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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:00 Quasiment 20h et c'est un plaisir de vous retrouver pour Face à Bocque Côté.
00:03 Dans un instant évidemment les études taux de Mathieu,
00:05 mais avant cela le point sur l'information avec Isabelle Piboulot.
00:08 Finale de Coupe de France sous tension ce soir.
00:14 Nantes et Toulouse s'affrontent à 21h au Stade de France.
00:17 Une rencontre en présence d'Emmanuel Macron dans un contexte social tendu.
00:22 Aux abords du stade, des cartons rouges et des sifflets
00:24 ont été distribués par des syndicats
00:27 avant d'être confisqués par des stadiers ayant reçu l'ordre de les comptabiliser à la fin du match.
00:33 A Paris, trois hommes sont en fuite après le braquage d'une bijouterie Place Vendôme.
00:38 Vers 13h45, trois individus à bord de deux motos se sont présentés à la joaillerie de luxe Bulgarie.
00:45 Deux d'entre eux étaient porteurs d'armes longues.
00:48 Une enquête de flagrance pour vol à main armée en bande organisée a été ouverte.
00:53 Le préjudice est estimé à plusieurs millions d'euros.
00:57 Pour lutter contre les rodéos urbains,
00:59 le ministre de l'Intérieur souhaite que les forces de l'ordre aient recours à des drones,
01:05 un usage permis depuis un décret du 19 avril.
01:08 Gérald Darmanin en a fait la demande au préfet,
01:11 précisant que policiers et gendarmes doivent multiplier les opérations de présence.
01:16 L'utilisation des drones en renseignement ne doit pas être négligée, précise le ministre.
01:23 À la une de face à Beaucôté, Elisabeth Borne a annoncé cette semaine,
01:27 faute de majorité, un report du texte sur la question migratoire.
01:31 L'immigration illégale était pourtant considérée comme une priorité
01:35 par le chef de l'État 72 heures avant.
01:37 Ce nouveau pas en arrière.
01:39 En matière migratoire, la France fait-elle figure d'exception ?
01:42 À l'attentisme français, l'Italie répond "état d'urgence".
01:45 Les démocraties nordiques durcissent le ton, mais en métropole, on attend.
01:49 Alors pourquoi ce recul permanent ? On en parle dans un instant.
01:52 À la une également, Emmanuel Macron est devenu l'homme de toutes les colères.
01:55 Au-delà de la réforme, c'est son jusqueboutisme qui exaspère certains,
01:59 au point qu'une finale de Coupe de France devienne un enjeu politique.
02:03 Le chef de l'État veut éviter ce soir une bronca historique.
02:06 Et comment pourra-t-il gouverner pour les quatre prochaines années ?
02:09 Élément de réponse dans cette émission.
02:10 Enfin ce soir, cher Mathieu, vous recevez Nikola Mirkovic et ses histes.
02:14 Vous reviendrez avec lui sur la guerre en Ukraine,
02:16 sur le rôle des États-Unis dans le monde et l'Europe.
02:20 Voilà le programme de face à Beaucôté.
02:22 C'est parti.
02:24 Mathieu, bonsoir.
02:36 - Bonsoir.
02:36 - Ravi de vous retrouver.
02:37 - De même.
02:38 - Arthur de Vatrigan, bonsoir.
02:39 - Bonsoir.
02:40 - À la une de l'incorrect, l'immigration.
02:42 Et l'immigration, c'est le premier thème de face à Beaucôté ce soir.
02:45 Le report du projet de loi sur l'immigration par Elisabeth Borne
02:48 en amène plusieurs à se demander si le gouvernement
02:52 aborde avec désinvolture cette question pourtant fondamentale.
02:56 Pourtant, d'un sondage à l'autre, on trouve une très nette majorité de Français
03:00 qui souhaitent en finir avec l'immigration massive
03:03 et voudraient voir l'État se donner des moyens d'y parvenir.
03:05 Mais ce problème est-il exclusif ?
03:07 Est-ce qu'il y a une exception française ?
03:09 Comment se pose-t-il d'ailleurs la question dans le monde occidental ?
03:13 Quel sera votre premier édito, cher Mathieu ?
03:15 - Alors, on va d'abord toucher à la question de la France
03:17 pour ensuite voir comment cette question de l'immigration massive
03:20 frappe aujourd'hui les principales, appelons ça, aires de civilisation
03:24 dans le monde occidental, globalement l'Amérique du Nord,
03:27 l'Europe occidentale et l'Europe centrale-orientale.
03:30 Alors, moi, ce qui me frappe cette semaine,
03:32 et on en a parlé un peu cette semaine, mais il faut y revenir,
03:34 c'est la déclaration de Mme Borne selon laquelle il n'y aurait pas de majorité
03:38 en France pour prendre en charge la question de l'immigration.
03:43 C'est une phrase qui est vraie à une seule condition,
03:46 que la majorité à construire soit seulement disponible
03:50 à l'intérieur de la majorité-minorité relative présidentielle,
03:54 à l'intérieur des partis qui sont censés appartenir
03:57 à ce qu'on appelle l'arc républicain.
03:59 Mais ce qui est intéressant, c'est que la condition d'entrer
04:02 dans l'arc républicain aujourd'hui, c'est justement de témoigner
04:05 d'une adhésion à l'immigration massive ou à tout le moins
04:08 de la regarder sous le signe du fatalisme,
04:10 en se disant peut-être qu'on s'en désole,
04:12 mais elle est inévitable aussi bien s'y accommoder.
04:15 Quand on regarde en profondeur dans la population,
04:17 il existe une majorité française qui n'est pas encore construite politiquement,
04:22 une majorité très nette de la population qui souhaite globalement
04:26 ramener, je ne vais pas dire stopper l'immigration massive,
04:30 et pas seulement l'immigration illégale, j'insiste là-dessus.
04:32 La grande ruse des gouvernants, ça consiste à dire
04:35 stopper l'immigration illégale, stopper l'immigration illégale,
04:38 pour ne pas dire au même moment que l'essentiel de l'immigration en France,
04:41 elle est légale et pose quand même problème.
04:43 Elle vient par le regroupement familial, elle vient par le droit d'asile détourné,
04:46 elle vient de mille manières, mais elle contribue,
04:49 elle accélère aussi ce changement démographique
04:52 qui vient changer fondamentalement l'identité française.
04:56 Donc il y a une majorité.
04:57 Il y a une majorité aussi pour reprendre en main les frontières,
04:59 pour casser le pouvoir des juges qui se permettent de faire
05:02 la politique migratoire de la France.
05:03 Parce qu'en ce moment, soyons sérieux, la politique migratoire de la France,
05:06 elle est façonnée par des juges, par les ONG,
05:09 par les associations mafieuses et par les immigrés eux-mêmes,
05:11 qui donc chacun, et puis évidemment la question des immigrés,
05:14 on pourrait dire chacun individuellement a d'excellentes raisons
05:16 de vouloir rejoindre le pays.
05:18 Il n'en demeure pas moins qu'à l'échelle de l'histoire,
05:20 il y a un basculement démographique qui s'opère à travers cela.
05:23 Alors qu'est-ce qu'on voit?
05:24 D'un côté, un discours dominant, le discours des élites,
05:27 comme on dit souvent, qui est un discours d'adhésion à l'immigration massive.
05:32 À partir de ce que j'appelle, vous m'avez souvent entendu utiliser cette formule,
05:35 le régime diversitaire.
05:36 Le régime diversitaire qui entend reprogrammer les sociétés occidentales,
05:39 aucune n'y échappe.
05:41 À travers cette idée que, à ce qu'on appelait autrefois
05:43 la diversité des peuples dans le monde,
05:45 apparaît aujourd'hui l'idée de l'interchangeabilité des populations.
05:49 Donc il y a cette idée qu'il faut pousser jusqu'au bout
05:50 selon les exigences du marché, selon les exigences sociétales,
05:54 selon les exigences du droit humanitaire, les raisons sont nombreuses.
05:57 Il faut pousser une transformation en profondeur dans nos sociétés
06:00 et ce qu'on appelait le peuple historique de nos sociétés,
06:02 le peuple historique italien, le peuple historique danois,
06:05 le peuple historique français, doivent devenir dans ces pays
06:08 une communauté parmi d'autres n'ayant pas vocation
06:11 à faire en sorte que sa culture soit la norme.
06:14 Et si vous dites, si vous dites, oui, mais la culture historique du pays
06:17 doit être la norme identitaire, vous vous ferez accuser
06:21 de suprémacisme ethnique et même de suprémacisme blanc.
06:24 Donc là, il y a un problème de fond.
06:26 Et là, la tension que j'évoque, d'un côté, le discours des élites
06:30 porté par le régime diversitaire, et pas seulement les élites politiques,
06:32 les élites financières, les élites économiques,
06:34 les élites médiatiques, les élites technocratiques,
06:37 d'un côté, de l'autre côté de la population.
06:40 Comment réagit le, ce que j'appelle le régime dans ces circonstances-là?
06:43 Eh bien, il fait un travail actif et constant de déconstruction
06:47 de l'identité nationale, de rééducation de la population.
06:50 Tout ce qu'on entend dans le discours public sur le langage,
06:52 sur la lutte contre les préjugés, les stéréotypes, le repli sur soi,
06:56 ce sont des mots codés qu'il faut savoir traduire et décrypter.
07:00 Et que nous disent-ils ces mots?
07:02 Ils nous disent la résistance de la population à l'immigration massive
07:06 est une résistance toxique, raciste, xénophobe.
07:09 On nous dit finalement, si vous voulez résister à l'immigration massive,
07:12 au fond de vous-même, vous êtes d'extrême droite,
07:14 et on va vous rééduquer pour cela.
07:16 D'ailleurs, les partis qui s'opposent d'une manière ou de l'autre
07:19 à l'immigration massive seront extrême-droitisés d'une manière ou de l'autre.
07:22 Et là, il y a même, et ça c'est la ruse des temps présents aussi,
07:24 les ruses se multiplient.
07:26 Vous avez entendu une figure importante du gouvernement
07:28 plaider pour une convention citoyenne sur l'immigration.
07:31 Le problème, c'est qu'est-ce qu'on entend dans ça?
07:32 Il y a une majorité populaire, mais la majorité populaire,
07:34 on ne veut pas la construire, parce que, je le dis,
07:36 à près de 80%, on sait ce que les Français veulent.
07:40 Donc, on va chercher à construire une majorité alternative,
07:42 une majorité citoyenne.
07:44 Ça, c'est le vocabulaire à la mode.
07:45 Donc, avec ce qu'on connaît, les conventions citoyennes,
07:47 des experts idéologiquement orientés,
07:49 une population, plutôt des gens choisis vaguement au hasard,
07:53 souvent des militants qui sont là pour applaudir,
07:55 finalement, les orientations des experts,
07:57 et à terme, on prétend fixer une nouvelle orientation à la société,
08:01 en disant que la convention citoyenne était plus informée
08:03 que le peuple qui s'exprime par sondage.
08:05 Le résultat de tout cela, néanmoins,
08:07 c'est qu'on le voit en France, il y a une majorité très nette
08:09 de la population qui voudrait reprendre en main l'immigration.
08:12 Il y a un gouvernement qui s'y refuse,
08:14 et non seulement il s'y refuse,
08:15 mais il entend finalement rééduquer la population,
08:18 il entend rééduquer la nation
08:21 pour l'amener à consentir à l'immigration massive.
08:25 - Alors, ça, c'est pour la France.
08:27 Mais vous disiez vouloir jeter un regard
08:29 sur la situation ailleurs dans le monde.
08:30 - Oui. Trois zones dans le monde occidental.
08:32 On s'entend pour aller ailleurs, évidemment,
08:34 parce que la question de l'immigration se pose
08:36 pas seulement en Occident.
