Mardi 25 avril 2023, SMART ÉDUCATION reçoit Johanna Cohen (Directrice, Cours Anna) et Frédérique Cohen (Professeure de français et de théâtre)
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00:08 Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver dans Smart Education, votre magazine quotidien.
00:13 Vous le savez, consacré au nouveau métier, aux nouvelles pédagogies, le rendez-vous qui donne un futur à la jeune génération.
00:20 Comment bien se préparer aux oraux du bac et des concours sur le fond comme sur la forme ?
00:26 De nombreux lycéens manquent de préparation pour relever ce challenge. Pourtant, tous les ans, plusieurs échéances les attendent en mai et en juin.
00:33 Pour certains, c'est l'oral de français, d'autres des oraux de langue et bien sûr le grand oral.
00:37 C'est pour cela que notre invitée, ancienne professeure du cours Florent, leur propose une méthode bien particulière.
00:43 Johanna Cohen, directrice du cours ANA, est notre invitée. Bonjour.
00:47 Bonjour, bonjour. Merci déjà de nous recevoir avec ma maman.
00:51 Merci à vous d'être avec nous dans Smart Education. Justement, je présente votre maman, Frédérique Cohen, professeure de français et de théâtre, et qui travaille avec vous.
00:59 Bonjour. Absolument.
01:01 Bienvenue à toutes les deux dans cette émission. Ma première question, Johanna Cohen, est assez simple.
01:05 Comment vous êtes retrouvée justement à travailler ensemble avec votre maman ?
01:09 Comment on s'est retrouvée à travailler ensemble ? J'ai envie de vous dire que c'était quelque chose de naturel.
01:17 Moi, j'ai toujours aimé les lettres, la littérature, la poésie, puisque j'écris moi-même.
01:25 Donc, ça a coulé de source que je l'aide et ça fait dix ans qu'on travaille ensemble.
01:31 Pour le théâtre et aussi pour les coachings des oraux, parce qu'on s'est aperçu qu'il y avait un besoin énorme.
01:43 Comment vous avez fait ce lien puisque votre parcours en effet est plus lié au théâtre ?
01:47 C'est ce que disait Frédérique Cohen. Comment vous vous êtes dit à un moment, on peut lier cet aspect-là, il y a un intérêt du théâtre, pour l'éducation justement et pour l'exercice de l'oral.
01:59 Comment ça s'est venu ?
02:00 Alors, tout d'abord, le Khorana est une école des arts de la scène. On existe depuis dix ans et on accompagne les enfants, les adolescents et les adultes à cette prise de confiance en soi.
02:11 Donc, à travers des ateliers collectifs et on s'est dit un jour par rapport aussi à la demande de pouvoir avoir cette deuxième antenne à préparer les enfants et les ados surtout.
02:29 Tout ce qui est coaching sur la confiance en soi, sur cette prise de parole qui est difficile pour un jeune de 14 ans, 15 ans, qui commence aussi avec le brevet des collèges.
02:40 Ensuite, le bac français et c'était une évidence d'appeler ma maman pour les suivre, pour leur donner goût à ce texte et transmettre le goût du texte.
02:57 Le goût du texte. Pour quelle épreuve d'oral alors vous avez le plus de demandes ? Vous parliez des jeunes, des adolescents. Aujourd'hui, on fait appel à vous. Pourquoi ? Qui fait le plus appel à vous ?
03:07 Principalement pour tous ceux qui passent le bac français et le grand oral.
03:12 Depuis deux ans, le grand oral qui est une panique totale. Ils sont en panique totale avec un coefficient 10 ou 14. C'est énorme. Et aujourd'hui, pratiquement tout le monde a le bac.
03:22 Donc, ce qui fait la différence, c'est quoi ? C'est la mention. Donc, rater le grand oral, c'est rater la mention. Et rater une mention, ça ferme la porte aux grandes écoles.
03:31 Pourquoi selon vous, c'est synonyme d'autant d'angoisse un grand oral comme ça ? Alors, c'est vrai, historiquement, l'accent a été plutôt mis sur l'écrit à l'école plus que sur l'apprentissage de l'oral.
