• l’année dernière
L'histoire d'Assetou est celle d'une tragédie qui a frappé sa famille lorsque son petit frère Mahamadou a été la cible d’un crime injustifié d’une violence rare. Après avoir tenté de calmer l’individu agressif et menaçant qui pointait son arme sur lui et ses amis, Mahamadou est décédé d’une balle en plein thorax, essayant jusqu’au bout de protéger ses amis.

Sa famille se bat aujourd’hui pour que le meurtrier soit jugé à la hauteur de son crime et se bat contre une justice qui semble légitimer l’impensable, qualifiant cet acte de "crime d’exaspération". Sans suivi psychologique et livrés à eux-mêmes, Assetou et sa famille tentent aujourd’hui de médiatiser leur combat pour faire entendre leur voix et celle de Mahamadou.

La pétition pour soutenir la famille : https://tinyurl.com/JusticepourMahamadou

Suivez le combat de la famille sur instagram : https://www.instagram.com/justicepourmahamadou08/

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Amusant
Transcription
00:00 ça reste un homicide volontaire, avec préméditation,
00:02 parce qu'il n'était pas armé.
00:03 Il est parti chercher son arme pour leur tirer dessus.
00:06 Aujourd'hui, mon frère, il n'est plus là.
00:07 Il y a le temps qui va réparer les blessures.
00:09 Je suis convaincue de ça, mais la plaie, elle sera toujours là.
00:12 Il y aura toujours une cicatrice.
00:13 On ne se remet pas à ce genre de drame.
00:15 Aujourd'hui, je suis venue vous parler de l'assassinat de mon frère,
00:18 Mahama Doucissier.
00:19 Les faits se sont déroulés le 9 décembre 2022.
00:22 Donc moi, j'ai eu une journée tout à fait basique.
00:25 Ce soir-là, il est sorti simplement pour voir le match de foot.
00:28 C'est ce qu'il a dit à ma mère.
00:30 Il devait se rendre au centre de jeûne.
00:32 Et vers 22h30, j'ai mes deux petites sœurs qui m'appellent en folie
00:38 et qui m'indiquent que mon petit frère, Mahama Dou, s'est fait tirer dessus
00:42 et qu'il est actuellement à l'hôpital.
00:44 Donc je suis paniquée, je ne comprends pas ce qui se passe.
00:46 Donc j'étais hyper inquiète parce que quand je leur ai demandé
00:49 où il s'est fait tirer dessus, elles m'ont dit au niveau du cœur.
00:53 Donc c'est plus tard que je sais que c'était au niveau du thorax.
00:56 J'ai l'impression que j'y vais un cauchemar, je n'arrivais pas à y croire.
00:58 Ce genre de choses se passe dans les films.
01:01 À ce moment-là, il est 22h30, il se rend à l'hôpital.
01:05 Et du coup, le médecin nous dit que mon frère est bien au bloc opératoire.
01:08 Ses pronostics vitaux sont engagés.
01:10 Donc à ce moment-là, on panique quand même parce qu'on se dit que c'est très grave.
01:15 Et en même temps, on se dit qu'il a encore envie parce qu'il est au bloc opératoire.
01:19 Donc on y croit.
01:20 On a quand même ce petit espoir.
01:22 Cependant, en fait, ce qui va nous abattre, c'est au même moment, il est 22h27 plus exactement,
01:28 quand on a un article de la région qui sort et qui indique que mon frère est décédé.
01:34 Je ne comprends pas parce que du coup, on a deux informations complètement contradictoires.
01:38 On dit simplement que c'est une balle perdue.
01:41 Donc je ne comprends pas.
01:42 La première histoire que j'ai entendue, c'est que mon frère et ses amis se trouvaient dans notre ancien immeuble où on habitait.
01:49 On a vécu plus de 20 ans là-bas.
01:51 J'ai eu plusieurs versions à l'intérieur, à l'extérieur, et que l'ancien voisin se disputait avec son ami.
