Le pire ennemi de l’Otan est dans l’Otan
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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce jeudi, il s'intéresse à l'opposition de la Turquie à l'adhésion de la Suède à l'Otan.
Retrouvez "L'édito international" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international
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Transcript
00:00 le troisième mousquateur, il est là, c'est notre d'Artagnan, Ervouet, national.
00:04 - Ah, les passants ! - Bonjour mon cher Vincent !
00:06 - Que de flatteries dès le matin !
00:07 - Alors on part à Stockholm avec vous, le Parlement suédois a approuvé l'adhésion du pays à l'OTAN,
00:11 vote massif pour mettre fin à sa neutralité, mais ça ne suffit pas, oui,
00:15 parce que tant que la Turquie maintient son veto, les Suédois vont rester à la porte de l'Alliance Atlantique.
00:21 - Oui, en envahissant l'Ukraine pour empêcher l'OTAN de s'étendre à sa frontière,
00:26 la Russie a provoqué la catastrophe qu'elle prétendait conjurer,
00:29 parce qu'à l'autre bout de l'Europe, la Finlande a décidé de rejoindre l'Alliance Atlantique
00:34 et elle a entraîné sa voisine, la Suède.
00:36 La finlandisation s'est terminée et s'en est fini de 200 ans de neutralité suédoise,
00:42 les deux pays scandinaves ont le même raisonnement,
00:45 le monde est devenu si incertain qu'ils ont besoin d'alliés bien armés pour s'en protéger,
00:50 leur candidature ont constitué la première défaite stratégique du Kremlin,
00:55 et ça c'est le premier paradoxe.
00:56 - Alors l'OTAN a accueilli évidemment à bras ouverts les deux voisins
00:59 qui vont contribuer à sécuriser la mer Baltique.
01:02 - L'article 10 du traité fondateur de l'OTAN garde ouverte la porte de l'Alliance,
01:07 l'organisation leur a donc promis une procédure d'intégration exprès,
01:10 sauf qu'elle doit être validée par les pays membres à l'unanimité.
01:14 28 capitales ont dit oui, les députés hongrois donneront leur accord lundi, reste la Turquie.
01:20 Elle a d'abord dit oui, puis Erdogan a dit non, après Palab c'était peut-être,
01:24 il a finalement accepté que les deux candidats obtiennent le statut de pays invité,
01:28 avant une nouvelle fois de tourner Kazakh et de dire oui à la Finlande et non à la Suède.
01:33 Et voilà le deuxième paradoxe de l'affaire,
01:35 depuis un an l'OTAN et les Etats-Unis font tout pour maintenir l'unité des Européens,
01:41 un impératif absolu, à chaque hésitation de Paris ou de Berlin devant l'escalade en cours,
01:47 le récalcitrant est accusé de faire le jeu de Moscou qui cherche à diviser les Occidentaux,
01:52 c'est sûrement vrai, mais avec le veto turc, un pays de l'OTAN s'oppose à tous les autres,
01:57 l'opposant à l'unité de l'OTAN est dans l'OTAN.
02:00 - La Turquie a ses raisons, elle a une ligne rouge,
02:03 elle veut l'extradition des opposants kurdes qui sont partis se réfugier en Suède.
02:08 - La Suède n'a pas de ligne rouge, mais elle a un état de droit,
02:11 pas question de livrer des réfugiés kurdes, de céder au chantage,
02:15 c'est vrai que les sociodémocrates au pouvoir l'an dernier ont toujours été accommodants avec les Kurdes,
02:19 qui leur apportent un précieux renfort électoral,
02:21 mais la droite est revenue au pouvoir à l'automne et elle suit la même politique,
02:26 tout faire pour amadouer le grand turc, mais sans se renier,
02:29 elle en a fait beaucoup pour aider Erdogan en campagne,
02:32 elle en a fait trop et trop vite, Erdogan y a vu un signe de faiblesse,
02:36 ce qui l'a incité à réclamer encore davantage,
02:39 les Suédois sont naïfs, on n'achète pas un maître chanteur avec des promesses.
02:43 - Et voilà donc que les Suédois se retrouvent tout seuls.
02:45 - Les Finlandais qui avaient présenté avec eux une candidature conjointe font désormais cavalier seul,
02:50 les Américains comme les grands États membres appellent les Suédois à trouver un terrain d'entente,
02:55 comme si ça dépendait d'eux, le Pons-Bilat-Suprême et le secrétaire général Stoltenberg,
03:00 qui fait pression sur Stockholm au lieu d'organiser les négociations au sein de l'alliance atlantique,
03:05 puisque c'est la sécurité européenne qui est en question.
03:08 La Turquie peut bien aider la Russie à contourner l'embargo,
03:11 occuper un tiers de Chypre, menacer la Grèce, manipuler les suppôts d'Al-Qaïda un peu partout,
03:16 il importe de la ménager, et on verra bien ce qui se passe
03:19 si Erdogan n'est pas réélu au printemps prochain.
03:22 Vu d'Amérique, on a parfois l'impression que la Suède et même l'Europe sont candidates à l'intégration en Turquie.
03:30 - Signature européen Vincent Herbouet, merci beaucoup Vincent, 7h46.