• l’année dernière
Avec Anne Rosencher, journaliste, écrivain et directrice déléguée de la rédaction de l’Express.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 Nicolas Demorand : « 8h21 en toute subjectivité avec la directrice déléguée de la rédaction de l'Express.
00:04 Bonjour Anne Rosancher ! »
00:05 Bonjour Nicolas, bonjour à tous !
00:07 Ce dimanche, la Légion étrangère commémorera le 160ème anniversaire de sa bataille mythique
00:13 de Cameroun au Mexique.
00:15 Et vous saisissez l'occasion, Anne, pour nous avouer une petite faiblesse pour la Légion.
00:20 Oui, jusqu'à il y a peu, je ne connaissais pas grand-chose de la Légion étrangère
00:24 que des images de quatorzuyers, barbes, tabliers.
00:27 Voilà du boudin au pas cadencé et de loin en effet la bataille de Cameroun commémorée
00:32 chaque année pour célébrer les 65 légionnaires ayant jadis tenu tête à 2000 soldats mexicains.
00:38 Et puis il y a quatre ans, à l'invitation de l'avocat François Surault, colonel de
00:42 réserve de la Légion, j'ai eu la chance de visiter le centre de sélection et d'incorporation
00:48 situé à Aubagne, près de Marseille.
00:50 C'est là qu'arrivent chaque année des centaines de postulants soufflés par toutes
00:54 sortes de vents et d'envie de racheter sa vie.
00:57 Un des souvenirs qui m'a le plus marqué concerne le bâtiment par lequel passent en
01:02 premier lieu les aspirants légionnaires.
01:04 C'est une sorte de grand vestiaire douche où ils se lavent, se changent après un voyage
01:09 parfois long.
01:10 Et sur les murs de ce vestiaire, il y avait de grands pictogrammes indiquant quelques
01:14 règles d'entrée de jeu à ces jeunes gens qui pour la plupart ne parlent pas français.
01:18 Un pictogramme disait « on ne jette pas de détritus par terre », un autre disait
01:23 « on ne crie pas ». Et puis d'autres représentaient des symboles religieux ou politiques barrés
01:28 d'un trait.
01:29 Ça m'a semblé intrigant comme première consigne.
01:32 Alors j'ai posé la question au commandant de la Légion étrangère.
01:35 Et que vous a-t-il répondu ? Il m'a dit « quand vous prenez des gars
01:38 venus de quatre coins du monde qui ne parlent même pas la même langue et que vous en faites
01:42 des frères d'armes prêts à mourir l'un pour l'autre, ça ne souffre pas de particularisme
01:47 ni de revendication identitaire.
01:50 En Légion, ce processus s'appelle l'amalgame.
01:53 Et c'est un très beau mot quand on n'en fait pas n'importe quoi et quand on le
01:58 prend par le versant de la fraternité.
02:01 Sur place, un colonel m'avait expliqué donner des cours de grammaire à ses soldats
02:05 avec le bled de ses enfants.
02:07 Comme lui, tous les officiers d'ailleurs sont tenus de passer les fêtes familiales
02:11 de fin d'année avec la troupe pour prévenir le cafard du légionnaire.
02:15 Symbole de cette solidarité organique, le 14 juillet, quand elle arrive en bas des Champs-Elysées,
02:21 la formation de la Légion étrangère est la seule à ne pas se séparer devant la tribune
02:26 présidentielle.
02:27 On le sait peu, mais les légionnaires ne deviennent pas forcément français.
02:31 D'ailleurs, ils jurent fidélité à leur corps d'armée dont la devise est « Legio
02:35 patria nostra », la Légion est notre patrie.
02:38 Malgré tout, on ne m'enlèvera pas l'idée qu'il y a quelque chose d'un laboratoire
02:42 de la France dans cet amalgame puissant et exigeant.
02:46 Quelque chose de l'essence de notre nation qui ne saurait se résumer à un territoire,
02:51 à une langue ou encore moins à une origine ethnique.
02:53 La France, pour beaucoup de ceux qui la chérissent, est avant tout un principe.
02:58 Nicolas Demorand : Merci ! Et à jeudi prochain !

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