Eric Ciotti : «On est en urgence absolu en ce qui concerne l'immigration»

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Eric Ciotti répond aux questions de Jérôme Béglé.
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Transcript
00:00 - 8h13 sur Europe 1, Éric Ciotti, président des Républicains, député des Alpes-Maritimes, est votre invité Jérôme Béglé.
00:09 - Bonjour Éric Ciotti. - Bonjour.
00:10 - En début de semaine Emmanuel Macron a redit sa volonté de mettre en chantier, je le cite, "une loi efficace et juste en un seul texte sur l'immigration".
00:17 Quel contour selon vous doit avoir ce texte, cette loi, et est-ce que vous êtes prêt à le conconstruire avec la majorité ?
00:23 - Est-ce qu'il s'agit d'un énième filet d'eau tiède en matière d'immigration ? 21 lois adoptées au cours des années écoulées, et une situation qui continue de se dégrader.
00:36 500 000 étrangers en situation régulière ont été accueillis en France, légalement, l'année dernière, sans compter les 700 à 800 000, peut-être un million qui s'y trouvent,
00:47 sans compter les mineurs isolés étrangers, les clandestins mineurs, donc on est dans une situation d'urgence absolue en matière d'immigration.
00:56 Ce qu'il faut, c'est changer de cadre, il faut une révolution en matière de politique migratoire.
01:03 Il faut des quotas, il faut plus aucun droit pour les clandestins, plus aucun, plus de prestations sociales dès le premier jour pour les réguliers.
01:13 Il faut qu'on traite les demandes d'asile à la frontière, il faut arrêter le regroupement familial, revoir le code de la nationalité.
01:20 Est-ce que M. Macron est prêt à inscrire tout cela dans la loi ? J'en doute.
01:25 Et je doute aussi qu'on ait la capacité au Parlement à faire adopter un texte, compte tenu même des oppositions dans la majorité.
01:33 Donc j'ai une solution, une proposition, il faut un référendum pour changer de cadre.
01:39 Ça fait des années que nous le réclamons, que je le réclame.
01:42 Et sur le référendum, quelle question on poserait aux Français ?
01:45 Il faudra un référendum qui modifie notre constitution, qui modifie nos engagements conventionnels,
01:52 notamment la Convention européenne des droits de l'homme, qui permet, qui autorise le regroupement familial avec son article 8.
02:01 Tout cela, il faut changer de cadre.
02:03 Et la France pourrait être le premier pays européen à sortir de cette Convention européenne des droits de l'homme ?
02:08 En tout cas, de demander sa modification, qu'il y ait des réserves d'interprétation.
02:13 On ne peut pas rester dans cette situation où on subit une vague migratoire.
02:18 Je la vis au quotidien dans le département des Alpes-Maritimes.
02:22 Depuis quelques jours, depuis quelques semaines, on subit une véritable submersion sans réelle réaction des pouvoirs publics.
02:30 Je le déplore, il n'y a plus de contrôle à la frontière franco-italienne, il n'y a plus de force mobile.
02:36 Et on a aujourd'hui le nombre des mineurs clandestins qui a été quasiment doublé depuis décembre.
02:43 Il a fallu qu'on ouvre une structure dimanche.
02:47 Les mineurs clandestins sont à la charge du département quand ils arrivent, en tout cas la première semaine où ils arrivent en France.
02:52 C'est un coup pour le département des Alpes-Maritimes.
02:54 Un minima de 15 millions d'euros.
02:56 D'ailleurs, l'État devrait assumer cette compétence.
02:59 C'est un scandale que ce soit les collectivités qui n'ont pas de pouvoir réglementaire ou législatif pour assumer cette charge.
03:09 Et puis il y a une naïveté incroyable.
03:11 Pourquoi on accepte ces mineurs ?
03:12 Pourquoi on ne les renvoie pas immédiatement dans les pays d'origine où ils ont une famille ?
03:18 Ce n'est pas la France d'assumer la responsabilité de ces mineurs.
03:21 - Et si les pays refusent, comment on fait ?
03:22 - Il faut avoir une action diplomatique beaucoup plus déterminée, beaucoup plus coercitive.
03:28 Moi j'irai au Maroc la semaine prochaine avec une délégation de Républicains.
03:33 Nous porterons ce débat, cette revendication.
03:36 - On a un exemple chimiquement pur de cette situation, c'est à Mayotte,
03:39 où on voit que l'opération Ouam-Bouchoui qui a été menée par Gérald Darmanin,
03:42 qui défend une action visant la restauration de la paix républicaine, ne se passe pas comme il faut,
03:47 tout simplement parce que l'archipel des Comores refuse de récupérer ses ressortissants.
