“Ce bar-là, il parle, il cause. On voit bien que c’est un peu la mémoire du passé.” Yvonne est un personnage haut en couleur. À 89 ans, elle vit encore dans le bistrot qu’elle tient de sa mère. Passionnée de philosophie, de lecture et de méditation : elle ne s’arrête jamais !
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00:00 Plus vous avez de la joie et du bonheur à donner, vous êtes magnétique
00:03 et vous vous attirez à vous toutes les bonnes choses de la vie.
00:06 C'est une fréquence au fond.
00:08 Il y a plein de pensées qui vont venir.
00:10 Ah oui, il y a un truc dont la date de péremption a passé, j'aurais dû le cuire hier.
00:13 Et un tas de trucs comme ça.
00:15 C'est comme des mouches mais vous ne luttez pas.
00:17 Voilà, vous revenez dans votre souffle.
00:19 Je fais aussi du yoga de l'œil, mignon.
00:22 Je fais du yoga de l'œil mais ce sera pour une autre fois.
00:24 Je m'appelle Yvonne
00:28 et je suis plus connue sur le nom de mon lapin bleu.
00:31 J'ai 89 ans, donc je suis un peu un sourire au bord de la route.
00:35 Et je vous dis bienvenue dans mon bar.
00:38 Je vais vous servir un petit porto.
00:40 J'ai même un lapin qui fait de la musique.
00:42 Regardez, on pèse sur son ventre.
00:44 Viens, Poupoule, viens, Poupoule, viens.
00:48 Boire un petit porto chez Yvonne Salin.
00:51 Viens, Poupoule, viens, Poupoule, viens.
00:53 Boire un petit porto chez le lapin bleu Salin.
00:57 Moi, mon nom, c'est Salin.
00:59 Alors, ma petite Poupoule ?
01:01 - Yermat ? - Yermat.
01:03 Là, il y a du whisky, il y a du scotch,
01:08 mais les coffrets sont vides.
01:10 Parce qu'au fond, c'est pour la frime.
01:12 Parce que le jour où il n'y a plus de coffret, on va dire,
01:14 tiens, Yvonne, elle dépose son bilan.
01:16 Moi, je ne peux que offrir, vous comprenez ?
01:18 Je ne suis pas dans la vente.
01:20 Je ne suis plus inscrite au registre du commerce.
01:23 - Elles ont 96 ans, ces chaises-là.
01:25 98, même.
01:27 Et que nous, ça, c'est la sueur des paysans.
01:30 Vous savez, quand ils s'appuyaient avant qu'il y ait des tracteurs,
01:33 ils étaient en sueur, souvent, quand ils venaient jouer aux cartes, ici.
01:35 Ça a même décoloré les chaises, Myonne.
01:37 Vous vous rendez compte ?
01:38 Ce bar-là, il parle, il cause.
01:40 On voit bien que c'est un peu la mémoire du passé, quoi, Myonne.
01:43 Parce que moi, si ma mère n'avait pas ouvert ce bar,
01:46 que voulez-vous que j'aurais jamais été ?
01:48 Au fond, je suis venue ici uniquement pour qu'elle n'aille pas dans une maison de retraite, Myonne.
01:53 Le premier qui viendra là, je ne sais pas...
02:09 Vous attendez, ça va ?
02:11 Vous êtes venus voir le lapin bleu, mais c'est très bien.
02:13 La disponibilité dans l'accueil d'être là,
02:15 bien sûr qu'on a plus de disponibilité à 89 ans qu'à 30 ans,
02:19 quand on est en plein boum, qu'on est en plein boulot.
02:21 Chacun est un petit cadeau au bord de la route.
02:24 Et quand vous vous levez tous les matins,
02:26 ma chère âme, quelqu'un attend votre sourire,
02:29 votre écoute, ou bien vous lui touchez son bras.
02:32 Plus vous avez de la joie et du bonheur à donner,
02:34 vous êtes magnétiques, et vous vous attirez à vous
02:36 toutes les bonnes choses de la vie.
02:38 C'est une fréquence, au fond.
02:40 C'est une fréquence, c'est une fréquence.
02:42 Plus vous avez de la joie et du bonheur à donner,
02:45 vous êtes magnétiques, et vous vous attirez
02:47 à toutes les bonnes choses de la vie.
02:49 C'est une fréquence, au fond.
02:51 Vous venez chez moi quand vous voulez,
02:53 moi je suis disponible.
02:55 J'ai même un fixe dans mon lit,
02:57 pour me téléphoner par exemple à 5h du matin,
02:59 je réponds.
03:01 J'ai un téléphone à côté de mon traversin.
03:03 Voilà, petit lapin.
03:05 A demain, petit lapin.
03:07 - D'accord, à demain.
03:09 - Merci !
03:11 ...
03:17 - Le monde de religion.
03:19 La quête d'une spiritualité sans Dieu.