01:57 Et en fait, par coup de colère, il a sorti son arme et il a tiré.
02:01 Et son ami s'est baissé et en fait, il y avait Mamadou qui était derrière et qui était là avec ses amis.
02:07 Et en fait, c'était cette histoire-là que j'avais au départ.
02:10 Au moment où j'ai su qu'il était à l'hôpital entre la vie et la mort, moi, j'avais pris la décision d'aller chez ma mère.
02:15 Il est presque minuit quand j'ai mes petites sœurs et mes frères qui m'appellent.
02:20 Et là, je n'entends que des cris, en fait.
02:22 Je n'entends que des cris, je n'entends que des pleurs.
02:24 Et en fait, je comprends que c'est terminé.
02:27 Du coup, vu que je les entends tous pleurer, je me dis "ce n'est pas possible, ce n'est pas possible".
02:33 Enfin, ce n'est pas possible.
02:34 Je raccroche en fait.
02:36 Je ne parle même pas, je raccroche.
02:38 Au moment où on arrive, il est 5h du matin.
02:41 La maison est remplie, en fait.
02:43 Il y a plein de gens.
02:44 On a la famille qui est là.
02:46 Je prends ma mère dans mes bras.
02:47 Je vais m'asseoir au salon.
02:48 Et les premiers mots qu'elle me dit, c'est que...
02:52 Elle me dit que...
02:53 Elle dit qu'il est parti.
02:56 Mon fils, il était jeune, enfin, il avait 21 ans.
02:59 Mon fils, il n'a rien fait.
03:01 Mon fils, il est parti simplement regarder un match de foot et il n'est plus là, en fait.
03:06 Et puis, elle me racontait tous ces petits détails, en fait.
03:08 Au moment où mon frère est sorti, elle me dit...
03:11 Avant qu'il sorte, elle rouvre la porte, elle dit "Mahamadou, ça va ?"
03:16 Et je lui dis "Oui, ça va."
03:18 Il lui sourit.
03:18 Il dit "T'inquiète pas, je vais rentrer.
03:20 Je vais juste regarder le match de foot."
03:22 Et elle me dit "Je ne l'ai plus revu, en fait."
03:24 Il s'est fait tuer parce qu'il était juste là
03:26 et qu'il était là au mauvais endroit, au mauvais moment.
03:29 Enfin, à 6h du matin, je me dis "Bon, je ne peux pas rester comme ça."
03:33 Et j'ai ma tante qui me dit "Vas-y, va porter plainte.
03:35 Va voir la police et va savoir ce qui se passe, en fait."
03:39 Il est 8h30 à peu près quand une commissaire nous reçoit.
03:43 Et elle prend mon dépôt de plainte.
03:45 Moi, j'arrive avec des milliers de questions, en fait,
03:48 de ce qui s'est passé et de comment ça s'est passé.
03:51 Je leur demande "Est-ce qu'il y a un rapport des policiers ?"
03:54 Parce qu'elle n'avait pas l'air de savoir, en fait, ce qui s'est passé.
03:57 Si le monsieur est arrêté, où est-ce qu'il est, etc.
04:00 Parce qu'à ce moment-là, il était en garde à vue, on m'a dit.
04:02 La version du meurtrier, il n'y avait pas de témoin.
04:04 Je ne suis pas idiote, je me dis
04:07 "Il se fait tuer dessus en plein milieu du quartier.
04:09 Ce n'est pas possible qu'il n'y ait pas de témoin."
04:11 Et c'est là où après le témoin, qui est l'ami de mon frère,
04:15 qui était présent au moment de la scène,
04:17 rappelle ma sœur quand je suis au commissariat.
04:19 Il nous a raconté qu'au départ, lui, mon frère et deux autres de ses amis,
04:25 donc ils étaient quatre, ils étaient dans l'ancien immeuble où nous, on habitait.