08:38 On pourrait parler ne serait-ce que de l'histoire du Tibet,
08:40 pour reprendre un exemple connu.
08:42 Vous savez, quand le changement d'une population arrive,
08:44 dans ce cas-là, c'était pas seulement l'immigration,
08:46 c'est une colonisation démographique chinoise,
08:48 mais le destin d'un peuple change complètement.
08:50 Mais laissons de côté cette situation un instant.
08:52 Trois grandes zones. En Europe occidentale.
08:54 Que se passe-t-il? On pourrait dire que globalement,
08:56 ce qui se passe en France, c'est une phase accélérée,
08:59 une phase radicale de ce qui se passe
09:01 partout dans le monde occidental.
09:03 Donc, on le voit, en Europe occidentale, j'entends,
09:05 en Italie, état d'urgence, état d'urgence.
09:07 En Irlande, réaction très vive.
09:09 En Irlande, quand même, la population dit
09:11 qu'on n'en peut plus. La pression est trop vive.
09:13 La pression est pas seulement trop vive
09:15 pour des questions d'identité,
09:17 elle est aussi pour des questions de logement,
09:19 elle est pour des questions de services sociaux.
09:21 Réaction aussi dans les pays scandinaves,
09:23 où c'est autour de la question migratoire
09:25 que se recompose véritablement la vie politique.
09:27 On l'a vu notamment au Danemark.
09:29 Il faut comprendre ce qui s'est passé au Danemark.
09:31 Un parti, on pourrait dire l'équivalent du RM,
09:33 est parvenu à imposer son programme.
09:35 Un parti qui est l'équivalent des LR,
09:37 qui est parvenu à l'imposer à l'équivalent
09:39 d'un parti qui serait le Parti socialiste.
09:41 Et désormais, le consensus politique danois
09:43 est un consensus anti-immigrationniste
09:45 et non pas immigrationniste.
09:47 En Suède, le jeu de bascule, en Suède,
09:49 on a vu une élite très immigrationniste,
09:51 une population qui l'était beaucoup moins.
09:53 Le jeu de bascule vient de s'opérer.
09:55 En Finlande, ces derniers jours.
09:57 Donc, c'est important.
09:59 Réaction, réaction vive.
10:01 En Amérique du Nord, c'est tout autre chose.
10:03 En Amérique du Nord, la réaction vive
10:05 à l'immigration massive n'est pas là.
10:07 Pourquoi? Le cas du Canada est probablement
10:09 le plus intéressant.
10:11 Le Canada se présente au monde
10:13 comme le laboratoire du monde de demain.
10:15 On pourrait dire que c'est l'état idéal
10:17 de Mme von der Leyen.
10:19 C'est le laboratoire du monde post-national
10:21 et post-occidental.
10:23 Le Canada veut un Canada
10:25 de 100 millions de citoyens
10:27 à la fin du siècle.
10:29 Il y en a environ 38 millions en ce moment.
10:31 Donc, une politique active de recherche
10:33 de l'immigration massive,
10:35 donc à coût de 500 000 par année,
10:37 le Canada part à la recherche dans le monde de gens
10:39 pour se peupler dans une nouvelle vague migratoire.
10:41 Et dans ce contexte-là, il y a que les Québécois
10:43 qui s'y opposent, sans surprise, en disant
10:45 qu'on va se faire noyer. C'est la noyade démographique
10:47 qui nous attend dans tout cela.
10:49 Les États-Unis, c'est tout à fait intéressant
10:51 parce que l'on parle souvent des États-Unis
10:53 comme une nation fondamentalement d'immigration.
10:55 C'est le terme qui revient toujours pour en parler.
10:57 C'est beaucoup plus compliqué.
10:59 Si vous faites l'histoire du 20e siècle aux États-Unis
11:01 pendant 40 à 50 ans environ,
11:03 des années 20 aux années mi-60,
11:05 vous avez un moratoire sur l'immigration
11:07 aux États-Unis avec ce souci explicite
11:09 de ne pas modifier la composition
11:11 de la population du pays parce que ça pourrait
11:13 le bouleverser.
11:15 Et là, ensuite, dans les années 60,
11:17 il y a un changement des règles d'immigration
11:19 démographique. Aux États-Unis, aujourd'hui,
11:21 vous avez une nation où la conscience nationale
11:23 se fragmente, où l'effet migratoire
11:25 transforme, soit dit en passant,
11:27 la vie politique de plusieurs États au sud
11:29 des États-Unis, le Texas,
11:31 la Californie, l'Arizona.
11:33 Et vous savez, quand la population change,
11:35 quelquefois, les majorités politiques changent.
11:37 Donc, des États historiquement républicains
11:39 deviennent démocrates, et ainsi de suite.
11:41 Et vous avez aux États-Unis une réaction vive,
11:43 mais au niveau des États, mais pas au niveau national,
11:45 avec une nuance, une petite nuance.
11:47 Alors, Donald Trump, pourquoi Donald Trump
11:49 est-il parvenu à s'imposer en 2015-2016?
11:51 On l'oublie. Parce qu'alors qu'il y avait
11:53 un consensus immigrationniste aux États-Unis,
11:55 eh bien, Trump s'est emparé de la question
11:57 de l'immigration. Il a dit non. Nous, on veut faire
11:59 un mur, on veut stopper ça. Et il a trouvé
12:01 une adhésion. Donc, il y avait une majorité disponible
12:03 dans le pays autour de ça. Mais pour bien lire
12:05 cette question de l'immigration massive
12:07 et de ses effets, peut-être faut-il...
12:09 Évidemment, j'ai évoqué l'Europe de l'Est.
12:11 Non, c'est... ça résiste. Mais peut-être,
12:13 pour bien comprendre cette question, peut-être
12:15 il faut pas se débrouiller dans le pays,
12:17 mais de voir comment, au niveau des villes,
12:19 des régions, comment tout ça est déjà assez avancé.
12:21 - Qu'entendez-vous par là, Mathieu?
12:23 - Alors, l'immigration massive, elle, quelquefois,
12:25 elle a déjà... Quand on dit "quelquefois", oui,
12:27 dans un siècle, à quoi ça va ressembler.
12:29 Mais il faut quelquefois simplement changer la focale.
12:31 Si on regarde, par exemple, en France,
12:33 on regarde la Seine-Saint-Denis, bien,
12:35 le basculement démographique n'est pas à venir.
12:37 Il a eu lieu. Il a eu lieu, tout simplement.
12:39 Si vous regardez dans les grandes villes européennes,
12:41 à Malmö, en Suède, à Bruxelles,
12:43 évidemment, à Bruxelles, c'est particulier,
12:45 ce qui se passe à Bruxelles. Est-ce que c'est encore
12:47 une ville culturellement européenne, Bruxelles?
12:49 Est-ce qu'on peut poser la question sans se faire traiter de fachos?
12:51 D'autres endroits. Je l'évoquais en Amérique du Nord,
12:53 en Californie. La Californie, il faut pas oublier
12:55 qu'il y a 30 ans, 30 environ, c'est un État culturellement...
12:57 Il y avait le côté un peu... l'Ouest ensoleillé,
12:59 mais c'est un État qui était culturellement
13:01 assez dans le mainstream américain.
13:03 C'est un État qui a complètement basculé autour de ça.
13:05 Au Canada, au Canada, à la ville de Toronto.
13:07 La ville de Toronto est devenue une ville...
13:09 C'est le laboratoire... En fait, c'est probablement
13:11 le coeur du réacteur de la mutation démographique
13:13 occidentale aujourd'hui.
13:15 À Montréal, au Québec, vous me permettrez de le dire.
13:17 L'immigration massive, qu'est-ce qu'elle a fait?
13:19 Elle a anglicisé massivement la métropole,
13:21 donc une rupture vive entre Montréal
13:23 et le reste du Québec.
13:25 Qu'est-ce que ça veut dire, tout ça?
13:27 Pourquoi je donne ces exemples? Parce que partout,
13:29 quand vous changez la composition de la population,
13:31 c'est sur ça qu'il faut revenir.
13:33 Une société, c'est pas une addition abstraite
13:35 d'individus désincarnés avec des droits
13:37 et des valeurs de la République.
13:39 Une société, c'est un peuple, une culture,
13:41 une mémoire, des moeurs, une langue.
13:43 Mais quand vous avez plusieurs communautés
13:45 qui tendent à se vivre comme plusieurs peuples
13:47 à l'intérieur d'une même société,
13:49 vous avez une logique de fragmentation.
13:51 Et c'est cette logique de fragmentation qu'on voit,
13:53 et même dans des sociétés qui sont pas marquées
13:55 par l'immigration, si je peux me permettre.
13:57 Pensez à l'Ukraine, l'Ukraine dont on va parler
13:59 dans quelques instants. Entre l'est de l'Ukraine
14:01 et l'ouest de l'Ukraine, au-delà, il y avait
14:03 les mêmes frontières, mais il y avait presque
14:05 une même culture. Pensez à l'Irlande, avec l'Irlande du Nord.
14:07 Pensez à Israël, la question démographique
14:09 en Israël. Est-ce qu'Israël va demeurer
14:11 un État majoritairement juif ou non?
14:13 C'est une question fondamentale.
14:15 S'Israël perd sa majorité juive, est-ce qu'Israël
14:17 est encore l'État juif rêvé par Herzl et d'autres?
14:19 Bon. Alors quand on a tout ça à l'esprit,
14:21 la question oubliée aujourd'hui, dans les temps présents,
14:23 c'est le peuple, c'est la démographie,
14:25 ce sont les moeurs, c'est la culture,
14:27 c'est l'histoire, c'est l'identité, tout ce qui est balayé
14:29 au nom de l'idéologie des droits.
14:31 Arthur De Vatregan, question passionnante,
14:33 la question migratoire.
14:35 Et aujourd'hui, le gouvernement
14:37 tâtonne, attend,
14:39 a peut-être peur de parler
14:41 de cette question-là, en tous les cas
14:43 d'agir. Est-ce que vous partagez ce constat?
14:45 Oui, parce que le problème
14:47 n'est pas l'immigration en tant que telle,
14:49 mais le type d'immigration.
14:51 Des Anglais débarqueraient sur nos côtes
14:53 ou des Allemands passeraient la Lorraine
14:55 une nouvelle fois. Je ne dis pas qu'on n'aurait pas
14:57 un petit contentieux à régler à la frontière,
14:59 mais une fois sur place, les problèmes auxquels
15:01 on serait confrontés, c'est de faire penser aux uns
15:03 qu'un confit de canard vaut mieux
15:05 qu'une pence
15:07 de brebis farcie et que des
15:09 Birkenstocks, finalement, ça a quand même moins de gueule
15:11 que des loups boutins. Et le souci,
15:13 en fait, ce n'est pas ça. Le problème, c'est qu'on a affaire
15:15 à une immigration majoritairement africaine
15:17 et de type musulmane. Ces 48%
15:19 des immigrés en France, selon l'INSEE,
15:21 viennent du continent africain et 62%
15:23 de ces 48% viennent du Maghreb.
15:25 Résultat, vous avez quoi ? Vous avez
15:27 un même sol, un seul sol pour deux civilisations.
15:29 Donc forcément, vous êtes à l'affrontement.
15:31 Et vous avez une civilisation qui est là
15:33 depuis des mille ans et qui veut continuer
15:35 à faire ce qu'elle veut faire, et l'autre qui débarque
15:37 et qui veut imposer par la force une intimidation
15:39 ses mœurs, sa culture, ses coutumes.
15:41 Et le souci,
15:43 c'est que lorsque l'on entend le président Macron
15:45 qui explique que la France a toujours été une terre d'immigration,
15:47 on dit qu'on est encore plus mal barré qu'on ne le pensait
15:49 parce que vous avez deux options.
