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Le secrétaire départemental du Parti Communiste Français, Julien Picot, est l’invité de Nice-Matin dans l’interview à la une.

L’émission sera mise en ligne ce samedi 18 janvier 2025 à 10h sur nicematin.fr.

Ce fonctionnaire territorial de 41 ans a pris la tête du parti dans les Alpes-Maritimes il y a deux ans.

Il évoque l’actualité internationale, nationale (il ne manque pas d’étriller le gouvernement Bayrou) mais aussi et surtout locale.

Julien Picot revient ainsi sur l’enjeu auquel fait face la gauche élargie pour tenter d’arracher la mairie de Nice en 2026. « Nous travaillons avec les autres partis politiques de gauche sur un projet. Nous associerons l’ensemble des forces progressistes locales, citoyens, associations. L’heure n’est pas encore à la désignation de la tête de liste. »

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Transcription
00:00Bonjour, bonjour à tous. Bienvenue dans l'Interview à la Une, l'émission vidéo de la rédaction de Nice Matin, une émission que j'ai le plaisir de présenter avec Frédéric Maurice.
00:19C'est le chef de l'édition de Nice de Nice Matin. Bonjour Frédéric. Bonjour Denis.
00:23Notre invité aujourd'hui, Julien Picot, secrétaire départemental du Parti communiste français dans les Alpes-Maritimes. Bonjour Julien Picot.
00:31Bonjour, merci de l'invitation.
00:33On va commencer, Julien Picot, par une question d'actualité. L'accord sur le cesser le feu à Gaza et la libération des otages retenus sur le territoire palestinien se confirme. Est-ce qu'on peut vraiment croire à la fin de la guerre ?
00:47Écoutez, dans un premier temps, le cesser le feu est une très bonne nouvelle pour tout le monde. Maintenant, si on n'a pas un État palestinien qui soit libre et indépendant, la question de la paix sera toujours remise en cause.
01:03Que vous défendez, c'est la reconnaissance de l'État palestinien. Tout à fait.
01:07Alors, on revient à l'actualité française. Mardi, le Premier ministre François Bayrou a prononcé sa déclaration de politique générale. Si vous deviez lui attribuer une note sur 20, quelle note lui donneriez-vous ?
01:21Pas très haute, en tout cas.
01:22Il aurait la moyenne ou pas ?
01:23Pas du tout. Non, pas du tout parce qu'il n'écoute absolument pas le vote des Français. Le NFP est arrivé en tête de ces élections législatives et on s'aperçoit qu'il n'y a aucune main qui a été tendue.
01:38Pourtant, c'est clair. Les Français, ce qu'ils veulent, c'est l'augmentation du SMIC à 2 000 € et revenir sur la réforme des retraites. Donc, il n'a pas entendu ces revendications.
01:52Le NFP a discuté. Et là, en l'occurrence, on ne peut pas dire qu'on n'a pas joué le jeu. Les communistes sont allés lui dire en face ce qu'on portait. Les socialistes, bon, ils sont allés discuter aussi avec lui.
02:08Les écologistes ont fait la même chose.
02:10En ce qui concerne les communistes, vous estimez qu'ils n'ont pas été écoutés, entendus du tout.
02:15Ils n'ont pas été écoutés. D'ailleurs, c'est pour ça qu'on s'est positionnés clairement pour le vote de censure.
02:22Mais quand même, il y a quand même des concessions qui ont été accordées par François Bayrou. Je pense à la remise en cause de la réforme des retraites, la taxe sur les hauts revenus, le maintien du nombre d'enseignants,
02:32du genre de carence en cas d'arrêt maladie dans la fonction publique. Il y a d'autres choses comme ça qui ont été amorcées par la lettre qu'il a adressée jeudi au parlementaire.
02:42Pour vous, c'est tout ou rien qui t'a bloqué la France ? Parce que là, il y a quand même des choses qui sont proposées.
02:47Tout ou rien. Je veux dire, on a fait des propositions. Le NFP arrive en tête. Quand même, on marche sur la tête aujourd'hui. On a balayé d'un revers de main l'expression démocratique des Français.
03:01Donc, nous, on se positionne clairement contre ça.
03:05Qu'est-ce qui doit être réformé, par exemple, dans la réforme des retraites ? On sait que c'est vraiment un hiatus très fort entre l'opposition gauche aujourd'hui et le gouvernement.
03:12Qu'est-ce qu'il faut faire avec cette réforme des retraites, selon vous ?
03:14Il faut la brouger. Voilà. C'est clair.