03:21 Les textes fondamentaux.
03:23 André Constanville en philosophe
03:25 pour sauver sa peau.
03:27 Là, il y a aussi Marc Orel.
03:29 Il y a Messieurs Montaigne.
03:31 Il y a Arthur Chopin.
03:33 Il y a tous les grands philosophes.
03:35 - D'où ça vous vient, cet amour de la philosophie ?
03:37 - Cet amour de l'autre, toujours, mignon.
03:39 Savoir qu'est-ce que je fais ici,
03:41 sur la planète.
03:43 Vous savez, allez vers les cibles.
03:45 Vous prenez Socrate, vous prenez Aristote,
03:47 vous prenez Platon,
03:49 mais ils parlent comme le Nazaréen, mignon.
03:51 Et si j'avais travaillé autant que ma sœur,
03:53 j'aurais pas eu le temps de lire.
03:55 Tout ce dont je vous parle,
03:57 j'allais pas raconter ça à mes joueurs de cartes,
03:59 sinon ils se seraient planqués,
04:01 ils auraient foutu le camp.
04:03 Non, non, mais il y a un public pour tout.
04:05 (musique)
04:07 C'est des exercices d'assouplissement,
04:13 tous les jours.
04:15 Je fais ça pas après un bon repas.
04:17 Je le fais à jeun.
04:19 Et là, venez voir, je vais vous montrer quelque chose.
04:21 Ça, c'est mon petit Bouddha.
04:23 Sa tête est aussi large que ses fesses.
04:25 Vous n'avez pas vu comme il est mignon ?
04:27 (musique)
04:29 Et je ferme les yeux
04:33 et j'essaye de me déconnecter
04:35 parce que vous savez, il y a plein de pensées
04:37 qui vont venir, ah oui, il y a un truc
04:39 dont la date de péremption a passé, j'aurais dû le cuire hier,
04:41 et un tas de trucs comme ça.
04:43 C'est comme des mouches, mais vous ne luttez pas.
04:45 Voilà, vous revenez dans votre souffle.
04:47 Je dis pas que je suis bavarde,
04:49 mais j'ai un besoin de parler, je parle beaucoup.
04:51 Non, des gens comme moi ont besoin de silence.
04:53 (musique)
04:57 (musique)
04:59 Un jour, je vous expliquerai,
05:05 je fais aussi du yoga de l'œil mignon.
05:07 Je fais du yoga de l'œil, mais ce sera pour une autre fois.
05:09 Thich Nhat Hanh,
05:13 qui est un bouddhiste, il dit
05:15 la méditation, c'est très bien,
05:17 mais après la serpillière et la vaisselle,
05:19 parce que le travail a autant d'importance
05:21 que la méditation, mignon.
05:23 Et ici ?
05:25 Oh là là, ça c'est pas mal non plus.
05:27 Non, non, mais ne pleurez pas sur les morts,
05:29 ce ne sont que des cages
05:31 dont les oiseaux sont partis.
05:33 Voilà, même là, vous savez,
05:35 s'aimer soi-même, c'est l'assurance d'une longue histoire d'amour.
05:37 Oscar Wilde.
05:39 J'ai dépassé 85 ans,
05:41 je commence à m'amuser sur notre belle planète bleue
05:43 où l'on ne fait que passer.
05:45 Je ne vais pas regarder mon nombril toute la journée,
05:47 s'intéresser aux autres,
05:49 c'est savoir qu'on existe.
05:51 Oh, j'écris tout le temps, moi j'écris tout le temps.
05:53 Tiens, voilà, Amoyon,
05:55 je programme mon logiciel mental
05:57 sur le mot bonheur.
05:59 Le bonheur est contagieux.
06:01 Donner de la joie, le monde est triste.
06:03 L'âme remplie de joie s'attire
06:05 toutes les bonnes choses du monde.
06:07 Quand vous aurez trouvé le trésor qui dort en vous,
06:09 vous serez la femme la plus heureuse du monde,
06:11 pour moi, pour moi.
06:13 Il n'y a que chez Yvonne
06:19 qu'on pratique l'étreinte comme fait Hama en Inde.
06:21 À tous les gens, je fais l'étreinte.
06:23 Comme je vous ferai tout à l'heure.
06:25 J'ai eu autrefois un petit voisin
06:27 qui disait "Oh, Yvonne, elle embrasse beaucoup trop".
06:29 Eh bien, je lui dis "Je suis une femme de petite vertu,
06:31 en voilà une belle jambe".
06:33 On dit "Yvonne Cajole, Yvonne Console, on ne peut pas faire ça".
06:35 À 18 ans, on va dire "Ca, c'est une allumeuse au bord de la route, mon vieux".
06:37 Mais quand on a 89 ans,
06:39 ben on peut y aller.
06:41 Sous-titrage Société Radio-Canada
06:43 [Générique de fin]
06:45 Merci.