Duralex : «On est passé d'une facture de 3 millions à 10 millions d'euros d'énergie», confie José-Luis Llacuna

  • l’année dernière

José-Luis Llacuna, PDG de Duralex, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils reviennent sur les raisons de l'arrêt de la société pendant plusieurs mois.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco
Transcript
00:00 Une bonne nouvelle dans l'industrie française, Duralex vient d'annoncer le redémarrage de sa production de verres
00:05 cinq mois après la mise à l'arrêt de son activité à cause de l'envolée des prix de l'énergie.
00:11 Votre invité ce matin Alexandre, c'est le PDG de Duralex, José Luis Yacouna.
00:15 Bonjour José Luis Yacouna.
00:17 On ne présente plus Duralex, vous êtes à la tête d'un des emblèmes de l'industrie et même du patrimoine français.
00:22 On connaît tous le verre Duralex qui ne se démote pas d'ailleurs, qui ne se casse quasiment pas.
00:27 Ça faisait cinq mois que vos lignes de production étaient à l'arrêt.
00:31 Vous venez de remettre en marche votre four principal dans la verrerie, on travaille évidemment avec des fours à très haute température.
00:37 Comment ça se passe depuis la reprise ?
00:38 Écoutez, depuis lundi matin où monsieur le ministre est venu appuyer sur le bouton et remettre en fonctionnement les lignes de production
00:44 qui a été arrêtée depuis cinq mois, vous le dites bien,
00:46 moi je trouve un énorme engouement de la part de tous les collaborateurs déjà d'à côté.
00:51 Ils sont très optimistes et très motivés.
00:53 Vous savez, rentrer après cinq mois de ne pas trop travailler, c'est quand même très intéressant.
00:56 Et puis je sens, parce que je suis ici aujourd'hui mais j'étais un peu partout les deux derniers jours,
01:01 vraiment une envie de donner, d'appuyer cette société, cette marque, de la soutenir,
01:08 parce qu'on en a vraiment besoin en ce moment, parce que malgré le fait qu'on réouvre, et ça c'est une excellente nouvelle,
01:13 les problèmes ne sont pas finalisés.
01:15 Cinq mois de fermeture, c'est inédit.
01:17 Vous avez dû arrêter votre activité le 1er novembre 2002.
01:21 C'était vraiment la seule solution ?
01:23 - Bah écoutez, le prix d'énergie était annoncé à des prix qui étaient impressionnants.
01:29 Il y a deux ans, on achetait l'électricité à 40 euros et on nous annonçait des prix à 1800 euros.
01:34 Ça se mesure en Béliarwater.
01:36 Donc quand vous avez cette perspective de prix d'énergie,
01:38 et quand ne pas produire est mieux que produire,
01:41 quand vous perdez l'adjoint pour le fait de produire, parce que l'année passée,
01:44 on est passé quand même d'une facture de 3 millions d'euros d'énergie à 10 millions d'euros d'énergie,
01:49 bah vous arrêtez de produire, et vous attendez que les moments aillent mieux,
01:53 et que l'énergie se stabilise un tout petit peu,
01:55 parce que comme ça c'est impossible de produire.
01:57 - Et quand on utilise des fours industriels dans votre branche d'activité,
02:00 la part de l'énergie évidemment est très importante dans le coût de production final.
02:03 - Bah normalement c'est entre 5 et 7%.
02:06 Moi je me suis vu avec un compte d'exploitation où l'énergie représentait jusqu'à 45%.
02:11 Donc on t'en veut dire que c'est une aberration économique, financière et industrielle.
02:14 - C'était plus viable effectivement.
02:16 L'usine Duralex est située dans le Loiret, Roselys-Yakouna, à la Chapelle Saint-Mémun.
02:20 On est aux portes d'Orléans. Combien de salariés ?
02:23 - 250 aujourd'hui, et je recrute 21 personnes,
02:25 donc je fais appel à des électromécaniciens, des polisseurs,
02:29 j'ai besoin du monde aujourd'hui pour reprendre l'activité industrielle.
02:32 - Et ben voilà, l'appel est lancé ce matin sur Europe 1,
02:34 ce qui est du reste un très bon signe,
02:35 des salariés qui sont très attachés à l'entreprise, à cette image de marque de Duralex.
02:40 - Écoutez, une des craintes que j'avais quand on a commencé le chômage partiel,
02:43 c'est combien de collaborateurs vont rentrer au mois d'avril quand ça va recommencer ?
02:48 Ben écoutez, ils sont tous là.
02:49 - Ils sont tous là.
02:50 - Ils sont tous là. Je pense qu'il y a un amour pour la marque qui est impressionnant,
02:53 et ils sont tous au rendez-vous depuis lundi matin.