03:17Donc, tout mettre à la poubelle. La forme que propose François Bayrou, c'est-à-dire se conclave, selon ce mot, avec les partenaires sociaux et les derniers mots qui reviennent au parlement,
03:26ça, c'est pas quelque chose qui vous convient ? Parce que finalement, les partenaires sociaux, ils sont mieux à même que quiconque de pouvoir décider quelle est la meilleure situation pour les retraites.
03:34Vous avez vu les mobilisations monstres qu'on a eues pendant des mois et des mois ?
03:39On a eu des records inédits, y compris sur Nice. On a eu des pointes à 40 000 manifestants sur Nice. On était partis, je me rappelle, d'une partie du Kadam jusqu'à l'aéroport.
03:53Et puis, c'est des mobilisations historiques. Ça n'a pas été écouté, pas entendu.
03:58Et justement, ces mobilisations, ces manifestations, est-ce qu'elles pourraient redémarrer ?
04:02En tout cas, ça sera les organisations syndicales qui seront les déclencheurs.
04:07Est-ce que les gens, est-ce que les salariés ne sont pas passés à autre chose ?
04:10Je pense qu'ils ne l'ont pas oublié. D'ailleurs, c'est pour ça qu'on est arrivés en tête avec le NFP.
04:17C'est des graines qui sont semées. Et moi, j'ai bon espoir pour l'avenir.
04:22On le sait, la France est toujours dépourvue de budget. On le voit, des chefs d'entreprise sont dans l'attente.
04:30Les plans sociaux se multiplient un petit peu partout.
04:33Est-ce que vous avez des inquiétudes ou des signaux particuliers concernant l'emploi dans les Alpes-Maritimes ?
04:40Écoutez, sur la question des budgets, c'est une règle simple.
04:44C'est très facile à monter. On le construit avec des dépenses, mais surtout avec des recettes.
04:50Quand on voit dans notre pays le budget qui se construit sans les recettes,
04:56en faisant des exonérations fiscales, des cadeaux fiscaux aux plus riches à hauteur de 80 milliards, c'est inacceptable.
05:05On a le CAC 40 aujourd'hui qui se verse des dividendes de 74 milliards.
05:11Je veux dire, avec ça, il y a de la matière. Il y a de l'argent dans notre pays.
05:14C'est un pays qui est riche et il faut redistribuer ses richesses.
05:18Mais il faut dire que vous êtes un spécialiste du budget. C'est votre travail au quotidien dans la collectivité dans laquelle vous travaillez.
05:23Tout à fait. Moi, je travaille justement sur les budgets.
05:26Les questions des équilibres budgétaires qui sont imposées aux collectivités territoriales doivent être exactement la même chose sur le plan national.
05:35Il y a des recettes. Il y a de l'argent dans ce pays. On a un pays riche. Allons-y.
05:39On a vu jeudi les divisions à gauche lors du vote de la censure.
05:44Est-ce que vous craignez pour la survie du nouveau Front populaire ? Et d'une certaine manière, est-ce que l'EPS a trahi ?
05:51Alors moi, je ne suis pas sur ces positions-là. J'ai bon espoir. On a des spécificités à gauche.
05:58L'EPS, les Verts, les communistes, les insoumis. Parfois, on a des positions différentes.
06:04Ce n'est pas un groupe homogène, mais ce n'est pas pour autant que le NFP a remis en cause loin de là.
06:10Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, dont l'ombre plane tout le temps sur le débat politique.
06:15Est-ce que c'est un atout ou une faiblesse pour la gauche ?
06:18Écoutez, il fait des déclarations. Il en fait. Ce n'est pas les premières. Ce n'est pas les dernières.
06:23C'est un adepte de ces déclarations. Choc. Ce n'est pas notre mode de fonctionnement à nous.
06:29Il fait partie du paysage politique.
06:32Tous les députés qui auront refusé de voter la motion de censure trouveront un candidat contre eux aux prochaines législatives en cas de dissolution.
06:39Donc là, la guerre est déclarée au sein du NFP.
06:42C'est ses déclarations à lui. Moi, j'appelle à la responsabilité de chacun.
06:46Il faut regarder qui sont nos adversaires politiques.
06:49Les adversaires politiques chez nous, c'est la droite. Et nos ennemis, c'est l'extrême droite.
06:54On a, que ce soit dans le département ou nationalement, des adversaires qui sont identifiés.
07:01Il faut s'en arrêter à là. Il ne faut pas les chercher.
07:03Mélenchon, ce n'est pas un adversaire.
07:05Mélenchon n'est pas un adversaire, évidemment.
07:07C'est quelqu'un avec qui il faut travailler.
07:10On s'adapte à nos interlocuteurs.
07:13Mélenchon, c'est un orateur de qualité.
07:16Et puis, on avance avec.
07:18Vous vous adaptez, mais lui ne s'adapte pas.
07:21Écoutez, c'est sa méthode.
