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Lundi 24 avril 2023, SMART IMPACT reçoit Bertrand Alessandrini (Directeur général, Fondation Open-C)

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00:00 Bonjour Bertrand Alessandrini, bienvenue.
00:08 Bonjour.
00:09 Vous êtes donc le directeur général de cette fondation OpenSea, toute jeune fondation.
00:13 La création a été officialisée il y a un mois.
00:16 C'est quoi OpenSea ?
00:17 OpenSea, alors d'abord c'est une fondation qui vient d'être créée et c'est un centre
00:23 d'essais, de tests pour les dispositifs d'énergie marine renouvelable et au premier rang des
00:28quels les éoliennes, les éoliennes offshore, les éoliennes flottantes.
00:31 Et nous ce qu'on met à disposition c'est des portions de mer connectées au réseau
00:36 électrique, instrumentées, de façon à venir tester les premiers prototypes, les prototypes
00:42 les plus innovants.
00:43 Un petit peu si on veut faire une comparaison avec l'aéronautique, comme on ferait les
00:47 premiers vols d'un nouvel Airbus par exemple.
00:50 Nous on fait les premiers vols des éoliennes flottantes, on fait les premiers vols des
00:54 dispositifs qui vont faire de l'hydrogène en mer.
00:56 On fait les premiers vols des dispositifs qui vont récupérer l'électricité avec
01:00 l'énergie de la houle.
01:01 Voilà en gros notre activité.
01:02 Où et comment seront réalisés ces essais, quand vous dites des portions de mer ?
01:07 Ces portions de mer ce sont des concessions de l'Etat qui font quelques kilomètres carrés,
01:14 qui sont, on en a cinq au démarrage, mais on pourra en avoir plus, qui sont réparties
01:19 sur la façade maritime, les façades maritimes de l'Hexagone, en Atlantique et en Méditerranée,
01:26 en Bretagne, au large des pays de la Loire, également au large de Marseille.
01:31 Donc on a des zones qui sont dédiées, qui sont dédiées à ces expérimentations.
01:34 Qui étaient déjà équipées ou il a fallu les équiper pour créer le…
01:37 Non, il y en a certaines qui sont équipées, qui ont été équipées par d'autres acteurs,
01:42 par exemple EDF, par exemple l'école centrale de Nantes, qu'on vient regrouper dans cette
01:47 fondation qui va récupérer l'ensemble de ces actifs et puis on va créer, j'allais
01:52 dire ab initio, d'autres sites, par exemple le site au large de Marseille qui s'appelle
01:57 Mistral, qui a un nom, mais qui n'a aujourd'hui qu'un nom et une autorisation de l'État,
02:01 on va l'équiper de dispositifs pour venir faire ces tests.
02:04 Les équipements, quand même, pour fixer les idées, ça représente une vingtaine
02:10 de millions d'euros d'investissement.
02:11 Oui, quand même.
02:12 Ce n'est pas rien.
02:13 C'est quand même un investissement important.
02:15 Vous en avez cité quelques-unes, mais quel progrès vous cherchez à faire ? Vous parlez
02:20 je crois de dérisquer des projets ou des innovations.
02:25 Ça veut dire quoi ?
02:26 Il y a beaucoup de choses.
02:27 Par exemple, on parle beaucoup des impacts de ces dispositifs, en particulier les impacts
02:31 environnementaux, les impacts visuels, les impacts sur la faune, sur la flore, etc.
02:36 Nous, on va d'abord mesurer ces impacts, on va les publier, ça sera à la disposition
02:42 des chercheurs, à la disposition du grand public, et on va chercher à les minimiser.
02:46 Ça, c'est par exemple un premier enjeu.
02:48 Évidemment, un second enjeu, c'est que ces dispositifs, il va falloir les optimiser.
02:52 Les éoliennes, pour ne parler que des éoliennes, que l'on installera en 2035, en 2040, en
02:57 2050 au large des côtes françaises, ce ne sont pas celles qui existent aujourd'hui.
03:01 Elles seront plus efficaces.
03:02 Elles seront plus efficaces, le coût de l'électricité sera plus faible, et donc, on a besoin d'améliorer
03:09 la compétitivité de ces produits, de la même façon qu'une automobile d'aujourd'hui
03:15 ne s'était pas une automobile d'il y a 10 ans.
03:17 C'est exactement la même chose pour cette filière.
03:18 Est-ce qu'il y a des innovations dont on ne parle pas dans le grand public et qui sont
03:22 déjà dans vos tiroirs, dans les tuyaux ?
