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Mercredi 10 mai 2023, SMART IMPACT reçoit Lucile Dauger (Product Manager Agri-Transition, Axa Climate) et Gilles Baraize (Directeur, FNPFruits)

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00:00 (Générique)
00:06 On vous dévoile tout de suite les résultats d'une étude sur les effets du réchauffement climatique sur la production de fruits en France avec Lucille Dauger.
00:15 Bonjour. Bienvenue. Vous êtes Agri-Product Manager chez AXA Climate. A vos côtés, Gilles Barrez. Bonjour.
00:20 Bonjour.
00:21 Directeur de la Fédération nationale des producteurs de fruits. Ça représente avec quelques chiffres combien d'exploitants ? Quel chiffre d'affaires ?
00:28 Aujourd'hui, on est à peu plus de 90 000 producteurs de fruits, tout confondu, sur un chiffre d'affaires moyen de 3 milliards d'euros, ce qui correspond à 10 herbes à 380.
00:42 C'est effectivement un secteur qui pèse. Et en production, on est sur en moyenne 3,5 millions de tonnes par an de fruits.
00:49 C'est toujours à peu près les mêmes niveaux ?
00:52 Oui. Bon an, mal an. Alors, on a quand même une tendance un peu baissière, notamment liée à la difficulté, liée à la consommation des fruits et des légumes en France,
01:02 qui est une tendance un peu en baisse. Et du coup, forcément, par ricochet, la production baisse un petit peu.
01:08 Et donc, vous cherchez évidemment à anticiper sur les résultats du réchauffement climatique, notamment grâce à cette étude que vous avez menée chez AXA Climate.
01:17 Et aussi le 2G. Peut-être le constat pour commencer. On est sur une trajectoire minimale de +1,5 degré d'ici 2030.
01:25 Quelles conséquences en termes de vagues de chaleur, de sécheresse, ça veut dire quoi ?
01:29 Concrètement, donc chez AXA Climate, on est une filiale du groupe AXA. On a travaillé avec des missions d'assurance, notamment d'assurance paramétrique, de formation et de conseil.
01:38 Et dans le cadre de ces missions de conseil, on va projeter les risques climatiques, dans le cadre de cette étude, pour les filières de fruits et légumes.
01:45 Donc, ce qui va être important de comprendre, et pour ça, on a fait travailler nos scientifiques à une maille très locale,
01:50 c'est que la valeur, les moyens nationals, et notamment en agriculture, ne veulent pas dire grand-chose.
01:59 Ça va être vraiment l'étude locale qui va faire parler.
02:02 Oui, d'une région à l'autre, d'une production de fruits à l'autre, évidemment.
02:04 Exactement. Donc, 1,5 degré dans une maille française, c'est assez vaste.
02:13 Et en gardant région par région, on va commencer à travailler sur des impacts très particuliers et avec une vraie vulnérabilité par filière.
02:19 Donc, c'est plus de vagues de chaleur et c'est plus de chaises-reize si on résume, si on synthétise.
02:24 Exactement. Il va faire plus chaud, plus de vagues de chaleur, moins d'eau, principalement.
02:28 Donc, c'est principalement le stress hydrique qui va jouer un rôle déterminant pour la production de fruits.
02:33 Si on rentre un peu dans le détail, par exemple, aux interrompes de cette étude, effectivement, il y a eu un maillage territorial.
02:40 Dans combien de départements, combien de cultures fruitières ont été étudiées, en quelque sorte ?
02:44 On a travaillé sur 16 productions fruitières dans toute la France et sur 25 départements français pour pouvoir avoir une maille d'analyse très fine.
02:52 Qu'est-ce que vous en attendez, vous, d'une étude comme celle-là ?
02:55 Beaucoup de choses. Beaucoup de choses.
02:58 L'idée, c'est effectivement de pouvoir conforter un ressenti qu'on a tous, évidemment, concernant le climat,
03:05 et surtout pouvoir anticiper, évidemment, à court, moyen et potentiellement long terme.
03:11 Pourquoi ? Déjà, peut-être aussi pour s'adapter.
03:14 C'est-à-dire qu'effectivement, cette étude a la provocation de renforcer notre adaptation au changement climatique,
03:19 puisque, évidemment, des épisodes de sécheresse, des épisodes de gel récurrents ou plus forts peuvent avoir un impact économique.
03:27 Et donc, effectivement, ça vient nous conforter et nous dire vers quelle direction aller pour s'adapter.
03:32 Alors, quels sont les premiers résultats de cette étude ?
03:35 Concrètement, notre étude, elle nous permet de quantifier un risque climatique
03:38 pour pouvoir donner aux agriculteurs les armes pour anticiper une adaptation.
03:42 Et le résultat, ça va être de pouvoir choisir parmi des solutions d'adaptation,
03:47 notamment choisir des... essayer de penser une adaptation de façon plus systémique,
03:52 permettre à un agriculteur de choisir entre un changement de variété, par exemple,
03:57 ou une solution d'irrigation plus performante qui va permettre d'optimiser,
04:01 de pouvoir lutter contre l'augmentation du stress hydrique qui l'attend dans les prochaines années.
