Qu'est-ce que l'Arcom met en place contre les fake news et les intox et comment traite-elle les alertes?BFMTV répond à vos questions

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Chaque jour, Roselyne Dubois répond à vos questions sur BFMTV
Transcript
00:00 Alors, il y a aussi la question des fake news, qu'on peut évoquer ensemble.
00:04 Nous, on y est particulièrement sensibles, comme vous pouvez l'imaginer ici.
00:08 Qu'est-ce que vous essayez de mettre en place contre ça ?
00:10 Parce que là aussi, on a l'impression que finalement,
00:13 il n'y a pas grand-chose qui marche, il n'y a pas grand-chose qui est efficace.
00:16 Écoutez, ce n'est pas tout à fait exact quand même.
00:18 C'est vrai que les réseaux sociaux, on a toujours tendance à jeter le bébé avec l'eau du bain.
00:22 Il faut aussi voir les aspects positifs des réseaux sociaux.
00:25 Pour suivre ces questions depuis de nombreuses années,
00:28 si je regarde les processus électoraux, par exemple de l'année dernière,
00:31 présidentielle, législative, je les compare à celles de 2017.
00:34 On a réuni tous les réseaux sociaux en début de campagne, en janvier 22.
00:39 On les a réunis tous les 15 jours.
00:40 Et chaque fois qu'on a été confronté à des problèmes de manipulation d'informations
00:44 de nature à affecter le processus électoral, toutes ces plateformes ont réagi.
00:48 Parce qu'elles ont acquis maintenant quand même beaucoup d'expérience,
00:50 des élections américaines, des élections allemandes.
00:53 Donc, les lignes sont en train de bouger.
00:55 Et puis, le cadre juridique bouge.
00:57 On a une loi en France qui date de 2018
01:00 relative à la lutte contre la manipulation de l'information.
01:02 Ces plateformes ont maintenant des obligations,
01:04 des obligations de collaboration avec nous.
01:06 Donc, voilà, les choses sont en train de bouger.
01:08 On est au début de l'histoire de cette régulation,
01:10 mais il y a un mouvement qui est lancé.
01:12 Et donc, il faut aussi regarder ça quand même avec une dose d'optimisme.
01:16 On en vient à la télévision.
01:17 Est-ce que les téléspectateurs n'hésitent pas à dire ce qu'ils aiment, ce qu'ils n'aiment pas ?
01:21 Je suis bien placée pour le savoir.
01:22 Ce qui les choque aussi, quand vous recevez une alerte,
01:25 est-ce que vous pouvez nous expliquer comment ça se passe ?
01:26 Qu'est-ce que vous faites quand il y a une polémique sur une chaîne ?
01:30 Alors, on en reçoit d'abord beaucoup.
01:32 Tous les Français peuvent s'adresser à nous, vont sur notre site.
01:34 C'est très facile de nous alerter sur un programme qui a pu heurter ou choquer.
01:39 Et donc, chaque fois qu'on est saisi, on examine cette séquence.
01:42 Souvent, elle n'est pas mise en perspective.
01:44 On nous envoie un tout petit extrait qui est une vision un peu biaisée.
01:47 Et quand vous la mettez en perspective,
01:48 on voit que Bruce Toussaint a rappelé à l'ordre son interlocuteur en face,
01:52 qui a maîtrisé l'antenne, comme on dit.
01:56 Donc voilà, on regarde la séquence.
01:57 Ensuite, on en fait une analyse juridique très fine.
01:59 Est-ce qu'il y a eu un manquement de l'éditeur à ses obligations ?
02:02 Puisque l'éditeur est tenu à un certain nombre d'obligations posées par la loi.
02:06 Et c'est nous qui en sommes les garants.
02:08 Et si c'est le cas, on utilise une panoplie d'outils
02:10 qui peut aller d'une simple mise en garde à une mise en demeure plus solennelle,
02:14 voire un processus de sanction avec des garanties procédurales, bien sûr, importantes.
02:20 Donc, chaque saisine fait l'objet d'un examen par l'autorité
02:24 et ensuite est délibéré collégialement, qui prend une position.
02:27 - Bon, évidemment, ce qu'il y a beaucoup
02:28 été parlé récemment, c'est la condamnation de C8 en février dernier.
