Hey salut à tous et bienvenue dans cette nouvelle vidéo où on va parler de l'avènement des franchises dans la Pop Culture ces dernières années et le problème plus global que ça peut poser !
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Twitter: @adam_bros
Twitch : adam_bros
00:00 : Introduction et définition
04:15 : L'avènement des films de franchises
09:15 : Les raisons de ce succès
15:00 : Les problèmes de ces blockbusters
23:00 : La forme finale de la Pop Culture (?)
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23:00 : La forme finale de la Pop Culture (?)
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Court métrageTranscription
00:00 Préparez-vous pour un nouvel épisode de Novum Bros.
00:04 ET...
00:07 Pardonne...
00:09 ...moi.
00:10 D'accord.
00:13 Sub-Zero !
00:19 Les fans peuvent attendre un nouveau film, Star Wars Episode VII,
00:26 et il y aura plus de films de feature, ainsi que des produits consommés,
00:30 des projets de télévision, des jeux et des attractions de thème-parc.
00:34 Hollywood n'a plus d'idées.
00:36 Les œuvres originales ont disparu.
00:38 C'est une réflexion que vous avez forcément déjà entendue,
00:41 ou même que vous vous êtes fait ces dernières années.
00:43 La pop culture, elle a changé.
00:45 On voit en effet poindre de plus en plus de reboots,
00:48 remakes, sequels, spin-offs, préquels ou legacy-quels dans les salles de cinéma.
00:53 Mais pas que.
00:54 C'est un sujet qui est régulièrement discuté,
00:56 mais je n'ai jamais encore vu d'explication claire et nette de la raison de cet avènement,
01:00 de ce qu'on va dans cette vidéo regrouper vulgairement sous le terme de "franchise".
01:04 On va donc dans un premier temps définir ce qu'on entend par ces termes barbares pour certains.
01:08 Puis, on va regarder ensemble si on observe effectivement un âge d'or de ces films,
01:13 mais aussi séries adaptées d'autres œuvres.
01:15 Mais surtout, on va se demander les raisons profondes de cette tendance,
01:19 les problèmes qu'elle pose,
01:21 et la dynamique sous-jacente qu'elle révèle sur l'entièreté de notre culture populaire et son fonctionnement.
01:26 Car ce qui se joue en réalité sur ce sujet, vous le verrez,
01:29 va bien plus loin que la popularité des films Marvel.
01:32 Et on pourrait même aller un peu plus loin dans cette réflexion
01:35 et se dire que c'est quasiment toute la pop culture qui semble bloquée dans un engrenage enrayé,
01:41 qui repose sur les mêmes franchises, les mêmes sagas,
01:44 qui reviennent inlassablement en boucle,
01:47 et qui finalement crée très très peu d'œuvres originales.
01:51 Encore une fois, de quand date le nouvel élément de pop culture qui a tout cassé,
01:55 qui était 100% original.
01:57 Peut-être Squid Game,
01:59 et Squid Game c'est quasiment un remake en série de Battle Royale.
02:02 Et c'est un questionnement qui me traverse véritablement.
02:05 Et j'ai même un peu peur, parce que j'ai décidé de fonder ma chaîne sur la pop culture il y a 5 ans,
02:10 en me disant "en vrai, c'est un sujet tellement large,
02:13 qui passe tellement son temps à se renouveler,
02:15 il y a tellement de nouvelles choses chaque mois, chaque semaine,
02:18 que je n'arriverai jamais au bout".
02:20 Et pour la première fois je me dis "mais en fait, est-ce que c'est pas bientôt fini ?"
02:25 Déjà, il faut dire les termes. Et pour les dire, il faut les maîtriser.
02:28 Un sequel, c'est simplement une suite d'un film.
02:31 Par exemple, Avatar, la Voix de l'Eau, est un sequel du premier Avatar sorti en 2009.
02:36 A l'inverse, le préquel est un film qui sort après un autre film,
02:41 mais dont les événements se déroulent avant.
02:43 Par exemple, la seconde trilogie Star Wars, qui ont été renommées 1, 2, 3,
02:48 sont des préquels, au moment de leur sortie,
02:50 car elles racontent ce qu'il s'est passé avant l'arrivée de Dark Vador et de l'Empire.
02:54 Les remakes et les reboots sont eux un peu plus difficiles à différencier.
02:58 Un remake va le plus souvent se concentrer uniquement sur un film déjà sorti,
03:02 en en proposant une nouvelle version.
03:04 Par exemple, le film West Side Story de Steven Spielberg sorti l'année dernière,
03:08 ou le King Kong de Peter Jackson.
03:10 Le reboot va aussi proposer une nouvelle version d'un film,
03:14 mais le plus souvent, ça sera relié à une saga entière.
03:16 La meilleure illustration est sûrement le personnage de Spider-Man,
03:20 qui a connu deux reboots différents en l'espace de 10 ans,
03:22 avec d'abord Andrew Garfield, puis avec Tom Holland.
03:25 Les spin-offs, eux, sont des films qui vont s'inscrire au sein d'une saga,
03:29 mais en dehors de sa trame principale.
03:31 Par exemple, c'est le cas des films qui se concentrent sur Wolverine dans la saga X-Men,
03:35 ou même des Animaux Fantastiques, à la base,
03:37 même si sa suite a tenté de se rattacher à la trame principale.
