Avec Vincent Hupertan, urologue et sexologue, auteur de « l’Encyclo Pénis » aux éditions Leduc.
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00:04 14h16h, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:08 Nous continuons à évoquer le désir masculin en compagnie de Vincent Huperton.
00:12 Vous êtes urologue, sexologue et je rappelle que vous êtes l'auteur de ce livre "L'encyclopénis".
00:16 C'est aux éditions Le Duc, c'est un livre sérieux dans lequel il n'y a que des informations justes.
00:20 Je le précise.
00:22 On essaie parce que c'est de la pédagogie.
00:24 La pédagogie dans la santé, c'est important d'avoir des rapports avec les connaissances réelles au présent sur le sujet.
00:32 Évidemment. Bonjour Eric.
00:34 Oui, bonjour Brigitte. Bonjour Vincent.
00:37 Bonjour Eric.
00:39 Eh bien, parlez-nous de votre désir, Eric.
00:42 Mon désir.
00:45 Moi, j'aime bien le sexe depuis toujours.
00:49 Et mon désir n'a pas été annihilé par une mode qui a commencé peut-être avec MeToo,
00:58 où certaines femmes pourraient nous retrancher dans le camp des vilains machos.
01:06 Mais on s'aperçoit qu'il y a quand même aussi beaucoup de femmes qui sont maintenant à la recherche d'hommes un peu plus virils peut-être.
01:12 Alors mon désir, moi, il est multiple.
01:15 Et puisque le sujet aujourd'hui tourne autour un petit peu de l'anal et du plaisir prostatique,
01:22 j'ai découvert ce plaisir-là avec une dame qui m'a initié,
01:26 avec des caresses, des préliminaires assez longs,
01:31 parce que c'est une zone qu'il faut traiter avec beaucoup de douceur et beaucoup de caresses.
01:36 Et il faut s'en reprendre son temps.
01:38 Et j'ai découvert un plaisir décuplé avec un doigt dans l'anus,
01:44 effectivement, probablement avec la prostate qui est sollicitée.
01:51 Et j'ai beaucoup apprécié.
01:53 Et c'est vrai que ça fait partie, quand je m'assure de mon côté,
01:59 j'en profite aussi pour augmenter mon plaisir grâce à ça.
02:05 - Et vous utilisez à ce moment-là un objet ?
02:08 - Oui, j'ai ajouté à ma panoplie un petit gomme-michet,
02:13 un petit plug, plutôt un plug.
02:17 - Je précise, parce qu'encore une fois, il faut le rappeler,
02:21 n'introduisez jamais un gomme-michet,
02:24 introduisez particulièrement un plug,
02:26 parce que le gomme-michet pourrait être avalé par le rectum.
02:29 Et après, ça vous vaut une visite aux urgences.
02:32 - Ah oui, effectivement.
02:34 - C'est un genre classique d'urgence,
02:36 des consultations avec un dispositif qui a été totalement avalé,
02:40 qui se trouve dans le côlon.
02:42 Parfois, il faut aller au bloc opératoire.
02:44 - C'est vraiment important,
02:47 je ne dis pas ça pour vous, Eric,
02:49 je le dis parce qu'on est obligé de donner cette information,
02:52 puisqu'on en parle.
02:54 Tout objet qui n'est pas avec un rebord,
02:57 qui est justement retenu,
03:01 pourrait être aspiré au moment où on le pénètre,
03:05 on fait pénétrer un petit peu,
03:07 et puis un peu plus,
03:09 et après, ça, ça vale.
03:11 - Tout à l'heure, vous parliez de 50% d'hommes
03:15 qui ne veulent pas qu'on aille de ce côté-là.
03:18 Il me semble qu'il y a un petit malentendu,
03:21 je crois que la réticence vient aussi du fait
03:23 que certains ont peur de passer pour des homos.
03:26 - Bien sûr.
03:27 - Parce qu'il y a encore une catégorie d'hommes
03:30 qui sont anti-homo,
03:32 ou qui ne veulent surtout pas
03:35 entendre parler de cette partie-là de leur imaginaire.
03:39 Parce que, je pense qu'on a...
03:41 Et c'est dommage, parce qu'ils se privent d'un grand plaisir,
03:44 mais bon, tant pis pour eux.
03:46 - Alors, il y a aussi cette notion-là,
03:49 vous avez raison, Eric,
03:50 mais je pense qu'il y a quand même quelque chose
03:52 qui est de l'ordre de la peur,
03:55 la peur d'avoir mal,
03:57 des trucs un peu comme ça, très viscérales.
