Après avoir dirigé le Parti communiste français dans les Alpes-Maritimes, Robert Injey s’enorgueillit de n’être plus qu’un militant d’un PCF dont il conteste les vélléités anti-Nupes. Mais son expérience, son franc-parler, sa sérénité en font une personnalité respectée à Nice où beaucoup le verraient bien conduire l’union de la gauche aux élections municipales de 2026. C’est une des questions qui a été posée à Robert Injey, invité de "L’Interview à la une", notre émission hebdomadaire en partenariat avec Radio émotion.
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00:00 Bonjour à tous, bienvenue sur le plateau de l'Interview à la Une, l'émission de la rédaction
00:23 de Nice Matin en partenariat avec Radio Emotion, une émission que j'ai le plaisir de présenter
00:29 avec Frédéric Maurice, il est chef de l'édition Nice Métropole de Nice Matin.
00:33 Bonjour Frédéric.
00:34 Bonjour Denis.
00:35 Notre invité aujourd'hui, Robert Inge, ancien dirigeant du Parti Communiste Français dans
00:41 les Alpes-Maritimes et figure de la gauche azuréenne.
00:45 Bonjour Robert Inge.
00:46 Bonjour.
00:47 Alors Robert Inge, cette émission a été enregistrée avant la décision du Conseil
00:51 constitutionnel.
00:52 Si celui-ci valide ou du moins valide les grandes lignes de la réforme, est-ce que
00:57 ça veut dire que c'est la fin du combat syndical social ?
01:00 Non, de ce point de vue-là, l'intersyndical a été, les principaux responsables de l'intersyndical
01:05 ont été clairs, ça veut dire qu'ils allaient poursuivre.
01:07 La décision du Conseil constitutionnel est une étape, je dirais d'un point de vue juridique,
01:13 du processus, mais ça n'enlève à rien la détermination des hommes et des femmes qui
01:17 rejettent ce projet de loi.
01:19 Et donc les mobilisations vont continuer sous des formes que l'intersyndical décidera.
01:24 Jeudi, on a connu la douzième journée de mobilisation.
01:28 Cette mobilisation, vous la sentez comment ? Elle est toujours très forte.
01:32 Elle peut, le cas échéant, se poursuivre sous d'autres formes.
01:36 Moi, je l'ai sentie encore très forte hier dans les rues de Nice, avec un phénomène
01:40 bien évidemment que tout le monde attend de voir ce qui va se passer du côté du Conseil
01:44 constitutionnel.
01:45 Et je pense que ça va rebondir parce qu'il y a un sentiment aujourd'hui en ras-le-bol,
01:48 un sentiment d'injustice à l'égard de cette réforme.
01:51 Et s'ajoute à ça le fait qu'au bout de trois mois, l'entêtement du président de
01:55 la République face à une opinion publique qui est massivement à près de 80% contre,
01:59 commence à créer une tension et les gens n'ont pas envie de se faire marcher dessus.
02:04 Robert Arnger, vous dites que c'est de l'entêtement.
02:07 On peut aussi considérer que c'est du courage face à une situation financière qui, on le
02:12 sait, va se dégrader et la responsabilité d'un président qui avait affiché la couleur
02:17 et annoncé cette réforme dans son programme.
02:19 C'est de l'entêtement et quand les marchés financiers commencent à faire passer le message
02:24 au président de la République, l'entêtement, ça suffit.
02:26 C'est qu'aujourd'hui, eux considèrent que ce n'est pas une urgence.
02:28 Les dernières déclarations de Trotskane qui fait un retour sur la scène politique française
02:32 pour dire que ce n'est pas la priorité sont révélatrices du sentiment qu'il y a aujourd'hui
02:36 au sein du grand patronat.
02:37 Cette réforme, on a un président de la République qui a un égo démesuré et qui considère
02:42 qu'il allait imposer sa loi.
02:43 Pour autant, est-ce que Dominique Trotskane a vraiment son mot à dire sur le sujet ?
02:46 Dominique Trotskane, il a beaucoup de défauts, sauf qu'il est toujours très en lien avec
02:51 les milieux d'affaires.
02:52 Et quand un personnage comme celui-ci envoie un message, c'est qu'il y a quelque chose
02:55 qui se passe dans le pays.
02:56 Il y a eu plusieurs messages, il y a eu plusieurs grands patrons qui se sont exprimés là-dessus
03:00 en disant "stop, maintenant ça suffit".
03:02 Aujourd'hui, il faut que le président de la République arrête de s'entêter.