03:40 Aussi, il y a les crossovers, c'est quand des univers distincts se croisent dans un film.
03:45 C'est le cas du premier film Avengers, ou encore de Qui veut la peau de Roger Rabbit par exemple.
03:50 Enfin, les Legacy Quels sont des suites de films qui n'étaient pas prévus à la base,
03:55 et qui interviennent très longtemps après l'original.
03:57 On peut prendre Top Gun Maverick, sorti cette année.
03:59 Bon, voilà, j'espère que c'est plus clair, et juste à noter que ces genres peuvent être cumulatifs.
04:04 Par exemple, Star Wars Rogue One est à la fois un préquel,
04:08 puisqu'il a lieu avant la trilogie originale,
04:11 et un spin-off, car il se concentre sur une équipe rebelle en marge de l'arc narratif principal.
04:16 Et ce phénomène, bien que très fort récemment et on va le voir, est quasiment aussi vieux que le cinéma.
04:21 Le concept même de franchise pour les films ont quasiment été inventés par l'énorme saga James Bond,
04:27 qui continue encore aujourd'hui à produire des films,
04:29 et qui a cumulé en tout un retour sur investissement de plus de 348%.
04:34 Et c'est important, on va le voir.
04:36 Mais, même en remontant avant 1962 et le premier film James Bond,
04:41 on trouve des volontés de créer des franchises, sequels, crossovers, etc.
04:45 En 1923, le Studio Universal sort un film adaptant le roman Notre-Dame de Paris au cinéma.
04:51 De ce long métrage va germer un univers étendu autour des monstres et des méchants de notre culture populaire sans précédent pour l'époque.
04:59 Carl Lamell Jr., le fils du fondateur du Studio Universal,
05:03 développe dans les années 30 une franchise grâce à des films comme Dracula,
05:07 Frankenstein, L'homme invisible, La momie ou encore L'étrange créature du lac noir.
05:12 L'univers a donc ensuite eu le droit à la fiancée de Frankenstein,
05:15 le retour de l'homme invisible,
05:17 Frankenstein rencontre le loup-garou,
05:19 ou encore le fils de Dracula.
05:21 Il y avait alors vraiment une volonté de tirer un maximum de profit de cette machine.
05:41 D'ailleurs, je l'ai rattrapé il y a peu de temps,
05:43 enfin je continue à le rattraper de manière régulière, notamment au moment d'Halloween,
05:46 et je vous conseille de regarder quelques films,
05:49 notamment Frankenstein, Dracula, L'homme invisible,
05:51 qui est probablement mon préféré,
05:53 qui sont des vrais bons films et qui montrent à quel point,
05:56 déjà dans les années 30, il y avait cette idée d'univers étendu,
05:59 bien avant le MCU.
06:01 On retrouve cette volonté de créer une cohérence un peu dans la direction artistique entre tous les films,
06:05 de les faire se connecter en faisant des crossovers entre les différents personnages,
06:09 et d'ailleurs, comble de l'ironie,
06:11 cette année, Werewolf by Night,
06:14 le spécial Halloween du MCU,
06:17 reprend exactement les codes de ce Monster Universe.
06:21 A noter qu'en 2017, Universal annonce fièrement vouloir mettre sur pied un nouveau Dark Universe,
06:27 donc un reboot de ce qui avait été fait dans les années 30.
06:30 Sauf que le remake de La Momie, sorti en 2017 avec Tom Cruise,
06:34 qui devait servir de lancement à cet univers,
06:37 a fait un énorme flop,
06:39 et le projet tout entier a été annulé.
06:41 Et pourtant, c'est pas faute d'observer une augmentation massive de ces franchises depuis le début du siècle.
06:46 Les succès de la saga Harry Potter, de la seconde trilogie Star Wars,
06:50 de la trilogie du Seigneur des Anneaux, des Spider-Man et des X-Men,
06:53 ont créé une véritable tendance de fond qui perdure depuis plus de 20 ans désormais.
06:58 Ma collègue Mélanie, de la chaîne La Manie du Cinéma,
07:01 avait fait une vidéo sur cette même thématique,
07:03 et elle arrivait au chiffre de seulement 11% des films avec un scénario complètement original sur les dernières années.
07:09 Ce chiffre qui n'inclut donc pas les adaptations.
07:11 Si c'est avec les adaptations, il me semble qu'on est autour de 20%.
07:14 De même, un article a examiné le top des films qui ont fait le plus d'entrées au box-office depuis 1980,
07:19 et en est arrivé à la même conclusion.
07:21 En 1983, il n'y avait que 2 films sur 20 qui étaient issus de franchises,
07:27 contre 16 en 2018.
07:29 Et cette tendance ne concerne pas que le cinéma.
07:31 Aujourd'hui, je vais principalement me concentrer sur les films,
07:34 parce que c'est ce qui est le plus parlant et ce qui est le phénomène le plus avancé,
07:38 mais vous pouvez aussi l'appliquer aux séries ou à d'autres.
07:41 Au niveau des séries, dernièrement, on a eu le droit à des reboots de Gossip Girl, La 4ème Dimension,
07:46 ou iCarly, pour ne citer qu'eux.
