• l’année dernière
Avec Hugo Clément, journaliste et présentateur de l’émission "Sur le front" sur France 5.

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Transcription
00:00 de subjectivité ce matin avec le journaliste et présentateur de l'émission sur le front
00:05 sur France 5, Hugo Clément, bonjour !
00:07 Bonjour Nicolas !
00:08 Hugo, ce matin, vous nous parlez du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, qui se bat
00:14 pour empêcher l'interdiction d'un pesticide.
00:17 Oui, le moins qu'on puisse dire, c'est que notre ministre a du culot.
00:21 Jeudi dernier, alors qu'Emmanuel Macron annonçait son plan pour mieux protéger l'eau, Marc
00:25 Fesneau, lui, dans le même temps, prenait la défense d'un pesticide responsable d'une
00:29 contamination massive des nappes phréatiques.
00:32 Il faut le faire, je vous explique.
00:34 Le produit en question, c'est le S-méthylachlor, la substance active d'un herbicide utilisé
00:39 pour désherber, notamment, les champs de maïs, de soja ou de tournesol.
00:42 Problème, après usage, ce produit se dégrade pour former des dérivés chimiques, appelés
00:48 métabolites, qu'on retrouve dans les sols et dans les eaux souterraines.
00:51 L'ANSES, l'agence de l'État qui s'occupe de notre sécurité sanitaire, a contrôlé
00:55 plusieurs points d'eau potable et elle a découvert ces sous-produits de pesticides
00:59 à des concentrations dépassant les normes de qualité.
01:02 On ne parle pas de quelques cas isolés.
01:04 Selon les chiffres officiels, en 2021, plus de 3 millions de Français ont reçu au robinet
01:09 une eau non conforme, polluée par le S-méthylachlor, qui est classée comme cancérogène suspectée.
01:15 Dans un premier temps, l'ANSES avait décidé de réduire les doses maximales d'emploi
01:19 de ce produit, mais cela n'a pas suffi puisque de nouvelles mesures indiquent que les dérivés
01:23 chimiques sont toujours présents aujourd'hui dans l'eau destinée aux Français.
01:27 Les experts de l'ANSES ont donc annoncé le 15 février dernier la suspension de cet
01:31 herbicide pour la plupart de ses usages.
01:33 C'est fini, on arrête.
01:35 Et c'est là qu'intervient Marc Fesneau.
01:37 Devant le congrès de la FNSEA, le principal syndicat agricole, il a demandé à l'ANSES
01:42 je cite "de réévaluer sa décision d'interdire le S-méthylachlor".
01:46 Bref, d'autoriser les agriculteurs à continuer de l'utiliser.
01:49 Et pour quelle raison ?
01:50 Selon le ministre, il s'agit de protéger les agriculteurs français contre une distorsion
01:55 de concurrence puisque le S-méthylachlor n'est pas encore interdit dans le reste
01:59 de l'Union Européenne.
02:00 C'est prévu pour 2024, mais il reproche à l'Agence de Sécurité Sanitaire d'avoir
02:04 pris les devants.
02:05 Rendez-vous compte de la situation.
02:07 Des experts scientifiques, dont le travail est de protéger la santé des Français,
02:12 décident d'interdire un herbicide qui contamine notre eau potable.
02:15 Et derrière, le ministre de l'Agriculture, qui n'est pas scientifique, demande à ses
02:19 experts de changer leur décision pour des raisons économiques.
02:23 On a donc un responsable politique, Marc Fesneau, qui est prêt à prolonger la pollution des
02:27 nappes phréatiques en prenant un risque sanitaire pour satisfaire quelques intérêts agro-industriels.
02:32 Rassurant, n'est-ce pas ? Reste à savoir si Emmanuel Macron, qui a fait du sujet de
02:36 l'eau un marqueur de son second mandat, laissera faire son ministre.
02:39 Hugo Clément Mercid.

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