03:05 Et s'il ne veut pas s'arrêter de s'entêter, je pense que la mobilisation populaire va
03:09 continuer.
03:10 Pour autant, est-ce que c'est vraiment réaliste de vouloir rétablir l'âge de départ à
03:14 la retraite à 60 ans ?
03:15 Bien sûr.
03:16 La question c'est une volonté politique, la question c'est de quelle est l'utilisation
03:20 que l'on fait aujourd'hui.
03:21 Aujourd'hui, on nous parle du fait que ce soit réaliste ou pas.
03:24 Le 4/40 vient encore de battre un record.
03:26 Les dividendes versés en 2022 ont encore battu des records.
03:30 Alors pendant que les dividendes battent des records, on est en train de nous expliquer
03:33 que ce n'est pas possible la retraite à 60 ans.
03:36 Non.
03:37 La question c'est quelle est l'utilisation de l'argent ?
03:38 Or Macron est un produit des marchés financiers et considère que la priorité ce sont les
03:42 dividendes versés et non pas les pensions de retraite versées.
03:44 Eh bien nous, comme une immense majorité de notre peuple, on fait le choix des pensions
03:49 versées et non pas des dividendes versés.
03:51 Frédéric, parlons Parti Communiste, votre parti.
03:55 Pourquoi avez-vous abandonné la direction du PCF dans les Alpes-Maritimes ?
03:58 Écoutez, j'ai décidé de passer à autre chose parce que les salades internes, les
04:03 débats internes du Parti Communiste aujourd'hui m'affligent plus qu'autre chose.
04:07 Donc j'ai envie de passer à autre chose.
04:08 Ceux qui ont envie de se dépatouiller dans les débats internes du PCF, je leur souhaite
04:12 bon courage.
04:13 Aujourd'hui, malheureusement, je considère qu'on assiste à un retricissement du Parti
04:18 Communiste dans son ambition de transformatrice de la société.
04:21 Quand on en est à aller rencontrer Cazeneuve, c'est que bon, il y a un problème dans la
04:27 boutique.
04:28 Donc aujourd'hui, la ligne de conduite depuis 2018 qui a été de taper systématiquement
04:31 sur Mélenchon, puis depuis 2022 sur la NUPES, je pense que ce n'est pas ce dont a besoin
04:37 notre peuple.
04:38 Le Parti Communiste n'est pas une fin en soi, c'est un outil qui doit être utile à changer
04:43 la société.
04:44 Et je pense qu'aujourd'hui, de ce point de vue-là, il y aurait beaucoup à faire
04:47 et à faire autrement.
04:48 Des cadres du parti dénoncent une purge à l'occasion du dernier congrès départemental
04:54 du 18 et 19 mars.
04:56 Le comité départemental a été réduit de 45 à 30 personnes.
04:59 Est-ce que vous partagez leur critique ?
05:00 Je pense qu'il y a eu une réduction plus que sensible.
05:03 Il y a des gens de qualité et des compétences qui ont été écartés.
05:06 Et c'est soit qu'on assiste à chaque période de retricissement, c'est-à-dire qu'on se
05:10 prive d'un savoir-faire, bon, on verra à l'usage ce qui va en advenir.
05:15 Mais je pense véritablement que l'essentiel est ailleurs aujourd'hui.
05:19 Il y a des combats à mener dans la société, il y a le mouvement social et au-delà, il
05:23 y a plein de combats, outre les questions sociales, sur les questions environnementales,
05:27 sur la question du vivre ensemble.
05:29 Donc il y a d'autres urgences et les communistes peuvent se rendre utiles sur d'autres combats.
05:34 Est-ce que Fabien Roussel a eu raison de se présenter aux présidentielles en 2022 ?
05:38 Je pense qu'il a eu raison à un moment donné de se présenter, de porter une ambition.
05:42 Mais après, à un moment donné, il faut aussi tirer les leçons de la réussite ou pas d'une
05:48 candidature et du fait qu'aujourd'hui, compte tenu qu'on n'est plus dans la situation
05:53 qu'on a connue jusqu'en 1995, deux candidats de gauche, deux candidats de droite et à
05:57 l'arrivée il y a la gauche et la droite présentes, on est aujourd'hui dans la situation
06:01 où il y en a trois au départ et il n'y en a que deux à l'arrivée.
06:03 Or ça fait deux fois d'affilée qu'à l'arrivée on a l'extrême droite et la droite.
06:06 Et si la gauche veut pouvoir l'emporter, il faut qu'elle soit présente au second tour.
06:10 Et si elle veut présenter au second tour, c'est la nature même des institutions, il
06:13 faudra qu'on nous aboutissions à un candidat unique de la gauche.