07:23Nous, les communistes, on a l'habitude d'engager toutes les voies nécessaires pour aller rassembler l'ensemble de la gauche.
07:30Et c'est ce qu'on va faire aussi sur notre territoire.
07:33Jean-Marie Le Pen a été inhumée samedi dernier à la Trinité-sur-Mer.
07:37Est-ce que vous avez été choqué par les manifestations de joie et les scènes de liesse le jour de sa disparition ?
07:44Alors là, franchement, je sépare l'homme et ses idées.
07:48Ses idées, elles sont nauséabondes.
07:51On les a toujours combattues.
07:52On continuera à les combattre.
07:54Puisque l'homme est mort, mais ses idées sont toujours vivantes.
07:58Et là, il faut toujours, toujours, toujours s'opposer à ses idées nauséabondes.
08:03Et vous, vous seriez allé fêter la mort de Jean-Marie Le Pen ?
08:06Moi, personnellement, si vous me l'interrogez, donc en l'occurrence, vous le faites, je vous réponds, je ne fête pas le décès d'un être humain.
08:16Parlons parti communiste français maintenant.
08:20Fabien Roussel dirige le PCF depuis 2018, bientôt 7 ans si mes calculs sont justes.
08:25Quel est son bilan, selon vous ?
08:27Le bilan, c'est qu'à chaque fois qu'il y a eu un congrès, à chaque fois qu'il y a eu une interrogation ou une proposition de vote en interne chez les communistes,
08:37il rassemble largement les communistes.
08:40La dernière fois, on était à un vote qui rassemblait 75 ou 80% des communistes derrière lui.
08:47Donc, ça va.
08:48Ça reste pas trop légitime.
08:51Est-ce qu'il devrait être candidat à la présidentielle coûte que coûte ?
08:55Alors, on n'en est pas là.
08:57Franchement, on est sur des questions de personnes.
09:01Nous, on évite toujours de répondre à des questions qui soient individualisées.
09:06Il faut construire un projet.
09:08Si on peut construire un projet avec les partenaires, on réfléchira.
09:13Si la question n'est pas adaptée, on réfléchira aussi.
09:17Mais c'est surtout une chose, c'est qu'on a un outil démocratique, que ça soit au PC.
09:22Les autres, ils doivent fonctionner aussi un peu comme ça, les partis classiques.
09:26On a une vie démocratique et on respecte la voix qui a été donnée au secrétaire.
09:33S'il doit être candidat, il sera candidat.
09:36S'il ne doit pas l'être, ça sera une consultation interne qu'il donnera.
09:39Vous respectez les mécanismes constitutionnels, démocratiques.
09:42Est-ce que vous êtes favorable à la démission du président de la République,
09:46comme de plus en plus de voix le demandent ?
09:50Nous déjà, on est sur la bataille des idées.
09:54On est allé chercher le gouvernement en allant rencontrer Bayrou.
10:00On a exprimé notre désaccord.
10:02Il ne nous a pas écouté.
10:04Il va y avoir des législatives, certainement aux alentours de septembre.
10:09Et puis il faudra repartir dans la bataille.
10:12Le temps aujourd'hui, c'est plutôt le temps législatif.
10:16Ce serait prématuré ?
10:18Je pense qu'il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.
10:24Il faut travailler.
10:25De toute façon, le président de la République n'a pas tous les pouvoirs en France.
10:28Si on ne s'appuie pas sur l'Assemblée nationale pour voter des lois et sur le Sénat,
10:34de toute façon, ça sera toujours le chaos.
10:36Tout va mieux en PCF, selon vous.
10:38Pourtant, la politique que mène la direction actuelle du parti est contestée.
10:41Une fraction d'opposants a fondé un mouvement appelé Alternatives Communistes.
10:44Vous me connaissez bien, j'imagine.
10:46En gros, ils reprochent à Fabien Roussel de n'être pas assez à gauche, pas assez radical,
10:50pas assez loyal au nouveau Front populaire.
10:53Est-ce qu'ils ont tort ?
10:55C'est toujours des positions.
10:57Il y a les positions et il y a le fond.
10:59Je vais vous rappeler une chose.
11:01C'est le groupe communiste à l'Assemblée nationale
11:04et le groupe qui vote le plus contre la politique du gouvernement actuel.
11:11C'est ce qu'on a vu jeudi.
11:13Avec cette motion de censure votée majoritairement par les députés communistes.
11:17Tout à fait.
11:19On reprend sur les dernières années.
11:21Nos votes sont identifiés.
11:24On n'a pas de posture avec des grandes déclarations qui ne sont que des déclarations.
11:30Il faut analyser les faits.
11:32Et puis les communistes sont très à gauche.
11:34Je pense que personne ne reviendra là-dessus.