04:00 - Oui, et puis aussi peut-être le côté eschatologique.
04:04 C'est un endroit où il n'y a pas que des jolies choses
04:08 qui se produisent.
04:09 Mais ça demande d'ailleurs une excellente hygiène.
04:13 Moi, j'adore la caresse,
04:15 les coups de langue sur la nuque,
04:17 c'est quelque chose qui n'est pas du tout répandu,
04:21 mais que je trouve excellent.
04:23 Ça fait partie des choses que, si la partenaire le fait,
04:26 ça ajoute encore plaisir.
04:28 Et je pense que certaines femmes apprécient aussi.
04:31 - Vous l'avez dit aussi,
04:33 le fait que c'est un endroit qui n'est pas
04:36 naturellement destiné,
04:38 donc il y a toute une préparation,
04:40 c'est tout un savoir-faire, toute une préparation
04:42 qui se fait, et ça c'est pareil,
04:44 au niveau des deux sexes,
04:45 donc c'est pas nécessairement facile d'aborder ça,
04:48 parce que c'est vite douloureux et désagréable.
04:51 - Oui, mais grâce à des émissions comme la vôtre,
04:55 ça évite justement que ça tombe dans le tabou,
04:58 qu'il y ait des sujets qui restent
05:01 cette obscure obsédue du désir.
05:04 Et grâce à vous, on arrive à mettre les sujets sur la table
05:08 et échanger, et ça c'est important,
05:10 il y a moins de malentendus hommes-femmes.
05:12 - Mais je pense qu'il y a quelque chose
05:14 qu'on n'a pas encore dit par rapport à ce sujet,
05:17 justement, Eric, et je crois que c'est important de le dire,
05:20 on est en plein dans le stade anal,
05:22 et je rappelle que le stade oral, anal,
05:27 et ensuite phallique et génital,
05:29 sont des stades qu'on découvre quand on est enfant,
05:32 très petit d'ailleurs,
05:33 et le stade anal c'est à l'âge de 2-3 ans,
05:36 et suivant la manière dont ça aura été vécu,
05:40 il peut y avoir quelque chose qui s'est totalement fermé
05:43 ou qui au contraire s'ouvre.
05:45 Et je pense que ça c'est important de le comprendre,
05:48 parce que ça veut dire qu'il y a quelque chose de cognitif
05:51 qui s'est installé au niveau de cette zone,
05:54 et qui donc peut être changé,
05:57 ou pas d'ailleurs, parce que c'est pas obligé de le changer,
05:59 mais ça peut être apprivoisé, et ça peut être modifié.
06:03 Ça va dépendre de chaque individu,
06:05 et il faut savoir que quelque chose
06:07 qui serait vraiment a priori pas du tout désiré,
06:11 ça peut être dû à quelque chose qui remonte à l'enfance,
06:15 dont on ne se souvient pas évidemment.
06:17 - Comme toutes les blessures d'ordre sexuel,
06:20 il y a des choses qui traînent dans notre mémoire,
06:22 parfois c'est caché, parfois la psychanalyse peut les montrer,
06:27 mais c'est quelque chose qui va modifier à vie
06:29 nos peurs, nos craintes irrationnelles.
06:33 - Alors à vie non, parce qu'on peut avancer.
06:36 - On peut avancer.
06:37 - Il est toujours possible de changer la manière de voir les choses,
06:42 mais ça demande évidemment d'accepter
06:45 que ce qu'on ne veut surtout pas
06:47 est peut-être dû à un blocage antérieur,
06:51 et ça c'est déjà le premier pas si je puis dire.
06:54 En tout cas Eric, vous, vous n'avez pas de problème visiblement
06:57 avec votre désir, mais peut-être parce que
06:59 vous avez une pulsion sexuelle assez forte.
07:01 - J'ai une pulsion sexuelle assez forte,
07:03 mais ça ne m'a pas empêché une fois d'avoir une panne sexuelle,
07:07 on n'a pas évoqué ce sujet-là,
07:09 et là je sais très bien pourquoi c'est arrivé,
07:12 j'avais beaucoup de désir pour cette dame,
07:14 et je me suis dit il faut que tu sois particulièrement performant,
07:17 elle est très belle, elle te plaît beaucoup,
07:19 et la première fois que nous nous sommes retrouvés au lit,
07:21 rien ne s'est passé, j'étais inefficace.
