Bercoff dans tous ses états - Émission du 5 avril

  • l’année dernière
Avec

Retrouvez Bercoff dans tous ses états avec André Bercoff du lundi au vendredi de 12h30 à 14h sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100063607629498
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos de Bercoff dans tous ses états : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQe5oKZlhHutOQlGCq7EVU4

##BERCOFF_DANS_TOUS_SES_ETATS-2023-04-05##

Category

🗞
News
Transcription
00:00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le fait du jour.
00:00:05 Il y a deux ans, dit cet appel, je terminais l'être ou gouvernant dit être des généraux par ces mots.
00:00:12 Si rien n'est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société.
00:00:17 Et demain, la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant.
00:00:21 Aujourd'hui, la situation de notre cher pays se résume à un mot, désastreuse.
00:00:26 Nous avions le meilleur système de santé du monde, le meilleur modèle d'énergie, la meilleure école,
00:00:31 une armée admirale internationale, une industrie compétitive et une agriculture performante.
00:00:36 Mais tout ce qui touchait à l'excellence n'est plus que découvre.
00:00:39 Notre pays n'est plus qu'une zone mondialisée qui s'appauvrit chaque jour davantage.
00:00:43 Alors la question se pose, comment a-t-on pu tomber aussi bas, aussi vite ?
00:00:49 Qui est responsable et pourquoi rien n'a été entrepris pour redresser ce pays et protéger sa population ?
00:00:56 Une question que vous posiez il y a deux ans, Jean-Pierre Fabre-Bernadac, vous avez reçu,
00:01:01 c'était l'époque de la lettre ou gouvernant, plus tard, appelé "lettre des généraux".
00:01:05 Vous êtes président de place d'armes et vous êtes auteur de polar et vous êtes ancien officier de gendarmerie.
00:01:11 Il faut le souligner.
00:01:13 Alors, pourquoi un nouvel appel appelle au peuple de France ?
00:01:18 Est-ce que vous ne pensez pas que malheureusement ces appels, certes, ont été répercutés,
00:01:24 surtout la lettre ou gouvernant, énormément, on en parlera,
00:01:28 mais après, vous gardez toujours espoir, vous n'avez pas l'impression qu'il y a une immense résignation
00:01:33 ou passivité qui s'est installée en France ?
00:01:37 D'abord, je vous remercie d'avoir lu déjà une partie de l'appel, c'est le début et c'est peut-être la partie essentielle.
00:01:45 Si vous permettez, avant de parler de l'appel, je voudrais vous parler d'une action que nous avons eue avant,
00:01:49 parce qu'elle me paraît très symbolique.
00:01:51 Vous vous souvenez certainement de ce vieux Harki de 82 ans qui s'appelait Hossein Abdelhaoui
00:01:59 et qui habitait Charleville-Mézières et qui a tué un jeune d'une bande
00:02:07 parce que depuis 9 ans, il était insulté, injurié, on lui crachait dessus, on le malmenait.
00:02:14 Parce qu'il était Harki ?
00:02:16 Parce qu'il était Harki et...
00:02:18 Je vous rappelle que les Harkis, il faut rappeler, les plus jeunes auditeurs...
00:02:22 Oui, les Harkis sont ceux qui ont combattu du côté français pendant la guerre d'Algérie.
00:02:26 Ils étaient plus nombreux que le FLN d'ailleurs, il faut le dire,
00:02:30 et malheureusement, la France a été déplorable puisqu'elle n'a pas toléré au départ qu'on les ramène en France.
00:02:37 Donc, cette personne est aujourd'hui en prison, il est en prison à Reims,
00:02:41 et nous nous occupons de lui, nous essayons de le faire sortir,
00:02:45 et c'est assez dramatique parce que 82 ans en prison,
00:02:52 il est en fin de compte coupable, certes, de ce meurtre,
00:02:55 mais il est aussi victime.
00:02:57 Mais il est aussi victime.
00:02:59 Victime parce qu'en 9 ans, rien n'a été fait au niveau du pouvoir pour aller...
00:03:03 Il était régulièrement, quotidiennement persécuté, on va dire.
00:03:06 Tout le temps.
00:03:07 Après, sa grande joie, c'était d'aller jouer à la pétanque.
00:03:11 Et quand il rentrait, il habitait le Red Chaussée, dans un quartier évidemment pourri.
00:03:17 - Où ça ? - À Charleville-Mézières.
00:03:19 - À Charleville, oui, pardon.
00:03:21 - Et donc, c'est là où il avait toujours affaire à ses jeunes, et un jour, il a pété les plombs.
00:03:26 - Et donc, pour revenir à nous ?
00:03:28 - Alors, pour revenir maintenant, pour revenir à Place d'Armes,
00:03:32 et pour revenir surtout à l'appel,
00:03:35 pourquoi j'ai fait cet appel ?
00:03:37 Cet appel, en fin de compte, c'est deux années après la lettre au gouvernant,
00:03:42 dite lettre de généraux.
00:03:44 - Il y a eu beaucoup de personnes qui ont signé.
00:03:47 - Alors, il y a 61 généraux qui ont signé,
00:03:50 il y a eu 27 000 militaires,
00:03:54 anciens militaires, c'était pas des gens d'actifs, parce que sinon, ça aurait été impossible.
00:03:59 D'ailleurs, vous savez que la ministre avait regardé, elle a fait fouiller,
00:04:02 pour savoir s'il n'y avait pas des gens d'actifs, qu'elle a punis d'ailleurs, quelques-uns qu'elle a punis,
00:04:06 et puis, il y avait 100 000 civils, qui nous avaient demandé par la suite à venir,
00:04:10 et il y avait 100 000 civils.
00:04:12 Donc, c'est un deuxième appel.
00:04:15 Alors, la grande différence, c'est que le premier, il était vers le haut,
00:04:18 il était vers les gouvernants.
00:04:20 Mais les gouvernants, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
00:04:22 Non seulement, ils n'ont pas répondu,
00:04:24 mais ils nous ont injuriés.
00:04:26 Vous vous souvenez certainement de ces fameux généraux en charentaises,
00:04:31 que vous avez dit à un ministre,
00:04:33 et non seulement ils nous ont injuriés, mais pendant deux ans, ils n'ont rien fait.
00:04:37 Mais, je dirais même, ils ont fait pire.
00:04:39 Et par conséquent, au bout de deux ans,
00:04:41 il me paraissait essentiel de cette fois-ci se tourner
00:04:44 de l'autre côté, c'est-à-dire vers le peuple.
00:04:46 On s'est tourné vers le haut,
00:04:48 ensuite, on s'est tourné vers le bas.
00:04:50 Rien n'est péjoratif dans ma phrase.
00:04:52 - Non mais, Jean-Pierre Fapénardin, que vous aviez déjà eu le peuple,
00:04:56 parce que vous avez eu 27 000, combien ?
00:04:58 - Oui, 27 000 anciens militaires, et 100 000.
00:05:02 - Et 100 000 civils, donc il y avait déjà une partie du peuple, non négligeable.
00:05:07 - Absolument, mais il n'empêche que la lettre avait bien été faite pour les gouvernements au départ.
00:05:11 Et là, on s'est dit, qu'est-ce qu'il faut faire ?
00:05:15 Je crois que c'était important de frapper un grand coup.
00:05:19 Et par conséquent, l'appel, c'est ça.
00:05:21 Alors, qu'est-ce que donne cet appel, en dehors du début, que vous avez cité ?
00:05:26 D'abord, il remet en cause les trois derniers présidents.
00:05:29 - Oui, je lis quand même, parce que c'est intéressant.
00:05:32 - Je vous en prie.
00:05:33 - "Nicolas Sarkozy bafoue la victoire du non-référendum sur la Constitution européenne de 2005,
00:05:38 en faisant adopter le traité de Lisbonne grâce à la tenue du Congrès du Parlement."
00:05:42 Effectivement, depuis, il n'y a plus eu de référendum national, c'est clair.
00:05:46 "François Hollande restreint notre énergie nucléaire pour complaire au lubie écologiste,
00:05:51 posant les bases des problèmes énergétiques actuels."
00:05:54 Et ça, aujourd'hui, on en voit effectivement les conséquences.
00:05:58 "Emmanuel Macron, sans hésiter, fait tirer à balles de défense sur les Gilets jaunes,
00:06:03 venus manifester pour le maintien de leur niveau de vie, l'élaboration d'initiatives citoyennes."
00:06:07 "Au Qatar et en Afrique, il a un comportement indigne de la fonction présidentielle."
00:06:12 "Enfin, en s'acharnant à faire passer un projet de loi unique contre le monde du travail,"
00:06:16 - vous parlez évidemment de la réforme des retraites -
00:06:18 "il prend le risque de susciter un climat de violence sociale incontrôlé."
00:06:22 Certes, alors voilà, vous parlez des trois derniers présidents,
00:06:26 ça fait quand même du monde,
00:06:28 mais justement, le peuple a réagi,
00:06:32 les Gilets jaunes aujourd'hui aussi,
00:06:34 enfin le peuple, une partie du peuple,
00:06:36 mais vous n'avez pas l'impression, je vous le dis, que cet appel,
00:06:39 je vais être extrêmement vulgaire, c'est comme pisser dans un violon.
00:06:44 C'est-à-dire, est-ce que quelque part, on se dit "oui, oui, c'est vrai, c'est bien de le faire",
00:06:49 mais les gens, on a l'impression, ne réagissent pas.
00:06:51 Mais je me trompe peut-être. Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:06:54 - Alors, je pense que pour le mouvement sur le problème de la retraite,
00:07:00 il y a une réaction certaine.
00:07:02 Moi, ce qui me déplait, même si je suis totalement d'accord avec les manifestants,
00:07:08 ce qui me déplait, c'est que, vous l'avez certainement constaté,
00:07:11 il n'y a pratiquement pas de drapeaux français.
00:07:13 Il y a des drapeaux rouges, il y a des drapeaux noirs, il y a des drapeaux des syndicats,
00:07:17 mais des drapeaux français, il n'y en a pas.
00:07:19 Et la dernière fois, j'en ai compté trois,
00:07:21 et il y avait plus de drapeaux palestiniens qu'il n'y avait de drapeaux français.
00:07:25 - Dans une manifestation à Paris ou ailleurs ?
00:07:27 - A Paris, je parle à Paris.
00:07:29 Alors, vous avez raison, parce qu'en province, ce n'est pas le cas.
00:07:32 Et là, on voit tout de suite, d'ailleurs, le rapport avec les Gilets jaunes.
00:07:37 Les Gilets jaunes, c'était les ronds-points, c'était le monde de la ruralité.
00:07:41 Et c'est pour ça, on dit souvent "mais c'est bizarre, il y a énormément de manifestations,
00:07:46 ça marche très bien au niveau régional".
00:07:49 Mais évidemment, ce sont les anciens Gilets jaunes qui sont là et qui descendent.
00:07:53 Alors, ces gens-là, certes, il y a plus de drapeaux, mais à Paris, il n'y en a pratiquement pas.
00:07:56 Et donc, moi, j'en ai un peu marre, parce qu'il y a une autre opposition
00:08:01 que celle de cette ultra-gauche, qu'on voit souvent dans la rue,
00:08:07 qu'on voit pratiquement dans la rue.