06:17 C'est la leçon que je tire des échanges de 2017 et de 2022.
06:20 Ce n'est pas la leçon que tire une majorité de mes camarades, je le regrette.
06:24 Mais à titre personnel, moi je mènerai le combat pour qu'on aboutisse, pour qu'une
06:28 femme ou un homme de gauche puisse rassembler largement les forces de gauche pour prétendre
06:34 à la victoire finale en 2027.
06:36 C'est Jean-Luc Mélenchon qui reste le mieux placé dans ce contexte-là ?
06:39 Aujourd'hui franchement, moi je ferme la porte à aucune possibilité.
06:42 Si on prend le dernier congrès de la CGT, il y avait trois partants et à l'arrivée
06:47 c'est une quatrième que personne n'attendait, qui a été élue secrétaire générale.
06:51 Je fais confiance au bon sens populaire pour à l'arrivée faire le bon choix.
06:55 Mais je pense que sur la question des échéances de 2027, tout le monde doit faire preuve d'humilité
07:00 et si on veut la gagner, on gagnera ensemble et chacun à un moment donné doit faire le
07:05 travail nécessaire.
07:06 Jean-Luc Mélenchon, cette semaine a semblé adouber François Ruffin pour la prochaine
07:10 présidentielle par un tweet.
07:13 Est-ce que François Ruffin, ça peut être une figure ?
07:16 Il y a beaucoup de personnalités à gauche qui peuvent être une figure.
07:19 Chez les insoumis, chez les communistes, chez les écologistes et chez les socialistes.
07:24 Donc moi je ferme la porte à aucune personnalité qui puisse, et ça là le défi, rassembler
07:29 tout le monde sur un contenu qui constitue véritablement une alternative et non pas
07:34 une simple alternance version Hollande ou Cazeneuve.
07:37 Donc de ce point de vue là, la gauche est riche de sa diversité, il faudra qu'elle
07:41 soit riche de son intelligence politique à s'en rassembler.
07:44 Fabien Roussel appelle à construire un nouveau Front populaire pour dépasser la NUPES, aller
07:49 bien au-delà.
07:50 Est-ce qu'il a raison ?
07:51 Tout le monde dit qu'il faut améliorer la NUPES.
07:55 Mais améliorer la NUPES, ça ne veut pas dire que la NUPES est dépassée au sens,
07:59 c'est un truc qui n'a pas été utile entre guillemets.
08:02 La NUPES, il faut bien mesurer en quelques semaines l'ensemble des forces de gauche
08:06 qui se mettent d'accord sur 700 et quelques propositions et qui permet à la gauche un
08:10 souffle en gain de nombre de députés.
08:12 Donc la NUPES est un atout, est un socle de départ.
08:17 Après, la NUPES, il faut vraiment l'élargir, l'élargir aux forces sociales, l'élargir
08:21 aux forces citoyennes.
08:22 Il faut que ce soit une appropriation populaire et non pas uniquement une appropriation par
08:27 quatre forces politiques.
08:28 Donc il y a besoin d'une version 2, d'une saison 2 de la NUPES.
08:33 Mais ce n'est pas en se tournant vers CASE 9 qu'on créera une saison 2 de la NUPES,
08:37 c'est en se tournant vers les forces sociales et vers le mouvement citoyen.
08:40 Pour Fabien Roussel, nos frontières deviennent des passoires.
08:45 Est-ce qu'il a raison ?
08:46 Je trouve que le propos est malheureux.
08:48 Alors après, il a essayé de rattraper son propos.
08:50 Nos frontières ne sont pas des passoires.
08:52 On est face à des mouvements migratoires de réfugiés multiples et divers.
08:59 Il y a les guerres, il y a les conséquences du réchauffement climatique.
09:03 Aujourd'hui, le défi pour l'Europe mais pour le monde aussi, c'est d'anticiper
09:07 les flux migratoires, je dirais, contraints qui sont à venir.
09:11 On ne quitte pas son pays par plaisir, on le quitte parce qu'on y est contraint.
09:14 Et donc c'est de créer les conditions, d'une part, de permettre des retours au pays, d'autre
09:20 part, de permettre une stabilité à la fois sociale mais aussi environnementale.
09:25 Or aujourd'hui, le dérèglement climatique ne sera pas sans conséquence sur des mouvements
09:32 migratoires.
09:33 Nous sommes nous.
09:34 C'est le GIEC qui le dit.
09:35 Le pourtour méditerranéen est une véritable marmite.
