Réformes des retraites : "Nous sommes dans une situation obscène" - Harold Bernat

  • l’année dernière
Avec Harold Bernat, professeur agrégé de philosophie, auteur de plusieurs essais dont "Oraison funèbre de la classe de philosophie" (Atlantiques déchaînés

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##CA_BALANCE-2023-04-17##

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Transcription
00:00 Sud Radio André Bercoff
00:03 Bercoff dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio
00:08 Et voilà un tweet, enfin un texte que j'ai lu hier
00:15 Ceci est, je vous le lis
00:17 Nous vivons dans un pays où le ministre de la justice mis en examen fait des bras d'honneur à l'Assemblée Nationale
00:23 En couvrant une influenceuse Playboy qui arrose des copains avec de l'argent public sur le dos d'un collègue décapité
00:30 Pendant que des centaines de CRS protègent le Conseil Constitutionnel
00:34 Sous la bénédiction de chroniqueurs millionnaires qui insultent les français
00:38 En justifiant les mutilations et l'action méritante du Président de la République
00:43 Harold Bernard, bonjour
00:45 Bonjour André
00:47 Bonjour, vous êtes professeur agrégé de philosophie, vous êtes auteur de plusieurs essais
00:51 On vous avait reçu d'ailleurs pour ça, donc "Horizon funèbre de la classe de philosophie"
00:55 Mais est-ce que vous n'y allez pas un peu fort là, Harold Bernard, comme ça
00:59 Vous avez résumé effectivement en quelques phrases un état des lieux
01:03 Mais est-ce que votre état des lieux n'est pas quelque peu exagéré ?
01:07 Alors d'abord, je vous remercie pour votre réinvitation
01:11 J'ai sous les yeux une citation de Karl Kraus
01:15 Qui est un critique du début du XXème siècle en Allemagne
01:18 Qui a vu la montée du National Socialism
01:21 Il dit ceci dans un journal qui s'appelle "Die Fackel"
01:24 C'est un journal qu'il a dû créer parce qu'évidemment il n'avait pas la possibilité de parler dans les journaux nationaux
01:30 "Et même si je n'ai fait rien d'autre chaque jour que recopier ou transcrire textuellement ce qu'ils font et disent, ils me traitent de détracteur"
01:41 Voilà, c'est-à-dire qu'il s'agit en effet en mettant sous les yeux ce qui est partout, ce qui se voit partout, ce qu'on entend partout
01:50 Il s'agit de briser le lien de complicité tacite que l'on a avec ces choses-là
01:54 C'est-à-dire de rendre scandaleux ce qui a été vu mille fois
01:58 Et qui, par des effets de rapprochement, devient inacceptable
02:02 Coller un document, une photo, produire justement ce qu'on voit partout
02:08 Et c'est là qu'on apparaît comme un malotru, voire quelqu'un d'excessif
02:12 Ou un complotiste, bien sûr
02:14 Ou de complotiste, je vais y revenir rapidement
02:17 Et justement, je crois que maintenant il s'agit face à ce niveau d'obscénité
02:21 Parce que là on est vraiment dans une situation qui est tout à fait obscène
02:24 De retourner le monopole de la diffamation légitime
02:28 C'est-à-dire qu'il faut expliquer, il faut expliquer, on ne se laissera plus faire
02:33 On ne peut pas se laisser intimider par des gens qui font ce qu'ils font
02:37 Et quand on met tout ça bout à bout, évidemment la coupe est pleine
02:40 Et je pense que la coupe est pleine pour des millions de français
02:42 - Oui, vous pensez qu'effectivement il y a une espèce de convergence
02:47 Je ne dirais pas des luttes, ce n'est pas le problème
02:49 Mais de convergence des indignations et d'un certain rejet ou ras-le-bol
02:53 - Oui, c'est-à-dire c'est trop...
02:55 Moi, vous voyez, je suis professeur, évidemment, vous le savez dans le secondaire
02:58 - Vous êtes à Bordeaux, c'est bien ça
03:00 - Voilà, je suis à Bordeaux, au lycée Montesquieu
03:02 Quand je vois l'affaire, Régis de Castaigneau a très bien expliqué
03:07 L'affaire Samuel Paty et les fonds Marianne