00:08:09 Il y en a beaucoup d'ultra-gauches, même s'il y a des gens de gauche,
00:08:12 mais beaucoup d'ultra-gauches, et c'est des gens qui, eux, ont envie de sortir,
00:08:16 de montrer leur ras-le-bol, de montrer aussi leur ras-le-bol social,
00:08:19 mais leur ras-le-bol patriotique.
00:08:20 - Il y avait beaucoup de Français qui n'étaient pas ni ultra-gauche, ni ultra-droite.
00:08:24 - Exactement, et c'est pour ça que, dans cet appel,
00:08:29 en fin de compte, cet appel préfigure une manifestation
00:08:33 que nous allons organiser. Tous les ans, nous organisons,
00:08:36 depuis l'année dernière, une marche, et cette année, nous allons organiser une marche
00:08:40 avec une date symbolique, qui va faire beaucoup jaser, qui est le 13 mai.
00:08:44 - Le 13 mai, rapport à la guerre d'Algérie ?
00:08:47 - Alors, le 13 mai, ça n'a pas un rapport, parce qu'en même temps, c'est mon anniversaire, voyez ?
00:08:51 - Ah d'accord, c'est plutôt ça, alors !
00:08:53 - Je dirais plutôt ça, mais le 13 mai est intéressant sur un point,
00:08:57 et ça, personne ne peut le dire, c'est que le 13 mai, certes,
00:09:01 a été un espèce de coup d'État, mais en même temps, un coup d'État qui a réussi,
00:09:04 qui nous a amené à la Ve République.
00:09:06 La Ve République est due à ce phénomène du 13 mai.
00:09:09 - 13 mai 58 ?
00:09:11 - 13 mai 58, exactement, dans lequel l'armée a joué un petit rôle, là-dessus.
00:09:17 Et ça se passait en Algérie.
00:09:20 Donc, l'idée, c'est de lancer, à travers cet appel,
00:09:24 de lancer cette grande manifestation, et pour ça, j'ai décidé une chose,
00:09:28 c'est que j'en ai un peu marre de voir tous les partis politiques patriotes,
00:09:33 je mets "patriotes", ça va des Républicains, ça va de certaines personnes de gauche,
00:09:40 Michel Onfray ou d'autres, et ça va évidemment...
00:09:43 - Les souverainistes de droite ou de gauche, etc.
00:09:46 - Je m'en fiche complètement, pour moi, c'est la patrie qui compte.
00:09:49 - Et vous dites, vous en avez eu marre de lui ?
00:09:52 - J'en avais un peu marre, alors qu'est-ce que j'ai fait, qu'est-ce qu'on va faire ?
00:09:54 On va écrire à tous ces gens-là, et on va leur dire, écoutez,
00:09:57 on fait une manifestation, pourquoi nous ?
00:09:59 Parce que nous, on n'est pas électoralistes, nous, on ne prétend à rien,
00:10:03 moi, je ne veux pas être député, personne chez nous ne veut être député ou autre,
00:10:06 donc on a une possibilité que vous acceptiez, alors que c'est évident que si,
00:10:11 imaginons, je prends un exemple, Zemmour avait fait une manifestation,
00:10:16 Marine n'aurait pas accepté, vice-versa, etc.
00:10:18 - Oui, c'est ça.
00:10:19 - Nous, on est là, et nous, on est prêts à être devant, avec nos drapeaux,
00:10:23 avec nos décorations, et tracer la route à toutes ces associations.
00:10:29 Donc on va leur écrire, et on va leur dire, venez avec nous, ce jour-là,
00:10:32 pour qu'il y ait vraiment, énormément, une quantité phénoménale de drapeaux tricolores,
00:10:37 tout en ayant ce côté social, parce que, pour moi, le peuple, c'est inséparable de la nation.
00:10:43 - Alors, justement, d'abord, symbole pour symbole,
00:10:46 pourquoi on n'avait pas choisi le 18 juin, pour cet appel ?
00:10:50 - Parce que le 18 juin, c'est un moment où les gens commencent à être en vacances,
00:10:53 et que c'était plus compliqué.
00:10:55 Mais évidemment que j'aurais pu prendre le 18 juin, vous avez raison.
00:10:58 Mais, voilà, il fallait aussi une date qui soit porteuse.
00:11:02 - Alors, justement, de ce point de vue-là, donc, effectivement,
00:11:05 réunir tout le monde, mais on a l'impression, vous savez,
00:11:08 et c'est pour ça qu'on sent bien, bien, bien, je dirais, la déconnexion.
00:11:14 Rappelez-vous qu'il n'y a pas si longtemps, pour la réforme de retraite,
00:11:17 il y avait une motion référendaire, demandée à l'Assemblée,
00:11:20 et parce que c'était le Rassemblement National qui avait été tiré au sort,
00:11:25 la NUPES n'a pas voulu voter.
00:11:27 Donc, chambre ingouvernable, chambre absolument...
00:11:31 Alors, effectivement, et même s'il n'y a pas la majorité absolue d'un côté,
00:11:35 ça se passe comme si c'était la majorité absolue.
00:11:39 Ce que je voudrais dire, vous savez très bien, capitaine,
00:11:42 vous avez été officier de gendarmerie, vous savez très bien,
00:11:45 le problème c'est qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné,
00:11:49 on a l'impression que plusieurs personnes de tous bords voient que ce n'est plus possible,
00:11:57 et ils le disent, et ils l'écrivent, et ils le manifestent, etc.
00:12:00 Que ce soit dans la rue, dans les gazettes, à la télévision, ou ailleurs,
00:12:05 et en eux-mêmes, mais on a l'impression que tout ça reste comme une espèce de surfusion,
00:12:12 comme une espèce de mousse, et ça s'arrête là.
00:12:16 - Je pense que, pour prendre une image, le pourrissement n'est pas assez fort encore.
00:12:21 C'est malheureux à dire, pour moi il est terrible, et je pense que pour vous aussi,
00:12:25 mais il n'est pas assez fort. Vous savez, c'est comme le fruit sur l'arbre,
00:12:29 il faut du temps avant que le fruit pourrisse entièrement et qu'il tombe.
00:12:33 Et je pense que nous n'en sommes pas loin, mais le fruit continue à pourrir,
00:12:39 et malheureusement il ne tombe pas.
00:12:42 Mais je m'aperçois que beaucoup de monde, et ça c'est déjà un premier point intéressant,
00:12:46 c'est que beaucoup de monde le sent.
00:12:48 Aujourd'hui j'entends des tas de gens dire "ce n'est pas que le 49.3 qui fait descendre les gens dans la rue".
00:12:53 C'est évident qu'il y a un malaise bien plus important que le 49.3.
00:12:57 Et je pense que c'est ça le problème.
00:12:59 Et c'est ce que je disais il y a deux ans, et je crois que ça c'est important.
00:13:03 Le dernier point que je voulais dire, c'est que je donne une note d'optimiste derrière,
00:13:07 parce que je ne veux pas qu'on dise "je parle souvent la France, souvent les Français",
00:13:11 mais moi je crois, alors je vais ressortir une vieille formule de 1914, voyez que ça date,
00:13:16 c'est l'Union sacrée.
00:13:18 Moi je crois que quand la patrie est en danger, et la patrie est en danger,
00:13:22 eh bien il faut que toutes les forces, quels qu'elles soient,
00:13:26 puisque l'Union sacrée allait de l'Action française jusqu'au Parti socialiste,
00:13:30 je pense qu'à ce moment-là les gens doivent se regrouper,
00:13:34 et ne plus tenir compte de leur petite querelle.
00:13:36 - C'est pour ça que je veux cette manifestation qui doit être le départ de quelque chose.
00:13:40 - Et ce merveilleux poème d'un communiste, Louis Aragon,
00:13:44 "Rappelez-vous pendant la résistance, celui qui croyait au sel, celui qui n'y croyait pas,
00:13:48 tous les deux aimait la belle prisonnière des soldats".
00:13:51 - Exactement. - C'est la France, c'est ça.
00:13:53 Ce magnifique poème, en fait c'est ce que vous voulez.
00:13:56 Dernière chose, je voudrais vous poser une question personnelle,
00:13:59 aux militaires que vous êtes, que vous avez été, que vous êtes toujours.
00:14:02 Est-ce que vous pensez qu'à un moment donné, il est important, évidemment,
00:14:07 que l'armée reste la grande muette, ou quand même qu'elle puisse s'exprimer ?
00:14:12 Je dis bien s'exprimer, je ne dis pas dériver, je ne dis pas faire des factions, bien sûr,
00:14:18 mais je parle de l'expression.
00:14:20 Est-ce que ça vous paraît pour vous une bonne chose,
00:14:24 ou qu'elle reste effectivement, je parle pour les lactives, bien sûr,
00:14:28 dans une interdiction absolue de s'exprimer publiquement ?
00:14:31 - Alors vous savez, le général Lecoindre, quand il était chef d'état-major,
00:14:35 a dit que l'armée pouvait s'exprimer.
00:14:38 Évidemment, il n'a pas parlé dans le cadre politique.
00:14:41 Mais il demandait à ce que les cadres officiers, sous-officiers s'expriment.
00:14:47 Donc je pense qu'il y a une liberté de parole qui est un peu plus vraie.
00:14:51 Alors maintenant, cette liberté de parole, elle a, si vous voulez, une fin.
00:14:54 Mais moi, j'ai envie de dire à un certain nombre de militaires,
00:14:58 écoutez, moi je trouve que ce qui m'a choqué, je vais vous dire,
00:15:03 c'est pas simplement des paroles, c'est cette espèce de notion d'indignité
00:15:08 du président de la République.
00:15:09 Quand il est au Qatar et qu'il a cette attitude,
00:15:12 quand il est à Kinshasa et qu'il a cette attitude,
00:15:15 comment voulez-vous que des militaires puissent être punis
00:15:19 pour des faits mineurs, quand lui-même se permet un certain nombre de choses ?
00:15:24 Vous savez, je donne cet exemple parce qu'il me paraît amusant,
00:15:28 il y avait le film qui s'appelait "Le Transporteur",
00:15:31 il y avait un film qui s'appelait "Le Triporteur",
00:15:34 on pourrait faire un dernier film qui s'appelait "Le Tripoteur".
00:15:37 Parce que vraiment, c'est quand même...
00:15:39 - N'allons pas jusque là, mais enfin...
00:15:41 - C'est quand même... Ecoutez...
00:15:43 - Non, non, mais je comprends.
00:15:44 - Je pense qu'il aurait pu être un bon ostéopathe, il n'y a pas de problème.
00:15:48 - Il va peut-être se reconvertir, on verra.
00:15:50 - Vous-même dites qu'à un moment donné, vous pensiez qu'il allait quitter sa fonction,
00:15:55 je ne sais pas si c'est vrai.
00:15:56 - On ne sait pas, c'est ce que disent certains éditorialistes, etc.
00:15:59 Mais ça, ce sont des spéculations de plateau.
00:16:01 - Mais voilà, il pourrait se reconvertir.
00:16:03 - Merci Jean-Pierre Fabre-Bernadac, on reparlera de ça avant le 13 mai, bien sûr.
00:16:07 - Merci infiniment à vous.
00:16:08 - Et de voir ce qui va se passer, voilà.
00:16:10 Et on suit ça, en tout cas, lettres au peuple de France,
00:16:14 appel au peuple de France, il le lira, on verra.