11:36Pourquoi la direction actuelle du PCF mérite-t-elle d'être soutenue ?
11:41Il y en a désormais des communistes.
11:44Il y a 85% des communistes qui soutiennent la direction actuelle.
11:48Que ce soit nationale et locale.
11:50Je pense que ça se respecte la démocratie.
11:53Fabien Roussel a présenté ses voeux lundi au siège du PCF.
11:57Place du colonel Fabien à Paris.
11:59On l'écoute.
12:00J'appelle nos amis écologistes et socialistes bien sûr
12:04à rester unis et fermes sur ce message.
12:08Car ensemble nous sommes une force.
12:11Et nous sommes une force qui compte.
12:14Et qui montre qu'une gauche sait s'unir.
12:17Pour arracher des victoires.
12:19Et sans être jusqueboutiste.
12:22Sans être extrémiste.
12:24De qui parle-t-il Fabien Roussel quand il évoque une gauche jusqueboutiste et extrémiste ?
12:30Je pense qu'il fait allusion aux déclarations de certains à gauche.
12:37Lesquelles ? Pensez à qui ?
12:42Peut-être Jean-Luc Mélenchon.
12:44Il doit penser à Jean-Luc Mélenchon.
12:46Mais comme je vous ai dit tout à l'heure...
12:48Il lui rend bien.
12:49Il faut être honnête.
12:50Jean-Luc Mélenchon et ses soutiens quand ils ont l'occasion de s'attaquer à Fabien Roussel
12:53ils ne se gênent pas en général non plus.
12:55C'est ce que je vous disais tout à l'heure.
12:57C'est des pratiques politiques qu'on n'engage pas nous les communistes.
13:01Nous on est des adeptes du rassemblement le plus large possible
13:05travailler avec nos partenaires en confiance
13:08pour proposer un projet politique qui servira à la population.
13:12On veut changer de politique pour les français.
13:15Leur offrir une autre société.
13:18Est-ce qu'il n'y a pas un fossé qui est en train de se creuser encore davantage
13:22entre la gauche républicaine et une gauche beaucoup plus radicale ?
13:26Je ne sais pas.
13:28Mais à mon avis on aura besoin de tout le monde.
13:30Surtout qu'on fait 30% à gauche réunis.
13:35Il faudra atteindre 50% si on veut au moins changer quelque chose.
13:40Donc il y a encore un effort à faire.
13:42Vous faites 30%.
13:43Pourtant les derniers résultats des élections où le PCF s'est engagé sous ses propres couleurs
13:47ne sont pas florissants.
13:48Quand on pense à la présidentielle, on pense aux européennes.
13:50Ce n'était pas terrible.
13:52Est-ce que ça pose problème ?
13:54Est-ce que finalement au sein du LFP vous êtes bien parce que tout ça est caché ?
13:59On voit moins les résultats individuels.
14:01Mais quand les résultats individuels surgissent, ils ne sont pas forcément bons.
14:05C'est des questions...
14:07Si on s'arrête juste à la question des élections,
14:10on constate qu'on fait des résultats parce qu'on est dans une phase de reconstruction.
14:15Maintenant, si on s'intéresse de plus près à l'influence du Parti communiste,
14:21est-ce qu'on est capable de faire le trait d'union entre la gauche républicaine
14:26et la gauche un peu plus radicale ?
14:29Notre positionnement est clé dans cette alliance.
14:36Alternatives communistes prétendent que les adhésions se sont effondrées sous Fabien Roussel.
14:39C'est vrai ?
14:41Ils font des déclarations.
14:43Après, ça les engage.
14:45Moi, ça me fait sourire.
14:46En réalité, Alternatives communistes, personne ne les connaît.
14:49Vous allez faire un micro-trottoir dans la rue.
14:52Essayez de tendre le micro à des citoyens.
14:55Ils vont vous répondre qu'on ne sait pas qui c'est.
14:59C'est de la politique politicienne, pour dire rapidement les choses.
15:03Fabien Roussel, en revanche, les gens savent qui c'est.
15:05Il est connu, il est identifié.
15:07Fabien Roussel, il mange de la viande.
15:09Il est favorable au nucléaire.
15:12Il est opposé aux zones à faible émission.
15:17Est-ce que vous êtes totalement en phase avec lui sur ces sujets ?
15:21La déclaration, il veut manger de la viande, ça veut dire...
15:26Je vais faire la traduction pour que tout le monde puisse comprendre.
15:29C'est avoir des salaires décents pour pouvoir manger sainement.
15:34Ça ne voulait pas dire autre chose que ça.
15:37Augmenter les salaires, les Français pourront manger.
15:40Ça a été interprété un peu autrement, mais sur ces sujets...
15:42Plus subtil que nous, effectivement.
