Coup d'envoi de la campagne Sidaction : jamais aussi proche d'un avenir sans Sida ?

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00:00 Coup d'envoi de l'opération SIDACTION ce vendredi. L'amélioration des traitements depuis 1996 et plus récemment les allègements thérapeutiques ont transformé la vie avec la maladie.
00:10 Aujourd'hui une personne séropositive sous traitement efficace mène une vie normale et ne transmet plus le virus. Mais on ne sait toujours pas guérir le SIDA. Plus de 600 000 personnes en meurent chaque année.
00:20 On en parle avec Jennifer Pasquier, directrice scientifique de SIDACTION. Bonjour. D'abord rapidement, est-ce que vous pouvez nous présenter ces trois jours d'action et dites-nous quel est votre rôle ?
00:29 Bonjour. Alors oui, on a trois jours effectivement importants d'action pour récolter des dons, pour effectivement soutenir la recherche et les associations sur le terrain qui aident les personnes qui vivent avec le VIH tous les jours.
00:41 C'est 174 000 personnes en France qui vivent tous les jours avec le VIH. Et donc mon rôle au sein de SIDACTION c'est la direction scientifique et c'est justement être un petit peu gage de la science au sein de l'association.
00:52 Alors on traite de mieux en mieux le SIDA, pourtant cette maladie elle reste un problème majeur de santé publique. Comment s'explique ce paradoxe ?
01:00 Alors elle reste un problème majeur parce qu'on ne sait pas encore... On traite les symptômes, on va dire on traite... Il n'y aura plus de VIH dans le sang des personnes qui sont traitées.
01:10 Mais malheureusement on n'arrive pas encore à se débarrasser du virus. C'est-à-dire que les personnes vivent encore avec le VIH et on a un problème de dépistage aussi.
01:16 C'est-à-dire qu'aujourd'hui en France on a à peu près encore 24 000 personnes qui vivent avec le virus sans le savoir. Et donc s'ils ne le savent pas, ils ne sont pas sous traitement.
01:23 S'ils ne sont pas sous traitement efficace, ils peuvent transmettre le virus. Et donc on a des nouvelles contaminations. En France c'est un peu plus de 5 000 nouvelles contaminations par an.
01:31 Et dans le monde on dépasse le million de nouvelles contaminations par an.
01:35 Et les progrès dans les traitements, on y reviendra, mais ils sont assez remarquables. Quels sont les derniers progrès ?
01:40 Alors les derniers progrès, on a parlé effectivement des antirétroviraux. C'est la trithérapie, les trois antirétroviraux qui vont contrôler justement le virus et la charge virale des patients.
01:50 Le premier progrès ça a été une prise par jour. C'est-à-dire que maintenant on n'a pas plusieurs médicaments à prendre par jour.
01:57 Et les progrès à venir c'est une prise tous les deux mois.
02:00 C'est la PrEP ?
02:01 Alors non, la PrEP c'est la prévention. Là on parle des traitements pour traiter. Donc pour traiter on va se retrouver avec une injection, deux injections pour être exact, tous les deux mois en intrat musculaire.
02:12 Et on va arriver, en tout cas on espère, à une injection tous les ans, voire tous les deux ans.
02:17 Donc là en termes de qualité de vie ce serait bien meilleur effectivement pour les personnes, sachant que ces traitements ne sont pas valables pour tout le monde parce qu'il y a des résistances aux traitements.
02:24 Et donc tous les personnes vivant avec le VIH ne seront pas éligibles à ces nouveaux traitements.
02:29 Mais en tout cas c'est bien. Et la PrEP, vous en parliez, c'est un moyen de prévention.
02:33 Et dans ce cas-là c'est pouvoir se traiter comme préventif pour quand on sait qu'on fait partie d'une population à risque ou qu'on a des rapports à risque ou des choses comme ça, on peut effectivement se prévenir de l'infection.
02:45 En plus du préservatif qui reste très efficace pour l'ensemble des MST, les maladies sexuellement transmissibles.
02:50 Exactement, parce que la PrEP ne fonctionne que pour le VIH, il faut le dire. Il y a encore d'autres maladies sexuellement transmissibles.