07:26 Et c'est elle qui, avec de la patience,
07:29 qui m'a mis en confiance,
07:31 et qui m'a caressé avec ses pieds, rigolo,
07:33 et je suis un petit peu fédéfice du pied,
07:35 donc ça a dû jouer aussi,
07:37 et elle m'a redonné vigueur,
07:40 et on a continué brillamment notre relation,
07:47 grâce à ce...
07:49 elle m'a remis en forme,
07:51 mais oui effectivement j'ai un désir qui est soutenu,
07:55 et malgré l'âge, je suis maintenant 65 ans,
07:57 je continue de plus en plus,
08:00 mais j'ai un grand-père qui a été géniteur,
08:03 il a eu trois générations d'enfants,
08:07 donc c'est peut-être génétique en partie,
08:09 mais je pense qu'il y a quand même une grande différence homme-femme,
08:12 beaucoup de femmes ont la libido en berne,
08:15 vous avez vu plusieurs émissions à ce sujet,
08:17 et il me semble que les hommes, eux, nous on continue,
08:19 il n'y a que effectivement une opération de la prostate
08:21 qui pourrait nous couper dans le trélan,
08:23 mais sinon au niveau imaginaire, érotique,
08:26 on est de plus en plus demandeurs,
08:29 ou autant en tout cas, oui.
08:31 - Alors je vais corriger sur la prostate,
08:33 c'est que certaines opérations de la prostate
08:37 peuvent modifier l'érection,
08:39 mais ça ne modifie en rien la libido,
08:41 c'est que on ne peut pas confondre l'érection
08:43 et désir d'avoir la libido,
08:45 et même après un traitement de la prostate,
08:47 on sait comment redonner à des hommes l'érection
08:50 avec une aide pharmacologique ou autre chose,
08:52 donc c'est deux choses différentes,
08:54 et donc on peut très bien avoir...
08:56 Donc l'homme, le testicule ne meurt jamais,
08:59 il produit à vie des spermatozoïdes et de la testostérone,
09:03 donc en théorie,
09:05 la libido des hommes ne s'arrête jamais.
09:07 - Oui, mais sauf qu'on peut les casser très psychologiquement.
09:10 - C'est pour ça que j'ai bien parlé libido,
09:13 et je n'ai pas parlé désir,
09:15 parce que c'est deux choses différentes,
09:17 on peut avoir une libido très forte et en même temps un désir,
09:19 parce que finalement, il y a une pression...
09:22 - Oui, mais vous voyez, je trouve ça intéressant,
09:25 parce que depuis 14 heures,
09:27 on entend les hommes,
09:29 on entend même l'enquête dont a parlé Flore,
09:32 on voit bien que ce qui sort dans les médias,
09:35 ce n'est pas la réalité sur le terrain,
09:37 les femmes ne sont pas si castratrices que ce qu'on entend dans les médias,
09:41 et les hommes sont quand même encore très fiers d'être virils,
09:45 d'avoir du désir et d'avoir des érections,
09:47 et c'est tant mieux.
09:49 - C'est tant mieux, c'est rassurant.
09:51 - On est bien d'accord.
09:53 - Oui, je crois que c'est important de le dire,
09:55 parce que ça va peut-être rassurer certains qui nous écoutent,
09:58 et qui pourraient croire que les femmes
10:01 ne veulent plus d'hommes en érection,
10:04 alors que c'est tout le contraire.
10:06 - Est-ce que le malentendu n'est pas à un moment donné
10:10 le fait que les hommes célibataires ou divorcés,
10:14 rencontrant des femmes qui ont eu des difficultés amoureuses,
10:19 et parfois des séparations douloureuses,
10:21 certaines pourraient avoir tendance à se venger un petit peu sur les suivants,
10:25 même de manière inconsciente.
10:27 Et c'est ce qu'ils peuvent faire,
10:29 parce qu'on a l'impression que certaines femmes
10:32 ne souhaitent plus des hommes virils,
10:34 et cette espèce de castration, mais involontaire,
10:38 qu'elles font parce qu'il y a une petite vengeance à faire
10:41 par rapport à une histoire qui s'est mal terminée.
10:44 - Oui, vous avez raison,
10:46 et puis il y a toute une catégorie de femmes,
10:49 je ne sais pas quel est le pourcentage, je ne m'avancerai pas là-dessus,
10:52 mais qui ont très vite fait l'impasse sur la sexualité
10:55 une fois qu'elles ont eu le nombre d'enfants qu'elles avaient envie,
10:58 et du coup, elles n'ont plus envie non plus d'hommes virils,
11:01 parce qu'elles veulent bien un compagnon, mais pas spécialement un amant.