15:44Parce que nous, on voyait vraiment comme une ode à...
15:46J'ai envie de manger de la viande.
15:48Franchement, c'est des logiques...
15:52Ce n'est peut-être pas qu'à mes yeux, mais l'ensemble des Français,
15:55ils vivent au quotidien des difficultés.
15:57Ils ont du mal à se nourrir.
15:59Et nous, ce qu'on leur oppose aujourd'hui, c'est une déclaration.
16:02J'ai envie de manger de la viande.
16:04Les Français, enfin...
16:05Au-delà de la viande et la question du nucléaire, des zones à faible émission,
16:08il est critiqué par un certain nombre d'écologistes.
16:11Est-ce que c'est un faux procès ?
16:13Est-ce qu'encore une fois, vous vous retrouvez totalement dans ces positions ?
16:17Écoutez, c'est un faux procès.
16:19Parce que nous, on est sur le volet social, essentiellement.
16:22On réfléchit aussi aux classes populaires.
16:25Celles qui se sont perdues dans des votes d'extrême droite.
16:29Parfois.
16:30Celles qui ne votent plus.
16:32Voilà.
16:33Ils sont déçus par la politique du gouvernement.
16:36Ils ont été déçus de la gauche.
16:39Parfois.
16:40Maintenant, il faut qu'on arrive à leur parler.
16:43Et arriver à leur parler, c'est dire...
16:45Attendez.
16:46Maintenant, il faut changer de logiciel.
16:48Augmentons les salaires.
16:50Revenons à une retraite à 60 ans.
16:53Parce qu'il y a des travailleurs qui sont fatigués.
16:56Et on veut leur offrir un projet de société qui est totalement différent.
17:01Juste pour finir là-dessus.
17:03Vous n'êtes pas partisans de la décroissance.
17:06Très clairement.
17:07Le Parti communiste et vous.
17:08C'est une vraie question de fond.
17:10Beaucoup, notamment chez les écologistes, disent...
17:12La croissance est ce qui mène à la ruine.
17:14Vous, clairement, là-dessus, vous dites quoi ?
17:16À mon avis, il y a deux choses.
17:18Et il faut passer par les deux.
17:20Il y a la question sociale.
17:22Où il faut travailler.
17:23Il faut répondre aux aspirations et aux besoins de la population.
17:26C'est fondamental.
17:28Et il faut respecter la planète.
17:30Respecter l'écologie.
17:31C'est compatible encore, ça ?
17:32Il faut trouver un équilibre.
17:34Et puis, on est là pour travailler ensemble.
17:36C'est ce que je vous disais tout à l'heure.
17:38Il y a des sensibilités, des spécificités à gauche.
17:40Ça ne veut pas dire que ce n'est pas incompatible.
17:43Ça veut dire qu'il faut apprendre à travailler ensemble.
17:45Et mener, autour des valeurs communes,
17:48un projet qui répond aux besoins de la population.
17:50Alors, venons-en au département.
17:52Dans le département, certains de vos détracteurs disent que vous êtes aux ordres
17:55un peu de Francis Tujague, le maire PCF de Comte.
17:58C'est vrai ?
17:59C'est votre papa caché ?
18:02Absolument pas.
18:03Moi, j'ai beaucoup de respect pour Francis Tujague,
18:06qui est élu depuis de nombreuses années à Comte.
18:09Il a eu, d'ailleurs, deux listes en face de lui aux dernières élections,
18:13deux droites.
18:14Et il a fait près de 83 %.
18:1783 %, c'est un signal fort.
18:19Ça veut dire qu'il est un très bon gestionnaire
18:21et que les Comtois ont fini par reconnaître
18:24et qu'ils lui font confiance.
18:26Il a une équipe municipale qui travaille.
18:28Les projets sont superbes.
18:30Moi, je n'ai pas de problème avec ça.
18:32Après, ce n'est pas mon papa politique.
18:36C'est quelqu'un que je respecte beaucoup
18:39parce qu'il a pu mener une politique intéressante pour sa population.
18:45Comte est la dernière enclave communiste du département.
18:48Comment expliquez-vous que les anciennes places fortes du PC
18:52votent aujourd'hui massivement pour le RN ?
18:55Alors, ce n'est pas la seule.
18:57Il y a Noël Albain, qui est maire de Touette de l'Escarenne.
19:02Ça ne veut pas dire que ce n'est pas une commune.
19:04On a des élus communistes.
19:06On en a à la Trinité.
19:08On en a à Bandeja.
19:10Ce glissement dont parle Denis est fondamental.
19:13Comment vous l'expliquez ?
19:15Je finis.
19:16On a des élus communistes qui sont en gestion.
19:20Ce ne sont pas des communistes à l'opposition.
