Lundi 15 mai 2023, SMART JOB reçoit Coralie Rachet (Managing Director, Walters People et Robert Walters France)
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00:12 Bien dans son job, la semaine des 4 jours.
00:14 Alors on a eu une grosse séquence télétravail, on en a parlé pendant des mois et des mois.
00:18 Là, on est en train de basculer sur un autre sujet central, la semaine des 4 jours.
00:21 On en parle avec vous Coralie Rachet.
00:24 Bonjour, managing director cabinet Walters People et Robert Walters France.
00:28 Vous êtes un cabinet de recrutement, très connecté évidemment aux tendances.
00:33 Cette étude est très intéressante, c'est vous qui l'apportez d'ailleurs.
00:36 95% des salariés souhaitent ou souhaiteraient passer à la semaine des 4 jours.
00:42 Enfin c'est un chiffre colossal.
00:45 Sans surprise, sans surprise de notre côté, effectivement 95% c'est quasi l'unanimité des cadres
00:51 et des cadres et des non-cadres d'ailleurs, parce qu'on parle du cabinet Walters People
00:56 qui est spécialisé sur l'intérim expert, donc qui prend employés cadres et non-cadres.
01:02 Et ça vient traduire beaucoup de choses.
01:04 D'abord, qui questionne de quoi on parle quand on parle de semaine de 4 jours.
01:07 Est-ce qu'on parle de réduire 5 jours en 4 jours en termes de temps de travail ?
01:12 Est-ce qu'il y a une réduction de salaire ?
01:13 En tout cas, au travers de notre enquête, 76% des gens qui ont été sondés
01:19 expriment le fait qu'ils sont ok pour garder le même temps de travail réduit sur 4 jours.
01:24 Et pour 20% d'entre eux, de réduire leur rémunération.
01:27 Alors, il y a plusieurs sujets que vous soulevez.
01:29 Est-ce que ces 4 jours et la semaine des 32 heures qui a été un sujet politique
01:33 pendant une campagne présidentielle, est-ce que c'est une semaine de 4 jours en réduisant le salaire ?
01:36 Ça c'est des sujets.
01:37 Et puis il y a quand même l'idée chez ces collaborateurs, je trouve ça intéressant dans votre étude,
01:41 46% d'entre eux pourraient faire une croix sur les formations, 41% sur le télétravail.
01:47 C'est-à-dire qu'ils disent "Ok, je ne fais plus de télétravail, mais par contre vous me garantissez
01:51 ma semaine des 4 jours".
01:52 Ça c'est quand même assez intéressant aussi.
01:53 C'est un signal hyper fort en fait sur leur nouveau rapport au monde du travail dans les faits.
01:59 De dire qu'ils attendent beaucoup plus de flexibilité, beaucoup plus de sens, de temps libre
02:03 et qu'ils sont prêts à faire beaucoup d'efforts pour avoir plus de flexibilité.
02:07 Dans notre dernière enquête, on avait aussi ce chiffre qui disait que 84% des candidats
02:13 remettaient complètement en questionnement la place de la valeur travail.
02:18 Et l'IFOP d'ailleurs l'a placé en 4ème position pour la première fois.
02:21 Après, famille, amis, loisirs, donc ça en dit long sur leur envie de trouver cet équilibre.
02:26 On voit ce chiffre de 95%, vous dites sans surprise, mais en effet c'est un sujet dont s'en parle
02:30 le gouvernement, les syndicats, les RH, les cabinets de recrutement, parce que vous êtes
02:35 face à des clients qui vous disent "Quand même, comment je fais ?"
02:38 Parce que c'est ça votre réalité, vous avez quand même des cadres qui disent
02:41 "Si il n'y a pas de semaine des 4 jours, je ne vivais pas".
02:44 Puis vous êtes face à des clients qui vous disent "Mais nous c'est hors de question".
02:47 C'est aussi rigide que ça ?
02:50 Non, ce n'est pas aussi rigide et ce n'est pas encore aussi direct.
02:53 On a eu ce parallèle avec le télétravail à l'époque qui était peu exprimé,
02:56 aujourd'hui il y a quelque chose de complètement assumé.
02:58 La semaine des 4 jours reste une nouvelle tendance, reste une forme de réflexion
03:02 et d'initiative lancée pour contrer nos difficultés de recrutement.
03:07 On est sur un taux d'emploi exceptionnel, les entreprises ont toujours autant de mal
03:11 à recruter, à attirer, donc c'est une forme de réponse.
03:14 Dans les faits, on a des belles histoires, on en a d'autres plus compliquées
03:18 qui n'ont pas fonctionné en France.
