SMART JOB - Fenêtre sur l’emploi : Clara Leparquier (MTH Coaching)

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Lundi 24 avril 2023, SMART JOB reçoit Clara Leparquier (Fondatrice, MTH Coaching)

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Transcription
00:00 ...
00:11 -On termine avec "Fenêtres sur l'emploi"
00:14 pour parler de l'accompagnement de la fin de vie
00:16 et parfois même de cette cohabitation douloureuse,
00:19 entre le travail et cette période de deuil.
00:22 On en parle avec Clara Leparquier. Bonjour, Clara.
00:25 -Bonjour. -Ravie de vous accueillir.
00:27 Vous êtes MTH coaching et vous vous accompagnez à distance,
00:31 à un coaching clé en main.
00:33 Vous avez choisi de nous parler de ce sujet
00:35 parce que vous avez été traversée, vous,
00:38 sur cette question de la fin de vie.
00:40 La fin de vie, c'est prendre soin de ceux qui restent,
00:43 de les accompagner, de leur tenir la main,
00:46 c'est de ça dont il est question.
00:47 C'est le sujet qui est au coeur de l'actualité,
00:50 c'est le sujet des aidants.
00:52 On continue à travailler,
00:53 puis on a une autre partie de sa vie
00:56 qui est consacrée à accompagner quelqu'un en fin de vie.
00:59 -Oui, c'est ça.
01:00 On traverse une période extrêmement douloureuse,
01:03 quasiment insoutenable,
01:05 quand on parle vraiment de la phase terminale d'une maladie
01:08 et que le décès est la seule issue.
01:10 En même temps, effectivement,
01:12 il y a une vie qui continue à côté,
01:14 que ce soit une vie familiale.
01:16 J'étais une jeune maman, je venais d'accoucher.
01:19 Il y a la vie professionnelle aussi.
01:21 Il y a toute une période où on tient
01:23 et parfois, ce n'est pas le cas de tout le monde,
01:26 parfois, ça ne passe plus.
01:28 Il faut aussi, par moments, savoir s'arrêter.
01:31 Pour moi, c'était important d'en parler
01:33 parce que c'est tellement complexe et compliqué.
01:36 La société a tellement de mal à parler de ces sujets
01:39 parce que ça fait peur.
01:41 -C'est tabou.
01:42 -On est condamnés au silence.
01:44 Ca fait 6 ans que ça s'est passé,
01:46 c'est encore douloureux d'en parler,
01:48 mais ça aurait été impossible à l'époque.
01:51 Aujourd'hui, je pense que ces personnes
01:53 qui traversent ces périodes-là,
01:55 ou qui les ont traversées,
01:57 j'espère que ça fera écho à leur histoire.
01:59 -Il y a eu un livre de Bruce Toussaint,
02:02 un de nos confrères sur une chaîne,
02:04 qui parle du deuil de ses parents en écrivant un livre.
02:07 Heureusement, elle n'a pas souffert.
02:09 Ce qui renvoie aussi, à travers ce livre,
02:12 à travers votre expérience, la relation avec l'entourage.
02:15 C'est ce moment d'une grande intimité,
02:17 d'une très grande douleur,
02:19 d'un dégâge professionnel, parce que la vraie difficulté,
02:22 c'est on en parle, on n'en parle pas, j'ose dire.
02:25 Comment vous l'avez traversé ?
02:27 -Ce que j'ai trouvé intéressant avec ce livre,
02:30 c'est que ça permet de libérer la parole.
02:32 C'est aussi ça qui m'a poussée à m'exprimer.
02:35 Le titre de son livre fait référence
02:37 aux personnes qui essaient de le rassurer
02:39 sur le fait qu'elle n'avait pas souffert.
02:42 Moi, en l'occurrence, un décès suite à un cancer,
02:44 finalement, ce que je me suis dit,
02:46 c'est qu'heureusement, elle ne souffre plus.
02:49 On ressent une forme de soulagement,
02:51 à ce moment-là, et c'est dur à dire,
02:53 mais c'est ce qui se passe,
02:55 et je pense qu'elle aussi était soulagée.
02:57 Et donc, effectivement,
02:59 c'est extrêmement difficile d'en parler,
03:02 y compris à ma propre famille, à mon père, à mon frère,
03:05 dans ces moments-là, c'est compliqué.
03:07 En même temps, on a besoin de savoir
03:09 que les proches sont là, que les proches nous soutiennent.
03:13 C'est quelque part une présence silencieuse
03:15 dont on a besoin.
03:16 -Il n'y avait pas forcément des mots
03:19 qui sont souvent maladroits.
03:20 Comment vous avez concilié, ça, c'est un sujet,
03:23 et qui interpelle ceux qui nous regardent,
