictus.
02:34 Bonjour Joris Gulnok.
02:36 Bonjour.
02:37 Bonjour, vous êtes avec nous à distance,
02:39 en duplex chez nos camarades de France Bleu Gironde.
02:41 Merci beaucoup à eux de vous accueillir chez vous.
02:43 Ça a bois sec.
02:45 Canis Familiaris, c'est une mini-série diffusée sur Arte,
02:47 que vous avez écrite et réalisée, conçue, imaginée.
02:51 C'est une plongée dans une communauté canine,
02:53 dont Max est le pilier, le chef de meute,
02:56 leader respecté malgré la dépression qui le guette.
02:59 Je vais pas vous demander d'aboyer,
03:01 sauf si c'est votre spécialité.
03:03 Non, je le fais pas très bien.
03:05 Pas très bien.
03:05 Qu'est-ce qu'ils ont de particulier, vos chiens ?
03:08 En réalité, ce sont des hommes en fait.
03:13 C'est une métaphore de société humaine,
03:16 cette petite meute.
03:19 Donc, ce qu'ils ont de particulier,
03:22 c'est qu'ils nous ressemblent beaucoup.
03:23 Oui, c'est ça, ils nous ressemblent beaucoup.
03:25 Et comme nous, ils tentent de vivre en société,
03:29 et beaucoup de sentiments de rivalité, d'amour, de jalousie,
03:33 sont mis en scène aussi dans cette série.
03:35 Comme chez les hommes, vous allez voir,
03:37 ça se passe comme ça sur Arte.
03:39 Le rire tue, ensemble tuons le rire.
03:42 Voilà pour la devise de votre série,
03:45 "Rictus", Arnaud Ballerbe,
03:46 qui réunit un casting d'acteurs, là aussi d'humoristes,
03:48 tels Lison Daniel, Pierre-Emmanuel Barré, Constance Delay.
03:51 Après le fantastique, vous avez choisi la dystopie.
03:54 Pourquoi ? Comment la dystopie s'est imposée ?
03:56 Pour vous, comme un registre précieux, finalement,
03:59 pour imaginer l'avenir,
04:00 ou pour raconter le monde qu'on vit, tout simplement ?
04:02 Je crois que c'est un des endroits les plus puissants, justement, des histoires.
04:07 C'est-à-dire, à partir du moment où on fait un pas de côté,
04:09 c'est comme la poésie.
04:09 C'est-à-dire qu'on fait semblant de ne pas raconter le réel,
04:12 et on passe par un autre chemin.
04:15 Et en l'occurrence, le chemin de la dystopie,
04:16 qui est donc très très rapidement le dysfonctionnement d'une utopie.
04:20 C'est-à-dire qu'on part sur un imaginaire,
04:22 et on pousse une idée de société à son maximum,
04:25 soit de sa terreur, dans le cadre d'un film fantastique radical pour faire peur,
04:30 soit dans le cadre de la comédie,
04:32 de pousser au maximum de son absurde.
04:34 Voilà, donc l'idée était là de réfléchir en s'amusant,
04:39 un petit peu comme les jeux de société pour la famille,
04:41 de se dire que si on poussait ce curseur au maximum en disant
04:45 "il existe une société dans laquelle il est interdit de rire",
04:48 voilà, en quoi c'est intéressant, en quoi c'est flippant, en quoi c'est marrant.
04:51 Nous voilà, on a joué avec tout ça.
04:53 Et vous, Joris Goulenoc,
04:55 qu'est-ce que cette transposition de la communauté humaine
04:57 à la communauté canine vous a permis ?
05:01 Disons qu'un petit peu à l'image de ce que dit Arnaud,
05:05 moi c'est une réduction de société avec des règles plus simples,
05:08 et en fin de compte, il parlait de dystopie,
05:11 mais bon, moi c'est un monde inventé aussi,
05:14 où finalement, chaque petit règlement qu'on met en place
05:18 est un petit endroit de propos,
05:20 et sur lequel on peut converser, quoi, finalement.
05:25 Et ça vous est venu comment ?
05:27 En regardant votre propre chien ?