02:56 - On fait carrière chez Duralex.
02:58 - Un tout petit peu quand même, il y a des gens qui sont là depuis toute leur vie.
03:00 Je pense que le métier du verre et des métiers industriels sont très attachants.
03:04 Et ça, ça se voit tout de suite.
03:05 - Il s'est passé quoi pendant cinq mois pour tout votre personnel chômage partiel ?
03:10 - Chômage partiel, vous savez, j'ai envie de dire qu'ils étaient un peu dans le confort,
03:15 c'est un peu fort de dire ça, parce qu'être à la maison et ne pas travailler,
03:17 et être impacté par le chômage partiel, c'est pas sympathique quand même.
03:20 Mais ils ont eu la chance d'avoir 95% de leur net,
03:23 donc l'impact sur le pouvoir d'achat a été minimisé.
03:27 Et pendant cette période, on a investi, on a formé,
03:29 on a mis 4000 heures de formation pour les équipes,
03:32 on a fait de la maintenance, on a développé des projets pour essayer d'être plus efficients
03:36 au niveau de consommation énergétique, pour décarboner,
03:38 on a fait de l'innovation, il y a le fameux verre gigogne, le "quel âge as-tu"
03:43 qui sort dans une taille plus grande, ça c'est la grande nouvelle pour nous.
03:46 Et l'autre grande nouvelle, c'est qu'on a, 30 ans plus tard,
03:49 développé la couleur verte, qui est très appréciée dans certains pays,
03:53 en Espagne, au Japon et en Asie, la couleur verte du Ralex est fortement appréciée.
03:58 Donc on n'a pas attendu l'ouverture pour continuer à innover.
04:00 - A défaut de production, Rosé-Louise Yacouna,
04:02 vous avez pu poursuivre les ventes de verre du Ralex, vous aviez des stocks pendant ces cinq mois ?
04:06 - Heureusement la décision, elle était dans le sens où j'arrête de produire,
04:09 mais comme nous avons du stock pour pouvoir vendre,
04:12 nous avons continué à vendre. C'est vrai qu'il était temps de commencer parce que
04:15 j'avais plus de Picardie 25cl, et du Ralex en Picardie 25cl,
04:20 c'est comme une journée sans soleil, c'est pas possible.
04:22 Donc la première production depuis lundi, c'est le Picardie 25cl.
04:26 - Pleine production là, depuis lundi, vous êtes revenu à plein régime ?
04:29 - On y va graduellement, parce que les hachis n'ont pas tourné pendant cinq mois,
04:32 donc il faut tranquillement bien les engraisser, donc on est à une ligne,
04:35 on a cinq lignes de production, on a une ligne cette semaine, à deux lignes la semaine prochaine,
04:38 et on va voir en fonction de l'évolution de la demande, comment on progresse.
04:41 - Alors aujourd'hui les verres du Ralex font partie du meilleur rapport qualité-prix,
04:44 c'est un prix imbattable, le modèle le plus célèbre je crois on le trouve au cours de 1€ l'unité à peu près ?
04:49 - Oui, même moins. - Est-ce que les prix vont augmenter ?
04:52 - Ecoutez, mes prix, nos prix de production, ont augmenté de 34%.
04:56 - Oui c'est considérable. - J'ai pu répercuter au consommateur,
04:59 mais j'ai pu répercuter 10-15%.
05:02 Donc j'ai un peu grogné sur nos marges.
05:05 Le prix reste toujours intéressant, un verre qui peut s'acheter à des centimes, c'est pas un problème.
05:10 Donc normalement, moi je fais appel à tous les français pour qu'ils viennent rapidement acheter du Ralex,
05:15 parce qu'effectivement c'est pas cher, et ça dure à vie.
05:18 - Bon, il y a une question qu'on est obligé de vous poser,
05:20 Rosely Luiz Iacuna, on a tous un jour joué à ce jeu,
05:23 le fameux petit numéro qui se cache au fond du verre du Ralex,
05:27 "quel âge tu as ?" ou alors le plus petit numéro à un gage,
05:30 il veut dire quoi ce numéro au fond du verre ?
05:32 - C'est votre âge en fait. - C'est mon âge !
05:34 - Non, en fait c'est un système de contrôle de qualité,
05:37 le numéro qui est sur le verre, c'est le moule qui a produit ce verre, il a un numéro.
05:42 Et ça nous permet de tracer des problèmes de qualité,
05:45 donc si il y a le moule avec le numéro 3 qui est craqué ou qui génère pas de la qualité,
05:51 on s'attaque au moule pour résoudre le problème.
05:54 Donc voilà le secret.
05:55 - Et ben voilà, on s'en souviendra au moment de jouer à ce jeu avec les verres du Ralex.
05:59 Merci José-Louis Siakouna, PDG de cette célèbre entreprise du Ralex
06:03 qui s'invite ou s'est invitée à la table de la plupart des Français
06:06 et qui vient de rouvrir ce lundi. Merci à vous.

Recommandée