Jean-Luc Reichmann parle de sa sœur handicapée : "Elle m’a dit qu’elle voulait être caissière, j’ai pris peur"
Changer le regard sur le handicap et transmettre un message fort en faveur de l’inclusion, c’est l’ambition de "Différent.e.s". Pour l’incarner, qui mieux que Salim Ejnaïni : cavalier de Jumping, sportif, conférencier, entrepreneur… et non-voyant ? Comment vit-on avec une "différence", comment apprend-on à s'accepter soi et à accepter le regard de l'autre ? Parcours cabossés, destins contrariés et incroyables leçons de vie : Salim Ejnaïni recueille les témoignages de nos invités extra-ordinaires. Des histoires fortes et inspirantes autour de la résilience et du vivre-ensemble…Depuis petits, les Reichmann ont fait de leur différence une force. Lui a un angiome. Elle est sourde. Pour Yahoo, le présentateur des "Douze coups de midi" a accepté de se livrer sur le handicap de sa sœur, Marie-Laure, et sur son combat pour la différence. Il est notamment revenu sur la carrière de sa cadette et sur ses envies d’interaction. Un besoin qui l’a amenée sur un tout autre chemin.En 2050, près de 2,5 milliards de personnes seront, d’après les projections, atteintes d’une déficience auditive plus ou moins prononcée. Elle peut être due à des causes génétiques, à des complications à la naissance, à certaines maladies infectieuses, à des infections chroniques de l’oreille, à l’exposition à des sons forts, aux médicaments ototoxiques ou au vieillissement.
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00:00 ma petite soeur, elle s'occupe de faire des petites études de dentiste, elle n'y arrive
00:05 pas et puis elle commence à faire des dents et puis ça se passe bien, elle est dans un
00:09 labo et puis ça se passe de mieux en mieux, c'est génial.
00:11 Et à l'âge de 40 ballets, elle dit "on est marre".
00:16 Je dis "quoi t'en as marre ?" Elle avait un métier et tout, tu vois, et dans les labos
00:22 et tout ça, "mais ne me parle à personne".
00:24 Je ne parle à personne.
00:25 Elle était dans ses labos en train de faire de la céramique pour les couronnes et elle
00:32 dit "je veux être caissière".
00:36 J'ai dit "pardon ?".
00:37 Dès ce coup, tu sais caissière, hôtesse de caisse et là moi je prends peur, on en
00:44 parle avec mon frère et du jour au lendemain, elle prend un poste d'hôtesse de caisse,
00:51 donc caissière, et là elle parle à tout le monde.
00:57 Elle a un petit badge sur sa poitrine "veuillez articuler car je suis sourde, parlez-moi en
01:03 face autrement je ne vous comprends pas".
01:06 Et maintenant, comme tu le sais, il y a des caisses lentes qui dit "lente" pour les
01:11 personnes âgées par exemple et progressivement, écoute bien parce que là je n'en ai jamais
01:15 encore parlé donc j'ouvre mon cœur.
01:17 Là, il y a 20 caisses dans ce supermarché et sur les 20 caisses, il y a une caisse qui
01:24 est pleine sans arrêt derrière où il y a la queue, c'est ma sœur, Marie-Laure,
01:30 parce que, sans dénigrer le mot, mais il y a des petites vieilles qui arrivent en disant
01:35 "ça va Marie-Laure, comment vous allez ?" et elles prennent le temps de lui parler,
01:40 ils prennent le temps et il y a la queue alors qu'il n'y a personne dans les autres caisses,
01:43 je ne sais pas si tu te rends compte du bordel, c'est un truc de taré quoi.
01:46 Il y a du monde qui lui parle, ma frangine, prothésiste, audioprothésiste, dentaire,
01:53 machin et tout, d'un seul coup, elle parlait à des dents céramiques et là elle parle
01:58 à toutes les personnes à qui elle a mis des dents quelque part et puis c'est la libération
02:03 de la parole pour elle, pour tout son entourage.
02:08 Donc cet instant de folie où tout le monde s'agglutine à la caisse de ma sœur, c'est
02:15 la révolution.
02:16 Pour qui c'est la révolution ? Pour tout le monde.
02:19 [Générique]
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