07:47 On a aussi abordé il y a 2 semaines plus en détail le cas des séries d'animation pour enfants
07:51 qui sont frappées aussi par ce phénomène.
07:53 Et parfois, la franchisation va au-delà d'un simple remake.
07:56 Je pense à la série The Office,
07:58 à laquelle j'ai également dédié une vidéo où je reviens sur les différentes adaptations selon les pays,
08:02 comme aux Etats-Unis, mais aussi en France.
08:04 Pareil pour le spin-off séquel de Friends centré sur Joey.
08:07 Enfin, ça concerne même les téléfilms.
08:09 Par exemple, High School Musical a eu le droit à sa série Disney+, Nouvelle Génération,
08:14 qui est une sorte de soft reboot.
08:16 Alors, un soft reboot, pour préciser, c'est un reboot qui s'assume pas vraiment,
08:20 qui efface pas complètement l'ancien film.
08:22 Par exemple, The Suicide Squad, qui est sorti l'été dernier,
08:25 et qui reprend des éléments du premier film sans vraiment en être une suite directe.
08:29 Et comme je vous ai dit, dans cette vidéo, on va vraiment se concentrer sur les films,
08:32 mais ça touche aussi les parcs d'attractions.
08:34 Par exemple, à Disneyland, et j'en avais parlé dans une vidéo sur le sujet,
08:38 mais si vous allez regarder des vidéos de chaînes spécialisées sur les parcs d'attractions,
08:41 ça revient constamment.
08:43 Avant, c'était des attractions qui étaient souvent créées de rien, des créations originales.
08:47 Par exemple, Pirates des Caraïbes a été créé avant l'attraction du même nom.
08:51 Pareil pour Jungle Cruise.
08:53 Aujourd'hui, c'est beaucoup plus l'inverse.
08:55 C'est pas pour rien que le dernier land qui a ouvert à Disneyland Paris,
08:59 c'est le Avengers Campus, qui est adapté d'une franchise connue.
09:02 Et ensuite, ça sera le land de la Reine des Neiges,
09:05 pour pouvoir attirer cette audience, attirer les gens à venir dans le parc,
09:09 et à la fois ne pas avoir à recréer d'histoire.
09:11 Alors, pourquoi ? Pourquoi ces franchises, qui sont pourtant assez décriées de nos jours,
09:16 continuent de cannibaliser la production hollywoodienne ?
09:19 Bon, déjà, on le sait, et on l'a déjà vu, notre époque est à la nostalgie.
09:24 Stranger Things est l'exemple qu'on reçoit à toutes les sauces,
09:27 mais il est l'arbre illustrant la forêt.
09:29 Le plus gros succès en salles cette année sera sûrement Top Gun,
09:32 en termes de série, ça sera sûrement le préquel de Game of Thrones,
09:35 et The Weeknd a explosé les comptoirs de vente,
09:37 avec un album dont la datation carbone est plus proche de la pop des années 80
09:41 que du R&B des années 2010.
09:43 Et cette nostalgie, qui prend soudain toute la population occidentale,
09:46 n'est pas une simple coïncidence, ou un simple effet de mode.
09:49 Il s'agit plus probablement d'un mouvement sociétal de fond.
09:52 Des recherches ont montré que la sensation de la nostalgie
09:56 pouvait offrir une forme d'inspiration et d'espoir dans les moments difficiles.
10:00 Entre 2001, la crise des subprimes de 2008 dont on a parlé la semaine dernière,
10:04 la pandémie de Covid, ou encore le réchauffement climatique à venir,
10:08 l'audience va alors logiquement puiser dans des éléments nostalgiques pour se rassurer.
10:13 Une étude menée par Constantine Sediqides, Tim Wildschat, Jamie Arndt et Clay Rutledge
10:19 montre que ce sentiment entraîne une hausse de l'estime de soi
10:22 et de meilleurs liens sociaux avec les gens.
10:24 Les franchises vont venir capitaliser sur cette volonté de chercher du réconfort nostalgique.
10:30 Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça marche.
10:32 Neuf des plus gros succès de l'histoire du cinéma sont issus de franchises.
10:38 Et huit d'entre eux datent des années 2010.
10:40 Ce sont aujourd'hui les films qui rassemblent le plus en salles.
10:44 D'ailleurs, tout à l'heure je prenais les 20 plus gros succès au box-office de chaque année
10:48 pour montrer l'omniprésence des films de franchise.
10:50 Mais ce que ce chiffre montre, c'est peut-être moins leur nombre que leur succès.
10:54 Une étude extrêmement intéressante de Terry Butler et D'Earmond va également dans ce sens.
10:59 Ils ont étudié plus de 500 films pour essayer de trouver les facteurs principaux d'échec ou de réussite au box-office.
11:07 Le verdict était sans appel, le sequel est le facteur le plus important de réussite d'un film en termes d'entrée en salle.
11:15 Le problème, c'est que ça va entraîner un énorme biais de la part des producteurs qui ont évidemment bien compris la technique.
11:22 Pour grossir le trait et vulgariser au maximum, le producteur du film est celui qui va donc le financer et offrir les fonds nécessaires pour que ce dernier ait lieu.