04:06 Ou encore, éventuellement, si on se trouve dans une impasse sur certaines cultures, pourquoi pas tester d'autres cultures.
04:11 Alors, la température moyenne, elle devrait augmenter, selon les résultats de cette étude, d'1,2 degré, c'est ça, d'ici 2030.
04:20 Ça veut dire quoi ? Par exemple, le stress thermique de l'été.
04:24 L'été précédent a été un été de sécheresse et de forte chaleur. Je ne sais pas encore ce que donnera celui-là, mais qu'est-ce que ça signifie pour les productions de fruits ?
04:32 Explicement, 1,2 degré, c'est tout au long de l'année.
04:35 Mais le réchauffement, ce qu'on observe, c'est qu'il va être très différent en été et en hiver.
04:39 Il va être plus fort en été, jusqu'à 1,9 degré, notamment dans les bouches du Rhône.
04:43 Et ça, ça va être très important, notamment pour les productions de fruits,
04:46 parce que c'est le moment où les fruits sont sur l'arbre.
04:48 Les fruits sont particulièrement sensibles au risque de grillure.
04:50 Ils vont être peut-être récoltés plus sucrés, ils vont moins bien se préserver.
04:53 Et ça, ça va avoir un impact qui va être déterminant pour les productions et pour la transformation par la suite.
04:57 Et en termes de bilan hydrique, qu'est-ce que cette étude annonce ?
05:01 Concrètement, le bilan hydrique, ça vient de deux choses.
05:04 Il va faire plus chaud, donc les arbres auront plus soif, vont plus consommer d'eau.
05:07 Et en même temps, en été, il y aura moins de précipitations, donc on aura moins d'eau à disposition.
05:12 Donc les agriculteurs doivent penser à stocker de l'eau ou l'utiliser de façon plus efficiente,
05:17 avec des systèmes d'irrigation comme l'irrigation goutte à goutte,
05:20 des systèmes enterrés qui vont permettre d'apporter aux arbres exactement ce dont ils ont besoin,
05:25 pas plus, pas moins, pour pouvoir permettre d'optimiser cette ressource en eau qui se fera de plus en plus rare.
05:30 Avec une diminution de 38% en moyenne selon cette étude d'ici 2030,
05:34 avec de fortes disparités géographiques, ça va quasiment jusqu'à -50%, -47% dans le Tarn.
05:40 Vous ensuite, vous prenez, on va continuer de donner quelques résultats,
05:44 vous diffusez ça évidemment département par département.
05:48 Ce sont des actions qui ont déjà été mises en place depuis plusieurs années.
05:52 Oui, effectivement, on n'a pas heureusement attendu pour commencer à s'adapter au changement climatique.
06:00 Comme ça a été dit, il y a déjà un travail scientifique sur les choix variétaux.
06:07 Aujourd'hui, est-ce qu'on peut continuer, par exemple sur une culture d'abricots,
06:12 de continuer sur des espèces qui ne sont pas "résilientes".
06:16 Effectivement, il faut travailler sur des variétés qui sont adaptées soit au coup de chaud ou au coup de froid.
06:22 Ça passe par là, on l'a dit, sur le bon dosage de l'eau,
06:27 peut-être aussi sur des cultures qui sont moins demandeuses en eau.
06:31 C'est tout un tas de sujets sur des filets, ce qu'on appelle "paragrèles",
06:34 qui viennent protéger les vergers des grêles, qui peuvent être de plus en plus importantes, etc.
06:41 Les filets ombragés, pour limiter le rayonnement,
06:44 on peut imaginer des panneaux photovoltaïques, j'en ai vu encore il n'y a pas longtemps,
06:48 dans le sud de la France, qui vont limiter le réchauffement de tous ces vergers.
06:53 Je le disais en titre, on parle dans cette étude d'un nombre de productions fruitières à risque
06:59 qui va doubler, passant de 22% à 45%.
07:02 L'abricot, typiquement, c'est une production fruitière à risque, elle est répertoriée comme telle aujourd'hui ?
07:07 Oui, tout à fait. Il y a un certain nombre, l'étude le montre, de variétés qui sont plus sensibles ou plus à risque.
07:13 On a aujourd'hui des cultures qui avaient un risque très faible, voire inexistant,
07:19 qui demain, en résidence en 2030, se retrouvent à risque.
07:23 L'abricot en fait partie, il est sensible au chaud, il a besoin d'eau,
07:29 il est plutôt situé dans un bassin de production du sud, pourtour bassin méditerranéen.
07:36 Donc effectivement, on le sait, c'est une région où les chaleurs sont plus importantes.
07:40 Donc voilà, effectivement, il y a des risques plus avérés pour certaines productions,
07:44 comme l'abricot, comme je pense à la pêche aussi.
07:47 Ça prend combien de temps de faire basculer ?