15:51 Soit vous pensez qu'Emmanuel Macron
15:53 pense sincèrement que la France est née dans la deuxième partie du XIXe,
15:55 ce qui est un peu embêtant,
15:57 soit vous pensez qu'il ment, ce qui est
15:59 plus probable, tout ça pour banaliser
16:01 la question migratoire et justement donner
16:03 un avenir à la migration.
16:05 Et lorsqu'on fait son bilan,
16:07 l'option 2 ne fait aucun doute parce que pendant son
16:09 premier quinquennat, il a accueilli 1,3
16:11 million d'immigrés. Ça représente
16:13 presque 2% de la population totale.
16:15 Immigrés légaux, je ne parle même pas
16:17 des illégaux. Alors là, il commence
16:19 à avoir, ça commence à poser des problèmes,
16:21 violence, trafic de drogue, islamisation,
16:23 ça fait l'œil de tous les journaux tout le temps.
16:25 Donc ils se disent, on va faire une grande loi qui finalement ne va pas avoir lieu.
16:27 Bon, mais si on regarde d'un peu plus près
16:29 cette loi en question, finalement on se dit qu'on ne verra pas grand-chose.
16:31 Et peut-être même qu'on peut gagner
16:33 quelque chose, pour deux raisons.
16:35 La loi s'organisait autour de trois axes.
16:37 1. Rendre les OQTF plus efficaces.
16:39 2. Imposer un examen de français pour
16:41 le titre de séjour. Et 3. Créer un titre de séjour
16:43 pour les métiers dits sous tension.
16:45 Les OQTF, on a bien compris depuis longtemps que même si
16:47 un ministre est plein de bonne volonté,
16:49 il va mettre un juge rouge qui est dans le coin pour glisser une peau de banane
16:51 dès que ça ne marche pas. Pour l'examen de français,
16:53 vous regardez, le niveau était très très bas
16:55 et en plus, l'échec à l'examen
16:57 n'est pas synonyme de refus de titre.
16:59 Donc on se demande à quoi ça sert. Et enfin, pour le métier
17:01 sous tension, on a tous compris le "sit jackpot",
17:03 autant arriver sur des plages avec des panneaux
17:05 "Venez comme vous êtes", ça attire tout le monde.
17:07 Donc pour résumer, Emmanuel Macron et la question migratoire,
17:09 c'est juste une variable d'ajustement d'économie
17:11 et sociale, et la question existentielle n'est même
17:13 pas un problème. Enfin, la deuxième raison
17:15 de pourquoi cette loi aura été inutile
17:17 de toute façon, c'est parce qu'en ce moment,
17:19 l'Union Européenne ressort de son chapeau
17:21 le fameux pacte de migration et d'asile
17:23 qui avait été créé en 2020, pensé en 2020,
17:25 annulé, et puis là, ça revient.
17:27 Alors, selon ce qu'on se pense d'un peu plus près,
17:29 c'est assez amusant, il y a un affichage
17:31 de prise de conscience du problème migratoire,
17:33 sauf qu'en fait, si on creuse, on regarde, c'est un impôt
17:35 pavoutage de première catégorie. Premièrement,
17:37 la compétence des États devient
17:39 une compétence européenne. Donc c'est-à-dire
17:41 que vous avez encore moins de souveraineté. Donc ça veut dire concrètement
17:43 que vous pouvez faire toutes les lois de migration que vous voulez en France,
17:45 on s'en fout, c'est la compétence de l'Union Européenne
17:47 qui prime. Et qu'est-ce que veut faire l'Union Européenne ?
17:49 Elle ne veut pas contrôler ou réduire les migrations.
17:51 Elle veut sécuriser
17:53 l'acheminement des bateaux. En gros,
17:55 faire un pont maritime entre l'Afrique et l'Europe.
17:57 Évidemment, dans le programme, il y a aussi la relocalisation
17:59 des migrants dans nos campagnes, ce qu'avait proposé Emmanuel Macron,
18:01 on sait d'où ça vient.
18:03 Il y a une mise sous tutelle de la politique migratoire
18:05 par des experts et des ONG, je vous laisse imaginer
18:07 le CV de ces gens. Et enfin,
18:09 les pays qui ne veulent pas de répartition, l'Europe dit
18:11 "Vous avez le droit de refuser les migrants. Par contre,
18:13 vous donnez du pognon et du matos
18:15 aux pays qui accueillent. Et comme on sait tous que les frontières
18:17 sont hyper poreuses, le pays qui va refuser
18:19 va filer l'argent du matériel et va se retrouver
18:21 à récupérer les migrants derrière.
18:23 - Simplement, pour l'Italie, par exemple,
18:25 si, pour l'urgence, il y a, on passe au-dessus
18:27 des lois européennes, si je ne m'appuie ?
18:29 - La dernière fois qu'une loi d'État
18:31 était passée au-dessus d'une loi européenne, je ne me rappelle pas.
18:33 - Ça rassume. Emmanuel Macron,
18:35 qui se veut à la rencontre des Français,
18:37 ce soir, il va
18:39 rencontrer difficilement les Français,
18:41 parce que vous savez que c'est une tradition française.
18:43 Normalement, le président de la République
18:45 doit saluer les joueurs
18:47 de la finale de Coupe de France,
18:49 mais ça existe aussi pour le rugby,
18:51 juste avant la rencontre.
18:53 Patatras, ce soir, probablement,
18:55 il ne sera pas question d'aller
18:57 à la rencontre des joueurs. Ça se fera
18:59 en catimini, dans les coulisses,
19:01 dans le couloir du Stade de France. J'ai appris quand même que
19:03 François Hollande n'était pas descendu
19:05 lorsqu'il était président
19:07 sur la pelouse. Il existe
19:09 dans "Un pays profond", un rejet du président,
19:11 qui va, dans certains cas,
19:13 jusqu'à la haine. Comment comprendre,
19:15 Mathieu, ce rejet ? À quelle profondeur
19:17 s'alimentent et s'animent
19:19 ces colères présentes ?
19:21 Tel sera le sujet de votre second édito.
19:23 - Oui. Alors, je comprends
19:25 la tentation chez certains commentateurs
19:27 de dire "le problème, c'est Emmanuel Macron,
19:29 dans sa personnalité, son être intime,
19:31 et ainsi de suite". C'est une analyse
19:33 qui est possible, mais je la laisse à d'autres.
19:35 Parce que ce qui est intéressant, c'est de voir pourquoi
19:37 Emmanuel Macron, comme symbole politique,
19:39 est le point d'aboutissement d'une crise politique
19:41 profonde qui ne se réduit pas à sa personne.
19:43 Je résume en quelques mots,
19:45 puis je vais faire quelques sauts dans l'histoire.
19:47 On dit qu'en 2022, Emmanuel Macron
19:49 a été mal élu parce qu'il a eu
19:51 disposé simplement d'une légitimité négative.
19:53 En gros, c'était voter pour lui
19:55 tout simplement parce que ce n'est pas elle.
19:57 Et donc, c'est une légitimité assez faible quand vous avez
19:59 une coalition qui va de l'UMP
20:01 au centriste en allant
20:03 jusqu'à une partie du vote de la France insoumise.
20:05 Mais c'était la même chose en 2017.
20:07 En 2017, il ne faut pas oublier
20:09 qu'il avait aussi devant, lui,
20:11 Mme Le Pen, et que le même discours
20:13 antifasciste, qui est fondé sur ce que j'appelle
20:15 moi la légitimité négative. C'est une légitimité
20:17 qui ne donne pas de programme.
20:19 C'est une légitimité qui ne donne pas d'engagement.
20:21 C'est une légitimité qui dit simplement "donnez-moi le pouvoir
20:23 parce que l'autre serait une catastrophe pour le pays".
20:25 Donc, à aucun moment,
20:27 à aucun moment, Emmanuel Macron n'a disposé
20:29 à ce moment, à cette rencontre
20:31 substantielle avec le pays, au-delà des stratégies
20:33 de communication, mais il y aurait eu une adhésion
20:35 non seulement à sa personne, mais à son programme
20:37 et à la vision de la France qui est la sienne.
20:39 J'ajoute, ça, si on voit
20:41 crise dans le système politique français,
20:43 peine à fabriquer de la légitimité
20:45 aujourd'hui. Deuxième élément qu'il faut garder
20:47 à l'esprit, si on a un souci
20:49 historique, combien
20:51 d'électeurs français ont été, au fil
20:53 des années, refoulés dans les marges politiques
20:55 au point qu'au moment de la présidentielle,
20:57 on en parle souvent ici, près d'un électeur
20:59 sur deux était jugé anti-républicain,
21:01 potentiellement factieux.
21:03 Vous avez vu ce sondage récemment qui disait,
21:05 dans un éventuel deuxième tour
21:07 Macron-Le Pen en 2027,
21:09 qui ne peut pas arriver, mais on jouait...
21:11 - Si on rejouait la présidentielle.
21:13 - 55 % voteraient Marine Le Pen.
21:15 Quand je pose la question aux ministres, aux commentateurs,
21:17 dites-vous, de ce point de vue, que les 55 % des Français
21:19 voteraient contre la France, voteraient contre la démocratie,
21:21 voteraient contre l'État de droit. Serait factieux
21:23 ou ils ne sauraient pas pour qui ils votent.
21:25 - C'est intéressant. Donc, on a un rapport trouble
21:27 à la démocratie. Donc, rejet d'une partie
21:29 du corps électoral. 2005,
21:31 2005, les Français sont invités
21:33 à se prononcer sur la Constitution européenne.
21:35 Ils la refusent. Les élites,
21:37 non seulement c'était massivement
21:39 rallié à cette proposition, mais une fois
21:41 que les Français l'ont refusée, on leur impose néanmoins.
21:43 Alors, si on prend tous ces éléments-là
21:45 ensemble, qu'est-ce qu'on voit? On voit
21:47 une rupture entre l'élite politique et
21:49 une partie importante de la population qui est
21:51 reconduite d'une élection à l'autre. Et là,
21:53 on voit en ce moment, on touche simplement le point
21:55 d'exaspération. - On parle souvent, Mathieu,
21:57 du style d'Emmanuel Macron. N'est-il pas
21:59 pour beaucoup, dans le présent,
22:01 rejet de sa personne? - Peut-être,
22:03 peut-être, mais encore une fois, dépersonnalisons
22:05 le temps de l'analyse.
22:07 Emmanuel Macron, c'est d'abord le visage d'une idéologie.
22:09 Pour ça, l'européisme mondialisé.
22:11 Cette idée que la France a pour vocation
22:13 de s'adapter au cadre européen pour se
22:15 moderniser et avoir une forme d'épanouissement
22:17 dans le cadre d'une Europe qui serait plus ou moins fédérale.
22:19 C'est l'expression d'une classe sociale.
22:21 La macronie, c'est une classe sociale
22:23 constituée en partis politiques.
22:25 Donc, c'est la bourgeoisie mondialisée des grandes villes
22:27 ou des villes moyennes qui se sent toute heureuse
22:29 d'être moderne. C'est une méthode de gouvernement
22:31 technocratique. Il ne faut pas l'oublier.
22:33 Et c'est aussi une parole politique,
22:35 hélas, démonétisée, parce qu'elle cherche
22:37 à noyer les contradictions réelles dans le pays.
22:39 Réelles, à travers des techniques
22:41 de communication plus ou moins efficaces.
22:43 Et je dirais que, de ce point de vue, le macronisme,
22:45 au-delà de la personne du président,
22:47 le macronisme, c'est aussi la reproduction
22:49 du cadre national de ce qu'il y a de plus rejeté,
22:51 quelquefois, dans l'idéologie européiste.
