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Regardez Lenglet-Co du 23 mars 2023 avec François Lenglet.

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00:02 RTL matin
00:06 Il est 7h37, L'Anglais Quo avec vous François Langlais. Bonjour à tous. Dans son interview hier, le président a annoncé une
00:12 contribution des entreprises qui effectuent des rachats d'actions. De quoi s'agit-il exactement ?
00:17 Les rachats d'actions c'est quand une entreprise, par définition cotée à la bourse,
00:21 rachète ses propres actions avec l'argent de ses profits. En 2022,
00:26 selon la lettre Verneyman, les entreprises du CAC 40 ont ainsi racheté
00:30 pour 23,7 milliards d'euros de leurs propres actions. Un peu d'argent quand même.
00:35 Par exemple, Total Energy en 2021 en a acquis pour 7 milliards de dollars, c'est-à-dire 5% de son capital quand même.
00:42 Un mouvement mondial, un mouvement qui s'accélère,
00:46 particulièrement prononcé aux Etats-Unis, à Wall Street. Apple par exemple,
00:50 rachète pour 90 milliards de dollars d'actions par an.
00:55 Les actions ainsi rachetées sont généralement détruites.
00:58 Alors là je ne comprends plus rien. Détruites, pardon, mais à quoi ça sert ?
01:01 Ça a deux effets, tous deux favorables à l'actionnaire. Un, ça fait monter le cours de l'action
01:07 mécaniquement, puisque s'il y a un gros acheteur de plus sur le marché, la demande monte. Deux,
01:13 les actions rachetées étant détruites, il en reste moins sur le marché.
01:17 Donc le bénéfice par action est plus élevé et le dividende versé à l'actionnaire également. L'envol de ces rachats d'actions,
01:24 c'est un signe de plus de la prééminence de l'actionnaire. En France, on le disait,
01:29 23,7 milliards de rachats d'actions et 56 milliards de dividendes.
01:33 Vous voyez que ça s'équilibre presque, c'est toujours la lettre vernie même qui nous donne ces chiffres.
01:38 - Mais ça n'a donc aucun intérêt pour l'entreprise ?
01:40 - Oui, on peut le dire, parce que c'est l'argent qui ne va pas à l'investissement.
01:45 Alors, les économistes libéraux vous diraient que cet argent n'est pas perdu, parce que étant retourné à l'actionnaire,
01:51 il va être recyclé et réinvesti ailleurs.
01:54 De grands patrons vous disent aussi qu'ils n'ont pas le choix.
01:57 Comme leurs concurrents pratiquent les rachats d'actions, il faut qu'ils s'alignent. Faute de quoi, leurs cours baissent et ils sont
02:04 affaiblis et ils peuvent se trouver victimes d'un rachat.
02:07 C'est un argument. - Ça veut quand même dire que les entreprises gagnent trop d'argent au point de ne plus savoir qu'en faire.
02:12 - Oui, c'est vrai, mais c'est la morale de l'histoire. Au moins qu'elles profitent d'un rapport de concurrence très favorable,
02:17 qui leur permet de vendre bien plus cher qu'il ne faudrait leur produit. Alors certes, c'est grâce à leur travail, à leur avance technologique,
02:24 à leur marketing, à leur design. C'est le cas d'Apple par exemple, ou le cas des produits de luxe LVMH chez nous.
02:30 LVMH qui fait des marges très élevées. - Alors justement, que veut faire Emmanuel Macron ? - Mais pas un impôt nouveau.
02:36 Le mot "contribution" était ambigu et c'est pas un impôt nouveau, contrairement à ce qu'ont décidé d'ailleurs les États-Unis qui vont taxer ces rachats d'actions.
02:43 Modestement, à 1%. Il s'agirait d'imposer une contrepartie pour les salariés. Une entreprise qui se lance dans un rachat d'actions
02:51 ne pourrait le faire que si elle verse une partie de l'argent à ses salariés, sous la forme d'une prime exceptionnelle.
02:56 Idée séduisante, mais pas facile à mettre en oeuvre, parce qu'il faut d'abord trouver le bon mécanisme, il faut trouver le bon seuil de déclenchement,
03:03 il faut que ça soit compatible avec la législation européenne. Et puis, ce mécanisme s'ajouterait
03:09 à celui de l'actionnariat pour les salariés, que les entreprises du CAC 40 utilisent déjà largement,
03:14 à l'accord sur le partage de la valeur, qui vient tout juste d'être signé par les partenaires syndicaux,
03:20 sans compter les dispositifs d'intéressement de participation. Bon, on est en France,
03:24 donc royaume de la complexité réglementaire. Mais, au plan politique, cette initiative a au moins l'avantage pour l'exécutif d'un petit rééquilibrage
03:33 en faveur de la justice fiscale.
03:35 Merci beaucoup François Langley, on vous retrouve sur le site et sur l'application RTL, comme chaque jour.
03:39 Et on va revenir dans un instant, bien sûr, sur cette contribution, sur la polémique aussi autour du RSA, après les propos hier du président.
03:45 Je reçois ce matin le ministre du Travail Olivier Dussard.
03:48 [SILENCE]

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