09:37 Donc au lieu de considérer qu'il y a des trous dans la passoire, c'est comment on
09:43 fait pour permettre éventuellement aux gens de rester dans leur pays, de les aider à
09:48 passer le cap du réchauffement, à résister face au réchauffement climatique et comment
09:52 on crée dans notre pays les conditions d'accueil humaines et dignes d'un pays de la sixième
09:57 puissance du monde.
09:58 Alors justement, ici nous sommes aux premières loges avec la frontière avec l'Italie.
10:03 On l'a vu, la surveillance a été renforcée ces derniers jours.
10:08 Comment, de votre point de vue, faudrait-il gérer la question des entrées sur le territoire
10:16 français et de l'immigration clandestine ?
10:19 Il y a une immigration clandestine parce qu'il n'y a pas de voie normalisée pour l'entrée
10:23 sur le territoire européen et pour encadrer ces entrées sur le territoire européen.
10:28 Donc en partir de là, tout se fait dans la clandestinité.
10:31 Donc aujourd'hui, l'Europe a une responsabilité.
10:33 Les flux migratoires qui arrivent en Europe, il faut quand même relativiser les choses,
10:38 sont minimes par rapport aux flux internes qu'il y a au Moyen-Orient, en Afrique et
10:44 dans d'autres zones, en particulier en Asie.
10:47 Donc nous ne subissons pas l'essentiel des flux migratoires.
10:52 Il y a quelques dizaines de milliers de personnes qui veulent accéder à l'Europe.
10:56 Il faut créer des conditions d'accueil et après il faut qu'il y ait une solidarité
10:59 européenne pour voir comment on traite les demandes d'asile et la question des réfugiés.
11:05 Parce que, rappelons-le, quand j'entends des fois les discours, oui il faut les renvoyer
11:09 chez eux.
11:10 Avec le réchauffement climatique, on ne va pas renvoyer des gens dans le désert.
11:13 On ne va pas renvoyer des gens dans les régions subsahariennes, où entre le mouvement islamiste
11:18 et l'extension du Sahara, c'est des conditions de vie qui sont impossibles.
11:22 Donc aujourd'hui il y a une responsabilité politique de l'Europe, de solidarité.
11:26 Il y a aussi un discours à tenir, ou des solidarités concrètes à tenir avec des
11:32 gouvernements africains qui, eux aussi, demandent d'avoir les moyens pour empêcher ces flux
11:38 migratoires.
11:39 Parce qu'en général, c'est leur jeunesse, c'est les personnes formées qui ont les moyens
11:42 de partir.
11:43 Donc là, ça nécessite qu'on n'avait que des rapports normaux de coopération concrète.
11:48 Et de ce point de vue-là, force est de constater que nous sommes très loin du compte.
11:52 Quand je vois par exemple que nous sommes incapables d'abonder le fonds international
11:59 de lutte contre le réchauffement climatique de 200 milliards d'euros, que nous sommes
12:03 incapables de l'alimenter, ce fonds, au niveau international, ça met en diminution le fait
12:07 que nous sommes très en retrait par rapport à ce qu'il faudrait faire pour lutter contre
12:11 les conséquences du réchauffement climatique et les flux migratoires en sont une conséquence
12:15 importante.
12:16 L'ONU le chiffrait à l'aube de 2050 à 250 millions de personnes à travers la planète.
12:21 Sur un autre sujet, on voit que la situation s'est considérablement dégradée dans le
12:25 quartier des Moulins à Nice, qui est soumis à la violence, au trafic de stupéfiants.
12:31 On a vu les images et ces gens qui se promènent en plein jour avec des armes lourdes dans
12:36 le quartier.
12:37 Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour le quartier des Moulins ?
12:39 Écoutez, je vais… Il y a la réponse, d'abord priorité, toute ma solidarité aux populations
12:47 locales, que ce soit les Moulins mais d'autres quartiers de Nice, qui subissent ces trafics.
12:50 Après, j'aime bien quand Christian Estrosi s'en prend en d'armes en un, il devrait
12:55 mieux s'en prendre à Nicolas Sarkozy qui a supprimé la police de proximité, qui a
13:00 supprimé 10 000 postes de policiers et de gendarmes et qui a supprimé les écoles de
13:03 formation.
13:04 Aujourd'hui, on paye ce retard, ce dégraissage, on le paye en termes de compétence sur le
13:10 terrain et de recul de la présence humaine dans ces quartiers.
13:14 Après, il y a un problème de fond.