03:10 C'est plus que de la colère, en fait
03:14 C'est-à-dire que d'un côté, on arrose avec de l'argent public
03:17 Des officines qui s'octroient le monopole de la légitimité
03:22 Le plus unanimement, j'ai adoré la formule que vous avez utilisée tout de suite
03:26 Donc le plus unanimement, ces gens s'octroient la parole légitime
03:30 De l'autre côté, on paye des vacataires avec des lance-pierres
03:33 On ferme toutes sortes de classes
03:36 On gèle le point d'indice
03:38 On ferme les concours de recrutement
03:40 Et on casse l'instruction publique, vous voyez
03:43 C'est-à-dire que d'un côté, on arrose des copains
03:45 Et de l'autre côté, on casse l'école
03:47 Ce qui est perdu d'un côté est gagné de l'autre côté
03:49 Moi, ça me rend fou, je vous le dis très sincèrement, ça me rend fou
03:52 Quand je vois que des gens, des professionnels de la parole et du blabla
03:56 Arrivent à toucher des milliers d'euros pour faire des formations sur argent public
04:00 A l'intérieur de l'éducation nationale
04:02 C'est exactement la même chose, ça s'appelle du détournement d'argent public
04:06 - Oui, et d'autres produisent des vidéos et quelques textes absolument éthiques
04:10 Et assez grotesques, enfin tout ça, tout ça vraiment pose problème
04:15 - Tout ça pose problème, et je crois que pour beaucoup de français, c'est trop
04:19 Alors c'est vrai que c'est pas une convergence au sens strict des luttes
04:21 Par contre, il y a une convergence sur la prise de conscience de ce qu'est aujourd'hui le macronisme
04:26 Parce qu'il faut quand même nommer la chose
04:28 Je dirais, c'est vrai qu'en effet, ces choses là, copains coquins, ça date pas d'hier
04:33 Mais Macron a libéré les énergies, quoi
04:36 En termes d'obscénité
04:38 - Oui, mais maintenant Harold, je crois que vous avez parlé de Karl Kraus
04:40 Qui est effectivement un très grand polémiste
04:42 Enfin, il faut pas non plus faire de la réduction à Dietlerum
04:45 On est pas au national-socialisme, bien sûr
04:48 - Non, non, pas du tout, pas du tout, ce que je veux dire par là
04:51 C'est que Karl Kraus a montré comment fonctionnaient des connivences
04:55 Qui ont rendu possible autre chose
04:57 - Ouais, je comprends
04:58 - Karl Kraus ne dénonçait pas directement
05:00 Il a montré qu'en fait, une certaine forme de corruption
05:03 Créait les conditions pour une destruction du politique
05:07 Moi je suis pas dans la défiance du politique
05:10 Moi je crois aux politiques, je crois à la vertu publique
05:12 - Bien sûr
05:13 - Je crois à la probité
05:14 - Mais il faut faire...
05:15 - Ce soir, Macron...
05:16 - Oui, ce soir Macron parle, bon...
05:19 - Ce soir Macron parle, le problème c'est que
05:21 Pourquoi il y a des millions de français qui vont pas l'écouter ?
05:23 Parce qu'on sait qu'il va produire un discours qui est faux
05:26 C'est-à-dire qu'il n'y a pas de rapport à la vérité
05:28 Il n'y a pas de rapport à la réalité
05:29 - On verra, je comprends
05:30 On verra, ça c'est votre opinion, mais on verra
05:32 - Voilà, on a beaucoup vu, on a beaucoup vu
05:34 - On a beaucoup vu
05:35 - Et tout ça converge, et je crois que ce rapport à la fausseté
05:38 Parce qu'il y a quelque chose de la malversation du faux quand même derrière tout ça
05:41 Il y a beaucoup de français qui n'en peuvent plus
05:43 Et c'est vrai que c'est quelque chose qui est à mon avis assez partagé, oui
05:47 - Et je termine par cette réplique d'un célèbre situationniste
05:50 "Dans un monde inversé, le vrai ne devient plus qu'un moment du faux"
05:55 C'est bien le problème
05:56 Merci Erle Bernard
05:57 Et en tout cas, votre texte, quand même
06:01 Justement, je voulais qu'on en prenne connaissance
06:03 Parce qu'il résume assez bien, bon, de façon excessive je trouve
06:07 Mais forte, ce qui se passe

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