11:30 Si jamais un film se plante au box-office, cela n'aura que peu d'incidence en général sur la rémunération des acteurs ou même du réalisateur.
11:37 C'est le producteur qui prendra en charge les pertes.
11:39 Donc forcément, les producteurs sont extrêmement soucieux du succès des oeuvres qu'ils financent.
11:44 D'autant plus depuis 20 ans et la mort du marché du DVD.
11:49 Dans son livre "Sleepless in Hollywood", Linda Hobst, productrice américaine,
11:54 explique comment l'effondrement du marché des DVD a drastiquement diminué les profits engrangés par les producteurs.
12:00 Car c'était le marché sur lequel ils avaient les marges les plus importantes, qui leur permettait donc de financer des films originaux.
12:06 Ça allait même plus loin, puisque certains films, qui étaient des échecs en salle, étaient devenus cultes grâce à leur sortie DVD.
12:13 Je parle notamment de Fight Club, Donnie Darko ou même Blade Runner.
12:16 Du côté du consommateur, on va trouver la réciproque de cette volonté de réduire les risques.
12:20 Pourquoi Spider-Man No Way Home était le plus gros succès de l'année dernière ?
12:24 Pourquoi House of the Dragon est sûrement le plus gros succès série de cette année ?
12:28 Parce que c'est des personnages auxquels on est attaché et dont on veut voir la suite des aventures, certes.
12:33 Mais surtout, car on a un référentiel.
12:46 À une époque où le cinéma est perçu comme un loisir particulièrement onéreux,
12:50 le consommateur va être d'autant plus attentif à la manière dont il investit presque chaque dépense.
12:55 Des personnes qui vont voir des films tous les 2-3 mois vont forcément se tourner plus facilement vers des œuvres qui ont un lien de parenté avec une autre œuvre qu'ils ont déjà appréciée.
13:04 L'objectif va aussi être de maximiser les chances de retour sur investissement dans l'autre sens.
13:09 Et donc, si on prend l'hypothèse, qui est tout à fait discutable, d'un individu cartésien, rationnel,
13:14 qui serait capable de faire parler sa raison dans chacun de ses choix, notamment dans sa consommation,
13:19 le mot n'est pas anodin, d'œuvre d'art,
13:22 et bien oui, c'est logique que les gens aillent plutôt voir des franchises,
13:26 et du coup c'est logique que les producteurs produisent plutôt des franchises,
13:29 tout simplement parce que, encore une fois, quand on dépense une dizaine d'euros pour aller au cinéma,
13:34 on a envie d'être quasiment sûr d'en avoir pour notre argent.
13:38 Et en allant voir un film qui est lié à un film qu'on connaît déjà,
13:41 on est quasiment sûr d'en avoir pour notre argent,
13:44 parce qu'au moins on aura cette satisfaction de voir le prolongement de quelque chose qu'on a aimé,
13:48 après, qu'on aime l'œuvre ou pas, on se dit qu'on a forcément plus de chances d'aimer cette œuvre
13:52 qu'une œuvre dont on ne connaît absolument rien.
13:54 Et c'est quand même bien triste.
13:56 Enfin, la force des séries, films issus d'univers étendus, ça va être leur sérialité.
14:02 À une époque où Netflix propose chaque semaine une nouvelle série phare,
14:06 et les Youtubers publient du contenu tous les 3 jours,
14:08 il est impossible pour l'industrie hollywoodienne de tenir le rythme.
14:12 Même si on le verra, ils font tout pour.
14:14 Les univers étendus, par exemple, vont permettre d'instaurer une sérialité,
14:18 et d'accompagner dans son quotidien et dans sa vie le spectateur.
14:21 Le Marvel Cinematic Universe s'est mis cette année à sortir des téléfilms,
14:24 appelés "Specials", au moment d'Halloween et de Noël.
14:28 Et, entre les séries qui sont publiées sur plusieurs semaines,
14:31 et les films qui sortent tous les 3-4 mois,
14:33 on ne passe jamais plus de 5 semaines sans un projet issu de la maison de Kevin Feige.
14:37 Si toutes les autres franchises sont très loin de ce niveau de développement,
14:40 c'est aussi ce vers quoi tendent les autres,
14:42 à l'image de Star Wars, aussi chez Disney, mais qui s'est un peu pris les pieds dans le tapis.
14:47 Parce que, si les suites et le développement de franchises au sein de la pop culture
14:50 peuvent apparaître comme une sorte de recette magique,
14:52 créant de l'argent à l'infini, ce n'est pas forcément le cas.
14:55 Le fait d'étendre un univers déjà existant, comme je l'ai dit,
14:58 va offrir au public un référentiel.
15:00 C'est à la fois un repère qui peut l'attirer, mais aussi un point de comparaison.
15:05 Alors que les films et séries originaux n'ont comme repères qu'eux-mêmes,
15:08 voire les précédents du même réalisateur,
15:10 ce n'est pas le cas pour les remakes, sequels, etc.
15:13 Il y a donc une augmentation des attentes,
15:15 et cela peut se ressentir en particulier sur les critiques.
15:19 Une étude de Moonbirdjay et Yakobuchi en 2010,
15:22 relevait que les remakes généraient beaucoup plus de revenus,
15:25 mais que, le plus souvent, les critiques étaient moins bonnes que l'original.