13:15 Parce qu'on va régler la question dans les Moulins, on va mettre des caméras, on
13:19 va mettre un gendarme par entrée d'immeuble, d'accord ? Le trafic va se reporter ailleurs,
13:24 dans d'autres quartiers.
13:25 Or, en France, aujourd'hui, il va falloir oser affronter un débat, tranquillement,
13:29 sereinement, depuis 50 ans, c'est l'échec de la politique tout répressive sur la question
13:34 de l'usage des stupéfiants.
13:35 Aujourd'hui, en ce moment même où nous débattons...
13:38 Donc ouvrir la voie à la légalisation...
13:41 L'Allemagne est en train de débattre de la légalisation de l'usage du cannabis à
13:45 usage récréatif.
13:46 Entendons-nous bien, on parle du cannabis à usage récréatif, on ne parle pas des
13:50 drogues dures, là où il y a nécessité de mener un véritable combat.
13:54 Aujourd'hui, c'est, pour vous donner un ordre d'idée, quand je vois M.
13:59 Boré et le préfet défiler au Moulin, tout fiers d'annoncer, fantastique, on a saisi
14:04 10 kilos de résine de cannabis et 20 000 euros, il faut savoir que ça ne représente
14:09 à peu près uniquement, au niveau national chaque année, que 10%.
14:12 On saisit 40 tonnes quand il en est consommé, près de 500 tonnes.
14:15 Donc aujourd'hui, toutes ces mesures, mesurettes qu'on fait, sont ridicules quand il est tout
14:19 fier d'annoncer 3 PV adressés à des usagers de stupéfiants.
14:25 Il faut savoir que les estimations de l'Observatoire national sur ces pratiques-là estiment qu'il
14:31 y a 5 millions d'usagers ponctuels en France chaque année.
14:35 - Du cannabis ? - Pardon ?
14:37 - Du cannabis, c'est quoi ? - Le genre reste du cannabis.
14:40 Donc on est vraiment sur un phénomène de société, toujours sur le cannabis, le même
14:45 organisme, un organisme sérieux qui dépend de l'État, 47% des Français entre 18 et
14:50 64 ans ont au moins fait usage une fois du cannabis.
14:54 - Est-ce que ça suffirait de légaliser le cannabis pour régler les problèmes des cartes
14:57 écoles ? - Écoutez, Marseille, la situation à Marseille,
15:01 je pense qu'elle est spécifique à la France.
15:03 Donc on a la politique la plus répressive en Europe et en même temps c'est l'échec
15:07 total.
15:08 Parce qu'on parle des moulins, mais Marseille, on en est à je sais plus combien de morts
15:11 depuis le début de l'année pour les luttes de territoire.
15:13 Donc il y a besoin de mettre tout le monde sur la table, de faire le constat aujourd'hui
15:18 de l'échec, parce que c'est un échec, des politiques menées depuis 50 ans et de voir
15:22 quelle alternative, de voir ce qui se fait chez les voisins.
15:25 On ne veut pas traiter les Allemands d'être laxistes.
15:28 Or les Allemands sont en train de réfléchir à la question et de légiférer au moment
15:31 où nous parlons sur cette question-là.
15:33 Il y a la situation en Espagne, au Portugal, en Italie, il faut voir ce qui s'est fait,
15:37 tenir compte de ce qui a marché et de ce qui n'a pas marché, mais il faut qu'on sorte
15:40 de la situation.
15:41 Sinon la situation niçoise, on le connaît le scénario, après les moulins, ça sera
15:46 la Madeleine, ça sera Rockebillard, l'Élysée-Horon, l'Ariane, Pasteur, Saint-Roch.
15:50 On sait qu'à chaque fois ça se… Les raisons, une capacité, parce qu'il y a une demande,
15:54 c'est ça la réalité.
15:55 Il y a une demande qui est très forte, c'est des dizaines de milliers, 70 000 personnes
15:59 à la louche dans les Alpes-Maritimes qui consomment de manière occasionnelle.
16:03 On ne va pas mettre 70 000 personnes en prison.
16:05 Donc il y a besoin de trouver une solution qui permet de sortir de cette situation et
16:10 d'envisager en fin de compte la fin de la prohibition, parce qu'on en est là aujourd'hui.
16:15 Le 1er juillet, le réseau de transport Ligne d'Azur va augmenter ses tarifs.
16:20 Vous vous opposez à cette augmentation.
16:22 Est-ce que c'est nécessairement au contribuable de payer les conséquences de l'inflation
16:28 sur un réseau de transport public ?