03:40 Aujourd'hui, ces jeunes, ils ne sont pas suffisamment formés. Ça, vraiment, vous le constatez ? Pas du tout ?
03:45 Ils ne savent pas vraiment parler. Je ne dis pas correctement, mais ils ont des tics de langage épouvantables. C'est-à-dire qu'on commence toutes ces phrases par "en fait". Du coup...
03:55 Ou alors, on peut finir toutes ces phrases par genre. Ça, c'est exceptionnel.
04:02 Donc, vous vous rendez compte, passer un oral de grande école en commençant toutes ces phrases par "alors du coup", vous comprenez ? "Alors du coup", "et donc", "et enfin". C'est pas possible.
04:10 Ça, c'est la première chose qu'on fait avec Joana.
04:12 C'est des tics de langage que vous arrivez à gommer, ça ?
04:15 On essaye. Mais je compte, je compte. Je mets les mains derrière le dos. Et puis, au bout d'un moment, je fais "c'est quoi, 8 ?". "Bah, 8, en 3 minutes, tu as dit "du coup".
04:23 Donc, ça va, on arrive quand même à les canaliser un petit peu, mais c'est pas facile.
04:29 Alors, pour qu'on comprenne bien, expliquez-nous à quoi ressemblent, comme ça on va bien comprendre ceux qui nous écoutent, à quoi ressemblent ces ateliers ?
04:34 Est-ce qu'il y a une partie plus sur la forme, plus sur le fond ? Vous parliez de ce goût du texte. C'est-à-dire que le fond, évidemment, est important.
04:40 Voilà, comment vous vous arrangez peut-être toutes les deux, d'ailleurs ?
04:43 La forme, je fais le fond.
04:44 Ah, voilà, d'accord. Alors, expliquez-nous, Joana, comment ça marche.
04:47 Moi, principalement, je les fais travailler sur la prise de parole, sur l'addiction, sur l'articulation à travers des exercices, sur l'attitude.
04:57 Un gamin qui rentre et qui est un peu solaire, avec le sourire et tout, là déjà, ça marque des points.
05:03 Celui qui va rentrer, la tête enfarinée, plein de stress. Alors, évidemment, la part de stress est quoi qu'il arrive là.
05:12 Mais à travers tous ces exercices, le fait de lâcher les tensions, le fait de les faire courir un peu partout, aller, vas-y, cours, cours, cours, enlève, secoue, secoue, le corps compte beaucoup.
05:24 Voilà, donc on a toute une batterie d'exercices qu'on leur fait faire. On va travailler beaucoup aussi sur...
05:32 Ça, c'est une méthode qui vous a été inspirée par le théâtre ?
05:35 Oui, bien sûr. Tous les exercices d'improvisation, travailler sur les émotions. Et puis le fait de travailler en collectif aussi, le regard des autres.
05:47 Rien que de dire un texte devant l'un de ses copains, devant son professeur, bon, il faut y aller.
05:57 Donc ce ne sont pas des cours particuliers, ce sont des cours collectifs ?
06:00 Le cour à nat, principalement, donne des cours collectifs à travers, je vous dis, que ce soit des ateliers de théâtre, de chant ou de danse.
06:09 Mais quand on les coach, on les coach seuls. Mais dans le coaching, on a aussi une deuxième partie.
06:16 C'est-à-dire, d'abord, c'est la première avec moi, qui est principalement sur les exercices de corps, diction et articulation, posture, etc.
06:25 Dans un deuxième temps, ils vont travailler, et ça tu prendras la parole, sur le fond, sur la transmission du texte.
06:32 Et dans un troisième temps, on les met devant un pseudo jury, où on fait venir des copains, que ce soit mon grand-fils, je fais venir un petit public.
06:46 Pour qu'il soit vraiment en condition, la condition parfaite pour réussir un examen.