05:29 En regardant mon propre chien,
05:31 et en faisant le constat que finalement,
05:35 c'était la seule espèce qui, comme moyenne survie,
05:38 avait décidé de répondre aux règles d'une autre espèce.
05:42 En échange de beaucoup de liberté,
05:44 euh, pardon, de sécurité, au contraire,
05:47 ils vont mettre de côté la liberté
05:51 contre des croquettes et un panier, quoi.
05:53 Et ça, j'ai trouvé qu'il y avait un lien,
05:57 dans une certaine mesure, à ce qu'on peut vivre nous,
05:59 dans nos emplois.
06:01 Vous pensez ?
06:03 Ben, j'ai été employé longtemps,
06:07 et c'est vrai que tout le confort que ça apporte,
06:12 ça demande des horaires, des rapports de subordination,
06:17 des choses à faire.
06:20 Arte ne vous a pas domestiqué, alors, pour l'occasion.
06:23 Vous avez trouvé, dans la réalisation de cette série,
06:26 votre liberté ?
06:28 Alors là, oui, c'est vrai qu'Arte accompagne vraiment
06:32 les auteurs dans le respect maximum du projet, du propos.
06:37 Et là-dessus, on a eu vraiment que des débats qui étaient d'ordre
06:40 dramaturgique, ou de ressenti de lecteurs, de spectateurs, quoi.
06:45 Et sinon, il laissait quand même libre cours à mes envies.
06:48 De la société du spectacle à une société sans rire, Arnaud Malherbe,
06:53 vous faites aussi, finalement, un grand pas avec cette dystopie,
06:56 avec cette fantaisie, on peut le dire aussi, dans le temps,
07:01 et vous tordez littéralement le réel.
07:04 À quoi ressemblerait un monde, un monde où les hommes,
07:07 les humains, ne plaisanteraient plus ?
07:09 Comment vous l'avez imaginé, ce monde ?
07:12 Je crois que c'est...
07:14 La racine, en fait, du travail et du propos, c'était vraiment,
07:18 je crois, issue d'une réflexion qui était qu'à partir du moment
07:25 où on ne peut pas rire, c'est à ce moment-là où on a le plus
07:28 envie de rire. Je crois qu'on a tous expérimenté ça,
07:31 dans des choses très concrètes, en enterrement, en classe,
07:35 devant des hommes politiques. Il y a vraiment une quantité
07:38 de situations dans lesquelles... Donc ça, c'est le petit bout
07:40 de la lourdure.
07:41 Je pensais tout simplement à "Tu me tiens par la barbichette".
07:44 On dit "Ne rie pas, je vais vous faire rire".
07:46 On pourrait essayer d'ailleurs.
07:48 Donc c'est partie de ça. Et puis évidemment, à cette idée-là,
07:51 autour de laquelle je tournais depuis de nombreuses années,
07:53 c'est agréger juste l'observation de certains mécanismes
07:56 dans la société et de choses dont on ne peut plus rire
08:00 ou on ne peut plus rire d'une certaine manière.
08:03 Et parfois, c'est une très bonne chose.
08:05 Et en même temps, tout ça est très complexe.
08:07 C'est-à-dire que c'est un mélange d'observations,
08:10 d'une forme de ce que certains appellent le "wokisme"
08:13 et aussi d'une forme de bien-pensance, bien-séance,
08:18 mais qui sont encore des tartes à la crème comme concept.
08:20 Néanmoins, beaucoup de gens considèrent qu'on ne peut plus rire de ci, de ça,
08:24 qu'on ne pouvait plus se rire avant,
08:25 en quoi je ne suis pas d'ailleurs exactement d'accord.
08:28 Mais toujours est-il que c'était un bain
08:30 dans lequel se surnageaient plein de thématiques
08:36 sur l'interdit, sur qu'est-ce que c'est qu'être bienveillant à l'autre,
08:41 est-ce que quand on rit, on rit forcément de l'autre,
08:43 est-ce que quand on rit, on s'affranchit du pouvoir et de l'autorité.
08:46 C'est aussi, par exemple, toute la thématique travaillée dans "Le nom de la rose" de Eco.