16:30 Non, d'autant plus que la mesure qui est prise par la métropole, par Christian Estrosi,
16:35 en fin de compte, ça aboutit à supprimer le titre de ce transport, c'est-à-dire le
16:39 multivoyage 10 euros, 10 voyages, qui est de plus en plus utilisé sur Nice.
16:45 C'est-à-dire qu'il est utilisé par près d'un tiers des usagers du tramway.
16:49 Et cette mesure, l'augmentation des tarifs, vise à supprimer ce titre-là.
16:54 Donc aujourd'hui, pour pouvoir faire 10 voyages, en fin de compte ce sera 12, il faudra payer
16:59 1 euro.
17:00 70 le voyage.
17:01 Donc c'est une augmentation de 70% du tarif que les usagers connaissent aujourd'hui.
17:08 Et donc la volonté de la métropole, c'est en fin de compte d'obliger les gens qui font
17:14 quelques voyages par mois, pas plus, de prendre des abonnements.
17:17 Et l'abonnement annuel c'est 360 euros.
17:19 Donc les gens qui prennent le multivoyage à 1 euro, le voyage, c'est pas les gens
17:24 qui sont qui… les salariés d'entreprise qui peuvent avoir le versement de l'entreprise,
17:28 c'est pas les personnes qui ont les abonnements gratuits ou qui ont les moyens de se payer
17:31 les abonnements.
17:32 Donc vous voulez juste le maintien de cette carte-là ?
17:34 Non.
17:35 On veut, dans l'immédiat, stopper la question de la hausse.
17:38 Pas d'augmentation de tarif.
17:39 Voilà.
17:40 Et l'augmentation de la hausse vise surtout à faire disparaître ce titre de transport.
17:44 Et dans un deuxième temps, on pose la question, on veut rouvrir le débat sur la gratuité
17:50 des transports en commun à Nice.
17:51 Qui n'existe pas dans une agglomération de cette taille.
17:54 Il n'y a pas d'équivalent.
17:55 Si.
17:56 Le Luxembourg.
17:57 Non, non, mais il y a des… la métropole de Montpellier va passer à partir du 23 décembre
18:03 2023 à la gratuité.
18:04 C'est pas la même échelle que Nice, mais c'est en train de rattraper Nice en termes
18:08 de population.
18:09 Donc, il y a des choses à réfléchir, à faire.
18:13 Les financements sont possibles.
18:15 Après, c'est une question de volonté politique.
18:17 Et pour lutter contre le dérèglement climatique, pour lutter contre l'usage de la voiture
18:21 qui est un facteur essentiel du réchauffement climatique, il y a une solution.
18:25 C'est la gratuité des transports en commun.
18:27 Et c'est possible.
18:28 Financièrement, Viva, pendant la campagne, on avait fait la démonstration.
18:32 Ça reste toujours possible.
18:33 Or, aujourd'hui, l'équipe de Christian Estrosi fait un choix inverse.
18:37 C'est l'augmentation d'abonnements à Zélo Bleu, c'est toutes les augmentations diverses
18:41 et variées.
18:42 Et c'est la suppression du titre de transport le plus avantageux pour les usagers et le
18:47 plus utilisé.
18:48 Alors, vous êtes un des rares, Robert Inge, des rares opposants au maire de Nice, Christian
18:53 Estrosi, à ne pas contester la démolition d'Akropolis.
18:56 Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi ?
18:58 Je conteste pas la démolition.
19:02 Ce que je conteste, c'est que ça en reste.
19:04 Il en reste au bâtiment d'Akropolis.
19:05 Alors voilà, c'est la raison pour laquelle on vous interroge.
19:07 Voilà, en clair, aujourd'hui.
19:09 Moi, j'ai vécu la tempête Alex, j'étais à Saint-Orge.
19:12 Parce que je partage ma vie entre Nice et Saint-Orge.
19:15 Et quelques jours après, je suis remonté à pied entre Breil et Saint-Orge.
19:18 Donc j'ai vu, avant même de l'intervention des moyens, j'ai vu l'état de la Roya.
19:23 L'état de la vallée, dans cette partie de la vallée.
19:26 Et c'était pire au-dessus.
19:27 Donc j'ai compris les conséquences d'une tempête Alex sur la vallée de la Roya.
19:33 Aujourd'hui, on sait pertinemment, et il y a des rapports gouvernementaux,
19:37 il y a des études gouvernementales, qui pointent que Nice,
19:40 il y a un risque réel du paillon, de débordement.
19:43 Christian Estrosi l'a dit lui-même, lors du conseil municipal du 13 octobre,
19:48 de débordement.
19:49 Or, aujourd'hui, si on veut éviter ou minimiser, réduire l'impact du débordement du paillon,
19:55 il n'y a qu'une solution.