03:25 Des innovations, il y en a vraiment tous les jours parce qu'on est vraiment sur une filière
03:28 mondiale qui démarre.
03:30 Il y a des investissements au niveau mondial qui sont gigantesques.
03:33 Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que ce dispositif, il y a beaucoup de choses qu'on
03:38 ne voit pas parce que c'est sous-marin.
03:39 Par exemple, il y a beaucoup d'innovations sur les ancrages.
03:43 On ne les voit pas.
03:44 On a l'impression que l'éolienne est là, elle est au milieu de l'eau.
03:46 Mais en fait, comment on les ancre ? Comment sont conçues les fondations pour celles qui
03:50 sont posées ? Il y en a qui sont flottantes.
03:51 Donc, comment on les ancre ? Sur ce qu'on appelle les ombilico-électriques, c'est-à-dire
03:54 le câble électrique qui va relier l'éolienne au réseau terrestre.
04:00 Comment tout ça va résister aux conditions océaniques, aux vagues, aux courants ? Parce
04:04 que tout ça, ça va bouger.
04:05 Aujourd'hui, on ne sait pas concevoir d'une façon encore totalement suffisamment fiable,
04:10 par exemple, des câbles électriques.
04:11 Donc, beaucoup d'innovations qu'on ne voit pas.
04:13 De l'innovation sur les turbines elles-mêmes, vraiment augmenter la puissance de ces turbines.
04:18 On est parti de quelques mégawatts, 2-3 mégawatts pour les éoliennes d'il y a quelques années.
04:25 On va dépasser les 20 mégawatts dans 10 ans.
04:28 Donc, derrière, il y a des innovations extrêmement fortes.
04:32 Vous portez, je crois, ce projet depuis 3 ans, c'est ça ? Au moins.
04:36 Pourquoi les enthousiasmants ? Faites-nous partager finalement votre engagement dans ce
04:41 projet.
04:42 On a travaillé sur ce sujet-là, c'est-à-dire celui de l'expérimentation en mer et celui
04:45 des sites d'essais.
04:46 On travaille, j'allais dire, collectivement avec un certain nombre de collègues depuis
04:51 une quinzaine d'années.
04:52 Et on a vu arriver cet événement de l'éolien offshore.
04:55 On a vu arriver cet événement des énergies marines renouvelables.
04:58 Et on a travaillé dans un premier temps séparément, tout en se connaissant, tout en partageant
05:03 notre expérience.
05:04 Et donc, moi, je suis ici de l'école centrale de Nantes.
05:07 Je travaillais au large du Croisic.
05:08 On avait des collègues qui travaillaient au large de Paimpol-Bréa, des collègues qui
05:11 travaillaient au large de Marseille, comme je l'ai dit.
05:14 Et effectivement, il y a trois ans, en septembre 2020 exactement, peut-être que le Covid a
05:19 joué dans cette initiative.
05:21 On s'est dit bon là, c'est le bon moment.
05:22 Il faut qu'on monte en puissance.
05:24 On a de quoi créer un centre d'essais visible dans le monde en fait.
05:29 Mais il faut qu'on rassemble nos forces, il faut qu'on rassemble nos sites.
05:32 Il faut qu'on se mette en cohérence.
05:34 C'est plus un partenariat puisqu'on regroupe dans une forme juridique.
05:38 Public-privé d'ailleurs.
05:39 Il y a des acteurs des deux.
05:41 Il y a des régions, il y a des grands acteurs économiques.
05:45 Évidemment, le financement de tout ça, il est important.
05:50 Ça représente à peu près 500 millions d'euros de projets dans les dix prochaines années.
05:55 Un demi milliard, ce n'est pas rien.
05:57 Il y a des fonds publics et il y a des fonds privés.
06:00 Les fonds publics proviennent de l'Europe, proviennent de l'État, France 2030.
06:04 Ils proviennent évidemment des régions qui sont concernées sur les territoires sur
06:08 lesquels il y a les sites d'essai.
06:11 Et puis, ils proviennent évidemment des industriels, en particulier ceux qui soutiennent ce projet
06:15 de fondation et également ceux qui vont tester leur prototype.
06:20 Ce sont des grands groupes énergétiques par exemple ?
06:21 Il y a des grands énergéticiens.
06:22 On retrouve Total Énergie, on retrouve EDF, on retrouve RTE et puis on retrouve des ETI
06:28 aussi comme Valéco ou Valorem qui ont démarré dans l'éolien terrestre par exemple et qui
06:32 aujourd'hui ont également rejoint ce projet.