08:51 Si on commence à rire, c'est qu'on commence à pouvoir rire de Dieu.
08:56 Et surtout, ce qui était important pour Marion Festretz,
09:01 la co-créatrice de la série et moi-même,
09:02 c'était que si on "attaquait" cette thématique,
09:07 il ne fallait pas en faire quelque chose de sentencieux.
09:10 Il fallait être dans la fantaisie et la farce.
09:12 C'est pour ça qu'on tenait à faire une farce dystopique.
09:14 Et donc de pousser aussi tous les curseurs pour avoir une vraie fantaisie
09:19 et un vrai univers parallèle presque.
09:21 Qu'on a travaillé dans les décors, dans les costumes, à l'image,
09:25 presque dans la façon de vivre, de se déplacer, de fonctionner.
09:29 Et puis après, de pousser juste les choses qui nous amusaient, nous.
09:31 C'est-à-dire, on se dit, si on ne peut pas rire,
09:33 qu'est-ce qui se passe par exemple avec les enfants ?
09:35 Eh bien avec les enfants, quand ils rient, on leur met un casque quand ils rient.
09:38 Et là on écoute l'extrait. Ne pas rire, ne pas se déguiser, ne pas imiter.
09:41 Et surtout, ne pas rigoler.
09:43 Attention Max, mon chéri, pas de représentation d'humain.
09:47 On ne dessine pas les gens.
09:49 On n'offense personne, on est d'accord ?
09:52 Oui, oui, je fais des poules.
09:54 Les poules, ça va ? C'est bien les poules ?
09:58 Max, est-ce que tu veux bien raconter à papa et maman ce qui t'est arrivé à l'école ?
10:03 Le petit incident qui nous réunit aujourd'hui ?
10:06 C'est pas moi qui ai commencé.
10:08 Personne ne juge personne Max.
10:10 Nous sommes là pour comprendre et réfléchir ensemble.
10:13 On t'écoute ?
10:15 C'est Jérémy. On était dans la cour de récréation et on a fait une figure de la maîtresse.
10:21 C'est-à-dire ?
10:27 La maîtresse, elle a un peu une tête de grenouille, donc on l'a imité. Comme ça.
10:35 Vous en faites pas, j'ai l'habitude.
10:37 Et ensuite ?
10:39 Il a un peu rigolé.
10:44 C'est bien de verbaliser.
10:46 Est-ce que tu sais comment ça s'appelle ?
10:48 Une grimace. Les autres, ils sont allés le dire à la maîtresse.
10:53 Mais ils ont eu raison. Ils veulent t'aider.
10:55 Le problème, c'est que ça fait la deuxième fois en 15 jours, Max.
10:57 Mais c'est pas que ça fait la deuxième fois en 15 jours.
11:00 Mais c'est pas comme moi, c'est aussi Jérémy.
11:02 Ne t'en fais pas pour Jérémy, tu ne le verras plus, il a changé d'école.
11:05 Et toi, qu'est-ce que tu penses de tout ça ?
11:09 Que c'est pas bien. C'est même interdit.
11:13 Tu es encore petit, Max. Ça arrive. Nous les grands, on est là pour t'apprendre.
11:17 Si tu habitues ton corps à ces choses, ça fait comme un petit poison qui entre en toi
11:22 et dont tu auras besoin encore et encore.
11:25 Tu risques de te faire mal.
11:27 Encore et encore.
11:30 Tu risques de te moquer des autres, de riganner comme ça pour rien tout le temps.
11:33 Et ça, c'est la jungle humaine. Alors que nous, qu'est-ce qu'on veut ?
11:36 Le respect et la bienveillance.
11:39 Ben oui, c'est ça, mon chéri.
11:42 C'est exactement ça.
11:45 Extrait de la série "Rictus", coécrite et réalisée par Arnaud Malher pour OCS, à voir prochainement.
11:52 "Rictus", c'est marrant comment le malaise est encore plus grand quand on touche aux enfants sur ces questions-là,
11:58 à l'innocence, à la spontanéité, au jeu qui fait partie même de cet âge de la vie.