22:53 Prenez tout ça encore une fois,
22:55 et c'est peut-être moins d'un homme dont on parle
22:57 que d'une crise de système.
22:59 - Attendez, Mathieu, vous ne croyez vraiment pas
23:01 que la personnalité d'Emmanuel Macron soit finalement
23:03 un élément explicatif de la présente crise?
23:05 - Bien sûr. Une fois qu'on a dit tout ça,
23:07 on peut arriver à l'explication de la personnalité,
23:09 l'arrogance, bien sûr. Moi, je dirais surtout le cynisme,
23:11 qui est pour moi incarné dans une chose,
23:13 le passage de la ligne blancaire
23:15 à la ligne papendiale. C'est quand même quelque chose.
23:17 Un homme qui faisait tout à la fois des clins d'oeil
23:19 à Philippe Devilliers et qui disait qu'il n'y a pas
23:21 de culture française. Un homme qui parle du pognon de dengue
23:23 et qui fonctionne dans le quoi qu'il en coûte.
23:25 Un homme qui, de ce point de vue, semble quelquefois
23:27 donner l'impression d'avoir une aventure personnelle
23:29 davantage qu'un destin politique.
23:31 Mais je le redis, personnaliser à outrance la crise
23:33 nous empêche de comprendre les ressorts profonds
23:35 qui font en sorte que cette crise est devenue possible
23:37 et que le rejet d'Emmanuel Macron
23:39 est devenu le symbole, en fait, du rejet d'un système.
23:41 - Est-ce que vous partagez ce constat,
23:43 Arthur Devat-Trigon,
23:45 ce n'est pas finalement la personne,
23:47 Emmanuel Macron, qui pose problème,
23:49 qui crée cette haine,
23:51 c'est l'institution, c'est finalement le régime ?
23:53 - C'est le danger, justement.
23:55 Parce que là, on assiste à une grande première,
23:57 c'est qu'on a un président qui a appliqué
23:59 100% de son programme en même pas un an
24:01 et qui est détesté.
24:03 Donc, en période de crise,
24:05 il faut toujours relire Joseph Demestre.
24:07 C'est des choses essentielles, comme vous mangez
24:09 quand vous avez faim, vous buvez quand vous avez soif,
24:11 et le Québécois, quand il voit le soleil, il met de la crème solaire.
24:13 Et c'est ce que vous lisait Joseph Demestre.
24:15 Et qu'est-ce qu'il dit ?
24:17 "Les souverains ne commandent efficacement que dans le cercle
24:19 des choses approuvées par l'opinion,
24:21 et le cercle, ce n'est pas eux qui le tracent."
24:23 Le problème, c'est qu'Emmanuel Macron,
24:25 il s'est éloigné, même sorti du cercle du consentement
24:27 en refusant de parler avec son peuple,
24:29 avec les syndicats, avec les causes intermédiaires,
24:31 avec les partis opposés.
24:33 Donc, il a créé son propre cercle.
24:35 Et aujourd'hui, c'est un prince qui est à poil
24:37 perché sur son trône, et comme là,
24:39 il y a des parlementaires qui revendiquent leur amateurisme
24:41 à un choix politique nul.
24:43 Et le problème, c'est que comment il est arrivé à ce moment-là
24:45 et comment il compte continuer à avancer
24:47 parce que l'orgueil pousse toujours à avancer,
24:49 il joue la lettre de la Constitution
24:51 contre l'esprit de la Constitution.
24:53 Et donc justement, la question arrive,
24:55 c'est est-ce que c'est lui ou le régime le problème ?
24:57 Le souci, je pense que la question
24:59 qu'on va pouvoir voir,
25:01 en tout cas la réponse qu'on va avoir bientôt,
25:03 c'est est-ce qu'Emmanuel Macron va entraîner
25:05 le régime dans sa chute ?
25:07 Le problème, c'est qu'il arrive, après plusieurs présidents
25:09 qui, assez médiocres,
25:11 qui ont vécu évidemment sur la légitimité
25:13 insufflée par Général De Gaulle
25:15 sur cette Constitution, sur ce régime,
25:17 et je pense que le crédit est fortement empiété
25:19 et qu'il n'a pas été renfloué
25:21 et que le problème, c'est qu'Emmanuel Macron,
25:23 les torts d'Emmanuel Macron deviennent les torts du régime
25:25 et donc il risque d'embarquer dans sa chute,
25:27 lui et le régime de la 5e.
25:29 Voilà pour la première partie, c'était passionnant messieurs,
25:31 mais la seconde sera tout aussi passionnante.
25:33 On sera en direct avec
25:35 Nicolas Mirkovic, essayiste,
25:37 qui va parler des Etats-Unis, du rôle des Etats-Unis
25:39 dans le monde, dans l'Europe,
25:41 puis de la guerre en Ukraine. Restez avec nous, on revient dans...
25:43 Allez, deux minutes.
25:45 Intertorrente sur CNews, le point sur l'information,
25:49 Isabelle Puyboulot et on reprend face à Bocquete.
25:51 L'émotion dans les Vosges, près de 600 personnes
25:57 ont rendu hommage à la petite Rose
25:59 lors d'une marche dans les rues de Rambert-Villiers.
26:01 En tête de cortège,
26:03 l'entourage de la fillette de 5 ans
26:05 portant un tee-shirt à son effigie.
26:07 La famille a été suivie par de nombreux habitants,
26:09 paré de vêtements et d'accessoires roses.
26:11 La petite fille a été tuée
26:13 mardi. Le principal suspect,
26:15 âgé de 15 ans, a été placé
26:17 en détention provisoire.
26:19 Plusieurs milliers de personnes ont manifesté
26:21 dans les grandes villes du pays,
26:23 contre la loi immigration portée par Gérald Darmanin
26:25 et contre l'opération
26:27 sécuritaire Wambushu à Mayotte,
26:29 des rassemblements à Paris,
26:31 Rennes ou encore Marseille. Certains manifestants
26:33 ont dénoncé une loi raciste
26:35 indigne d'un pays comme la France.
26:37 Et puis à Sébastopol,
26:39 en Crimée, un gigantesque incendie
26:41 s'est déclaré dans un dépôt
26:43 de pétrole. Le feu a été
26:45 provoqué par une attaque de drone.
26:47 Aucune victime n'a déploré.
26:49 Si Kiev n'a pas revendiqué l'attaque,
26:51 l'incendie a eu lieu
26:53 alors que la veille, l'Ukraine s'est dite prête
26:55 à lancer son offensive de printemps
26:57 contre les forces russes.
26:59 Voilà pour le point sur l'information.
27:01 On est toujours avec Mathieu Bocoté, bien sûr,
27:03 avec Arthur de Vatrigan et nous recevons
27:05 Nicolas Mirkovic. Merci d'être avec nous.
27:07 Vous avez écrit notamment
27:09 "Le chaos ukrainien", il sera question de la guerre
27:11 en Ukraine dans un instant.
27:13 Vous avez écrit sur les Etats-Unis, il sera question
27:15 du rôle des Etats-Unis dans le monde et dans l'Europe.
27:17 "L'Amérique empire"
27:19 avec évidemment ce jeu de mots.
27:21 Mathieu Bocoté, pourquoi avoir invité
27:23 ce soir Nicolas Mirkovic ?
27:25 Alors j'ai lu il y a quelques temps ce livre "L'Amérique empire"
27:27 qui me jette un point de vue iconoclaste
27:29 sur les Etats-Unis, qui propose une critique
27:31 des Etats-Unis qui n'est pas la critique à laquelle
27:33 nous sommes habitués normalement.
27:35 Une critique de l'empire américain et ainsi de suite.
27:37 Donc je m'étais dit, ce sera l'occasion d'avoir une réflexion
27:39 de fond sur cet empire qui effectivement
27:41 structure notre monde.
27:43 Et par ailleurs, entre temps,
27:45 j'ai appris la sortie de ce livre il y a quelques jours,
27:47 donc j'ai eu le temps de le lire heureusement,
27:49 sur le chaos ukrainien. Donc ce sera l'occasion de croiser
27:51 les deux réflexions, à la fois sur le rôle des Etats-Unis,
27:53 la guerre en Ukraine, le rôle de la Russie,
27:55 donc une réflexion géopolitique. Nicolas Mirkovic, bonsoir.
27:57 - Bonsoir. - Alors, question première,
27:59 à partir de votre livre sur l'Amérique empire,
28:01 mais nous progresserons peu à peu vers
28:03 une réflexion géopolitique plus large,
28:05 vous nous présentez dans votre livre l'Amérique empire,
28:07 les Etats-Unis, justement à la manière,
28:09 un, d'un empire, deux, d'un empire
28:11 qui s'est peut-être voulu seul empire,
28:13 l'hyperpuissance post-guerre froide,
28:15 mais aujourd'hui d'un empire qui serait
28:17 flageolent, fragile, et peut-être,
28:19 je ne dis pas au seuil de l'effondrement,
28:21 mais qui verrait son statut considérablement
28:23 relativisé. Est-ce que je décris
28:25 correctement votre diagnostic ? - Vous décrivez parfaitement
28:27 le diagnostic. On a, dès la naissance
28:29 des Etats-Unis, cette volonté de la part
28:31 des pères fondateurs
28:33 de l'Amérique, de construire un empire.
28:35 George Washington, le premier président,
28:37 parlait d'un "infant empire",
28:39 un empire naissant. Le deuxième président,
28:41 John Adams, parle de la république fédérative
28:43 américaine comme d'une république pure,
28:45 vertueuse, civique, qui règnerait
28:47 pour toujours, dominerait le monde,
28:49 et introduirait la perfection de l'homme. C'est tout un
28:51 programme pour un Etat qui n'a même pas 10 ans
28:53 à la fin du 18e siècle. Et tout au long
28:55 de l'histoire, on voit cette volonté de conquérir
28:57 d'abord de la côte pacifique jusqu'à
28:59 la côte atlantique, puis l'influence en Amérique du Sud,
29:01 et puis à partir de la Première Guerre mondiale,
29:03 les Etats-Unis sont déjà la première
29:05 puissance mondiale. Ils n'interviennent pas dans la guerre
29:07 parce qu'ils voient leurs concurrents, mais également leurs plus
29:09 grands marchés, se détruirent entre eux
29:11 vers la fin de la guerre. Alors que les Américains
29:13 étaient contre, Wilson décide d'intervenir.
29:15 Les Américains commencent à
29:17 petit à petit absorber une partie,
29:19 on va dire, de l'intelligentsia européenne,
29:21 commencent à faire de l'Europe vraiment un marché
29:23 pour ses biens, un marché
29:25 assis. Deuxième Guerre mondiale,
29:27 c'est la même histoire, les Américains interviennent plutôt
29:29 à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, quand ça commence un peu tendu
29:31 pour savoir qui va gagner le conflit en Europe
29:33 quid des résides de la Résistance,
29:35 des Allemands, des Soviétiques,
29:37 les Américains interviennent vers la fin parce qu'ils ont peur
29:39 de perdre ce brôle
29:41 majeur qu'ils ont sur l'Europe.