02:55 Et là le préservatif est effectivement la bonne solution.
02:58 Est-ce que la prévention est suffisante et est-ce que les jeunes sont suffisamment informés dans notre pays ?
03:02 Alors là c'est une bonne question et la réponse est malheureusement non.
03:05 C'est-à-dire qu'on a eu les résultats du sondage IFOP qui sont tombés il y a une ou deux semaines.
03:09 Et ils sont assez inquiétants puisque les jeunes se pensent être bien informés, pensent aussi que c'est une maladie passée, que c'est une maladie de vieux.
03:17 Ce qui est assez drôle parce qu'en général les personnes un peu plus anciennes se disent que c'est une maladie de jeunes.
03:21 Donc tout le monde se renvoie un peu la balle.
03:23 Parce que ça s'est banalisé aussi ?
03:24 Ça s'est un petit peu banalisé. On a quand même 15% des nouvelles contaminations, c'est moins de 25 ans.
03:29 23% des plus de 50 ans des nouvelles contaminations.
03:32 Et on a effectivement beaucoup de jeunes qui pensent encore, on est sur du 12-13% des jeunes qui pensent qu'on peut encore attraper le VIH en s'embrassant, par la salive ou en serrant la main à quelqu'un.
03:44 Donc je trouve que c'est quand même assez alarmant.
03:46 Et effectivement la prévention et surtout l'éducation à la sexualité c'est très important chez les jeunes.
03:51 Donc il n'y a pas assez d'heures de cours sur cette question ?
03:53 Non, c'est une très bonne question.
03:55 On est justement en train d'en parler avec CAD École, qui est une action qui a été menée en conjointement avec CID Action et deux autres associations.
04:04 Et oui, il y a une loi qui dit qu'il doit y avoir trois heures d'éducation tous les ans à partir du collège, si je ne dis pas de bêtises.
04:12 Et elles ne sont pas faites. Dans les faits, ce n'est pas fait.
04:16 Donc on est en train de discuter effectivement avec...
04:19 Qui devrait les faire ? Est-ce que les professeurs sont formés pour cela ?
04:22 C'est toute la question. C'est-à-dire que les professeurs ne sont pas assez formés.
04:25 Est-ce que ça devrait être des associatifs ? Très bien, mais on n'a pas assez de budget non plus pour pouvoir le faire.
04:31 Il y a toujours un déséquilibre entre les pays riches et les pays en voie de développement.
04:35 Malgré la licence d'office, la licence d'office qui a possibilité pour les pays pauvres de fabriquer des génériques peu coûteux.
04:41 Où est-ce qu'on en est aujourd'hui ?
04:43 Alors il y a toujours des inégalités.
04:45 Alors oui, maintenant ça a été générique, mais malheureusement il n'y a pas accès à tous les traitements,
04:49 à tous les pannels de traitement qu'il y a accès dans les pays du Nord, dans les pays du Sud.
04:53 Et dans les pays du Sud, il y a pas mal aussi de cessation d'approvisionnement
04:57 dans certains endroits un petit peu plus compliqués d'accès.
05:00 Et puis problème de prévention, problème de violence sexuelle aussi, ce qui n'aide pas non plus à la prévention.
05:06 Est-ce que l'aide pour l'Afrique par exemple, elle est plus efficace qu'avant ?
05:09 Est-ce que les personnes concernées, est-ce que l'aide arrive aux bonnes personnes ?
05:13 Alors nous on met tout en place. On travaille beaucoup avec des associations du Sud.
05:17 C'est l'action est là aussi pour ça.
05:20 Et aussi d'autres pays, il n'y a pas que la France, il y a l'ONU-Sida,
05:24 il y a vraiment un grand réseau qui s'est formé.
05:27 On n'y est pas encore, malheureusement, on n'y est pas encore,
05:30 mais les choses s'améliorent petit à petit effectivement.
05:33 Est-ce que vous diriez que la polarisation sur le Covid a mis un peu, a relâché la tension, a mis de côté...
05:40 Oui, complètement.