19:56 Il faut enlever tout ce qui a été construit dans le lit du paillon.
20:00 Même la couverture ?
20:01 Eh oui, la couverture, parce que la couverture, elle repose sur des arches.
20:04 Et les arches, grosso modo la louge, ça représente 20% du lit.
20:08 Ça obstruit 20% du lit du paillon.
20:10 Donc aujourd'hui, il y a cette question-là, c'est que si on veut éviter une catastrophe,
20:14 il faudra en arriver là, sauf à y être contraint par une catastrophe.
20:18 D'autant plus que quand on observe un peu le paillon, le lit mineur du paillon,
20:25 vous savez, l'église du Vœu, quand vous regardez, que vous êtes face,
20:28 dos à l'ancien théâtre, et que vous regardez l'église du Vœu,
20:31 l'église du Vœu, elle est 2 mètres en contrebas.
20:33 Elle est dans l'ancien lit mineur du paillon.
20:35 Donc le paillon, un jour, passera par là, si rien n'est fait,
20:38 pour essayer de le contenir dans son lit.
20:41 Donc c'est la raison pour laquelle, avec d'autres, je demande qu'au moins,
20:45 il y ait une réflexion, d'autant plus, et j'ai publié un texte là-dessus,
20:49 c'est que le dernier document officiel signé par le préfet concernant la prévention
20:55 des risques d'inondation concernant le paillon, date de 1999.
21:00 C'est le plus vieux, c'est le plus ancien document dans le département.
21:03 Or, depuis 1999, il s'est passé des choses, il serait temps qu'on réactualise ce document
21:07 pour qu'on mesure la réalité des risques, et de ce point de vue-là,
21:10 je regrette que Christian Estrosi, lors du XIII, se limite à considérer
21:14 qu'il y a un risque de subversion, il suffit de supprimer Acropolis pour régler le problème.
21:19 Non, s'il y a un risque de subversion, c'est tout ce qu'il y a dans le lit du paillon
21:23 qui pose problème.
21:24 - Mediapart a publié cette semaine une enquête intitulée "A Nice, le logement social au mérite".
21:29 Est-ce injuste d'expulser des locataires condamnés pour des faits graves, Robert Inge ?
21:33 - Ils condamnent, ils expulsent les familles.
21:36 C'est pas la même chose.
21:38 Ils expulsent les familles...
21:39 - C'est Anthony Boré, président du président de l'intervention.
21:42 - Ils expulsent des familles parce que le fiston a fait des conneries et a été condamné à la prison.
21:46 Je trouve qu'on entre là dans une logique, on punit la famille pour l'acte d'un des membres de la famille.
21:53 C'est un peu ce qui se passe dans les territoires occupés en Israël,
21:58 où on détruit la maison de la famille parce qu'il y a un fiston qui a fait une bêtise.
22:03 Moi, cette répression collective, je suis fondamentalement contre, quelle que soit la situation.
22:10 Donc c'est pour ça le tout répressif de ce côté-là de la part d'Anthony Boré,
22:16 c'est à l'image du reste des déclarations très...
22:19 - Martiales.
22:19 - Très martiales, et en même temps c'est pour masquer une réalité.
22:22 C'est qu'on est loin du compte en termes de construction de logements sociaux sur la ville et sur la métropole.
22:27 Il y a dans le département, il n'y a pas que Nice qui est responsable.
22:30 On est trésor de ça et c'est quand même le paradoxe.
22:33 On est une ville qui ne gagne pas d'habitants depuis 20 ans.
22:38 Toutes les grandes métropoles, je parle, Toulouse, Montpellier, gagnent des habitants,
22:43 des fois des dizaines de milliers d'habitants par an,
22:46 et Nice, alors qu'il y a des constructions, ne gagne pas d'habitants.
22:50 Donc on a un problème sur le logement, avec le Airbnb qui se développe,
22:53 avec les résidences touristiques qui se développent.
22:55 Et donc c'est pas...
22:57 M. Anthony Boré devrait consacrer plus d'efforts à trouver des terrains du foncier
23:01 pour construire des immeubles et pas pour faire la chasse aux familles.
23:05 - Qu'est-ce qui a manqué à Viva, cette liste qui était soutenue par la France Insoumise
23:09 et le Parti Communiste français en 2020 à Nice ?
23:12 Qu'est-ce qui lui a manqué pour rentrer au conseil municipal ?
23:14 - 600 voix. Voilà.
23:16 Il a manqué, il a manqué que...