03:52 Comment on fait concrètement ?
03:53 - Là, il y a des moyens de pression à mettre en œuvre sur les Comores.
03:57 On a accordé une aide au développement de 120 millions d'euros aux Comores.
04:02 C'est un moyen, il faut discuter, il faut dire "on ne peut pas vous donner de l'argent"
04:07 et refuser de reprendre des ressortissants qui sont arrivés à Mayotte de façon clandestine, irrégulière.
04:15 - Je crois qu'il y a des négociations en cours en ce moment entre les deux pays.
04:17 - Et puis il y a une question de visa aussi.
04:18 La France accorde beaucoup de visas aux Comoriens qui viennent en France.
04:24 Eh bien, il faut, comme sur les pays du Maghreb, ouvrir le débat sur les visas.
04:30 Il faut qu'il y ait une réciprocité dans les droits et devoirs.
04:34 La France ne peut pas avoir que des devoirs.
04:37 Les pays sources d'immigration doivent prendre leurs responsabilités
04:41 et on doit avec fermeté leur rappeler dans un dialogue équilibré de responsabilités.
04:48 - Concrètement, sur Mayotte et les Comores, vous préconisez que la France arrête toute aide publique
04:51 au développement et aux états comoriens tant qu'une solution n'a pas été trouvée
04:56 et qu'on arrête de donner des visas un peu à l'emporte-pièce aux ressortissants qui les réclament ?
05:00 - Si les Comores refusent de reprendre leurs ressortissants, c'est naturellement la voie qu'il faut adopter.
05:07 Mais je souligne que cette opération Mwambushu est la bienvenue.
05:12 Et je soutiens le ministre de l'Intérieur dans sa démarche.
05:15 - Ce n'est pas un échec pour lui d'avoir été...
05:17 - Cette opération a été réclamée par le député républicain Mansour Kamardine depuis plusieurs années.
05:23 C'est une situation insupportable.
05:26 Et ce qui se passe à Mayotte doit nous alerter...
05:28 - Mais le tribunal judiciaire de Mayotte a interdit la destruction des bidonvilles.
05:32 Est-ce que c'est un échec pour Gérald Darmanin ?
05:34 Ou est-ce que finalement en appel on finira par obtenir gain de cause comme c'est souvent le cas en France ?
05:38 - J'ai vu que le préfet avait fait appel de cette décision.
05:42 Il y a ces contraintes que personnellement je ne comprends pas.
05:46 En tout cas je souhaite personnellement, et je le dis et je soutiens cette opération,
05:50 qu'elle aille au bout et qu'elle ne traduise pas la faiblesse de la France.
05:54 Mais ce qui se passe à Mayotte est un signal pour nous.
05:58 Parce que demain cela peut se passer en métropole.
06:01 On voit des territoires aujourd'hui qui sont gangrénés par une situation de délinquance
06:08 qui souvent trouve sa source aussi dans le migration.
06:12 Le ministre l'a dit. Donc il faut agir avant qu'il ne soit trop tard.
06:17 - Vous dites qu'il y a des départements en France métropolitaine,
06:20 je veux dire autour de Paris, Lyon, Marseille et peut-être Nice,
06:22 qui pourraient être des petits Mayottes dans les mois, les années à venir ?
06:26 - En tout cas on a une vague migratoire qui s'annonce.
06:29 On voit bien ce qui se passe en Tunisie aujourd'hui
06:32 qui chasse les Africains, les étrangers d'origine subsaharienne, d'Afrique subsaharienne,
06:41 les arrivées en Italie ont été multipliées par 5 depuis le début de l'année par rapport à 2022.
06:48 Donc la vague migratoire elle est là.
06:50 Il faut agir et pour agir il faut une volonté très nettement supérieure à celle qui s'exprime aujourd'hui.
06:57 Je le redis, jamais nous n'avons accueilli dans l'histoire de France autant d'étrangers qu'en 2022.
07:05 C'est le record absolu.
07:07 Cela n'est plus tolérable, cela n'est plus supportable.
07:10 - Autre sujet Eric Ciotti, hier à ce micro Rachida Dati qui est maire LR du 7ème arrondissement
07:14 est revenu sur la volonté du ministre de l'éducation Papendiaï de vouloir plus de mixité dans les écoles privées.
07:20 Pourquoi veut-il détruire ce qui marche ?