06:53 Avant de rentrer dans le détail sur comment vous les accompagnez, sur le fond, pourquoi c'est important de commencer par la forme ?
06:59 Pourquoi c'est important qu'ils aient fait ce travail-là déjà avec Johanna, avant de venir vous voir ?
07:04 On les libère. C'est une libération. Ils sont tellement verrouillés, ils sont émus, ils n'en peuvent plus, ils ont un stress, ils ont la panique totale.
07:14 Donc déjà, quand elles les libèrent, le corps, la parole, le regard, la gestuelle, déjà on a fait un grand pas en avant.
07:22 Après, moi je les récupère, et je les récupère avec justement l'exposé.
07:27 Pour le bac français, par exemple, ils ont une quinzaine, une douzaine, ça dépend des sections de texte.
07:34 Je peux vous dire que sur un texte, il y a 15 mots qu'ils ne comprennent pas.
07:39 Donc on les cherche, on explique tout. C'est-à-dire que moi je palie à toute question que j'ai l'habitude qu'on va leur poser,
07:47 que le jury va poser, pour les mettre un peu, pas en difficulté, mais disons pour voir comment ils s'en sortent.
07:53 Et j'ai des surprises. Je peux pas vous dire. Alors je prends toujours la même question.
07:59 J'ai posé peut-être à une centaine d'enfants ce qu'est loisiveté.
08:03 Loiseau ? C'est loiseau ? Ah ben c'est les loisirs. Je suis atterré. Mais non, c'est ne rien faire, loisiveté.
08:10 Ah oui, alors c'est mon test. Alors pensez bien qu'à partir de là, je dissèque complètement un texte.
08:18 Et après, on l'explique, et ensuite, j'apprends non pas à le dire, non pas à le réciter, mais à le dire.
08:26 En justement respectant la ponctuation, la virgule, le point d'éclamation, le point d'interrogation.
08:33 Tout ça c'est très important quand on est à l'oral.
08:36 Mais quand on vous écoute, on a l'impression qu'on reprend quand même les bases. Vous reprenez certaines bases.
08:40 C'est-à-dire qu'il y a des bases qui n'ont pas été bien acquises, en tout cas par beaucoup de jeunes.
08:45 Mais vous savez, la lecture de leur texte, ça compte. Je crois que c'est 4 points ou 5 points, mais c'est énorme.
08:50 Donc il ne faut pas rater ça. Ils savent lire, mais ils ne donnent pas de vie à un texte.
08:56 Alors moi je dis, il faut que tu m'intéresses. Alors ils me lisent le texte, moi je le lis d'abord,
09:02 après je dis, essaye un peu de faire comme ça. Ils lisent d'une manière linéaire, sans...
09:07 Sans vie. Donc c'est là aussi où j'interviens. C'est que la première chose, je leur demande de venir avec n'importe quel texte.
09:15 Viens et dis-moi le texte. Alors effectivement, on en a beaucoup qui vont le dire à une vitesse grand V.
09:22 Donc là on va la décélérer un peu. Il y en a beaucoup qui viennent pas sans vie, sans émotion.
09:28 Donc c'est là où le théâtre intervient. Et moi je vais leur demander de prendre n'importe quel texte,
09:34 sur n'importe quel thème, et de les faire passer, de faire passer ce texte dans toutes les émotions.
09:40 Que ce soit la colère, que ce soit la tristesse, que ce soit la joie. Et là, déjà il y a une libération.
09:46 Et puis le fait de s'amuser aussi. Parce qu'ils sont tous là, ça va se coincer. Amuse-toi, ouvre-toi.
09:52 On sent que le théâtre est important dans votre méthode. Moi j'avais une question, comment justement leur dire,
09:58 en effet, il faut jouer, mais tout en restant eux-mêmes.
10:03 Oui, ça c'est sûr. Mais je préfère les pousser au maximum, regarder un tout petit peu.
10:10 Parce que le stress du jour J, je peux vous garantir qu'on va gommer tout le travail qu'on a fait.