23:18 Il a manqué pas grand-chose dans un contexte qui était un peu compliqué,
23:22 en plus avec le début de la crise du Covid.
23:25 Ceci dit, c'est un score qui marque une progression.
23:27 Moi, j'avais été tête de liste en 2014.
23:30 C'était un score qui était en progression,
23:32 et c'est un score qui relève aussi d'énormes potentialités.
23:35 Euh...
23:37 Donc ça relève, voilà, des possibles.
23:39 En même temps, parce que pour anticiper sur la suite,
23:43 si la gauche veut peser en 2026,
23:46 faudra que la gauche soit rassemblée, toute la gauche.
23:48 - Parce que rappelons qu'effectivement en 2020,
23:50 il y avait une autre liste de gauche...
23:51 - Il y avait deux autres, il y avait...
23:53 - Oui, il y avait deux autres listes, effectivement.
23:54 Mais une autre qui a fait quand même quelques voix aussi,
23:57 et donc on peut imaginer qu'effectivement ces 600 voix se trouvaient là, quoi.
24:00 - Voilà, ces 600 voix, c'est la division,
24:02 mais je pense qu'aujourd'hui, si la gauche dans son ensemble
24:05 veut peser dans cette ville, et elle peut peser,
24:06 parce qu'elle représente au moins un tiers, si ce n'est plus, de l'électorat,
24:10 il faut qu'elle crée les conditions pour se rassembler,
24:12 toutes se rassembler, des écologistes aux communistes,
24:14 en passant par les insoumis, et les socialistes.
24:17 Et la société civile et citoyenne.
24:19 - Vous pensez même qu'elle peut gagner, vos prochains municipales ?
24:22 - Écoutez...
24:24 Moi, en politique, j'ai appris à ne jamais dire jamais.
24:28 Voilà. Donc tout est possible, on est dans une situation
24:30 qui peut évoluer assez rapidement.
24:33 Tout est possible à Nice.
24:35 Quoi qu'on en dise, il ne faut jamais oublier que
24:37 Christian Estrosi n'a jamais été élu avec plus de 25% des inscrits.
24:41 Donc c'est un maire par défaut.
24:43 La dernière fois, il a été élu avec 16% des inscrits.
24:46 Donc aujourd'hui, à minima, il y a 75% des nichoises et des nichois
24:50 qui n'ont jamais voté Christian Estrosi au deuxième tour.
24:52 Donc voilà, il y a de quoi, je dirais,
24:54 créer les conditions pour une alternative à Nice.
24:56 - Et une question plus personnelle pour finir, et à la fois politique.
25:00 Il se dit beaucoup, justement, à gauche, que vous êtes la personnalité
25:03 qui fait le plus consensus, aujourd'hui, dans la gauche nichoise.
25:06 Donc sous-entendu, la personne qui devrait se présenter à la tête de cette liste,
25:11 est-ce que vous êtes prêt ?
25:13 - Franchement, moi aujourd'hui, j'ai une seule ambition,
25:17 c'est de mettre de l'huile dans les rouages
25:19 pour créer les conditions du plus large rassemblement.
25:21 Après, le ou la personne qui est inconnue...
25:24 - Ça compte quand même, la personne qui va tirer l'attelage ?
25:26 - Mettons-nous d'abord d'accord sur le contenu,
25:28 sur les grandes mesures à prendre pour la population nichoise,
25:31 et après on réfléchira sur l'équipe, l'équipe très large,
25:35 pas que les candidats, mais l'équipe aussi dans la ville, pour porter tout ça.
25:38 Je pense qu'aujourd'hui, de mon point de vue, c'est un point de vue personnel,
25:43 c'est pas une question d'une personne, parce qu'on a des personnalités compétentes,
25:47 et je pense en premier à Mireille Damiano,
25:49 qui a conduit la liste viva en 2020,
25:51 on a des personnalités compétentes et fortes de conviction,
25:54 mais ensemble, travaillons au plus large rassemblement,
25:57 et après on trouvera les chemins.
25:59 - Très bien, merci.
26:00 - Merci beaucoup Robert Angers, merci Frédéric,
26:03 merci à Sophie Dancé et Philippe Bertigny pour la réalisation de cette émission,
26:07 à Christelle Benjamin pour sa préparation,
26:10 une émission que vous pouvez retrouver sur les plateformes réseaux sociaux
26:14 et sites internet de Nice Matin et Radio Emotions.
26:17 On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle édition de l'Interview à la Une.
26:22 Bonne journée et bon week-end à tous.
26:24 [Musique]
26:29 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]
26:32 [SILENCE]