00:16:17 - Sur Valeurs Actuelles, demain.
00:16:19 Sud Radio, André Bercoff.
00:16:21 - Ça balance pas mal.
00:16:23 Bercoff dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:16:27 - Ça fait des décennies, même plus, il y a des chansons sur la coco dans les années 20, dans les années 30,
00:16:32 tout ça n'est pas neuf, mais ça a pris une dimension absolument énorme.
00:16:41 Et on va en parler avec Pierre-Marie Sèvres, le directeur de l'Institut pour la justice.
00:16:47 Bonjour Pierre-Marie Sèvres.
00:16:49 - Bonjour André Bercoff.
00:16:51 - Alors, vous avez écrit un article, tout récemment, dans le Figaro, et puis vous en parlez,
00:16:55 et vous dites ceci, vous dites "la cocaïne passant aux seules portes d'Anvers, Anvers en Belgique,
00:17:00 générerait 50 milliards d'euros, soit l'équivalent de 10% du PIB belge".
00:17:06 C'est hallucinant ça.
00:17:08 - Oui, absolument.
00:17:10 Vous l'avez dit un petit peu dans votre introduction,
00:17:12 la cocaïne dans l'imaginaire collectif, ce sont les années 70, 80, à mi, à mi, et puis ça s'arrête là.
00:17:18 Et en fait, les saisies dans le port d'Anvers, là en 2022, ont encore battu un record historique, sans précédent.
00:17:27 Et tout ça marque un petit peu une évolution, c'est-à-dire que pendant longtemps,
00:17:33 les États-Unis étaient le premier marché mondial de cocaïne.
00:17:35 Aujourd'hui, en 2022, 2023, ça sera certainement l'Europe, pour la première fois dans l'histoire.
00:17:41 - Ah oui, pour la première fois.
00:17:43 - Absolument, absolument.
00:17:45 C'est vraiment tout nouveau, et Anvers est un petit peu le symbole de tout ça,
00:17:49 puisque je vous ai dit, oui, 50 milliards d'euros, ce que j'écrivais dans ma tribune,
00:17:53 c'est-à-dire 10% du PIB belge, c'est tout simplement hallucinant.
00:17:57 Mais Anvers n'est qu'une des portes d'entrée, et il y en a beaucoup, beaucoup plus.
00:18:01 Ça fait environ 10 ans que toutes les agences, à commencer par l'OFAS,
00:18:06 qui est l'agence française de lutte contre le trafic de stupéfiants,
00:18:09 ça fait à peu près 10 ans que les signaux d'alarme sont un petit peu au rouge,
00:18:13 et d'année en année, ça s'aggrave, et on attend vraiment,
00:18:16 en tout cas moi, en écrivant cette tribune, j'attendais vraiment,
00:18:19 j'espère et j'espérais, j'espère toujours,
00:18:22 obtenir une réaction des pouvoirs publics pour lutter contre ce problème
00:18:25 qui s'annonce très, très, très dangereux.
00:18:28 - Alors, on va en parler après les informations.
00:18:30 Restez avec nous, c'est passionnant.
00:18:32 Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
00:18:33 50 milliards, vous imaginez, pour la cocaïne uniquement, il y a tout le reste.
00:18:38 On en parle tout de suite après les informations avec Pierre-Marie Sèvres.
00:18:42 - Restez bien avec nous pour cet entretien avec Pierre-Marie Sèvres
00:18:46 sur comment le tsunami de cocaïne qui déferle sur l'Europe
00:18:48 met en péril les démocraties, et le face à face,
00:18:51 tout de suite après avec Xavier Mouraud, historien, analyse politico-stratégique,
00:18:54 directeur du site Stratpol.
00:18:56 Vous nous appelez au 0826 300 300 pour participer à l'émission.
00:18:59 A tout de suite.
00:19:00 - En fait, parle ton français.
00:19:03 Les carottes sont cuites.
00:19:06 Les carottes sont cuites.
00:19:08 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:19:11 Je suis venu te dire que je m'en vais.
00:19:15 Et t'es là, on n'y peut rien changer.
00:19:21 - Et ça s'est passé ce matin, ce matin.
00:19:23 L'intersyndical est venu dire à Elisabeth, born to be alive,
00:19:29 "Eh ben voilà, on t'a vu, tu veux partir et la chose,
00:19:33 eh ben on s'en va, on s'en va."
00:19:35 Mais j'espère qu'Elisabeth Born tiendra le coup
00:19:38 et qu'on n'entendra pas ses larmes, vraiment.
00:19:41 Parce que, on voudrait que ça continue tout ça.
00:19:43 Mais c'est mal barré.
00:19:45 Eh bien, Pierre-Marie, vous voyez, là on n'était pas dans les gars de la narine,
00:19:54 on n'était pas dans le savant Cossinus,
00:19:56 on n'était pas dans la bataille du rail.
00:19:58 Pierre-Marie Sève, c'est assez terrifiant.
00:20:02 On a envie de ricaner, mais franchement,
00:20:06 vous donnez des chiffres, Pierre-Marie Sève.
00:20:09 En France, en an 2000, 2001, il y a 22 ans,
00:20:12 consommatrice régulière de cocaïne de la population, 0,3%.
00:20:16 Aujourd'hui, 1,6% de la population française,
00:20:20 on est passé en plus de 20 ans, de 0,3 à 1,6.
00:20:25 Et alors ça induit, alors beaucoup de choses,
00:20:28 parce qu'il y a d'abord l'insécurité, ce qui se passe,
00:20:31 et puis la corruption aussi, Pierre-Marie Sève.
00:20:34 Pierre-Marie Sève, vous êtes avec nous,
00:20:38 vous ne nous entendez pas apparemment.
00:20:40 Ah non ?
00:20:41 - Je vous entends, c'est bon.
00:20:43 - Ça y est ?
00:20:44 - Oui, c'est bon, je vous entends.
00:20:46 Oui, oui, alors des affaires de corruption, on en entend assez régulièrement.
00:20:49 Je ne sais pas si vous vous souvenez, en 2018,
00:20:51 on avait une affaire de corruption d'un docker du Havre, par exemple.
00:20:54 En fait, les dockers sont absolument indispensables
00:20:57 dans le bon fonctionnement des transports de cocaïne,
00:21:01 puisque l'essentiel de la cocaïne se transporte par la mer, par les bateaux.
00:21:06 - C'est ça, les conteneurs, les fameux conteneurs.
00:21:09 - Exactement.
00:21:10 On a aussi un autre problème qui est d'ailleurs très spécifiquement français,
00:21:13 qui est le transport par voie aérienne, ce sont les mules,
00:21:16 dont on a tous entendu parler dans les films,
00:21:18 mais qui aujourd'hui, les plus de mules au monde,
00:21:21 pratiquement, en tout cas en Europe, sont à Orly.
00:21:24 Elles passent par la Guyane et ce sont des jeunes Guyanaises
00:21:27 ou des jeunes Guyanais qui transportent de la cocaïne sur eux.
00:21:30 Mais, donc je disais, il y a la corruption des dockers, qui est un point important,
00:21:34 mais il y a des corruptions beaucoup, beaucoup plus graves.
00:21:37 Je prends un seul exemple, il y a un ou deux ans,
00:21:40 le chef de la police du port d'Anvers,
00:21:43 donc le port d'Anvers, il faut bien comprendre que c'est le lieu de transit majeur
00:21:47 de la cocaïne en Europe.
00:21:49 Alors, ce n'est pas le seul, il y a aussi Rotterdam, il y a le Havre,
00:21:53 il y en a d'autres, mais Anvers est vraiment le premier et le plus emblématique.
00:21:56 - Alors, qui s'y est passé ? Allez-y.
00:21:59 - Le chef de la police du port d'Anvers a été arrêté pour corruption
00:22:02 par la police fédérale belge.
00:22:04 - Le chef de la police du port d'Anvers, carrément ?
00:22:07 - Exactement. - La haute autorité.
00:22:09 - Oui, un policier fédéral belge a lui aussi été attrapé en flagrant délit.
00:22:14 Ce sont les dockers qui l'ont dénoncé,
00:22:16 mais il a été attrapé en flagrant délit, il leur a offert un million d'euros
00:22:19 pour qu'il puisse ouvrir, ce policier belge,
00:22:22 pour qu'il puisse ouvrir un conteneur.
00:22:24 Donc, évidemment, le faire passer dans du trafic ensuite derrière.
00:22:27 Donc, la corruption, c'est un danger.
00:22:30 Là, on parle de dockers, on parle ensuite de chef de la police,
00:22:34 ça peut monter beaucoup, beaucoup, beaucoup plus haut.
00:22:37 Je rappelle par exemple qu'un des vrais narco-états qui existent sur Terre,
00:22:40 qui est le Suriname, qui est un petit pays complètement gangréné
00:22:44 par la cocaïne et par son transport,
00:22:47 le Suriname, le président de la République du Suriname a été accusé,
00:22:51 il est toujours accusé, il a plus ou moins fui,
00:22:53 mais il a été accusé pendant longtemps d'être un des trafiquants de cocaïne
00:22:57 les plus importants au monde.
00:22:59 Donc, ça peut monter vraiment très haut dans l'appareil d'État.
00:23:02 - Alors, justement, Pierre Maillessier, vous dites,
00:23:05 le directeur du Centre Pensionnaire d'Analyse du Renseignement Maritime
00:23:08 pour les Stupéfiants, Soertop,
00:23:10 interrogé par Le Point, disait ceci,
00:23:13 "De plus en plus de membres des autorités judiciaires et politiques
00:23:16 sont corrompus en Europe occidentale", chez nous donc,
00:23:19 "la cocaïne génère tellement d'argent
00:23:21 qu'elle représente une menace pour la démocratie européenne".
00:23:24 Est-ce que ce n'est pas exagéré ?
00:23:25 Il y a vraiment, aujourd'hui, on est gangréné à ce point ?
00:23:30 - Alors, oui, je pense qu'il faut le dire
00:23:33 et je pense que la plupart des gens ne réalisent pas.
00:23:35 En fait, ce qui se passe actuellement aux Pays-Bas et en Belgique
00:23:38 est extrêmement, extrêmement inquiétant.
00:23:41 Il y a des journalistes qui ont été menacés.
00:23:43 Il y a le plus grand journal néerlandais,
00:23:45 l'équivalent du Figaro du Monde aux Pays-Bas,
00:23:48 qui a été incendié par des membres de la Mocro-Mafia,
00:23:52 qui est la mafia marocaine originaire du RIF,
00:23:55 les plateaux du RIF,
00:23:56 qui sont les plus grands trafiquants de drogue, en gros, en Europe.
00:23:59 Et ils ont balancé une voiture-bellier piégée sur les locaux du journal.
00:24:04 - Ah, là, oui, quand même.
00:24:05 - Là, vous imaginez, c'est quand même…
00:24:07 C'est-à-dire, les journalistes ne peuvent plus faire leur travail.
00:24:10 Il y a la fille du roi des Pays-Bas,
00:24:13 qui a été menacée de mort, menacée d'enlèvement
00:24:16 par les mêmes Mocro-Mafia, donc les trafiquants néerlandais.