29:43 Et après la Deuxième Guerre mondiale,
29:45 après la guerre froide, l'Amérique devient
29:47 en effet ce hégémon, cet grand
29:49 empire qui, on va dire,
29:51 des États-Unis, des Amériques, en Europe,
29:53 en Afrique, a des relais partout
29:55 et de loin la première puissance économique
29:57 et pense qu'elle va pouvoir
29:59 enfin dominer le monde parce qu'il y a un projet
30:01 pour les États-Unis. Cet empire américain,
30:03 ce n'est autre chose que le mondialisme,
30:05 que le projet mondialiste. Mais on pourrait vous proposer
30:07 une autre histoire des États-Unis, c'est l'histoire
30:09 d'un refus de l'empire. Je donne quelques
30:11 exemples. Il y a une tradition isolationniste
30:13 forte aux États-Unis. Au moment de la Première Guerre mondiale,
30:15 Wilson impose un peu la présence
30:17 américaine contre son peuple. Au moment de la Deuxième
30:19 Guerre mondiale, il ne faut pas oublier qu'il y a une tradition
30:21 isolationniste assez forte. Et au sortir
30:23 de la guerre, des figures importantes du
30:25 Parti républicain, Robert Taft, d'autres,
30:27 disent, en laissant la guerre froide, il ne faut pas trop s'engager
30:29 là-dedans. Donc, est-ce que vous...
30:31 Il y a de la tradition impériale que vous évoquez,
30:33 mais il y a une tradition isolationniste très
30:35 forte qui revient en boucle, dont Trump était
30:37 à sa manière un peu le visage
30:39 en 2016 autour de ça. Est-ce que vous
30:41 décidez pas finalement de réduire l'Amérique
30:43 à un de ces deux pôles alors que le pôle isolationniste
30:45 pèse tout autant ? Non, absolument pas. Je pense même qu'il pèse
30:47 plus. C'est que ce pôle isolationniste
30:49 n'est pas organisé, il n'est pas au pouvoir.
30:51 Wilson, en effet, va en guerre alors qu'il
30:53 est élu sur un programme où il promet de ne pas
30:55 faire de guerre. Obama promet de ne pas
30:57 faire de guerre. Roosevelt promet de ne pas faire de guerre.
30:59 À la fin, ils finissent toujours par faire la guerre
31:01 parce que du coup, il y a cet élément, ce moteur,
31:03 cette envie impériale
31:05 qui trône au sein même des institutions
31:07 américaines, dans l'État américain,
31:09 dans le gouvernement. On a cette volonté de conquérir.
31:11 Mais le peuple américain, très largement,
31:13 n'en veut pas. Et dans mon livre, je cite
31:15 essentiellement des penseurs, des intellectuels,
31:17 des universitaires américains
31:19 qui sont contre ça. L'historien américain Charles
31:21 Beard, qui au début du XXe siècle, dit "Nous n'avons
31:23 pas besoin de cet empire. On a
31:25 un petit continent à nous-mêmes entre le Pacifique
31:27 et l'Atlantique. On n'en a pas besoin." Je cite
31:29 Howard Zinn, je cite chez les conservateurs Patrick
31:31 Buchanan, qui est un politique de la fin
31:33 du XXe siècle, qui dit "On ne veut pas, on veut une république,
31:35 pas un empire. Regardez l'image
31:37 de nos guerres, de nos conquêtes à travers le monde,
31:39 de notre ingérence. On n'en a pas besoin.
31:41 C'est un très grand pays, magnifique, très très beau."
31:43 Et donc, en effet, il y a un conflit entre
31:45 Américains que nous avons vu au grand jour
31:47 avec, en effet, l'élection de Trump
31:49 et ce combat interne, idéologique
31:51 entre les isolationnistes
31:53 d'un côté, les impérialistes de l'autre
31:55 et qui sont encore très forts aujourd'hui.
31:57 Alors, vous nous dites, c'est un empire.
31:59 Le camp impérial l'a emporté. C'est aujourd'hui
32:01 un empire qui s'évolue au lendemain de la
32:03 Guerre froide. Le seul empire possible
32:05 et qui découvre avec stupéfaction
32:07 que le règne d'un siècle,
32:09 le "New American Century",
32:11 le "Project for a New American Century",
32:13 finalement aura duré, quoi, 15-20 ans.
32:15 Et l'Amérique bascule dans un monde
32:17 multipolaire et, si je vous comprends bien,
32:19 ne s'y était pas préparé.
32:21 Quels sont les ingrédients, au moins les éléments
32:23 de la crise de l'empire américain aujourd'hui?
32:25 - Tout d'abord, les États-Unis, et ça depuis longtemps,
32:27 depuis le début du 20e siècle, ont peur
32:29 d'avoir un rival. Ils voient bien
32:31 qu'ils sont la première puissance mondiale,
32:33 de manière assez impressionnante. En très très peu de temps,
32:35 les États-Unis ont réussi à se...
32:37 à se visser à ce niveau. Ils ont peur
32:39 d'un rival en Eurasie,
32:41 entre l'Europe et l'Asie.
32:43 N'oublions pas que l'Europe, l'Asie et l'Afrique, c'est 75%
32:45 de la population mondiale, c'est 75%
32:47 des ressources naturelles. Les Américains,
32:49 en tout cas, les impérialistes, disent
32:51 que, eh bien, si on a un rival, il va naître là-bas.
32:53 Donc, il y a des théories de Mackinder,
32:55 de Spikeman, et dans les années 90,
32:57 cela a été, on va dire, transformé en doctrine militaire
32:59 par Wolfowitz et, plus tard,
33:01 par le "Project for a New American Century",
33:03 qui rassemble les néoconservateurs, qui disent qu'on va tout faire
33:05 pour qu'il n'y ait pas de rival.
33:07 Parce qu'à partir du moment où il y a un rival, eh bien,
33:09 les Européens, les Asiatiques, les Africains
33:11 pourront peut-être faire des affaires
33:13 du commerce, de la défense, de la politique
33:15 avec d'autres nations que nous. Or, nous sommes
33:17 la nation indispensable,
33:19 comme le disait Madeleine Albright. Donc, du coup, ils veulent
33:21 lutter contre ça. Et donc, du coup, ils identifient tout de suite
33:23 deux rivaux potentiels, qui ne sont pas
33:25 les seuls, mais qui sont, entre autres, la Russie et surtout
33:27 la Chine. Donc, du coup, ils vont tout faire
33:29 pour affaiblir, pour empêcher, et la Russie,
33:31 et la Chine de se développer. Et donc, du coup, ils vont
33:33 développer un programme militaire
33:35 d'ingérosse très, très fort. Très rapidement,
33:37 la plupart des pays d'Europe de l'Est
33:39 vont rentrer dans l'OTAN.
33:41 Il n'y a quasiment pas de référendum dans ces dernières années.
33:43 - Mais, si je peux me permettre, ils vont rentrer dans l'OTAN
33:45 à leur propre demande. C'est-à-dire, quand les Polonais,
33:47 quand les Baltes, quand les différents
33:49 pays d'Europe de l'Est réclament l'adhésion à l'OTAN,
33:51 c'est peut-être moins, vous me corrigerez
33:53 si ma lecture est inexacte, c'est peut-être moins
33:55 l'empire américain qui s'étend que les peuples
33:57 qui ont subi la domination russe et soviétique,
33:59 qui demandent la protection, peut-être, de l'autre empire,
34:01 mais qui font jouer leur souveraineté
34:03 pour éviter, justement, de subir demain, à nouveau,
34:05 l'empire russe. - C'était tout à fait la lecture,
34:07 au premier degré.
34:09 Mais ils ne connaissaient pas non plus la volonté des États-Unis
34:11 d'aller encore plus loin. Si c'était juste pour protéger,
34:13 si les Polonais rentraient dans l'OTAN
34:15 juste pour être protégés de nations extérieures,
34:17 pourquoi pas ? Mais là, on est en train de parler d'attaque,
34:19 on est en train de parler d'une progression orientale
34:21 des bases de l'OTAN. Alors que,
34:23 dans les années... en 1990,
34:25 quand le mur de Berlin s'effondre, quand le communisme
34:27 s'effondre, les Occidentaux, dont nous faisons partie,
34:29 avons promis aux Russes
34:31 que nous n'avancerions pas.
34:33 L'OTAN impousse, ce sont les termes de James Baker,
34:35 le secrétaire d'État américain, impousse
34:37 vers l'Est. Donc, d'un côté, on promet
34:39 à ces peuples des pays de l'Est la protection,
34:41 mais on se rend compte qu'en même temps, cette protection,
34:43 elle prend la forme d'une agression. Pourquoi est-ce que
34:45 l'OTAN organise des opérations
34:47 militaires sur la frontière, que ce soit à Trident,
34:49 que ce soit à Anaconda, sur la frontière russe ?
34:52 Pourquoi est-ce qu'il y a cette pression sur la Russie et sur la Chine ?
34:54 Et donc, du coup, ces peuples qui cherchaient une protection
34:56 se rendent compte maintenant qu'ils sont impliqués
34:58 dans un camp,
35:00 lequel est le camp atlantiste, et qui
35:02 pourraient éventuellement affronter la Russie. Si c'était
35:04 pour se protéger de l'invasion d'un autre pays, OK,
35:06 mais là, on est plutôt dans une politique d'attaque.
35:08 Et ils s'en rendent compte. Je pense qu'à l'époque,
35:10 s'ils avaient une vision de ce que voulaient
35:12 vraiment les États-Unis et quelle était la finalité de l'OTAN
35:14 par rapport à cette politique américaine
35:16 impérialiste, néoconservatrice,
35:18 ils y réfléchiraient à deux fois
35:20 aujourd'hui. – Alors, vous nous conduisez immédiatement
35:22 à la question ukrainienne, donc allons-y. Ensuite, je passerai
35:24 la parole à Arthur de Vatrigan. Donc, si je comprends
35:26 bien votre lecture des événements,
35:28 ce qui s'est passé ces derniers temps,
35:30 depuis un peu plus d'un an, c'est
35:32 moins une guerre d'agression
35:34 de la Russie contre un voisin,
35:36 un pays voisin, l'Ukraine,
35:38 qu'une guerre de défense par rapport à
35:40 ce qui serait, selon vous, une forme d'agression
35:42 sans le nom de l'Empire américain,
35:44 qui aurait finalement agressé
35:46 la Russie et l'aurait poussée à se défendre en
35:48 envahissant l'Ukraine ? Est-ce que je caricature
35:50 votre position en disant ça ici ? – Alors, je nuancerai
35:52 un tout petit peu. En gros,
35:54 les Américains, petit à petit, avancent leur pion
35:56 autour. Regardez le nombre de bases
35:58 américaines qui sont avancées pour se rapprocher
36:00 de la Russie, non seulement en Europe, mais également
36:02 dans le Pacifique, dans le reste du monde.
36:04 On a vu les tensions qu'il y a eu en Syrie
36:06 quand les Américains ont déclaré qu'il y avait une révolution
36:08 de couleur, qu'il fallait à tout prix intervenir.
36:10 Les Russes, eux, sont intervenus à leur place.
36:12 Donc, du coup, il y a un conflit de pouvoir
36:14 et les Russes ne sont plus, ne sont pas
36:16 un pays classique de l'Est.
36:18 Ils ont reconstruit. La Russie a rebâti une industrie.
36:20 La Russie a redonné de la fierté
36:22 à ses habitants et la Russie est redevenue
36:24 une puissance. Le problème, c'est que la Russie
36:26 dit depuis 1990
36:28 ne rapprocher pas l'OTAN. Vous l'aviez promis.
36:30 En même temps que les Américains ont rapproché
36:32 les bases de l'OTAN avec la participation
36:34 de peuples européens, il y a également eu
36:36 des révolutions de couleur. Il y a eu une révolution de couleur
36:38 organisée par les Américains. – C'est ce qu'on vous appelle
36:40 révolution de couleur ? – Révolution de couleur, c'est en gros,
36:42 on appelle ce nom parce qu'on parle de la révolution
36:44 des roses, on parle de la révolution
36:46 orange, on donne des noms de couleurs
36:48 à des révolutions soi-disant spontanées
36:50 qui en réalité, et je l'explique dans le livre,
36:52 sont organisées, financées par
36:54 soit des ONG proches des États-Unis,
36:56 carrément par le gouvernement américain,
36:58 par des organisations comme le National Endowment for Democracy
37:00 ou d'autres organisations qui vont
37:02 encourager dans une couche, dans certaines couches
37:04 de la population d'un pays non américain
37:06 l'une partie des personnes
37:08 à se révolter contre un
37:10 gouvernement qui est en place parce que ce gouvernement
37:12 n'est pas aligné sur la politique atlantiste.