15:29 Pareil pour Ginsberg, Pestigu et Weavers,
15:32 qui en 2007 avaient analysé la performance de 228 remakes sortis entre 1950 et 1999.
15:40 Ils en avaient conclu que non seulement les remakes étaient moins bien reçus,
15:44 mais que souvent, ils faisaient un box-office moins élevé que l'original.
15:47 Après, ça peut quand même rester un box-office assez élevé pour être rentable,
15:51 et c'est pour ça que les producteurs continuaient à en faire.
15:53 Mais ça va même au-delà des remakes.
15:55 Lone Ranger, la nouvelle saga qui devait plus ou moins prendre la suite de L'Esprit de Pirates des Caraïbes
16:00 avec Johnny Depp et Army Hammer, a fait un four monumental.
16:03 De même pour John Carter, une autre super production de Disney,
16:07 qui poussera le studio à encore plus jouer la carte de la sécurité.
16:10 Même Matrix 4, réalisé par une des sœurs Wachowski,
16:14 avec le retour des acteurs principaux et une nouvelle intrigue originale,
16:17 n'aura pas réussi à convaincre, malgré son discours très, peut-être trop méta sur le sujet.
16:22 Une autre conséquence malheureuse de cette explosion des blockbusters adaptés
16:26 est la disparition des semi-blockbusters.
16:29 Ils sont appelés les mid-budget movies, dans l'industrie hollywoodienne.
16:32 Et si leur définition n'est pas claire, on peut les circonscrire dans les films qui ont compté
16:36 plus de 15-20 millions de dollars, mais qui n'ont pas coûté plus de 110 millions en gros.
16:41 Par exemple, les Evadés, ou les films de Wes Anderson.
16:43 Ces longs-métrages ont de plus en plus de mal à trouver le chemin des salles,
16:47 et ça se ressent dans les chiffres.
16:49 Entre 1988 et 1992, le budget moyen d'un film était de 27 millions de dollars,
16:55 avec environ 18% de retour sur investissement en moyenne.
16:58 Entre 2004 et 2008, donc c'était déjà il y a plus de 10 ans, donc ça a dû augmenter depuis,
17:03 c'est passé à 57 millions de dollars, avec un retour sur investissement de 57%.
17:08 Les gens qui se déplacent au cinéma veulent absolument en avoir pour leur argent,
17:13 et donc vont se déplacer que pour les films à gros budget qui sont de véritables événements.
17:17 L'échec de The Norseman ou encore The Last Duel de Ridley Scott
17:21 en sont sûrement les meilleurs exemples contemporains.
17:23 Désormais, ces films à semi-budget se retrouvent sur les plateformes de streaming.
17:27 La preuve, le plus gros succès d'un mid-budget movie ces dernières années
17:31 est sûrement à couteau tiré par Rian Johnson.
17:33 La suite ne sortira pas au cinéma, mais bien sur Netflix, démontrant bien
17:37 à quel point les plateformes de streaming ont cannibalisé le marché des semi-blockbusters,
17:41 déroulant le tapis pour les grosses franchises au cinéma.
17:45 Disney semble aussi se diriger vers cette stratégie,
17:47 avec la production de films moins ambitieux, à l'image du remake de Maman j'ai raté l'avion,
17:51 qui sort directement sur sa plateforme pour pousser à l'abonnement.
17:54 Pareil pour le remake live-action de Pinocchio.
17:56 Au-delà de l'invisibilisation des films à moyen budget,
17:59 il y a aussi une quasi-disparition des longs-métrages autosuffisants.
18:03 Chaque projet, avec un petit peu d'envergure, ou qui rencontre un certain succès,
18:07 doit désormais offrir la perspective d'une extension par-delà l'oeuvre initiale.
18:12 Chaque long-métrage ne doit être que la première pierre pour autre chose.
18:15 Une étape.
18:16 Cela crée à la longue un sentiment un peu plus frustrant,
18:19 qui est de voir se dérouler devant nos yeux une infinité d'histoires
18:23 qui semblent constamment prêtes à repousser la fin de leur narration.
18:26 Je suis pas le plus grand fan du film Joker, même si je le trouve assez bon.
18:30 Une de ses qualités principales était sa disruption,
18:33 par sa réalisation, son scénario, mais aussi par sa narration globale.
18:37 On avait affaire à une histoire entièrement déconnectée de toute franchise super-héroïque
18:41 pour un budget de 55 millions de dollars, et surtout avec un début et une fin.
18:46 Sauf que c'était sans compter sur la puissance de l'ogre hollywoodien,
18:50 qui a évidemment décidé de le transformer en franchise, mettant en production une suite,
18:54 et gâchant pour moi une partie de l'intérêt du premier film.
18:57 Le sequel comptera à son casting une immense star mondiale,
19:01 et son budget dépasse les 150 millions de dollars.
19:04 Il est entré dans le moule.
19:06 Pour moi, Hollywood auto-sabote ses franchises sur la durée,
19:09 en les rendant extensibles à l'infini.
19:11 En 1935, Walter Benjamin a écrit un essai intitulé
19:14 "L'œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique".
19:17 Dans ce dernier, il revient sur l'arrivée du cinéma,
19:20 et les bouleversements rencontrés par l'art depuis que ce dernier est devenu reproductible à l'infini.