06:35 On retrouve aussi un organisme de recherche comme l'IFREMER, un institut de recherche
06:40 comme France Énergie Marine, puis des universités.
06:44 Tout ça, ça va vivre.
06:45 On démarre aujourd'hui, ça va s'accroître.
06:47 On va accroître le nombre de partenaires, le nombre de fondateurs.
06:49 J'ai vu qu'il y avait aussi eu des associations de défense de l'environnement représentées
06:56 au conseil d'administration.
06:57 Oui, on est une fondation.
06:58 Je me suis dit, c'est super et en même temps, comment ça va cohabiter avec les grands énergéticiens
07:02 ?
07:03 C'est l'idée initiale.
07:04 L'idée initiale, c'était bien de créer une infrastructure dite de recherche qui va
07:08 partager ses résultats avec le public, avec les chercheurs et donc ne surtout pas être
07:14 piloté, justement on a parlé des grands énergéticiens, de ne surtout pas être piloté
07:18 par Total, par EDF ou par même un consortium industriel.
07:21 Dans le conseil d'administration, ces fondateurs ont accepté d'être minoritaires.
07:26 On a un conseil d'administration 23 membres.
07:29 Il représente 7 voix sur les 23 et à côté d'eux, on va retrouver des chercheurs, on
07:36 va retrouver des territoires et des régions, on va retrouver des associations de défense
07:41 de l'environnement, on va retrouver les pêcheurs, on va retrouver tout ce monde-là.
07:45 On va retrouver quelques débats, on va dire, engagés.
07:47 Voilà, les discussions.
07:48 Alors, on n'a eu qu'un premier conseil d'administration qui s'est bien passé,
07:52 mais sur peut-être certains sujets, effectivement, il y aura des débats animés et c'est bien
07:56 comme ça qu'on a voulu construire ce projet.
07:58 La France, vous les avez cités, plusieurs façades maritimes et pourtant, je vais rester
08:04 sur l'éolien offshore, on est quand même encore, même si ça accélère, très en
08:07 retard sur l'éolien offshore.
08:08 Comment vous l'expliquez ?
08:09 Je l'explique difficilement.
08:16 Je pense qu'on a cru tardivement à cette filière.
08:22 Ça, c'est la première chose.
08:24 Par contre, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on est au démarrage d'une filière mondiale.
08:29 Donc, dire qu'on est en retard au démarrage, ce n'est pas si simple.
08:33 Moi, je ne suis pas sûr, avec ma vision à moi, avec mon filtre, je ne suis pas sûr
08:39 qu'on soit si en retard que ça.
08:40 Encore une fois, quand on voit un objet éolien, on le voit de loin, on n'appréhende pas
08:46 sa taille, on n'appréhende pas la profondeur d'eau dans laquelle il s'inscrit, on n'appréhende
08:52 pas toute la technologie qu'il peut y avoir derrière.
08:54 Les Britanniques, les Néerlandais, ils ont déjà des parcs éoliens offshore importants
08:59 quand même.
09:00 Oui, ils ont des parcs qu'ils ont installés d'abord avec des éoliennes de relativement
09:06 petite puissance et qu'ils ont installés dans des profondeurs faibles.
09:09 Aujourd'hui, il y a des vrais enjeux à aller plus loin.
09:11 Par exemple, en Chine, ils travaillent sur des parcs qui vont être à plusieurs dizaines
09:14 voire plusieurs centaines de kilomètres de la côte.
09:16 Ce ne sont pas du tout les mêmes technologies, même si on a l'impression de voir le même
09:19 objet.
09:20 En France, avec les acteurs que vous avez cités, mais aussi parce qu'on est un territoire
09:23 maritime, on a une industrie offshore, en particulier offshore pétrolier, qui a l'habitude
09:28 de se projeter en mer.
09:30 Et parce que dans les cartons des ingénieries, il y a des projets très innovants, je pense
09:36 qu'il va falloir transformer les choses.
09:38 On fait partie des acteurs qui vont participer à cette transformation.
09:43 Mais on a tous les ingrédients pour être un leader en Europe sur cette question des
09:48 énergies marines renouvelables et plus particulièrement de l'éolien flottant.
09:51 Merci beaucoup Bertrand Alessandrini.
09:53 C'était passionnant.
09:54 Bon vent à OpenSea.
09:56 On passe à notre débat Innovation et agriculture durable au programme.

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