37:14 Il y a eu deux révolutions de couleur en Ukraine,
37:16 en 2004 et en 2014,
37:18 à chaque fois, en 2013, et à chaque fois,
37:20 parce que le gouvernement en place avait
37:22 la volonté, et ces gouvernements étaient démocratiquement
37:24 élus, avaient la volonté de se rapprocher
37:26 de la Russie, comme à cette époque-là
37:28 les États-Unis ne font pas la guerre directement à la Russie,
37:30 ils ont développé cette technique de
37:32 renversement du gouvernement qui date,
37:34 on a beaucoup d'exemples comme ça, et je les cite
37:36 quelques-uns dans le livre, il y a un auteur qui s'appelle
37:38 William Bloom, qui s'appelle
37:40 "Killing Hope", "Tuant l'espoir",
37:42 qui raconte toutes ces histoires d'ingérence
37:44 au Guatemala, au Congo, en Iran,
37:46 où les Américains ouvertement ont financé
37:48 l'opposition pour renverser un gouvernement
37:50 qui ne lui était pas favorable. Les Américains
37:52 faisaient ça deux fois en Ukraine. L'Ukraine est un pays
37:54 qui est récent, c'est un pays qui est fragile, c'est un pays où
37:56 les Ukrainiens, entre eux, se font la guerre
37:58 depuis plus de 100 ans, et ça on ne le sait pas toujours.
38:00 C'est une zone pivot
38:02 et qui est très fragile, les Américains ont profité
38:04 de ça, sauf que là, ils sont arrivés sur
38:06 le pas de porte dans la zone directe
38:08 d'influence de la Russie.
38:10 Il était évidemment, évident qu'ils partaient au conflit.
38:12 George Kennan, qui a établi
38:14 la politique du "containment" pour Truman,
38:16 c'est-à-dire cette politique qui consistait à garder
38:18 les Soviétiques dans leurs frontières,
38:20 à empêcher les Soviétiques de se répandre,
38:22 ou l'idéologie soviétique de se répandre,
38:24 quand il a vu que l'OTAN se propageait
38:26 vers l'Est, a dit que c'était une erreur tragique.
38:28 John Matlock, ambassadeur américain
38:30 en URSS, grand spécialiste américain,
38:32 Jack Matlock, pardon, spécialiste
38:34 de la Russie de l'URSS, a dit que c'était
38:36 la plus grande erreur stratégique des États-Unis
38:38 de rapprocher l'OTAN vers l'Est.
38:40 Notre dernier degré de rang,
38:42 Saurabh Matrigan.
38:44 Donc vous dites que cet impérialisme
38:46 est conscient, assumé, revendiqué.
38:48 Et j'essaie de comprendre
38:50 pourquoi cet attrait pour l'atlantisme,
38:52 notamment des pays, alors vous dites
38:54 qu'on ne connaît pas forcément tout le projet entier,
38:56 mais ne pensez-vous pas qu'il y a les idéaux
38:58 modernes des Lumières, en fait, qui impliquent
39:00 et qui justifient l'impérialisme des valeurs
39:02 dans lesquelles s'abritent les empires habituellement ?
39:04 Je pense que pendant longtemps, nous-mêmes,
39:06 on a cru en ça, on a cru que les États-Unis
39:08 allaient finalement être le grand pays
39:10 occidental qui allait défendre nos valeurs,
39:12 des valeurs chrétiennes, des valeurs aspirées
39:14 des Lumières et de la chrétienté, on avait un peu
39:16 ces deux éléments et que
39:18 ça a rangé une partie de l'Occident, sauf qu'on voit
39:20 que les valeurs ont été pervues, on en parle
39:22 assez souvent, en tout cas sur votre émission,
39:24 pour savoir que ces valeurs
39:26 n'existent plus aux États-Unis. Donc il n'y a plus du tout
39:28 de valeurs, ces valeurs qu'on pensait être défendues
39:30 par les États-Unis, ne sont plus du tout défendues par les États-Unis,
39:32 sont même détruites par les États-Unis.
39:34 Donc l'empire qui existe aujourd'hui ne bénéficie
39:36 ni aux Américains, ni à ceux qui pensent que les Américains
39:38 vont défendre nos valeurs et qui sont devenus
39:40 vraiment juste un empire purement
39:42 économique, financier,
39:44 avec pour autant une idéologie et des valeurs
39:46 complètement nouvelles, qui ne sont pas historiquement
39:48 ni les nôtres, ni celles des Asiatiques,
39:50 ni des Africains, ni du reste du monde.
39:52 Alors on a souvent entendu, depuis
39:54 un an et demi environ, l'argument
39:56 l'Occident, les Américains notamment,
39:58 n'ont pas suffisamment tenu compte du point de vue
40:00 que les Russes avaient de leur propre
40:02 situation, de leur propre histoire,
40:04 c'est-à-dire une nation obsidionnelle, avec un complexe
40:06 obsidional, qui se sent quelquefois
40:08 encerclée, donc on n'aurait pas tenu compte suffisamment
40:10 de la psychologie des Russes.
40:12 Mais est-ce qu'on ne pourrait pas retourner l'argument
40:14 en disant que si on se porte à la... je me permets
40:16 d'y revenir, sur la situation des Polonais,
40:18 des Baldes, et faites la liste des pays
40:20 d'Europe de l'Est, qui historiquement
40:22 savent que la Russie a tendance
40:24 à vouloir, d'une manière ou de l'autre, les intégrer
40:26 malgré elles, dans leur champ d'influence,
40:28 dans son champ d'influence. La Russie décide
40:30 de la Pologne ou les Baldes, vous êtes dans mon
40:32 champ d'influence. Et les Baldes disent, mais désolé,
40:34 nous on ne veut pas, on préfère appartenir à la
40:36 sphère européenne. Est-ce que de ce point de vue,
40:38 on ne peut pas comprendre la réaction, j'y reviens,
40:40 de ces peuples qui disent, bon,
40:42 l'OTAN ce n'est pas parfait, les États-Unis ce n'est pas parfait,
40:44 mais c'est toujours mieux néanmoins
40:46 que la botte russe. Est-ce que c'est un raisonnement
40:48 qui mérite une place dans votre analyse géopolitique?
40:50 - Mais tout à fait. Je veux revenir sur la partie,
40:52 la première partie de votre question, sur
40:54 le fait qu'on n'ait pas entendu ce que disaient les Russes.
40:56 C'est clair, la BBC interview à Poutine
40:58 à la fin des années 90-2000,
41:00 on lui demande, est-ce que vous voulez rentrer dans l'OTAN?
41:02 Il dit, pourquoi pas? Il y a eu,
41:04 de la part des Russes, une volonté vraielle
41:06 de rentrer, de créer une maison commune, c'est ce qu'étaient
41:08 les termes de Gorbatchev. Et quand ils ont vu
41:10 qu'au contraire, on n'était pas en train de construire
41:12 mais détruire parce que les Américains étaient à la commande et non
41:14 pas les Européens, du coup il y a eu
41:16 cette réaction de la part des Russes en train de se dire,
41:18 mais nous sommes en train de nous faire avoir. Concernant
41:20 ces pays, et vous avez l'ancien patron de la
41:22 FDST, Yves Bonnet, qui parle
41:24 en ce qui concerne cette relation entre l'Occident et la Russie,
41:26 de 30 ans de mépris,
41:28 de 30 ans de mépris de la part des
41:30 Occidentaux pour la Russie, parce qu'on n'a pas voulu écouter,
41:32 parce qu'on n'a pas voulu négocier, et cela
41:34 se fait à notre détriment. Nous, Européens,
41:36 pas les Américains qui sont très très loin, nous Européens,
41:38 nous pâtissons
41:40 de cette situation que nous imposent les Américains
41:42 de nous opposer. Quelle était la solution
41:44 qu'il fallait faire, qu'il fallait trouver? C'est une solution
41:46 diplomatique, et c'est une solution de
41:48 négociation entre Européens avec les Russes,
41:50 et on a loupé le coche quand les Russes étaient
41:52 partants, parce que du coup, on a en effet
41:54 créé cette peur des Baltes. Mais si on avait
41:56 négocié des pays Baltes... - On les a créés?
41:58 Oui, on les a... - On croit que les Baltes pouvaient avoir peur
42:00 par eux-mêmes des Russes? - Ils pouvaient avoir
42:02 peur par eux-mêmes des Russes,
42:04 oui, parce que ce sont des petits pays à côté d'un
42:06 grand pays, c'est clair. - Que les Russes ont cherché à les
42:08 noyer au XXe siècle, dans la deuxième moitié du XXe siècle,
42:10 avec une politique de colonisation russe,
42:12 pour rendre les Baltes minoritaires dans leurs propres pays?
42:14 - Les Soviétiques, oui, mais n'oublions pas. Alors du coup, si on remontait
42:16 dans l'histoire, on pourrait dire que c'est les Lituaniens et les Polonais qui ont attaqué
42:18 les Russes avant que les Russes les attaquent. Si on remontait
42:20 au XVIIe siècle, c'est la Pologne qui occupe
42:22 Moscou pendant deux ans, et puis il y a
42:24 les Russes, à partir du XVIIe siècle,
42:26 qui chassent les Polonais, petit à petit,
42:28 et au bout d'un moment, finissent par détruire
42:30 complètement la Pologne, qui est départagée,
42:32 pas seulement avec les Russes, mais avec les Autrichiens et
42:34 les Prussiens. Donc du coup, on peut toujours remonter
42:36 à l'arrière. Mais quel était l'intérêt des Européens?
42:38 De trouver un accord de paix avec
42:40 la Russie, qui n'avait pas cette volonté.
42:42 Pourquoi est-ce que la Russie, maintenant, voit de nouveau les Pays-Baltes
42:44 dans la ligne de mire? Parce que les Pays-Baltes font
42:46 partie de l'OTAN, et que l'OTAN peut y passer des bombes
42:48 nucléaires qui vont toucher Moscou en quelques minutes.
42:50 C'est ça le problème. À partir du moment où on sait
42:52 que les Pays-Baltes restent des Pays-Baltes,
42:54 et on s'assure que la Russie respecte la souveraineté
42:56 des Pays-Baltes, et que les Pays-Baltes n'auront pas
42:58 des missiles pointés contre la Russie, il n'y a pas
43:00 de souci. Et c'était le rôle des Européens,
43:02 c'était le rôle de la France, c'était le rôle de l'Allemagne,
43:04 de Bruxelles, de négocier la paix avec...
43:06 Je rappelle juste, la Russie est un des pays
43:08 les plus riches du monde.
43:10 Avec le général de Gaulle, vous voulez l'Europe
43:12 jusqu'au Caucase, jusqu'à l'Oral ?
43:14 Voilà, et on pourrait imaginer jusqu'à
43:16 Vladivostok. Vous imaginez, on est tous
43:18 de la même culture hélénochrétienne,
43:20 on est tous voisins.
43:22 Les Russes seront toujours là, on ne peut pas les mettre
43:24 sur Mars. Donc il va falloir qu'on pose
43:26 avec cette nation-là. Et c'est extrêmement
43:28 important. Mais si on fait dans une situation conflictuelle,
43:30 c'est un conflit
43:32 qu'on va avoir. C'est une bataille,
43:34 c'est une bagarre. Et tous les peuples qui sont autour sont concernés.