19:25 Il dit alors que "la masse revendique que le monde lui soit rendu plus accessible
19:29 avec autant de passion qu'elle prétend à déprécier l'unicité de tout phénomène
19:33 accueillant sa reproduction multiple".
19:35 Nous réclamons constamment la suite d'œuvres que l'on a adoré,
19:39 mais en cela, nous détruisons ce qui fait son intérêt premier.
19:42 D'ailleurs, encore une fois, Benjamin cite particulièrement le cinéma
19:46 comme un art pensé pour sa reproductibilité.
19:48 Le film offre l'exemple d'une forme d'art dont le caractère est pour la première fois
19:53 intégralement déterminé par sa reproductibilité.
19:56 L'œuvre d'art reproduite devient reproduction d'une œuvre d'art destinée à la reproductibilité.
20:02 Il parle ici d'un point de vue technique,
20:04 mais on peut l'entendre à un point de vue philosophique.
20:07 Aujourd'hui, quand un film est produit, comme je l'expliquais plus tôt,
20:10 c'est évidemment en vue de sa reproductibilité sous différentes formes,
20:13 sequels, spin-off, mais même goodies ou autres.
20:15 Et pour lui, ce qui dépérit à l'époque de la reproductibilité technique de l'œuvre d'art,
20:21 c'est son aura.
20:22 Je me souviendrai toujours des frissons qui m'ont traversé
20:25 la première fois que j'ai entendu résonner le générique de Star Wars devant l'épisode 7 au cinéma.
20:30 Au-delà même de la qualité discutable des films,
20:32 il est indéniable que cette sensation avait complètement disparu 4 ans plus tard,
20:37 alors qu'un film de la franchise sortait quasiment tous les 7 mois.
20:39 Et Benyamin, il parle du côté vraiment purement technique dans son livre à la base,
20:43 mais moi je l'étends un peu au côté philosophique de la reproductibilité.
20:47 Si jamais on reproduit une franchise en boucle, si jamais il y a des remakes,
20:51 et d'ailleurs c'est le grand risque pour moi qui touche le personnage de Spider-Man,
20:55 et qui d'ailleurs faisait peur au moment du remake ou du reboot avec Tom Holland,
21:00 c'était en fait si jamais vous faites 3 reboots en 15 ans d'un même personnage,
21:05 et à un moment les gens vont juste en avoir marre,
21:08 et vont en avoir marre d'avoir la même histoire,
21:10 et d'ailleurs ça a été un gros piège de la trilogie de Tom Holland,
21:14 c'est que du coup ils ont refusé de faire tout le passage sur l'oncle Ben,
21:18 tout le passage où il découvre ses pouvoirs,
21:19 ce qui peut se comprendre parce que ça avait été déjà raconté plein de fois
21:23 et tout le monde le connaissait par cœur,
21:24 mais d'un autre côté ça posait aussi problème,
21:26 parce qu'en fait le personnage manquait complètement de relief et d'enjeux,
21:30 parce qu'en fait c'est ça les enjeux principaux de Spider-Man,
21:33 en fait à force de reproduire on finit par épuiser la formule,
21:36 et surtout on finit par avoir une histoire qui ne se termine jamais,
21:39 et c'est complètement insatisfaisant pour le public,
21:42 c'est une bonne chose parce que comme je l'ai dit plus tôt,
21:44 ça va le pousser à retourner en salle pour voir enfin cette fin de l'histoire qu'on lui promet à chaque fois,
21:50 mais c'est complètement insatisfaisant parce qu'en fait cette fin n'arrive jamais,
21:53 et on le voit encore une fois, je vais reprendre l'exemple du MCU,
21:55 depuis Endgame les gens commencent petit à petit à critiquer,
21:58 à délaisser et à se désintéresser du MCU,
22:00 Endgame apparaissait vraiment comme une fin quasiment satisfaisante,
22:03 et derrière pour relancer les gens alors qu'ils ont déjà suivi 25 films pour avoir cette fin,
22:08 et leur dire "attendez non non c'est pas fini, il en reste 25 pour avoir une autre fin",
22:12 c'est beaucoup plus compliqué.
22:13 Surtout ce rythme effréné de sortie ne se fait pas sans conséquence sur la production,
22:18 alors qu'avant les plus gros blockbusters avaient un temps de production qui s'étalait sur 3 ans,
22:22 désormais ce temps s'est réduit à 24 mois.
22:25 Comme je l'expliquais plus tôt, pour faire tenir une saga,
22:27 il faut être constamment en train de proposer du contenu à l'audience pour la maintenir attentive et intéressée,
22:32 et c'est pour ça que les gros studios ont opté pour cette stratégie.
22:35 Le problème, c'est que ça se ressent.
22:37 Si l'utilisation d'oeuvres préexistantes peut permettre d'alléger la pré-production,
22:41 puisque l'univers et certains personnages sont déjà établis,
22:44 c'est plus compliqué au niveau du tournage et de la post-production.
22:47 Avec en plus la pandémie, le recours au fond vert est devenu plus qu'une norme,
22:51 il coûte moins cher qu'un vrai décor,
22:53 et surtout, permet au producteur de changer quasiment à leur guise le scénario même après le tournage,
22:57 donc ce n'est pas grave si ce dernier n'est pas complètement fini.