12:03 C'est encore plus flippant quand on l'écoute à la radio et qu'il n'y a pas les visages des comédiens qui nous font rire.
12:08 Mais c'est intéressant d'ailleurs comme expérience.
12:11 Oui, bien sûr, parce que le rire, c'est évidemment le territoire d'une forme d'innocence,
12:17 d'une forme de spontanéité et donc qui est forcément lié à l'enfance.
12:22 Et de toute façon, à partir du moment où on s'attaque aux enfants, quelle que soit la thématique,
12:25 il y a tout de suite une capacité d'empathie du spectateur et de l'auditeur.
12:30 Oui, et en même temps, c'est la façon la meilleure, j'ai l'impression, de parler des limites et de parler de la thématique.
12:40 C'est-à-dire de se dire "oui, donc si on interdit le rire, si on dit il ne faut pas rire de ça, il ne faut pas rire de ci,
12:45 et bien ça s'applique à tout le monde. Donc oui, ça s'applique aussi aux enfants."
12:48 Et là, en fait, on est dans quelque chose qui est l'expression la plus flamboyante du ridicule et de l'absurde.
12:53 Vous avez beaucoup ri sur le tournage, il a fallu faire plusieurs prises à chaque fois.
12:57 Oui.
12:58 Parce que finalement, quand on interdit de rire, on a tout le temps envie de rire, c'est ça ?
13:00 On a tout le temps envie de rire et puis on était quand même avec une bande de gens qui n'étaient pas exactement des gens sinistres.
13:07 Oui, je ne vous avais pas cité tout à l'heure, mais je peux citer aussi Youssef Haji, Ophélie Haccolb, Anne Charrier,
13:14 Eddy Le Duc, plein de comédiens formidables.
13:19 Et dans l'extrait, c'était Lison Daniel, la psy qui joue dans cet extrait que j'ai cité tout à l'heure.
13:25 Et Constanzolé, et on est tous ce petit monde-là par Fred Testo qui est sur un plateau comme dans la vie,
13:33 c'est-à-dire magnifiquement intenable et drôle.
13:38 Donc oui, c'était une expérience, d'autant que chaque...
13:42 On l'a bien compris au début, mais ce qui existe dans cette société-là, c'est un rictus.
13:47 C'est-à-dire qu'à partir du moment où on ne peut pas rire, il y a une contraction des émotions, des muscles,
13:53 il faut qu'on fasse autre chose.
13:55 Donc du coup, il y a un rictus, comme une grimace, qui permet de calmer son émotion ou son désir de rire.
14:00 Donc j'ai demandé à chaque comédien de s'inventer un rictus.
14:03 Donc chacun a inventé une grimace différente, sauf qu'évidemment, en situation, on l'a fait.
14:08 Et ça, on est vraiment des enfants à l'école.
14:10 C'est-à-dire que ça tourne et puis quelqu'un fait la grimace à l'autre et voilà.
14:13 C'était assez compliqué.
14:15 - De votre côté, comment vous avez dirigé vos acteurs, Joris Gulnok ?
14:19 C'est-à-dire par quoi passe, ou pouvait passer ce sens de l'absurde, du décalage que vous vouliez
14:27 pour cette série "Canis Familiaris" alors qu'ils sont revêtus, déguisés, de costumes de chiens,
14:34 qu'on ne voit que leur visage.
14:35 Comment vous avez travaillé pour qu'ils aient à la fois les postures, des postures canines
14:40 et en même temps des émotions humaines ?
14:43 - En réalité, le dispositif en lui-même a porté suffisamment de décalage.
14:50 Et moi, je me suis méfié de l'écueil que ça pouvait représenter, à savoir si je jouais trop du chien.
14:56 Alors que j'ai déjà une représentation un peu loufoque, j'avais peur que ça fasse un peu de l'huile sur du beurre,
15:03 que ça fasse un peu trop grave.
15:05 Du coup, je leur ai quand même demandé de limiter les attitudes de chien,
15:09 notamment pour éviter ça et surtout, ce n'était pas évident de créer une unité.