43:36 Ce conflit ukrainien, il peut
43:38 déraper et s'étendre à d'autres pays.
43:40 C'est l'OTAN qui nous a mis dans cette situation-là.
43:42 Et l'OTAN, qu'est-ce que c'est ? C'est le bras
43:44 armé des États-Unis. Et c'est ça le problème.
43:46 Nous devons nous libérer de cette
43:48 suggestion que nous avons auprès
43:50 des États-Unis. Nous devons
43:52 retrouver notre souveraineté et nous devons trouver une nouvelle
43:54 architecture de la paix
43:56 pour l'ensemble des Européens sur notre
43:58 continent. C'est quand même dingue qu'on ait besoin
44:00 d'un pays qui soit à 1 000 kilomètres d'ici,
44:02 qui a mené 500 interventions
44:04 étrangères depuis
44:06 1776. C'est l'université de
44:08 Tufts qui a sorti ce rapport-là.
44:10 C'est un pays dont les guerres depuis
44:12 le 11 septembre 2001 dans le
44:14 monde ont causé plus de 900 000
44:16 morts. Qui parle des 900 000 morts des guerres
44:18 européennes ? Guerres parfois auxquelles nous avons participé.
44:20 Personne n'en parle. Nous savons que les
44:22 États-Unis vont nous mener vers la guerre. En tout cas,
44:24 que les impéralistes américains veulent
44:26 nous mener vers la guerre. Nous devons dire stop.
44:28 Non, nous n'avons pas besoin de l'OTAN.
44:30 De Gaulle l'avait compris. Il a chassé les bases de l'OTAN
44:32 de la France. Il a retiré la France du commandement intégré
44:34 de l'OTAN. Tout en demeurant dans l'OTAN.
44:36 Mais il a retiré du commandement intégré.
44:38 Il voulait tout à fait
44:40 dialoguer avec le reste des pays européens. C'est ce que nous devons
44:42 faire. Parce que si nous parvenons à faire ça,
44:44 nous allons pouvoir rassurer les Russes.
44:46 On ne va plus faire des exercices militaires parce que du coup
44:48 je ne pense pas que les Français se sentent
44:50 aujourd'hui menacés. Peut-être aujourd'hui, oui.
44:52 Mais il y a quelques années, quand on faisait des exercices militaires
44:54 le long de la frontière russe, on n'était pas menacé par les Russes.
44:56 Pourquoi est-ce qu'on est allé les provoquer ?
44:58 On renégocie.
45:00 On ressort la diplomatie. On trouve un accord
45:02 et on rassure que les pays puissent avoir
45:04 leur souveraineté de respecter et que la paix revienne en Europe.
45:06 Arthur de Vatrigan.
45:08 A quel moment Vladimir Poutine a-t-il voulu négocier ?
45:10 Parce que vous dites que l'Europe a échappé à la négociation.
45:12 A quel moment ?
45:14 Depuis son invasion de l'Ukraine, il a voulu négocier ?
45:16 Bien avant.
45:18 Depuis l'invasion ?
45:20 Attendez, n'oublions pas. On est en mars, avril.
45:22 C'est Ankara. Malheureusement, ça se fait quand même
45:24 au détriment de la France.
45:26 C'est une honte pour nous, de la France et du reste de l'Europe.
45:28 Ankara est en train de négocier
45:30 avec Kiev et Moscou.
45:32 Savusoglu, qui est le ministre des Affaires étrangères turc,
45:36 dit qu'on n'est pas loin d'un accord.
45:38 Il y avait des réunions d'abord en Biélorussie et puis en Turquie.
45:40 Ils sont proches d'un accord.
45:42 Qu'est-ce qui se passe ?
45:44 On a Boris Johnson,
45:46 qui est arrivé,
45:48 qui débarque à Kiev,
45:50 qui va voir Zelensky,
45:52 et c'est Ukraïnska Pravda qui sort ça.
45:54 C'est un journal qui n'est pas franchement pro-russe.
45:56 Il dit que si on signe un accord avec la Russie,
45:58 on s'abandonne.
46:00 Il n'y a plus de soutien de notre part.
46:02 On est seul.
46:04 Tout de suite après,
46:06 vous avez Joe Biden
46:08 qui promet un engagement de plusieurs milliards de dollars.
46:10 Les Britanniques aussi proposent des...
46:12 C'est à ce moment-là.
46:14 C'est quelques semaines après le début de l'invasion.
46:16 Après l'invasion ?
46:18 C'est après l'invasion que ça se passe.
46:20 C'est en février.
46:22 Je suis en train de vous parler de mars-avril.
46:24 Vous dites que Vladimir Poutine voulait négocier
46:26 et que la France a refusé de mener
46:28 des négociations par les voies diplomatiques.
46:30 Je ne vais pas parler de la France là tout de suite.
46:32 Je vais parler des États-Unis et des Britanniques.
46:34 Malheureusement, oui, la France avait un rôle superbe à jouer.
46:36 On était garants des accords de Minsk.
46:38 Il y a quand même un conflit armé ukrainien depuis 2014.
46:40 10 000 morts, 30 000 blessés,
46:42 1 million de réfugiés dont personne ne parlait.
46:44 Je fais des missions humanitaires
46:46 avec mon association Ouest-Est
46:48 au Donbass depuis 2014.
46:50 Je disais que si on ne règle pas ça rapidement,
46:52 ça va dégénérer.
46:54 Mais la guerre n'a pas commencé en février 2022.
46:56 Elle a commencé en 2014.
46:58 - Je veux juste être clair sur ça.
47:00 De votre point de vue,
47:02 l'invasion de l'Ukraine par la Russie,
47:04 c'est une guerre défensée.
47:06 Ce n'est pas une guerre d'agression.
47:08 - Je pense que de la part des Russes,
47:10 oui, c'est une guerre d'invasion.
47:12 L'Ukraine, c'est le pays le plus pauvre d'Europe.
47:14 La Russie est en train de se reconstruire.
47:16 Récupérer l'Ukraine, surtout après une guerre,
47:18 ça va coûter des milliards à la Russie.
47:20 La Russie voulait se rapprocher de l'Europe.
47:22 Elle avait tout intérêt.
47:24 Elle vendait son gaz, son pétrole,
47:26 des projets économiques, industriels.
47:28 Ce n'était pas du tout dans l'intérêt de la Russie
47:30 de récupérer l'Ukraine,
47:32 qui va coûter très cher,
47:34 quel que soit le camp qui va gagner.
47:36 C'est un des pays les plus couronpus,
47:38 les plus pauvres d'Europe.
47:40 C'est une guerre défensive.
47:42 C'est une guerre qui va se défendre.
47:44 C'est une guerre qui va se défendre.
47:46 C'est une guerre qui va se défendre.
47:48 C'est une guerre qui va se défendre.
47:50 C'est une guerre qui va se défendre.
47:52 C'est une guerre qui va se défendre.
47:54 C'est une guerre qui va se défendre.
47:56 C'est une guerre qui va se défendre.
47:58 C'est une guerre qui va se défendre.
48:00 C'est une guerre qui va se défendre.
48:02 C'est une guerre qui va se défendre.
48:04 C'est une guerre qui va se défendre.
48:06 C'est une guerre qui va se défendre.
48:08 C'est une guerre qui va se défendre.
48:10 C'est une guerre qui va se défendre.
48:12 C'est une guerre qui va se défendre.
48:14 C'est une guerre qui va se défendre.
48:16 C'est une guerre qui va se défendre.
48:18 C'est une guerre qui va se défendre.
48:20 C'est une guerre qui va se défendre.
48:22 C'est une guerre qui va se défendre.
48:24 C'est une guerre qui va se défendre.
48:26 C'est une guerre qui va se défendre.
48:28 C'est une guerre qui va se défendre.
48:30 C'est une guerre qui va se défendre.
48:32 C'est une guerre qui va se défendre.
48:34 C'est une guerre qui va se défendre.
48:36 C'est une guerre qui va se défendre.
48:38 C'est une guerre qui va se défendre.
48:40 C'est une guerre qui va se défendre.
48:42 C'est une guerre qui va se défendre.
48:44 C'est une guerre qui va se défendre.
48:46 C'est une guerre qui va se défendre.
48:48 C'est une guerre qui va se défendre.
48:50 C'est une guerre qui va se défendre.
48:52 C'est une guerre qui va se défendre.
48:54 C'est une guerre qui va se défendre.
48:56 C'est une guerre qui va se défendre.
48:58 C'est une guerre qui va se défendre.
49:00 C'est une guerre qui va se défendre.
49:02 C'est une guerre qui va se défendre.
49:04 C'est une guerre qui va se défendre.
49:06 C'est une guerre qui va se défendre.
49:08 C'est une guerre qui va se défendre.
49:10 C'est une guerre qui va se défendre.
49:12 C'est une guerre qui va se défendre.
49:14 C'est une guerre qui va se défendre.
49:16 C'est une guerre qui va se défendre.
49:18 C'est une guerre qui va se défendre.
49:20 C'est une guerre qui va se défendre.
49:22 C'est une guerre qui va se défendre.
49:24 C'est une guerre qui va se défendre.
49:26 C'est une guerre qui va se défendre.
49:28 C'est une guerre qui va se défendre.
49:30 C'est une guerre qui va se défendre.
49:32 C'est une guerre qui va se défendre.
49:34 - Il y a un peuple moldave, un peuple estonien,
49:36 un peuple portugais, il existe un peuple ukrainien.
49:38 - Ils ne sont pas d'accord sur ce qu'est l'Ukraine.
49:40 Tous les pays sont divisés d'une certaine manière.
49:42 - Oui, mais pas autant qu'en Ukraine.
49:44 En Ukraine, c'est flacon que vous rencontrez un Ukrainien,
49:46 quelqu'un qui vous dit "moi je suis ukrainien,
49:48 mais je préfère vivre parce que je me retrouve plus
49:50 dans les valeurs, je me retrouve plus dans la mentalité,
49:52 je me retrouve plus du côté de Moscou".
49:54 Qu'est-ce que vous lui dites?
49:56 - Après un an de guerre, pour vous,
49:58 il n'y a pas de très très naine majorité d'Ukrainiens
50:00 qui sont en train de se faire enlever la preuve
50:02 par leur engagement militaire, notamment,
50:04 qu'ils tenaient à leur indépendance nationale?
50:06 - Oui, je pense qu'il y a bien évidemment des Ukrainiens
50:08 qui veulent être indépendants, mais il n'y a rien de dit
50:10 que les Russes vont vouloir récupérer tout ce territoire.
50:12 Ils sont en guerre contre l'armée ukrainienne
50:14 qui était aujourd'hui juste un cash-ex de l'OTAN
50:16 parce que du coup l'armée ukrainienne
50:18 est financée par nous, par l'OTAN.
50:20 100 000 milliards de dollars nous avons envoyés en Ukraine,
50:22 c'est énorme.
50:24 Les armes, les formateurs, on a des soldats
50:26 qui sont là-bas en train de les faire envoyer
50:28 les armes, les formateurs, on a des soldats
50:30 qui sont là-bas en train de les former.
50:32 Du coup, vous supprimez tout ça, la guerre s'arrête.
50:34 Je vous rappelle que la langue franque de l'Ukraine,
50:36 c'est le russe. Ce sont des peuples frères,
50:38 ils ont une histoire en commun. Il n'y a pas d'Ukrainien.
50:40 Le terme "Ukrainien" n'existe pas pour désigner un peuple
50:42 avant le 19e siècle. Et comme tous ces peuples
50:44 un peu récents, ils doivent se trouver une identité.