04:29 Donc ils étaient dans le hall, ils discutaient,
04:31 on va dire 21h, 21h30.
04:33 Donc ils ont vu le meurtrier rentrer chez lui.
04:35 Le meurtrier, il habite au rez-de-chaussée.
04:37 Donc quand ils l'ont vu arriver, tout le monde le connaît,
04:39 ils sont sortis pour ne pas le déranger.
04:40 Donc le meurtrier rentre chez lui,
04:42 il sort de chez lui et il leur demande de partir.
04:44 Eux, ils indiquent qu'ils sont juste en bas
04:46 et qu'ils sont en train de simplement disputer
04:49 et ils allaient partir parce qu'ils allaient regarder le match en fait.
04:51 Le meurtrier, il re-rentre chez lui et là, il ressort armé.
04:55 Donc il pointe l'arme vers eux.
04:57 Et du coup, le témoin de la scène nous indique que
05:00 il y a deux de ses amis qui se sont cachés derrière une poubelle ou une barricade
05:04 et il restait lui et mon frère qui connaissaient ce monsieur.
05:08 Donc il a essayé de le calmer en lui disant, écoutez, on ne fait rien de mal.
05:11 Pourquoi tu sors ton arme ? On va partir si tu veux.
05:15 Et donc le monsieur, il ne se calme pas, il dit, barrez-vous, je vous tire dessus.
05:19 Et du coup, il les remenace encore une fois en disant,
05:24 barrez-vous, je tire dessus.
05:26 Et du coup, là, à ce moment-là, il tire dessus.
05:28 Donc c'est parce que mon frère s'est interposé pour le calmer.
05:32 Donc il tire sur mon frère.
05:33 Donc il lui tire en plein thorax.
05:35 Et du coup, mon frère s'écroule.
05:36 Et son ami qui était présent, il veut sauver mon frère.
05:39 Il veut le prendre avec lui pour courir, pour s'enfuir.
05:42 Et en fait, le monsieur, il lui pointe aussi l'arme vers lui.
05:46 Et donc, il se retourne pour courir et il lui tire dessus, sauf qu'il le loupe.
05:50 Et du coup, il court, il s'enfuit, il va chercher à l'aide.
05:54 Et entre-temps, vous avez encore les deux qui sont cachés,
05:56 hyper choqués, qui regardent la scène en fait.
05:58 Quand il va chercher à l'aide, il croise deux personnes du quartier
06:02 et il leur raconte l'histoire.
06:03 Donc, eux, ils se rendent rapidement sur les lieux.
06:05 Donc en parallèle, vous avez le monsieur qui était toujours armé
06:09 devant le corps de mon frère,
06:11 à tenir en joue en fait les gens pour pas qu'on puisse le sauver.
06:15 Ensuite, il se réfugie dans son appartement.
06:18 Donc vous avez les deux personnes qui arrivent.
06:20 Donc l'effet, il se déroule devant le quartier,
06:25 à l'entrée de l'immeuble, à l'extérieur.
06:27 Donc mon frère se fait tirer dessus.
06:29 Forcément, les gens, ils se mettent à la fenêtre.
06:31 Vous avez les voisins.
06:32 Vous avez des enfants qui l'ont vu, son corps.
06:34 Et il faut savoir qu'il hurlait en fait.
06:36 Et du coup, forcément, les gens sont choqués.
06:40 Là, les deux jeunes arrivent.
06:42 Il y en a un qui prend mon frère par les jambes,
06:44 par le bas du corps, et l'autre par le haut du corps.
06:47 Et du coup, ils le ramènent dans l'immeuble à côté
06:49 pour le mettre en sécurité parce que le monsieur,
06:51 il était toujours là, armé et toujours menaçant
06:54 parce que là, il avait tiré déjà plusieurs balles.
06:56 Les pompiers arrivent.
06:58 Ils ont essayé de sauver mon frère, etc.