15:15 Est-ce que tel comédien est capable de bien le faire ?
15:19 Et celui-là, est-ce qu'il le fait de la même manière ?
15:22 C'était quand même un piège, en plus du fait que je n'en voulais pas trop.
15:26 Après, ce qui fait très chien chez eux, c'est certaines parties de leur compréhension du monde.
15:32 C'est les limites de leur connaissance.
15:36 Il y a un personnage, à un moment donné, il parle des humains.
15:41 Le jour où ils avaient trouvé un nid de frelons, pour lui, ça lui semble absurde de ne pas avoir essayé de le manger
15:48 avant d'appeler les pompiers.
15:51 Donc en fait, ce qui fait très chien chez eux, c'est ce qu'ils comprennent du monde.
15:55 - Et ce qu'ils n'en comprennent pas du monde des humains, justement.
15:59 Alors, à part les frelons, qu'est-ce qu'ils n'en comprennent pas ?
16:02 - Disons qu'ils vivent dans un monde... Ils vivent sur un golfe.
16:06 Ils peuvent aller librement sur ce golfe quand les humains sont au travail.
16:10 Max cherche, il a des envies d'ailleurs, il se sent enfermé.
16:15 Et il pense que de l'autre côté de l'autoroute, il y a quelque chose.
16:19 Alors nous, humains, en effet, on le sait, mais eux, ils ne savent pas trop.
16:22 Et il y a d'ailleurs l'histoire de Romulus, un de ses prédécesseurs, qui est mort sur l'autoroute
16:26 parce qu'il voulait attraper un avion.
16:28 Donc il courait, il regardait en l'air, et puis il s'est pris une voiture, en fait.
16:31 Donc il y a plein de petits endroits comme ça, où ils ne réalisent pas qu'attraper un avion, c'est impossible.
16:36 Et surtout, ils ne comprennent pas ce que c'est la télévision, pourquoi on ne peut pas faire des trous,
16:43 pourquoi finalement les chats, on doit les respecter.
16:46 Ils s'accommodent comme ils peuvent des règles des hommes, mais ils ne les comprennent absolument pas.
16:50 - Alors, voyons voir justement quand un chien rencontre un chat devant votre caméra.
16:56 Extrait de Canis Familiaris.
16:58 - On fait quoi exactement, là, on attend quoi ?
17:00 - On va le manger.
17:02 - C'est interdit.
17:03 - Ah ben voilà. Une fois de plus, tout le monde pose des questions et moi j'ai pas le droit.
17:07 - Mais non, mais toi t'as pas le droit, Rocky, c'est pour ça.
17:09 - C'est ce que je dis. On attend qu'il se déplace pour le suivre.
17:13 - Et s'il bouge pas ? Parce que les chats, je les connais, ça bouge quand même relativement, très très peu.
17:17 - Bon, c'est moi qui décide, non ? D'accord ?
17:20 Donc pour l'instant, l'activité c'est ça, on regarde le chat.
17:23 - C'est pas une activité.
17:25 Mais quoi, c'est vrai, regarder c'est pas vraiment l'activité en fait.
17:28 - Regarder c'est une activité, c'est l'activité de regarder.
17:31 - Non, regarder c'est... Comment dire ?
17:34 Regarder c'est un truc qui se produit quand on a les yeux ouverts, on fait pas vraiment quelque chose.
17:38 - Ben si, on regarde.
17:40 C'est de la chasse en fait, plus.
17:42 On attend patiemment et après on suit la piste.
17:45 - Ouais mais dans la chasse, normalement quand on voit la proie, on l'attaque.
17:48 Et là on la voit. Donc quoi ?
17:50 - On l'attaque ? Non, on l'attaque pas.
17:52 Je veux savoir où il va.
17:54 Il connaît un endroit secret.
17:56 Un endroit merveilleux.
17:58 Une terre d'aventure nouvelle.
18:00 Bon, évidemment là il va chez moi, donc c'est qu'on me demande nul.
18:10 Voilà cette fable avec des animaux presque humains, des chiens humanoïdes,
18:16 imaginés par notre invité Joris Goulnoch,
18:20 qui est à voir sur Arte là aussi tout prochainement.