19:22Avec un poids qui n'a rien à voir avec ce qu'il était dans le passé.
19:25On a l'héritage du passé.
19:27C'est évident.
19:28Ça ne touche pas que les Alpes-Maritimes.
19:30C'est pour ça que le projet communiste aujourd'hui,
19:33notre projet, c'est d'aller reconquérir,
19:37et j'utilise ce terme qui peut faire sourire,
19:39aller chercher les populations qui ne croient plus en la politique,
19:43leur proposer un projet qui soit clair et qui réponde aux besoins.
19:50Mais ça, c'est une phase de reconstruction qui met du temps.
19:53Mais pour reconquérir, il faut comprendre pourquoi on les a perdues.
19:55Pourquoi vous n'avez pas vu ces électeurs ?
19:57Ce n'est pas la première fois qu'on en parle.
19:59Et c'est toujours intéressant de revenir là-dessus parce que c'est fondamental.
20:01Pourquoi vous n'avez pas vu ces électeurs et qu'ils sont partis
20:03essentiellement majoritairement au Rassemblement National ?
20:06Parce que c'est simple.
20:08Il y a une partie de la gauche qui a été au pouvoir pendant des années
20:13et qui n'a pas répondu aux aspirations de la population.
20:17C'est leur faute à eux, pas la vôtre ?
20:18Non, non, pas du tout.
20:19C'est une faute aussi collective, y compris des communistes.
20:22Peut-être qu'elle n'a pas su parler aux populations pendant plusieurs années.
20:27Aujourd'hui, on en a pris conscience.
20:29Effectivement, les résultats électoraux ne sont pas au rendez-vous.
20:33Mais quand on a un maire qui est gestionnaire, qui fait du bon travail,
20:39on s'aperçoit que finalement, 83% des comptoirs ont voté pour Francis Tujague.
20:46Et donc vous avez l'espoir de pouvoir reconquérir ces terres-là ?
20:52De toute façon, on n'a pas le choix.
20:53Si on veut avancer pour notre société et sortir la population,
20:57notamment des milieux populaires, des conditions actuelles,
21:02il faudra se tourner vers la gauche et notamment vers le parti communiste.
21:07On va resserrer maintenant sur Nice.
21:09Vous vous en doutez, en cas de candidature d'Eric Ciotti aux élections municipales de 2026,
21:13la gauche pourrait avoir une chance sérieuse de l'emporter dans le cadre du second tour.
21:18C'est pourquoi il est important pour elle de présenter une liste unique.
21:22Vous êtes personnellement à l'initiative de réunion pour parvenir à ce but.
21:28Or, la première organisée samedi dernier a fait grand bruit puisque vous avez interdit d'entrer.
21:33Les représentants de Viva, ce collectif citoyen candidat aux élections de 2020
21:38et acteur du débat d'idées pour la gauche et l'écologie à Nice, ça ne fait pas un peu désordre ça ?
21:43Écoutez, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé.
21:46On a invité les trois autres partis fondateurs du NFP à une réunion de travail.
21:52Cette réunion, c'est pour construire une méthode de travail qui nous permette d'avoir une liste de rassemblement.
22:01Avec une seule liste.
22:03Avec une base solide politique.
22:05Une base solide.
22:06On ne peut pas reproduire les erreurs du passé.
22:10En 2020, ils n'ont pas choisi cette méthode de travail.
22:15En 2020, on avait mis une centaine de personnes dans une même salle.
22:19Et puis, ils se sont tous...
22:22Ils ont créé la cacophonie, je ne peux pas choisir.
22:25Au résultat, on s'est retrouvé avec trois listes.
22:28On ne veut plus de ça.
22:30On veut que les choses soient faites sérieusement.
22:34On part sur de bonnes bases, structurées.
22:37Et puis derrière, évidemment, toutes les forces citoyennes, progressistes,
22:42qui partagent les mêmes valeurs que nous, on ira les chercher.
22:46Travailler avec eux.
22:47Créer la dynamique.
22:49On a une chance inouïe cette année.
22:51On a Ciotti et Strozzi qui se battent.
22:55On a une droite plus divisée que jamais avec une gauche rassemblée.
22:59Et en créant la dynamique, en allant dans les quartiers avec des propositions,
23:04parce que le fond, c'est le projet, c'est d'arriver à gagner la ville de Nice.
23:09Et ça, on ne se gênera pas pour le faire.
23:11Vous pensez qu'Eric Ciotti sera candidat d'ailleurs ?
23:13Tout à fait.
23:15Juste pour répondre à une question qui est un peu lancinante,
23:19d'avoir refusé l'accès à Viva et d'avoir poussé les représentants LFI à quitter la Réunion,
23:25ce n'était pas réfléchi ?