07:00 Mais ils ne sont pas venus accompagnés de policiers en fait.
07:03 Et j'ai trouvé ça aberrant et choquant
07:05 parce qu'en fait, on arrive sur une scène de crime
07:07 où il y a eu plusieurs balles, plusieurs tirs.
07:09 Comment on peut arriver seul ?
07:10 En plus, le monsieur, il est toujours armé chez lui.
07:13 Donc forcément, les jeunes sont assez remontés.
07:16 Du coup, tout le monde commence à sortir.
07:18 Les grands du quartier sont arrivés, etc.
07:21 Et ils ont compris que c'était le voisin.
07:22 Et du coup, ça a créé une espèce d'émeute dans le quartier.
07:25 Donc c'est après que la police arrive pour arrêter ce monsieur.
07:28 Il ne va pas se rendre aussi facilement qu'on le pense.
07:31 Il ne veut pas poser son arme.
07:32 Donc les policiers le menacent à plusieurs reprises.
07:35 C'est au moment où ils tendent leur arme vers lui
07:38 qu'il commence à réaliser et poser son arme
07:41 et se laisser justement arrêter.
07:43 Donc j'ai vu les vidéos après qui ont tourné sur les réseaux.
07:46 Donc on voit que la police essaie de le protéger
07:49 pour pas qu'il se prenne des choses, des projectiles en fait.
07:52 Il embarque dans la voiture et ensuite, il va en garde à vue.
07:55 Donc tout ça, je l'apprends quand je suis au commissariat.
07:57 Moi, je suis en entretien avec cet commissaire.
07:59 Je suis face à quelqu'un qui est complètement déconnecté de la réalité,
08:03 qui n'a aucune empathie, aucune humanité pour moi.
08:06 Elle me sort des propos hyper déplacés.
08:09 Comme par exemple, elle me dit que les riverains se sont plaints
08:13 parce qu'il y a eu des poubelles brûlées,
08:16 qu'il y a eu une petite émeute à la suite du décès de mon frère.
08:19 Donc je suis hyper choquée de ça.
08:21 Je lui dis "Mais madame, on est les victimes en fait.
08:23 Mon frère est décédé.
08:25 Qu'il y a eu des poubelles brûlées ou non, je m'en fiche.
08:28 Ce n'est pas mon problème."
08:29 Je vois et je ressens également son discours
08:31 qui est hyper orienté, hyper protecteur du meurtrier.
08:35 Et je lui dis "Est-ce que justement, elle va mener un appel à témoins,
08:39 une enquête, etc. derrière ?"
08:41 Elle me dit "Non madame, vous savez, les jeunes, ils ont peur de nous.
08:46 Ils n'osent pas nous parler, donc je ne peux rien faire."
08:49 Je lui dis "Pardon."
08:50 Je sais qu'il y avait des témoins parce que ça s'est passé en plein milieu du quartier.
08:52 Comment on peut tirer quatre balles et que personne n'entend en fait ?
08:56 Ce n'est pas possible, il y a un détachement qui est fait.
08:59 Je pose une question parce qu'on est quand même choqués de tout ce qui se passe.
09:03 Je lui dis "Est-ce qu'il y a une cellule psychologique qui est ouverte, etc. ?"
09:06 parce qu'on est vraiment tous choqués.
09:09 On ne comprend vraiment pas pourquoi en fait.
09:12 Elle me dit "Écoutez, il y a une plaquette à l'accueil.
09:16 Je vous invite à prendre cette plaquette."
09:18 Quand elle voit que j'insiste et que je ne lâche pas l'affaire,
09:21 elle commence à taper quelques infos sur son ordinateur
09:26 parce que je lui demande des associations.
09:28 Elle ne sait me sortir aucune association.
09:30 Je lui dis "Mais est-ce que vers qui on peut se retourner ?"
09:32 Enfin, je ne comprends pas en fait.