18:23 Arte.tv à partir du 28 mars pour cette série française
18:28 qu'Anis Familiaris présentait à Sérimania dans la catégorie Formes à court.
18:33 Avec nous, deux invités, Arnaud Malherbe
18:36 et notre deuxième invité qu'on vient d'entendre, Joris Goulnoch,
18:40 qui est avec nous à distance, chez nos amis de France Bleue Gironde.
18:44 France Culture, bienvenue au club.
18:47 Olivier Gesper.
18:50 Dans Canis Familiaris, on a un petit peu la même histoire.
18:54 On a un petit peu la même histoire, mais on a un petit peu la même histoire.
18:59 On a un petit peu la même histoire, mais on a un petit peu la même histoire.
19:04 On a un petit peu la même histoire, mais on a un petit peu la même histoire.
19:09 On a un petit peu la même histoire, mais on a un petit peu la même histoire.
19:14 Dans Canis Familiaris, on entend parler, Joris Goulnoch, d'humour anglais.
19:22 Quelles sont à l'un et à l'autre vos sources d'inspiration ?
19:25 Qu'est-ce qui vous fait rire, Joris ?
19:28 Alors, c'est vrai que c'est une série qui est plutôt bavarde
19:32 et la comédie se cache un petit peu dans des petits détails de dialogue.
19:36 C'est pas vraiment de la très grosse situation, ou en tout cas, c'est de la situation humaine.
19:42 C'est des gens qui se démènent avec une situation, mais pas tant,
19:47 avec des choses folles qui leur arrivent.
19:49 Ça se joue à l'échelle du dialogue.
19:51 Moi, j'ai un peu de mal, en vrai, à savoir ce qu'il y a d'anglais dedans.
19:54 C'est ma façon d'écrire.
19:57 Et pour venir à la question de ce qui m'inspire,
20:00 moi, ce qui m'inspire, c'est surtout ce que je vois dans ma vie de tous les jours,
20:05 dans le monde associatif, à l'école, de mes enfants,
20:09 ceux qui sont d'accord pour faire ça, pas d'accord.
20:12 En fin de compte, qu'un y se familiarise, ça passe d'un truc qui est à l'œuvre dans nos sociétés.
20:17 C'est ces deux forces qui s'opposent,
20:19 qui sont le bien collectif et les petits besoins individuels.
20:25 Et c'est ça qui rend difficile le fait de faire société.
20:30 Et c'est de là qu'émergent tous les comportements un petit peu pathétiques,
20:34 un petit peu petits, où on essaye de tirer un petit peu la couverture à soi
20:38 pour jouer sa carte.
20:40 Et en fait, c'est ça qui me plaît.
20:42 Je l'observe un peu au quotidien, dans le monde associatif, dans mon entourage.
20:47 Quand je fais du sport, ça se voit un peu partout,
20:50 ou dans l'entreprise, quand j'étais dans l'entreprise par le passé.
20:53 Moi, je trouve que c'est un creuset de comédie.
20:56 Pour vous deux, finalement, la série n'est pas tant un exercice,
21:00 pour le coup, politique qu'antipolitiquement correct.
21:04 Vous pouvez dire et signer presque la même suggestion
21:08 qu'Arnaud Malherbe avait tout à l'heure, concernant Rictus, sa série.
21:12 - Excuse-moi, je n'ai pas bien compris la question.
21:15 - Pour vous aussi, la série n'est pas tant un outil politique,
21:18 militant, dans ce sens-là, mais il y a un côté très antipolitiquement correct
21:22 dans vos deux séries.
21:24 - Alors disons que oui, je n'essaie pas de porter de propos.
21:28 C'est des petites observations.
21:31 On va soulever plutôt des questions.
21:34 Et d'ailleurs, dans cette série-là, il n'y a pas vraiment de méchant.
21:38 Il n'y a pas quelqu'un qui incarne ce qui est en dehors de nos valeurs
21:43 et quelqu'un qui incarne nos valeurs.