03:26 que l'on soit un collaborateur, un décideur, un chef d'entreprise,
03:29 comment on concilie sa vie professionnelle
03:32 avec à la fois l'accompagnement et le moment où le décès a eu lieu ?
03:36 Il y a quand même ce moment où il faut reprendre,
03:38 on dit souvent "reprends vie",
03:40 "période de deuil", puis "je reprends ma vie".
03:43 Comment ça se passe ?
03:44 Est-ce que vous avez quelques conseils à nous transmettre ?
03:48 -Il n'y a pas de mode d'emploi, malheureusement,
03:50 et qu'on fait comme on peut, selon les circonstances,
03:54 et personne ne peut anticiper,
03:56 personne ne peut savoir ce qu'on a fait.
03:59 -Comment on va réagir ?
04:00 -La société banalise beaucoup, en particulier,
04:03 la mort d'un parent,
04:04 parce que ça fait partie de l'ordre naturel des choses,
04:07 mais quand ça vous tombe dessus, c'est pas banal
04:10 et c'est extrêmement douloureux.
04:12 Je pense que la société, aujourd'hui,
04:14 n'accompagne pas suffisamment les trois jours
04:17 prévus post-décès,
04:20 sont absolument inadaptés.
04:22 Et comment on fait ?
04:23 Je sais pas comment on fait,
04:25 mais je vais vous dire comment j'ai fait.
04:27 Pendant longtemps, j'ai tenu,
04:29 y compris dans la phase dite
04:31 de cancer généralisé,
04:33 où c'est des traitements qui ont un unique but,
04:36 que de se dire "on va prolonger un peu la vie,
04:39 "mais on ne va pas guérir",
04:40 et donc là, je faisais des allers-retours,
04:43 j'ai essayé de donner le change,
04:45 et il faut être présent pour la personne malade.
04:48 On s'autorise assez peu aussi à être faible,
04:51 parce qu'on se dit "qui je suis pour souffrir ?"
04:54 alors qu'en face de moi,
04:55 il y a quelqu'un qui est en train de mourir.
04:58 On s'épuie soi-même.
04:59 J'ai regretté de ne pas avoir été informée
05:02 par mon employeur du congé Prochedon.
05:04 -J'allais vous poser la question.
05:06 -Je l'ai découvert par moi-même,
05:09 et bien trop tard, quand ma mère est entrée en soins palliatifs.
05:13 On vous explique que c'est fini,
05:14 et que ça peut être fini d'une minute à l'autre.
05:17 Ca a duré 30 jours, c'est extrêmement long.
05:20 On a un rapport au temps qui est bouleversé.
05:23 -Tout en continuant à avoir une activité professionnelle.
05:26 -C'est à ce moment-là que...
05:28 -C'est plus possible.
05:29 -Pour moi. Je connais des personnes
05:31 qui ont continué.
05:32 J'avais la distance géographique entre Paris et Montpellier,
05:36 donc il y avait déjà aussi choisir où on voulait être.
05:39 C'est un déchirement aussi,
05:41 parce que j'étais avec ma mère, mais pas avec mes enfants.
05:44 -Culpabilité d'un côté.
05:46 -J'ai pas fait la rentrée en crèche de ma fille.
05:48 Ca s'est passé pendant cette période-là.
05:51 Et je me suis écroulée, parce que c'est trop difficile.
05:54 Il y a beaucoup de choses qu'on peut pas imaginer,
05:57 mais c'est comme si on était sur un ring de boxe
06:00 et qu'on se prenait des coups dans la figure.
06:02 Et à un moment donné, on est un peu KO.
06:04 -Clara, merci pour ce témoignage à coeur ouvert.
06:07 On va organiser une table ronde.
06:09 Peut-être qu'à travers une émission de télévision,
06:12 un partage d'expérience pour ceux qui nous regardent
06:15 et peut-être interpeller les entreprises
06:18 et les pouvoirs publics sur l'accompagnement
06:21 avant et après le décès.
06:22 Merci d'être venue nous parler de ce sujet,
06:25 je le sais, qui vous tient éminemment à coeur.
06:27 Vous êtes la CEO de MTH Coaching.
06:29 Merci de nous avoir rendu visite.
06:32 Notre émission est terminée. Merci de l'avoir suivie.
06:35 Merci à vous, merci de votre fidélité.
06:37 Merci à toute l'équipe.
06:39 A la réalisation, je remercie notre ami réalisateur.
06:42 Je remercie Maxime, au son.
06:43 Je remercie notre équipe de programmation,
06:46 Nicolas Juchat et Alexis.
06:49 Et encore merci à notre ami réalisateur.
06:51 Bonne journée à tous et je vous dis à très bientôt.
06:54 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
06:57 ♪ ♪ ♪

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