09:33 Ce n'est pas possible qu'aujourd'hui, nous on perd notre frère de cette manière-là
09:37 et que derrière, il n'y a aucun accompagnement
09:39 et qu'on est laissé seul avec notre tristesse, notre peine et notre douleur.
09:43 Et du coup, je rentre chez moi comme ça, j'attends.
09:45 Je dis "Ce n'est pas possible en fait, madame, ce n'est pas possible."
09:48 Il ne s'agit pas d'un vol de sac à main ou de délit banal comme ça.
09:52 Je lui dis "Madame, il s'agit du décès de mon frère."
09:54 Et toutes mes questions, elle me les renvoie vers mon avocat.
09:57 Je ne sais pas pourquoi il y a de la rétention d'informations
09:59 parce que ce n'est pas possible qu'elle ne savait absolument rien.
10:02 Parce qu'il y a des articles qui sont sortis.
10:04 Et les articles, ils en savaient beaucoup plus que nous.
10:06 Donc il y avait forcément des informations.
10:09 J'ai l'impression qu'on était obligé de se défendre alors que mon frère est la victime.
10:14 Parce que, encore une fois, durant cet échange, elle tenait des propos en fait.
10:19 Elle donnait une raison en fait à ce monsieur d'avoir tué mon frère.
10:23 Et sa raison, c'est qu'il se faisait embêter par les jeunes.
10:27 Ce n'est pas une raison de tuer en fait.
10:28 Et ce n'est pas mon frère qui l'a embêté.
10:30 Donc ce n'est pas une raison.
10:31 Je pensais que l'histoire était simple.
10:33 Parce que le meurtrier a avoué.
10:34 On me dit qu'il ne regrette pas.
10:36 Il n'a aucun remord de ce qu'il a fait.
10:37 Donc je me dis que c'est facile.
10:38 Il y a les témoins qui sont là pour dire que c'est lui qui l'a tué et ce qui s'est passé.
10:43 Lui, il avoue.
10:44 Bon, il n'y a pas de quoi s'affoler.
10:46 Ça va être rapide.
10:47 En fait, quand j'ai vu la réaction de la commissaire,
10:50 j'ai vu les médias parce que ce qui se disait dans les médias,
10:54 ce n'était pas forcément flatteur.
10:56 Et en fait, tous incriminés, mon frère ne parle que du meurtrier.
11:01 Et c'est là où je me dis en fait, ça ne va pas être aussi facile que ça.
11:04 Je suis hyper naïve.
11:05 Ça ne va pas se passer comme ça en fait.
11:07 On ne va pas se laisser faire.
11:08 On va se battre et on va prouver à la justice que mon frère, c'est la victime.
11:12 La seule en fait.
11:13 À la suite de cet entretien, je fais moi-même un appel à témoins.
11:18 Donc que j'affiche dans tout le quartier.
11:19 Je commence à recevoir des appels le soir même.
11:22 On me dit, moi j'étais là, j'ai vu ce qui s'est passé, etc.
11:24 Je dis rendez-vous au commissariat et allez témoigner s'il vous plaît.
11:28 On a besoin de votre témoignage parce qu'à l'heure actuelle,
11:30 selon les policiers, il n'y a aucun témoin
11:32 et que mon frère a provoqué ce qui s'est passé.
11:35 Alors que mon frère, il s'est comporté de manière héroïque pour moi.
11:39 Parce que s'il ne serait pas interposé à essayer de calmer ce monsieur,
11:43 ça se trouve, il aurait tué les quatre jeunes en fait, plus mon frère.
11:47 Ça reste un homicide volontaire, avec préméditation parce qu'il n'était pas armé.
11:51 Il est parti chercher son arme pour leur tirer dessus.
11:53 Donc je ne comprends pas pourquoi aujourd'hui la justice le couvre.
11:56 Personne n'est en droit de tuer ou de ôter la vie à quelqu'un sans raison.
12:00 Je sors du commissariat, je lui dis OK, moi je vais vous apporter les témoins.