07:22 C'est-elle alarmée ? Est-ce que vous êtes un peu sur cette ligne de conduite ?
07:26 - Bien sûr, j'ai publié hier une tribune dans le Figaro pour dénoncer la volonté de M. Papendiaï
07:34 qui a des complaisances avec le wokisme dans son histoire personnelle.
07:40 Je le dis d'ailleurs, ses propos le confirment, qui est l'inverse de ce qu'était Jean-Michel Blanquer.
07:46 - Quelques exemples sur ses complicités avec le wokisme ?
07:48 - Il a nié à l'université une démarche islamo-gauchiste.
07:54 Il dit "ça n'existe pas, c'est des travaux de recherche".
07:59 Il a accusé la France d'avoir un modèle républicain très affaibli.
08:06 Il a parlé de racisme systémique pour notre pays.
08:10 Tout ça, ce sont des éléments qui m'inquiètent par rapport à la capacité de ce ministre à défendre la laïcité républicaine.
08:19 Il porte atteinte au Conseil des sages sur la laïcité.
08:23 Mikaël Paty, la sœur de Samuel Paty, l'a dénoncé en des termes très forts et très puissants.
08:31 Et là, il s'attaque à l'école libre. Il réouvre la guerre scolaire.
08:34 - Vous pensez qu'on peut réouvrir la guerre des deux écoles du début des années 80 ?
08:38 - Alors que l'école, aujourd'hui républicaine, l'école publique, s'effondre, soumise à la violence, au manque d'autorité,
08:47 que le niveau de nos élèves, aujourd'hui, suit une pente extraordinairement dangereuse.
08:53 - C'est pas que la faute de Papendiaïe. Ça fait 30 ans que l'école républicaine chute, si je puis dire.
08:58 - Mais par rapport à cette situation, 40% des élèves qui maîtrisent mal la lecture en rentrant en 6ème.
09:04 Alors qu'il y a urgence, alors que, comme aurait dit Jacques Chirac sur l'environnement, la maison brûle,
09:09 le ministre de l'Éducation regarde ailleurs. Il prend pour cible l'enseignement privé, l'enseignement catholique.
09:17 Mais c'est totalement ahurissant. N'y a-t-il pas d'autres priorités ?
09:23 Il faut remonter le niveau, il faut s'attaquer aux carences en lecture, en mathématiques.
09:28 Il faut remettre de l'autorité, redonner de l'autorité aux enseignants qui sont victimes d'agressions en classe.
09:33 Non, le ministre choisit de s'attaquer à l'enseignement libre sous motif qu'il n'y aurait pas suffisamment de mixité sociale.
09:40 L'enseignement libre fonctionne aujourd'hui. C'est un refus pour beaucoup de familles,
09:45 et on veut attaquer ce qui fonctionne plutôt que sauver ce qui ne fonctionne plus.
09:50 - Est-ce que vous êtes inquiet, Éric Sotti, de l'incapacité du président et d'une partie de son gouvernement à sortir de Paris,
09:54 aller à la rencontre des Français ? Est-ce que c'est le symbole, le signe d'un État paralysé ?
09:59 - Aujourd'hui, il y a cette crise politique qui menace le fonctionnement même de nos institutions.
10:09 Elle est là, le président de la République fait de la communication, on le voit bien dans ses étranges déplacements successifs.
10:18 - Vous pensez qu'il ne devrait pas se déplacer, il devrait rester à l'Élysée ?
10:21 - C'est à lui de le décider. Ce qui est important, c'est qu'il retrouve un fil de confiance avec les Français.
10:27 Aujourd'hui, manifestement, il est rompu, même si je le redis, et je le dis en responsabilité,
10:34 sur cette question des retraites, j'ai personnellement soutenu cette réforme, dans un esprit de cohérence et de responsabilité.
10:43 - Vous êtes un peu aisselé au sein de votre parti, Éric Sotti. On l'a vu à l'Assemblée, il y a eu des voix discordantes.
10:47 - Aisselé, non. Unanime, nous n'étions pas unanimes, c'est le cas, mais le bureau politique des Républicains,
10:53 à la quasi-unanimité, a soutenu cette réforme, les sénateurs l'ont soutenue, une majorité de députés l'a soutenue.
11:03 Pourquoi ? Parce qu'elle était nécessaire pour le pays, et parce que nous sommes un parti de gouvernement,
11:08 un parti de responsabilité, mais aujourd'hui les Français expriment une colère beaucoup plus générale.