00:24:19 Aujourd'hui, alors qu'elle vivait à Amsterdam, elle était étudiante,
00:24:22 aujourd'hui, elle vit cloîtrée dans le Palais-Royal.
00:24:25 Mais il y a aussi des gens qui meurent un petit peu presque par hasard,
00:24:29 c'est terrible, mais moi, je me souviens très bien
00:24:31 avoir vu une affaire aux Pays-Bas aussi, dans un parking.
00:24:34 Un règlement de compte entre trafiquants.
00:24:37 C'est un couple avec son bébé qui est pris en plein milieu,
00:24:41 qui est pris pour la cible en question.
00:24:43 Et qui, il y a le mari, je crois, qui est mort.
00:24:46 Enfin bref, et puis ça, c'est encore un petit état des lieux.
00:24:51 Mais si on en arrive au Mexique, où on a des centaines de milliers de morts par an,
00:24:55 ça va être une autre chanson.
00:24:58 Et je rajoute un autre petit élément, vous vous souvenez peut-être aussi,
00:25:01 cette affaire de Champloo-les-Vignes, en Seine-Maritime.
00:25:05 C'est une mère, PS, qui a été mise en examen,
00:25:08 qui est aujourd'hui mise en examen avec un de ses adjoints,
00:25:11 pour trafic de cocaïne, trafic de drogue.
00:25:14 Pour avoir prévenu des dealers de la réveillée.
00:25:16 Et ce qui est terrible, c'est qu'à la fois, vous dites, il y a la corruption,
00:25:19 il y a l'explosion du trafic, mais il y a aussi l'explosion des consommateurs.
00:25:23 On vient de donner les chiffres, et ça, juste, on ne va pas faire de psychologie facile,
00:25:29 mais ça tient à quoi, cette explosion des consommateurs, à votre avis, Pierre-Marie Sèvres ?
00:25:34 Alors, ça tient aussi à l'explosion de l'offre de cocaïne.
00:25:39 C'est-à-dire que depuis une dizaine d'années, en gros,
00:25:41 les trois pays producteurs de cocaïne, que sont la Colombie, le Pérou et la Bolivie,
00:25:46 ont doublé leur production de cocaïne.
00:25:48 Donc, ils en ont énormément.
00:25:50 Dans le même temps, on a le marché américain qui est saturé.
00:25:53 Donc, on a une stagnation du marché de la cocaïne aux États-Unis,
00:25:56 une très légère augmentation depuis 10 ans.
00:25:58 Mais on est plus ou moins saturé à cause des opioïdes.
00:26:00 Les États-Unis, vous le savez probablement, sont face à une épidémie gravissime d'opioïdes,
00:26:05 de fentanyl, plus précisément, maintenant.
00:26:08 Et donc, on a beaucoup plus de cocaïne qui est disponible en Europe.
00:26:12 Et donc, c'est beaucoup plus facile pour les consommateurs d'y arriver.
00:26:15 Mais vous avez raison.
00:26:16 Je pense qu'il y a plusieurs choses qui peuvent être faites du côté des consommateurs.
00:26:19 C'est évidemment plus de sensibilisation dans les écoles, etc.
00:26:22 Bon, ça, évidemment, on le sait, c'est nécessaire.
00:26:24 Et puis, un peu de sanctions, peut-être, quelques sanctions un peu plus fortes.
00:26:28 La peur du bâton, hein.
00:26:30 La peur du gendarme, c'est le cas de le dire.
00:26:33 C'est ça, exactement.
00:26:34 Pour les trafiquants comme pour les consommateurs.
00:26:36 Et c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles les trafiquants…
00:26:40 Puisqu'en fait, ce sont les Colombiens, en gros, je vous résume ça très gros,
00:26:43 les Colombiens qui produisent, les Mexicains qui transportent.
00:26:46 Les cartels mexicains se sont rendus compte qu'aux États-Unis,
00:26:49 les sanctions judiciaires étaient très très lourdes, très très fortes.
00:26:52 C'est pas toujours exécuté, mais les États-Unis n'y vont pas de main morte dans la lutte pour faire face à la confrontation.
00:26:57 Donc, on choisit l'Europe et on va vers l'Europe.
00:26:59 Parce que l'Europe est beaucoup moins sévère que les États-Unis.
00:27:03 C'est beaucoup plus facile, il y a beaucoup moins de risques.
00:27:06 Et puis, tout cela est un calcul de coûts-bénéfices qui est positif pour eux.
00:27:10 - Bénéfice de Radio Bercov dans tous ses États.
00:27:12 Le Face à Face.
00:27:14 - Le Face à Face d'André Bercov avec Xavier Moreau, historien, analyse politico-stratégique,
00:27:20 directeur du site Stratpol, auteur de Livre noir de la gauche française et Ukraine, pourquoi la France s'est trompée.
00:27:26 Xavier Moreau est à Moscou, il y est en ce moment depuis 23 ans. Bonjour Xavier Moreau.
00:27:30 - Bonjour.
00:27:31 - Xavier Moreau, oui bonjour. Vous êtes à Moscou, nous sommes à Paris.
00:27:35 Vous êtes un homme d'affaires, entrepreneur franco-russe.
00:27:39 Vous avez écrit pas seulement ces deux livres, mais pour beaucoup d'autres.
00:27:42 Et vous analysez la situation.
00:27:44 Ce que je voudrais avec vous, c'est peut-être deux choses.
00:27:48 D'abord, il y a deux domaines qui nous intéressent.
00:27:51 Vous vivez à Moscou.
00:27:52 Alors, vous savez qu'un certain ministre, un ministre certain de l'économie,
00:28:00 disait que nous allons mettre à genoux et va s'effondrer l'économie russe, il y a déjà quelques mois.
00:28:08 Aujourd'hui, à Moscou, très franchement, et je pense que même si vous vivez à Moscou, vous êtes franco-russe,
00:28:15 je pense que vous avez l'objectivité.
00:28:17 Comment ça se passe ? Je parle du point de vue économique.
00:28:20 Mieux, moins bien qu'avant, il y a des choses qui manquent, des choses qui...
00:28:24 Comment ça se passe ? La vie quotidienne, je parle.
00:28:27 Écoutez, la vie quotidienne a été un peu tourmentée au début de ce que les Russes appellent l'opération spéciale,
00:28:34 c'est-à-dire fin février et le mois de mars.
00:28:36 C'est l'agression, Xavier Leroux juste, il y a quand même une agression, une invasion quand même.
00:28:42 Écoutez, ce serait une agression que je comparerais à celle qu'aurait dû accomplir la France contre l'Allemagne en 1936.
00:28:49 À Carrément.
00:28:51 Les Russes avaient le choix de faire une guerre préventive, ils ont fait le choix que nous aurions dû faire et que malheureusement le général Gamelin n'a pas fait.
00:29:00 C'est votre avis.
00:29:02 C'est mon avis, je comprends très bien.
00:29:05 Mais alors, revenons à ça.
00:29:08 Il y a eu quand même cette opération spéciale que vous appelez, cette invasion que j'appelle, ou agression,
00:29:15 après on pourra en discuter, effectivement, les tenants et les aboutissants, et ça c'est tout à fait normal.
00:29:20 Mais là, vous me dites qu'au début ça a été dur et après ça s'est plutôt arrangé ?
00:29:27 Ça a été dur sous deux aspects.
00:29:29 Déjà parce que les Russes ne s'y attendaient pas.
00:29:32 Donc il y a eu une espèce de stupeur en fait.
00:29:35 Après le gouvernement russe a expliqué que l'Ukraine s'apprêtait à tomber sur le Donbass au milieu du mois de mars.
00:29:42 Mais bon, même avec ces explications-là, on est quand même passé d'un état de paix armée à une guerre qui finalement s'avérait être une guerre de l'OTAN contre la Russie.
00:29:53 Donc là, il y a eu un moment de stupeur.
00:29:56 Moi, par exemple, je ne m'y attendais pas.
00:29:58 Je n'étais pas au courant de tout ce qui se passait derrière, évidemment.
00:30:01 Et à côté de ça, il y a eu des sanctions qui ont été prises et qui ont eu un impact immédiat, notamment l'inflation.
00:30:09 Et puis qui a aussi obligé la Banque centrale à réagir.
00:30:13 Et d'ailleurs, la Banque centrale a très bien réagi, de l'avis même des économistes occidentaux,
00:30:17 en augmentant très fort les taux d'intérêt, en bloquant les transferts d'argent pour éviter ce qu'on appelle, pardonnez l'anglicisme, un "bank run".
00:30:26 Et ça a très bien marché.
00:30:28 Mais les taux d'intérêt ont augmenté, je ne sais plus, on était presque à 20%, je crois.
00:30:33 Mais contrairement à 2014 et à 2016, on est très rapidement retombé à des taux d'intérêt normaux.
00:30:40 Et finalement, la monnaie aujourd'hui est plus forte avec des taux d'intérêt plus bas qu'elle l'était avant l'opération spéciale.
00:30:49 Donc on peut dire que la Banque centrale russe, et puis aussi le fait d'adosser le rouble à la vente du gaz,
00:30:55 entre guillemets, aux pays hostiles, donc à l'Europe, a été un coup de génie.
00:30:58 Donc visiblement, tout ça a été relativement bien préparé.
00:31:02 Et une fois qu'on avait passé cette vague d'inflation au début de l'opération spéciale,
00:31:06 et bien en fait, finalement, les choses se sont lissées.
00:31:09 Et aujourd'hui, si vous ne vivez pas à la frontière nord, on va dire, de l'Ukraine à la Russie,
00:31:17 c'est-à-dire à Belgorod ou à Kursk, en fait vous n'entendez parler de la guerre que sur la télévision et sur les réseaux sociaux.
00:31:24 Alors justement, on va en parler avec Xavier Moreau après une toute petite pause.
00:31:28 C'est très intéressant comment, justement, et le moral des Russes, comment ils ont réagi,
00:31:32 et le rapport avec l'Occident aujourd'hui tel qu'il est perçu.
00:31:36 Que ce soit dans les sphères d'autorité, mais surtout dans la population, comment c'est vécu,
00:31:41 on en parle tout de suite après une toute petite pause.
00:31:44 Et vous souhaitez interpeller Xavier Moreau sur sa vie en Russie ?
00:31:47 Vous nous appelez au 0826 300 300 pour participer à l'émission 0826 300 300, à tout de suite sur Sud Radio.
00:31:53 Les Français parlent au français.
00:31:58 Je n'aime pas la blanquette de mots. Je n'aime pas la blanquette de mots.
00:32:03 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:32:06 Et nous sommes en direct avec Moscou, avec Xavier Moreau, historien, analyste politico-stratégique,
00:32:12 directeur du site Stratpol et auteur du livre "Noir de la gauche française", de "Ukraine, pourquoi la France s'est trompée".
00:32:18 Xavier Moreau, alors justement, vous parliez de l'inflation,
00:32:24 vous parliez d'un équilibre qui a été en tout cas retrouvé, relativement vite d'ailleurs,
00:32:30 même s'il y a encore...
00:32:32 Alors justement, vous savez quand l'embargo, juste pour rester sur le plan économique,
00:32:37 on a dit voilà, plusieurs sociétés françaises à ce moment là, et grosses entreprises multinationales,
00:32:42 on dit bon, on se retire, voilà, c'est l'embargo, c'était pas l'embargo de la France, bien sûr,
00:32:46 l'embargo de l'Occident, etc.
