Elle a fait médecine en Algérie puis en France et sa thèse aux États-Unis, Miriam Merad est maintenant à la tête de l’Institut d’immunologie de précision de Mount Sinai School of medicine à New-York.
Un parcours brillant qu’elle doit à sa passion pour la recherche, en particulier pour le système immunitaire. Ses nombreux travaux ont permis des découvertes importantes, notamment sur les macrophages présents dans les tissus. C’est d'ailleurs ce qui lui a valu le prix Léopold Griffuel en recherche Clinique par la Fondation ARC en avril dernier. Trouver des nouveaux et meilleurs moyens de traiter le cancer, elle en fait une mission. Grâce à ses recherches, deux essais prometteurs sont en cours, un pour le cancer du poumon et un autre pour les tumeurs de la peau.
Rencontre avec une chercheuse passionnée mais également engagée dans la représentation des femmes en sciences.
Un parcours brillant qu’elle doit à sa passion pour la recherche, en particulier pour le système immunitaire. Ses nombreux travaux ont permis des découvertes importantes, notamment sur les macrophages présents dans les tissus. C’est d'ailleurs ce qui lui a valu le prix Léopold Griffuel en recherche Clinique par la Fondation ARC en avril dernier. Trouver des nouveaux et meilleurs moyens de traiter le cancer, elle en fait une mission. Grâce à ses recherches, deux essais prometteurs sont en cours, un pour le cancer du poumon et un autre pour les tumeurs de la peau.
Rencontre avec une chercheuse passionnée mais également engagée dans la représentation des femmes en sciences.
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00:00 Il faut faire de la science si on veut être transformatif,
00:03 d'avoir l'ambition de faire des grandes découvertes.
00:06 C'est un prix qui reconnaît des avancées en recherche translationnelle,
00:18 des avancées en science qui bénéficient du traitement de maladies humaines.
00:22 J'ai travaillé beaucoup sur une cellule qui s'appelle le macrophage.
00:28 Le macrophage joue un rôle réparateur dans les tissus
00:31 et il peut contribuer à réparer le cancer.
00:34 En essayant de réparer les tissus, il permet au cancer de progresser.
00:38 Et donc c'est de faire en sorte que le macrophage,
00:40 qui est une cellule immunitaire, reconnaisse que le cancer c'est un danger,
00:44 le mette en mode d'élimination des cellules tumorales et pas en mode de réparation.
00:47 Donc c'est ça qu'on teste chez les malades.
00:49 J'ai fait médecine d'abord en Algérie puis en France.
00:56 Ensuite, j'ai fait l'internat de Paris où j'ai fait un internat d'oncologie.
00:59 Et c'est là où je découvre le pouvoir de l'immunologie.
01:02 D'abord, essentiellement l'immunothérapie des leucémies.
01:05 Et là, je décide de comprendre un peu comment utiliser l'immunologie dans le cancer.
01:10 Et je décide de faire une thèse de science aux États-Unis.
01:12 Donc je pars à l'université de Stanford.
01:15 Et ensuite, j'ai été recrutée au Montsinay.
01:17 D'abord pour monter un laboratoire d'immunologie du cancer.
01:20 Et maintenant, je dirige un institut d'immunothérapie
01:23 où il y a 42 laboratoires qui travaillent sur l'immunologie
01:27 à travers plusieurs maladies humaines.
01:29 Le système immunitaire, c'est un système qui nous protège,
01:35 qui protège l'espèce humaine depuis des millénaires contre les dangers.
01:39 Et donc, il a évolué et il s'est adapté de façon à protéger un être humain.
01:44 Parce que si on n'a pas de système immunitaire, on meurt.
01:46 On se rend compte qu'en fait, il a une capacité de répondre à toutes les injuries
01:51 et de ce fait, à contribuer à toutes les maladies.
01:53 Alors au niveau du cancer, on sait qu'il est sans arrêt,
01:56 ce système immunitaire, en train de nous protéger du cancer.
01:59 Mais de temps en temps, il peut être utilisé par le cancer pour que le cancer grossisse.
02:03 Mais on sait aussi que ce système immunitaire peut nous protéger contre plein de maladies.