12:04 Et qu'est-ce qu'elle me répond ?
12:05 Elle me dit OK, mais il faut se dépêcher parce que moi après je retourne à Reims.
12:09 Donc peut-être qu'il y a des témoignages qu'il faudra venir se ranger.
12:13 Je dis pardon madame, les faits se sont déroulés ici.
12:17 Donc ce n'est pas possible que les gens, ils habitent ici, on ne sait pas leur situation.
12:20 Ils ne pourront pas se rendre jusqu'à Reims pour venir témoigner, etc.
12:24 Là vous empêchez en fait l'enquête d'avancer si vous faites ça.
12:27 Elle me dit bon d'accord, je reste encore un peu.
12:30 Mais vous leur dites de venir tout de suite.
12:31 Moi je me dis c'est une blague, ce n'est pas possible.
12:33 Et du coup les gens vont témoigner.
12:35 Et tu as l'ami de mon frère, le témoin qui était là,
12:39 il se rend au commissariat, il va déposer son témoignage.
12:43 Donc il est revenu le soir pour me parler,
12:47 me porter ses condoléances et me dire à quel point il était choqué
12:50 parce qu'il voulait parler à quelqu'un qui pouvait comprendre sa douleur.
12:54 Moi, il m'a clairement dit ce jour-là je me suis vu mourir.
12:57 Et le fait que ton frère est parti, il y a une partie de moi aussi qui est partie ce jour-là.
13:02 Et du coup il m'indique que durant l'échange avec la commissaire,
13:06 il a trouvé l'échange hyper orienté.
13:08 Il a demandé lui aussi à parler à un médecin.
13:11 Elle lui a dit "Prends une bonne cuite, ça passera".
13:14 Et moi quand il m'a dit ça, j'étais terriblement choquée.
13:17 On est clairement dans l'impunité et en fait on est dans le rapport de force.
13:22 C'est là où j'ai réalisé que vraiment en fait,
13:25 on va devoir se battre et que ça va être un combat qui va être dur, qui va être long.
13:30 Parce qu'en fait, on ne se bat pas simplement contre ce monsieur, cet individu,
13:34 on se bat par rapport à la justice en fait.
13:37 J'ai dit "Waouh, comment c'est possible qu'il y a de telles personnes
13:41 qui travaillent au sein de la police et qui aient ce comportement ?
13:45 Ça veut dire que toutes les victimes sont reçues comme ça ?"
13:47 Je me dis "C'est pas possible".
13:48 Aujourd'hui, ce monsieur il est incarcéré.
13:51 La procédure, elle va prendre de 18 mois à je ne sais pas combien de temps.
13:55 Le dossier il est chez la juge.
13:58 Et la juge doit mener une enquête à charge et à décharge pour après prendre une décision.
14:03 Et suite à cette décision, je l'espère qu'il y aura un procès.
14:07 Parce que pour moi, c'est un assassinat.
14:09 Et il ne peut pas y avoir un assassinat sans procès en fait.
14:13 La procédure va durer 18 mois.
14:15 Au bout d'un an, il peut demander sa libération.
14:17 Et elle peut être acceptée par la juge.
14:19 Nous, on veut mettre la pression pour que cette décision ne soit pas acceptée.
14:23 Parce que ce n'est pas acceptable pour nous d'être libéré avec un bracelet
14:26 après avoir tué un jeune de 21 ans, gratuitement.
14:29 J'ai peur en fait, j'ai peur.
14:31 Je vous dis ça parce qu'en parallèle, vu que ce monsieur,
14:34 parce qu'on n'en a pas parlé, mais le meurtrier, c'est un ancien militaire.
14:38 Il a combattu avec la France pendant la guerre de l'Algérie.
14:41 Donc c'est un harki.
14:43 Et aujourd'hui, il est soutenu par un collectif d'anciens harkis
14:47 qui soutiennent et qui comprennent son geste,
14:51 qui justifient et qui le soutiennent, qui veulent le libérer.