23:00 C'était le cas pour Spider-Man No Way Home par exemple,
23:03 qui subissait des réécritures constantes au jour le jour.
23:06 Une autre illustration au sein du MCU est le premier film Black Panther,
23:09 dont le combat final a été entièrement modifié à quelques semaines de la sortie du film,
23:14 donnant cette scène finale digne d'un jeu d'une PS3 en fin de vie.
23:17 Les processus de production se sont encore plus industrialisés,
23:20 avec une augmentation des budgets et des enjeux, donc la nécessité d'optimiser chaque élément.
23:25 Le développement des sagas permet aussi aux studios hollywoodiens
23:28 de gagner en pouvoir de décision et en contrôle sur les films produits.
23:31 Dans les années 90, pour qu'un blockbuster cartonne au box-office, il lui fallait une vedette, une star.
23:37 Un acteur ou une actrice dont le nom sur l'affiche serait presque plus gros que celui du long métrage.
23:42 Mais cette tâche d'or des acteurs et actrices américains a pris fin.
23:45 L'autore Christine Thompson est on ne peut plus qu'affirmative,
23:49 parce qu'elle dit qu'aujourd'hui, c'est souvent la franchise qui est la vedette.
23:53 Les studios américains se reposent désormais sur les propriétés intellectuelles et des licences
23:58 qui sont plus dociles et moins volatiles que des acteurs ou réalisateurs pour faire des films.
24:02 Prenons le cas du nouveau Black Panther.
24:04 La mort de Chadwick Boseman, acteur vedette du premier film,
24:07 aurait dû entraîner avec lui la mort de la saga, ou alors un recast.
24:11 Mais non, car l'univers créé par Kevin Feige est plus puissant que les humains qui le composent,
24:16 et ainsi la marque Black Panther a pu perdurer et sortir un nouveau film
24:20 sans même que son acteur principal y fasse une apparition.
24:22 Ce n'est pas pour rien que les plus gros investissements des boîtes de production
24:26 sont désormais l'achat de licences bien plus que les contrats des acteurs ou réalisateurs.
24:30 D'ailleurs, l'expression même de franchise est d'abord issue du marketing et de la vente.
24:35 Le modèle économique de McDonald's par exemple repose sur les franchises.
24:39 L'entreprise mère offre un cadre aux individus souhaitant lancer leur propre restaurant autour du monde.
24:43 Cela permet à McDonald's de faire fleurir son business sans pour autant avoir directement à gérer trop de magasins.
24:49 Pour les licences de films, séries ou autres, la logique est un peu la même.
24:52 Le but va être rapidement de générer un maximum de revenus annexes,
24:56 au point même que ces derniers deviennent plus importants.
24:58 On connaît tous la légende selon laquelle George Lucas aurait finalement refusé de tuer le personnage de Han Solo dans la trilogie originale,
25:05 car ce dernier était trop populaire et vendait trop de jouets.
25:08 Pareil pour Tim Burton, dont le pseudo renvoi de la saga Batman, dont il a réalisé les deux premiers films avec Michael Keaton,
25:15 aurait en partie été dû au scandale que les jouets Happy Meal de Batman Returns avaient suscité.
25:20 En effet, le film était assez sombre et la polémique fut assez importante.
25:24 Warner prit donc ses précautions en engageant Joel Schumacher pour la suite des aventures du personnage,
25:29 dans une version bien plus McDonald's compatible.
25:32 Et en fait, je vois vraiment les franchises comme une sorte de finalité hollywoodienne.
25:36 Si le monde du divertissement a connu de nombreuses modes et tendances qui se sont imposées avant de disparaître,
25:41 pour moi, elles ne cochaient pas à ce point tous les critères permettant son succès.
25:45 On pense aux westerns évidemment, qui après des années fastes ont quasiment complètement disparu.
25:49 Mais jamais les films de westerns n'ont atteint ce niveau d'omniprésence dans la culture de masse.
25:54 La franchise offre en plus une rentabilité sur le long terme.
25:58 Lorsqu'un film rentre dans ses frais et dégage un bénéfice, c'est une bonne nouvelle pour un studio.
26:02 Mais c'est une bonne nouvelle temporaire, car le film suivant peut très bien s'écraser et tout annuler.
26:07 Lorsqu'un film de franchise rencontre du succès, c'est le plus souvent synonyme d'une assurance d'un bénéfice sur au moins 10 ans.
26:14 Par leur mode de production optimisé à outrance, et par la résonance qu'ils trouvent dans une audience toujours en quête de contenu familier,
26:20 les remakes, préquels, sequels, spin-offs offrent un boulevard sans précédent à Hollywood, le poussant presque à loisiveté.
26:28 Tout le monde veut sa franchise désormais, même Netflix l'a annoncé officiellement.
26:31 Et le remake coréen, ainsi que le spin-off sur Berlin de la Casa de Papel l'illustre bien.
26:36 Les remakes et suites en tout genre ne sont pas un problème en soi.
26:39 Ils ont toujours existé et ont toujours répondu à une demande au sein de la pop culture.
26:43 Il n'y a pas de mal à faire un remake d'un film ou une suite.