02:07 Des microbes, bien sûr, on le sait, mais pas que.
02:09 Et c'est ça, le but de mon institut, c'est de faire comprendre que ce système immunitaire,
02:14 il peut nous être bénéficiaire à travers plein de maladies.
02:20 Aux États-Unis, il y a peut-être plus d'optimisme.
02:23 On fait de la très belle recherche en France,
02:25 mais je crois qu'on est un peu plus pessimiste des fois,
02:28 et des fois, peut-être un peu cynique aussi sur le pouvoir de la recherche à transformer la médecine.
02:33 En Amérique, il y a un profond respect de la recherche
02:35 et je crois que les gens font plus confiance aux chercheurs.
02:38 De ce fait, les budgets sont plus importants.
02:40 Mais il y a surtout cet optimisme très porteur qui fait que beaucoup d'entre nous sommes restés.
02:48 La précision, c'est de se dire qu'on va aller traiter le défaut moléculaire.
02:53 Pendant longtemps, en médecine, on fait un diagnostic sur une lame de pathologie,
02:57 on regarde ce qui se passe dans les tissus,
02:59 et puis on avait des grands schémas en se disant
03:01 "on va traiter tous les cancers du poumon, de cette façon, tous les cancers du rein".
03:05 Et maintenant, on se rend compte qu'on peut être beaucoup plus précis que ça,
03:09 qu'il n'y a pas un cancer du poumon, mais plusieurs sous-types de cancers du poumon,
03:13 et que ces différents sous-types doivent être traités différemment.
03:16 Et donc la médecine d'aujourd'hui, et surtout du futur,
03:19 c'est de faire des traitements ciblés sur les problèmes causaux.
03:22 La recherche, c'est addictif.
03:27 C'est un plaisir vraiment très difficile à expliquer
03:29 parce qu'on se rend compte qu'on a été le seul, avec son équipe, à découvrir quelque chose.
03:34 Donc on crée des nouveaux chemins.
03:35 Mais j'adore travailler en équipe, d'abord parce qu'on ne fait jamais de découvertes complètement seul.
03:39 On les fait grâce aux travaux qui nous ont précédés,
03:42 on est toujours sur l'épaule de quelqu'un,
03:43 et on est toujours en train de les discuter avec de nombreuses personnes,
03:47 dans nos équipes, nos collègues, etc.
03:48 Et c'est un métier très multiculturel.
03:50 Moi, dans mon équipe, j'ai 14 nationalités.
03:52 Ils ont des accents différents, ils ont des goûts culinaires différents,
03:56 ils écoutent des musiques différentes, mais on a tous cette même passion.
04:00 On se complète, et j'adore cette communauté.
04:02 Il y a beaucoup de femmes dans les premières années de science ou en thèse.
04:09 Il y a 50% des étudiants en thèse sont des femmes,
04:11 mais il y en a encore trop peu dans des postes de leadership.
04:14 Donc on sait qu'il y a à peu près 10% des professeurs, en tout cas aux États-Unis,
04:17 ou des leaders de laboratoire qui sont des femmes.
04:19 Donc ça, il faut que ça change.
04:20 Oui, ça me tient à cœur, et en fait, j'ai beaucoup de programmes de mentoring,
04:23 où je pousse les femmes à vouloir prendre des chevreries d'équipe,
04:27 pouvoir aussi prendre des grands postes de leadership dans des institutions américaines.
04:31 C'est dur de combiner une vie de famille, une vie de maman et une vie de leader,
04:35 leader scientifique, et en plus d'être chef de laboratoire.
04:38 Mais les femmes ont beaucoup à apporter,
04:39 parce qu'elles ont une façon de travailler un peu différente,
04:41 et on gagnera de voir plus de femmes en science.
04:43 La science est un des plus beaux métiers du monde,
04:49 mais il faut faire de la science si on veut être transformatif.
04:53 Il faut arriver en se disant "je vais transformer",
04:56 et ensuite on peut incrémenter sur nos propres travaux.
05:00 Donc mon mantra, c'est d'avoir l'ambition de faire des grandes découvertes.
05:04 [Musique]