00:32:49 Est-ce que ça s'est senti dans les marchés, dans les étalages, dans les magasins, ou pas vraiment ?
00:32:56 Non, non ça s'est pas senti, parce que déjà en fait, les Russes avaient annoncé la couleur en disant
00:33:01 "si vous partez, nous on garde les usines et les machines-outils".
00:33:05 Par exemple, Ikea a fermé ses portes il y a un peu plus de six mois,
00:33:09 et là en fait, l'ancien management d'Ikea a repris les magasins, a repris les usines,
00:33:15 et va refaire de l'Ikea, simplement, ça s'appellera autrement.
00:33:18 Vous avez également le Finlandais Nokian, qui est sur le point de partir,
00:33:22 donc qui vend à 50% de la valeur de son usine.
00:33:25 J'écoutais sur une radio économique qui s'appelle Business FM en russe,
00:33:30 et l'analyste expliquait, de toute manière, la matière première, elle est russe,
00:33:35 l'usine, elle est là avec les machines-outils,
00:33:37 donc la seule différence pour les Russes, ça va être que ça coûtera 20% moins cher,
00:33:42 parce que ça ne s'appellera plus Nokian.
00:33:44 En fait, la Russie a largement de quoi reprendre la production.
00:33:48 Automobiles a été touché, parce que, en fait, mais ça ce n'est pas seulement en Russie,
00:33:55 il y a des sous-ensembles qui sont fabriqués dans d'autres pays,
00:33:57 qui sont importés, et donc tout ça, tout d'un coup, a été bloqué.
00:34:00 Mais les Russes ont rapidement réagi, on fait venir les Chinois,
00:34:03 on dit aux Chinois "vous pouvez tout reprendre",
00:34:07 mais dans ce cas, il faut construire des usines pour faire des sous-ensembles,
00:34:10 et les Chinois sont tout à fait intéressés.
00:34:12 Pour vous donner un exemple, le premier producteur automobile en Russie,
00:34:17 avant la crise, c'était Renault, aujourd'hui ce sont les Chinois, De Haval, voilà.
00:34:23 - Oui, c'était un économiste français qui disait "on a tout fait pour pousser la Russie
00:34:28 dans les bras des Chinois, on y a réussi".
00:34:30 Donc en fait, ce que vous dites, c'est que tous ces grands,
00:34:34 qui ont décidé, enfin, grandes entreprises ou autres,
00:34:38 qui ont décidé de se retirer, ont été assez rapidement,
00:34:41 peut-être pas complètement remplacés, en tout cas,
00:34:44 et refonctionnant sous d'autres étiquettes.
00:34:47 - Tout à fait, et de ce que j'observe, si vous voulez,
00:34:50 je compare par rapport à ce qui s'est passé en 2014 et 2015,
00:34:53 où là il y a eu les premières sanctions à la suite de la destruction du MH17,
00:34:57 et en fait, je trouve qu'elles sont beaucoup moins pénibles,
00:35:01 les sanctions et les contre-sanctions, que celles qu'on a connues en 2014-2015.
00:35:05 Parce que si vous voulez, la Russie a mis en place des tas de systèmes
00:35:09 pour compenser ces sanctions potentielles.
00:35:12 Par exemple, elle a son propre système de paiement,
00:35:14 qui a remplacé Visa Mastercard, ce qui fait que, en fait, en Russie,
00:35:17 les Visa Mastercard sont fermées, mais vous ne vous en rendez même pas compte.
00:35:21 Elle a son propre système de transfert d'argent interbancaire.
00:35:24 Il y a des tas de choses. La vie est extrêmement numérisée,
00:35:28 l'administration, les services publics, surtout à Moscou,
00:35:31 et Moscou c'est quand même 13 millions d'habitants,
00:35:34 ça marche mieux qu'à Paris, si vous voulez, quand je compare les deux.
00:35:37 Et tout ça, on n'a pas vu la différence.
00:35:40 Et du point de vue même de l'inflation, l'inflation, ça ne concerne pas tout.
00:35:43 Par exemple, la Russie, du point de vue alimentaire,
00:35:45 ça doit être la première puissance agricole au monde.
00:35:47 Ça aussi, c'est une déconséquence, et c'est important d'en parler,
00:35:50 parce que Vladimir Poutine en a parlé pas plus tard qu'hier, des sanctions.
00:35:53 C'est-à-dire que Vladimir Poutine est en visite à Toulah,
00:35:57 donc c'est une ville industrielle,
00:36:00 et il a répondu aux questions des ouvriers à Toulah.
00:36:03 C'est connu pour les samovars, mais également pour l'armement.
00:36:06 Et donc les ouvriers s'inquiétaient pour les machines-outils, etc.
00:36:11 Et Poutine leur a répondu, "écoutez, en 2014, on nous a mis des sanctions,
00:36:14 on a pris des contre-sanctions sur les produits agricoles,
00:36:17 aujourd'hui on est le premier exportateur de blé,
00:36:19 on importait du cochon, on en exporte."
00:36:21 Et en fait, l'ambition de Vladimir Poutine,
00:36:23 et ça je pense que c'est quelque chose qui est calculé
00:36:26 dès le début de l'opération spéciale,
00:36:28 c'est "de toute manière, on va se prendre des sanctions,
00:36:30 quoi qu'il arrive, quoi qu'on fasse,
00:36:32 on va utiliser ces sanctions, comme en 2014 et comme en 2015,
00:36:35 pour faire un saut qualitatif dans ce que moi j'appelle
00:36:38 l'hyper-industrialisation."
00:36:40 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous prenez les chiffres de 2021
00:36:43 du FMI ou de la Banque mondiale, mais ça doit être à peu près les mêmes,
00:36:47 industrie + construction, c'est 32% du PIB en Russie.
00:36:53 En France, en 2021, c'était 16%,
00:36:55 aujourd'hui on doit être à 10% avec la crise énergétique.
00:36:57 Et aujourd'hui, ça ne suffit pas à Vladimir Poutine,
00:36:59 il veut passer, j'ai l'impression, à 50% de production industrielle.
00:37:03 La Russie est une puissance qui produit ce dont elle a besoin.
00:37:06 - Alors, je comprends, alors Xavier Moreau, en fait,
00:37:09 on n'arrive pas à l'autosuffisance,
00:37:11 mais on fait de sa faiblesse une force, et on fait de ses sanctions
00:37:14 en disant "bon ben on est obligé, on est dos au mur",
00:37:17 enfin, "dos au mur", pas vraiment, mais je veux dire,
00:37:19 "on est obligé de se débrouiller nous-mêmes avec nos propres forces",
00:37:23 enfin, c'est un peu ça.
00:37:25 - Alors, pas qu'avec ses propres forces, parce que,
00:37:27 bon, la Russie, en fait, a beaucoup d'argent,
00:37:29 elle génère énormément d'argent, même, et grâce aux sanctions, en fait,
00:37:33 tout en vendant moins de pétrole et de gaz,
00:37:35 comme les sanctions créent une crise sur les marchés,
00:37:37 ça a augmenté les prix, et donc la Russie, finalement,
00:37:39 a gagné plus d'argent en 2022 qu'avant.
00:37:42 Mais également aussi parce qu'elle s'appuie sur une réalité
00:37:46 qu'ont refusé de voir les pays occidentaux,
00:37:49 c'est la bascule de l'économie vers l'Asie,
00:37:53 de l'économie mondiale vers l'Asie.
00:37:55 - Pour vous donner un ordre d'idée, dans les années 80,
00:37:57 la CEE, Communauté Économique Européenne,
00:37:59 que nous nous connaissons, mais que les plus jeunes ne connaissent pas,
00:38:02 c'était 30% de la richesse mondiale, du PIB mondial.
00:38:05 Aujourd'hui, l'Union Européenne, c'est 12%.
00:38:08 - Donc, 30 à 12%, oui.
00:38:10 - Oui, et ça, la Russie l'a compris, la Chine l'a compris,
00:38:14 il y a des tas de structures qui sont mises en place
00:38:16 ces dix dernières années,
00:38:18 notamment les fameux BRICS, avec leur banque de développement,
00:38:21 et donc, petit à petit, en plus,
00:38:23 les systèmes de transfert d'argent en direct ont été mis en place.
00:38:28 On parle du SWIFT, qui est un système de transfert interbancaire.
00:38:32 Les Russes ont créé leur propre système, je l'ai dit,
00:38:34 des banques étrangères sont connectées,
00:38:36 les Chinois ont créé le CIPS,
00:38:39 qui également sont connectés,
00:38:40 ils viennent de se connecter avec le Brésil il y a quelques jours.
00:38:43 - C'était la question que je voulais vous reposer
00:38:45 sur le monde multipolaire qui est en train d'arriver
00:38:47 avec, effectivement, la dédollarisation,
00:38:50 et voilà la tentative de dédollarisation.
00:38:52 On va en parler avec Xavier Moreau tout de suite
00:38:54 après cette petite pause.
00:38:56 A tout de suite.
00:38:57 - Et vous avez la parole sur Sud Radio 0826-300-300
00:39:01 pour interpeller Xavier Moreau,
00:39:03 avoir son analyse, son ressentiment sur place à Moscou.
00:39:05 Vous nous appelez 0826-300-300.
00:39:07 A tout de suite sur Sud Radio.
00:39:08 - Goff dans tous ses états.
00:39:10 - Et oui, toujours, toujours,
00:39:11 et avec toutes les informations que nous donne Xavier Moreau,
00:39:14 homme d'affaires, entrepreneur franco-russe,
00:39:17 écrivain et essayiste en direct de Moscou.
00:39:20 Xavier Moreau, justement,
00:39:21 pour suivre les chiffres et les informations
00:39:25 que vous nous donniez,
00:39:26 qui sont très intéressantes
00:39:28 pour remettre en perspective ce qui se passe.
00:39:30 Quand Xi Jinping, le numéro un chinois,
00:39:33 est venu il n'y a pas si longtemps,
00:39:35 il y a quelques jours à Moscou,
00:39:38 en quittant Vladimir Poutine,
00:39:40 il lui a dit cette phrase très à la chinoise,
00:39:44 mais quand même, il dit,
00:39:45 ce qu'on vit actuellement,
00:39:47 c'est la première fois depuis 100 ans
00:39:49 que l'on vit un tel bouleversement.
00:39:51 Poutine lui a dit oui, et il est parti.
00:39:53 Ça veut dire quoi, ça, très exactement, selon vous ?
00:39:57 - Si vous voulez, si vous regardez la situation de la Chine,
00:40:01 il y a 100 ans, c'était pas très brillant.
00:40:03 L'Occident colonialiste était en pleine apogée.
00:40:07 D'ailleurs, l'exposition coloniale, je crois, en 1930,
00:40:12 a été considérée comme l'apogée de la colonisation française.
00:40:16 En fait, c'était le monde dans lequel on vivait.
00:40:19 Je pense que pour une bonne partie du monde,
00:40:21 ce monde, on va dire, avec l'Occident dominant
00:40:24 et un monde colonial,
00:40:26 ou en tout cas, même après la décolonisation,
00:40:28 où l'Occident fait régner son hégémonie,
00:40:31 c'est ce monde-là qui prend fin.