26:46 Certains sont même devenus des classiques, à l'image de Scarface de Brian De Palma, qui est un remake,
26:51 tout comme Nightmare Alley, un de mes films préférés sortis cette année.
26:54 Le problème, c'est que les sagas et les franchises sont développés dans des objectifs tellement mercantiles qu'ils en font oublier le reste.
27:00 Il est logique qu'un studio cherche à gagner de l'argent.
27:03 Mais il n'est pas normal que cette perspective devienne le poids central de l'industrie cinématographique.
27:08 Le divertissement de masse n'a pas à prendre le dessus sur le reste.
27:11 Dans son ouvrage intitulé La crise de la culture, Hannah Arendt dit ceci.
27:15 Cette massification de la consommation des objets culturels suppose le renouvellement régulier des objets à consommer,
27:21 ce qui réduit progressivement toutes les œuvres d'art à des objets de consommation.
27:26 Et c'est en ce sens que la déclaration ultra provocatrice de Scorsese sur les films de super-héros prend tout son sens.
27:32 Est-on encore face à des œuvres d'art ou face à des objets de consommation ?
27:36 Je pense que la réponse est bien plus nuancée qu'un simple "film de super-héros/blockbuster = objet de consommation" ou "film d'auteur = œuvre d'art".
27:43 Mais je trouve que la tendance des franchises et leurs modes de production met en évidence cette problématique.
27:48 Walter Benjamin ajoute que "plus l'importance sociale d'un art diminue, plus s'affirme dans le public le divorce entre l'attitude critique et l'idéologie".
27:55 L'attitude critique est le plaisir pur et simple.
27:57 J'ai parfois l'impression que l'on est arrivé à un niveau où Hollywood a tellement optimisé et industrialisé sa production que nous sommes désarmés pour la plupart,
28:05 car complètement pris au piège des subterfuges offerts par le divertissement qui nous est proposé.
28:10 Comme si notre esprit critique s'effondrait.
28:12 La pop culture est la culture de masse, c'est notre culture à tous.
28:15 Ça me rend triste de voir le tournant qu'elle est en train de prendre en s'enfonçant dans les mêmes références, les mêmes sagas surinés jusqu'à l'écœurement.
28:21 Pourtant, et je l'assume, je fais partie de ces consommateurs.
28:24 Et donc, quand on y pense bien, ça a toujours été l'objectif de la culture de masse, de la culture populaire, des grands studios, des grands groupes, de l'industrie culturelle,
28:34 comme on va le voir avec Adorno, de faire ces produits standardisés, franchisés, ces licences qui sont quasiment interchangeables,
28:42 qui permettent de produire en grand nombre et à une grande vitesse, mais probablement que depuis quelques années, les ficelles sont on ne peut plus grosses.
28:51 Et donc, ça devient beaucoup plus dérangeant pour les spectateurs, où avant, on avait quelques remakes, on avait quelques franchises.
28:57 Mais la plupart des oeuvres même de la pop culture étaient plus ou moins originales.
29:02 Les films de Spielberg, ils sont parfois inspirés d'autres oeuvres ou des adaptations,
29:06 mais c'est des histoires qu'on n'avait quasiment jamais eues, en dehors de leur structure.
29:10 Désormais, c'est de moins en moins le cas.
29:12 En prenant un peu de recul, je trouve que ça correspond parfaitement à ce que Théodore Adorno appelle l'industrie culturelle, dans son livre "Dialectique de la raison".
29:20 Il définit le concept en ces termes.
29:22 La technologie de l'industrie culturelle n'a abouti qu'à la standardisation et à la production en série,
29:28 en sacrifiant tout ce qui faisait la différence entre la logique de l'oeuvre et celle du système social.
29:34 On parle alors d'un ouvrage publié en 1944, qui s'inscrit dans le courant de pensée de l'école de Francfort,
29:40 qui s'est efforcé d'analyser les médias à cette époque.
29:43 A noter qu'Adorno a écrit ceci après un voyage de plusieurs mois à Los Angeles.
29:47 Alors, les produits de l'industrie culturelle, qui se matérialisent aujourd'hui sous la forme des franchises,
29:53 doivent pour eux être considérés comme des marchandises, puisque rien ne les distingue fondamentalement.
29:58 Adorno va même plus loin en expliquant que l'industrie culturelle abolit l'autonomie de l'oeuvre d'art,
30:04 puisque ses réalisations sont conçues comme des marchandises.
30:07 En ce sens, nous n'assistons donc pas à la mort de la populture, mais au contraire à son avènement,
30:13 au parachèvement de son intention première, transformer l'art en consommation.
30:18 Cette vision reste à nuancer, notamment par de nombreux courants comme celui des Cultural Studies,
30:23 qui ont suivi l'école de Francfort, soulignant bien le fait que le public était capable d'une réception critique.
30:28 Mais il me semble que nous sommes à ce niveau à un tournant, et que les prochaines années
30:33 pourraient se charger de trancher pour l'histoire quelle vision des cultures populaires et de masse finira par triompher.
30:40 [Bruit de la télévision qui s'arrête]
30:52 [Bruit de la télévision qui s'arrête]
31:00 [Bruit de la télévision qui s'arrête]