23:27Ce n'était pas une volonté de votre part que d'écarter LFI, qui est un parti très clivant ?
23:32Ce n'est pas ce qui s'est passé.
23:34On les a invités.
23:35Ils ont fait le choix de soutenir Viva dans un premier temps.
23:41Le dialogue n'est absolument pas rompu.
23:44On continue de travailler ensemble.
23:46On va rentrer dans un cycle hebdomadaire.
23:48Ça ne part pas très bien quand même.
23:50Ça part très bien, parce qu'il n'y avait pas d'objet pour que Viva tente une intrusion.
23:57On leur a dit, écoutez, tout va bien se passer.
24:00Pour vous, c'est une intrusion ?
24:01À partir du moment où on invite les trois autres partis,
24:07Viva n'est pas un parti, c'est une association citoyenne.
24:12Ils n'ont pas le monopole aujourd'hui des associations citoyennes de Nice.
24:16On a beaucoup d'acteurs associatifs qui sont aussi de très bonnes associations,
24:23qui partagent les mêmes valeurs que nous.
24:26Écoutez, ils seront les bienvenus.
24:29On travaillera ensemble.
24:30Et je vais vous rappeler une chose.
24:32C'est que Viva était soutenue, cette liste, par le Parti communiste et LFI.
24:38On a fait à cette époque 5 000 voix.
24:41Pour gagner la ville de Nice, il faut 50 000 voix.
24:44Pour aller gagner cette ville avec 50 000 voix,
24:47il faudra travailler très largement avec tout le monde.
24:50Notre objectif aujourd'hui, c'est ça.
24:52Le PCF va être le ciment du rassemblement.
24:56Quelles échéances vous fixez-vous pour la constitution de cette liste unique
25:00que vous appelez de vos voeux ?
25:02On va travailler sur le projet jusqu'au mois d'avril.
25:05On travaille le programme.
25:07Je sais que vous allez me poser cette question, donc je vous devance.
25:10Évidemment !
25:11La question de la tête de liste.
25:13La tête de liste, ce n'est pas une question qui est discutée aujourd'hui.
25:18Mais c'est la question centrale.
25:20Je suis super importante comme la vitrine.
25:22Vous avez raison de la poser.
25:24Vous faites bien votre boulot.
25:26Moi, ce que je vous réponds, c'est qu'on travaille sur le projet.
25:29Le projet jusqu'en avril.
25:31Ensuite, désignation de la tête de liste.
25:33Ensuite, on associe l'ensemble des forces progressistes à ce projet.
25:38Il y aura des consultations aussi avec la population
25:41et pas que des associations.
25:43Il y aura des militants syndicalistes.
25:46On va ouvrir très largement.
25:48Chacun va apporter ses idées.
25:51Chacun va co-construire ce programme.
25:54Et une fois qu'on aura réalisé...
25:56De toute façon, on va faire par thématique logement, transport, etc.
25:59Une fois qu'on aura réalisé ce travail,
26:01au mois de septembre, on annoncera les équilibres de la liste
26:05et on annoncera qui sera la tête de liste.
26:07Mais de toute façon, la tête de liste,
26:09peu importe qui sera cette tête de liste,
26:11elle devra défendre le projet avec l'équipe qui sera avec.
26:15Mais sur une tête de liste populaire,
26:17tout le monde ne passe pas aussi bien.
26:19Si on est un bon politique,
26:21la manière de s'exprimer,
26:23la capacité à entraîner les foules, ça compte aussi.
26:26L'incarnation, ce n'est pas négligeable.
26:29On travaille sur le projet.
26:32On travaillera sur les équilibres.
26:34On travaillera sur la tête de liste.
26:36Aujourd'hui, ce que je vous dis,
26:38c'est que ça se fera dans un second temps.
26:40Et ce second temps n'est pas arrivé.
26:42Un communiste, une communiste, la tête de liste ?
26:45Nous, on n'a pas travaillé sur cette question.
26:47C'est sincère.
26:48Nous, les communistes, on ne réfléchit pas en termes de personnes.
26:51On réfléchit en termes de programmes et de sociétés.
26:55Le choix qu'on a aujourd'hui,
26:57la réelle alternative pour les Niçois,
27:00c'est de proposer un programme de gauche
27:04et d'avoir une ville qui soit rendue à ses citoyens
27:08parce qu'aujourd'hui, cette ville est confisquée.
27:11Si on prend les points essentiels de la politique d'Estrosy,
27:15on a deux choses à retenir.
27:17C'est l'homme aux 3 milliards de dettes.
27:20Depuis qu'il est arrivé au pouvoir,
27:23c'est 75 % d'augmentation d'impôts.
27:26C'est le maire du tourisme de luxe,
27:30mais ce n'est pas le maire des Niçois.