00:40:34 Pour la Chine, c'est quelque chose de très important,
00:40:36 puisque la Chine a été humiliée
00:40:38 la deuxième moitié du 19e siècle,
00:40:40 et entre les deux guerres,
00:40:42 notamment par le Japon.
00:40:44 Donc je pense qu'effectivement, c'est vraiment la mise en place,
00:40:47 entre guillemets, d'un nouvel ordre mondial,
00:40:49 pour paraphraser George Bush, père,
00:40:52 et surtout un ordre mondial qui n'est pas fondé sur une domination,
00:40:57 mais plus sur un développement à la chinoise,
00:41:00 c'est-à-dire fondé sur l'économie.
00:41:02 - J'espère à la chinoise qu'on ne parle pas du crédit social
00:41:06 et autres joyeusetés de ce genre.
00:41:08 - Non, parce que les Chinois considèrent
00:41:11 que chacun fait ce qu'il veut chez soi.
00:41:13 En revanche, ils ont un projet qui n'est pas un projet militaire,
00:41:17 qui n'est pas un projet diplomatique,
00:41:19 qui est un projet économique,
00:41:21 qui est les routes de la soie.
00:41:23 Les routes de la soie passent par l'Asie centrale,
00:41:26 et en principe, c'est Marco Polo, si vous voulez,
00:41:29 devraient arriver jusqu'en Europe.
00:41:32 Et la Chine a intérêt que tout au long de ces routes de la soie,
00:41:37 la paix règne.
00:41:39 Donc, ils ont une activité,
00:41:41 et à la base, les routes de la soie,
00:41:43 c'est un projet du ministère de l'économie,
00:41:45 pas du ministère des affaires étrangères.
00:41:47 Mais ils ont intérêt à inviter, par exemple, l'Arabie Saoudite,
00:41:50 par exemple l'Iran, à s'entendre pour que la paix règne dans la région.
00:41:54 - C'est ce qui se passe en ce moment, on le voit.
00:41:57 Ce qui était impensable il y a encore quelques années.
00:42:00 - Regardez ce qui se passe également au Pakistan,
00:42:03 qui a invité l'Inde à participer à des rencontres.
00:42:06 La Chine a un projet économique,
00:42:08 c'est un peu le doux commerce de Montesquieu,
00:42:10 sauf que cette fois, ça marche.
00:42:12 C'est-à-dire de faire une ligne de commerce
00:42:14 où tout au long de cette ligne,
00:42:16 tout cela soit plus ou moins calme.
00:42:18 Et dans ce cadre-là, d'ailleurs, la Russie prend sa place,
00:42:21 puisque au long de cette route de la soie,
00:42:23 qui va d'Est en Ouest,
00:42:25 vous avez un axe qu'on appelle l'axe de transport de la Caspienne,
00:42:28 qui part de la Volga en Russie,
00:42:30 qui descend jusqu'en Iran.
00:42:32 Et la Chine aussi veut utiliser cet axe.
00:42:35 La Chine veut aussi utiliser ce qu'on appelle
00:42:37 la route maritime du Nord,
00:42:39 qui passe en Arctique, grâce en partie
00:42:41 au réchauffement climatique à cet endroit-là.
00:42:44 Et la Russie, qui se dote d'une toute une flotte
00:42:47 de tankers ou de transporteurs brise-glaces,
00:42:51 qui vont pouvoir utiliser cet axe,
00:42:53 qui fait gagner des millions de dollars.
00:42:56 - Et qui a contourné très largement l'embargo
00:42:58 qu'il y avait décrit.
00:43:00 - Exactement.
00:43:02 - Xavier Moreau, justement,
00:43:04 Basson, ça m'intéresse d'avoir,
00:43:06 puisque vous le côtoyez aussi bien
00:43:08 des autorités que le russe moyen,
00:43:12 si le russe moyen existe,
00:43:14 enfin comme on parle du français moyen,
00:43:16 quel est aujourd'hui, par rapport à il y a 20 ans,
00:43:18 puisque ça fait un peu plus de 20 ans
00:43:20 que vous vivez en Russie,
00:43:22 enfin de façon régulière...
00:43:24 - 23 ans.
00:43:26 - 23 ans, voilà.
00:43:28 Qu'est-ce qui a changé, ou qu'est-ce qui change en ce moment
00:43:30 dans l'appréhension du russe,
00:43:32 de l'occident,
00:43:34 enfin de l'appréhension de l'occident par les russes ?
00:43:36 Qu'est-ce qui a changé,
00:43:38 ou qu'est-ce qui a changé depuis quelque temps, ou pas ?
00:43:40 - Alors ça, ça ne date pas de l'opération spéciale,
00:43:44 mais l'occident n'est plus un modèle.
00:43:48 N'est plus un modèle de développement.
00:43:50 C'est lié à deux choses, c'est que la Russie
00:43:52 a trouvé son propre modèle,
00:43:54 et surtout c'est que les russes voyagent,
00:43:56 et pardonnez-moi, mais lorsqu'ils rentrent de Paris
00:43:58 et qu'ils reviennent à Moscou,
00:44:00 ils disent "mais en fait, notre ville..."
00:44:02 Alors c'est 13 millions d'habitants à Moscou,
00:44:04 c'est plus grand que Paris et sa banlieue.
00:44:06 - Paris intra-muraux c'est 2 millions,
00:44:10 Paris et le Grand Paris c'est 8 à 10 millions, c'est ça.
00:44:12 - Donc imaginez que Paris et sa banlieue
00:44:16 soient totalement sans insécurité,
00:44:18 tout est parfaitement organisé, numérisé,
00:44:22 il y a des parcs partout,
00:44:24 avec des plachades qui...
00:44:26 des petites places pour que les enfants jouent partout,
00:44:28 des places pour que les gens fassent du sport,
00:44:30 vous avez par exemple, en bas de chez moi,
00:44:32 il y a des sacs de frappe,
00:44:34 quand ils les ont posés il y a un an,
00:44:36 je me suis dit "il y en a un qui va arriver avec son coup de boulon,
00:44:38 ça ne va pas durer 24 heures, il est toujours en place".
00:44:40 Il y en a deux.
00:44:42 Donc ce que je voulais, c'est qu'en fait on est dans une ambiance qui...
00:44:44 Alors ça a beaucoup changé depuis que je suis arrivé,
00:44:46 je ne vous cache pas que en 23 ans...
00:44:48 Si vous venez à Moscou tous les deux ans,
00:44:50 vous ne reconnaissez pas la ville, tellement ça progresse.
00:44:52 Donc vous avez la propreté,
00:44:54 si vous voyez ce que je veux dire,
00:44:56 vous avez la sécurité,
00:44:58 vous avez des infrastructures tout simplement extraordinaires,
00:45:00 il y a ces 30 stations de métro
00:45:02 ouvertes en un an par exemple,
00:45:04 c'est tout simplement incroyable,
00:45:06 et puis vous avez accès à tout,
00:45:08 des restaurants partout,
00:45:10 vraiment une qualité de vie qui est extraordinaire.
00:45:12 Donc quand vous avez un touriste russe qui revient,
00:45:14 ou une touriste russe,
00:45:16 puisque généralement c'est elles qui se font embêter,
00:45:18 si vous voyez ce que je veux dire,
00:45:20 qui revient de Paris,
00:45:22 il y a une chance sur deux,
00:45:24 c'est de faire voler sa montre.
00:45:26 Je parle d'expériences de mes amis,
00:45:28 moi je leur dis surtout quand vous allez dans une table de café,
00:45:30 ne mettez pas votre téléphone portable sur la table,
00:45:32 parce que vous risquez de vous le faire attraper quand vous êtes en terrasse,
00:45:34 ça en Russie ça n'existe pas,
00:45:36 à Moscou ça n'existe pas.
00:45:38 - Mais Xavier Moreau, honnêtement ce n'est pas un tableau trop idyllique
00:45:40 que vous faites de Moscou,
00:45:42 par rapport à Paris, je comprends, on traiterait bien ce qu'on vit à Paris,
00:45:44 mais vous n'êtes pas dans l'idylle,
00:45:46 vous n'êtes pas dans...
00:45:48 - Ah non, non, je vous assure,
00:45:50 ce que je dis souvent dans mes vidéos,
00:45:52 c'est que je dis "Venez voir",
00:45:54 et je peux vous dire que ceux qui viennent me disent
00:45:56 "Xavier on a subi un choc technologique,
00:45:58 un choc de propreté,
00:46:00 et un choc de vérité aussi,
00:46:02 parce qu'on s'aperçoit qu'on nous ment".
00:46:04 - Dites-moi, quand est-ce que,
00:46:06 vous dites il y a 20 ans tout change,
00:46:08 mais vous dites "oui ce n'est plus..."
00:46:10 à un moment donné, parce qu'on se rappelle que même Poutine,
00:46:12 il y a 20 ans etc,
00:46:14 était assez ouvert sur l'Europe,
00:46:16 c'est-à-dire qu'il y avait une envie non pas d'intégrer l'Union Européenne,
00:46:18 mais quand même,
00:46:20 l'Europe avait beaucoup, beaucoup, beaucoup,
00:46:22 je vais dire, fasciné,
00:46:24 enfin on ne va pas revenir à l'histoire,
00:46:26 à la culture etc,
00:46:28 mais vous savez, j'ai lu un truc extraordinaire
00:46:30 de Boukowski,
00:46:32 que je recommande à tout le monde,
00:46:34 Vladimir Boukowski,
00:46:36 le dissident de l'Union Soviétique,
00:46:38 qui avait connu tout ce qu'il a connu,
00:46:40 a dit aujourd'hui "écoutez-moi, c'est très simple,
00:46:42 je viens de l'Europe, et bien l'Union Européenne,
00:46:44 c'est l'URSS, même système,
00:46:46 exactement, même politbureau,
00:46:48 même gens non élus etc etc."
00:46:50 Il a comparé, mais de manière extrêmement saisissante,
00:46:53 évidemment, il n'y a pas le goulag, heureusement chez nous,
00:46:55 mais quand même, il a comparé les deux,
00:46:57 il a dit "mais l'Union Européenne,
00:46:59 aujourd'hui, me rappelle furieusement l'URSS d'hier."
00:47:03 - "Je vis dans votre futur", c'est ce qu'il a dit.
00:47:05 - C'est ça.
00:47:07 - "J'ai connu votre futur."
00:47:09 - Oui, exactement.
00:47:11 - Ecoutez, oui, je suis désolé, encore une fois,
00:47:13 quand je suis arrivé en Russie il y a 23 ans,
00:47:15 j'avais pas du tout l'impression que j'avais,
00:47:17 j'avais l'impression d'arriver dans un tiers-monde blanc.
00:47:19 Moi j'étais jeune, j'avais 28 ans,
00:47:21 c'était quasiment comme dans les films.
00:47:24 - En vrai, un tiers-monde quoi ?
00:47:26 C'était la pauvreté ?
00:47:28 - Oui, c'était pauvre,
00:47:30 en plus j'étais expatrié,
00:47:32 j'avais un pouvoir d'achat extraordinaire,
00:47:34 n'importe quelle boîte de nuit,
00:47:36 vous montriez votre passeport français,
00:47:38 ou n'importe quel étranger,
00:47:40 vous vous entriez, vous étiez considéré,
00:47:42 vous savez, le tube à la mode,
00:47:45 quand je suis arrivé, c'était
00:47:47 "American Boy" ou "Widow's Taboy",
00:47:49 "American Boy", je pars avec toi.