05:41 ...la tension qu'on avait sur le Sida ?
05:43 Oui, oui, il y a eu une nette baisse des dépistages.
05:46 Il y a eu beaucoup de laboratoires d'immunologie et de virologie qui se sont du coup dirigés vers les recherches contre le Covid,
05:52 ce qui était absolument nécessaire, attention.
05:54 Mais effectivement, ça s'est relâché, la tension s'est relâchée,
05:58 et la tension des Français aussi sur cette cause s'est relâchée.
06:01 Donc on est là justement pendant ces trois jours pour essayer de réanimer un petit peu ça et de montrer que ce n'est pas terminé.
06:06 Et à quand un vaccin ? Est-ce que la recherche avance ?
06:08 Alors là, j'aimerais bien pouvoir vous donner une date.
06:10 Malheureusement, c'est compliqué.
06:12 C'est 40 ans cette année qu'on a découvert le virus, 40 ans qu'on sait quel virus est responsable du Sida.
06:18 Ça a d'ailleurs été découvert en France.
06:20 Mais malheureusement, on n'a pas encore de date.
06:24 En tout cas, les chercheurs y travaillent et ça va demander encore quelques années de recherche.
06:28 Et est-ce que les moyens humains et financiers sont suffisants ?
06:31 Alors non, ça c'est le...
06:32 De toute façon, les moyens humains vont de pair avec les moyens financiers.
06:35 Et comme les moyens financiers ne sont pas suffisants, les moyens humains non plus,
06:38 parce qu'il faut pouvoir payer les chercheurs et payer à la fois les recherches,
06:42 c'est-à-dire aider les équipes pour tout le financement de la recherche,
06:46 mais aussi financer les chercheurs qui vont chercher.
06:48 Et non, il y a des pistes, on a des pistes.
06:50 On avance, en 40 ans, on a appris plein de choses sur le virus,
06:54 plein de choses sur la façon dont il s'attaque au système immunitaire.
06:56 Mais on a encore besoin de travailler.
06:59 Et pour aider Sidaction pendant ces trois jours, quelles sont les actions que vous allez mener ?
07:03 Alors, les actions, vous voulez dire...
07:05 Les appels aux dons.
07:06 Les appels aux dons, les appels aux dons sur plusieurs chaînes partenaires,
07:09 les appels aussi dans la rue, on a pas mal d'actions.
07:11 On a des chercheurs aussi qui vont mettre en place des petites ventes de gâteaux,
07:15 des choses comme ça.
07:16 Enfin, il y a pas mal d'actions un peu partout en France en ce moment pour ce week-end.
07:19 Et puis, le numéro 110 qu'on peut appeler effectivement tout le temps,
07:23 le fameux SMS 92 110 pour donner 5 euros, et puis toujours le site Internet.
07:28 Dernière question, finalement, quand l'ONU dit qu'on pourrait mettre fin à l'épidémie,
07:31 est-ce que c'est réaliste ?
07:33 Et à quelles conditions on peut y arriver ?
07:35 Alors, la condition, ça va être de réunir plusieurs forces d'action,
07:40 c'est-à-dire à la fois chercher un traitement pour se débarrasser du virus.
07:44 Ça, c'est compliqué parce que c'est un virus qui s'intègre au génome des cellules.
07:48 C'est-à-dire qu'une fois que vous l'avez, vos cellules vont se mettre à produire le virus.
07:52 Donc ça, c'est compliqué d'aller retirer le virus du corps.
07:55 Et puis en fait, il s'intègre dans l'ADN.
07:57 Il s'intègre dans l'ADN. Il s'intègre complètement dans l'ADN de l'autre.
07:59 Donc c'est ce qui rend vraiment compliqué, c'est ce qui complique la tâche des chercheurs.
08:03 Maintenant, pour vivre dans un monde sans sida, c'est-à-dire sans la maladie,
08:06 il va falloir dépister pour justement arrêter que le virus se passe de personne en personne
08:11 et de pouvoir mettre les gens sous traitement.
08:13 Merci beaucoup, Jennifer Pasquier, d'être venue.

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