21:45 Ce sont des gens qui essaient juste d'améliorer leur sort
21:48 dans une situation de crise et dans le nouveau monde à venir,
21:51 qui essayent de prendre la part la plus favorable du récit commun.
21:55 Et donc, tout le monde est un peu représenté.
22:00 Sans l'être vraiment, le propos n'est pas au centre de l'envie d'écrire cette série.
22:08 - Arnaud Malherbe, sur vos influences ?
22:11 - J'étais en train de réfléchir.
22:13 Et c'est compliqué toujours sur le truc...
22:16 Est-ce que ce qui nous a fait rire, c'est ce qu'on a envie de reproduire ? Je ne sais pas.
22:19 J'ai l'impression qu'on est constitué de mille choses.
22:21 Et ce n'est pas simplement des choses qui sont en lien avec la comédie,
22:23 c'est aussi des choses qui sont en lien avec des lectures,
22:25 avec d'autres types de films,
22:27 et qui sont des grandes références.
22:29 Je pense à "Brasil", ou en tout cas à tous ces désirs de monde imaginaire et dystopie.
22:32 - Et à "Guilliam".
22:33 - Voilà.
22:34 Donc, je pense que ce qui nous a plutôt mené, quand on a fabriqué "Erectus",
22:38 c'était plus l'idée de créer un monde et d'aller au bout de cette logique-là,
22:43 de pousser ces curseurs-là.
22:45 Et donc, c'est presque une mécanique de récit et de fiction qui nous a amenés.
22:52 Et aussi, je pense vraiment, et je trouve que dans la série de "Jour et C'est la même chose",
22:57 c'est le désir de... En tout cas, le désir.
22:59 En tout cas, le fait que nous ayons fabriqué ce qui me semble, moi, être un prototype.
23:04 Et je trouve, et c'est pour ça que j'aime bien aussi la série de "Jour et C'est la même chose",
23:09 c'est que c'est quelque chose qui, de mon point de vue, manque pas mal dans la création française.
23:14 Ces espaces.
23:16 - C'est quoi un prototype ?
23:17 - Un prototype, c'est l'inverse d'un stéréotype.
23:19 C'est-à-dire que c'est quelque chose qui n'est pas manufacturé,
23:22 qui n'est pas reproductible et qu'on ne voit pas toutes les semaines.
23:24 Et il me semble que quand on a des terrains de jeu comme Arte ou comme OCS,
23:29 on a la capacité à développer dans une forme de liberté,
23:35 des moyens d'expression, de développer un univers, un type de jeu,
23:38 un type de propos qui vont être réussis, pas réussis.
23:41 Après, c'est aux gens de le dire, c'est aux spectateurs de l'aimer, de rire, d'être émus ou pas.
23:45 Mais on est sûr qu'on n'est pas en train de regarder un énième type
23:48 qui trouve un cadavre avec une bande de police autour.
23:53 - Deux prototypes à partir d'archétypes en même temps.
23:56 - Bien sûr.
23:57 - C'est ça qui est intéressant.
23:58 Mais vous parlez là de la liberté de création.
24:00 On sait que dans les séries aussi, il reste quand même la question de la contrainte financière.
24:04 Ça va, ça vient, ça arrive tout doucement.
24:06 Avec ce phénomène qui est aussi en train de se jouer un peu partout dans ce monde des séries.
24:12 Vous serez tous les deux à Série Mania.
24:14 Quelle est pour vous aujourd'hui la terre d'élection des séries ?
24:18 Là où les créateurs ont le plus de liberté ou d'imagination ?
24:22 - Vous voulez dire en termes de pays ?
24:24 C'est une vaste question.
24:26 Je pense que la vérité elle est à l'intérieur de chaque espace.
24:29 Parce qu'on pourrait imaginer que chez les anglo-saxons,
24:32 chez les américains qui sont "tenus par l'argent",
24:35 il y ait une obligation à faire des choses moyennantes.
24:39 Et ce n'est pas du tout le cas.
24:40 C'est eux qui produisent les choses les plus saillantes, les plus folles.
24:44 Mais après, comme ça pour répondre...
24:46 - Et vous, vous regardez des séries quoi ?