00:47:51 Donc il y avait trois jolies filles qui chantaient ça,
00:47:53 et tout le monde ne rêvait que de ça,
00:47:55 de les jeunes filles.
00:47:57 Aujourd'hui, c'est plus du tout le cas.
00:47:59 Aujourd'hui, au contraire, la Russie regarde,
00:48:01 alors, du point de vue civilisationnel,
00:48:03 elle regarde même toujours du côté de l'Occident,
00:48:05 parce que c'est un pays européen,
00:48:07 et le modèle chinois les attire pas plus que ça.
00:48:09 Mais, en revanche,
00:48:11 ceux qui connaissent, on est dans la situation inverse
00:48:13 des années 90, si vous voulez.
00:48:15 Dans les années 90, ceux qui voulaient
00:48:17 être l'intelligentsia
00:48:19 expliquaient aux Russes de base
00:48:21 ce que c'était que le bonheur de vivre en Europe,
00:48:23 et c'était vrai. En 1992,
00:48:25 un Russe qui commence à voyager en
00:48:27 France ou en Allemagne, il découvre le supermarché.
00:48:29 Il n'y a pas de queue.
00:48:31 C'était "Euro comme Dieu" en France, à l'époque.
00:48:33 "He got it from the crèche", voilà,
00:48:35 comme disait Salomon.
00:48:37 Mais aujourd'hui, c'est l'inverse.
00:48:39 Les témoignages de Français qui
00:48:41 viennent ici, qui tout d'un coup débarquent à Moscou,
00:48:43 mais ils sont sous le choc.
00:48:45 Ils sont sous le choc, je vous le dis honnêtement.
00:48:47 C'est le même choc que j'ai eu en arrivant, il y a 23 ans,
00:48:49 en Russie. - De l'autre côté.
00:48:51 Xavier Moreau, restez évidemment avec nous.
00:48:53 On va vous confronter.
00:48:55 Je crois qu'il y a
00:48:57 beaucoup de questions à vous poser de la part des auditeurs
00:48:59 de Sud Radio. - Beaucoup de gens
00:49:01 nous appellent au 0826-3003.
00:49:03 - Allez-y, on va commencer par prendre quelqu'un là.
00:49:05 - Et oui, on accueille Christian de Bordeaux. Bonjour Christian.
00:49:07 - Bonjour.
00:49:09 - On vous écoute Christian.
00:49:11 - Alors, je suis déjà intervenu
00:49:13 avec monsieur Le Saumier, mais je n'avais pas pu poser mes questions.
00:49:15 Mais monsieur Moreau est plus
00:49:17 apte ou capable, je ne sais pas.
00:49:19 - Dites. - Il connaît
00:49:21 le système militaire
00:49:23 russe, chinois, etc.
00:49:25 Chinois et français.
00:49:27 Alors je vous... moi je suis ingénieur
00:49:29 de formation, j'ai travaillé
00:49:31 dans l'armement, etc. Bon, je
00:49:33 connais un peu
00:49:35 le développement russe
00:49:37 des techniques russes. Je voulais
00:49:39 savoir quel est le taux d'engagement
00:49:41 militaire des russes aujourd'hui en Ukraine.
00:49:43 Parce que cela me paraît un peu faible,
00:49:45 etc. Je pense
00:49:47 qu'il y a beaucoup... Est-ce qu'on
00:49:49 nous dit tout, comme vous dites ?
00:49:51 Alors j'aimerais m'adresser à monsieur Moreau.
00:49:53 J'apprécie beaucoup parce que je l'écoute.
00:49:55 Et je regarde son
00:49:57 site, Stratpod, etc.
00:49:59 - D'accord. Alors vous posez la question
00:50:01 justement, on a bien entendu
00:50:03 Christian. Xavier Moreau,
00:50:05 alors le niveau d'engagement
00:50:07 des russes en Ukraine, demande Christian,
00:50:09 il paraît un peu, effectivement,
00:50:11 à nous aussi il paraît un peu...
00:50:13 enfin, faible, ça veut rien dire, par rapport
00:50:15 à quoi, mais... - Il est là.
00:50:17 Il est largement supérieur
00:50:19 à celui d'il y a un an. Il faut bien
00:50:21 se rendre compte qu'il y a un an, lorsque les russes sont rentrés,
00:50:23 ils sont rentrés à un contre trois.
00:50:25 Je pense que c'est la première fois dans l'histoire
00:50:27 de l'humanité que
00:50:29 un pays en attaque un autre.
00:50:31 Dans un rapport où il est
00:50:33 largement en infériorité numérique.
00:50:35 Aujourd'hui, ils ont mobilisé, donc je pense qu'il y a
00:50:37 500 000 hommes à peu près du côté russe.
00:50:39 Et l'armée russe,
00:50:41 c'est un million d'hommes.
00:50:43 En comptant, on l'a mobilisé, et ils doivent passer
00:50:45 un million cinq dans
00:50:47 les années qui viennent.
00:50:49 Je pense que ce sera assez rapidement
00:50:51 atteint. Donc voilà, ça vous donne un ordre d'idée.
00:50:53 Ce qu'on peut tout de même dire, c'est que
00:50:55 l'essentiel des, ce qu'on appelle en Russie
00:50:57 les "contracts TNIKI", c'est-à-dire les militaires
00:50:59 sous contrat, comme ce que nous on a en France.
00:51:01 On a une armée uniquement de "contracts TNIKI".
00:51:03 - Armés de métier. - Voilà.
00:51:05 Ils sont tous engagés dans l'affaire Ukraine.
00:51:07 Enfin, quasiment tous.
00:51:09 Donc ça mobilise quand même des forces
00:51:11 importantes.
00:51:13 Et du point de vue
00:51:15 de l'équipement, là on a assisté à quelque
00:51:17 chose d'intéressant, c'est que contrairement à ce qu'on peut
00:51:19 entendre sur certains
00:51:21 plateaux télé,
00:51:23 l'armement qui arrive aujourd'hui du côté
00:51:25 russe est plus moderne que celui qu'ils ont engagé
00:51:27 il y a un an. Parce que des programmes
00:51:29 d'équipement, par exemple des derniers modèles, je vais pas rentrer
00:51:31 dans les détails, mais du T-90M
00:51:33 ProRiv, qui devait
00:51:35 être équipé progressivement à l'armée russe,
00:51:37 et bien en fait maintenant sont fabriqués
00:51:39 24h/24. C'est pareil pour les munitions,
00:51:41 c'est pareil pour les missiles, c'est pareil.
00:51:43 Donc en fait, ce qu'on voit au contraire quand on regarde un peu
00:51:45 le matériel qui est déployé, c'est que
00:51:47 l'armée russe qui se met
00:51:49 aujourd'hui en place face à ce que j'appelle
00:51:51 l'armée autonome qui est vienne, est plus puissante
00:51:53 non seulement en
00:51:55 nombre, mais également en équipement
00:51:57 qu'elle ne l'était il y a un an.
00:51:59 - Christian, vous voulez poser
00:52:01 une... rapidement ? - Oui, oui, oui,
00:52:03 on a déjà parlé
00:52:05 de ça, tout le monde se souhaite clapper. Moi je
00:52:07 crois qu'il faut créer la zone tampon
00:52:09 et arrêter un peu de
00:52:11 donner... d'insulter un peu
00:52:13 les pays comme ça, etc.
00:52:15 par différents moyens. On se met,
00:52:17 comme je le dis l'autre fois, on se met
00:52:19 jamais en colère volontairement, il y a toujours
00:52:21 il y a toujours... - Une raison.
00:52:23 - Oui, l'effet déclencheur
00:52:25 qui fait... et on se met en colère parce qu'on a été
00:52:27 un peu titillés, agressés.
00:52:29 - Merci Christian,
00:52:31 merci. - Merci monsieur Moreau, et au plaisir.
00:52:33 - Merci Christian, restez bien avec nous,
00:52:35 on revient tout de suite, vous continuez de nous appeler au 0826
00:52:37 300 300, on ira
00:52:39 à Aubagne accueillir Franck.
00:52:41 A tout de suite sur Sud Radio.
00:52:43 - Ici Sud Radio,
00:52:45 les Français
00:52:47 parlent
00:52:49 au français.
00:52:51 Je n'aime pas
00:52:53 la blanquette de veau.
00:52:55 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:52:57 - Sud Radio Bercoff dans tous
00:52:59 ses états. - Vous êtes bien sur Sud Radio
00:53:01 dans le face à face d'André Bercoff et vous
00:53:03 avez la parole au 0826
00:53:05 300 300, on accueille Franck
00:53:07 d'Aubagne, bonjour Franck.
00:53:09 - Bonjour Franck. - Bonjour.
00:53:11 - On vous écoute.
00:53:13 - Oui, alors, puisque
00:53:15 on parlait de commerce,
00:53:17 moi j'ai une question
00:53:19 pour M. Moreau.
00:53:21 Est-ce que
00:53:23 cette guerre qui a lieu en Ukraine,
00:53:25 ce n'est pas tout simplement une histoire de gros sous,
00:53:27 encore une fois, parce qu'on sait
00:53:29 parfaitement que quand les Américains vont faire
00:53:31 la guerre quelque part, c'est parce qu'il y a de l'argent à gagner,
00:53:33 mais de la même façon,
00:53:35 est-ce que les
00:53:37 Russes qui influencent
00:53:39 Vladimir Poutine en coulisses,
00:53:41 n'ont pas de gros gros intérêts financiers
00:53:43 à ce que la Russie
00:53:45 récupère l'Ukraine dans son giron.
00:53:47 Par exemple, avec les mines de sel de Soledad,
00:53:49 le charbon du Donbass,
00:53:51 toutes les ressources halieutiques de la mer d'Azov,
00:53:53 et j'en passe,
00:53:55 sans parler des terres agricoles,
00:53:57 etc.
00:53:59 En résumé, est-ce que la Russie ne veut pas reprendre
00:54:01 ou les oligarques russes ne veulent pas reprendre
00:54:03 ce que les oligarques américains
00:54:05 leur ont pris en 2014 ?
00:54:07 - Xavier Moreau.
00:54:09 - Alors, déjà,
00:54:11 juste précisément, il n'y a pas d'oligarques en Russie,
00:54:13 il y a des milliardaires, mais ils n'ont aucun pouvoir politique.
00:54:15 C'est exactement le contraire de ce qu'on voit
00:54:17 en Ukraine, et d'ailleurs, pour partie,
00:54:19 aux Etats-Unis.
00:54:21 Donc, il n'y a pas d'oligarques.
00:54:23 Ce ne sont pas les oligarques qui décident
00:54:25 de là où va l'armée russe.
00:54:27 Et pourquoi elle y va ?
00:54:29 Ensuite, la partie de l'Ukraine
00:54:31 qui sera récupérée par la Russie à la fin du conflit,
00:54:33 ça va lui coûter très cher.
00:54:35 Il n'y a qu'à voir en Crimée.
00:54:37 C'est la Russie, un peu pour en faire
00:54:39 une victrine, d'ailleurs, à mon avis,
00:54:41 pour le reste des territoires
00:54:43 du sud-est de l'Ukraine, qui sont considérés
00:54:45 comme des territoires russes à 100%.