50:46 Ils doivent dire, c'est très difficile pour eux
50:48 de dire à un Ukrainien "Allez en Ukraine",
50:50 demander à un Ukrainien ce que c'est,
50:52 s'ils habitent à Lviv, à Kiev, à Odessa
50:54 ou à Kharkov, vous leur demandez ce que c'est
50:56 un Ukrainien, ils vont vous donner des réponses différentes.
50:58 Des réponses qui vont être beaucoup plus différentes
51:00 que si vous demandez à un Marseillais, à un Lillois ou à un Corse.
51:02 Du coup, je pense que c'est important à prendre en compte.
51:04 Je ne suis pas en train de dire que ça justifie l'invasion.
51:06 Je dis juste que nous avons appuyé
51:09 sur Pivot, sur le maillon faible de l'Ukraine,
51:11 qui était justement sa fragilité,
51:13 parce qu'il n'y a pas une entente sur ce que c'est que l'Ukraine.
51:15 Et aujourd'hui, on a une guerre civile.
51:17 Et c'est parce qu'il y avait, depuis 2014 à 2022,
51:19 une guerre civile.
51:21 Vous parlez de guerre civile à guerre d'agression ?
51:23 Non, je parle de la guerre. Il y a deux choses.
51:25 D'abord, il y a la guerre civile en Ukraine,
51:27 entre Ukrainiens, de 2014 jusqu'à 2022.
51:29 Et ensuite, au bout d'un moment, il y a les Russes qui interviennent
51:31 en disant "je ne fais plus confiance à l'Ukraine".
51:33 Il y a eu un coup d'État en 2014,
51:35 dont on n'a pas parlé là, financé par les Américains.
51:37 D'accord ? Tu as 2014,
51:39 coup d'État financé par les Américains.
51:41 Ça, on n'en parle pas. Qu'est-ce que les Américains sont allés faire
51:43 à renverser un régime, un gouvernement démocratiquement élu ?
51:45 C'est quoi ce jeu ?
51:47 Ils pensaient que les Russes allaient laisser faire ça sur leurs pas de porte.
51:49 Quand l'Est de l'Ukraine dit "vous avez pris le gouvernement à Kiev par les armes,
51:53 nous allons prendre nos gouvernements régionaux par les armes",
51:55 l'armée de Kiev a envoyé l'armée.
51:57 Il y a cette guerre civile.
51:59 Et les Russes ont dit au bout d'un moment "écoutez, il y a trop de grabuge sur ma frontière,
52:01 je vais intervenir".
52:03 C'est une invasion, je ne la reconnais pas, et elle est condamnée
52:05 parce que toutes les invasions de territoires étrangers
52:07 sont condamnées par la charte de l'ONU.
52:11 Mais il faut la comprendre.
52:13 Et donc, du coup, vous n'allez pas imaginer
52:15 qu'un France et un pays qui développent
52:17 une rhétorique radicalement antifrançaise,
52:19 que nous ayons des bases d'un pays, je ne vais pas le nommer, étranger
52:23 qui viendrait mettre plein de missiles sur notre frontière.
52:25 Je ne pense pas qu'on va attendre qu'ils nous envahissent
52:28 ou qu'ils propagent cette rhétorique antifrançaise avant d'intervenir.
52:32 Arthur de Matrigan.
52:34 Pensez-vous qu'on assiste à la revanche des empires ?
52:37 On voit la Russie en Ukraine,
52:39 on voit la Turquie via l'Azerbaïdjan en Arménie,
52:43 la Chine qui est de côté de Taïwan.
52:45 Et donc là, vous ajoutez l'impérialisme américain.
52:47 Est-ce que c'est la revanche des empires ?
52:49 Est-ce que c'est le crépuscule des nations ?
52:51 Je n'irai pas jusqu'au crépuscule des nations,
52:53 mais c'est une très bonne question.
52:54 En effet, on voit qu'il y a des résistances fortes
52:57 par rapport au mondialisme.
52:59 Quel est le problème ?
53:00 C'est que ce modèle impérial américain, ce mondialisme,
53:02 ne convient pas à l'ensemble de l'humanité.
53:04 Je ne sais même pas s'il convient aux pays occidentaux
53:06 dont nous faisons partie, mais dans le reste de l'humanité.
53:09 Et il y a des résistances.
53:10 Les résistances se font d'abord sur la nation.
53:12 Je pense que c'est la nation, c'est plutôt la renaissance de la nation,
53:15 pas tellement le crépuscule de la nation,
53:17 mais la renaissance de la nation.
53:19 Les Russes interviennent en Ukraine aussi
53:21 pour défendre la minorité russe.
53:23 Et les Ukrainiens, qui se sont identifiés comme proches de la Russie.
53:26 Ils attaquent une nation.
53:27 Ils attaquent une nation dans laquelle 20% de la population
53:29 s'identifie comme russe.
53:31 Et nous, quand nous intervenons en Afghanistan,
53:33 on défend quoi ?
53:34 Et quand on intervient en Irak, on défend quoi ?
53:36 Et en Syrie, on défend quoi ?
53:37 Donc un empire intervient dans une nation pour défendre une minorité.
53:40 Entre autres, je pense que c'est un des éléments,
53:42 quand les Russes décident d'intervenir en...
53:44 Poutine ne s'est pas levé un jour en disant
53:46 "Tiens, qu'est-ce que je vais faire aujourd'hui ?
53:47 Je vais envahir l'Ukraine."
53:48 C'est parce qu'il y a tout ce temps qui est passé.
53:51 Jeffrey Sachs, lui-même, qui est un des économistes américains
53:54 qui a fait partie, qui était très proche du FMI et tout ça,
53:58 dit que nous payons aujourd'hui 30 ans,
54:00 et ça personne n'en parle,
54:01 30 ans de la politique américaine néoconservatrice.
54:04 Il parle de la politique néoconservatrice américaine
54:06 et personne ne parle de la responsabilité des États-Unis.
54:08 - Et nous restons environ 3 minutes, 3 minutes 30, si je ne me trompe pas.
54:11 Je ressens de la discussion sur la France, l'Europe et les États-Unis.
54:16 Quoi qu'on en pense, l'Europe occidentale
54:18 a été historiquement liée avec les Américains.
54:20 Au moment de la Deuxième Guerre mondiale,
54:22 l'Amérique est venue libérer l'Europe du nazisme.
54:25 Bon, je ne sais pas s'il n'y a pas un détail.
54:27 Est-ce que l'Europe occidentale peut avoir des tensions
54:29 entre l'Europe occidentale et les États-Unis ?
54:31 Est-ce qu'il n'y a pas une forme de solidarité naturelle
54:33 entre l'Europe occidentale et la nation qui en est issue,
54:36 c'est-à-dire les États-Unis ?
54:37 Est-ce que finalement, la dissociation pour laquelle vous plaidez
54:40 n'est pas contraire à l'histoire ?
54:41 Est-ce qu'il n'y a pas entre les deux rives de l'Atlantique
54:43 une forme de solidarité naturelle ?
54:44 - Non, malheureusement, on croit ça.
54:46 Et il faut tuer cette idée-là.
54:48 Il y a un rôle de soumission.
54:50 Ce n'est pas moi qui le dis.
54:51 François Mitterrand parlait de guerre entre les États-Unis et la France.
54:54 Il dit qu'on ne sait pas.
54:55 Les gens ne se rendent pas compte.
54:56 Il y a une guerre, pas une guerre avec des morts,
54:57 mais une guerre à mort contre les États-Unis.
54:59 Vous avez Zbigniew Brzezinski,
55:01 qui est un des grands penseurs de l'école néoconservatrice américaine,
55:04 qui considère l'Europe de l'Est comme un protectorat américain.
55:07 Comme un protectorat.
55:08 Mitterrand également disait que Reagan nous traitait comme des colons.
55:12 Enfin, il les traitait comme des colonies.
55:14 Donc du coup, vous avez cette vision impériale américaine.
55:16 Nous ne sommes pas en partenariat.
55:18 - Mais l'histoire du XXe siècle n'est-elle pas l'histoire néanmoins
55:21 de quelque chose comme une civilisation partagée
55:23 qui a su s'unir, au moment de la Première Guerre,
55:25 surtout de la Deuxième,
55:26 ensuite contre le communisme ?
55:28 C'est une forme de communauté démocratique transatlantique.
55:32 - Ensemble à côté des Américains ou sous les Américains ?
55:34 Derrière les Américains.
55:35 Je pense que c'est un élément qui est extrêmement important
55:37 à prendre en compte, cette ingérence américaine.
55:39 La soumission.
55:40 Les États-Unis nous empêchent de vendre nos sous-marins aux Australiens,
55:42 nous empêchent de vendre les Mistral à la Russie.
55:44 Nous écoutent.
55:45 Ils écoutent les portables de nos présidents,
55:46 de nos responsables politiques,
55:47 avec leur "cancel culture", avec leur "culture walk".
55:50 Ils sont en train de transformer notre société.
55:52 Et on est en train de dire qu'on est partenaire, qu'on est ami.
55:54 Ça ne va pas.
55:55 On n'a plus à avoir des valeurs en commun.
55:56 Bien sûr, il faut saluer la mort des jeunes soldats américains
55:59 qui sont venus se battre en 1944, un an avant la fin de la guerre,
56:02 en Normandie.
56:03 Mais il ne faut pas oublier aussi que la France n'a pas besoin
56:05 d'un État étranger, qu'il soit américain ou autre,
56:07 pour nous dicter, pour nous espionner.
56:09 Ce n'est pas une relation de partenariat,
56:10 c'est une relation de soumission.
56:12 Et si on veut retrouver notre indépendance et notre souveraineté,
56:15 elle ne pourra pas se faire si on continue à obéir comme ça,
56:17 aux doigts et aux lèvres, à Washington.
56:19 - C'est terminé.
56:20 Dans un instant, c'est le point sur l'information.
56:22 Merci beaucoup, Mathieu Beaucotter.
56:23 Merci Arthur De Vatrigan.
56:25 Merci Nicolas Mirkovic.
56:26 Vous parliez d'attaque défensive.
56:28 Je rappelle simplement qu'il y a un peu moins d'un mois,
56:30 le président de la République disait à propos des charniers de Boucha,
56:34 "La France n'oublie pas et n'oubliera pas Boucha
56:37 comme elle n'oubliera pas les crimes commis à grande échelle
56:39 sur le territoire ukrainien."
56:41 C'est important de le rappeler.
56:42 Le point sur l'information avec Isabelle Piboulot.
56:45 - Coup d'envoi de Nantes-Toulouse au Stade de France.
56:52 Une finale sous tension en raison du contexte social
56:55 et en présence d'Emmanuel Macron.
56:57 Aux abords du stade, des cartons rouges et des sifflets
57:00 ont été distribués aux spectateurs par des syndicats
57:02 avant d'être confisqués par des stadiers
57:04 au moment du contrôle d'entrée.
57:06 À Paris, trois hommes sont en fuite
57:09 après le braquage d'une bijouterie Plas Vendôme.
57:12 Vers 13h45, trois individus à bord de deux motos
57:16 se sont présentés à la joaillerie de Lux Bulgari.
57:19 Deux d'entre eux étaient porteurs d'armes longues.
57:21 Une enquête de flagrance pour vol à main armée
57:24 en bande organisée a été ouverte.
57:26 Le préjudice est estimé à plusieurs millions d'euros.
57:29 Et puis direction les rues de Bakou en Azerbaïdjan.
57:32 Sergio Perez a remporté la première course sprint
57:35 de la saison de Formule 1.
57:37 Le Mexicain a devancé le monégasque Charles Leclerc
57:40 et le leader Max Verstappen.
57:42 Le néerlandais conserve tout de même la tête du championnat
57:45 avant le traditionnel Grand Prix disputé demain.
57:48 Ce sera à suivre à 13h sur Canal+.
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