10:18 Mais il en restera, quoi qu'il arrive un peu. Donc vous dit après. Et puis c'est comme tout, c'est un entraînement.
10:25 Il faut s'entraîner, il faut travailler. Et je pense que le stress s'enlève grâce à ce travail qu'ils auront fait pendant...
10:34 Oui, voilà, de combien de séances ont-ils besoin en moyenne ? Pendant combien de temps vous les accompagnez ces jeunes ?
10:40 Le grand oral, je dirais que tout le monde se manifeste à partir de février.
10:45 D'accord.
10:46 A peu près. Janvier, février.
10:48 Ou heurier, février. Parce qu'ils n'ont pas encore intégré, il y avait un énorme coefficient et qu'il fallait vraiment travailler.
10:55 Donc il faut un exposé. Donc selon la section, moi effectivement quand c'est une section d'SVT, tout ça, sincèrement, je peux leur expliquer le vocabulaire,
11:04 mais je ne peux pas les aider. En revanche, quand ce sont des sections littéraires, là je me régale. C'est un plaisir fou.
11:11 Alors quelquefois même je les aide à préparer l'exposé, etc. Ça, ça m'intéresse. Et puis apprendre surtout à intéresser le jury qui est en face de toi.
11:20 Transmettre. Savoir transmettre un texte. C'est important, c'est la moitié du travail. Si c'est juste une récitation, on n'a pas envie. Je ne t'écoute plus.
11:32 Et puis même le jury sera moins sévère, moins dur. Il va dire "Il est intelligent ce garçon ou cette fille, elle est intelligente, elle a tout compris".
11:40 Donc on va... Ils ne croyaient pas que c'est acquis. Ce n'est pas acquis.
11:48 Est-ce qu'il y a des jeunes qui se sont révélés, vous disiez tout à l'heure qu'il y en avait qui étaient vraiment paralysés, quand ils arrivent paralysés par l'exercice,
11:55 le fait de prendre la parole. Est-ce que vous avez assisté à des jeunes qui sont sortis à un moment d'eux-mêmes où là vous vous êtes dit "Ah super, chouette, on a réussi à faire notre boulot".
12:05 Oui. On ne peut pas venir avec tous ceux qui ont eu des 16 et des 17 en général. Franchement, on n'a pas eu d'échec. Ce n'est pas du tout de la forfenterie.
12:15 On n'a pas eu d'échec parce que jusqu'à maintenant on les a tellement bien préparés. Pendant 4 mois, 5 mois, on est là derrière eux.
12:22 Il y a aussi la matière. Qu'est-ce qu'ils ont choisi comme exposé. Souvent, moi dans le physique, chimie, je ne comprends pas grand-chose. Je suis honnête avec vous.
12:32 Je peux pas dire "Oui, je les aide, c'est vrai". Non, pas du tout. Je peux les aider, je peux leur faire comprendre des choses, je peux leur dire "Il faut dire ça comme ça".
12:39 C'est tout. Mais par contre, dans certaines matières, oui, je me régale.
12:43 Pas d'échec donc à constater.
12:45 Pas d'échec parce que déjà l'enfant qui vient, qui est motivé, qui est disposé à travailler, déjà c'est la moitié de gagné.
12:57 Celui qui ne veut pas, il vient une fois et il part.
13:00 Ça ne lui est pas arrivé. C'est une pression quand même. Ils n'arrivent pas à supporter la pression.
13:06 En tout cas, la plupart du temps, vous arrivez à la débloquer cette pression.
13:09 Merci beaucoup à toutes les deux d'être venues nous voir aujourd'hui dans Smart Education, nous avoir parlé de votre méthode.
13:13 Je rappelle, vous êtes directrice du cours Anna Joana Cohen.
13:16 Merci beaucoup d'être venue nous voir. Frédéric Cohen, merci également à vous d'être venu nous voir.
13:21 Merci à vous.
13:22 Et merci à vous aussi de nous avoir suivis. On se retrouve très vite pour un prochain numéro de Smart Education.
13:26 A très vite. Ciao.
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