24:48 Américaines ?
24:49 - Ce que j'allais dire, abru pour point, je vous dirais,
24:51 oui, des séries nordiques et des séries israéliennes.
24:55 Quelques séries françaises aussi.
24:57 Je pense qu'il ne faut pas du tout avoir honte de nous-mêmes non plus.
25:01 Et après, je pense que c'est aussi une question d'appétit de chacun.
25:06 Je ne pense pas qu'il y ait deux pays de cocagne, en vérité.
25:10 Mais en revanche, il y a à l'intérieur de chaque pays, il me semble,
25:13 des espaces de vie et de création et de liberté
25:17 qui ne sont pas énormes non plus.
25:20 - Mais c'est la force aussi des plateformes aujourd'hui,
25:22 c'est de permettre à des séries du monde entier d'être vues dans chaque pays.
25:24 Et donc, à travers cette mondialisation de la série aussi,
25:29 de découvrir d'autres cultures du cinéma et de la série.
25:32 D'ailleurs, le cinéma, la série, vous qui avez pratiqué les deux,
25:34 Arnaud Malherbe notamment,
25:36 est-ce qu'on va de plus en plus passer de l'un à l'autre ?
25:38 Est-ce que vous redoutez aussi en même temps la concurrence
25:40 de cinéastes un peu signatures,
25:42 qui ont déjà un nom, comme Cédric Clapiche,
25:44 qui présentera d'ailleurs ce soir à Lille,
25:46 en ouverture de Série Mania, sa première série,
25:48 Salade grecque, dans l'esprit de son auberge espagnole ?
25:51 - La question c'est, est-ce qu'on a peur qu'ils nous prennent notre travail ?
25:56 - Oui, c'était ça !
25:58 - Non, non, pas du tout, la question évidemment ne se pose pas dans ces termes-là.
26:00 Moi, je trouve ça magnifique, au contraire,
26:02 il n'y a absolument plus aucune frontière, aucune barrière, c'est fini.
26:04 Et je pense que dans la mentalité des jeunes réalisateurs,
26:07 même plus jeunes que moi, je veux dire,
26:09 cette question ne se pose plus énormément.
26:12 Après, je pense que chaque médium a son terrain d'expérimentation et de création,
26:19 et qu'il y a des choses qui peuvent ne se faire qu'en cinéma,
26:22 et où c'est le terrain de cette expérience-là,
26:25 et des choses qui ne peuvent se faire qu'en série.
26:27 En revanche, évidemment, que de nombreux réalisateurs,
26:31 aujourd'hui, sont en capacité et ont le désir de voyager d'un médium à l'autre.
26:35 Je crois que c'est fini la distinction.
26:36 - Joris Goulnoch, le mot de la fin, où regardez-vous aujourd'hui ?
26:41 - Moi, je regarde un peu partout, comme Arnaud.
26:44 Par période, moi j'attends la fin d'une année,
26:49 qu'on me dise ce qui a été notable, et je le regarde.
26:53 Parce que l'offre, elle est quand même énorme.
26:55 Mais je trouve que ce qu'ont les Américains,
27:00 c'est qu'ils sont capables de faire des trucs avec une surface,
27:03 une ampleur incroyable, sur des idées qui sont très simples.
27:07 Ils ont cette capacité à prendre quelque chose,
27:10 ou si par exemple, moi je le lis au départ, je me dis,
27:12 bon, oui, peut-être que je l'ai déjà vu.
27:14 Et eux, ils sont capables d'en faire des choses incroyables.
27:17 - Merci Joris Goulnoch. - C'est le cas dans d'autres pays.
27:19 - Oui, on regardera un peu partout.
27:21 Canis Familiaris, c'est de vous, c'est sur Arte.
27:24 On va se terminer avec quelques notes de la BO de votre série.
27:27 Merci aussi beaucoup à Arnaud Mahler pour "Rictus",
27:29 à voir prochainement sur ECS.
27:31 Bon festival à tous les deux.
27:33 (musique)
27:43 Max?
27:44 Qu'est-ce qu'on fait maintenant?

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