Pharmacienne de formation, inspectrice à l’IGAS, directrice des recommandations et du médicament à l’INCA, membre de l’Académie nationale de Pharmacie, Muriel Dahan est depuis janvier directrice de la Recherche et du Développement d’Unicancer. Elle a décidé de bousculer la recherche clinique afin de mettre au point les meilleurs traitements pour les patients. Rencontre avec une femme singulière.
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00:00 Ma passion c'est le médicament, c'est la science, c'est le patient avant tout et faire
00:07 en sorte qu'il soit de mieux en mieux soigné.
00:09 Pas forcément, mais j'aime les stratégies, j'aime faire progresser la science, j'aime
00:24 diriger des équipes et les amener à faire des recherches utiles, des recherches qui
00:33 font progresser la médecine, la thérapeutique.
00:36 C'est l'Evidence-Based Medicine qui est un concept qui a été inventé il y a plus
00:47 de 50 ans et qui a effectivement permis d'évaluer correctement les thérapeutiques tant qu'on
00:57 ne pouvait pas connaître réellement et avoir des données solides sur ce qui se passait
01:04 dans la vie réelle.
01:05 Aujourd'hui on a beaucoup de méthodes possibles à développer.
01:11 Il y a des exemples qui ont été développés pendant la crise Covid, des essais adaptatifs,
01:18 des essais pragmatiques.
01:20 Et également on a bien vu que ne pas tenir compte de ce qui se passait là où le patient
01:28 passe 95% de son temps, c'est-à-dire dans l'ambulatoire, en ville, avec des professionnels
01:35 de santé de ville, c'était se couper d'une grande partie de la connaissance sur ces produits.
01:41 C'est pour ça que la pharmacovigilance, régulièrement, on est surpris, même après
01:46 plusieurs années, de constater qu'il y a des effets secondaires que aucun essai clinique
01:51 n'avait identifié.
01:53 MyPAM, c'est un programme absolument enthousiasmant et magnifique qui permet d'identifier au
02:06 plus près la réalité de chaque patient, ses caractéristiques qui constituent des
02:13 facteurs de risque et qui donc conduisent à adapter les modalités de dépistage.
02:19 C'est un essai qui est réalisé dans plusieurs pays européens et mondiaux et qui aujourd'hui
02:30 implique énormément de chercheurs et va permettre d'ouvrir d'autres opportunités
02:36 pour améliorer le dépistage.
02:38 Et comme on le dit très souvent, dépister précocement permet de mieux traiter avec
02:46 beaucoup moins de difficultés et ne pas avoir le cancer du tout en le prévenant, c'est
02:52 encore plus important.
02:54 Ah oui, bien entendu, c'est savoir ce qui cause les différents cancers.
03:04 De toute façon, on ne répétera jamais assez que le tabac reste une cause de cancer majeure
03:10 et il faut tout faire pour que les gens arrêtent de fumer.
03:14 L'alcool reste aussi un élément extrêmement important de cause de cancer.
03:20 Il y a aussi tout le champ des addictions qui n'est pas très exploré.
03:25 Le cannabis reste une porte d'entrée également pour certains types de cancers et il faut
03:33 peut-être améliorer la recherche dans cette direction et surtout identifier les causes
03:41 environnementales, le rôle des particules fines, avoir un champ de connaissances qui
03:49 permet de dire aujourd'hui, vous pouvez vous vacciner par exemple contre HPV, HPV est une
03:56 cause de cancer ORL très connue, vous pouvez traiter Helicobacter pylori si on identifie
04:06 qu'il est dans votre tube digestif pour éviter cette cause de cancer qui n'est pas forcément
04:13 connue de tous.
04:15 Ce genre de progrès est absolument fondamental parce que ça évite un nombre très important
04:21 de cancers.
04:22 Je n'ai pas réfléchi à ça.
04:28 On va couper.
04:30 Tout pour améliorer la santé des patients.