14:54 Donc ils ont monté un groupe de travail avec des policiers.
14:57 Avec des policiers, que ce soit de la criminelle ou de la judiciaire.
15:01 Des avocats sympathisants de la cause.
15:04 Des magistrats.
15:05 Donc en parallèle de ça, ce collectif ont également fait une cagnotte et une pétition.
15:10 Quand j'apprends ça, avec ma famille, on est terriblement choqués
15:13 et on ne comprend toujours pas pourquoi.
15:15 Pourquoi il y a tant de haine en fait ?
15:17 C'est un être humain, il peut recevoir du soutien, je peux le comprendre.
15:20 Mais accepter et justifier ce qu'il fait parce qu'il est militaire,
15:24 je ne suis pas d'accord en fait.
15:25 Aujourd'hui, mon frère, il n'est plus là.
15:26 Il ne peut plus se défendre.
15:27 Donc on a créé cette pétition.
15:28 On demande aux gens de la signer.
15:30 On se mobilise pour avoir un maximum de signatures,
15:33 pour pouvoir faire pression auprès de la justice,
15:35 pour ne pas que ce meurtrier soit libéré.
15:38 Et le but aujourd'hui pour nous, c'est de médiatiser un maximum notre histoire.
15:42 Il y a le temps qui va réparer les blessures.
15:45 Je suis convaincue de ça, mais la plaie, elle sera toujours là.
15:48 Il y aura toujours une cicatrice.
15:50 On ne se remet pas de ce genre de drame.
15:52 C'est difficile, c'est impossible de faire sans d'ailleurs.
15:54 Ça va être difficile d'avancer quand on voit la peine de sa mère, tous les jours.
15:59 Ce monsieur, il nous l'a retirée, mais il ne va pas nous gâcher notre vie.
16:02 On va continuer à vivre.
16:04 Et c'est ça aussi qu'on doit prouver aussi.
16:06 Ce qu'on attend de la justice, c'est que la peine qu'il pourrait avoir
16:11 soit à la hauteur de notre peine à nous.
16:13 Même s'il prend 30 ans, 20 ans, 10 ans, 3 ans, ça ne sera jamais assez.
16:18 Mais on veut qu'il y ait une justice.
16:21 J'aimerais bien que les jeunes gardent espoir en fait à la vie, à la justice.
16:25 Et que j'espère que le meurtre de mon frère sera une cause de changement pour certains,
16:31 une cause d'évolution pour d'autres.
16:33 Si jamais ils ressentent de la peur, qu'ils sont blessés,
16:36 je serai toujours là s'ils ont besoin de parler.
16:39 Parce qu'aujourd'hui, on n'a pas de psychologue.
16:41 S'ils ont besoin de se libérer, moi je suis prête à accompagner les gens,
16:45 je suis prête à aider.
16:46 Le 20 mai, on va réaliser une journée hommage à mon frère
16:50 qui va se dérouler à Charlesville-Mézières.
16:52 J'inviterai tout le monde à venir parce qu'on fait ça pour nous,
16:56 mais on fait aussi ça pour le quartier.
16:58 Parce que je suis consciente qu'aujourd'hui, mon frère est décédé.
17:01 Ça n'a pas choqué que nous, mais ça a choqué tout le quartier.
17:04 Et je remercie tout le monde, de nous avoir soutenus
17:10 et de nous soutenir toujours dans cette épreuve,
17:13 et de nous accompagner, et de partager notre page,
17:16 de partager notre pétition et d'être là pour nous.
17:18 On doit tous se mobiliser, on doit tous prouver qu'on est tous Mahamadou
17:22 et que Mahamadou, ça aurait pu être votre fils, votre père, votre frère,
17:28 votre ami, votre collègue.
17:29 Je veux que les choses changent.
17:31 ♪ ♪ ♪
17:36 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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