02:32 Il y a eu un manque record de 3,5 millions d'euros.
02:34 Est-ce que vous êtes en guerre contre Cyril Hanouna ?
02:38 - Écoutez, non, nous, notre feuille de route, c'est simple.
02:40 C'est la loi, c'est la loi, toute la loi, rien que la loi.
02:43 Donc, le principe fondateur pour notre paysage audiovisuel,
02:46 et j'ai participé à ce processus législatif quand j'étais plus jeune,
02:50 le principe, c'est la liberté, la liberté de communication,
02:53 la liberté éditoriale des chaînes, la liberté d'expression.
02:57 Et le gendarme de l'audiovisuel que nous sommes
03:00 n'est pas une police de la pensée,
03:01 n'est pas là pour contrôler ce que font les chaînes.
03:04 Mais la contrepartie de ces libertés, c'est la responsabilité.
03:07 La loi fixe un certain nombre de limites dont nous sommes les gardiens.
03:11 Et donc, quelle que soit la chaîne,
03:13 si un manquement caractérisé se produit,
03:16 c'est la mission du régulateur d'utiliser les outils qui nous sont donnés.
03:20 Et nous le faisons et nous le ferons toujours sans que la main tremble.
03:23 - Vous avez bien dit la chaîne.
03:24 Ça veut dire que c'est la chaîne, votre...
03:26 - Tout à fait. Très souvent, votre question le montrait,
03:30 on nous dit "mais vous avez sanctionné un tel ou un tel".
03:32 Non, on ne sanctionne jamais un intervenant.
03:35 L'intervenant engage sa responsabilité éventuellement devant le juge pénal.
03:40 Nous, c'est l'éditeur.
03:42 Dans nos conventions, dans la loi,
03:43 l'éditeur doit être maître de ses contenus en toutes circonstances.
03:47 Et donc, il doit respecter et faire en sorte par ses animateurs,
03:51 si vous êtes des journalistes professionnels,
03:52 de faire en sorte que ce qui est diffusé sur votre chaîne
03:55 respecte les obligations auxquelles vous êtes soumise.
03:57 Et donc, quand on sanctionne, c'est la chaîne qu'on sanctionne.
04:00 - Je vais vous poser la question autrement.
04:04 Cyril Hanouna est-il sous surveillance de l'ARCOM ?
04:08 - Il n'y a pas de surveillance particulière de tel ou tel.
04:11 On n'est pas là à passer nos journées à surveiller les programmes de télévision.
04:14 D'abord, on fonctionne quand on nous signale des contenus.
04:16 On n'intervient jamais a priori.
04:18 C'est important de le savoir.
04:20 L'ARCOM n'est pas une autorité de censure,
04:22 n'exerce pas une police de la pensée.
04:24 C'est quand on nous signale un contenu qui a heurté ou choqué.
04:27 Il faut qu'on fasse une balance, un travail exigeant et très délicat
04:31 entre ce qui relève de la liberté d'expression
04:34 et ce qui, par contre, est un manquement à la loi.
04:36 Et nous intervenons quand il y a un manquement à la loi.
04:38 - Et pour finir sur ce sujet,
04:40 diriez-vous comme certains que Cyril Hanouna est un danger ?
04:44 - Écoutez, je pense que notre espace de communication
04:47 laisse une liberté très grande.
04:49 La loi qu'on met en oeuvre,
04:50 elle s'appelle "Loi relative à la liberté de communication".
04:53 Comme la loi 1880 sur la presse
04:55 s'appelle "Loi relative à la liberté de la presse".
04:58 On peut dire beaucoup de choses dans notre espace,
05:00 mais en même temps,
05:01 il y a des limites qui sont posées par la loi
05:03 et ces limites doivent être respectées.
05:06 Et c'est la responsabilité des éditeurs de le faire,
05:08 de veiller à ce que les animateurs qui y concourent
05:12 respectent cette limite.
05:13 Une fois encore, on a beaucoup de latitude.
05:15 La polémique a sa place sur les médias, bien évidemment.
05:18 L'humour a naturellement sa place,
05:19 mais il y a des limites qu'on ne doit pas franchir.
05:21 En tout cas, l'art com sera toujours là pour y veiller.

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