« De nulle part les oiseaux surgissent », le troisième roman de Claire Leost

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Transcript

00:00 Nicolas Carreau, bonjour. - Bonjour Philippe.

00:02 - Vous aussi vous accordez une très grande importance au texte.

00:04 Vous allez parler du nouveau roman de quelqu'un qu'on connaît bien ici

00:06 parce que c'est Claire Léost et c'est la présidente de Prisma Media.

00:09 Mais cette fois-ci c'est avec une autre casquette

00:12 dont vous souhaitiez nous parler de son activité.

00:14 - Bah oui, grande patronne mais surtout romancière.

00:16 C'est son troisième roman, j'avais jamais lu

00:18 et c'est très bien, drôlement bien.

00:20 Ça s'appelle "De nulle part les oiseaux surgissent".

00:23 Ce nouveau roman, ça commence à un moment particulier,

00:26 dans un endroit particulier.

00:27 Le moment, c'est le mois d'août et le lieu, c'est le bois de Boulogne.

00:30 C'est très étrange le bois de Boulogne.

00:32 On sait, c'est proverbial, il suffit de le traverser pour s'en rendre compte,

00:35 c'est là où se concentre la prostitution à Paris.

00:38 On voit des camionnettes garées sur le bas-côté

00:40 ou des filles qui attendent les clients sur les talus.

00:42 Mais c'est aussi le quartier hyper chic, hyper propre de la capitale.

00:46 C'est le 16ème et ça, c'est ça en fait l'idée géniale du roman.

00:49 C'est la confrontation directe entre ces deux mondes.

00:52 - Alors qu'est-ce qui s'y passe ?

00:53 - Ça commence avec un narrateur qui lit le journal

00:55 et qui apprend l'assassinat d'une prostituée.

00:57 Elle s'appelait Laura Fuentes.

00:59 Et le narrateur a tout à coup les mains moites

01:02 et le pouls qui s'accélère très très très vite.

01:04 "Je suis un criminel", dit-il, "et je dois vivre avec cette réalité."

01:08 Il pose le journal, il se dirige tout de suite vers le commissariat le plus proche.

01:11 Flashback !

01:12 Deux semaines plus tôt, 16 août, la nuit tombe doucement

01:15 et le bois se transforme.

01:17 "Le bois se crée, remplace le bois mondain", écrit Claire Léost.

01:21 400 travailleurs du sexe débarquent pour commencer leur nuit de travail.

01:24 L'allée de Longchamp, ce sont les filles de l'Est.

01:27 L'allée de la Reine Marguerite, c'est pour les Brésiliennes.

01:29 Et le parking du Chalet des Îles, c'est plutôt pour les gays.

01:32 Chacun son territoire.

01:33 Parmi ces travailleuses, il y a Jocelyne, Christelle ou Karen et Laura,

01:37 deux trans péruviennes inséparables.

01:39 Et la nuit commence, mais est très vite interrompue

01:42 par un signal d'alerte des cris "Torras, torras !"

01:45 Ça veut dire qu'il y a un problème, tout le monde se rue,

01:47 on entend des coups de feu et c'est en fait Laura qui a été touchée.

01:51 Elle avait 36 ans, un an de plus quand même,

01:53 que l'espérance de vie d'une femme trans au Pérou.

01:56 Nouveau flashback, ouais.

01:58 Ben y'a que des infos comme ça, c'est sinistre.

02:00 Trois mois plus tôt, cette fois, voici Alexandre Vladi.

02:03 Il appartient à l'autre monde.

02:05 L'autre monde, c'est-à-dire le côté mondain ?

02:06 Exactement, c'est un héritier, le fils du baron Pierre Vladi.

02:09 Très riche, très puissant, il gère son empire,

02:11 mais il doit aussi s'occuper des fêtes du XVIe.

02:13 C'est amusant, c'est toujours un Vladi qui échoue à cette mission,

02:17 des fêtes somptueuses pour l'élite fortunée parisienne.

02:19 Un jour, il doit faire face à une situation inédite et hostile,

02:22 l'installation d'un centre d'hébergement pour sans-abri,

02:26 juste en bas de chez lui.

02:27 Non mais on est où là ?

02:28 Un centre d'accueil pouvant accueillir 200 personnes.

02:31 On rêve !

02:32 Les riverains réagissent, signent des pétitions,

02:34 tractent même sur les marchés.

02:36 Alors, quel est le lien entre les deux ?

02:38 Est-ce qu'Alexandre a un lien avec le meurtre de Laura ?

02:41 Est-ce qu'il est meurtrier ?

02:42 On le sait assez vite, mais il faudra le lire pour savoir.

02:45 Et de toute façon, c'est pas un polar,

02:46 même s'il en a des faux airs,

02:48 c'est plutôt un roman sur ces deux mondes

02:50 qui cohabitent sans jamais se mélanger.

02:52 Comment parfois des passerelles salutaires peuvent se construire,

02:55 ça sonne juste, c'est prenant.

02:57 Et pour un type lambda comme moi,

02:59 c'est bien parce que je connais aucun de ces deux mondes.

03:01 Et donc ça nous met, nous lecteurs,

03:03 dans une position plutôt extérieure

03:05 pour observer ces univers étranges.

03:08 C'est un roman de journaliste un peu comme ça,

03:10 Tom Wolfe qui racontait New York comme ça.

03:11 Il y a un côté nouveau journaliste, mais sauf que c'est New York.

03:14 On en passait deux blocs et on est dans un autre monde,

03:16 en New York, ça doit vous parler ça,

03:18 la confrontation entre deux mondes.

03:19 Par exemple, la Bretagne-Paris ou Paris et la banlieue.

03:22 - Oui, complètement.

03:23 Et c'est vrai que nous, quand on travaillait dans Paris,

03:27 on passait par le bois de Boulogne le matin et le soir

03:30 en camionnette pour rentrer en banlieue.

03:32 Et en fait, c'est vrai qu'il y a ce choc des mondes.

03:35 Nous, on faisait le service généraux dans une boîte

03:40 qu'on connaît hyper bien,

03:41 mais genre autour de l'Arc de Triomphe,

03:44 donc hyper chic et tout, à côté de l'ambassade du Qatar.

03:47 Et quand on rentrait, tu passes par le bois de Boulogne

03:50 et c'est un autre monde selon l'heure à laquelle tu passes.

03:53 Il y a des bourgeois qui promènent leur Labrador

03:56 et le soir, quand tu rentres du boulot,

03:58 c'est une autre ambiance totale.

04:00 - On a bien compris.

04:01 Le titre de ce roman, "De nulle part, les oiseaux surgissent",

04:05 c'est chez Lattes.

04:06 Merci beaucoup Nicolas Carreau.

04:07 C'est signé Claire Léost.

04:09 Merci d'avoir été avec nous.

04:10 Culture Média continue, c'est la dernière ligne droite avec Hervé.

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