03:20 On aime parler du cas anglais où il y a eu un test, j'allais dire quasi grandeur nature,
03:25 il est discuté, mais 61 entreprises de 1900 salariés qui ont fait l'expérience.
03:30 En Angleterre ?
03:31 En Angleterre.
03:32 Le panel est faible, mais c'est vrai que ça a très bien marché.
03:35 93% des entreprises ont continué, donc ça questionne.
03:38 Il y a des vertus, après il y a aussi beaucoup de limites et de questionnements.
03:41 En tout cas, encore une fois, ça questionne l'envie des DRH et des dirigeants
03:45 de coller aux attentes des collaborateurs, de leur donner plus de flexibilité,
03:48 de travailler leur image marque employeur et de faire la différence entre plusieurs employeurs
03:53 parce que c'est ça le débat aujourd'hui.
03:55 Les candidats ont le choix.
03:56 C'est la course folle à la réduction du nombre de jours travaillés
03:59 qui a commencé évidemment par le télétravail, qui ouvrait la porte.
04:02 Je trouve intéressant dans votre étude, parce que ça permet d'affiner un tout petit peu
04:06 les raisons qui justifient cette semaine des 4 jours.
04:08 Et on y voit en tête un temps qualitatif avec la famille ou les amis,
04:13 à presque égalité avec 74% le loisir et les hobbies.
04:17 C'est-à-dire qu'on considère aujourd'hui que le loisir fait partie intégrante de notre vie.
04:21 Et puis ensuite, il y a des projets en freelance-association,
04:24 des gens qui s'engagent peut-être pour de l'associatif social
04:28 ou cours de développement personnel à 20% seulement.
04:31 C'est-à-dire l'idée qu'on se forme soi-même sur des choses que l'on aime.
04:34 Ça dit quand même deux choses importantes de notre société.
04:37 La famille, qui revient au centre, et les loisirs.
04:40 Ça c'est très intéressant.
04:42 Il y a 30 ans, on travaillait 39 heures à l'époque, même 40.
04:47 On ne se posait pas la question, le loisir c'était ce qui restait.
04:51 Là, le loisir est entré de plein pied dans notre vie.
04:54 Et assumé. Encore une fois, je pense que c'était peu assumé.
04:56 On imaginait peu que ce soit possible.
04:58 Et ça vient questionner aussi tous les modes de collaboration.
05:01 On parle de CDI, mais pour travailler sur le sujet de l'intérim expert,
05:05 ça attire aussi beaucoup.
05:07 Dans notre panel, on s'est rendu compte que ceux qui répondaient
05:09 de manière plus positive sur ces attentes de flexibilité,
05:11 étaient d'une part les femmes, et d'autre part les jeunes de moins de 30 ans,
05:15 qui souhaitent, typiquement on avait un contrat d'intérim récemment,
05:18 où le candidat nous disait "je veux, ok pour ce contrat,
05:20 mais fin septembre je suis libre, fin septembre je me fais un voyage de deux mois".
05:23 Ou j'ai un autre projet en parallèle, mais avec une volonté de pouvoir
05:27 adapter à ces moments de vie, à ces passions, à ces hobbies, à ces quêtes de sens.
05:31 Mais Coralie Rachet, vous qui avez un regard très panoramique sur le marché de l'emploi,
05:35 on comprend que les salariés et les cadres ont un peu la main.
05:38 Vous nous l'avez dit, il y a une pénurie de main d'oeuvre, ils ont la main.
05:41 Est-ce que vous y voyez un jour un retournement,
05:43 ou est-ce qu'on est dans une tendance très longue qui fait qu'on va rester dans ce phénomène ?
05:46 Je pense qu'il y a beaucoup de décideurs, de patrons.
05:49 On avait la candidate du Medef, Dominique Carla,
05:51 qui était un peu hésitante, le Medef est un peu hésitant sur la semaine des 4 jours.
05:55 Est-ce qu'il y a un renversement du marché ou pas ?
05:58 Non, pas de renversement du marché.
06:00 Les pénuries de compétences sont là.
06:02 Structurellement, on va continuer à avoir des tensions.
06:05 Encore une fois, est-ce que la semaine de 4 jours est le mode le plus adapté ?
06:09 Je pense qu'il y a une phase de thèse, d'expérimentation.
06:11 Beaucoup discutent ce point, parce qu'on a beaucoup insisté avec l'expérience du télétravail,
06:16 avec une forme un peu de retour, de volonté, à ce qu'on recrée du lien social.
06:20 C'est que ces formes de réduction de temps de travail,
06:23 et qu'est-ce que ça veut dire 4 jours ?