07:49 Parce que si on se met à la place d'exploitants, il dit "bon, je vais arrêter l'abricot".
07:55 Ok, très bien, mais combien de temps ça prend pour passer à autre chose,
07:58 pour faire rentrer quand même du chiffre d'affaires sur la culture fruitière qui va remplacer l'abricot ?
08:04 Alors ça dépend évidemment du produit, enfin entre guillemets de la culture.
08:10 Il y en a qui sont plus faciles que d'autres.
08:12 Je pense que le kiwi peut-être qui est effectivement plus difficile, plus facile.
08:15 Mais vous avez effectivement, quelque part c'est de l'arboriculture fruitaire,
08:19 donc ce sont des arbres, donc effectivement il faut penser à l'implantation,
08:22 le fait que, attendre que l'arbre pousse, commence à donner des fruits.
08:25 Donc on est sur quand même généralement 4-5 ans en moyenne pour que l'on retrouve quelque chose.
08:30 Ça peut être aussi effectivement l'adaptation à ces fameux, comme on disait, plans,
08:37 des plans qui sont effectivement adaptés à une poussée plus rapide.
08:41 Lucie de Daugé, cette étude, elle va jusqu'à conseiller le secteur,
08:45 justement pour trouver des cultures de remplacement, pour changer de pratique ?
08:49 Exactement, l'idée c'est de quantifier un risque pour pouvoir savoir ce à quoi on va s'attendre
08:53 et est-ce qu'il vaut mieux investir dans une solution d'irrigation plus performante,
08:56 changer de variété ou changer de culture carrément.
09:00 On parlait de l'abricot qui va être particulièrement à risque,
09:02 les poires ou les pommes par exemple dans la vallée de la Loire s'en sortiront mieux,
09:07 donc on va avoir une adaptation qui va porter plus sur un risque en particulier
09:13 plutôt que penser à un changement de système complet.
09:16 Petite question plus liée à l'actualité, on en parle souvent dans cette émission
09:21 sur le marché du bio, les difficultés du marché du bio.
09:25 Les producteurs qui ont fait le choix de passer au bio il y a quelques années,
09:29 ils le ressentent aujourd'hui, ils souffrent ?
09:31 Alors, ils souffrent mais aujourd'hui ils ne souffrent pas du changement climatique.
09:35 Ils souffrent de la baisse de la consommation.
09:37 Exactement, je pense typiquement à la pomme bio qui a un marché qui devrait être
09:43 deux fois supérieur à celui qu'il est actuellement en termes de consommation
09:46 et qui ne se retrouve pas économiquement.
09:50 La question est effectivement demain, comment on s'adapte là pour le coup à un marché
09:56 qui… est-ce qu'on en exporte davantage ? Est-ce qu'on demande aux citoyens
10:01 de consommer deux fois plus ? Est-ce que ceux qui consomment déjà
10:04 doivent eux consommer deux fois plus ? Voilà, c'est toutes ces problématiques.
10:07 Est-ce que ça veut dire que la tendance, parce qu'il y avait une tendance
10:10 à avoir la part du bio augmentée, elle est en train de s'inverser ?
10:14 Elle ne va pas en augmentant, effectivement.
10:17 Je n'ai pas l'impression en tout cas, parce qu'effectivement le bio peut être
10:21 plus complexe en termes d'itinéraire, ce qu'on appelle itinéraire technique.
10:25 Donc effectivement, j'ai envie de dire, les agriculteurs, les arboriculteurs
10:29 iront sur un marché si évidemment ils ont la certitude ou quasi-certitude
10:32 qu'il y a un vrai marché derrière et qu'ils en tireront un revenu.
10:38 Oui, ils puissent en vivre évidemment.
10:40 Pour terminer un peu moins d'une minute Lucile Dauger,
10:42 ces études elles sont menées pour d'autres secteurs,
10:44 pas seulement pour la production de fruits et légumes ?
10:46 Non, pas seulement sur l'agriculture, mais tous les secteurs sont concernés
10:48 par le changement climatique, le transport, le tourisme ou encore l'immobilier.
10:52 Pour vous donner quelques exemples, on a travaillé sur d'autres études,
10:55 notamment à Lacanau où le risque des montées des eaux entraînera un risque
11:01 pour plus de 1500 logements qui pourront être relocalisés.
11:05 Ou encore un exemple peut-être plus parlant qui va marquer ceux qui ont la chance
11:09 de partir au ski, où l'enneigement est aussi à risque dans les stations de ski françaises
11:12 et on projette que dans des stations comme Avoria en 2050,
11:16 il y a plus de 70% de l'enneigement qui sera à risque.
11:19 Donc c'est très concret, c'est des risques importants qu'il est nécessaire de quantifier
11:24 pour penser à l'adaptation de ces secteurs.
11:27 Merci beaucoup, merci à tous les deux et à bientôt sur Bsmart.
11:30 On passera à notre rubrique Smart Addis, une start-up en pleine lumière comme tous les jours.

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