11:14 Justement, après cette affaire des retraites, il y a ce malaise dans le pays, il y a des problématiques liées au pouvoir d'achat,
11:22 on a des salaires trop faibles, on a des impôts très lourds, c'est tout ça qu'il faut changer demain.
11:27 - Comment la droite, les Républicains, peuvent se relancer ? On a vu que vous n'étiez pas forcément totalement aligné
11:32 sur des questions importantes comme les retraites, que pourtant vous appeliez de vos voeux il y a quelques années.
11:36 Est-ce qu'il faut changer de dirigeant déjà ? Vous êtes en poste depuis quatre mois et demi,
11:42 est-ce qu'il faut une nouvelle doctrine ? Est-ce qu'il faut penser à ce que seront les Républicains dans quatre ans ou dans quinze ans ?
11:48 - Moi, mon objectif, c'est que nous gagnions l'élection présidentielle de 2027.
11:51 - Vous y croyez vraiment ?
11:52 - J'y crois vraiment et toute mon action, toute mon énergie est placée vers cet objectif.
12:00 Aujourd'hui, il peut paraître très aléatoire, mais nous y travaillons, nous lançons les États généraux,
12:07 je vous l'annonce, ils tiendront le 10 juin prochain, les États généraux de la droite pour la France...
12:13 - Avec un but ? Trouver un candidat ? Une doctrine ?
12:16 - Avec un objectif de poser notre ligne idéologique. Très clairement, nous aurons six mois de travail,
12:24 nous allons accueillir des intellectuels, nous allons ouvrir des débats dans les fédérations,
12:28 qu'est-ce qu'est la droite, qu'est-ce qu'elle veut, qu'est-ce qu'elle peut porter, qu'est-ce qu'elle doit porter comme espérance pour le pays.
12:34 - Donc une nouvelle ligne, en tout cas, à fermer votre ligne, et un candidat, Laurent Wauquiez, c'est toujours l'homme de la situation ou d'autres frappent à la porte ?
12:41 - C'est pour moi, en tout cas, celui qui a le plus de qualités pour relever ce défi.
12:47 - Pas forcément de courage quand il s'agit de monter au front pour faire voter les députés LR pour une réforme qu'il appelait de ses voeux quelques mois avant ?
12:53 - Il a dit les choses clairement, mais je veux souligner qu'on lance un média aussi la semaine prochaine, une certaine idée,
13:01 on lance une académie de formation, on va mettre en place un contre-gouvernement pour porter aussi des propositions différentes
13:09 par rapport à ce qui est fait aujourd'hui, donc on a un calendrier très intense, très dense, pour redresser la droite.
13:17 Je suis bien conscient que notre famille politique est en difficulté, que le débat sur les retraites a souligné, malheureusement,
13:25 par rapport à des trajectoires individuelles et personnelles, des incohérences, même si très majoritairement, je le redis,
13:32 nous avions porté cette volonté de réforme, parce que le pays a besoin de réforme, on ne peut pas continuer à vivre à crédit,
13:40 on ne peut pas continuer à dévaloriser le travail, tous nos partenaires européens nous regardent avec expiration.
13:48 - La droite sur les finances publiques n'a pas fait beaucoup mieux que les autres. Les finances publiques se dégradent depuis 35 ans, 40 ans en France,
13:52 et que ce soit des gouvernements de droite ou de gauche, la trajectoire est la même.
13:55 - Je ne le crois pas, et les chiffres le démontrent, même si la dernière fois où nous avons été au pouvoir, nous avons fait face à une crise
14:03 manifestement la pire depuis 1929, mais nous avons rétabli de façon beaucoup plus ferme les finances publiques,
14:14 même si aujourd'hui, je crois que c'est encore une véritable révolution qu'il faut porter.
14:19 Il faut que l'État soit plus fort là où il est aujourd'hui, squelettique, pour la sécurité, pour l'immigration, pour la justice,
14:28 et il faut qu'il soit plus allégé là où il empêche les Français de travailler, là où il y a des dépenses sociales qui ont atteint des niveaux abyssaux
14:36 et qui conduisent à des impôts lourds, trop lourds, insupportables, et qui pèsent sur le travail, qui conduisent à des délocalisations d'entreprises,
14:45 et qui font qu'au final, les salaires sont parmi les plus faibles en Europe.
14:51 Voilà cette équation à laquelle nous devons résoudre.
14:55 Du pain sur la planche pour votre État généraux de juin.
14:57 Merci, merci Eric Ciotti, merci Jérôme Béglé. Demain, on retrouvera Sonia Mavroc quand elle aura soigné son extinction de voix.

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