06:24 Ça veut dire que pendant 2-3 jours, il y a du télétravail en parallèle.
06:27 Comment on crée ce lien social, cette intelligence collective, ce plaisir à se rencontrer ?
06:31 On parle beaucoup d'efficacité, mais attention à ce que l'entreprise reste un village social
06:37 ou dans lequel on a aussi plaisir et envie à venir.
06:39 Parce que ceux qui vont accepter le télétravail plus la semaine des 4 jours,
06:43 ce qui fait qu'ils voient un collaborateur une journée par semaine.
06:45 Ça peut être compliqué, et plus un autre sujet problématique qui peut être une forme de fracture sociale.
06:49 70% n'ont pas de télétravail.
06:51 Exactement.
06:52 Entre ceux qui pouvaient télétravailler et ceux qui ne peuvent pas,
06:54 ceux qui vont avoir le droit aux semaines de 4 jours, ceux qui ne peuvent pas.
06:57 Dans l'enquête, les collaborateurs expliquent qu'à 66% sont conscients que beaucoup de secteurs ne pourront pas,
07:03 beaucoup de métiers ne pourront pas.
07:05 D'ailleurs, c'est peut-être la solution, disent les syndicats, j'ai lu un papier dans Le Monde,
07:08 la semaine des 4 jours peut être la solution pour répondre aux salariés de première ligne qui sont postés.
07:13 Et qui disent "mais moi je ne suis pas col blanc, je suis obligé de me poster devant une machine,
07:16 devant un rayon de supermarché".
07:18 Il en évoque l'idée que cette solution pourrait permettre d'équilibrer les choses.
07:22 Encore une fois, c'est une solution qui peut être intéressante.
07:25 Il faut que l'entreprise soit mature, soit préparée, et l'accompagnement qui va bien.
07:30 Certains sont accompagnés d'experts en neurosciences pour faire, c'est une grande et lourde transformation.
07:35 Et attention, j'allais dire, à ces entreprises qui veulent s'emparer trop rapidement de ce sujet,
07:39 de manière un peu trop marketing, sur lequel on peut avoir des gros risques.
07:43 On a le droit à la déconnexion, donc attention d'être sûr que le cinquième jour n'est pas connecté,
07:49 qu'on n'ait pas un stress énorme qui vienne créer une surcharge mentale et des dégâts sociaux.
07:54 Et la surcharge des 4 jours, tout en 35 heures en 4 jours, ce n'est pas 35 heures en 5 jours.
07:58 Donc la solution n'est pas encore parfaite, même si à titre individuel, évidemment, elle séduit.
08:03 Un mot quand même, lisez cette étude, évidemment, Robert Walters, qui est très détaillée,
08:06 qui permet d'avoir une photographie avec des chiffres assez incroyables.
08:09 Et quand même, pour conclure, les salariés, vous les appelez les professionnels,
08:12 souhaitent pouvoir définir eux-mêmes la journée off.
08:15 Ça, c'est stratégique, parce que souvent l'employeur vous dit "ça sera le lundi ou le vendredi"
08:19 et 35% disent d'ailleurs qu'en cours d'année, ils veulent aussi avoir le droit.
08:26 Ça va se tendre avec les dérachats.
08:29 C'est la flexibilité. C'est vrai que certains nombres d'entreprises sur cette semaine de 4 jours,
08:35 l'ont fait aussi pour des économies d'énergie, donc qui n'est pas du tout compatible en disant
08:39 "un lundi, un vendredi, on s'organise tous".
08:41 Encore une fois, c'est le mot d'ordre, c'est flexibilité, c'est adaptabilité,
08:46 c'est personnaliser les solutions. En tout cas, rien de généralisé pour l'instant.
08:50 Mais beaucoup d'efforts de fait pour séduire les candidats, les attirer et les engager.
08:55 Et votre équipe Coralie Rachet s'adapte chez Robert Walters, forcément,
08:58 parce que c'est quelque chose qui est en plein mouvement
09:01 et forcément les cabinets de recrutement, les chasseurs de tête sont obligés de s'adapter.
09:04 Merci d'être venu nous éclairer avec cette étude.
09:07 Managing Director chez Robert Walters, cabinet Walters People et Robert Walters France pour être complet.
09:14 Le droit, je sais que le droit ça vous intéresse Coralie, on va s'intéresser aux ruptures conventionnelles.
09:18 C'est entré dans les mœurs la rupture conventionnelle, on se sépare,
09:22 on rompt avec son employeur à travers un contrat.
09:25 On vous explique tout, tout de suite dans Smart et Réglo.