27:32Ça, il faut qu'on l'entende.
27:34Il y a beaucoup de choses que nous,
27:36on veut remettre en cause dans sa politique.
27:38On a aussi des travaux qui sont inachevés.
27:42Au-delà de la remise en cause de l'action de Christian Estrosy,
27:47quelles sont, de votre point de vue, les priorités ?
27:50Quelle est la priorité pour Nice ?
27:52La priorité, c'est rendre au citoyen la ville de Nice.
27:58C'est-à-dire quoi concrètement ?
28:00Concrètement, c'est qu'il a tout fait
28:02pour le sur-tourisme, le tourisme de luxe.
28:06Les quartiers populaires, il n'y a pas de bus.
28:10Après 21h, je prends des exemples comme ça.
28:13Après 21h, des jeunes qui veulent se rendre au centre-ville
28:17et rentrer chez eux, n'ont plus de bus.
28:20Il y a quand même beaucoup de quartiers qui,
28:22après 21h, ont encore les transports en commun.
28:24Vous prenez l'est de la ville.
28:26Vous prenez le 14, par exemple.
28:28La ligne 1 circule jusqu'à minuit quand même en semaine.
28:31Vous prenez le 14, par exemple, qui va jusqu'à la Trinité.
28:34Vous prenez cette ligne.
28:36Après 21h, il n'y a plus de bus.
28:38Il y a beaucoup d'efforts de faits comme le transport en commun
28:40sous Christian Estrosi.
28:41Les lignes 2, les lignes 3 de tramway,
28:43les lignes à effet BHNS.
28:45Il y a des choses qui ont été créées quand même.
28:47La ligne 4 et 5, on l'attend toujours.
28:49C'est vrai.
28:50Il y avait 600 millions d'euros là-dessus.
28:53Et ils sont où ?
28:55La voie rapide, c'est la même chose.
28:576 ans pour faire des travaux.
29:00Vous seriez allé plus vite, vous ?
29:02Attendez, dans n'importe quelle ville de France,
29:04on les aurait finis en 2 ou 3 ans, ces travaux.
29:07C'est quand même très étrange, ce mode de fonctionnement.
29:10Très bien.
29:11Avant de terminer, on passe à la question perso.
29:20Julien Picot, vous avez été élu à la tête du PCF des Alpes-Maritimes
29:23le 19 mars 2023, il y a presque 2 ans.
29:26Comme dirait François Bayrou, vous étiez un néophyte à l'époque,
29:29davantage que lui, d'ailleurs.
29:31Qu'est-ce que cette entrée parmi les personnalités politiques
29:34des Alpes-Maritimes vous a appris ?
29:36Ça m'a appris vraiment beaucoup de choses.
29:38C'est qu'en politique, il faut apprendre à travailler
29:42avec l'ensemble des acteurs.
29:44Et pas seulement avec des interlocuteurs politiques
29:49qui sont là depuis des années et des années.
29:52Il faut avoir, sans oublier une seule chose,
30:01c'est travailler avec les populations,
30:05travailler avec les associations.
30:08C'est plus dur que vous pensiez ?
30:11Il y a eu des coups qu'on n'imagine pas prendre ?
30:14Franchement, je vais vous dire la vérité,
30:18c'est très positif à 99%.
30:23Dis-le en faisant la grimace quand même.
30:25Non, je le dis parce que je suis sincère.
30:28Je vous le dis, à 99%, c'est très positif.
30:33Moi, ça m'a fait du bien.
30:35J'ai appris beaucoup de choses.
30:37Après, il y a toujours le petit pourcent
30:40où on a des contestataires qui font de la politique politicienne,
30:44mais je ne suis pas habitué à ça.
30:46J'ai appris.
30:47Aujourd'hui, moi, ce que j'ai besoin, c'est de parler vrai
30:51et de parler à des citoyens, des habitants,
30:55à une population, à offrir un projet
30:58parce qu'on a quelque chose vraiment à porter.
31:00On a un projet qui est ambitieux.
31:02On a un projet qui peut être beau pour cette population.
31:06Dupliquer ce qu'on fait à Comte, à Nice ou ailleurs, quoi.
31:09Projet municipal.
31:10Voilà, tout à fait.
31:11Très bien.
31:12Merci beaucoup, Julien Picot.
31:13Merci, Frédéric.
31:14Merci à tous de nous avoir suivis.
31:16Merci à Sophie Doncé et Philippe Bertigny
31:19pour la réalisation de cette émission,
31:21à Christelle Benjamin pour sa préparation.
31:23On se retrouve la semaine prochaine
31:25pour un nouveau rendez-vous de l'Interview à la Une.
31:30Sous-titrage Société Radio-Canada

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