00:54:47 Les Russes y ont investi
00:54:49 énormément. L'aspect le plus visible,
00:54:51 c'est le pont de Crimée, mais il y a des routes,
00:54:53 tout a été construit. D'ailleurs, vous demandez aux Criméens,
00:54:55 ils n'ont jamais... En 25 ans,
00:54:57 la Crimée a été laissée telle qu'elle
00:54:59 est, le Soviétique l'avait laissée, et là,
00:55:01 maintenant, c'est quelque chose de magnifique.
00:55:03 La ville de Mariupol est en train d'être construite
00:55:05 à une vitesse. J'ai des amis
00:55:07 russes qui sont dans le bâtiment, ils me disent
00:55:09 "on n'a jamais vu les choses comme ça".
00:55:11 Ça va coûter très cher à la Russie.
00:55:13 Je ne suis pas certain que toute
00:55:15 cette partie industrielle soit...
00:55:17 puisse repartir, puisque
00:55:19 précisément, l'armée Kievienne a construit
00:55:21 ces lignes de défense en plein milieu
00:55:23 des villes, des usines, des villages.
00:55:25 C'est pour ça qu'on comprenne ça.
00:55:27 C'est pas la ligne Maginot qui était dans la nature.
00:55:29 C'est vraiment délibérément construit
00:55:31 au milieu des villes et des villages.
00:55:33 Et donc, il y a des industries
00:55:35 qui ne pourront pas être...
00:55:37 qui ne pourront pas repartir. Donc, je pense
00:55:39 surtout que pour les 15 prochaines années,
00:55:41 ça va coûter très cher à la Russie
00:55:43 de reconstruire ce qui a été...
00:55:45 - Mais ce que dit juste
00:55:47 Xavier Moreau, ce que dit Franck, quand même, il y a...
00:55:49 même, vous les appelez...
00:55:51 on peut les appeler oligarques, on peut les appeler
00:55:53 milliardaires, mais chacun peut trouver
00:55:55 aussi son compte dans les entreprises de reconstruction,
00:55:57 etc. Et puis, ce qu'il parlait sur les
00:55:59 sous-sols, enfin, Dombasse et
00:56:01 ça, il y a... ce qui est...
00:56:03 chacun... personne n'est angélique
00:56:05 dans cette histoire. - Vous avez raison.
00:56:07 Aujourd'hui, si vous voulez, si vous voyez
00:56:09 ce qui a été fait du côté de la partie
00:56:11 qui était contrôlée par les forces pro-russes
00:56:13 depuis 2014-2015,
00:56:15 ils ont tout simplement nationalisé
00:56:17 les mines, tout ce qui appartenait
00:56:19 précisément à des oligarques comme
00:56:21 Arkhmetov, le plus puissant d'entre eux,
00:56:23 qui contrôlait notamment la ville de Mariupol,
00:56:25 tout ça est nationalisé.
00:56:27 Après, si vous regardez
00:56:29 la manière dont il y a eu
00:56:31 quelques privatisations qui ont été faites sous Vladimir
00:56:33 Poutine, les entreprises, elles étaient
00:56:35 vendues au prix qu'elles coûtaient.
00:56:37 Donc, c'est pas ce qu'on a connu
00:56:39 dans les années 90 en Ukraine ou en Russie
00:56:41 où tout ça était bradé.
00:56:43 Ensuite, il est vrai,
00:56:45 et ça, c'est une des conséquences des sanctions,
00:56:47 c'est que comme les Occidentaux ont
00:56:49 sanctionné tous les Russes, y compris
00:56:51 ceux qui étaient hostiles à Vladimir Poutine,
00:56:53 donc tout d'un coup, vous avez énormément
00:56:55 d'argent qui reviennent en Russie.
00:56:57 Et moi, je peux vous dire, puisque, notamment,
00:56:59 je vois très bien les signaux
00:57:01 sur les marchés, en fait, il y a énormément de
00:57:03 riches milliardaires qui sont
00:57:05 en train de chercher les entreprises
00:57:07 occidentales qui sont prêtes à partir
00:57:09 et à vendre à moitié prix.
00:57:11 Donc, évidemment, je pense que les acteurs privés
00:57:13 vont aller essayer de
00:57:15 récupérer, mais avant de gagner
00:57:17 de l'argent avec, il y aura énormément
00:57:19 d'investissements à reconstruire.
00:57:21 Merci.
00:57:23 Merci beaucoup, Franck. Et on va à Narbonne
00:57:25 avec Cynthia. Bonjour, Cynthia.
00:57:27 Oui, bonjour, Cynthia. Bonjour.
00:57:29 Bonjour à tous.
00:57:31 Ça me fait plaisir de vous voir.
00:57:33 Dobry dzin, Xavier.
00:57:35 Je suis la présidente
00:57:37 de l'association russophone de Narbonne,
00:57:39 en fait.
00:57:41 Tout à l'heure, vous avez parlé...
00:57:43 J'ai allumé la radio, comme souvent
00:57:45 j'allais toujours bloquer sur Sud Radio,
00:57:47 donc j'allume et je vous entends.
00:57:49 Et ça m'a fait plaisir, parce que vous avez
00:57:51 dit une chose très, très vraie tout à l'heure,
00:57:53 enfin, une chose très vraie à Télé-P,
00:57:55 que la France, l'Europe
00:57:57 se soviétise.
00:57:59 Nous, on l'a remarqué, comme je l'ai dit
00:58:01 tout à l'heure, j'en parlais avec
00:58:03 le standard, je disais que
00:58:05 souvent, j'ai remarqué aujourd'hui
00:58:07 et depuis, j'habitais
00:58:09 avant en banlieue parisienne, et c'est là où
00:58:11 on va dire, c'est un petit peu là à chaque fois
00:58:13 où on arrive à voir ce qui va se passer plus tard
00:58:15 en France. C'est-à-dire que
00:58:17 en banlieue parisienne, il y a déjà 20 ans,
00:58:19 la France se soviétisait.
00:58:21 C'était déjà très... La Croix et la Banière
00:58:23 pour se chercher un médecin, un dentiste,
00:58:25 un ophtalmo, quoi que ce soit, c'était déjà
00:58:27 très difficile. Ça devenait
00:58:29 déjà un petit peu l'Union soviétique
00:58:31 que moi, enfin, que j'ai pas connue, mais j'ai
00:58:33 connue l'après-Union soviétique. Je suis allée en 95
00:58:35 pour mes 15 ans.
00:58:37 À l'époque, voilà, pour mon premier voyage
00:58:39 scolaire, j'y suis allée faire un échange
00:58:41 scolaire, où j'ai rencontré mon mari,
00:58:43 d'ailleurs, mon futur mari. Et
00:58:45 à l'époque, les gens, ils vivaient
00:58:47 encore avec les petits kiosques,
00:58:49 sans les supermarchés, on descendait
00:58:51 dans la rue, on allait chercher, voilà.
00:58:53 Ils vivaient avec autre chose, et
00:58:55 ils avaient gardé cette
00:58:57 authenticité, par contre, qu'on a perdue
00:58:59 en France. - Tindia, allez-y, mais
00:59:01 oui, mais... - Là, je voulais
00:59:03 juste vous partager tout ça et vous dire
00:59:05 simplement, le fait
00:59:07 qu'aujourd'hui, on parle essentiellement de l'économie
00:59:09 et tout ça, je pense aussi
00:59:11 qu'aujourd'hui, la Russie essaye
00:59:13 de se battre pour des valeurs,
00:59:15 et les valeurs, c'est celles qu'on a beaucoup perdu
00:59:17 en France avec le capitalisme et tout ça, c'est-à-dire
00:59:19 se battre pour un pays où on a envie
00:59:21 de garder un modèle, que
00:59:23 ce soit un modèle familial ou un modèle
00:59:25 de vie traditionnelle, parfois,
00:59:27 et en France, on essaye
00:59:29 depuis longtemps, que ce soit, et ça, on l'a vu en
00:59:31 banlieue il y a très longtemps, on essaye de nous effacer.
00:59:33 C'est-à-dire, on essaye de nous dire, vous n'avez pas d'identité,
00:59:37 vous n'êtes déjà ni un homme, ni une femme,
00:59:39 vous êtes français, et encore, vous n'êtes pas français.
00:59:41 - Le genre, le wok et compagnie. Non, non, mais Tindia, vous avez
00:59:43 très bien exprimé ça. - Vous n'êtes plus français. - Comme on arrive en fin d'émission,
00:59:45 je voudrais donner le dernier mot
00:59:47 à Xavier Moreau. Effectivement,
00:59:49 alors, bon, c'est pas le capitalisme, il est
00:59:51 maintenant partout, y compris en Russie,
00:59:53 partout, partout, mais les valeurs, ce seraient lesquelles,
00:59:55 si valeurs il y a, on voit très très bien
00:59:57 que c'est aussi un conflit d'identité
00:59:59 et de valeurs. Rapidement, vous diriez,
01:00:01 l'enjeu est sur quoi
01:00:03 dans ce domaine ?
01:00:05 - Je citerais Vladimir Poutine, qui a dit
01:00:07 que la seule idéologie qu'il doit y avoir en Russie, c'est le patriotisme.
01:00:09 Et qu'il espérait que plus jamais,
01:00:11 la Russie ou les élites russes n'auraient envie
01:00:13 d'étendre une vision messianiste
01:00:15 du monde. Mais je crois que,
01:00:17 à quoi fait allusion votre auditrice,
01:00:19 c'est-à-dire qu'en fait, c'est la défense
01:00:21 des valeurs de la famille. Et ça,
01:00:23 si vous voulez, la Russie est un pays, comme il
01:00:25 disait même, multi-confessionnel, et
01:00:27 ils appellent ça les quatre religions traditionnelles,
01:00:29 donc l'orthodoxie,
01:00:31 l'islam, le judaïsme et le bouddhisme.
01:00:33 Et il y a un consensus là-dessus,
01:00:35 et un consensus complet, c'est-à-dire
01:00:37 que ces valeurs occidentales
01:00:39 nouvelles, parce que à l'origine, l'Occident, c'était pas ça,
01:00:41 que vous venez de citer, et bien,
01:00:43 ce ne sont pas les nôtres, et nous n'en voulons pas.
01:00:45 - C'est ça, oui, c'est vrai que
01:00:47 Poutine a beaucoup parlé du "Walk" et de la "Cancel",
01:00:49 qui étaient assez étonnants, mais on le comprend mieux.
01:00:51 - Ça les horrifie, les Russes sont horrifiés par ça.
01:00:53 Horrifiés. Je vous le dis honnêtement,
01:00:55 je pèse mes mots.
01:00:57 - Merci Xavier Moreau, et merci
01:00:59 à nos auditeurs. - Merci à vous.
01:01:01 - Merci beaucoup, chers auditeurs, d'être toujours aussi
01:01:03 nombreux à nous écouter, et merci à
01:01:05 Xavier Moreau, historien et analyste politico-stratégique,
01:01:07 directeur du site Stratpol,
01:01:09 auteur du livre noir de la gauche française,
01:01:11 et de "Ukraine, pourquoi la France s'est trompée",
01:01:13 tout de suite, l'émission de Brigitte Lahaie,
01:01:15 Allez, à tout de suite sur Sud Radio.

Recommandations