11:05 - Mais il ne faut pas qu'on oublie la majorité silencieuse
11:08 d'hommes et des femmes qui aiment le sexe,
11:11 qui aiment se draguer, qui aiment le partage,
11:14 qui ont désir les uns pour les autres,
11:17 et qui font que les frais des comportements inadéquats
11:20 des hommes et des femmes, qui sont des comportements complètement aberrants.
11:23 - Et qui sont sûrement assez peu nombreuses,
11:25 des femmes amoureuses qui ont envie de s'être aimées encore,
11:28 heureusement.
11:31 - Bon, c'est plutôt tout ça, et plutôt rassurant.
11:34 En tout cas, merci Eric de votre témoignage,
11:37 merci beaucoup. On va continuer à évoquer tout ça avec vous,
11:42 bien sûr, Vincent Huppertand, je crois qu'on a déjà bien expliqué
11:46 la différence entre le désir et la libido,
11:49 mais quand on a une libido en berne,
11:52 il est forcément difficile d'avoir accès à son désir.
11:55 - C'est quand même beaucoup plus nuancé,
11:59 c'est quand même plus nuancé, mais on en parlera.
12:02 - Oui, mais...
12:05 - Alors, on a des exemples concrets,
12:08 en tant que chirologue, j'ai eu à soigner
12:11 pour des cancers à la prostate qui étaient sous traitement hormonal,
12:14 à savoir plus aucune testostérone,
12:17 pour des raisons de traitement, c'est une castration chimique.
12:21 Et pourtant, le lien affectif, émotionnel, amoureux dans le couple
12:26 avec tout ce qu'ils ont vécu depuis 30-40 ans,
12:29 était tellement fort que pour aider le couple
12:33 à renouer quelque part avec une vie sexuelle,
12:36 même s'il n'était pas parfait,
12:39 juste en donnant l'outil, à savoir l'érection,
12:42 le traitement pour l'érection, sans donner de la testostérone,
12:45 donc zéro libido, mais un désir toujours très très présent,
12:48 le couple a renoué avec une sexualité active
12:51 qui permettrait notamment à Madame qui avait encore la libido
12:54 et à Monsieur de satisfaire son épouse, même si lui,
12:57 elle n'avait plus ce besoin. On a aussi les cas de situations
13:00 dans lesquelles il y a beaucoup de désir, mais qui finalement,
13:03 il n'arrive pas à se concrétiser pour des tas de raisons,
13:06 et on n'arrive pas à... Donc, on peut avoir le désir,
13:09 le désir peut être très très présent, même si la libido,
13:12 à savoir ce besoin physiologique, cette pulsion,
13:15 n'est plus présente parce qu'elle a maladie, parce qu'elle lâche...
13:18 - Oui, mais s'il n'y a plus du tout de libido, de testostérone,
13:21 l'érection, elle est quand même difficile, non ?
13:24 - Justement, on a un traitement, on sait que l'érection,
13:27 c'est un phénomène vasculaire, on a des traitements...
13:30 - Oui, c'est ça, c'est-à-dire que cet homme qui avait du désir,
13:33 vous lui avez donné un produit, tout qu'il ait une érection...
13:36 - Un traitement, voire un injectable, donc il avait une érection,
13:39 donc du coup, il n'y avait plus cette force motrice impulsive
13:42 et fantastique, son seul besoin, c'était de donner du plaisir
13:45 et de retrouver ce moment d'intimité, et que par
13:48 une érection pharmacologique, entièrement artificielle,
13:51 on a renoué avec un érotisme
13:54 qui n'était pas top, mais qui convenait aux deux partenaires.
13:58 - Bien sûr, et c'est ça qui est nouveau quand même aussi
14:01 depuis 1998, l'arrivée du Viagra, c'est qu'aujourd'hui,
14:04 pratiquement tout homme qui a envie d'avoir une érection,
14:07 s'il n'a pas d'érection "naturelle",
14:10 il y a tout ce qu'il faut pour que l'érection soit là quand même.
14:13 - On a des outils, on comprimait, on produit injectables,
14:16 voire la chirurgie, on sait comment donner une érection à un homme.
14:21 - C'est quand même bien intéressant et important de le signaler.
14:26 Allez, on se retrouve après les infos, vous venez nous parler de votre désir,
14:29 messieurs ou mesdames, si vous avez envie de parler du manque de désir
14:32 de votre homme, vous pouvez également témoigner au 0 826 300 300.
14:37 Petite devinette du jour, quel est le point commun,
14:40 Vincent Huppertant, entre un préservatif et une photocopieuse ?
14:44 Vous aurez la réponse après les infos.